Lemayeur
Le temps sétait arrêté lespace dun instant. Instant magique. Instant terrifiant. Le Fou était pleinement conscience de ce quil tenait dans ses mains. Deux vies. En un instant, lhistoire pouvait se rejouer. Il pouvait tout perdre à nouveau. Ou presque
Tous semblaient figés dans leurs mouvements. Il nen était rien, si ce nétait la perception tronquée de la réalité dans lesprit bouleversé du Fou.
Callix, Cath, Timon, lenfant et même la défroque avachie, il pouvait tout percevoir comme sil observait la scène au travers dun trou dans le plafond. Lui-même se voyait à luvre.
Etrange sentiment dabandon de soi, mysticisme improbable, illuminations.
Peu à peu, le Fou réintégra son enveloppe corporelle et temporelle. A nouveau plus rien nexistait, que lenfant, sa mère et leur survie.
Bien que toujours partiellement engagé, il pouvait sentir déjà la vie faire frémir ce petit être dans les mains calleuses du forgeron quil avait été. Tout le corps de Callix sarqua dans une ultime poussée. Tous seraient bientôt délivrés. Plus particulièrement la mère et lenfant évidemment mais également les témoins de cette scène chaque fois nouvelle.
Aux épaules quil avait dégagées précédemment, succédèrent deux petits bras ornés de minuscules mains dessinées à la plume. Apparut ensuite une petite tête qui déforma une dernière fois lintimité malmenée de la Bonne Etoile. Ne prêtant quune attention toute relative à labondante chevelure sombre qui auréolait le nouveau né dune étrange dureté, le Fou le retourna vivement après lui avoir dégagé la bouche de ce qui pouvait entraver son cri primal. Un nouveau cri retentit dans la pièce. Tout aussi puissant, tout aussi émouvant et tellement différent. La Vie exultait de ce petit être recueilli dans les mains de son père.
Les yeux grands ouverts, le père et le fils se découvraient, se rencontraient, se contemplaient lun lautre avec une égale surprise.
Hypnotisé par ce premier regard, le Fou ne pouvait sen détacher. Il sen abreuvait tel un naufragé, sen enivrait tel un desséché. Rarement le Fou navait si bien porté son surnom que ce jour là. Fou damour, de tendresse et de reconnaissance.
Cérémonieusement il se redressa tenant toujours lenfant à bout de bras et le fit lentement pivoter en direction de sa mère. Une intense chaleur lavait envahi comme en témoignaient les petits ruisseaux qui serpentaient sur son visage. Mais bien peu ne prenaient leur source sur son front. Les yeux inondés dun incommensurable bonheur il déclara solennellement
Un fils Notre fils
Je enfin il Cest
Et soudain le Fou, orchestrateur soigneux de cet heureux événement, perdit toute contenance. Il bredouillait, ne savait plus que faire, ni dans quel ordre. Tout se bousculait. Trop.
Il est quelle heure ?
Il est fort heureux quils étaient judicieusement entourés car, peut-être pour la première fois de sa nouvelle vie, le Fou nétait plus vraiment là...
Tous semblaient figés dans leurs mouvements. Il nen était rien, si ce nétait la perception tronquée de la réalité dans lesprit bouleversé du Fou.
Callix, Cath, Timon, lenfant et même la défroque avachie, il pouvait tout percevoir comme sil observait la scène au travers dun trou dans le plafond. Lui-même se voyait à luvre.
Etrange sentiment dabandon de soi, mysticisme improbable, illuminations.
Peu à peu, le Fou réintégra son enveloppe corporelle et temporelle. A nouveau plus rien nexistait, que lenfant, sa mère et leur survie.
Bien que toujours partiellement engagé, il pouvait sentir déjà la vie faire frémir ce petit être dans les mains calleuses du forgeron quil avait été. Tout le corps de Callix sarqua dans une ultime poussée. Tous seraient bientôt délivrés. Plus particulièrement la mère et lenfant évidemment mais également les témoins de cette scène chaque fois nouvelle.
Aux épaules quil avait dégagées précédemment, succédèrent deux petits bras ornés de minuscules mains dessinées à la plume. Apparut ensuite une petite tête qui déforma une dernière fois lintimité malmenée de la Bonne Etoile. Ne prêtant quune attention toute relative à labondante chevelure sombre qui auréolait le nouveau né dune étrange dureté, le Fou le retourna vivement après lui avoir dégagé la bouche de ce qui pouvait entraver son cri primal. Un nouveau cri retentit dans la pièce. Tout aussi puissant, tout aussi émouvant et tellement différent. La Vie exultait de ce petit être recueilli dans les mains de son père.
Les yeux grands ouverts, le père et le fils se découvraient, se rencontraient, se contemplaient lun lautre avec une égale surprise.
Hypnotisé par ce premier regard, le Fou ne pouvait sen détacher. Il sen abreuvait tel un naufragé, sen enivrait tel un desséché. Rarement le Fou navait si bien porté son surnom que ce jour là. Fou damour, de tendresse et de reconnaissance.
Cérémonieusement il se redressa tenant toujours lenfant à bout de bras et le fit lentement pivoter en direction de sa mère. Une intense chaleur lavait envahi comme en témoignaient les petits ruisseaux qui serpentaient sur son visage. Mais bien peu ne prenaient leur source sur son front. Les yeux inondés dun incommensurable bonheur il déclara solennellement
Un fils Notre fils
Je enfin il Cest
Et soudain le Fou, orchestrateur soigneux de cet heureux événement, perdit toute contenance. Il bredouillait, ne savait plus que faire, ni dans quel ordre. Tout se bousculait. Trop.
Il est quelle heure ?
Il est fort heureux quils étaient judicieusement entourés car, peut-être pour la première fois de sa nouvelle vie, le Fou nétait plus vraiment là...