Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9   >   >>

[RP] L'Antre des Encapuchonnés, sur la rue Saint-Martin

--Lucifer_l_encapuchonne



C’est un Prince amusé sous le masque qui observe sans broncher la scène divertissante qui se donne à sa table. Une nouvelle fois, il apprécie la qualité du spectacle, le sens des mots et l’ironie qui fait mouche. Que dire de l’exaltation qui soudain emporte son Frère… Le masque suit la chute du pain, le valet en haillons qui s’élance pour le récupérer et le glisser dans les replis crasseux de ses lambeaux de tissu.
Le sourire démoniaque s’étire plus sournoisement. La peste soit des insectes que l’on croit insignifiants…


Bélial, petit Frère… Assied toi… Toute cette agitation va nuire à ton teint…

Pique gratuite, l’Acédie à ses moments perdus aime cependant à préserver certains penchants naturels. Le courage ne fait pas défaut chez la petite fourmi attablée, à moins que ce ne soit une forme de folie, le tout restant à découvrir. D’où la volonté de préserver cette existence. Au moins pour un temps.

Alors petite Fourmi moqueuse et piquante…

Lucifer tire une longue bouffée sur sa pipe, calcule et reporte son attention sur la porte, vérifiant si Asmodee s’en venait à l’appel de l’Orgueil froissé. Etirer les secondes à l’Envie, laisser l’éternité passer pour que retombe la tension. Un trait de fumée survole la table en direction des deux protagonistes qui se font face, les embrumant quelques secondes.

Serais-tu de ces prélats en charge de sauver les âmes perdues ?

D’un doigt nonchalant il pointe la broche d’or aux armoireries qui lui font affront. Curieux d’entendre la défense de leur prétendue sauveuse. Attention petite fourmi, à trop marcher sur le fil du rasoir...


______________________________________________________________

Vos Faiblesses sont mes Forces.
Satan_l_encapuchonne.



Quel est ce bruit qui vient résonner à tes Oreilles ? Quel est ce vacarme qui te force à soulever les paupières ? Ah… Ce n’est rien, juste la voix d’un de tes frères qui hurlent… Pourtant, tu redresses la tête, t’arrachant à tes oreillers moelleux, parce que cette voix qui se fait forte n’est pas celle que tu as l’habitude d’entendre crier… Tu fronces les sourcils derrière ce masque d’ivoire et tu te redresses, te lèves même, pour t’arracher à ton lit somptueux. Si ce n’est point Leviathan qui hurle, c’est qu’il faut aller voir ce dont il retourne.
Alors lentement tu te redresses… Laissant traîner ton regard sur tous les biens que tu as accumulé… Les joyaux, comme les tableaux, comme les femmes aussi… Tes yeux brillent quand ils tombent sur le visage apeuré de certaines… Elles savent que si tu veux, tu viendras les prendre. L’Envie.

Un sourire étire tes lèvres sous le masque et pourtant, tu détournes le regard… Parce qu’autre chose titille ton vice… Tu n’as pas été le premier à voir Bélial s’énerver, tu n’as pas été appelé pour accueillir la source de cet agacement… Et tu sers les dents, alors qu’un grondement monte dans ta gorge, t’engouffrant dans le couloir qui mène à la pièce principale… Attenante à la cuisine.
Ta robe sombre vole derrière toi alors que tu traverses la distance qui te sépare de tes frères à toutes allures… Tes bottes claquent à toute allure sur les pavés glacés alors que les torches frémissantes à ton passage donne à ton ombre des allures inquiétantes…

Et pourtant, à l’instant même où tu débarque dans la pièce, tu as retrouvé ton calme. Tu redresses ta tête, pour laisser ton regard vagabonder dans la salle… Heureusement que tu portes un masque d’ailleurs, sinon tu n’aurais pas pu masquer ta surprise en découvrant une femme près de la table… Si proche de tes frères… Tu es arrivé juste à temps pour voir le valet récupérer le morceau de pain, tapotant sur son épaule de ta main baguée… Ce pain qu’Elle a touché, tu le veux. Maintenant. Où alors est-ce elle dont tu as Envie subitement ?
Ton regard se met à briller alors que tes frères lui parlent… Et tu t’approches encore, à pas lents, faisant tourner le morceau de pain qu’elle tenait si peu de temps auparavant… Tes sourcils se froncent quand tu te rends compte qu’elle semble être là depuis un moment… Et tes narines se gonflent quand la moutarde te monte au nez…


-Depuis quand ne prenez vous pas le temps de prévenir vos Frères qu’une visiteuse est arrivée ? Est-elle si importante à vos yeux que vous en oubliez les autres ?

Tu es trop tendu Satan… Beaucoup trop… Tu inspires, pour tenter de diminuer cette tension que tous peuvent entendre dans ta voix… Pour reprendre le contrôle tout de même…
L’Envie, la Jalousie… Pourquoi es-tu jaloux d’ailleurs ?


-J’aurais apprécié que l’on envoie au moins un valet me quérir… Plutôt qu’on me laisse être éveiller par des éclats de voix….

Tes doigts se crispent sur le pain, parce que maintenant que tu es assez prêt, tu sens les effluves du vin, l’odeur même qui se dégage de l’oie blanche perdue dans l’antre du vice… Et tu t’en lèches les lèvres, avant de poser les yeux sur elle…

-Ou alors que vous me l’envoyiez, Elle.

L’Envie, le désir…

______________________________________________________________
Belzebuth_l_encapuchonne


C'est un Prince presque hors d'haleine sous le masque qui franchit la porte pour rentrer en sa demeure. Il a pressé son pas, autant sur l'aller que sur le retour, et c'est l'esprit libéré qu'il revient à la hâte.
En bon avare, Belzébuth, symbole incontestable et incontesté de thésaurisation, espère ne rien avoir loupé.
A la traversée des cuisines, il chipe ou plutôt récupère son dû. Un croustillant et odorant pâté tout chaud que Frère Gourmandise vient tout juste de sortir de ses infernaux fourneaux.

Tout ce qui est traité en cette maison l'est grâce à lui, son sens aigu de l'économie, sa pointilleuse conduite des affaires. Ainsi, le gant de cuir plein d'un pâté fumant, le Prince Démon de l'Avarice pousse la porte et fait une nouvelle entrée, théâtrale.


J'ose espérer que vous n'avez avancé sans moi...

Et de s'écrouler dans son fauteuil, à côté de l'Orgueil, faisant grincer le bois en élevant une main pour claquer des doigts et pointer son verre. Sous le masque, le sourire est sadique pour le serviteur déjà promis à une diète sévère qui se précipite pour le servir. Magnanime, il lui passe le pâté sous le nez, pour lui faire généreusement profiter de ces exhalaisons enchanteresses, avant de le porter en bouche pour y croquer à pleines dents, mâchant bruyamment sans aucune vergogne.

J'ai manqué quelque chose ?

________________________________________________________________
Bien mal acquis profite... Mais plus à la même personne, voilà tout !
Fourmi.
Un léger raidissement l’a saisie. Une tension, ou plutôt une certaine crispation, qui se fait sentir dans tout son être. Un court instant, le sourire s’efface et ses prunelles se fixent sur la vaniteuse ivoire, si proche soudain qu’elle pourrait presque en sentir le souffle sur son visage. Un frisson électrique remonte le long de son échine, qu’elle laisse passer, tout comme elle laisse la Colère s’emparer de l’Orgueil en esquissant un sourire furtif. La menace glisse sans effleurer la surface, allant même jusqu’à titiller encore plus.

Diable… Vous mettre dans un état pareil pour une si insignifiante petite chose…

Parfaitement consciente de n’être qu’un détail et pourtant elle ne peut s’empêcher de relever l’ineffable compliment au milieu de l’emportement, Belial qui vitupère tout en caressant… Des yeux elle suit encore le masque, s’efforçant de ne pas éloigner son visage au grand dam de ses tympans malmenés, elle qui déteste les cris. Si elle n’a pas suivi la chute du pain, c’est au poing dressé sous son nez qu’elle s’intéresse dans l’immédiat, venant y poser une main blanche tout en cherchant le regard derrière l’ivoire. Légère, elle imprime une douce fermeté pour le faire baisser, venant souffler à l’oreille dissimulée d’une voix caressante, comme une confidence à lui seul.

Allons… Asmodée ne saurait s’accommoder de si peu de chair…

Lentement elle reprend sa place, le dos droit, plaqué contre le dossier de son siège lorsque Lucifer finit de les enfumer. Le regard sombre, plus que jamais à l’écoute de l’Acédie, alors qu’il semble remarquer les armes primatiales qui frappent la broche. Un coin de lèvres se soulève alors qu’elle inspire profondément la fumée qui parvient quand même jusqu’à ses narines.

Les secondes s’écoulent, sa main replaçant une nouvelle fois la mèche de cheveux rebelle derrière l’oreille, laissant le temps s’effilocher comme les volutes de fumée généreusement dispensées par Lucifer se dissipent tels des lambeaux éthérés.
La fourmi reprend, d’une voix plus douce et posée encore que précédemment, alors que sur son visage ivoirin passe une ombre triste, fantomatique esquisse de ce que jadis elle avait pu être.


Que nenni… Je ne prêche rien… Quant aux âmes perdues…

La voix se perd, rêveuse, trainante, alors que le Prince des Mouches revient à la charge, lui soutirant un sourire amusé. Avarice, avarice, pinailleur vétilleux amateur de brimborions.

Cependant, ce n’est pas le retour de Belzébuth qui l’interrompt - bien qu’elle soit très tentée de lui narrer l’historiette du petit pain odieusement gaspillé par Bélial - mais bien l’arrivée d’un quatrième.
Lequel est-il ?
Ses prunelles se font plus incisives, détaillant les gestes tout comme elle s’attache à prêter une extrême attention à chaque mot. Il n’est pas la Colère, bien que son timbre traduise certaine irritation, quant à la Luxure… Elle l’imagine plus caressante, tactile oppressante ou envoûtante séductrice aux mots menteurs.

Un sourire s’esquisse tandis que la petite carcasse de la blanche se déplie pour se lever avec l’Envie de titiller à nouveau, de tester et surtout vérifier l’impression, pour apposer un nom sur le masque.
Elle soigne sa démarche autant qu’elle a peaufiné le raffinement discret de sa tenue, le pas lent et pourtant assuré, la brunette s’avance vers le nouveau venu. Osant jusqu’à aller lui tendre une main pour le mener à son siège, déférente d’un menton baissé, en contrepied parfait de ses yeux qui le scrutent.


Prince… Laissez moi réparer cette malencontreuse omission de vos Frères…

Elle l’abandonne pour aller quérir un verre propre, privant les serviteurs apeurés et tremblants de leur tâche en le servant d’un vin généreux puis de lui tendre, le derrière appuyé contre le plateau de la table.

Sentez son arôme, goûtez à ses rondeurs, à son bouquet boisé et pourtant féminin sur la langue, le pulpeux de son fruit subtil, sa moelleuse maturité…

Passion des vins comme des armes, c’est le cœur qui parle alors qu’elle sourit toujours, légèrement penchée en sa direction, caressant longuement l’ivoire des yeux avant de souffler, d’une voix mutine :

Fourmi…

Pour vous servir…


L’on pourrait la croire moqueuse si ce n’était l’absolue franchise de son regard. Elle prend son temps pour se redresser, se demandant s’il allait à son tour prendre, à l’instar de ses Frères, sa courtoisie particulière pour une forme de soumission. Les tissus blancs se meuvent avec lenteur pour pivoter face à l’Acédie alors que sa main glisse sur la ceinture aux fils d’or, effleurant sciemment la boucle pour y attirer le regard.

J’imagine que votre connaissance de la chose vous rassure quant à mes… croyances…

Le timbre est plus sec et troublé qu’elle ne le voudrait lors qu’elle s’adresse à lui, s’efforçant de ne pas laisser le moindre sentiment transparaitre. Pourtant, elle se penche sur lui aussi, effleurant le côté de l’ivoire de la joue pour aller murmurer à une oreille :

Et de présumer de ma Moïra…


Puis, avec une langueur quasi luciferienne, de passer devant le masque, le regard d’une insolence rare, pour susurrer à la seconde oreille la voix basse et trainante :

Quant à ma Némésis…

Avant de retourner à sa place, le pas ondulant faisant balancer en douceur la masse d’or à son flanc et de s’y asseoir en prenant soin de replacer son vêtement d’un geste machinal de la main.
Chose faite, elle embrasse la tablée d’un long regard, posé. Quatre, c’est déjà bien, c’est la majorité… relative s’il en est chez les Princes Démons. Sa main blanche revient à son verre, le geste nonchalant de naturel avant d’en prendre une gorgée, d’en laisser les saveurs envahir ses papilles et de glisser lentement dans sa gorge. Un sourcil presque narquois se soulève quand elle se tourne vers Bélial avant de reprendre la parole.


Je crois qu’il est temps de donner satisfaction à l’Orgueil et que j’exprime clairement le message…

Et pourtant, elle temporise encore, plus pour choisir ses mots avec précision que pour entretenir le mystère ou provoquer une nouvelle vaniteuse hystérie, le regard perdu sur les flammes vacillantes des torches qui renvoient leurs reflets ensanglantés sur les lourdes tentures moirées qui parent les murs.

Il n’y a qu’une solution afin que vous retrouviez votre éclatante aura hors de ces murs, que votre ombre rayonne à nouveau sur la Cour et Paris toute entière…

Agaçante elle le sait dans ses pauses, si courtes fussent elles. Pourtant elle profite de ces quelques secondes pour entrevoir les réactions, les gestes… Avant de lâcher d’une voix claire et assurée que seuls ceux qui sont entièrement convaincus de leur cause peuvent avoir.




Il vous faut


...


un Roi.

_________________
Belial_l_encapuchonne
Cette Fourmi...
Cet insecte...
Cette petite chose immaculée entrée ici, a réussi à lui faire perdre ses moyens. A Lui. A LUI!
Encore sous le choc qu'a provoqué cette soudaine révélation, Orgueil ne réagit pas dans l'immédiat lorsque la fine main de la jeune femme vient se poser sur la sienne. Légère, douce et ferme à la fois.
Le regard sous le masque est fixé à celui de la brune, mais son esprit songe à bien d'autres choses qu'au repas que pourrait leur servir Asmodée.
Ô comme il aimerait repousser ce geste et tendre sa main gantée pour enserrer ce cou gracile, la faire taire et peu importe si elle ne se trouve qu'empaillée auprès d'eux. L'étreinte serait délicate, et la vie s'échapperait lentement mais sûrement tandis qu'il la soutiendrait de ses bras...
Tableau magnifique empli de contraste. Que ce serait beau.
Et les doigts se délient lentement, geste tout calculé.

Mais le fantasme et le geste prirent fin aux mots de son frère, passant ses fumées pour venir résonner aux oreilles du Parfait Prince.

Félin, il manque feuler à l'adresse d'Acédie qui se fait un malin plaisir à rabaisser sa Hauteur Vanité. Toutefois la vengeance se mange froide, et ce dernier se laisse le temps de trouver une revanche digne de Lui. Loi du Talion façon Bélial, Lucifer ne sera pas déçu. Aussi c'est avec un regard qui en dit long, sous l'ivoire, qu'Orgueil retrouve sa place, droit comme un "i" sur son trône et porte coupe de vin à ses lèvres.

Bélzebuth revient, et le Magnifique ne peut s'empêcher de titiller en retour alors qu'Avarice malmène le siège sur lequel il se laisse choir sans aucune délicatesse et qu'un autre apparait, faisant même se lever la visiteuse. Bélial suit la scène du regard, un sourire léger sous l'ivoire tout en s'adressant à son voisin de tablée.


Ce que tu as raté Frère? Tellement de chose que nous gaspillerions ton précieux temps à tout te raconter. Et prend donc garde à ne pas abimer ce siège sans quoi je devrais en faire refaire, et des dignes de nous... En bois précieux et exotique.

Il ne perd rien de ce qu'il se joue. Les gestes, les manières de leur hôte. Sa façon de se tenir ou encore de vanter les qualités de ce vin qu'elle venait de proposer à L'Envie. La main est resserrée sur la coupe en verre ciselé tandis qu'il s'imagine déjà la convertir... Elle, qui vient de se replacer à leur table. Et Orgueil gronde, tant d'impatience que d'agacement à la façon dont elle traîne à satisfaire la demande faite. A trop jouer...

...

La réponse tombe.
Enfin.

La réponse tombe.
Et le laisse coi.

La réponse tombe.
Et la main se serre tellement sur le verre tenu qu'elle le brise, laissant s'écouler ce délicieux breuvage à la robe si délicate.

La voix sourde et rauque de la colère contenue s'élève doucement tandis que sa main libre serre le large accoudoir de son siège. Orgueil se fait pernicieuse. Un Roi proposé aux Princes. Un Roi alors qu'ils sont EUX. S'il avait été Colère, S'il avait été Léviathan... Il aurait sans doute écrasé la Fourmi qu'elle était, tuée sur place.


Un Roi.

Nul n'est au dessus de Lui. Nul n'est au dessus d'Eux.
_________________
Le diable en rira demain.
--Lucifer_l_encapuchonne



Lucifer à sa table fume. Encore et encore. Ombrant le masque de ses intentions derrière le voile de fumée dont il joue au dessus de la tablée, gratifiant l'assemblée de ses volutes opaques.

La pose alanguie, le Prince Démon de l'Acédie observe sans faire montre de la moindre agitation. Le contraire serait étonnant. Cependant, il ne manque rien et continue d'admirer le spectacle de la blanche et ses frères. Il a sourire cynique sous le masque de deviner l'effort de l'Orgueil à se maîtriser ou encore de voir l'Envie disputer le petit pain à leur esclave.

Ô combien il savoure la longue désespérance qui se lit sur le visage de ce dernier, lui qui pensait avoir trouvé moyen d'échapper au Carême imposé par Belzébuth...
Ô combien il se délecte des mots qu'il va pouvoir souffler à l'oreille à ce serviteur pour le mener lentement au trépas comme la délivrance inéluctable à sa misérable condition.

Il revient à Satan, élude un frémissement à l'idée de lui envoyer leur invitée. L'Envie qui rivalise avec l'Orgueil à présent. Cette Fourmi provoque décidément une agitation sans pareil. Et qui poursuit sa prestation en se faisant velours pour l'accueillir, encourageant la convoitise, faisant sans doute naitre la concupiscence.

Le gant ferré se saisit de son verre, sans avoir le temps d'en déguster le nectar vanté par la blanche tentatrice. Sous le masque, il frémit longuement de sentir son parfum si proche quand elle le nargue de l'opale lacté de son visage, de ses prunelles qui ne désarment pas, éclatantes. Elle le pique de son Aubade, épineuse délicate si forte et fragile à la fois. Derrière l'ivoire, les mâchoires se serrent pour de multiples raisons qui n'appartiennent qu'à lui. Elle le perd par ses multiples facettes dont il ne sait encore comment percer les arcanes.

Sans lâcher un mot, le Prince Démon de L'Acédie, pourvoyeur de désespoir, reprend une longue taffe sur sa pipe et prend tout son temps pour recracher sa fumée en cercles de tailles diverses qui viennent tous s'imbriquer les uns dans les autres, comme une infinité de possibles.

Un Roi.

Elle ne manque pas d'aplomb.
Il mesure et attend de voir les réactions de ses Frères, préférant la lascive réserve à l'impétuosité avide de trop de passion.



______________________________________________________________

Vos Faiblesses sont mes Forces.
Satan_l_encapuchonne.


Derrière ton masque, ce sont les sourcils qui se haussent alors que tes frères t’ignorent… Et tu serres encore plus les mâchoires alors que c’est celle qui éveille ton Envie qui te répond, qui te guide… Presque hypnotisé, tu te laisses entraîner, calmer, cajoler… Et peu à peu tu te détends, laissant un mince sourire glisser au coin de tes lèvres alors que tu retiens de justesse tes mains qui voudraient s’emparer des hanches de celle qui t'offre sa main pour t’installer sur ton siège… Oh oui, l’Envie est là. Et elle se fait plus forte alors que la donzelle se fait loquace…
Du regard, tu caresses les courbes, les détails qu’elle offre… Surtout qu’elle se dit à ton service… L’iris pétille derrière le masque et tu t’imagines déjà bien des choses… Laisser ton Envie parler à ta place… Il te la faut !

Ta langue passe sur tes lèvres alors qu’elle s’écarte, cette petite Fourmi… Tu serais presque séduit, si tu ne la voyais pas faire la même chose avec tes Frères… Et à nouveau tu te crispes, quand elle tourne, quand elle s’adresse aux autres, c’est à TOI quelle devrait parler, rien qu’à TOI. Et non pas à aux autres…
Tes sourcils se froncent alors qu’elle s’installe pour répondre à l’Orgueil. Tes yeux passent de l’un à l’autre, et tu trésailles en voyant l’Avare converser à voix basse… Et tu ne peux réprimer un reniflement méprisant. C’est à cause de lui que tu ne peux dépenser à ta guise, que tu ne peux prendre et acheter tout ce qu’il te plait…

Avec difficulté tu détournes tes yeux, réprimant cette Jalousie qui vient d’envahir ta tête… Tu aimerais tellement posséder les coffres de Belzebuth… Pour assouvir tout ce que tu souhaites, ce que tu veux… Tes narines palpitent derrière ton masque et c’est à peine si tu entends les mots de la Fourmi que tu as soudainement oublié… L’Envie est ainsi, changeante…
Mais c’est la voix de ton frère qui te faire revenir à la réalité. Ces deux mots qui te font te raidir… Un roi. Elle veut vous imposer un roi… A vous. VOUS les Princes !

Et devant le flegme affiché par Lucifer, devant la tempérance de Belial… C’est toi qui te lève, peut-être trop vivement… Alors que tu fusilles du regard cette donzelle qui te semblait si appétissante et qui tout à coup te répugne… Comment ose-t-elle croire que quelqu’un peut-être supérieur à vous ? COMMENT ?!


Comment peux-tu penser qu’un simple homme pourrait devenir un Roi pour nous ? Comment oses-tu nous rabaisser ainsi ?

Une pause, alors que tes mains aux doigts bagués s’agitent devant ton visage… Comme pour bien signifier ce que tu penses de cette hérésie… Si tu écoutais ton Envie, tu demanderais aux esclaves de lui couper la langue… Qu’elle ne répète plus jamais une telle ignominie envers toi et tes Frères.

Qu’est-ce qu’un homme pourrait faire de plus que Nous ?

Cette fois encore…. C’est ton Envie, ta Jalousie qui parle… Contrôle toi Satan… Avant que tous ne te prennent pour un autre de tes frères…

______________________________________________________________
Fourmi.
Concentrée depuis qu’elle a lâché ces deux mots. Si petits mots. Et malgré tout étrangement détendue. Le message est livré. L’idée germée de cette petite tête délivrée chez les Premiers de la Cour. Ceux qui importent à ses yeux et qu’elle veut voir relevés autant qu’elle aspire à livrer cette Cour de misère au seul digne d’y régner.

Le plus dur n’est certes pas passé. Elle s’attend à de violentes réactions, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est aussi calme en surface. Si elle réprime le sourire qui lui monte aux lèvres lorsque Bélial fait voler son verre en éclats, juste après avoir chatouillé l’Avarice, elle en hausse cependant un sourcil amusé, narquois. Retirant son bras pour éviter que le vin ne vienne souiller sa manche.


Quel gâchis… Un si bon vin…

Sa main se saisit même d’une serviette pour aller éponger le liquide rubis qui s’étale sur la table et l’empêcher de se répandre plus. Imaginant Belzébuth s’étrangler sous son masque autant pour le gaspillage que pour ses propos… Ses prunelles pétillent d’entendre répéter ces simples, si simples mots. Un Roi… Il a suffit de ça pour que le vaniteux s’en trouve le bec cloué sous le masque. Puis, curieuse, la brunette laisse son regard glisser jusqu’à Lucifer. Elle l’imagine tendu, par les mots qu’elle a glissés à son oreille, par ceux de Satan à son arrivée. Et se dessine alors un sourire discret sur ses lèvres pâles en voyant les nombreux ronds de fumée s’envoler.

C’est une nouvelle fois l’Envie qui se révèle plus spontanée… Laissant exploser au grand jour ce que tous doivent penser tout bas. L’affront fait à leur rang, l’indignation légitime du Prince à imaginer être supplanté…

Une hésitation, courte, avant que de se lever à son tour. Rester assise laisserait présumer d’une crainte, et elle ne veut risquer de leur donner prise. L’enjeu est trop grand et il est trop tard pour reculer.
Son pas lent et léger sur le sol résonne à peine, glissant jusqu’à Satan, avant de relever le nez pour faire face. Le visage opalin n‘esquisse aucune trace d'insolence ou de provocation alors qu’elle s’avance, à portée, un sourire doux venant accrocher ses lèvres au moment où ses yeux se posent sur le masque de l’Envie.


Allons allons…

Sa tête se penche légèrement sur le côté et le sourire étire un coin de ses lèvres, aussi franc que mutin.

Un Roy c’est ce qu’il faut à cette Cour… Je n’ai nullement dit qu’il vous serait supérieur… Il servirait vos intérêts tout autant que votre appui servirait les siens.

Elle temporise. Les mots s’écoulent de sa bouche avec naturel, sans empressement. Elle a tout son temps, dehors il fait jour, les pauvres hères doivent commencer à sortir de leurs masures pour aller quémander leur pain quotidien. Les mots sont pesés et choisis afin que nul doute ne subsiste.

Certes le titre de Roy peut vous paraître grandiloquent. Mais c'est un Mal nécessaire. Tout comme Lui. N’y prêtez pas trop d’importance. Voyez l’idée plutôt que le titre…

Fourmi marque une pause, restant là, debout, droite dans ses bottes, attentive discrète aux gestes de Satan, se demandant s'ils remarqueront son insistance subtile sur certains mots tout en surveillant du coin de l’œil l’Avarice qui n’a encore dit mot. Les laisser réagir, exprimer Colère et doutes avant de poursuivre, de développer…

_________________
Belzebuth_l_encapuchonne


Il venait tout juste de reprendre son souffle, précieux, après son escapade hors les murs de leur domaine, sa carcasse massive avachie dans son fauteuil; Belzébuth détaillait la scène. La table toujours achalandées de denrées appétissantes, quelques petites miettes éparses, des verres pleins.

La Blanche ne siège plus en bout de table mais fait virevolter ses lumineux tissus vers... Tiens, Satan est là lui aussi. Le Prince Démon de l'Avarice, à l'attitude cajoleuse de la Fourmi, comprend que l'envieux a du faire un esclandre, sans doute jaloux de n'avoir pu profiter de leur invitée surprise dès son arrivée.

Bélial, Frère ô combien vénal, vient interrompre sa contemplation et le tance d'un aiguillon cuisant qui le fait gronder sous son masque d'ivoire. Il en loupe presque la démonstration de la frêle jeune femme, sa façon de vanter Son inégalable cru. Il savoure comme un compliment qui lui serait directement adressé, se l'octroie puisque ce vin à cette table est sien, avant de houspiller avec morgue le vaniteux :


Prends garde toi même, mon très cher Frère, je ne n'annule tes dispendieuses commandes à l'avenir, toi qui ne sais que dilapider ce que je m'échine à économiser.

Il ponctue d'un rire sardonique avant de porter son verre à ses lèvres pour déguster une gorgée de ce délicat rubicond. Sans pour autant réprimer un grondement de voir la Blanche se pencher à l'oreille de Lucifer après avoir flatté Satan. En bon avare, il voudra posséder chaque mot, chaque souffle qu'elle laisse échapper.
Son poing s'abat sur la table, exprimant ainsi mécontentement naissant et sa voix gronde.


Ces messes basses sont intolérables...

l'Acédie peut se le tenir pour dit. Il achève ce petit pâté pris à la Gourmandise avec parcimonie, épargnant la moindre miette à son estomac en écoutant l'oiselle révéler enfin son message.
Il en avale sa dernière bouchée de travers, toussant violemment. Un serviteur servile s'empresse de prétendre venir à son secours, lui tendre un verre... Bien lui en prend. Celui là subit les affres de sa Colère. Sa main gantée vient étreindre la nuque malingre pour projeter cette inutile bouche à nourrir sur la table. La tête du soumis heurte violemment l'épais plateau de bois brut, le front ou bien peut-être le nez éclatant en répandant son insipide cruor sur la table.
Puis Belzébuth se lève d'un bond, faisant hurler son fauteuil à nouveau et d'un mouvement dédaigneux repousse le corps inanimé qui glisse au sol sans un bruit autre que celui du crâne qui rebondit sur les dalles de pierre. Ses deux poings reviennent marteler la table, penché, menaçant, en bon Prince Démon, sa voix gronde, tonitruante, en écho à l'Envie :


Bien dit mon Frère ! Cette simple idée est...

Il en frémit. Léviathan est absent, mas la Colère est bien là, sous jacente, prête à bondir. Il la sent bouillonner dans ses veines, tout comme il la suppute chez Satan tandis que Lucifer se contente de fumer, comme un unique signe d'éveil.
Et bien que la Fourmi apporte un léger apaisement par son intervention, Blanche diplomate qui arrondit les angles par ses séduisantes paroles, le Prince Démon de l'Avarice subodore la suite, découlant d'une chiche découverte durant sa pause. Ce qui ne l'apaise pas pour autant, bien au contraire.


Parle alors... Avant que ne me vienne l'Envie de te faire ployer l'échine pour cet outrage !

Et que je ne m'accapare de tes biens, tes ors et peut être du reste.


_______________________________________________________________
Bien mal acquis profite... Mais plus à la même personne, voilà tout !
Belial_l_encapuchonne
Bélial, ce Grand Prince Orgueilleux, ne trouve pas à réagir quand leur hôte vient essuyer doucement le vin perdu par un choc trop rude pour l'égo. Seule la main gantée de cuir finement tanné, qui tient encore les débris du verre brisé tremble sous l'affront fait. Dire qu'il fulmine, sous le masque, est un doux euphémisme. Et c'est avec une lenteur infinie qu'il se meut, secouant doucement ses doigts afin de faire retomber les éclats en fine pluie cliquetante et brillante, accompagnée du vermillon que la coupe contenait avant d'éclater sous trop de pression.

Bélzebuth s'étouffant sous l'outrage s'en vient éclater un crâne, et malgré la colère qui l'habite, Vanité ne peut que se satisfaire de n'avoir fracassé qu'un verre. On a la classe ou on ne l'a pas. Un visage sur une table... C'est sale. Mais Orgueil ne s'en offusque pas, ne relève même pas, car s'il y a bien une tête à laquelle il souhaite, à cette heure, réserver le même sort, c'est à celle de la Blanche. Du plat de la main, il lisse la nappe désormais tâchée d'un camaïeu de pourpre, et tourne le masque vers chacun des Frères en place. Lucifer semble se perdre dans une étrange contemplation... Satan s'anime au même titre qu'Avarice.

Et Bélial observe la brune relevée et si sûre d'elle. Trop sûre. Sa langue aurait déjà dû être séparée de son corps. Elle parle trop. Ou pas suffisamment. Imaginer les Princes sous la Coupe d'un homme sorti de nul part. Et le Vaniteux finit la phrase entamée par Avarice.


Cette simple idée est... Intolérable. Ridicule.

Sous le masque, l'air est dédaigneux, outré. Vile petite créature qui a eu le toupet de s'inviter là pour mettre à mal l'égo de ces masqués. Toujours aussi raide sur l'imposant siège qu'il occupe, Morgue gronde aux paroles de ses Frères tout en fixant l'importune, le regard brûlant de rage sous l'ivoire.

Je propose de ne pas attendre pour la mettre à bas. Cette femelle a oublié le respect et à qui elle s'adresse.

Un bras se tend en sa direction, désignée de l'index, la brune est visée, c'est à elle qu'il s'adresse, la voix devenue plus rauque par le désir de la voir souffrir. Qu'elle souffre, qu'elle paye son insolence, très cher, qu'Avarice ne soit pas avare de coups et qu'il montre à quel point un Roy est inutile et nullement à la hauteur.

Réponds. Réponds à Satan, à Bélzébuth. Ou je t'arracherai moi même la langue avec ma main. Qui penses-tu nous être supérieur au point de le propulser Roi? Trop calme. Danger. Un de ces miséreux pouilleux de la Cour? Ou l'un de ces hères pitoyables se pensant intouchables et merveilleux, alors qu'ils ne sont RIIIen?

Le poing serré finit par s'abattre avec force violence sur l'accoudoir du trône Bélialesque tandis que se hausse le ton, la colère de moins en moins bien contenue.

PARLES!
_________________
Le diable en rira demain.
--Lucifer_l_encapuchonne



La pose lascive, le Prince Démon de l’Acédie observe et surtout écoute avec une extrême attention la déclaration d’intention de la Fourmi sous forme de véritable acte de Foi. S’imagine-t-elle qu’il lui suffira d’une apposition des mains et d’un Effetah* pour les convaincre et faire d’eux de sages disciples ? Bien plus agacé, et ce à plus d’un titre, qu’il ne le laisse supposer par sa langoureuse gestuelle, Lucifer s’étire longuement puis de sa voix trainante se fait entendre :

Et ainsi, tel un ange de lumière, tu viens ici, en Notre demeure, apostolat d’un prétendant roi face aux Princes Démons que nous sommes. Prétendrais tu nous faire l’aumône par ce message, à Nous qui Sommes ?

L’oblate serait-elle l’agneau sacrificiel offerte pour cette peccamineuse célébration ? Mâchoires serrées sous l’ivoire, Lucifer se déplie en réponse à la Colère qu’il sent croitre chez ses Frères, aux poings qui tonnent de part et d’autre de la table. Il a sourire cynique de voir Belzébuth céder à de bas instincts, mais il sait bien que la force brute ne corrompt. Au mieux la douleur asservit le temps qu’elle dure, que le corps l’endure et la supporte. Au pire…
Le Prince Démon de l’Acédie élude cette insidieuse suée qui descend lentement le long son échine et le glace en venant s’immiscer quelque peu entre Satan et la Fourmi, dominant leur invitée de sa hauteur. Dos à ses Frères, il se penche sur elle et la recouvre de son ombre.


Tu joues un jeu dangereux petite Fourmi… A moins que tu ne veuilles t’offrir en martyre pour ton Pantocrator ?

Elle percevra sans doute la Colère dans sa voix aussi, en saisira toutes les nuances sous le timbre pourtant monocorde. Une main languissante se lève et vient jouer d’une mèche couleur d’encre sur le front de la blanche puis le bout d’un doigt ganté effleure la fine cicatrice à ce même front avant de descendre la joue pâle pour aller quérir une autre à la chaleur de son cou, si fin, si blanc qu’il perçoit les veines bleutées, palpitantes, si pleines de vie, chez elle qui porte pourtant les stigmates d’une vie de lutte et de douleur.

Tiens-tu tant que cela à partager nos Enfers ?

Doucereux autant que cynique, Lucifer se redresse et s’écarte à peine, pour laisser à ses Frères la vision de la blanche agnelle.


*Effetah : hébreu "Ouvres toi"
Rite symbolique exprimant la nécessité de la grâce pour entendre la parole divine et la proclamer. Utilisé comme image ici, bien sûr.


_____________________________________________________________

Vos Faiblesses sont mes Forces.
Satan_l_encapuchonne.


Derrière ton masque, tes lèvres s’entrouvrent, tu t’étrangles presque de la voir s’approcher de toi, te narguer presque… Tes pupilles se dilatent, ton souffle se fait plus profond… Parce que tu la vois ainsi, devant toi, si sûre d’elle… Si sûre qu’il vous faut… Un roi. Tes poings se serrent, malgré la douleur des bagues qui pincent la chair de tes doigts… Et tu te retiens, autant que tu peux, de ne pas la frapper… D’autant plus que tes Frères réagissent de la même façon… Colère et indignation, les Princes que vous êtes sont blessés dans l’Orgueil par l’idée même qu’un homme puisse vous être supérieur…
Mais avant même que tu n’aies le temps de parler, de t’agacer plus encore… Lucifer s’avance, s’immisce entre toi et la donzelle… Pour la dissimuler derrière sa haute taille… Et tu siffles entre tes dents, de rages, de jalousie aussi… Parce que c’est à toi de la frapper s’il le faut… C’est à toi de lui faire passer cette idée folle… Toi, toi et rien que toi !!

Et tu tressailles quand l’Acédie pivote, pour dévoiler à ton regard la Blanche, à nouveau… Ta langue passe sur tes lèvres alors que toutes les envies qu’elles t’inspirent se mêlent… Désir, rage… Et plus encore. Alors lentement tu te forces à déplier tes doigts, pour tenter de reprendre contenance, pour pouvoir prendre la parole d’une voix un peu plus calme, beaucoup moins tendue…


-Comment veux-tu qu’il soit notre Roi tout en nous servant ? C’est totalement idiot !
Nous sommes au-dessus de quiconque ici. Personne, je dis bien PERSONNE ! Ne peut s’élever au-dessus de Nous. Peu importe à qui tu penses, tu te fourvoies petite Fourmi.


Une pause, pour mieux savourer les mots que tu viens de dire… Toi qui n’est pas si volubile d’habitude, tu énonces plutôt bien ta pensée, malgré toutes les envies parasites qui traversent ton esprit…

-Tu ferais mieux de parler et d’expliquer très vite ton idée… Avant que la lassitude de te voir nous prenne et que l’on te jette en pâture à nos serviteurs.

Les derniers mots sonnent comme la menace qu’ils sont, alors que tu détournes ton regard de la Fourmi , t’écartant même de ton fauteuil, pour rejoindre la table… Attraper une autre coupe pour se servir une longue lampée de ce vin… Pour mieux reprendre contenance, ne pas t’abaisser à la Colère de Leviathan, malgré l’Envie qui te ronge les entrailles… Ne plus la regarder et juste écouter, pour mieux te maîtriser…

_____________________________________________________________
Fourmi.
Tour à tour, chacun des Princes sert son homélie…
Parler…
Que veulent-ils entendre de plus ?
Un nom ?
Le nommer serait inutile pour l’heure, incapables qu’ils sont d’appréhender l’opportunité qu’elle veut leur offrir.

Sans doute devrait-elle faire montre de contrition, de prétendre vouloir expier la faute envers eux commise. Mais dans les soubassements, chez elle aussi une colère froide est en train de naître. Elle ne les écoute plus, ils ressassent et serinent leur Colère. Son regard se perd dans l’encre d’une bure alors qu’elle est plongée dans ses pensées.
Jusqu’à ce que l’ombre de Lucifer ne vienne l’envelopper. A lui seul, elle offrira ce regard aux reflets rougeoyants, bref, intense, avant de s’éteindre et de se détourner, lourd d’une tristesse absolue, alors que les doigts gantés glissent sur sa peau blanche. Un sourire las effleure ses lèvres pâles, puis, les dernières imprécations princières en écho dans ses oreilles lui arrachent un fugace éclat sonore empreint d’une ironie non feinte.

Le pas lent, la gyrovague se glisse tel un spectre pour reprendre sa place en bout de table. Assise, silencieuse, elle ne les regarde pas, concentrée sur un houleux débat en interne en dépit de ce calme olympien toujours affiché. De même, elle se ressert un verre de vin et contemple longuement l’aspect élégant du disque rubis qu’elle fait doucement tourner, les larmes denses qui glissent langoureusement sur les parois du verre puis, toujours dans un silence quasi religieux, le porte à ses lèvres pour en prélever une gorgée et en savourer sa longueur, sa profondeur en bouche, l’équilibre harmonieux de sa maturité avant de reposer le verre d’un geste lent.

Le coude posé sur la table, son esprit bouillonne de mots, de pensées qui s’entrechoquent. D’aucuns tireraient certaine fierté à les voir ainsi, si prompts à l’Orgueil et à la Colère, si soumis à leurs vices qu’ils en perdent raison et sens pratique. Fourmi, elle… en est déconcertée.
Du bout des doigts elle effleure ses lèvres en passant un regard affuté sur chacun des masques en présence. S’est-elle à ce point trompée de les avoir placés si haut dans son estime ? Elle éteint cette Envie de leur dire que c’est l’aveuglement dont ils font étalage qui est intolérable et ridicule… A dire vrai, elle temporise une nouvelle fois pour trouver le temps de restaurer son calme en profondeur. Et tant pis si cela les agace plus encore.

Lorsque enfin elle reprend la parole, sa voix est plus basse encore qu’auparavant, pour les obliger à une attention accrue et à faire taire leurs voix intérieures qui les poussent sans doute dans les bras grands ouverts d’une colère irréfléchie.


Je n’ai pas oublié où je suis… Mais j’en viens à me demander si VOUS n’avez pas oubliés qui vous êtes… Est-ce que je m’adresse aux Princes Démons ou bien à de vulgaires pécores braillardes et inaptes à la compréhension de la situation ? Vous me parlez de respect… Commencez par respecter votre rang plutôt que de me jouer une pantomime grotesque de soudards prêts à étriper une fourmi pour un orgueil malmené…

Calme est le ton, mais le timbre vibre de tout ce qu’elle ne peut se permettre de montrer, elle qui se demande encore si oui, elle ne s’est pas fourvoyée malgré tout d’avoir foi… en Eux.

Quel plus grand respect que le mien ? Quelle déférence plus vraie que celle que je vous offre en voulant restaurer votre aura par delà les murs de cette bâtisse ? Cessez de vous voiler la face derrière un Orgueil quelque peu déplacé. Les gens ne frémissent plus lorsque l’on vous évoque… Ils se souviennent à peine de vous et les âmes n’ont plus peur de sortir la nuit… Acceptez d’appuyer un Roi qui rétablira l’ordre naturel des choses… A moins que vous ne préfériez que ces brutes grossières de hordeux ne s’imposent à vous ?

Froide et pondérée, telle est l’image fourmiesque pour qui ne sentirait le vibrato dans sa voix et ne verrait le feu de son regard. Elle n’a que fort peu maîtrisée ses mots pour les pousser dans leurs retranchements.

A quoi donc sert d’être Bélial si personne n’est là pour le flatter, pour désirer lui ressembler avec l’ardeur d’y perdre son âme ? Que dire des richesses à venir si Roi il y a ? De tous ces esprits à corrompre pour se les approprier ? Un Roi, c’est une activité florissante, une recrudescence d’essences, d’énergies… Soumises à l’Envie…

Trois d’entre eux sont servis. Le quatrième, lui… Elle a lancé ses appâts, à voir s’ils y voient leur intérêt et s’y accrochent. Une nouvelle pause, le temps de reprendre souffle, une gorgée de ce vin délicieux aussi… Un léger sourire jalonne ses gestes tandis qu’elle reste attentive aux leurs, avant de conclure.

Je ne suis que Fourmi, message, messager… Insignifiante sans doute, mais… Ne sous estimez point trop cette apparence fragile au point de prétendre y opposer vos misérables sbires. Ils gagneraient la mort avant moi… Refusez mon offre, tuez-moi si cela vous apporte une satisfaction moindre et furtive… Mais cessez de vous voiler la face et de me faire perdre mon temps…

A force de trop chatouiller, il fallait bien qu’elle pique un peu la Fourmi.

_________________
Belzebuth_l_encapuchonne



Habile petite Fourmi, qui parvient à éluder tout en précisant sa pensée. La blanche, par ses gestes, la finesse de ses arguments tend à amenuiser le choix de ses mots incisifs. La lame de la vérité qu'ils refusent d'admettre, tout du moins d'en convenir à voix haute, continue de remuer profondément dans la plaie béante de la circonstance. Il convient sans avouer.

De la même façon qu'elle fait naître nombre désirs, envies par ses promesses.
Le Prince Démon de l'Avarice sait les rumeurs de la Cour, la menace même moindre d'un retour de la Horde, qui ne le servirait pas.
Sa massive carcasse s'enfonce bruyamment dans son trône et c'est sans mégoter qu'il émet un grognement.
A ses pieds, l'esclave vagissant rampe pour s'éloigner de la table, essuyant son sang pourpre sur le dallage. Du bout de la botte, il presse sur une jambe, d'un besoin de faire mal pour évacuer un peu cette frustration.


Celui là n'est un danger pour personne en effet... Il n'est plus d'aucune utilité.

Comprendre qu'il donne là son congé à ce serviteur rachitique dont ils ont épuisé toutes les ressources.
Belzébuth, économe de ses mots plus que de ses pensées, sait bien que la Fourmi est dans le vrai, qu'il leur faut reprendre plein pied sur les Miracles, sur Paris. Il sait et cela l'agace.
Autant que les ors qui décorent si joliment le corps gracile en bout de table. Il voudrait l'effeuiller ce messager, récolter ses trésors.


La question en suspens est de savoir que faire du message... du messager...

Avancer sans admettre, maintenir le rapport de force face à celle qui trône de ses lumineux éclats à leur table. La tenter à son tour, pour la jauger.

Tu as bien quelques envies à satisfaire...

Que peut donc désirer une Fourmi ? Des richesses plus encore que celles qu'elle affiche de façon si ostentatoire ? Et surtout, qu'attend elle véritablement d'eux ?


_____________________________________________________________
Bien mal acquis profite... Mais plus à la même personne, voilà tout !
Belial_l_encapuchonne
Immobile.
Plus aucun mouvement de la part de l'Orgueilleux mis à mal.
Assis presque droit sur ce trône au bois lourd et épais, tout juste si l'on discerne le soulèvement de son poitrail sous la bure, signe qu'il respire toujours.
Les mains délicates et gantées sont croisées et soutiennent le masque dont le menton est posé dessus, sans pour autant s'y appuyer lourdement.
Le Mille a été atteint.
Bélial a mal. Ego que l'on flatte habituellement, Fourmi n'a fait qu'y frapper.
Il est si aisé de se voiler la face.
Beaucoup moins d'avouer. De s'avouer et encore moins appréciable de l'entendre de vive voix de la part d'une hôte qu'ils n'avaient pas mandé.

Il laisse ses Frères parler.
Il laisse ses Frères danser autour d'elle.
Lucifer lui même s'est levé, signe que la chose est d'importance.

Ô comme il rumine, Vanité.

Les paroles font mouche.
Les paroles de la Blanche le saignent et il rage.
Parce qu'elle est conscience, et que la sienne propre lui chuchote de la faire taire.
Mais la voix et les dires trouvent chemin à parcourir pour venir titiller la raison.
Il sait.
Il sait mais se le cache.
Et il s'agace au fait qu'il ne suffise que d'une hôte malvenue pour venir anéantir et mettre à bas ce semblant de dignité conservée.
La plaie est béante, et elle se fait joie d'y replonger la lame encore et encore.

Il EST Orgueil.
Et qu'elle décide de le faire tomber de son piédestal ne lui sied guère.

Le corps sans vie ou à peine, du serviteur repoussé par Avarice, lui fait plisser le nez de dégoût, sous l'ivoire, et d'un geste, Bélial ordonne nouvelle coupe et se fait servir de ce vin précieux et sans doutes chèrement acquis... Au détriment du vendeur.

Ô comme ses mots l'atteignent.

Et pourtant.
Et pourtant, le geste lent il tourne le masque éclatant vers la Fourmi venue troubler la quiétude de leur nid.
Au fond, leurs intérêts ne s'en trouveraient-ils pas grandis?
Aveuglés de colère à l'idée de devoir subir un simple homme à leur tête, ils n'avaient pas prêté attention à tout ce qu'ils pourraient obtenir.
Et un sourire carnassier, réjoui, se fit jour.

Il se lève dans un mouvement souple et félin, dans un ample mouvement de tissus volontairement effectué. Et doucement, pas à pas il se rapproche de la brune attablée, flottant presque sur le dallage.

Orgueil y voit soudain son intérêt. Tout comme il y voit celui de ses Frères. Et parce que la Horde renaissante ne lui plait nullement.


Un Roy. Un Roy qui NOUS devrait sa place, Mes Frères.

Oh oui, Vanité, le Roy de la Cour vous devrait la place occupée là. N'est-ce pas gratifiant?
Ah que le temps de la réflexion a été long. Où est-il ce temps où il n'était pas si emporté?
Énervant petit insecte à la juste parole duquel il s'approche lentement.


Une Horde réduite à rester à sa place, à obéir au Roy tandis que NOUS serons à sa droite, à lui souffler conseils, régnant à notre façon sur la Cour.

Les pensées s'emballent alors que Bélial imagine tout ce qu'ils pourraient avoir, posséder et tous ces vices à satisfaire, ces esprits à manipuler...

La déférence que les Couriens nous devraient. Nous prendrions...

Arrivé derrière la Fourmi, Bélial écarte les bras pour une étreinte qui n'en sera pas une, il se contente de l'encercler sans pour autant la toucher, frôlant sans la sentir, gardant distance. Il a compris et s'en félicite. L'égo se soigne à l'idée qu'elle les considère si supérieurs au reste de la Cour, que c'est eux qu'elle est venue trouver pour satisfaire ce plan. Il a mordu. Orgueil a mordu a belles dents dans l’appât. Il le sait, mais le tableau est si réjouissant qu'il n'en fait pas cas.

Les richesses de la Cour entière à ta portée et à toi Belzébuth.
Toutes tes envies satisfaites, Satan. Tu n'aurais pas à te pencher pour ce faire.
Toutes ces âmes à perdre, Lucifer.
Des innocentes pour Azazel, ramenées de toutes les provinces.
Des victuailles à s'en faire étouffer Asmodée.
Pour Léviathan de quoi répondre à sa rage...


Elle avait raison.
Morgue blessée avait été plus aisément atteinte.
Vanité agressée s'était reconstruite de plus belle.


Délicate petite chose...

Il en ronronnerait presque de la tenir si proche, elle qui le tente depuis son arrivée.

Tu as été entendue.
_________________
Le diable en rira demain.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)