Ria
[Parce que lon a toujours un jardin secret
]
Et que lon devient souvent ce que les autres souhaitent que vous soyez, parfois au mépris de ce que vous êtes réellement.
Elle sétait réfugiée dans le secret de sa chambre en ces heures où la chaleur vous accable et où nul client ne vient. Profitant dun peu de liberté et dun moment bien à elle, Ria se tenait agenouillée au centre de la pièce plongée dans la pénombre, une boite oblong disposée avec soin devant elle.
Là se tenait le dernier souvenir de sa mère. La seule chose quelle ait conservée après le décès de ses parents et qui navait pas été vendu ou saisit. Elle nen avait jamais parlé ni même montré ce que contenait la boite étroite. Son bref passage à Kumamoto len avait dissuadée et le long voyage qui avait suivit ne lui en avait pas offert lopportunité.
Parce quelle manquait dassurance et que ce quelle avait vu des femmes lavait assez ébranlée pour se convaincre de la futilité de la chose, elle avait laissé de coté les enseignements de son enfance, se privant dun art quelle appréciait.
Aux questions que lui avait posées Tsune sur ses capacités à chanter ou danser, elle avait toujours répondue par la négative. Demi mensonge quil avait été aisé de proférer de par la pudeur et la réserve quelle avait toujours eut pour elle-même. Elle naimait pas parler delle et encore moins des qualités quelle jugeait ne pas posséder.
Pourtant, ce jour, lenvie fut la plus forte et laissant de coté les souvenirs de ces femmes quelle jugeait plus gracieuses quelle ne le serait jamais, elle avait sorti la boite du fond du coffre où elle plaçait ses affaires. Après tout, personne ne la verrait et elle ne pouvait changer sa nature de femme.
De gestes emprunts de respect et délicatesse, elle ouvrit la boite et sorti les deux éventails soigneusement entreposés. Comment sa mère avait pu être en possession de ces deux objets, cela elle ne le saurait probablement jamais. Si elle sétait posé la question à plusieurs reprises, elle navait jamais été bien certaine de réellement vouloir le savoir. Elle avait toujours été convaincue que certain secrets nétaient pas fait pour être révélés et celui-ci en faisait parti.
Effleurant du bout des doigts le bois finement gravé, elle saisit un éventail dans chaque main et lentement se releva, repoussant du pied la boite. Fermant les yeux, elle se plongea dans ses souvenirs, recherchant les moments où accompagnée du Shamisen de sa mère, elle dansait comme elle le lui avait enseigné.
La musique, quelle seule percevait, guidait ses gestes. Le petit claquement sec accompagnant le bref mouvement des poignets débuta la danse avec louverture simultanée des deux éventails et lentement, avec des gestes précis, elle commença à exprimer les sentiments inspirés par les sons dun instrument imaginaire mais bien vivant. Tout comme la musique, la danse ne sexplique pas, elle se vit par les mouvements et les expressions du corps.
Si les gestes furent quelque peu timides pour débuter, elle sabandonna bientôt au seul plaisir de se mouvoir avec la grâce que confère lexercice. Silence troublé par le léger glissement des pieds au sol et de lair coupé par la lente course des éventails, elle laissa libre cours aux sentiments de paix intérieure la guider. Lesprit vide de toutes pensées, elle se livrait corps et âme à cet art depuis trop longtemps délaissé.
Et que lon devient souvent ce que les autres souhaitent que vous soyez, parfois au mépris de ce que vous êtes réellement.
Elle sétait réfugiée dans le secret de sa chambre en ces heures où la chaleur vous accable et où nul client ne vient. Profitant dun peu de liberté et dun moment bien à elle, Ria se tenait agenouillée au centre de la pièce plongée dans la pénombre, une boite oblong disposée avec soin devant elle.
Là se tenait le dernier souvenir de sa mère. La seule chose quelle ait conservée après le décès de ses parents et qui navait pas été vendu ou saisit. Elle nen avait jamais parlé ni même montré ce que contenait la boite étroite. Son bref passage à Kumamoto len avait dissuadée et le long voyage qui avait suivit ne lui en avait pas offert lopportunité.
Parce quelle manquait dassurance et que ce quelle avait vu des femmes lavait assez ébranlée pour se convaincre de la futilité de la chose, elle avait laissé de coté les enseignements de son enfance, se privant dun art quelle appréciait.
Aux questions que lui avait posées Tsune sur ses capacités à chanter ou danser, elle avait toujours répondue par la négative. Demi mensonge quil avait été aisé de proférer de par la pudeur et la réserve quelle avait toujours eut pour elle-même. Elle naimait pas parler delle et encore moins des qualités quelle jugeait ne pas posséder.
Pourtant, ce jour, lenvie fut la plus forte et laissant de coté les souvenirs de ces femmes quelle jugeait plus gracieuses quelle ne le serait jamais, elle avait sorti la boite du fond du coffre où elle plaçait ses affaires. Après tout, personne ne la verrait et elle ne pouvait changer sa nature de femme.
De gestes emprunts de respect et délicatesse, elle ouvrit la boite et sorti les deux éventails soigneusement entreposés. Comment sa mère avait pu être en possession de ces deux objets, cela elle ne le saurait probablement jamais. Si elle sétait posé la question à plusieurs reprises, elle navait jamais été bien certaine de réellement vouloir le savoir. Elle avait toujours été convaincue que certain secrets nétaient pas fait pour être révélés et celui-ci en faisait parti.
Effleurant du bout des doigts le bois finement gravé, elle saisit un éventail dans chaque main et lentement se releva, repoussant du pied la boite. Fermant les yeux, elle se plongea dans ses souvenirs, recherchant les moments où accompagnée du Shamisen de sa mère, elle dansait comme elle le lui avait enseigné.
La musique, quelle seule percevait, guidait ses gestes. Le petit claquement sec accompagnant le bref mouvement des poignets débuta la danse avec louverture simultanée des deux éventails et lentement, avec des gestes précis, elle commença à exprimer les sentiments inspirés par les sons dun instrument imaginaire mais bien vivant. Tout comme la musique, la danse ne sexplique pas, elle se vit par les mouvements et les expressions du corps.
Si les gestes furent quelque peu timides pour débuter, elle sabandonna bientôt au seul plaisir de se mouvoir avec la grâce que confère lexercice. Silence troublé par le léger glissement des pieds au sol et de lair coupé par la lente course des éventails, elle laissa libre cours aux sentiments de paix intérieure la guider. Lesprit vide de toutes pensées, elle se livrait corps et âme à cet art depuis trop longtemps délaissé.