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[RP]Ils étaient là.

Anne_blanche
Ce fut au petit jour, sous les murs de la bonne ville de Dijon, qu'Anne reçut une missive qui la fit éclater de rire.

Elle s'apprêtait à quitter son coche, afin de trouver un moyen de s'introduire en ville, non pour le compte de l'armée ou de Son Altesse Armoria, mais pour rencontrer la fiancée de son fils et s'assurer par elle-même qu'elle était en bonne santé. Il lui fallait aussi trouver Pierre, son valet, et le ramener au campement de "Qui m'aime me suive".

C'est alors qu'Anne, son fils Sylvain et la jeune Bella étaient en route, depuis Sémur, pour rallier Chalon que ledit Pierre avait été assommé par un séide de l'ex Bouillon. La rencontre brutale de sa tête avec le pen-bazh (*) d'un idiot assez stupide, quoique probablement même pas Breton, pour suivre Eusaias avait empêché le pauvre homme de prévenir Bella du départ. Depuis, Sylvain ne vivait plus. Anne, quant à elle, restait intimement persuadée que Bella ne risquait rien, tant qu'elle ne quittait pas son abri dijonnais. Mais, à son grand étonnement, elle souffrait de voir Sylvain ainsi mis à la torture. Elle n'avait pas les mots pour le rassurer. Devant ce grand garçon, issu de sa chair, qui la dépassait de la tête et des épaules, elle se sentait intimidée au point de ne pouvoir parler, elle qui ne l'avait jamais été devant personne.
Puisque les mots se refusaient à elle, restaient les actes.

Mais il était dit que les actes attendraient.

La missive venait d'un des membres du Conseil de Régence autoproclamé. La personne faisait savoir à Anne que "on" lui avait demandé de faire remonter "en haut" le texte d'une annonce, qui "visiblement" constituait une "réponse" à Paris.
Le rire d'Anne sonna haut et clair, et la contraignit à s'asseoir sur le marchepied de son coche, à la grande surprise de son cocher Bacchus. Le brave homme se mit à jeter à l'entour des regards craintifs. Que dirait-on, si l'on voyait la baronne de Culan riant aux éclats, au petit jour, au milieu d'une armée ?
Anne se reprit bien vite.


Mon écritoire, Bacchus.


Et en réponse à la missive elle en rédigea une autre, dont elle prit immédiatement copie pour ses archives personnelles et pour l'amusement de son fils ou de quiconque lirait par-dessus son épaule.

Citation:
Messire,

Comme dit mon vieux précepteur, le bon Père Comis, "on, pronom imbécile, qualifie celui qui l'emploie." N'ayez point d'inquiétude. Depuis que la clique que vous servez m'a retiré les clefs du Conseil Ducal, mon devoir de Secrétaire d'Etat est malgré tout, comme auparavant, ponctuellement rempli, sans qu'il soit besoin que ce "on" rédacteur d'affiches dont le vocabulaire pourrait la mener tout droit devant l'Inquisition ait à y fourrer son long nez.

Je vous serai reconnaissante à l'avenir de vouloir bien ne plus m'adresser ni parole ni missive.

Anne, baronne de Culan


Le pli partit dans l'instant, et dans l'instant suivant, missive et copie de la réponse en mains, Anne se dirigea vers les quartiers de Son Altesse Armoria, tout en cherchant parmi les trefs celui de son fils.



(*) "maître-bâton", gourdin
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Ici, bientôt, les armes de Culan, de La Mure, les colliers de saphir de l'Ordre du Lys, de Grand-Officier de St-Georges et de Secrétaire d'Etat, et le manteau vert d'Académicien Royal. Un volontaire pour me faire la bannière ?
Sylvain_d_aupic
Dijon, enfin... Après l'attente sans fin à Chalon, Sylvain espérait enfin voir la situation évoluer. Il n'avait aucune hâte à aller au combat, non pas qu'il fût lâche, mais parce qu'il estimait que de la guerre ne naissait rien de bon. Tant de blessés et de mort au service de l'orgueil de si peu d'hommes, celà ne pouvait pas convenir au baron. Il gardait en tête la devise de son père: "Pour le bien de tous, non la gloire d'un seul". Et à cette heure, jamais cette maxime n'avait eu autant de sens.

Les rumeurs allaient bon train dans le camps, colportant les idées les plus diverses, comme celle d'un assaut proche, ou bien l'annonce de la fuite de l'armée en place dans la ville, ou encore la présence du Roy dans la ville. Manifestement, il était difficile de trouver des informations fiables au milieu des soldats.

Pour l'heure, Sylvain était assis sur une souche, un peu à l'écart des troupes. Il regardait en direction de la ville, espérant que Bella avait eu la prudence de se mettre à l'abri. Un assaut sur la ville aurait mis en danger les vies de tous les occupants, et savoir son aimée en danger était un crève coeur. Il tachait de garder une attitude irréprochable, par égards pour sa mère et pour son rang, mais il souffrait de l'absence de Bella, tout comme il s'inquiétait de la sécurité de sa mère.

Après un soupire, il se rendit dans le camp, afin de tenter de trouver quelques informations, ou d'intercepter quelques dijonnais en fuite qui aurait pû avoir des nouvelles de Bella. En chemin, il croisa sa mère, chargée de quelques documents, et qui affichait un sourire discret, mais présent.


Bonjour Mère. Puis je vous aider à porter ces documents?

C'était bien peu à porter, mais un peu d'occupation valait mieux que l'ennui trop propice aux inquiétudes.
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Bellabs
La mission du Pierre avait échoué sans que la rouquine le sache elle était restée coincé à Dijon pendant que la guerre fusait... du moins c'est ce qu'elle pensait. Mais au moment de retrouver Anne et Sylvain il n'y avait plus personnes. Plus de trace de l'armée non plus, tous avaient déserté. Bien vite missives furent envoyés et ordre furent donné: Bellabs resterait seule à Dijon! Bien!

Comme un poisson rouge dans son bocal, elle avait fait le tour de toute la ville. Mais l'envie de ne voir personne si ce n'est Sylvain l'empêcha de poser un pied en taverne. Ainsi l'ennui prenant une place insencé, la demoiselle commençait la pastorale et arrondissait ses bourses avec son travail acharné aux DO. Missives sur missives envoyé à sa vaillante mère pour savoir où en était toutes les festivités. Malheureusement aucune nouvelles ce qui plongeait petit à petit la rouquine dans un désespoir immense. Bizarrement elle voyait s'envoler son annoblissement, son adoption et toutes les belles promesses qu'on lui avait faite.

Les jours passèrent et puis lasse d'être à Dijon dans un hôtel miteux Bellabs décida de rentrer sur Sémur dans la demeure d'Anne où elle aida les valets et Matheline à faire rayonner la demeure. Envoyant encore et encore son désespoirt et son angoisse couché sur du papier qui file en direction de Sylvain.

Et soudain ce dont on ne s'attendait pas arriva, des nouvelles qui se furent pressante et mirent en retard la demoiselle avant même qu'elle puisse prendre connaissance. Il fallait qu'elle parte....et le baptème de son homme qui se ferait bientôt, impossible de le rater! A nouveau, prenant sa plume sa patience et son courage elle écrivit à Sylvain pleine d'incertitudes et ne sachant que faire.... Par la même occasion elle écrivit à sa Belle maman et ô combien Bellabs la trouvait belle.


Citation:
Chère Anne,

Comment vous portez vous? J'ai de vos nouvelles par les écrits de votre fils, mon bien aimé Sylvain. Je suis soulagée qu'aucune lame n'ait transperçé votre coeur ou vos entrailles. Je me languit de vous et de votre fils et c'est pour cela que je suis rentrée seule sur Sémur. J'ai cueillis quelques fleurs pour embaumer votre demeure... Aimez vous cela?

Je vous écris aussi aujourd'hui car j'ai eu des nouvelles de Ledzeppelin qui a été très prise et n'a pu me donner ces informations plus tôt. Je dois assister au mariage de sa soeur, ainsi qu'à d'autres cérémonies auxquelles j'avais répondu affirmativement sur ma présence. Sylvain aussi était invité mais je comprend qu'il ait des priorités qui le retienne ici. Mon plus grand malheur est celui d'être en retard pour ces fameuses cérémonies, et de me mettre d'autant plus en retard car je veux assister impérativement au baptême de Sylvain. Aussi je pense qu'il lancera la cérémonie au plus tôt et que je filerai par la suite en provence. Ce n'était pas prévu que tout ceci se bouscule car je faisait en sorte d'être au courant en avance. Malheureusement tout ne se passe pas comme on le souhaite, mais je ne pense pas vous l'apprendre, vous êtes mieux placé que moi pour connaitre ces imprévus.

Ce n'est qu'un allez retour je compte revenir vous voir après ces obligations.

Que dieu veille sur vous,

Votre dévouée, Bellabs.


Et voilà l'hirondelle de la demoiselle s'affoler et partir en direction de la baronne.

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Anne_blanche
A mesure qu'Anne avançait entre les trefs, contournant un feu de camp par ci, un homme endormi par là, le bas de sa robe était de moins en moins immaculé, ce qui ne laissait pas de l'ennuyer. Le deuil blanc, ça se porte en blanc, pas en gris sale. Les bâsins qui s'étaient arrogé le droit de gouverner la Bourgogne paieraient pour cela aussi, d'une manière ou d'une autre.
Bacchus la suivait à deux pas, attentif au moindre mouvement. Il avait bien dû se faire aux habitudes d'Anne, mais n'avait jamais pu se contraindre à dissiper l'angoisse qui le prenait à la gorge quand elle se promenait ainsi en des lieux que le brave cocher considérait comme impropres à la fréquentation. Aussi se sentit-il grandement soulagé en voyant le fils d'Anne s'avancer vers sa mère.


Bonjour Mère. Puis je vous aider à porter ces documents?

Sylvain paraissait bien plus que ses quinze printemps, ce matin-là. Il avait les traits tirés de celui qui ne dort pas. Et Anne, pour qui personne n'avait jamais tremblé, hormis Bacchus, avait bien du mal à comprendre ...

Bonjour, Sylvain. Ce n'est pas bien lourd, mais cela vous donnera l'occasion de m'accompagner. Je cherche Son Altesse pour lui faire part de ce courrier, qui m'a bien fait rire. Lisez, si le cœur vous en dit.

Il en est des missives comme des catastrophes : elles arrivent toujours en cortège. Anne s'était à peine déchargée de ses deux parchemins que Bacchus lui en remettait un autre, dont elle ne connaissait pas l'écriture. Elle fila donc tout de suite à la signature.

Votre fiancée m'écrit, Sylvain. C'est donc qu'elle va bien.

Fort bien, même, puisqu'elle trouvait le temps de parler de fleurs.

Vous aurez l'obligeance de lui signaler qu'elle peut m'appeler "Dame" tant que vous n'êtes point mariés, et "Mère" par la suite.


Anne, élevée par Maryan... On ne se refait pas.

Mon écritoire, Bacchus.

Sans plus s'occuper de Sylvain, elle attendit que le cocher se soit passé au cou la bretelle de cuir de l'écritoire portatif, et lui ait tendu un calame.
Citation:

Damoiselle,

Je m'en remets entièrement à votre goût pour mêler en ma demeure les parfums des fleurs. J'espère pouvoir y retourner au plus vite, l'affaire nous retenant à Dijon ne souffrant plus de délai, vu l'usage immodéré que fait des deniers publics le Conseil provisoire auto-proclamé.

Figurez-vous, Damoiselle, qu'un des bâsins de ce Conseil se permet de m'expliquer comment je dois remplir mes devoirs auprès de la Couronne. Certains ne connaissent de la vergogne que ce qu'en disent les abreuvagés roulant en ruisseau aux soirs de fêtes chômées.

Qu'Aristote protège vos pas sur la route de Provence.

Anne, baronne de Culan



Elle était agacée. Que Bella assiste au mariage de la soeur de sa future suzeraine, c'était normal : elle ne pouvait se dédire sans manquer gravement à LedZeppelin. Mais ça tombait mal.

Sans se demander si Sylvain avait en mains les éléments pour comprendre, elle dit tout en scellant son courrier :


Ces Provençaux sont décidément maîtres en l'art de glisser des bâtons dans les roues. Quoique... à y bien penser, ils ne valent pas les Helvètes... Par les chausses roses d'Aristote, cette cire ne vaut rien ! Voyez comme elle file.
Trouvons Son Altesse.


En cortège, avons-nous dit ? Erreur ! En ribambelle, en procession, en cohorte, en succession. Voilà qui serait plus juste.
Le soi-disant Conseiller avait fait vite. Il est vrai que la distance entre le camp et le château était infime, à vol de pigeon. Encore énervée par le courrier de Bella, Anne lut celui qui venait d'arriver, et son sourire revint.


Lisez, Sylvain ! Qu'il est drôle, cet homme ! Vrai, il m'amuse énormément. Je lui avais pourtant formellement interdit de m'écrire, et voici qu'il reprend plume. Et pour se faire donner du "Excellence", encore ! Hum... Que ferai-je ? Ignorer ses inepties ?


C'eût été la solution la plus confortable. Hélas, Anne était Académicien. Le savoir était chez elle une passion, la diffusion du savoir une douce manie. Puisque le Conseiller auto-proclamé était dans l'erreur, il fallait bien le lui faire savoir. C'est comme ça, c'est la vie.

Le parchemin du sieur Cuche - puisqu'il le faut bien nommer - rejoignit les précédents sur les bras de Sylvain, qui finirait par ressembler à un porte-feuilles - quoi de plus normal quand on s'appelle Sylvain Desbois, et qu'on a failli se prénommer Olivier ? - et Anne profita de l'écritoire encore ouvert pour rédiger une réponse, invitant du geste son fils à lire par-dessus son épaule.

Citation:
Messire,

Avant que de donner des leçons d'Etiquette, il serait bon que Votre Excellence en prît, ainsi que de lecture. Il me semble en effet avoir indiqué clairement à Votre Excellence que mon travail est fait. Ledit travail inclut, comme Votre Excellence semble l'ignorer, la mise au courant de notre Roi, Sa Majesté Louis, des nouvelles de ma province, la Bourgogne. Je suis assez grande fille, n'en déplaise à Votre Excellence, pour n'avoir point besoin que le chambellan d'un soi-disant conseil de régence m'explique ce que je dois faire. J'en profite pour informer Votre Excellence qu'en tant que Grand Académicien le titre revendiqué par Votre Excellence me doit également être donné.
Pareillement, l'Etiquette interdit que l'on s'adresse à une dame quand elle vous a prié de n'en plus rien faire. Or c'est bien à la dame que Votre Excellence s'adresse, puisqu'Elle ne saurait, à moins de contrevenir à la logique la plus élémentaire, reconnaître en moi l'Officier d'un roi qu'Elle ne reçoit point pour tel, en est témoin le "votre" dans la missive de Votre Excellence.

Adoncques me permets-je de réitérer auprès de Votre Excellence ma demande, en espérant de tout cœur que la vue de Votre Excellence, ou Sa capacité de lecture, ou les deux, se soient grandement améliorées depuis ce matin.

Anne, baronne de Culan, dame de La Mure
Grand Académicien Royal
Secrétaire d'Etat pour la Bourgogne
Collier de Saphir de l'Ordre du Lys
Officier de l'Ordre de Saint-Georges


En double exemplaire : un pour le sire de Fronsac, un pour ses archives.

Vivement que l'invention du sieur Gutenberg, dont il est fait grand cas à l'Académie, se répande en ce royaume.


Laissant Bacchus renvoyer le pigeon et ranger l'écritoire, elle glissa familièrement le bras sous celui de son fils, et repartit à la recherche du tref princier.

Vous ai-je déjà parlé de cette invention ?
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Ici, bientôt, les armes de Culan, de La Mure, les colliers de saphir de l'Ordre du Lys, de Grand-Officier de St-Georges et de Secrétaire d'Etat, et le manteau vert d'Académicien Royal. Un volontaire pour me faire la bannière ?
Sylvain_d_aupic
Bonjour, Sylvain. Ce n'est pas bien lourd, mais cela vous donnera l'occasion de m'accompagner. Je cherche Son Altesse pour lui faire part de ce courrier, qui m'a bien fait rire. Lisez, si le cœur vous en dit.

Joignant le geste à la parole, Anne remit à son fils la lettre. Il parcouru rapidement les lignes et sourit. Quiconque connaissait la dame de Culan ne se serait pas permis de s'adresser à elle ainsi. C'était sans doute révélateur de la qualité du correspondant. Il constata que sa mère consultait un nouveau courrier, pensant en lui même qu'elle avait vraiment une grande importance pour être ainsi assaillie de missive, aussi loin de chez elle. Il était évident que, vu ses nombreuses charges, le courrier était en conséquence...

Votre fiancée m'écrit, Sylvain. C'est donc qu'elle va bien.
Vous aurez l'obligeance de lui signaler qu'elle peut m'appeler "Dame" tant que vous n'êtes point mariés, et "Mère" par la suite.


Bella! Elle écrivait directement à Anne. Sylvain reconnut là les efforts de sa belle pour se montrer agréable et avenante envers elle. Malheureusement, celle ci ne pouvait s'empêcher de lancr au passage une remarque, jugée acerbe par le baron. Il ne lui en tint pas rigueur, car c'était là une chose bien futile dans le contexte actuel.

Il observait les environs pendant que sa mère répondait au courrier de Bella, plus pour échapper à la tentation bien impolie d'appercevoir quelques uns des mots tracés par la baronne que par curiosité puis écouta d'une oreille distraite les mots qui suivirent, qu'il interpreta comme une énième manifestation de la haine d'Anne envers les Hélvètes et, manifestement, contre les provencaux, dans une mesure éminemment réduite. Dans son esprit, cependant, quelques connexions se faisaient entre les récents courrier reçus de Bella et les propos d'Anne... La belle semblait devoir bientot reprendre la route vers la Provence, où devait être célébré un mariage dans la famille de celle qu'elle nommait sa "mère de coeur".

Alors qu'il se retrouvait chargé d'un nouveau parchemin, il entrevit quelques lignes de la missive de Bella et comprit. Ce qu'il redoutait arrivait, elle partait en Provence, seule vraisemblablement. Difficile de décrire les émotions qui envahirent les tripes du jeune homme. Anne ne semblait pas s'en rendre compte, occupée à ses courriers, mais Sylvain palit. Il allait devoir choisir, choisir entre laisser sa mère à l'approche de l'affrontement, ou bien laisser sa compagne, celle qu'il aimait temps, voyager sans escorte sur des routes dangereuses. Rien ne lui semblait évident, prit entre l'amour d'un fils pour sa mère, malgré la distance affective que celle ci semblait toujours afficher, et l'amour d'un homme pour une femme. Dans les deux cas, il devrait souffrir mille tourments pour celle qu'il laisserait seule. Le choix était cruel, et c'est un énorme poids sur l'estomac qu'il poursuivit le chemin au bras de sa mère, percevant trop faiblement cette marque d'attachement. Il n'arriviait pas à voir, à ressentir, tant son esprit était envahit de questions.


Vivement que l'invention du sieur Gutenberg, dont il est fait grand cas à l'Académie, se répande en ce royaume.
Vous ai-je déjà parlé de cette invention ?


Bonne question, et surtout distraction opportune. Sylvain mobilisa ses capacités sur cette invention, préférant garder pour plus tard, quand il serait seul, la réponse à une autre question importante: Qui devait il suivre?

Hum? Oui, vaguement, un système visant à reproduire les écrits avec une plus grande rapidité, je crois. J'avoue être curieux de voir celà. Je crains cependant que celà ne nuise à la beauté de l'art de moines copistes, dont les enluminures et la calligraphie donne aux livres une personnalité aussi belle.

Dans l'estomac, la boule était toujours là...
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Bellabs
A Sémur la besace était prête! La rouquine qui pensait aux combattants, se sentent toujours aussi inutile en bourgogne fit le nécessaire pour que la maison d'Anne soit de toute beauté. Elle passait ses journées auprès des fleurs, des arbres, des arbustes à tailler et donner forme respectables à la nature. C'était un passe temps, pour chasser la culpabilité de la demoiselle: tout le monde se battait sauf elle, et pour cause elle maniait l'épée dangereusement. La maladroite se serait plus fait de mal à elle toute seule.

Elle reçut une réponse innatendu de Anne. Ne comprenant pas tout et surtout voyant la dame fixait sur la politique et ce qu'il se passait en Bourgogne, la demoiselle fit une légère moue. Tout ce dont elle avait cru jusqu'alors s'effondra. Anne aurait-elle fait semblant de l'apprécier un tout petit peu? Ou ce serait elle fait des idées à l'égar de sa future belle maman? Sans nul doute! Elle était toujours la fille qui n'avait pas sa place auprès de son fils. Eh bien soit! Elle serait surement ravie que Bellabs s'éloigne ainsi de Sylvain, la dame de culan pourrait donc en profiter pleinement. Inutile de lui retourner une lettre, cela encombrerait surement la grande baronne inutilement.

Loin d'imaginer que Sylvain était en pleins questionnement sur qui suivre, la rouquine prit le chemin de l'église pour célébrer le baptême avant de continuer sa route.

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Sylvain_d_aupic
Quelques jours plus tard, Sylvain était baptisé, et avait regagné l'armée. Un allé retour à Langres et il recevait les nouvelles redoutées: Bella était partie, seule, vers la Provence.

Sylvain n'avait alors pas encore fait de choix, espérant avoir le temps de remplir ses engagements militaires avant d'accompagner la belle en Aix. Hélas les évènements se précipitaient d'avantage sur un front que sur l'autre. La nuit devait porter conseil, aussi réfléchit il longuement, ne trouvant de toutes façons que tardivement le sommeil. Au réveil, les idées n'étaient toujours pas claires. Il fit donc le point.

D'un coté, il avait un devoir moral, envers la Bourgogne, son duc légitime, qui était son parrain de surcroit, et sa mère. Il devait participer à la lutte contre le félon et sa clique, jusqu'à ce que les gens choisis par le peuple et le Tout Puissant retrouvent leur place. Et puis il y avait la sécurité de la Dame de Culan... Pouvait il laisser sa mère sans sa protection au milieu des combats éventuels?

De l'autre côté, il y avait sa fiancée, si fragile, qui partait sur les routes sans autre protection que son baton... Elle qui avait faillit mourir lors du dernier voyage, sous les coups des brigands.

Sylvain passa un long moment, les yeux dans le vide, cherchant une aide dans les mots écrit par son père dans son "journal". Mais comment choisir? Comment risquer de perdre l'une des deux personnes qui comptaient le plus pour lui? Un tel choix devait pourtant être fait... Maintenant, il fallait le faire connaitre. Aussi le baron se mit il en quête de sa mère, qu'il trouva rapidement, toujours accompagnée de Bacchus.


Mère... Je dois vous parler, c'est important. Je sais que vous placer le devoir au dessus de toute chose, et à ce titre, je vous admire. Il est cependant pour moi temps de trouver où est mon devoir.

Sylvain reprit son souffle, se refusant à interpreter le regard de sa mère.

Vous n'êtes pas sans savoir que Bella est partie pour la Provence, où des affaires familliales la réclament. Et je sais pour ma part qu'elle a prit la route seule, sans protection. J'ai pleinement conscience de l'importance pour la Bourgogne de retrouver son légitime Duc, mon parrain, et je sais que ma place est dans la troupe de ses fidèles.

Nouvelle pause, il évite soigneusement le regard de la baronne, préférant nettement le bleu du ciel pour l'instant.Puis il la regarda, tachant de masquer ses doutes et ses craintes.

Je dois partir, Mère... Sans doute n'approuverez vous pas mon choix, mais j'ai pour devoir de veiller sur ma fiancée, tout autant que sur vous. Ici vous ne serez pas seule, la crème de la noblesse bourguignonne veillera sur vous, sur le duché. Bella, elle, ne peut bénéficier que de ma protection.
Je sais que la voix du coeur est moins forte à vos oreilles que celle de la raison, mais en ce domaine, je resterais toujours une déception pour vous.

Mère, de grâce, ne me jugez pas trop durement.


Sylvain retenait les larmes qui semblaient vouloir lui échapper. Il la décevait, et le regrettait. Face à un choix que nul ne devrait jamais avoir à faire, il avait prit sa décision, en son âme et conscience. Il prit la main de sa mère et l'embrassa, puis se retourna pour rejoindre ses quartiers. Il ignorait quelle serait la réaction de sa mère, mais la redoutait tout autant qu'il voulait l'entendre. Aussi resta il immobile, attendant la suite quelques instants.
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Anne_blanche
L'on était revenu de Langres, l'armée de la Princesse avait de nouveau planté tentes et trefs sous les murs de Dijon, hors de portée des armes, mais non des quolibets du conseil autoproclamé. Anne passait le plus clair de son temps à arpenter le camp, désœuvrée. Non loin de là se trouvait celui de la Duchesse de Crécy, où Anne n'avait rien à faire. De l'autre côté, celui du Prince Namay, qu'elle évitait soigneusement.

Elle aurait pu - elle aurait dû ! - profiter de l'inaction pour se perfectionner aux armes. Hum... foin des menteries quand l'on est seul avec soi-même : pour apprendre à se servir d'une arme, en fait. Car jamais elle n'avait pris le temps de se débrouiller avec une épée. Elle portait au côté celle de feu son père, par habitude, depuis qu'elle était capable d'en supporter le poids. Mais à part pour en ficher la garde en terre, devant la portière de son coche, et attendre paisiblement que les inconscients ou les maladroits viennent s'y embrocher, elle était incapable de s'en servir.

Elle aurait dû. Mais elle trouvait toutes les raisons, ou plutôt tous les prétextes, pour n'en rien faire. La peur du ridicule...

Alors qu'elle déambulait en attendant l'heure d'un assaut qui ne tarderait plus, elle vit Sylvain s'avancer à sa rencontre, et sa mine ne laissait aucun doute sur son état d'esprit.


Mère... Je dois vous parler, c'est important. Je sais que vous placer le devoir au dessus de toute chose, et à ce titre, je vous admire. Il est cependant pour moi temps de trouver où est mon devoir.


L'exergue mit Anne sur la défensive. Elle effaça donc soigneusement toute expression de son visage et s'assura que nul, à proximité, n'était à même d'écouter les propos de son fils.

Je vous écoute.

Le ton était neutre. Mais les mains, dans les plis de la jupe blanche, à l'ourlet soigneusement nettoyé de la boue des jours précédents, jouaient, invisibles, avec l'étoffe. Le vent agitait la toile de talc qui recouvrait sa guimpe, lui chatouillant par moment le nez.

Vous n'êtes pas sans savoir que Bella est partie pour la Provence, où des affaires familliales la réclament. Et je sais pour ma part qu'elle a prit la route seule, sans protection. J'ai pleinement conscience de l'importance pour la Bourgogne de retrouver son légitime Duc, mon parrain, et je sais que ma place est dans la troupe de ses fidèles.

Que dire ? Que oui, le rôle d'un filleul est de défendre les intérêts de son parrain, comme un fils le fait pour son père ? Que si Bella avait pris la route, c'était en pleine conscience des dangers encourus ? A quoi bon ? Sylvain le savait pertinemment.
Et Anne le regardait, avec dans les prunelles une curiosité nouvelle, des questions qui toujours resteraient sans réponse - comment un fils peut-il être si différent de son père ? qui a raison ? celui qui fait ce que le monde et l'usage attendent de lui, ou celui qui fait ce que son cœur lui commande ? que dit-on à un garçon de 15 ans qui foule aux pieds sous votre nez, calmement et sans acrimonie, toute son éducation ? que se disait Maryan, sa mère, quand elle-même s'éloignait autant que faire se peut de ce que l'on attendait d'elle ? ou plutôt, quand elle se forgeait elle-même des contraintes conformes à ce qu'elle croyait devoir à son sang, à son rang ?
Que dire ... ?
Sylvain ne la regardait pas, alors qu'elle-même buvait des yeux la courbe du front, le dessin de la mâchoire, la couleur dur regard, si semblable au sien, comme si elle les voyait pour la première - ou la dernière - fois.

Il poursuivit son plaidoyer, la regardant désormais, avec une assurance dont Anne sentait qu'il ne l'éprouvait pas.


Mère, de grâce, ne me jugez pas trop durement.

Que dire ? Il lui prit la main, une main qu'elle savait froide comme la Lune elle-même, y déposer les lèvres, tandis qu'elle restait sans réaction.
Que dire ?
Il tourna les talons, il allait partir.
Il restait là.
Priant pour que sa voix sonne aussi haut et clair qu'elle le souhaitait, Anne le rappela :


Retournez-vous, Sylvain. Je ne vous ai point encore baillé congé.

Elle fut surprise de la note de douceur qui perçait dans le ton, malgré la dureté des mots. Sa main monta lentement jusqu'au front de son fils, son pouce y traça la croix aristotélicienne.

Je ne jugerai pas. Vous êtes seul, Sylvain, comme tout homme, toute femme, à l'instant des choix. Comme tout homme digne de ce nom, vous prenez le chemin qui vous semble le moins mauvais. Allez, mon fils. Puisse le Très-haut protéger votre route et vous apporter Sa lumière.
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Ici, bientôt, les armes de Culan, de La Mure, les colliers de saphir de l'Ordre du Lys, de Grand-Officier de St-Georges et de Secrétaire d'Etat, et le manteau vert d'Académicien Royal. Un volontaire pour me faire la bannière ?
Sylvain_d_aupic
Retournez-vous, Sylvain. Je ne vous ai point encore baillé congé.

Il avait espéré cette phrase, du moins, une dont le sens serait proche. La dureté des mots fût amoindrie pas le ton, qui tahissait autre chose, de même que le geste, cette croix tracée sur ce front.

Je ne jugerai pas. Vous êtes seul, Sylvain, comme tout homme, toute femme, à l'instant des choix. Comme tout homme digne de ce nom, vous prenez le chemin qui vous semble le moins mauvais. Allez, mon fils. Puisse le Très-haut protéger votre route et vous apporter Sa lumière.

Il chercha en lui la force de tourner à nouveau les talons, de repartir immédiatement, de fuir cette discussion dont il souffrait. Il n'y parvint pas.

Mère, nous ne sommes jamais vraiment seuls à décider, je le sais, tout comme vous le savez. Et pourtant, c'est à nous de faire ces choix, à nous seuls. Je voudrais tout à la fois agir selon les souhaits de notre Créateur, de mon père, de vous, ma mère, mais je ne le peux. Je dois choisir, et j'en souffre... Mais c'est une souffrance que j'accepte, car c'est moi qui fait ce choix. Je sais, enfin je crois, que vos choix sont dictés par autre chose que vos souhaits, par un modèle que l'on vous a imposé.

Sylvain essayé de contenir le tremblement de sa voix. Jamais il n'aurait cru pouvoir parler ainsi à Anne, mais il ne parvenait pas à contenir le flot de paroles qui l'envahissait.

Je sais que vous n'approuverez pas ceci, Mère, mais laissez moi simplement vous dire que je vous aime, de tout mon coeur. Tout comme j'aime Bella. Je reviendrais vers vous dès que possible. J'ai besoin de vous, Mère, non pour me dire comment agir ou me comporter, mais parce que vous serez toujours ma seule et unique mère.

Les derniers mots avaient achevé la force de Sylvain, et il était à deux doigts de s'effondrer. Il n'avait jamais osé ouvrir ainsi son coeur à sa mère, mais elle lui avait montré, avec une mesure qu'il regrettait, qu'elle aussi tenait à lui. Et il n'aurait pas pû partir sans le lui dire. Il se retourna alors et s'éloigna doucement.
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