Johannes
Dans sa gargote il aurait attendu un client, son premier client, ou sa première cliente. Oui, il s'y voit. Il est assis en face d'un grand comptoir en bois, il guette la porte et mâche une feuille de menthe pour que sa menteuse sente bon pourquoi je mâche de la menthe ? Qu'il se demande. Il ne sait pas, aujourd'hui ça lui semble naturel. Il tend un bras, le regarde tout étonné : tient, j'suis si baraque que ça maintenant ? Le blond passe une main sur sa joue, sursaute. Et rasé des poils de barbe ? Foutrecul. Et puis il baisse les billes sur ses cuisses. Par le Saint Cabochin ! C'qu'elles sont viriles ! Quelle uvre d'art ! On dirait une statue grecque, pis !, une statue barbare, elles embaument de force de... de... de force virile !
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Johannes
Oh sa Blondeur, comme elle est bonne à la Jeanne d'Arc ! Crédiou ! Il attaque ferme. C'est qu'il en a deux beaux atouts.
« Hé mignonne, tu sais qu't'as une gueule à tutoyer les anges toi ?
J'veux pas dire, mais tu m'fais d'l'effet.
J'le dis jamais d'habitude, mais là...
Franchement, t'es belle. Y a pas à chier, t'es belle.
Alors... »
Il tapote sur ses deux bonnes grosses cuisses viriles le blond, genre viens-là-t'y mon tendron.
«
on prend un verre ? »
Clin d'oeil.
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Johannes
Ouh la coquine ! Elle en veut ! T'en veux hein, d'la cuisse ?
Il lui murmure à l'oreille avec son haleine qui sent le miel et la menthe.
« Bah on pourrait prendre un verre d'ambroisie dans ton calice,
Et après j't'emmènerai voir le clair de lune sur la butte. »
Trololo, comment il lui chante des douceurs !
Il appuie le propos en faisant tournoyer un index sur une de ses cuisses : si tu savais c'qui t'attend sur la butte, c'est plutôt moi qui vais l'contempler, le clair de lune, si tu vois c'que j'veux dire. Grand sourire il savait pas qu'il pouvait sourire comme ça le blond, aussi loin jusqu'au oreilles, ça fait tout bizarre.
Il lui pointe l'index sur le petit nez à son tendron.
« T'es une petite friponne toi ? Hein qu't'es une petite friponne ? »
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Johannes
« Hé ! Sont belles hein ! C'est pas des cuisses en mousse ça ! »
Il retapote dessus, ça résonne tellement dur que les murs en tremblent. Elles sont si dures d'ailleurs, ses cuisses viriles, qu'il se demande s'il va arriver à se lever et à aligner trois pas avec autant de muscles rass... Ils sont dehors, ça y est, il est debout. Ils sont sur une butte au cur de Paris, on joue de la musique pas loin, sonnez musettes résonnez cornettes, et puis c'est beau, ils voient tout Paris jusqu'au troufion.
« Hé ma marmotte, ma plume, mon renard des landes... C't-y pas beau tout ça ? »
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Johannes
« Merci ma caille, mon nénuphar, ma cuisse. »
L'hydromel il est bon, et quand y'en a plus, y'en a encore la coupe se remplit toute seule. Ils sont assis dans l'herbe, il ne sait plus vraiment où. C'est Paris et c'est partout à la fois, ça ne le dérange pas. C'est normal. Ils sifflent leur nectar, les zyeux dans les zyeux, cuisse contre cuisse.
« Ma biche... »
Il approche son nez de viril de sa narine de gredine. Ça dure longtemps il lui semble, leur tête-à-tête, ça dure des années, et puis les coupes disparaissent, ne reste que l'herbe et le clair de lune pleine la lune, évidemment. Soudain, il est tout nu. Les voilà les cuisses !
Mais quel spectacle ! Quel panache ! Quel délié dans le muscle, quelle santé ces cuisses elles dégagent à l'endroit du crural et du couturier ! Et là le blond décroche un sourire, niais, mais niais, ça lui fait une tête de crétin qui des bois qui vient de tomber par le toit d'un bordel.
« Ma soupe d'amour... Je... Je... Oh... »
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Johannes
... vivra heureux, toi, tes cuissots virils et moi !
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAh ! »
ça résonne dans la pièce.
Ça résonne dans la rue.
Ça résonne encore dans sa tête.
Réveil en sursaut, de la sueur plein les tempes.
C'est fin de journée, la sombrante s'amène.
Combien de temps qu'il a dormi ?
Et c'était quoi ce rêve ?
Et pourquoi elle, la rude, sa Blondeur ?
Un blanc,
Un ange passe en frôlant le mur.
Le blond souffle dans l'air, ça sent pas la menthe.
Les bras sous les manches sont redevenus des bras.
Regard angoissé vers les cuisses.
« Sranje de Merdre de Bordel ! »
Ce sont juste des cuisses.
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