Seleina
C'est peu de temps après que suivrait la jeune femme, foulant à son tour le sol dallé, voûtes majestueuses,colonnes imposantes en ligne de mire. Le Roi, l'Evèque et le Héraut, les nobles de part et d'autre, le peuple venu au son des cloches, à la volée, honorer son souverain.
La nouvelle s'était propagée comme une traînée de poudre.
Emue et digne, la jeune femme remonta l'allée, silence religieux accompagnant ses pas menus, volontairement dénudés, geste symbolique. Dépouillement de circonstance face à son roy tout puissant.
Gratifiant l'évèque d'un regard reconnaissant, elle adressa ces quelques mots en direction de son souverain :
Votre majesté, c'est folle joie qui nous étreint à prononcer ici et maintenant serment d'allégeance.
Seleina
S'agenouillant, yeux rivés aux prunelles royales, la brune affirma d'une voix claire et vibrante :
Nous, Seleina Romans, comtesse au service du Limousin et Marche, faisons ce jour serment d'allégeance à votre majesté Louis Vonafred de Varenne Salmo Salar, souverain et porteur de la Couronne de France, notre roy bien aimé.
Nous vous jurons fidélité, aide et conseil. Que le Très Haut nous soit témoin. Nous porterons haut le sens de ces trois mots qui ne sont pas prononcés ici en vain.
Et de terminer en reprenant les mots même dont le Varenne avait usé lors de son grandiose couronnement :
"Ad Majorem Francia Gloriam"...**
**Pour la plus grande gloire du Royaume de France.
Seleina
Carmin contre carmin, le serment fut scellé.
Un lien indéfectible les unissait désormais, plus fort qu'aucun mot ne saurait traduire, c'est pourquoi la brune se tut, irradiant d'une aura sans pareille.
Ne restait plus qu'à bénir la couronne comtale, symbole d'unité et de grandeur.
Il était temps pour l'admirable primat de procéder.
Yiralyon
Juché sur le parvis, bras croisés, dos au mur non loin des portes sculptées, un mystérieux blond cendré à la douce silhouette militaire jouait délicatement avec une fine brindille qu'il faisait tourner entre ses dents.
A l'intérieur de la cathédrale, les voix résonnaient. Le reste, yeux fermés, il l'imaginait.
Quand le cortège cérémonial quitterait l'édifice, il serait là, toujours, un peu plus discret. Mais il ne raterait aucun mot, aucun visage et certainement pas celui des têtes couronnées.
A bonne distance, il refermerait la marche et - si l'occasion se présentait - ne manquerait pas de soulager le panier d'une vieille femme de la plus belle et rougeoyante de ses pommes...