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[RP] L'Antre des Encapuchonnés, sur la rue Saint-Martin

Belzebuth_l_encapuchonne



Belzébuth, Prince Démon de l’Avarice, revenu à la table savourait toujours son vin bruyamment, faisant claquer sa langue pour en apprécier le velours autant que pour provoquer son entourage.
Sous le masque, la rage retombe peu à peu, et en bon avare, il tient les comptes. Les prochaines dépenses outrancières de l’orgueilleux seront oubliées, il pose même quelques retenues supplémentaires pour les petites piques. Dans le registre Bélial, la colonne perte est passée en zone rouge. L’Acédie prend un acompte mais s’en tire à l’équilibre par sa retenue bien pesée.
Et la Fourmi, elle, alterne pertes et profits, entre les aiguillons qu’elle dispense à ses Frères et leur écho qui l’atteint malgré tout.

En bon spectateur, il apprécie à son tour, souriant sous le masque des affronts faits, de l’Orgueil bafoué, de l’Acédie titillée, de l’Envie provoquée… Le Prince Démon apprécie, évaluant lorsqu’elle revient à table, si proche à nouveau surtout quand elle se penche, exacerbe son désir de possession… Oui, Belzébuth appréciait jusqu’à ce qu’il ressente cette irradiation douloureuse. Le masque se penche vers la table, et en dessous, les mâchoires se serrent, un grognement étouffé résonne de voir sa main clouée, transpercée.


Arghhh…

Etouffé mais qui se laisse entendre tout de même. L’Avarice relève le nez, tourne son ivoire vers ses Frères, son autre main s’activant en mouvements désordonnés pour montrer l’outrage…

Voyez la perfidie… Cette fille est folle…

Il attrape violemment celui qui vient de la servir, le secoue pour passer ce nouvel accès de rage et se faire resservir, puis l’envoie violemment échouer au sol. En ce jour mémorable, Belzébuth ne mégote pas sur les serviteurs au risque de devoir en renouveler le stock. Et de prendre son verre pour en boire une rasade et se redonner la contenance due à son rang.


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Bien mal acquis profite... Mais plus à la même personne, voilà tout !
Belial_l_encapuchonne
Les mots l'atteignent, mais Bélial est conquis.
Cet avide ego est gavé des fantasmes que la Fourmi a fait naître.
Il préfère laisser parler ses Frères.
Lui se contente de fixer le pâle visage de la brune.
La mèche sombre, qu'il tient délicatement, est soulevée, et il regrette que le masque en étouffe le parfum.

La main que l'Envie porte à son épaule finit par le distraire.
Il n'a pas tort.
Mais Vanité a l'esprit de contradiction.
Le buste est redressé, et l'ivoire se tourne lentement en direction du Frère Jaloux qui s'en va se transformer en Homme de Paix.

La jeune femme en profite et la main reste en suspend, laissant doucement glisser la chevelure qui paraît si soyeuse, faisant vivement revenir le regard sur elle.
Elle. Bougresse.
Elle vient de lui claquer la main ?
Légère tape pour le principe, mais tout de même...
Le poing se serre légèrement alors qu'il le retire de sa portée.
Comment osait-elle Le toucher LUI ?

Choc.
Il en était presque indigné.
IL touche.
Mais ce n'est qu'à sens unique.

Fourmi s'éloigne.
Bélial se retourne sur elle.
Un sourire en coin s'affiche sur le visage caché, il n'en perd pas une miette.
Force de l'habitude et en miroir à cette femme qui s'est invitée là, il frotte délicatement ce gant malmené, et époussette sa bure, à nouveau.
Parfait, il se doit d'être parfait.

Le regard rivé à ce dos et à ce pas chaloupé, il flotte jusqu'à la table, rejoint l'Avare déjà en place.
Orgueil n'a pas le temps d'arriver à son si magnifique trône que le geste le... Cloue sur place.*

Fourchette...
Main gantée de cuir...
Brune...

Fourchette...
Dans la main...
De Belzébuth...
Qui rage de plus belle.

De quoi en rester pantois, avouez le.
Mais il se reprend vite.
Aaah Frère tu me menaçais...
Morgue se gausse doucement, tout en faisant le tour de l'Avarice.


Voyons jolie Donzelle... Vois donc comment tu le rends.

Du pied il foule le dos du serviteur renversé, et passe outre.
La main délicate se saisit de la fourchette transformée en Fourche.
Ah quelle ironie, une Fourche, un Démon, Huhuhu.
Bélial ne sait pas encore que son ardoise a atteint un point critique.
S'il l'avait su, sans doutes n'aurait-il pas continué.


N’ai crainte Cher Frère, ton Adoré est là pour t'aider...

Si Belzébuth voyait ce sourire arboré...
Mais le ton avec laquelle phrase a été dite ne peut tromper.
Vanité s'amuse grandement et se tourne de nouveau vers leur petite hôte.


Manquer de couverts... Chez les Princes de Saint Martin... T-t-t-t-t...

La fourchette est lentement balancée, avant... Arrière... Il faut bien cela pour la détacher du bois dans lequel elle se trouve fichée.
... Non?
Fi des cris que pourrait pousser Avarice.
A peine une plainte lorsque les dents ont transpercé la chair, c’eût été dommage de ne point essayer.
C'était tout de même décevant.
Et Bélial se penche à l'oreille de son Frère.


Moi?

Avant de se redresser et de tirer d'un coup vif, libérant la main prisonnière.
Arme improvisée est tendue à Satan.


Je pense, toi qui l'a invité à notre table, qu'une fourchette n'est pas ustensile pour elle. Une cuillère fera amplement l'affaire, pour le reste des plats. En l'espoir qu'elle ne trouve pas à éborgner l'un d'entre nous avec.

Nouveau regard lancé à Fourmi.

Ta vie a pris de la valeur... A l'heure où tu as passé cette porte.

Si elle n'y croyait pas...
Il s'imaginait déjà en faire un joyau.




*Pardon!
_________________
Le diable en rira demain.
--Lucifer_l_encapuchonne



Un grondement léger monte dans la gorge de Lucifer de se faire quereller par son Frère. L’ivoire se tourne, langoureuse vers l’Envie.

Tu voudrais me chanter pouilles Satan ?

Il ignore ce que son jaloux de Frère peut bien penser. Il jauge aux effets que la Fourmi produit. Tout comme il lui crache à nouveau sa fumée au visage pour l’affront qu’elle lui fait. Presque aussitôt oublié de voir l’Orgueil mis à bas. Réprimandé comme un enfant qui aurait tenté de toucher bien trop précieux pour ses malhabiles mimines.

Le pas trainant, il suit le mouvement, souriant sous son masque. Il devine les regards sur la petite silhouette ondulante et s’en va se jouer de l’Orgueil et des autres.
Le noir de sa bure danse et frôle, se mêle presque à l’éclatante blancheur languissante. Il contourne, prend son temps, un gant glissant sur une épaule. S’interrompt dans sa marche pour cueillir à son tour une longue mèche noire et la porter haut jusqu’au contraste de son ivoire. Provocateur, il inspire presque bruyamment pour que ses Frères n’en ratent miette. La gestuelle est là. Autant que le parfum délicat.


Une rose… parmi les chardons…

Lucifer aussi sait être caressant. Complice sans le dire.
Et c’est un éclat de rire qu’il se doit retenir lorsqu’elle se penche et joue des couverts. Pour mieux tenir le rang qui est le sien il retourne s’asseoir, le rire en gorge, le regard posé sur la main.


Folle sans doute… Mais pas sans épine apparemment.

Ils n’avaient fait que juger des apparences jusqu’à maintenant et allaient devoir réévaluer sur tout ce qu’ils ne voyaient pas. Même si un mouvement grondement s’invite. Et l’Orgueil est repris.

Puisqu’elle nous accorde respect du à notre rang… Tu devrais peut-être choisir mieux tes mots quand tu t’adresses à elle.

S’il est une chose accordée, c’est que ce n’est pas une vulgaire donzelle qui se tient là à leur table et s’ingénie à les rendre fous depuis son entrée.
Puis il revient à Belzébuth :


Et puis, tu l’as bien cherché… A trop vouloir posséder, mon Frère Avare tu te retrouves…

...au clou !


Lasse de tant de mots dispensés, l’Acédie s’étire un peu plus langoureusement dans son trône, ses longues jambes étendues, fume et répand ses vapeurs en s’amusant encore de la torture infligée par la grâce fraternelle.


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Vos Faiblesses sont mes Forces...
Satan_l_encapuchonne.


La blanche danse et s’approche de la table, retour à aux premiers instants, alors qu’elle avance langoureusement… Tu souris, en dévorant ton fruit. Tu a dévores des yeux, l’iris pétillante… Et tu souris encore plus, derrière ton masque, à l’abri, quand elle repousse les mains de l’Orgueil pour se rapprocher de toi.
Ton sourcil se hausse même, quand elle pose son regard sur toi, t’amusant une fois de plus de cette nonchalance et cette langueur affichée par cette jeune femme. Et c’est un « Oh ! » muet, qui s’échappe d’entre tes lèvres quand la fourchette est habilement plantée dans la main agitée de ton Frère… Et tu serres les dents de justesse, pour réprimer l’hilarité qui tente de prendre le contrôle de tes zygomatiques.
Quelle femme ! Cette Fourmi cache tellement bien son jeu, ses atouts… Tu la détailles à nouveau alors que tes Frères rejoignent la scène, en s’agitant… Belilal s’amusant à torturer Belzébuth… Et ton sourcil se hausse, quand on t’offre la fourchette odieuse qui a eu le malheur d’être transformée en fourche pour châtier l’Avare.

Alors tes doigts fins se referment sur l’objet, le faisant tourner et danser devant tes yeux. Amusant, ça ne te serait jamais venu à l’esprit d’en user comme arme… Intéressant.
A nouveau ton regard se pose sur la Fourmi, alors que Lucifer entre en scène à son tour. Et la valse des mots reprend, alors qu’il s’installe… Lui aussi se moque donc du pauvre Avare à la main percée pour mieux flatter votre invitée.
Ta caboche penche sur le côté, alors que tu jauges la scène dans son intégralité. Et tu ne peux retenir le rire franc qui jaillit d’entre tes lèvres avant de lâcher tout simplement.


-Elle me plait. Tu as raison Belial.

Un regard à l’Orgueil, pour le flatter légèrement, sans doute. Avant de tourner les yeux vers l’Acédie qui s’étale, sans doute trop lasse de tous ces événements…

-Vous rendez-vous compte que Belzébuth a failli nous priver d’un des plus beau phénomène arrivé à la Cour ? Son Roy n’est même pas encore arrivé que nous sommes déjà tous séduits.

Nouveau sourire qui se glisse au coin de tes lèvres alors que ton regard pétille… Une idée soudaine jaillissant dans ton esprit, comme un plan de secours pour toi. Et les mots sont murmurés pour toi-même, si bas que personne ne devrait les entendre…

-On pourrait presque croire que c’est Elle la Reyne.

Et le trognon de pomme d’être lancé derrière toi, l’air de rien. Tu détailles la blanche alors que l’idée fait son chemin. L’Orgueil veut en faire un joyau. C’est un fait, elle pourrait en devenir un… Si jamais son choix à elle n’était pas à ton goût…

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Fourmi.
"Folle."

Même elle le pensait tout en affectant ce calme, cette maîtrise nécessaire à sa survie. Quelques instants durant ses pensées se heurtent violemment les unes aux autres et naviguent entre le risque d’avoir ruiné tous ses espoirs d’alliance et celui de devoir se farcir quatre encapuchonnés en colère. Elle en est même déjà à repérer tout ce qui pour lui servir sur la table. Qu’importe la fourchette, un pichet pouvait s’avérer tout aussi efficace, ou encore un plateau… Mais non.
Elle avait failli oublier qu’ils étaient fous eux aussi. Et visiblement, un seul restait en colère. Légitime. Elle pourra l’accorder, même si c’était un bien moindre mal qu’elle lui avait fait là. Preuve en était d’ailleurs qu’il préférait passer sa rancœur sur un serviteur plutôt que de poursuivre la joute. Bien qu’elle trouve la chose légèrement suspecte et s’attende à un coup plus fourbe. Pour autant, la rancune pourra se diluer et s’étendre à l’Orgueil, ce profiteur, qui prend plaisir à entretenir et prolonger la souffrance de l’avare.

Dans son crâne, l’apaisement se fait peu à peu. D’une certaine façon. Si l’agitation des idées s’efface, la migraine récurrente s’avance, ne souffrant aucun partage sur l’occupation des lieux et commençant à marteler doucement ses tempes. Les effets lénifiants de la tisane prise dans la nuit ne sont plus et rapidement son regard se pose sur la pipe de l’acédieux… Avant qu’elle ne saisisse son verre pour prélever du bout des lèvres une gorgée de vin. Il est reposé lentement, puis Cym prend une longue inspiration avant de répondre tout d’abord à Bélial, un sourire léger flottant sur ses lèvres et le timbre encore éraillé.


Que nenni… Elle pèse exactement le même pas grand-chose qu’à l’heure où je suis entrée ici. Ni plus, ni moins.

Bien loin elle aussi d’imaginer que ce que leurs esprits tordus peuvent fomenter sous les masques. Son bras s’étire, la manche se relevant à peine pour révéler le poignet fin et pâle alors qu’elle saisit une large tranche de pain, la pose à la place voulue puis cherchant des yeux un large plat de viande en sauce, de reprendre…

Par tous les dieux… Vous n’allez pas craindre une simple Fourmi et une fourchette tout de même… Et j’en ai besoin pour me servir… Il serait des plus malséant que je le fasse avec les doigts…

Le sourire se fait plus mutin, amusée qu’elle est… Interdiction de se servir avec les doigts alors que l’on mange avec ceux-ci. Dans la coutume, l’ironie est de mise. Tout comme les faux semblants et les masques.

Mais soit… Je me passerai donc de cet ustensile…

Mais si elle ne porte pas d’épée, Cym est très miséricordieuse. Et c’est de sa manche qu’elle extrait un de ses joujoux favoris et surtout un des plus discrets. Un morceau de viande est piqué, égoutté de son trop dégoulinant nappage… La main en suspension au dessus du plat, elle lance un regard amusé alentour avant de le déposer sur la tranche de pain le plus naturellement qu’il soit. La lame effilée posée sur le bord du tranchoir improvisé, elle reprend son verre, joue du liquide rubis en son cœur avant d’en reprendre une gorgée.

"I’m not an animal"… L’esprit crie en réponse au phénomène… "Just Fourmi !" Les sourcils se froncent légèrement, plissant ce front derrière lequel une fanfare tambourine de plus en plus fort. Le verre retourne en place, et les doigts vont prélever un petit morceau de cette viande juteuse et appétissante puis le portent à sa bouche sans qu’elle cesse de prêter attention à tout ce qui se passe à la table. Bouchée après bouchée, la viande est terminée. Courte pause. Les doigts s’essuient sur le premier coin de tissu trouvé à portée de main. Le regard amusé sur les Frères rassemblés. S’ils pouvaient imaginer tout ce qui lui passe dans la tête indépendamment du martèlement toujours croissant ; elle qui se sent observée, épiée, sachant qu’ils traquent la moindre faille à exploiter…


Délicieux ce petit en-cas…

Une nouvelle gorgée de vin vient ponctuer ses mots et parfaire l’image qu’elle veut laisser paraitre d’une sérénité froide. D’un doigt elle appelle le serviteur qui s’était empressé de remplir son verre et à voix basse lui demande d’autres plats disposés plus loin sur la table. Une timbale d’asperges au safran vient prendre place devant la Fourmi, puis un plat d’étain orné d’un petit cochon de lait rôti…
Le sourire s’étire, la cuillère plonge dans les asperges, monte à la bouche, un léger grondement de satisfaction se fait entendre et sans attendre le couteau va trancher dans l’attirante petite chose, dorée à souhait, aux senteurs envoûtantes, prélevant un morceau pour le mener à son tour en bouche… Ses lèvres pâles légèrement recouvertes du jus de viande brillent, tout comme son regard pétille, tandis qu’elle mastique, savourant les mets, tour à tour… puis le vin à nouveau.


Vous ne mangez pas ?...

Et de reprendre son repas.



* La fourchette n'étant pas encore en usage, c'est uniquement avec un couteau que l'on mange. A chaque fois qu'un plat est amené à table, les convives se servent selon leur désir et la plupart du temps directement avec les mains. Les mets sont alors déposés sur ce que l'on appelle un "tranchoir" (tranche de pain, planche de bois ou d'étain). Dans le cas d'un tranchoir en pain, le repas une fois terminé, celui-ci est mangé ou jeté aux serviteurs ou animaux. Il n'était pas rare chez certains seigneurs pauvres de devoir partager son tranchoir voir même son verre. Le savoir-vivre à table est donc strict surtout par mesure d'hygiène et par souçi de courtoisie. Par exemple, il est interdit de se servir après s'être gratter, il faut se gratter en prenant un linge. Il est impoli de prendre le meilleur morceau ou de laisser un morceau entamé, pire, de le remettre dans le plat.
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Belzebuth_l_encapuchonne



Sous le masque de l’Avarice, les comptes se poursuivent. Pertes et profits s’additionnent, se déduisent alors qu’il remue les doigts de sa main sacrifiée à l’autel de leur table pour vérifier que tout fonctionne. Ne serait cette douleur piquante et le sang répandu, une gêne tout au plus qui disparaitrait avec le temps. Et ce n’est pas la main par laquelle il exerce son art, le mal est moindre, presque radin.

Calculé !

Le regard de Belzébuth se pose sur la Fourmi, la scrute. La visée était si juste et parfaite qu’elle ne saurait être autre. Le Prince Démon de l’Avarice n’a guère le temps de poursuivre ses pensées. Un grognement résonne sous son ivoire lorsque son Frère aimant lui porte main secourable. Cling, cling, cling… L’orgueilleuse balance pèse de plus en plus et le fléau atteindrait presque le point de non retour s’il n’ourdissait déjà une vengeance adaptée.

Sitôt sa main libérée, une lame est saisie et c’est dans la manche de son bien aimé Bélial qu’il prélève une tranche de tissu pour se panser sommairement. Un brin d’ironie dans le son de sa voix…


Merci…


Petit Frère…



De quoi rendre fou le précieux sur sa mise altérée. Sans compter qu’il n’est pas près de voir une facture de tailleur honorée. Et l’Avarice de sourire en reprenant son verre et de commenter brièvement les dernières déclarations…


Tout se paye… même la valeur ajoutée…


Qui d’entre tous les convives assis autour de la table le prendra pour lui ? La Fourmi à la folie dosée à juste mesure ? Bélial pour son jeu de couvert ? Satan pour oser prétendre que Lui aurait pu les priver de briller encore plus ? Ou Lucifer, si agaçant dans sa pondération ?...


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Bien mal acquis profite... Mais plus à la même personne, voilà tout !
--Lucifer_l_encapuchonne



Entre deux longues taffes tirées sur sa pipe, Lucifer sourit.
Qui aurait de prime abord jaugé la Blanche à sa juste valeur à son arrivée ?
Certes, l'entreprise était osée, mais l'art et la manière s'étaient démontrés incontestables.

Folle.
Délicieusement folle.
Telle était leur hôte.

Piquante.
Belzébuth ne pourrait qu'en attester.

Le Prince Démon de l'Acédie étouffe un bâillement sonore puis étire un bras nonchalant en direction d'un plat.
Mais ses agités Frères le distraient d'un bruit de tissu déchiré, sacrifié.
C'est d'un sourcil amusé qu'il suit, apprêtant ses oreilles aux probables cris horrifiés de Bélial mutilé.
Viande est tranchée et sitôt mise en bouche sans tergiverser ou même commenter.
D'un claquement de langue, il ponctue ses bouchées autant qu'il suit, de sa superbe indifférence, les piques lancées.


Tout se paye vraiment ?

La belle ironie de la bouche de l'Avarice en personne.

C'est toi, Belzébuth, qui dit cela ?

Il a saisi la menace même s'il ne la prend pas pour lui, fronçant doucement les sourcils en regardant longuement la Fourmi, son flegme apparent.

Ainsi que le dit si bien Satan... Le prix en sera un Roy pour ajouter à nos valeurs...


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Vos Faiblesses sont mes Forces.
Belial_l_encapuchonne
Repris par Lucifer, Bélial ne bronche.
Sous le masque, regard est lancé en coin.
L'ivoire à peine se tourne, mais la tête est haute, le dos est droit.
... Et le sourire de mise.
Le Précieux s'amuse.
Davantage quand c'est Avare lui même qui est piqué par le Flegmatique.

Satan prend parole, et le sourire change.
Séduits?
Séduits... A l'idée de retrouver Grandeur et Rang qui leur est dû.
Séduits... A l'idée de retrouver la place qu'ils ne devraient jamais avoir quitté.
Séduits... Oui, Il est séduit.

Et l'ivoire revient à la brune alors qu'il se rassoit aux côtés de Belzébuth.


Tu sembles avoir le geste prompt, trop peut-être, tu te serviras avec les cuillères, non avec un ustensile tran... Chant.

Miséricorde.
Rire?
Fourmi ne manque pas d'aplomb.
Bras au repos sur les accoudoirs de son lourd trône, dont les dorures vont être rajeunies...
Encore...
Toujours plus d'éclat, toujours plus de richesses.
Voix basse, voix de velours, tout en se saisissant de sa nouvelle coupe.


Le même... Pas grand-chose... Tu sembles plus... Valeureuse que ces âmes en peine et pitoyables, errantes dans les rues de cette Cour. Tu oses défier les Princes, sans aucune crainte apparente et pourtant...

Pourtant, le regard tourné vers elle, il y voit autre chose.
Quoi?
Indéfini?
...
Plait-il?
Le masque se baisse sur sa manche tiraillée.
Si au début c'est un sourcil qui se hausse...
Le bruit du tissu qui se rompt lui arrache un hoquet choqué.
Il n'aurait tout de même point fait cela??
Et tandis qu'Avarice se panse, Bélial reste figé.
Bras en l'air, main qui tient la coupe...

Et manche dentelée.
Le gant tremblant repose le verre, nul besoin d'en briser deux.
Et tendant le tissu de la bure, ne peut que contempler le dégât...

Sa...
Bure...
Son... Son...!
Son Précieux!!!!

Et ce ton moqueur, et cette menace à peine voilée...

Interloqué, il en oublie de finir son discours à Fourmi.
Le regard est perdu dans le trou qui orne désormais sa manche anciennement parfaite.
Et comment va-t-il faire ses effets??

Fin du monde.
Apocalypse :
Un trou.


AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!

Vif, il se tourne vers Belzébuth, la poigne se saisissant de cette main percée et emballée dans ce qui est à lui.
Faire mal.


Tout se paye. Tout se paye, Frère, tu as raison. Tout. Absolument... Tout.

La manche est levée devant l'ivoire Avaricieuse.
Morgue rage de nouveau, lui qui s'amusait tant.
Frère lâché, lui débout, il hèle sans ménagement l'un des serviteurs.


TOI! Ramène le meilleur tisserand, couturier de Paris. Promet lui richesses. C'est... Une urgence. VITE!!

Il feule, Bélial.
Il mordrait.
Mais se remet en place, courroucé au possible.
Le geste lent, amoureux, il caresse le tissu blessé.
Le console.
Et ne lève pas la tête quand il s'adresse à la brune.


Parles nous de ton... Du Roy en devenir.

Cela me calmera sans doutes.
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Le diable en rira demain.
Fourmi.
Le sourire de façade perdure. Le repas se poursuit en apparence. Tout juste picore-t-elle… Le vin, bien que de haute qualité, n’a fait que renforcer le martèlement incessant dans sa tête.
Sa pâleur naturelle vire au blême et ses yeux semblent se fixer sur un point fixe sur la table tandis que dans son crâne explose un éclair blanc.
Elle n’entend ni ne voit rien de ce qui suit. Absente. Figée. Prisonnière de l’étau qui écrase ses tempes.

Le cri ou plutôt le hurlement suraigu de l’orgueilleux la tire de son état léthargique en la faisant sursauter.
Ses prunelles éteintes passent et s’attardent sur chaque masque. Elle se redresse, droite, respirant longuement pour maîtriser ce que son corps défaillant lui impose. Cette nausée insidieuse amenée par la douleur.


Mes Princes…

Fourmi trempe ses doigts dans le rinçoir avant de les essuyer avec soin. Concentrée, les mâchoires serrées elle s’efforce d’ordonner au mieux le fil de ses pensées chaotiques avant de reprendre.

Il se fait tard… Et j’ai déjà suffisamment abusé de votre temps si précieux…

L’excuse est bancale, elle le sait… A prendre néanmoins au pied de la lettre. Les mains appuyées sur la table, elle se soulève de son fauteuil, lissant son vêtement, replaçant une mèche derrière l’oreille…

Je vais donc prendre congé et vous laisser terminer votre festin en toute quiétude…

La brune évolue d’un pas lent, presque flegmatique si ce n’était cette hésitation quasi imperceptible dans sa démarche. Sans doute penseront-ils qu’elle ondule naturellement… Elle s’en moque. Du coin de l’œil elle aperçoit au sol la cape en ruine qui la couvrait à son arrivée et hausse les épaules… Avant de se tourner une dernière fois vers eux…

Un détail… vous le jugerez idiot sans doute… Mais si je dois revenir… Devrais-je passer une nouvelle fois par les cuisines ou bien par la grande porte avec la clé ?...

Ultime provocation avant la sortie… Dernière galéjade façon Fourmi. Nul doute qu’elle entendra les réponses grognées avant de disparaitre par là où elle est venue….

……….

Dehors enfin…
Rares sont les heures de pareille intensité. De celles qui restent gravées à jamais dans l’esprit.
Dans la ruelle, elle s’accorde un court instant, s’adossant à un mur en levant le nez vers les pâles rayons de soleil qui peinent à traverser l’opacité de la brume et des fumées de cheminées parisiennes. C’était un pari risqué qu’elle s’était lancé là… Et elle n’avait jamais été convaincue d’en ressortir en vie. La chance sans doute de n’avoir croisé un Leviathan furibard dont elle aurait exacerbé le vice par ses provocations et qui aurait certainement réglé le problème posé par une extinction de Fourmi en bonne et due forme.

Est-elle satisfaite ? On le serait sans doute à moins. Cependant, rien n’était joué d’avance et durant cette courte pause, cette reprise de souffle avant de reprendre la route, Fourmi s’oublie un peu et le masque s’efface, laissant paraitre profonde tristesse sur le visage blême de Cym.
Satisfaite, oui, sans doute… Si ce n’était ce rictus douloureux, ce mal insidieux qui se rappelle à elle. Cette apparente victoire, si jamais l’on pouvait assimiler ces heures à une victoire, laisse un sentiment cuisant et parait si dérisoire à cet instant précis.
Vivante oui. Satisfaite d’une mission accomplie, peut-être… Mais aucun ne pouvait avoir la moindre idée ce que cela venait de lui coûter, ce qu’elle avait laissé là, derrière elle.

Comme elle semble soudain lourde cette minuscule carcasse et voyez comme ses pas sont appesantis d’une âme en peine.

Le jour se levait à peine lorsqu’elle avait pénétré l’antre des Princes Démons, et sans savoir quelle heure il pouvait bien être, il lui semble que déjà la froideur hivernale de la nuit s’annonce, enveloppant Paris de sa noirceur.
Ca et là, l’odeur putride de la capitale flotte, changeante au gré des courants, des murs au torchis en lambeaux. Plus que toute autre cette ville pue en cette seconde moitié de quinzième siècle. Chacun y déverse à loisir ordures et déjections sur le pavé. Les porcs circulent et engraissent en disputant aux milliers d’âmes en peine qui errent, resserrant leurs haillons sur leurs os saillants. Ces derniers n’ont que rarement le dessus, chassés à coups de bâton.
Au détour des ruelles sinueuses et des rares feux où s’agglutinent malandrins affamés et miséreux en tout genre, un relent épicé et âcre vient s’infiltrer dans ses narines, lui faisant légèrement tourner la tête. Quelques gouttes de suée glacée viennent perler sur son front et glissent lentement entre ses sourcils. Une chaleur subite brûle sa peau. Ces odeurs, elle ne les connait que trop pour les avoir pratiqué bien souvent, tout comme elle en connait parfaitement les effets. Un arrêt, pour s’en imprégner plus encore et laisser la langueur s’immiscer un peu, apaiser les maux et calmer la violence des assauts dans sa tête. Puis repartir, le pas tout aussi lourd.

Abandonner la Cour et rejoindre la frontière invisible entre les mondes, ces quartiers qui se frôlent sans cesse sans jamais trop oser se côtoyer sinon par l’invisible, les relents infects et la magie des ponts improbables au dessus de la Seyne.

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Belial_l_encapuchonne
Un salut en guise de réponse à sa question.
Les gestes en suspend, Orgueil relève un œil.
Sous le masque le regard se fait froid.
Les laisser à un festin qu'il a à peine consommé?
Il ne dit rien, se contente d'observer.
Pas une parole, juste ce grondement sourd qui prend naissance dans sa gorge.
Laissé sur sa faim, Bélial est frustré.
En bon Prince, il se lève.
Le rideau se ferme, mais un sourire nait.
Oh oui les Trois Coups viennent seulement d'être frappés.
Tout ne fait que commencer.

Le regard posé sur cette femme à la démarche incertaine...
Vanité Sait.
Il Sait.
Elle est la lumière qui les amènera à renaître.
L'Envie est là : Entière et Puissante.
Son intrusion n'était que l'introduction à la grande pièce à jouer.
Juste la mise en place d'un Futur dont il rêve, maintenant.

Cape délaissée, la Fourmi s'en va illuminer de sa Blancheur les venelles de la Capitale.
L'occasion est trop belle.
On n'ignore pas Morgue de la sorte.
Dans un mouvement rapide, il s'extraie de son trône, oubliant ses Frères.
Salle vivement traversée, les escaliers sont rejoints et gravis rapidement.
Porte ouverte à la volée dévoile une scène à le faire grimacer.
Entrelacs de chair amassé là, et Luxure jouissant du tableau.
La vue est déportée, observer n'est point son but.
L'ivoire à l'ivoire, Frère ne sait ce qu'il vient de manquer.


Peut-être aurais-tu pris davantage plaisir à ce qu'il vient de nous arriver.

Le laisser ainsi, dans l'attente d'en savoir plus...
Bélial décampe déjà.
Nouvelle porte ouverte, chambre luxueuse.
Azazel n'est point seul à posséder riches présents et chauds tissus.
Le coffre est ouvert, et en sort une pelisse digne de la femme qui vient de se sauver.
Son charisme vaut bien qu'il se fende de cette idée...
... Pas forcément innocente.

Grande salle retrouvée...
Acédie manque à l'appel.
Oh comme il gronde Vanité.
Doublé par la Paresse.
Ô rage.

A plus tard Frères.
Paris est mienne.

...
Tout comme elle.

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Le diable en rira demain.
Belzebuth_l_encapuchonne


Sans ce petit incident, peut-être Belzébuth aurait-il pu déceler l’absence sur le visage de leur invitée. Mais trop occupé à panser sa main à moindre coût, le détail lui avait échappé.
Ô combien le cri outragé de son orgueilleux Frère vient combler l’Avarice. Délectable cri déchirant… Le Prince Démon jubile sous son masque.

D’un regard lourd, il suit le serviteur que Bélial vient de sommer d’aller quérir un tailleur. Avant de profiter de l’aubaine offerte par le départ de la Blanche. Un à un ses Frères quittent la table, assez promptement et Belzébuth fait de même.
Dans un couloir il rattrape le messager juste avant qu’il ne sorte.


Tu ne vas nulle part…

La poigne qui referme sur l’épaule du malheureux est suffisamment explicite et le visage grimaçant de douleur qu’il lui offre lui amène nouvelle satisfaction.

Et si mon Frère te demande… Dis lui que tu as mené à bien ta mission et que le tisserand va venir…

Bélial en serait piqué que personne ne vienne à ses sommations et autres promesses de richesses tirées de SON coffre à lui.
Que leur esclave risque la mort lorsque l’Orgueil finirait par découvrir la supercherie lui importe peu. D’ailleurs il lui fait cadeau là de quelques jours de répit plutôt que de l’occire lui-même. Et ce n’est pas rien pour l’Avarice.
Un soupir de veule contentement lui échappe lorsqu’il traverse la grande salle et emprunte l’escalier pour rejoindre ses quartiers et porter un soin plus attentif à sa blessure.


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Bien mal acquis profite… Mais plus à la même personne, voilà tout !
Fourmi.
C’est le pas presque nonchalant que la petite silhouette aborde Les Miracles. Pas d’effet de vesture ou d’apparat clinquant ce soir. La sobriété est de mise.
Certes, l’œil exercé ne s’y tromperait pas sur la facture du cuir de la brigandine, les bottes ferrées ou la finesse des étoffes. Mais il y verrait peut-être simplement une forme de réussite affichée sans pour autant y trouver l’intérêt nécessaire à la perte de temps et au risque de confrontation pour quelques pièces de tissu. Sans doute aussi que la masse d’arme et le poignard à ses flancs n’y serait pas étranger. Seuls les reflets dorés de l’arme ou de la boucle de ceinture à rose hybriste pourraient attirer l’attention. Mais peu lui chaut. S’il est aisé de changer le costume, elle reste Fourmi.

Fourmi qui relaye Cym pour supporter cette aversion pour la crasse suintant partout des murs de cette Cour de Misère et sa faune aussi sordide que tous les commerces qui s’y exercent.
Arrivée au coin de la rue St Martin, elle se pose. Profitant du renfoncement d’un porche, elle se glisse dans son obscurité et la voilà partie pour une nuit de guet et d’attente. A l’abri relatif de son poste de garde, Cymoril laisse son regard vagabonder sur le clair de lune qui fait scintiller la poussière déjà retombée sur les toits encore humides de l’averse survenue plus tôt dans la journée.

Les prunelles en errance, l’éternelle étudiante révise ses cours d’astronomie en cherchant étoiles et constellations dans l’immense trame d’encre qui recouvre la ville ; puis elle s’amuse à les conjuguer à ceux plus discutés d’astrologie. Parfois, un bruit en écho des ruelles la distrait et la mercenaire exercée en cherche la provenance, en évalue le danger pour se parer à toute éventualité.

Et puis… elle n’oublie pas la raison de sa présence, tapie dans l’ombre, à l’agachon. Elle attend. Ou plutôt elle espère la venue de celui à qui elle a donné rendez-vous. Mais rien n’est écrit et la date reste floue. Une semaine… Tant qu’il ne pleut pas ça devrait aller. En y songeant elle esquisse même un sourire avant de replonger dans l’étendue céleste.
Etre là ne l’inquiète pas. L’ombre rassurante de St Martin veille sur elle, du moins elle s’en convainc et elle échappe à ses rêves torturés, dont les lambeaux cherchent parfois à s'immiscer dans son esprit même lorsqu’elle est éveillée.

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Fourmi.
Les heures s'étaient écoulées.
D'une lenteur excessive à certains moments et avec amusement à d'autres, lorsque les nuages effilochés qui traversaient le ciel prenaient toutes sortes de formes insolites.
Une brise désagréable ramenait à ses narines toutes sortes d'effluves nauséabondes et lui rappelait combien cette ville pouvait puer et certains quartiers plus encore que d'autres.
Par chance, les nuits se faisaient moins longues bien que le printemps peine à s'installer.

Elle avait regardé les étoiles s'éteindre et disparaitre une à une, chassées par les premières lueurs de l'aube, puis, le pas lent la petite forme avait quitté la place, sachant qu'elle reviendrait le soir suivant.


...


Si la nuit porte conseil aux dormeurs, le sommeil diurne est lui plus saccadé, morcelé par les innombrables bruits de la fourmilière qu'est la capitale.
Elle est pourtant reposée quand elle revient.
Dans le quartier misérable, les pauvres hères honnêtes qui le peuplent la journée s'empressent de rentrer dans leurs masures et de claquer portes et volets de bois branlant.
Peu à peu, les lueurs des chandelles à l'intérieur des maisonnées s'éteignent à leur tour et une obscurité plus profonde s'installe.
Immuable, Fourmi se pare pour une seconde nuit d'attente, à observer les cieux pour tromper l'ennui, plaignant ces bougres et leur vie de peine.

Il est presque la mi nuit.
Le ciel est zébré de grandes traînées bleu sombre.
Les étoiles scintillent, indifférentes au sort de l'humanité vagissante...

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Fourmi.
La seconde partie de la nuit s'était étirée en longueur.
Un bruit avait bien attiré son attention, surtout dès lors qu'il était passé du stade de simple bruit à celui de vacarme, feulements et rixe.
Un groupe de chat qui fouillait les détritus avait entrepris de chasser un importun clébard tout miteux qui osait prétendre se servir dans leur réserve de nourriture.
Les chats n'avaient par ailleurs pas meilleure allure, l'on pouvait voir sans mal des rats bien plus gras dans le quartier, mais leur nombre leur assurait la suprématie sur le moment.

Le chien, après quelques grognement s'était pourtant vaillamment défendu contre ses assaillants en surnombre ; mordant une queue, esquivant quelques coups de griffes, chopant tout ce qu'il pouvait en aboyant piteusement, il avait du tout de même abdiquer devant une force supérieure. Un chat roux et particulièrement efflanqué lui avait sauté sur le dos, détournant son attention de traitre façon pendant que les autres l'attaquaient de toutes parts.
Le cabot s'était mis alors à tourner en rond sur lui-même en essayant, toutes canines dehors, d'attraper le rouquin malingre. Tournant, tournant et tournant tout en déviant pour terminer sa course derrière une brouette renversée abandonnée en coin de rue. S'en était alors suivi l'élément qui devait changer la fin de l'histoire, par le réveil impromptu d'un pochard échoué là ; réveil de mauvais poil sans mauvais jeu de mots.

Se prendre un chien et une meute de chats enragés en pleine bataille territoriale sur la gueule, la discrète observatrice en avait presque rit, amusée. Elle comprenait qu'il puisse être à cran pour le coup.
Ce nouveau protagoniste avaient cependant rapidement mis un terme à son divertissement, en fracassant sa boutanche vide -forcément- sur le tas de queues, pattes et gueules formé par les combattants, rompant là la mêlée.
Le clebs était reparti en boitillant, un morceau d'oreille pendouillant, à moitié arraché par une morsure, des griffes acérées ou bien l'éclat du pichet, la chose n'avait pas été déterminée dans l'obscurité.
Les chats avaient miaulé bruyamment pour célébrer leur victoire mais uniquement après que le poivrot ait disparu lui aussi du caniveau pour partir sans doute en quête d'un endroit moins hostile à son juste repose aviné.
Maigre consolation pour le chien, un chat était resté sur le pavé, étendu dans la ruelle. Il se vidait tranquillement de son sang tandis que déjà ses congénères victorieux gagnaient les toits en fanfaronnant.

Elle en était venu à regretter que l'épique combat survenu n'ait guère duré plus que cinq minutes, dix tout au plus... Mais le temps passe si vite quand on s'amuse...
Puis la multitude des étoiles s'était diluée lentement pour laisser la place à un soleil hésitant dont les rayons encore pâles éclairaient à peine les ruelles.
Le jour était fin là et l'heure de vider les lieux aussi. Et c'est avec un sourire blanc accroché aux lèvres qu'elle disparait après avoir croisé la dépouille encore tiède du matou crevé, ses entrailles répandues sur le pavé crasse et dont les rats faisaient maintenant ripaille.

...


Et au jour toujours la nuit succède... Même si le retour est moins bucolique. Le ciel bleu et dégagé dans l'après midi s'était couvert de nuages et un crachin gris et dense tombait sur la capitale. L'humeur fourmiesque est maussade, aussi grise que la météo lors qu'elle entame cette troisième veillée... Sans étoiles à contempler pour cause d'intempéries.

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Fourmi.
Une bruine fétide avait continué de suinter du ciel une bonne partie de la nuit. Les toits de chaume détrempés dégoulinaient et le ruissellement sur le pavé emportait une partie des immondices sur son passage.
Parfois dans le lointain, quelques zébrures lumineuses transperçaient l'obscurité mais l'orage restait trop éloigné pour que la pluie nettoie véritablement la ville.
Puis la chanson hypnotique de la pluie avait cessé et ne resta bientôt qu'une chape cotonneuse irrégulière ; quelques trouées dans le manteau nuageux laissèrent apparaitre l'argenté reflet des étoiles.
Ça et là les flaques stagnaient et un relent de moisissure se fit sentir comme suant des murs.

Maussade, elle grelottait en maudissant ses idées stupides, puis résignée à l'évidence se remémora la conversation sur le pont...
Les dernières heures s'étirèrent encore plus en longueur et quand l'aube pointa enfin, elle connaissait la moindre irrégularité des façades à portée de vue, le nombre précis de pierres, le détail précis de chaque gargouille accrochée à l'antre...
L'atmosphère humide était encore chargée d'électricité et le ciel restait incertain quand elle délaissa son abri pour quitter les Miracles. Les lueurs de ce matin grisâtre donnaient à ceux qu'elle croisa dans les ruelles un air blafard.

Ce soir, elle reviendrait pour une nouvelle nuit d'attente...

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