--Antre_des_encapuchonnes
Sur la rue Saint-Martin il y a une demeure qui n'est pas ce qu'elle semble.
A première vue, c'est un hôtel comme il y en a des centaines dans tout Paris, sinon qu'il est particulièrement récent. Cet hôtel est fait de fortes pierres, bien équarries et soigneusement disposées. Il compte deux étages en plus du rez-de-chaussée, auxquels sont des fenêtres plutôt étroites, souvent closes et gardées par de solides volets de chêne. Au rez-de-chaussée, pas d'autre ouverture que l'huis ; et encore celui-ci ne s'ouvre que très rarement c'est une haute porte cochère close par deux battants de chêne, épais presque d'un pouce et bardés de fer. A l'arrière de l'hôtel se trouve une petite arrière-cour, plantée de quelques arbres, une écurie pour accommoder sept montures, et au fond une remise.
Jusqu'ici, rien d'extravagant ou de particulier.
C'est en s'approchant de plus près ou, plus généralement, en prêtant meilleure attention, que l'on peut remarquer quelques signes ; les marques laissées par les ombres qui demeurent à cet hôtel. D'abord il y a cette inscription, gravé dans la pierre près de l'huis par une main audacieuse : « Cave Daemonia ». Ensuite il y a la hâte craintive avec lesquels les passants vont devant la demeure, comme s'ils ne voulaient s'y attarder plus que nécessaire. Enfin il y a les ombres elles-mêmes, qui vont et viennent hors et dedans l'hôtel, vêtues de bures noires et masquées d'ivoire.
On donne plusieurs noms à cette demeure : « l'Hôtel des septs frères », « l'Ambassade de la Lune », « Clos-la-Mort », « Maulogis »... de véritable non, pourtant, elle n'en a qu'un : cet hôtel, c'est l'Antre des Encapuchonnés.
Les sept Princes encapuchonnés ; voilà le mal qui hante ce logis. Ce sont eux qui ont fait reconstruire cet hôtel après le grand incendie, eux qui en ont déterminé l'emplacement et l'agencement, l'allure et la taille. Et si parfois à l'intérieur surtout la disposition des lieux semble parfois chaotique, c'est qu'elle est le résultat de multiples concessions aux manies de ses habitants.
Plus exactement, c'est le résultat des concessions que Belzébuth, Prince de l'Avarice et trésorier de la demeure, avait faites à ses frères. C'était Bélial, Prince de l'Orgueil, qui avait à l'origine obtenu que l'hôtel soit sur la rue Saint-Martin et non, comme il eût été plus sûr et moins coûteux plus profondément dissimulé dans les méandres des venelles de la Cour des Miracles ils étaient Princes, clamait Bélial ; devaient-ils vivre parmi les gueux ? Azazel, Prince de la Luxure, n'avait cependant pas voulu s'éloigner plus des bordels voisins ; il avait également obtenu que la literie soit plus confortable que celle que Belzébuth avait envisagé d'acquérir, et que les chambres soient plus grandes et disposés à l'écart des odeurs des cuisines. C'était Asmodée, Prince de la Gourmandise, qui avait obtenu que ces dernières occupassent presque tout le rez-de-chaussée heureusement pour Belzébuth, les caves et celliers n'avaient pas été détruits par le grand incendie. Quant à Léviathan, Prince de la Colère, et Lucifer, Prince de l'Acédie, ceux-ci portent un intérêt plus modéré aux biens matériels.
Quant à Satan...
A première vue, c'est un hôtel comme il y en a des centaines dans tout Paris, sinon qu'il est particulièrement récent. Cet hôtel est fait de fortes pierres, bien équarries et soigneusement disposées. Il compte deux étages en plus du rez-de-chaussée, auxquels sont des fenêtres plutôt étroites, souvent closes et gardées par de solides volets de chêne. Au rez-de-chaussée, pas d'autre ouverture que l'huis ; et encore celui-ci ne s'ouvre que très rarement c'est une haute porte cochère close par deux battants de chêne, épais presque d'un pouce et bardés de fer. A l'arrière de l'hôtel se trouve une petite arrière-cour, plantée de quelques arbres, une écurie pour accommoder sept montures, et au fond une remise.
Jusqu'ici, rien d'extravagant ou de particulier.
C'est en s'approchant de plus près ou, plus généralement, en prêtant meilleure attention, que l'on peut remarquer quelques signes ; les marques laissées par les ombres qui demeurent à cet hôtel. D'abord il y a cette inscription, gravé dans la pierre près de l'huis par une main audacieuse : « Cave Daemonia ». Ensuite il y a la hâte craintive avec lesquels les passants vont devant la demeure, comme s'ils ne voulaient s'y attarder plus que nécessaire. Enfin il y a les ombres elles-mêmes, qui vont et viennent hors et dedans l'hôtel, vêtues de bures noires et masquées d'ivoire.
On donne plusieurs noms à cette demeure : « l'Hôtel des septs frères », « l'Ambassade de la Lune », « Clos-la-Mort », « Maulogis »... de véritable non, pourtant, elle n'en a qu'un : cet hôtel, c'est l'Antre des Encapuchonnés.
Les sept Princes encapuchonnés ; voilà le mal qui hante ce logis. Ce sont eux qui ont fait reconstruire cet hôtel après le grand incendie, eux qui en ont déterminé l'emplacement et l'agencement, l'allure et la taille. Et si parfois à l'intérieur surtout la disposition des lieux semble parfois chaotique, c'est qu'elle est le résultat de multiples concessions aux manies de ses habitants.
Plus exactement, c'est le résultat des concessions que Belzébuth, Prince de l'Avarice et trésorier de la demeure, avait faites à ses frères. C'était Bélial, Prince de l'Orgueil, qui avait à l'origine obtenu que l'hôtel soit sur la rue Saint-Martin et non, comme il eût été plus sûr et moins coûteux plus profondément dissimulé dans les méandres des venelles de la Cour des Miracles ils étaient Princes, clamait Bélial ; devaient-ils vivre parmi les gueux ? Azazel, Prince de la Luxure, n'avait cependant pas voulu s'éloigner plus des bordels voisins ; il avait également obtenu que la literie soit plus confortable que celle que Belzébuth avait envisagé d'acquérir, et que les chambres soient plus grandes et disposés à l'écart des odeurs des cuisines. C'était Asmodée, Prince de la Gourmandise, qui avait obtenu que ces dernières occupassent presque tout le rez-de-chaussée heureusement pour Belzébuth, les caves et celliers n'avaient pas été détruits par le grand incendie. Quant à Léviathan, Prince de la Colère, et Lucifer, Prince de l'Acédie, ceux-ci portent un intérêt plus modéré aux biens matériels.
Quant à Satan...