Judas
Résumé de la première partie.
[Judas du haut de ses 20 ans soit 15 années plus tôt a entretenu une relation passionnelle et incestueuse avec sa soeur ainée Marie, laquelle fit l'erreur de fréquenter en parallèle et en secret Marcus. Marcus, ennemi juré de Judas, concurrent déloyal en affaires. Lorsque le jeune frère découvre le double jeu de sa soeur, il l'enferme, autant pour la protéger d'elle même que pour la garder à lui. Il tente en représailles de faire tomber Marcus aux yeux de la bonne société dont ils sont tous deux issus et y parviens. Ce à quoi l'amant de Marie décide pour se venger en retour d'orchestrer sa fuite, de la ramener à lui et de la faire exécuter pour gagner le bras de fer qui se joue depuis des années entre Judas et lui. Marie Von Frayner, pur objet de vengeance est assassinée sauvagement, d'une façon barbare toute à l'image de la haine que se vouent les deux hommes. Marcus fait ramener la dépouille dans la demeure familliale, Judas la découvre au petit matin après une nuit entière à avoir écumé la ville à sa recherche, dans une macabre posture chargée de messages.]
Dong...
Dong...
Dong...
Les trois Maries ne sonnent pas encore. Les femmes de fer, douces amies, de toute l'affliction qui émanera d'un groupe restreint traversant Paris n'auront que faire. Il y aura la petite Marie pour les enfants qu'on mettra en terre. Il y aura la grande Marie pour les marins qui partiront en mer. Puis il y aura la grosse Marie pour les amants qui se marieront... Mais nous ne sommes pas à Paris. Nous sommes en Bourgogne, où les gens naissent et meurent comme ailleurs. Ce jour naissant est accueilli par le glas de Jacqueline, la cloche partage en écho toute sa gravité métallique, c'est elle qui couvre de tout son timbre les pleurs d'une poignée de visages graves formant une procession endeuillée. En tête, un clerc, et fermant cortège, Judas. Le visage creusé, les traits tirés, des larmes sèches ravalées au coeur de son affliction. Les deux nuits de veillées funèbres qui ont précédé l'instant dernier ou Judas s'apprête à rendre sa soeur au Très Haut ont été les plus longues de sa vie. Le jeune homme a pu compter les larmes sur les joues des quelques personnes qui ont partagé la terrible nouvelle. Les grilles du cimetière sont passées comme on passerait les portes des enfers. Jacqueline a cessé d battre le rythme des a-dieux, tût L'Angélus, le glas, dies irae et dies illa, tût dans un silence pesant aux abords de la ville.
Le corps de la jeune femme est dissimulé par un linceul brodé et posé dans un écrin de bois et de dentelles recouvert d'un catafalque*, c'est ainsi qu'il convient de mourir noblement... Le tout est surmonté d'une statue représentant la défunte. Judas ne l'a pas regardée une seule fois, s'appliquant à fuir cette image douloureuse car bien trop immaculée comparée à la sinistre vérité, celle d'un faciès défiguré à l'oeil manquant et à la bouche interminable. Pour avoir une représentation ressemblante, on a fait un masque mortuaire, quelle sinistre hypocrisie.. Reconstituer une image du vivant à partir de celle du mort, en omettant d'y traduire toutes les stigmates des sévices que Marie a subit. Personne ne le sait, le prêtre des Von Frayner ayant oeuvré toute une nuitée pour rendre sa superbe a la pauvresse et ainsi "éviter de ternir l'image de la famille"... Personne sauf Judas, qui ne tient pas à poser son regard sur un mensonge. Officiellement, sa soeur a fait une mauvaise chute de cheval... Officieusement, elle a été fauchée par la haine et l'envie.
Lorsque le moment de la déposer en terre arrive, Judas tangue, l'oeil avisé d'un vieil oncle appréhende la perte de contrôle imminente en se saisissant fermement du bras du damoiseau. Mais la chute gronde, comme les sanglots qu'il ne retient plus pendant la prière et qui finit par perturber la cérémonie. Crise d'hystérie, cris de douleur, on écarte vivement le jeune frère que l'on trouve trop fragile et honteusement irrespectueux de la mémoire de son ainée.
C'est le choc. Peut-être qu'à ce moment, lorsque le monument engloutit Marie, Judas comprend qu'il s'est fait enlever sciemment ce qu'il chérissait le plus... Et que lorsqu'on a plus rien a perdre, on devient.... Intouchable. En amour comme à la guerre rien n'est jamais terminé. à l'écart du groupe funeste, la voix cassée de Judas se déchire de sanglots et d'étouffement, c'est la démonstration de la démesure et de l'aveuglement. Le jeune homme imagine son ennemi écartelé, battu à mort, il se suggère mille vengeances folles et plus horribles les unes que les autres. Une gourmandise macabre, et l'expression de sa déraison disproportionnée et écrasante, l'excessivité du désemparé. Alors que quelques regards tentent de retrouver celui du frère, icelui est déjà tiré bien loin, jusqu'à ce que ses cris ne soient plus que rumeurs étouffées.
* (pièce de bois)
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Cobaye attitré et consentant des créations banniéristiques perpétuelles de JD Mai.
[Judas du haut de ses 20 ans soit 15 années plus tôt a entretenu une relation passionnelle et incestueuse avec sa soeur ainée Marie, laquelle fit l'erreur de fréquenter en parallèle et en secret Marcus. Marcus, ennemi juré de Judas, concurrent déloyal en affaires. Lorsque le jeune frère découvre le double jeu de sa soeur, il l'enferme, autant pour la protéger d'elle même que pour la garder à lui. Il tente en représailles de faire tomber Marcus aux yeux de la bonne société dont ils sont tous deux issus et y parviens. Ce à quoi l'amant de Marie décide pour se venger en retour d'orchestrer sa fuite, de la ramener à lui et de la faire exécuter pour gagner le bras de fer qui se joue depuis des années entre Judas et lui. Marie Von Frayner, pur objet de vengeance est assassinée sauvagement, d'une façon barbare toute à l'image de la haine que se vouent les deux hommes. Marcus fait ramener la dépouille dans la demeure familliale, Judas la découvre au petit matin après une nuit entière à avoir écumé la ville à sa recherche, dans une macabre posture chargée de messages.]
- [Le Choc] - La Gourmandise.
Dong...
Dong...
Dong...
Les trois Maries ne sonnent pas encore. Les femmes de fer, douces amies, de toute l'affliction qui émanera d'un groupe restreint traversant Paris n'auront que faire. Il y aura la petite Marie pour les enfants qu'on mettra en terre. Il y aura la grande Marie pour les marins qui partiront en mer. Puis il y aura la grosse Marie pour les amants qui se marieront... Mais nous ne sommes pas à Paris. Nous sommes en Bourgogne, où les gens naissent et meurent comme ailleurs. Ce jour naissant est accueilli par le glas de Jacqueline, la cloche partage en écho toute sa gravité métallique, c'est elle qui couvre de tout son timbre les pleurs d'une poignée de visages graves formant une procession endeuillée. En tête, un clerc, et fermant cortège, Judas. Le visage creusé, les traits tirés, des larmes sèches ravalées au coeur de son affliction. Les deux nuits de veillées funèbres qui ont précédé l'instant dernier ou Judas s'apprête à rendre sa soeur au Très Haut ont été les plus longues de sa vie. Le jeune homme a pu compter les larmes sur les joues des quelques personnes qui ont partagé la terrible nouvelle. Les grilles du cimetière sont passées comme on passerait les portes des enfers. Jacqueline a cessé d battre le rythme des a-dieux, tût L'Angélus, le glas, dies irae et dies illa, tût dans un silence pesant aux abords de la ville.
Le corps de la jeune femme est dissimulé par un linceul brodé et posé dans un écrin de bois et de dentelles recouvert d'un catafalque*, c'est ainsi qu'il convient de mourir noblement... Le tout est surmonté d'une statue représentant la défunte. Judas ne l'a pas regardée une seule fois, s'appliquant à fuir cette image douloureuse car bien trop immaculée comparée à la sinistre vérité, celle d'un faciès défiguré à l'oeil manquant et à la bouche interminable. Pour avoir une représentation ressemblante, on a fait un masque mortuaire, quelle sinistre hypocrisie.. Reconstituer une image du vivant à partir de celle du mort, en omettant d'y traduire toutes les stigmates des sévices que Marie a subit. Personne ne le sait, le prêtre des Von Frayner ayant oeuvré toute une nuitée pour rendre sa superbe a la pauvresse et ainsi "éviter de ternir l'image de la famille"... Personne sauf Judas, qui ne tient pas à poser son regard sur un mensonge. Officiellement, sa soeur a fait une mauvaise chute de cheval... Officieusement, elle a été fauchée par la haine et l'envie.
Lorsque le moment de la déposer en terre arrive, Judas tangue, l'oeil avisé d'un vieil oncle appréhende la perte de contrôle imminente en se saisissant fermement du bras du damoiseau. Mais la chute gronde, comme les sanglots qu'il ne retient plus pendant la prière et qui finit par perturber la cérémonie. Crise d'hystérie, cris de douleur, on écarte vivement le jeune frère que l'on trouve trop fragile et honteusement irrespectueux de la mémoire de son ainée.
C'est le choc. Peut-être qu'à ce moment, lorsque le monument engloutit Marie, Judas comprend qu'il s'est fait enlever sciemment ce qu'il chérissait le plus... Et que lorsqu'on a plus rien a perdre, on devient.... Intouchable. En amour comme à la guerre rien n'est jamais terminé. à l'écart du groupe funeste, la voix cassée de Judas se déchire de sanglots et d'étouffement, c'est la démonstration de la démesure et de l'aveuglement. Le jeune homme imagine son ennemi écartelé, battu à mort, il se suggère mille vengeances folles et plus horribles les unes que les autres. Une gourmandise macabre, et l'expression de sa déraison disproportionnée et écrasante, l'excessivité du désemparé. Alors que quelques regards tentent de retrouver celui du frère, icelui est déjà tiré bien loin, jusqu'à ce que ses cris ne soient plus que rumeurs étouffées.
* (pièce de bois)
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Cobaye attitré et consentant des créations banniéristiques perpétuelles de JD Mai.