Anaon
[ Attention, le thème de ce RP peut heurter la sensibilité de certain joueur ]
* Breton: Adieu, mon tout petit
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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
- On entend que le silence trompeur des nuits sauvages. L'audace d'une brindille qui craque, la complainte du vent qui s'apitoie dans les branches. Ce ne sont que de frêles brèches qui viennent entaillées le cocon muet dans lequel elles se sont lovées. La nuit est claire, la lune féconde, exhibant sa panse ronde et laiteuse dans le ciel parsemé de gemme blanche. Et plus bas sur terre, à l'écart du chemin, là où un ancien sentier de traverse se perd sur une nappe herbeuse surmontée d'une éminence boisée, un maigre feu dispense sa lueur chaleureuse.
La clarté accroche les arrêtes du visage qui baignent dans le halo des flammes. Les mains lumineuses sculptent ses courbes, creusent ses vallons redonnant aux traits marmoréens une aura sibylline. Les mains croisées font un appui au menton et les coudes reposent sur ses genoux nonchalamment repliés. Les azurites se perdent dans le ballet envoutant des langues de feu qui étirent leur ombres dansantes jusqu'aux silhouettes assoupies de ses compagnes de voyages. Le calme qui les étreint est enivrant, délicieusement reposant. Doux silence, meublé du crépitement furtif des branches calcinées et de quelque murmures disséminés dans les bois. Un soupir dans un sommeil et le regard de la balafrée se pose sur les corps endormis.
Les deux femmes reposent sur leurs paillasses végétales, lovées dans un sommeil plus ou moins profond. La balafrée, elle, rentabilise ses insomnies. Sommeil et Anaon ne font pas souvent bon ménage, il est alors tout naturel que l'aînée veille sur ses comparses. Elle est loin des semaines blanches qui bordaient ses yeux d'auréoles sombres, mais elle est toute aussi loin des soirées reposantes qu'elle savourait quand elle se drapait dans les voiles de Petit Bolchen. Et ce soir comme souvent, l'esprit se tracasse.
Les regard s'appesantit sur les courbes du Chardon. Si la mercenaire ne connait rien de la seconde femme qui partage leur route, elle commence peu à peu à entrevoir l'essence de la provençale. Et si entre Anaon et Judas c'est l'histoire tortueuse d'un "je t'hai-me", avec cette femme, elle n'est plus très loin du compte. Cerdanne. Elle devient peu à peu la bonne copine qu'on rêverait un jour de pouvoir étrangler. Cette nuit pourtant, c'est sans doute l' Anaon qui portera les doigts de la provençale en parure organique.
Dans le silence, la silhouette se délie, abandonnant flammes et veille, et à pas feutrés elle se rapproche des montures. Une main se tend, attend et un nez cajoleur vient fureter sur la peau de lys qui s'offre à ses caresses. Les doigts se referment affectueusement sur les naseaux frémissant avant de remonter le long des veines et cicatrices qui tavèlent le poil doré. Les mains s'activent alors à seller l'ibérique dans la plus grande discrétion puis les doigts se referment sur les rênes du filet.
La mercenaire ne se vante plus depuis bien longtemps d'être femme de confiance. Le Chardon lui en voudra très certainement d'avoir abandonné sa veille. Pour peu qu'elle s'en rende compte. Le feu se sera sans doute fait cendre quand la balafrée reviendra au petit campement. Qu'importe, à cette heure ses pas s'enfoncent dans l'obscurité.
Le séant ne trouve le confort de la selle qu'après s'être éloigné suffisamment de leur point de chute,et quand la distance lui semble raisonnable, la balafrée envoie sa monture au trot. La nuit est claire, lune et étoiles scintillent, assez pour que les azurites de la femme s'y retrouvent. La main reste néanmoins légère sur le mords. Bien que sa monture se fait souvent jocrisse, l'Anaon fait pleinement confiance à ses sens pour éviter les embûches de la route qu'elle ne peut pas voir. Bien vite pourtant, la balafrée quitte le confort du chemin pour couper à travers bois.
Elle avancera pendant bien une heure avant d'arrêter l'étalon au milieu d'une minuscule clairière. Le regard se perd dans les astres qu'elle analyse avec sérieux puis lentement elle met pied à terre. Une main guide Visgrade qu'elle attache près d'un arbre puis les doigts délacent de la selle la petit sacoche qui s'échoue dans l'herbe. Elle en extrait de quoi s'acharner à allumer une torche qu'elle plante au cur de la petite étendue. Et sans plus attendre, l'Anaon s'affairent à rassembler branches et brindilles qu'elle dispose près de la torche en un minuscule autel de bois.
Les mouvements assurés de la mercenaire s'arrêtent net de temps à autre pour tendre l'ouïe aux bruits suspects qui s'échappent de la forêt. Et quand son étrange besogne est achevée, la Roide allume à l'aide de la première une autre petite torche. Elle se relève alors et d'une claque amicale sur l'encolure, la cavalière rassure sa monture bien vite abandonnée.
Si son sens de l'orientation s'avère toujours aussi excellent, la mercenaire devrait très vite tomber sur le petit relais visité il a bien des lunes de cela. Et en effet après quelque minutes de marche, une battisse se découpe à la faveur de la lune. Une lueur carmine filtre des fenêtres caressées par la lueur d'un âtre qu'elle devine. La femme se fige, tentant de voiler le halo de son flambeau derrière le bois d'un arbre. Les azurites cheminent sur le jardin obscure qui s'épanouit en contre bas. Si elle se fie aux dires de Nyam... L'azur se scelle sur une masse sombre. Avec précaution, la balafrée entame sa descente et se rapproche de l'objet de son intérêt. Et les talons se plante net dans la terre.
Une pierre sombre repose aux côtés d'un minuscule monticule de terre cerclé de pierre, sans doute blanche sous la lumière du soleil. Immobile, l'Anaon demeure contemplative. Étrange sensation qui l'éteint. Indescriptible. Émotion sur laquelle elle ne peut poser aucune nom. A moins que ce ne soit justement qu'un manque de ressentit, et c'est ce qui lui paraît tellement étrange. Le corps s'ébranle avec une infime précaution. Sans plus se soucier des regards lointain qui pourrait l'apercevoir, la mercenaire s'agenouille devant le tertre minuscule. Le flambeau est planté à même sol, et les mains viennent reposer sur le plat de ses cuisses.
Instant de vide contemplation. La pulpe des doigts vient frôler les pierres d'une caresse presque hésitante puis se perd dans la chevelure herbeuse qui recouvre l'amas de terre. Profonde inspiration. Et les doigts s'enfoncent avec lenteur dans l'épaisseur de glèbe. La main trace ses longs sillons indolent dans la terre de son souvenir. Sous l'il inquisiteur de la lune, la terre est patiemment dégagée.
Méthodique scandale.
* Breton: Adieu, mon tout petit
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