Harmand
Lambiance est pesante, quasiment morbide. Harmand est assis sur la couche, une chevelure brune fugace aux reflets cuivrés orne ses cuisses viriles. Ses doigts se perdent dans la masse soyeuse, irréfléchis, insatisfaits. Sa propre tête bascule en arrière pour trouver un quelconque soutien et sa main libre se ferme sur le calice. Il soffre quelques gorgées et étanche sa soif de trouble. Le breuvage divin sera bu ce soir pour elle, qui dénudée, offre ses courbes à la lumière sensuelle des bougies.
Enfermé dans sa chambre plus que modeste, il a limpression de revenir en arrière, loin de son luxe désormais quotidien. La couche est large, assez pour permettre le repos de la putain et le sien quant au reste, il ny a rien de transcendant. Les volets sont tirés pour quils conservent cette intimité qui est leur, par respect par ce quil va se dérouler.
Le silence règne, parfois brisé par la toux sèche et sanglante de sa putain. Il inspire fortement, essuyant du revers de sa main ces lèvres fines et rougeâtres ainsi que ce front qui ne cesse de perler sous le feu qui la ronge.
Dans un autre temps, elle était la plus belle de la ruelle, teint enjôlé et un sourire malicieux toujours à la commissure des lèvres. Des doigts graciles qui savaient, seuls, dompter cette chevelure qui lui tombe jusquaux bas de ses reins. Une peau ferme, dorée et un fessier à se damner, de ceux qui affichent fièrement ce galbe et cette rondeur fraîche et insolente. Il était dailleurs le seul à y avoir accès, le seul à être assez fidèle et bon payeur pour avoir droit à cet unique privilège.
Sa main glisse sur son visage, écartant quelques mèches trempées, et le teint nest plus le même, il est blafard et terne. Sa belle putain se meurt et il ny peut rien. Loin dêtre un médicastre, loin dêtre assez attaché pour en être totalement préoccupé, Harmand laccompagne sans une attention digne dun aimé ou dun amant. Depuis des années il la paye et malgré quelques rires échangés, quelques confessions et ce privilège unique, elle nen reste pas moins, la femme que tous peuvent avoir, souillée par tous les foutres du quartier. Et pourtant, il est là, le dos plaqué contre le mur, une main sur son buste aux monts dessinés par les plus vils tentateurs et lautre tenant fermement ce calice quil sempressera de lui voler après son trépas. A défaut de lui avoir fait vider sa fortune, elle saura se faire pardonner par ce bien dexception quil revendra à des hommes de foi à un prix conséquent. Malgré linstant, le brun ne perd pas le nord et encore moins, cette vue sur ce commerce qui fit de lui, le bourgeois daujourdhui.
La tête bouge sur sa cuisse, le corps se recroqueville brutalement et il arque un sourcil. La putain crache, peine à rejeter ce sang qui lui emplie lêtre et lui coupe le souffle. Il na aucune idée de ce Mal qui lui brise léchine, lasphyxie, tâche ses lèvres dune couleur carmin des plus déroutantes et qui laffaiblit si rapidement. Sa déchéance sest accélérée depuis deux bonnes semaines, tant est si bien quen couche, elle était devenue une autre, plus passive et moins féline.
Dailleurs, il avait abandonné tout envie de la revoir tant elle était devenue une perte financière.
Il bloque sa taille, relève son visage pour laider à délivrer sa gorge et le temps semble doucement sarrêter. Mal à laise.
Elle nest pas celle quil aime, il na jamais aimé, ni celle quil aimerait garder dans sa couche tous les soirs, il est trop égoïste pour partager sa vie. Cest une putain, rien de plus.
Mais cest à lui quelle a écrit et il avait répondu en se tenant présent et en veillant sur elle et qui sait pour l'accompagner finalement jusqu'à son dernier souffle
Sa bouche se pose alors sur le front de sa putain et alors quelle désire ouvrir la sienne, il pose son index pour linviter à les maintenir fermées. Le silence est une vertu dans ces moments-ci.
Tessy, c'est encore son nom. Ce fut celui qu'elle lui murmura dans le creux de l'oreille entre deux délicieux soupirs, ce fut celui qui fit d'elle une femme entière plutôt qu'un vulgaire vide bourses. C'est celui qu'il refuse toutefois de prononcer de peur de lui offrir une mort plus humaine...
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Enfermé dans sa chambre plus que modeste, il a limpression de revenir en arrière, loin de son luxe désormais quotidien. La couche est large, assez pour permettre le repos de la putain et le sien quant au reste, il ny a rien de transcendant. Les volets sont tirés pour quils conservent cette intimité qui est leur, par respect par ce quil va se dérouler.
Le silence règne, parfois brisé par la toux sèche et sanglante de sa putain. Il inspire fortement, essuyant du revers de sa main ces lèvres fines et rougeâtres ainsi que ce front qui ne cesse de perler sous le feu qui la ronge.
Dans un autre temps, elle était la plus belle de la ruelle, teint enjôlé et un sourire malicieux toujours à la commissure des lèvres. Des doigts graciles qui savaient, seuls, dompter cette chevelure qui lui tombe jusquaux bas de ses reins. Une peau ferme, dorée et un fessier à se damner, de ceux qui affichent fièrement ce galbe et cette rondeur fraîche et insolente. Il était dailleurs le seul à y avoir accès, le seul à être assez fidèle et bon payeur pour avoir droit à cet unique privilège.
Sa main glisse sur son visage, écartant quelques mèches trempées, et le teint nest plus le même, il est blafard et terne. Sa belle putain se meurt et il ny peut rien. Loin dêtre un médicastre, loin dêtre assez attaché pour en être totalement préoccupé, Harmand laccompagne sans une attention digne dun aimé ou dun amant. Depuis des années il la paye et malgré quelques rires échangés, quelques confessions et ce privilège unique, elle nen reste pas moins, la femme que tous peuvent avoir, souillée par tous les foutres du quartier. Et pourtant, il est là, le dos plaqué contre le mur, une main sur son buste aux monts dessinés par les plus vils tentateurs et lautre tenant fermement ce calice quil sempressera de lui voler après son trépas. A défaut de lui avoir fait vider sa fortune, elle saura se faire pardonner par ce bien dexception quil revendra à des hommes de foi à un prix conséquent. Malgré linstant, le brun ne perd pas le nord et encore moins, cette vue sur ce commerce qui fit de lui, le bourgeois daujourdhui.
La tête bouge sur sa cuisse, le corps se recroqueville brutalement et il arque un sourcil. La putain crache, peine à rejeter ce sang qui lui emplie lêtre et lui coupe le souffle. Il na aucune idée de ce Mal qui lui brise léchine, lasphyxie, tâche ses lèvres dune couleur carmin des plus déroutantes et qui laffaiblit si rapidement. Sa déchéance sest accélérée depuis deux bonnes semaines, tant est si bien quen couche, elle était devenue une autre, plus passive et moins féline.
Dailleurs, il avait abandonné tout envie de la revoir tant elle était devenue une perte financière.
Il bloque sa taille, relève son visage pour laider à délivrer sa gorge et le temps semble doucement sarrêter. Mal à laise.
Elle nest pas celle quil aime, il na jamais aimé, ni celle quil aimerait garder dans sa couche tous les soirs, il est trop égoïste pour partager sa vie. Cest une putain, rien de plus.
Mais cest à lui quelle a écrit et il avait répondu en se tenant présent et en veillant sur elle et qui sait pour l'accompagner finalement jusqu'à son dernier souffle
Sa bouche se pose alors sur le front de sa putain et alors quelle désire ouvrir la sienne, il pose son index pour linviter à les maintenir fermées. Le silence est une vertu dans ces moments-ci.
- "Tessy, demande mon aide une bonne fois pour toute, que cette compassion cesse".
Tessy, c'est encore son nom. Ce fut celui qu'elle lui murmura dans le creux de l'oreille entre deux délicieux soupirs, ce fut celui qui fit d'elle une femme entière plutôt qu'un vulgaire vide bourses. C'est celui qu'il refuse toutefois de prononcer de peur de lui offrir une mort plus humaine...
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