Camisard
Les rues de Rouen étaient toujours aussi agréables à l'approche du soir. Propres, bien pavées, vraiment c'était un plaisir que de les emprunter.
Camisard revenait d'un repas chez son amie Deidamie. Son passage dans la capitale était propice aux retrouvailles.
Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu et sa joie fut grande. Longtemps également qu'il n'avait pas vu son ancienne demeure, 1 rue de l'école. Cette adresse résonnait en lui. Que de souvenirs heureux, de rires. Polissonne, Juju, Charp, Nuage, Deidamie, Caprumi, Prud, Titsso, Missniss ... que devenait elle d'ailleurs Missniss ? Il n'avait aucune nouvelles du couvent.
Il avait besoin de revoir cette propriété et d'entretenir ainsi le souvenir de ses premiers pas en Normandie. Voilà il y était, rien n'avait changé si ce n'est que le jardin n'était pas entretenu. Les herbes folles régnaient sans partage. Son ex-compagne, Missniss était en retraite depuis fort longtemps ce qui expliquait que le lieu soit livré à lui même.
S'approchant un peu plus il remarqua une bonne sur à l'entrée du domaine. Elle semblait être à la recherche du propriétaire des lieux ou d'un renseignement quelconque. Cami alla donc s'enquérir de ce quelle cherchait. Il la salua et se présenta, lui expliqua qu'il était l'ancien propriétaire des lieux; puis remarqua avant toute réponse qu'elle tenait par devant elle un couffin où dormait paisiblement un magnifique bébé.
La religieuse le scruta d'un air sévère et lui déclara sans ambages que c'était lui qu'elle cherchait. Puis elle lui tendit le couffin comme l'on tend un sac de détritus odorants.
- Voilà votre fils, au revoir.
- Mais enfin ma mère, attendez ! Qu'est ce que c'est que cette histoire, c'est une plaisanterie ?
- Ai-je l'air de plaisanter mon fils ?
- Non ma mère mais au moins expliquez moi ! Je n'y comprend rien.
- Et bien depuis plusieurs mois notre couvent recueille la jeune Missniss, que vous connaissez, dans tous les sens du terme d'ailleurs .... elle lui jeta un regard méprisant avant de poursuivre. Elle a accouché il y a deux semaines mais des complications de santé l'empêchent de quitter le lit et de s'occuper de votre rejeton. J'ai voyagé jusqu'à Rouen pour vous rendre votre fils. Notre couvent ne peut s'en occuper et c'est votre rôle de le faire.
Sous l'effet de l'annonce le jeune homme resta muet. Missniss était encore en vie et elle avait accouché ! Il avait un fils ! Ils avaient un fils plus exactement et Cami priait le ciel pour que la mère se rétablisse au plus vite. Cet evenement marquait un tournant dans sa vie sans l'ombre d'un doute. Il ne savait pas le moins du monde si il serait à la hauteur mais il ferait tout pour son fils. Il prit le couffin et regarda la chair de sa chair. Ce bébé était si beau. Il espérait faire de lui un homme respectable et droit. En attendant il tenta de dire quelques mots à la religieuse qui semblait si pressée de partir.
- Mee.. meme ..merci ma mère d'avoir fait ce si long voyage. Et de m'avoir ramené mon fils ... Mon fils ???
- Théodore, il s'appelle Théodore.
- Mon fils Théodore.
- Bien Messire je suis pressée et j'ai encore un long chemin, je vous laisse à l'instant.
- Mais ma mère vous partez déjà, sans rien m'expliquer heu ... je ne sais pas m'occuper d'un enfant et ....
- C'est votre problème, quand on fait des enfants on assume.
- Vous avez raison, Dieu vous bénisse et merci encore. Saluez Missniss.
- Quand elle sera consciente, en attendant que le Très Haut vous garde.
Encore sous le choc Camisard se dirigea vers l'auberge où il avait loué une chambre. Tenant fermement le couffin il regarda Théodore il lui promit de toujours prendre soin de lui.