--Jacque_
Mourir mais pas sans se battre un peu.
Il est tenu par celui qui l'avait payé pour faire tout cela. Blesser la belle jeune femme. Il se rappelait de ses mots "fais la danser comme une poupée de chiffon". Il l'avait fait. Un peu trop peut-être. Puisqu'elle avait crié. Pas assez peut-être, puisqu'elle revenait déjà à elle. Instant d'incompréhension. Elle n'est pas si faible qu'elle n'y paraît. Il la regarde se relever, puis sans lui prêter plus d'attention que cela, il regarde l'homme qui tient la bâtarde... Il réfléchit. Il cogite à tout rompre, cherchant une solution. Provoquer, et trouver une astuce, rapidement. Et la voilà proche, qui tire l'épée. Une conviction, un pressentiment. Il ne fait pas confiance au Judas qui le retient prisonnier de son étreinte. Sa pression sur sa main ne fait que l'augmenter. On ne joue pas si facilement avec lui... Il ne veut pas. Il ne les laissera pas faire... Il trouvera une astuce. Quitte à corrompre l'homme qui le tient et le paie ?! Peut-être.
Puis-je à mon tour m'en prendre à plus faible que moi ?
Une lueur de défi traverse le regard de glace de Jacques qui longe alors la lame tendue par Rose pour venir terminer sa course sur son visage à l'arcade sourcilière fendue. Sourire narquois, pervers, et rassuré. Il n'a pas peur, le Jacques. La souffrance, la mort, c'est son gagne-pain. Il la cotoie tous les jours. Il l'aime, l'adule même. C'est sa vie. Une vie faite de souffrance et de mort disséminé autour de lui. Et en lui. Il est souffrance. Il est une allégorie de la mort. Il imagine alors un scénario des plus improbable... Il se fait toute une histoire dans sa tête.
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Il se fait alors provocateur. Pour mieux l'énerver. Car il sait que les gestes sont moins maitriser dans la colère. Et puis, s'il peut finir son travail en l'humiliant encore plus....Il persifle alors entre ses dents :
Je vous pensais plus courageuse que moi, damoiselle. Et puis réfléchissez tous deux... enfin trois... Si vous me tuez... vous n'saurez jamais qui m'envoyait
Tout en terminant sa phrase, il tente de donner un grand coup de coude dans le plexus de celui qui le retient, Judas. Pas assez pour l'assommer réellement, suffisamment pour lui couper quelque peu le souffle et le forcer à reculer malgré lui, tout en donnant un coup de genoux dans l'épée de la malheureuse. Il tente finalement de se laisser tomber en arrière, sur son employeur. Il veut le faire tomber, et l'écraser suffisamment pour l'assommer quelque peu et le prendre en bouclier. Il lâche entre deux souffles de respirations entrecoupés.
Quel lâche est-il... Judas Von Frayner pour n'oser me tuer de ses mains. Il laisse cela à une pauvre jeune femme innocente. Messire à la bâtarde est tout aussi téméraire... La beauté masculine. Charmes et atouts intraitables...
Il ne peut se sauver. Il sait qu'il mourra dans cette taverne, ce soir même. Sans aucun doute. Mais il se battra jusqu'au bout. Il ne leur facilitera pas la tâche. Ni à elle, ni à lui. Le troisième il n'en a que cure. Il tient alors Judas, comme celui-ci le tenait auparavant et exerce une légère pression sur sa main, comme il le lui avait fait. Et maintenant ... ?
Et maintenant, que comptez-vous faire tous deux ?!
Il savait qu'ils n'ignoraient pas qu'il était capable de tuer le Von Frayner sur le champ. C'était si facile, et il était si affreux que cela ne lui poserait aucun soucis. Il n'était pas à un meurtre de plus. Il commença à tourner doucement dans la taverne, avec son bouclier vivant, sans quitter ses deux assaillants des yeux. Que ferait-il face à cette situation ? C'était l'occasion aussi de vérifier pour Judas la façon dont les deux autres le considérait. Puisque tous trois semblaient se connaître. Le temps sembla s'allonger, durer interminablement, dans cette situation peu prévisible, et fortement rocambolesque. Jacques finit malencontreusement par poser son pied sur les gouttes de sang de Rose, encore fraîche sur le sol, et glisser, tombant sur le dos... Sonné plus qu'assommé. C'en était finit de lui. Incontestablement. Il ne parlerait pas. S'il le faisait, il savait que Judas le ferait tuer par la suite. Et la vie de fugitif il aimait cela. Celle de traquée ne l'intéressait pas le moins du monde.
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Sa vision utopique prit fin. Elle n'apportait aucune solution. Il ne lui restait rien que la fatale réalité. Judas ne ferait rien. Il le sentait. Un regard vers rose et l'homme de lâcher :
Puisqu'aucun des hommes n'en a le courage, faites-vous ce plaisir gente damoiselle. Attachez moi les mains, les pieds, et tranchez moi la tête, que vous ne sauriez voir davantage. Le coeur, c'est inutile. Vous avez dû le remarquer, je n'en ai pas.
Il ne dira rien de plus, ne fera pas un geste de plus. A la question de indirecte de l'irlandais il ne répondra pas. Il attendra simplement sa fin. Tomber pour une mission aussi ridicule. Pour une trahison aussi maigre et hilarante. Il était déçu. Mais il mourrait en riant. Ah l'ironie du sort...
--Jacque_
La mort ne frappe pas, elle endort
La douleur. C'était sa religion. Il était fou. Il aimait la douleur. Tant la provoquer que la subir. Peut-être voulait-il mourir, comme tant d'autres qu'il avait tué froidement, avec un plaisir intense... Peut-être voulait-il ressentir ce qu'ils avaient ressenti. Pour que la boucle soit bouclée. Que le cercle soit parfait. Que sa vie s'achève dans un apotéose...
Ce qu'il ignorait seulement, c'est qu'il n'avait pas réellement peur. Peut-être pensait-il qu'elle n'en serait pas capable. Peut-être la pensait-il aussi faible qu'il l'avait vu avant. Démunie, désoeuvrée. Perdue. Seule. Peut-être pensait-il qu'une femme n'aurait pas le cran nécessaire. Surtout elle, qu'il avait vu crier, qu'il avait transformé en danseuse automate...
L'ironie du sort... Mourir des mains d'une femme. Mourir d'une action aussi simplette. Mourir. Maintenant. Comme ça. Par sa victime. Pour sa vengeance. Ignorait-elle cette belle enfant, que malgré sa mort, son visage hanterait ses nuits. Qu'il la poursuivrait un long, très long moment dans sa vie. Même si l'on parvient à semer ses poursuivants, à éliminer ses rétractaires, ses ennemis, les cauchemars eux, ne vous lâchent jamais. Il avait sans doute imprégneé assez d'image de son visage atroce, de son regard pervers, de ses gestes violents dans sa petite mémoire de rousse à robe à nouettes. Probablement. Il en était sûr au fond de lui. Pourtant, elle n'était pas si faible que ça... Il le savait... Et cela le faisait douter quelque peu. De son travail en soit. C'était le meilleur des emploi... Les missions qu'il préférait... Tuer était simple. Terroriser, blesser, humilier et hanter, c'était bien plus difficile. Perdurer dans la mémoire, malgré l'absence.
L'épée fut posée sur son torse. A l'endroit de son coeur, si tant est qu'il en aie un. Sourire ironique. Sourire narquois. Sourire désabusé. Ou sourire blasé ? Qu'on en finisse... Il attend. Ne quittant pas la rousse des yeux, pour ancrer le mieux possible sa vision dans sa mémoire justement... Alterner un regard narquois, pervers, et un regard pathétique, presque demandant grâce... Jouer. Jusqu'au bout. Avec la vie. Avec le vivant. Avec elle. Autant en profiter. La pression augmenta, imperceptiblement. La phrase fut lâchée. Presque persiflée. Deux fois ?! Mais quel humour pour une si fragile... La réflexion est coupée, l'épée enfoncée. Il finit par tomber, étalé sur le sol, sans vie. S'il avait encore pû réfléchir il aurait été déçu du peu de douleur que cela procure. La mort ne frappe pas, elle endort. Surtout avec la surprise. On avait beau l'avoir prévenu, il restait persuadé qu'elle n'oserait pas. Et finalement... Tout était allé si vite. Les espoirs de souffrances atroces derrières sa profession s'envolait avec lui. Il n'avait été qu'illusion et vice. Il n'était plus. Plus rien. Le monde ne s'en porterait pas tellement mieux, mais ce qui était sûr c'est qu'il ne se porterait pas moins bien... Elle continuerait son chemin, elle tournerait toujours de la même façon. La vie ... cloche.