Anne_blanche
Ce fut au petit jour, sous les murs de la bonne ville de Dijon, qu'Anne reçut une missive qui la fit éclater de rire.
Elle s'apprêtait à quitter son coche, afin de trouver un moyen de s'introduire en ville, non pour le compte de l'armée ou de Son Altesse Armoria, mais pour rencontrer la fiancée de son fils et s'assurer par elle-même qu'elle était en bonne santé. Il lui fallait aussi trouver Pierre, son valet, et le ramener au campement de "Qui m'aime me suive".
C'est alors qu'Anne, son fils Sylvain et la jeune Bella étaient en route, depuis Sémur, pour rallier Chalon que ledit Pierre avait été assommé par un séide de l'ex Bouillon. La rencontre brutale de sa tête avec le pen-bazh (*) d'un idiot assez stupide, quoique probablement même pas Breton, pour suivre Eusaias avait empêché le pauvre homme de prévenir Bella du départ. Depuis, Sylvain ne vivait plus. Anne, quant à elle, restait intimement persuadée que Bella ne risquait rien, tant qu'elle ne quittait pas son abri dijonnais. Mais, à son grand étonnement, elle souffrait de voir Sylvain ainsi mis à la torture. Elle n'avait pas les mots pour le rassurer. Devant ce grand garçon, issu de sa chair, qui la dépassait de la tête et des épaules, elle se sentait intimidée au point de ne pouvoir parler, elle qui ne l'avait jamais été devant personne.
Puisque les mots se refusaient à elle, restaient les actes.
Mais il était dit que les actes attendraient.
La missive venait d'un des membres du Conseil de Régence autoproclamé. La personne faisait savoir à Anne que "on" lui avait demandé de faire remonter "en haut" le texte d'une annonce, qui "visiblement" constituait une "réponse" à Paris.
Le rire d'Anne sonna haut et clair, et la contraignit à s'asseoir sur le marchepied de son coche, à la grande surprise de son cocher Bacchus. Le brave homme se mit à jeter à l'entour des regards craintifs. Que dirait-on, si l'on voyait la baronne de Culan riant aux éclats, au petit jour, au milieu d'une armée ?
Anne se reprit bien vite.
Mon écritoire, Bacchus.
Et en réponse à la missive elle en rédigea une autre, dont elle prit immédiatement copie pour ses archives personnelles et pour l'amusement de son fils ou de quiconque lirait par-dessus son épaule.
Elle s'apprêtait à quitter son coche, afin de trouver un moyen de s'introduire en ville, non pour le compte de l'armée ou de Son Altesse Armoria, mais pour rencontrer la fiancée de son fils et s'assurer par elle-même qu'elle était en bonne santé. Il lui fallait aussi trouver Pierre, son valet, et le ramener au campement de "Qui m'aime me suive".
C'est alors qu'Anne, son fils Sylvain et la jeune Bella étaient en route, depuis Sémur, pour rallier Chalon que ledit Pierre avait été assommé par un séide de l'ex Bouillon. La rencontre brutale de sa tête avec le pen-bazh (*) d'un idiot assez stupide, quoique probablement même pas Breton, pour suivre Eusaias avait empêché le pauvre homme de prévenir Bella du départ. Depuis, Sylvain ne vivait plus. Anne, quant à elle, restait intimement persuadée que Bella ne risquait rien, tant qu'elle ne quittait pas son abri dijonnais. Mais, à son grand étonnement, elle souffrait de voir Sylvain ainsi mis à la torture. Elle n'avait pas les mots pour le rassurer. Devant ce grand garçon, issu de sa chair, qui la dépassait de la tête et des épaules, elle se sentait intimidée au point de ne pouvoir parler, elle qui ne l'avait jamais été devant personne.
Puisque les mots se refusaient à elle, restaient les actes.
Mais il était dit que les actes attendraient.
La missive venait d'un des membres du Conseil de Régence autoproclamé. La personne faisait savoir à Anne que "on" lui avait demandé de faire remonter "en haut" le texte d'une annonce, qui "visiblement" constituait une "réponse" à Paris.
Le rire d'Anne sonna haut et clair, et la contraignit à s'asseoir sur le marchepied de son coche, à la grande surprise de son cocher Bacchus. Le brave homme se mit à jeter à l'entour des regards craintifs. Que dirait-on, si l'on voyait la baronne de Culan riant aux éclats, au petit jour, au milieu d'une armée ?
Anne se reprit bien vite.
Mon écritoire, Bacchus.
Et en réponse à la missive elle en rédigea une autre, dont elle prit immédiatement copie pour ses archives personnelles et pour l'amusement de son fils ou de quiconque lirait par-dessus son épaule.
Citation:
Messire,
Comme dit mon vieux précepteur, le bon Père Comis, "on, pronom imbécile, qualifie celui qui l'emploie." N'ayez point d'inquiétude. Depuis que la clique que vous servez m'a retiré les clefs du Conseil Ducal, mon devoir de Secrétaire d'Etat est malgré tout, comme auparavant, ponctuellement rempli, sans qu'il soit besoin que ce "on" rédacteur d'affiches dont le vocabulaire pourrait la mener tout droit devant l'Inquisition ait à y fourrer son long nez.
Je vous serai reconnaissante à l'avenir de vouloir bien ne plus m'adresser ni parole ni missive.
Anne, baronne de Culan
Comme dit mon vieux précepteur, le bon Père Comis, "on, pronom imbécile, qualifie celui qui l'emploie." N'ayez point d'inquiétude. Depuis que la clique que vous servez m'a retiré les clefs du Conseil Ducal, mon devoir de Secrétaire d'Etat est malgré tout, comme auparavant, ponctuellement rempli, sans qu'il soit besoin que ce "on" rédacteur d'affiches dont le vocabulaire pourrait la mener tout droit devant l'Inquisition ait à y fourrer son long nez.
Je vous serai reconnaissante à l'avenir de vouloir bien ne plus m'adresser ni parole ni missive.
Anne, baronne de Culan
Le pli partit dans l'instant, et dans l'instant suivant, missive et copie de la réponse en mains, Anne se dirigea vers les quartiers de Son Altesse Armoria, tout en cherchant parmi les trefs celui de son fils.
(*) "maître-bâton", gourdin
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Ici, bientôt, les armes de Culan, de La Mure, les colliers de saphir de l'Ordre du Lys, de Grand-Officier de St-Georges et de Secrétaire d'Etat, et le manteau vert d'Académicien Royal. Un volontaire pour me faire la bannière ?