--Etuves_de_vesone
... sans plus attendre"
Petite minute culturelle...
Les Thermes Gallo-Romain de Vésone
Nous sommes en 200 après Jésus-Christ, la Gaule est toujours aussi occupée, mais surtout, est devenue une province romaine où fleurit bon nombre d'édifices remarquables afin de montrer aux populations gauloises tous les bienfaits de la civilisation à la romaine : Théâtres, Forum, Villa, Temples, Voies et surtout Thermes. La cité romaine de Vésone (capitale romaine de la tribu gauloise des Pétrocores) occupe alors le sud de Périgueux. Et c'est au sud-est de cette ville antique, à l'endroit où l'Isle bifurque que se trouvaient jadis les Thermes Romains.
Le bain au Moyen-âge
Ces mêmes thermes ou bains publiques, ancêtres des « étuves » qui vont se multiplier dans les villes médiévales. A l'époque, chaque quartier pouvait se doter de ses propres «étuves» car il était plus facile et moins onéreux daller sy baigner que de prendre un bain chez soi. Loin des idées préconçues du 20ème siècle, le Moyen-Âge considérait le bain comme un moment de détente, bienfaisant et purificateur, et on se lavait tous les jours.
Tous les médecins répétaient que cette pratique aidait à se conserver en bonne santé, et cela dès le 11e siècle : Aldébrandin de Sienne, dans son traité de médecine, écrit : "Li baigners en eau douce fait en étuve et en cuve, et en eau froide, fait la santé garder." Si l'eau est froide, il faut être prudent et ne pas y séjourner trop longtemps, juste le temps nécessaire pour renforcer et stimuler la chaleur interne. Mais pour nettoyer correctement le corps, seul le bain chaud peut "expulser l'ordure que la nature cache par les pertuis de la chair". Barthélemy l'Anglais, au 13e siècle, conseille, lui aussi, de se laver souvent la peau, les cheveux et la bouche. Il y a tout un environnement social qui pousse les gens, surtout en ville, à prendre soin de leur corps.
Les étuviers
Les étuviers étaient constitués en corps de métiers. Il leur incombait d'entretenir leurs étuves : dans leurs statuts, il est écrit que "les maîtres qui seront gardes du dit métier, pourront visiter et décharger les tuyaux et les conduits des étuves, et regarder si elles sont nettes, bonnes et suffisantes, pour les périls et les abreuvoirs où les eaux vont". Cet édit est très intéressant, dans la mesure où il nous prouve qu'on avait tout à fait conscience, au Moyen Age, des dangers qu'une eau polluée pouvait faire courir à la population.
Les étuves et leur gestion
Cependant, la gestion des étuves étaient très réglementée et sous contrôle du Prévôt, exemple à Paris : On ne pouvait« crier les étuves », autrement dit, on ne pouvait pas faire d'annonce publique pour telle ou telle maison tant que le jour n'était pas levé. Il était également interdit de faire fonctionner les étuves le dimanche, ni aucun autre jour de fête.
Le prix est fixé : le client devait s'acquitter du prix d'une entrée. L'utilisation des bains chauds coûtaient plus cher car ils nécessitent de grandes quantités de charbon ou de bois.
A Paris, nous savons, par l'ordonnance des métiers de 1380, que le prix du bain de vapeur est de deux deniers, celui du bain d'eau tiède de quatre deniers ; mais s'estuver et se baigner coûte huit deniers. Si deux personnes vont ensemble au bain, elles paieront douze deniers pour s'estuver et se baigner, donc moins cher. Le bain de vapeur est économique parce qu'il ne nécessite que quelques pierres placées et un seau d'eau. A cela, il faut ajouter un denier pour un drap. A titre comparatif, rappelons que, à la même époque, une grosse miche de pain se vendait un denier
On ne fait pas que s'y laver
Véritable moment de détente et de convivialité, on ne faisait pas que se laver et transpirer dans les étuves urbaines. Les étuveurs offraient aussi à manger et à boire aux baigneurs sur des planches de bois permettant ainsi de consommer tout en demeurant dans l'eau.
On a souvent affirmé que les étuves servaient de prétexte à des rencontres galantes et que jeunes gens et jeunes filles, hommes et femmes sy donnaient rendez-vous, y jouaient aux dés et y batifolaient librement. Il est certain que lexistence des règlements de police montre quil y a eu des abus. Pour les réprimer, il est décidé à la fin du XIII° siècle que les étuves pourront accueillir soit les hommes, soit les femmes, mais que les établissements mixtes sont interdits. Cela nempêche pas les étuveurs dembaucher de jeunes et jolies femmes pour masser les hommes et arranger leur chevelure On comprend donc pourquoi les étuves ont tant de succès à Paris comme dans toutes les grandes villes du royaume.
Quelques produits dhygiène
Les produits de toilette ne manquaient pas. Le savon existait. Si on n'avait pas de savon on se servait de plantes, comme la saponaire, une herbacée à fleur rose et odorante dont le suc, dissous dans l'eau, mousse. Il y avait trois sortes de savon : le gallique, le juif et le sarrasin, selon qu'il était fabriqué avec de l'huile ou de la graisse animale mélangée à de la potasse.On connaissait le savon d'Alep à base d'huile d'olive et de laurier qui était très onéreux et réservé à la noblesse.Le savon de Marseille existait depuis le XIVe s. - Plus abordable que le savon d'Alep, mais encore très cher en raison du prix de l'huile d'olive utilisée pour sa fabrication.
Sapo (savon en latin) : mélange de cendres de hêtre ou de saponaire et de suif de chèvre. Ce mélange sera affiné au fil du temps et on y verra aussi apparaitre de la soude naturelle ou des plantes maritimes.
[i]Savon tel qu'il se présentait à l'époque
C'est ainsi que Périgueux, un jour, se dota de ses étuves dans le quartier Tournepiche, rue des Nuées.
Le bâtiment en pierres appareillées se dresse de toute sa hauteur et sétire sur une bonne partie de la rue. L'édifice est plutôt austère et ne présente aucune ornementation, aucune fioriture dans l'architecture si ce n'est la coupole qui pointe au milieu des toits. Cette dernière éclairant la salle où se trouve le grand bassin d'eau tiède. Un perron surélevé de trois marches permet d'accéder aux Bains et deux hautes portes en plein cintre d'y pénétrer. Le vestibule est une pièce allongée au fond de laquelle trône un long comptoir. C'est ici qu'on vient régler le prix d'entrée, demander un drap de lin si besoin ou parfois acquérir quelques produits de toilette si on a oublié de venir avec les siens.
A droite, la porte menant aux vestiaires des dames. A gauche celui menant à ceux des hommes. On y trouve des bancs et de quoi suspendre ses vêtements. Ne cherchez pas un casier avec une clé pour le fermer, il n'y en a pas.
Les Étuves sont séparées en trois parties. A droite, le coin réservé au femmes : vestiaires, bains de vapeur, bain chaud, étuves privées. Au centre, une immense piscine d'eau tiède où hommes et femmes peuvent se détendre. À l'arrière de cette pièce, une zone est réservée aux massages et quelques autres divertissements : jeu de cartes, jeu de dés, parlotte, etc. Et encore plus au fond, l'espace privé réservé au travail des étuviers. A gauche, le coin des hommes avec la même configuration que celui des femmes. Les vestiaires s'ouvrent donc sur une pièce qui dessert toutes les autres, on peut soit rejoindre le grand bassin, soit se rendre dans les bains de vapeurs. Il faut d'ailleurs traverser les bains de vapeurs pour atteindre plusieurs pièces en enfilades dans lesquelles sont disséminés des baquets d'eau fumante de différentes tailles. Certains pouvant accueillir jusqu'à dix personnes, d'autres, petits et circulaires, une ou deux seulement. Des voiles de lin sont pendus autours de ces baquets afin de conserver une certaine intimité, bien qu'ils soient transparents. Il est possible d'obtenir l'ouverture de quelques paravents si on veut vraiment avoir la paix.
Presque partout dans l'établissement, le personnel vaque à ses occupations. Les étuviers veillent à la bonne température et à la propreté de l'eau. Quelques valets offrent à boire et quelques friandises à ceux qui le demande moyennant finance, tandis d'autres surveillent qu'il n'y aient aucun débordement. Les étuves n'étant pas un lieu de débauche ni une maison de passe. Des jeunes femmes avec un turban haussé d'un plumeau s'occupent de la partie féminine afin de respecter les murs pudiques de certaines clientes.
Petite minute culturelle...
Les Thermes Gallo-Romain de Vésone
Nous sommes en 200 après Jésus-Christ, la Gaule est toujours aussi occupée, mais surtout, est devenue une province romaine où fleurit bon nombre d'édifices remarquables afin de montrer aux populations gauloises tous les bienfaits de la civilisation à la romaine : Théâtres, Forum, Villa, Temples, Voies et surtout Thermes. La cité romaine de Vésone (capitale romaine de la tribu gauloise des Pétrocores) occupe alors le sud de Périgueux. Et c'est au sud-est de cette ville antique, à l'endroit où l'Isle bifurque que se trouvaient jadis les Thermes Romains.
Le bain au Moyen-âge
Ces mêmes thermes ou bains publiques, ancêtres des « étuves » qui vont se multiplier dans les villes médiévales. A l'époque, chaque quartier pouvait se doter de ses propres «étuves» car il était plus facile et moins onéreux daller sy baigner que de prendre un bain chez soi. Loin des idées préconçues du 20ème siècle, le Moyen-Âge considérait le bain comme un moment de détente, bienfaisant et purificateur, et on se lavait tous les jours.
Tous les médecins répétaient que cette pratique aidait à se conserver en bonne santé, et cela dès le 11e siècle : Aldébrandin de Sienne, dans son traité de médecine, écrit : "Li baigners en eau douce fait en étuve et en cuve, et en eau froide, fait la santé garder." Si l'eau est froide, il faut être prudent et ne pas y séjourner trop longtemps, juste le temps nécessaire pour renforcer et stimuler la chaleur interne. Mais pour nettoyer correctement le corps, seul le bain chaud peut "expulser l'ordure que la nature cache par les pertuis de la chair". Barthélemy l'Anglais, au 13e siècle, conseille, lui aussi, de se laver souvent la peau, les cheveux et la bouche. Il y a tout un environnement social qui pousse les gens, surtout en ville, à prendre soin de leur corps.
Les étuviers
Les étuviers étaient constitués en corps de métiers. Il leur incombait d'entretenir leurs étuves : dans leurs statuts, il est écrit que "les maîtres qui seront gardes du dit métier, pourront visiter et décharger les tuyaux et les conduits des étuves, et regarder si elles sont nettes, bonnes et suffisantes, pour les périls et les abreuvoirs où les eaux vont". Cet édit est très intéressant, dans la mesure où il nous prouve qu'on avait tout à fait conscience, au Moyen Age, des dangers qu'une eau polluée pouvait faire courir à la population.
Les étuves et leur gestion
Cependant, la gestion des étuves étaient très réglementée et sous contrôle du Prévôt, exemple à Paris : On ne pouvait« crier les étuves », autrement dit, on ne pouvait pas faire d'annonce publique pour telle ou telle maison tant que le jour n'était pas levé. Il était également interdit de faire fonctionner les étuves le dimanche, ni aucun autre jour de fête.
Le prix est fixé : le client devait s'acquitter du prix d'une entrée. L'utilisation des bains chauds coûtaient plus cher car ils nécessitent de grandes quantités de charbon ou de bois.
A Paris, nous savons, par l'ordonnance des métiers de 1380, que le prix du bain de vapeur est de deux deniers, celui du bain d'eau tiède de quatre deniers ; mais s'estuver et se baigner coûte huit deniers. Si deux personnes vont ensemble au bain, elles paieront douze deniers pour s'estuver et se baigner, donc moins cher. Le bain de vapeur est économique parce qu'il ne nécessite que quelques pierres placées et un seau d'eau. A cela, il faut ajouter un denier pour un drap. A titre comparatif, rappelons que, à la même époque, une grosse miche de pain se vendait un denier
On ne fait pas que s'y laver
Véritable moment de détente et de convivialité, on ne faisait pas que se laver et transpirer dans les étuves urbaines. Les étuveurs offraient aussi à manger et à boire aux baigneurs sur des planches de bois permettant ainsi de consommer tout en demeurant dans l'eau.
On a souvent affirmé que les étuves servaient de prétexte à des rencontres galantes et que jeunes gens et jeunes filles, hommes et femmes sy donnaient rendez-vous, y jouaient aux dés et y batifolaient librement. Il est certain que lexistence des règlements de police montre quil y a eu des abus. Pour les réprimer, il est décidé à la fin du XIII° siècle que les étuves pourront accueillir soit les hommes, soit les femmes, mais que les établissements mixtes sont interdits. Cela nempêche pas les étuveurs dembaucher de jeunes et jolies femmes pour masser les hommes et arranger leur chevelure On comprend donc pourquoi les étuves ont tant de succès à Paris comme dans toutes les grandes villes du royaume.
Quelques produits dhygiène
Les produits de toilette ne manquaient pas. Le savon existait. Si on n'avait pas de savon on se servait de plantes, comme la saponaire, une herbacée à fleur rose et odorante dont le suc, dissous dans l'eau, mousse. Il y avait trois sortes de savon : le gallique, le juif et le sarrasin, selon qu'il était fabriqué avec de l'huile ou de la graisse animale mélangée à de la potasse.On connaissait le savon d'Alep à base d'huile d'olive et de laurier qui était très onéreux et réservé à la noblesse.Le savon de Marseille existait depuis le XIVe s. - Plus abordable que le savon d'Alep, mais encore très cher en raison du prix de l'huile d'olive utilisée pour sa fabrication.
Sapo (savon en latin) : mélange de cendres de hêtre ou de saponaire et de suif de chèvre. Ce mélange sera affiné au fil du temps et on y verra aussi apparaitre de la soude naturelle ou des plantes maritimes.
[i]Savon tel qu'il se présentait à l'époque
C'est ainsi que Périgueux, un jour, se dota de ses étuves dans le quartier Tournepiche, rue des Nuées.
Le bâtiment en pierres appareillées se dresse de toute sa hauteur et sétire sur une bonne partie de la rue. L'édifice est plutôt austère et ne présente aucune ornementation, aucune fioriture dans l'architecture si ce n'est la coupole qui pointe au milieu des toits. Cette dernière éclairant la salle où se trouve le grand bassin d'eau tiède. Un perron surélevé de trois marches permet d'accéder aux Bains et deux hautes portes en plein cintre d'y pénétrer. Le vestibule est une pièce allongée au fond de laquelle trône un long comptoir. C'est ici qu'on vient régler le prix d'entrée, demander un drap de lin si besoin ou parfois acquérir quelques produits de toilette si on a oublié de venir avec les siens.
A droite, la porte menant aux vestiaires des dames. A gauche celui menant à ceux des hommes. On y trouve des bancs et de quoi suspendre ses vêtements. Ne cherchez pas un casier avec une clé pour le fermer, il n'y en a pas.
Les Étuves sont séparées en trois parties. A droite, le coin réservé au femmes : vestiaires, bains de vapeur, bain chaud, étuves privées. Au centre, une immense piscine d'eau tiède où hommes et femmes peuvent se détendre. À l'arrière de cette pièce, une zone est réservée aux massages et quelques autres divertissements : jeu de cartes, jeu de dés, parlotte, etc. Et encore plus au fond, l'espace privé réservé au travail des étuviers. A gauche, le coin des hommes avec la même configuration que celui des femmes. Les vestiaires s'ouvrent donc sur une pièce qui dessert toutes les autres, on peut soit rejoindre le grand bassin, soit se rendre dans les bains de vapeurs. Il faut d'ailleurs traverser les bains de vapeurs pour atteindre plusieurs pièces en enfilades dans lesquelles sont disséminés des baquets d'eau fumante de différentes tailles. Certains pouvant accueillir jusqu'à dix personnes, d'autres, petits et circulaires, une ou deux seulement. Des voiles de lin sont pendus autours de ces baquets afin de conserver une certaine intimité, bien qu'ils soient transparents. Il est possible d'obtenir l'ouverture de quelques paravents si on veut vraiment avoir la paix.
Presque partout dans l'établissement, le personnel vaque à ses occupations. Les étuviers veillent à la bonne température et à la propreté de l'eau. Quelques valets offrent à boire et quelques friandises à ceux qui le demande moyennant finance, tandis d'autres surveillent qu'il n'y aient aucun débordement. Les étuves n'étant pas un lieu de débauche ni une maison de passe. Des jeunes femmes avec un turban haussé d'un plumeau s'occupent de la partie féminine afin de respecter les murs pudiques de certaines clientes.
Citation:
ÉTUVES DE VESONE
Bain tiède : 4 deniers
Bain de vapeur : 2 deniers
Bain chaud : 6 deniers
Baigner et estuver : 10 deniers
(pour deux personnes) : 15 deniers
***
Drap de lin : 1 denier
***
Savon d'Alep
Savon de Marseille
Huile parfumée (rose fleurs d'orangée jasmin)
(Comme dans tous les bonnes échoppes, les prix des produits extrêmement onéreux ne sont pas affichés. Ils ne sont accessibles qu'aux nobles ou aux bourgeois fortunés.)
Sapo (savon ordinaire) : 10 écus
Jus de Saponaire : 2 deniers
Jus de Bette (anti-pelliculaire) : 2 deniers
Mixture à base de feuille de chêne ou de noyer : 4 deniers
ÉTUVES DE VESONE
Bain tiède : 4 deniers
Bain de vapeur : 2 deniers
Bain chaud : 6 deniers
Baigner et estuver : 10 deniers
(pour deux personnes) : 15 deniers
***
Drap de lin : 1 denier
***
Savon d'Alep
Savon de Marseille
Huile parfumée (rose fleurs d'orangée jasmin)
(Comme dans tous les bonnes échoppes, les prix des produits extrêmement onéreux ne sont pas affichés. Ils ne sont accessibles qu'aux nobles ou aux bourgeois fortunés.)
Sapo (savon ordinaire) : 10 écus
Jus de Saponaire : 2 deniers
Jus de Bette (anti-pelliculaire) : 2 deniers
Mixture à base de feuille de chêne ou de noyer : 4 deniers