Asceline
Chers habitants, malheureux voyageurs de passage dans la ville de Chambéry, cette douce mélodie na pas pu non plus vous laisser indifférents. Nhésitez pas à réagir. Surtout réagissez !
Un soir de semaine. Dune part, le silence dune ville endormie. Dautre part, la voix fluette dune gamine. De part et dautre, des villageois mécontents tentant vainement de faire taire le chant de loisive demoiselle. Aucun seau deau ni de pisse dailleurs- ne décourageait la joyeuse pinselle* qui virevoltant de dextre en sinistre, de devant en arrière, échappait avec la volupté dun félin à la douche déplaisante qui devait la surprendre. Grâce Divine ! Disgrâce féline ! Car si les habitants étaient si prompts à vouloir mettre un terme à pareil concert, cest sans doute que sa voix rappelait, sans équivoque, celle de la bête proprement dite. Pas nimporte laquelle, celle qui un soir de printemps, hurlait avec conviction sa volonté féline de trouver un mâle sur un toit brulant.
Il serait utile de préciser ici que ce nétait pas du tout le but de lexercice pour la cantatrice sus cité. Suscitant ses cordes vocales sans le moindre ménagement, elle chantait pour ceux qui étaient loin de chez eux doù la nécessité demployer un volume aussi élevé.
« Petit oiseau si tu nas pas dailes
Tu ne peux pas voler.
Tu peux pas voler. Non, non, non !
Petit oiseau si tu nas pas dailes,
Tu peux marcher.
Tu peux marcher. Hey, Hey, hey ! »**
Quimporte leau et les noms doiseau tombant en fine pluie et accompagnant les churs de chiens. Quimporte que ses guenilles soient trempées à en noyer ses os. Qu'importe qu'on se batte comme chien et chat, tant qu'on joue encore au chat et à la souris. Le gai pinson se contentait davancer en riant puisque la pisse de crado natteint pas la douce hécatombe. Ses pieds nus continuaient à fouler le sol, sa voix continuait à faire trembler le ciel.
Arrêtons-nous un instant sur les raisons de pareille hilarité. Ou plutôt non
*Comprenez, la femelle du pinson. Nous sommes daccord, ça nexiste pas. Je tiens à mexcuser au près de lacadémie française et de tous ceux que cette formulation a pu choquer de façon directe, indirecte ou pas.
**"Petit oiseau" de et par Gad Elmaleh! Merci à lui de me prêter son tallent pour ce petit Rp.