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[RP] Le baiser de la Princesse

Briana.
[Domaine de la Haye-du Puits - Dans ses jardins ]


Ah les beaux jours ! Le soleil resplendissait dans un azur sans nuages et seule une brise légère, balayant poussière et pétales, venait doucement caresser le visage des enfants de Courcy.

L'heure était à l'amusement et quoi de mieux que de se retrouver dehors par ce temps si radieux ? La nature avait pour elle d'être un formidable terrain de jeu.
Briana avait abandonné Eléanore, sa poupée, pour quelques heures, s'adonnant au jeu d'osselets.
Assise sur le perron du château, les petites mains agiles lançaient en l'air un de ses osselets, façonnés dans le métal, cherchant aussitôt en ramasser un autre resté posé à terre avant de tenter rattraper celui qui retombait. Chaque coup valait son lot de victoire ou d'échec.
Vite lassée, elle laissa retomber les pièces métalliques sur le sol, porta regard autour d'elle avec l'idée de trouver de quoi s'occuper. Mais voilà qu'elle ne trouva rien d'autre à faire, si ce n'est que de poser son regard sur son frère et de l'interpeller.



-Erwan ?! Tu veux pas viendre zouer avec moi dis ? Z'm'ennuie!

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      Parce que ma vie à moi est faites de rêves, j'ai décidé de faire de tous mes rêves une réalité.
      " Ne rêves pas ta vie, mais vis tes rêves "... avec une pensée pour Lui
Erwan.
Ca y est. Enfin! Il faisait beau. J’étais presqu’aussi content que quand tout le monde était revenu et que la maison s’était remise à bruisser, de tous ces murmures, frémissements, bourdonnements et autre froissements qui montraient que la maison était de nouveau vivante.

Et bien là c’était la nature qui revivait de cette façon là.

Je m’étais allongé dans l’herbe, yeux clos, mains croisés sous la tête, soleil me réchauffant doucement. Le bonheur intégral. Bon je sais quand je suis calme comme ça, je sens presque toujours sur moi le regard dubitatif et méfiant d’un grand qui se demande ce que je mijote. Et quoi ? J’ai pas le droit d’être là simplement, sans avoir aucune idée derrière la tête ? Parce que c’est le cas hein ? Rien que du bonheur. Et du vrai là, parce qu’aucun adulte, dans le coin.

Sauf que tout à coup :


-Erwan ?! Tu veux pas viendre zouer avec moi dis ? Z'm'ennuie!

M’aurait étonné ça. Peux jamais être tranquille. Ben quoi encore!!! Il fait beau, le soleil brille, les oiseaux chantent, les grillons cricrittent, le ruisseau glougloute. Je l’embête pas. Et elle est encore pas contente. Lui ont pas appris à profiter de la vie les Saipluriens ?

Je tournai la tête vers ma sœur.

Bah elle a un jeu d’osselet. Devrait pas s’ennuyer alors. Je m’ennuie jamais, moi. Enfin presque jamais. Sauf dans les cérémonies officielles, mais même les grands y s’ennuient dans ces trucs là. Y croient qu’on les voit pas parce qu’on est pas à leur hauteur, mais quand on essaie de bailler discrètement ça se voit. Même si on ouvre pas la bouche en grand.

J’essaie de retourner à mon som… euh ma méditation, mais peine perdue. Elle m’a déconcentré. Quoi? Bien entendu faut être concentré pour profiter pleinement! Comme si vous l'saviez pas.

Bon! Va falloir que je trouve une idée d’occupation, parce que je la connais ma soeurette. Va pas me lâcher maintenant qu’elle a trouvé une cible à son ennui.

Mon cerveau tourne à plein régime. Et tout à coup, idée de génie. Je me relève d’un bond. Je suis très fort pour me lever d’un bond. Je tends la main à Briana pour l’aider à se lever. Parce qu’elle, elle est pas très forte pour se lever d’un seule coup. Normal c’est une fille. Bon d’accord faut dire que les grande jupes, ça aide pas à la souplesse.

J’ai une idée. Mais ça risque d’être salissant alors faudrait qu’t’aille te changer avant, passque sinon Manou, elle risque d’être pas contente. Mets un vieux truc.

Et te fait pas choper par Carenza hein ? Sinon elle risque de pas nous laisser tranquilles.

Je t’attends là.

Briana.
Dis oui ! Dis oui ! Dis oui !
Voilà ce qui se laissait entendre dans l'intime des pensées de la petite chose. D'ordinaire plus expressive, elle s'était contenue cette fois-ci, car loin d'elle d'avoir l'envie d'attirer sur sa personne les foudres du Cousin Osfrid qui n'aurait surement pas manqué y aller de son intervention.
C'est qu'il avait le don du reproche celui-là.

"Ne faites pas ci ! "
"Et quelle mauvaise manières vous avez ! "
" On croirait entendre votre mère ! Telle mère, telle fille !"

Et patati et patata...
Cette fois, foy de elle, elle ne lui laisserait pas ce plaisir de les dénigrer encore une fois.
Elle attendit donc sagement que lui vienne la réponse d'Erwan. Réponse qui fut sans grande surprise, car elle le savait bien, rares étaient les occasions ou il refusait acquiescer à ses demandes.

Une main logée dans celle de son frère, elle s'était rapidement levée avec son aide et après avoir prit connaissance de l'idée avec toute l'attention requise, l'avait abandonné, se faufilant ni vu, ni connu dans leur demeure. Elle s'assure qu'à chaque couloir traversé personne du personnel ne la suit. Là une porte entrouverte lui fait ralentir la cadence de ses pas. Le petit corps se penche et vient s'enquérir de qui se trouve là. Carenza. Et comme si celle ci avait des yeux derrière la tête, la voilà qui se retourne, portant sur la frimousse qui se fait angélique un regard inquisiteur.


- Tout va bien Mademoiselle ?
-" Oui ! Oui !", s'empressait-elle de répondre alors activant vivement sa tête en grands hochements.
-" Je vais Ssersser Eléanore et m'en vais aller la promener ! Il fait si beau dehors..."
- Très bien ! Mais ne vous éloignez pas trop ! Je vous suggère rester non loin d'Erwan. Il saura veiller.

Tête qui acquiesce aux recommandations. Si elle savait. Pour sûr qu'elle compte rester au côté de son frère. Même qu'elle compte le suivre de très près.
Et la voilà qui file de nouveau vers sa suite où elle s'empare de sa poupée et d'un petit cabas, et se rut au rez-de-chaussée, dans cette pièce où sont entreposés tout un tas de vieilleries, dont les coffres contenant un amas de vieux vêtements qui sont soit trop petits ou qui ne sont désormais plus au goût du jour et dont la famille fait don aux orphelinats. A l'un des coffres, elle arrache une vielle paire de bas, un vieux jupons et une robe qu'on ne lui passe plus depuis fort longtemps et fourre le tout dans son cabas. Elle n'oublie pas non plus son frère pour qui elle emporte vieilles braies et chemise.
Contente de ne pas s'être faite attraper jusque là, elle se réjouit de voir non loin la porte ouverte sur la sortie. Mais restait encore à passer inaperçue près de Carenza. Et comment faire pour qu'elle ne se doute de rien ? Et bien faire comme si de rien n'était pardi !

L'air d'une comptine vient accompagner ses pas qui vont en sautillant au travers le couloirs de la demeure, elle passe devant la porte mirant du coin de l'oeil la silhouette de Carenza qui cette fois ne se retourne pas. Pas de voix qui l'interpelle non plus. Ne lui reste que quelques pas avant de rejoindre les extérieurs et de se retrouver près de son frère et de lui dire tout bas, pour ne pas éveiller les soupçons du jardinier qui entre temps à fait son apparition.



- " Ca y'est ! Z'ai tout qu'est ce que tu m'as dis dans mon sac. Tout plein des vieux habits. Même que z'en ai pris pour toi. Et maintenant... On fait quoi ?!"

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      Parce que ma vie à moi est faites de rêves, j'ai décidé de faire de tous mes rêves une réalité.
      " Ne rêves pas ta vie, mais vis tes rêves "... avec une pensée pour Lui
Erwan.
Je sais pas si c’est le fait de rêvasser, ou si c’est passque ma sœur s’améliore, mais elle était revenue presque plus vite qu’elle était partie.

Et elle avait un sac plein. Et pas l’air de s’être fait attrapée par Carenza. Bon ! Conclusion s’impose, elle s’améliore. Ce qui exclut pas que le fait de rêvasser accélère le temps, mais je me pencherai là-dessus une autre fois.

D’abord je l’entrainais vers l’écurie, où elle devrait pouvoir se changer à l’abri des regards du jardinier et de tous les autres grands à qui il pourrait prendre l’envie soudaine de trainer par là. De toute façon, j’avais aucune mauvaise intention. Donc pas la moindre raison que leurs détecteurs à bêtises se mettent en route. Mais des fois, même quand on est innocent, ils vous regardent comme si on l’était pas. Donc la prudence s’imposait.


Arrivés dans le fond de l’écurie, ma sœur m’avait tendu des vieux vêtements à moi aussi. Vraiment, je vais peut-être finir par en faire quelque chose de ma petite sœur. Elle commence à penser comme moi. Je lui adressai un grand sourire approbateur. Non pas que j’ai eu besoin de me changer, vu que moi les jours normaux, je m’habille pas vraiment comme un prince un jour de bal, enfin vous voyez ce que je veux dire. Mais mettre des encore plus vieilles frusques pouvait pas faire de mal non plus.

Une fois changés (là, faut bien l’avouer, ma sœur avait encore des progrès à faire question rapidité, mais on peut pas tout améliorer en même temps), je l’entrainais vers l’arrière du jardin, le côté qui donnait sur la forêt. Il y avait une percée dans les buissons par laquelle je passais très souvent. D’ailleurs la preuve, c’est que de l’autre côté, mes passages répétés avaient dessiné comme une espèce de sentier dans la végétation. Mais personne d’autre venait jamais par là. Enfin je crois pas. C’était mon secret à moi. Il y avait plein de choses passionnantes là derrière. Elle avait pas idée. Je l’emmènerais peut être d’autres fois voir le reste. Dépend de comment elle allait réagir aujourd’hui.

Mais pour l’instant, direction la mare du sorcier. Bon je sais pas si elle s’appelle comme ça en vrai, mais c’est comme ça que je l’appelle moi. Parce qu’il y a un vieil arbre mort sur le bord, que quand on le regarde d’un certain côté, on dirait un vieux bonhomme tout tordu avec un nez crochu et un chapeau pointu.

Je regardais ma petite sœur d’un air hyper sérieux, que j’avais emprunté à Carenza (je suis pas sûr d’y arriver aussi bien qu’elle, mais même si c’est seulement à moitié ça doit déjà être impressionnant).

Maintenant Briana, suis moi en faisant le moins de bruit possible.
Briana.
Elle avait troqué ses beaux habits contre les vieilles frusques tirées d’un vieux coffre. Les vêtements habituels avaient été dissimulés derrière un gigantesque tas de paille entreposé dans le fond de l’écurie et la petite chose, qui avait fait aussi vite qu’elle l’avait pu, ( après s’être emmêlé les jambes, les bras. Avoir culbuté deux ou trois fois ) avait rejoint son frère, souriante, son petit cœur trépignant d’impatience.


-"Ca y’est ! Z’suis prête !"



Lui restait encore quelques morceaux de paille dans les cheveux, preuve d’un combat éprouvant. C’est que mine de rien, d’avoir eu à s’habiller seule sans l’aide habituelle de Carenza, fut une véritable performance sportive.

Mais pas le temps de savourer la pause que déjà Erwan la tirait d’une main entraînante vers le sous bois qui bordait le domaine. Elle ne perdait pas de vue le chemin qu’ils empruntaient, prenant connaissance des moindres détails de ce passage qui ne lui était pas du tout familier. Arbres, bosquets… Chaque image venait prendre marque dans l’esprit de Briana. La prochaine fois, c’est sûr, elle saurait venir seule. Ce qu’elle aimait que son frère lui dévoile ses petits secrets afin que par la suite, elle puisse à elle seule en profiter.


La course devient folle et même si le chemin est marqué par les passages répétitifs de son aîné, les ronces et autres herbes mauvaises n’ont pas finie de repousser. La forêt avait ce quelque chose de magique et de tout aussi terrifiant à ses yeux d’enfant. Tous ses sens étaient en éveil et la petite main se resserrait, inconsciemment, sur celle d’Erwan tandis qu’à deux, ils continuaient de s’enfoncer dans un monde tout en nuances. Resserrer le lien protecteur qui passait par la jonction de leur main. Ne pas avoir à se perdre dans ce monde semé d’embûche qu’elle ne connait pas.
Puis leurs foulées ralentissent et avec elle les ronces qui cherchent à s’accrocher à leurs bas, comme si la forêt se voulait de les faire prisonnier de ses sols. Ronces épineuses qui accrochent, qui arrachent, et qui laissent s’étaler quelques goutes de ce liquide vital qui coule dans les veines et qui réchauffent les corps.
Elle pourrait crier, se laissant aller à la peur qui la gagne, mais elle n’ose pas. Pour ne pas éveiller les grosses bêtes qui hantent, tant son imaginaire que la forêt, et ne pas, surtout pas, faire de bruit. Comme le lui avait demandé Erwan.

Mais pourquoi ? Qu’y avait-il dans cet endroit pour qu’ils se doivent d’être si discret ? Le petit ventre se tordait et le cœur battait à tout va entre palpitation et angoisse. Droit devant de l’eau qui s’étendait en une petite mare. Et tout autour d’eux, des arbres à perte de vue. Azurites qui se posent sur son frère et main qui se resserre.


-"Erwan ! C’est pourquoi qu’on est là ? Et pourquoi qu’il faut pas faire de bruit ? Y a quelqu’un qui se cache ici ? "
Erwan.
Il y avait quelque chose qu’elle comprenait pas dans « en silence » ?

Chut, pas si fort !

Je lui désignais le vieil arbre mort qui veillait sur la mare.

Faudrait pas le réveiller lui. C’est un affreux sorcier. Tu sais, un de ceux qui transforment les gens en toutes sortes d’animaux. Comme dans les histoires de Carenza. Tant qu’il dort tout va bien.

Je voyais qu’elle jetait des coups d’œil effrayés vers le vieux tronc. Vu d’ici, c’est vrai qu’il avait vraiment quelque chose d’un peu menaçant. Les branches mortes sur les côtés lui faisaient comme une sorte de tignasse hirsute qui dépassait de sous le haut du tronc mort qui s’était cassé en pointe. Il avait l’air de surveiller le sentier par lequel nous étions arrivés. Il y avait 2 trous (l’un un peu plus haut que l’autre) de part et d’autre de la branche qui faisait comme un nez crochu, et qui ressemblaient à des yeux noirs. Et quand on bougeait, on avait presque l’impression que son regard vous suivait.

T’inquiètes quand même pas trop. Je crois qu’il est dans cet état passqu’il est tombé sur plus fort que lui. Et surement plus gentil. Il a été puni de toutes ses mauvaises actions. Et pis tu sais bien que je te protège.

Je tirais sur sa main pour l’entraîner de l’autre côté de la mare.

Tu vois, de là, il peut plus nous voir. Mais il pourrait toujours nous entendre. Donc parle tout bas si tu veux dire quelque chose.

Je l’entrainais vers un carré d’herbe épaisse qui descendait en pente douce vers l’eau. Je m’allongeais sur le ventre de façon à pouvoir bien observer l'eau et tout ce qu'il y avait autour.

Fais comme moi et essaie de pas trop bouger. Et de pas trop parler non plus.

Notre arrivée avait un peu perturbé la vie grouillante de la mare. Il n’y avait plus un bruit. Mais je savais que quelques instants de silence et tout reprendrait comme si de rien n’était.

A condition que ma sœur parvienne à se taire suffisamment longtemps. Pour l’instant, le sorcier avait l’air de lui avoir coupé la chique, comme j’avais entendu quelqu’un dire en taverne, mais je savais que ça ne durerait pas longtemps.

J’adorais passer des heures ici à regarder tous les animaux qui y vivaient. En ce beau jour du printemps, il y avait des iris d’eau d’un magnifique jaune vif, il y avait aussi des fleurs sur les nénuphars. Et des fleurs violettes dont je connaissais pas le nom. Et pis les roseaux, moi je trouvais ça super joli. Je désignais tout ça à ma sœur.


Tu vois comme c’est beau ?

Et puis y a les libellules de toutes les couleurs qui ont commencé à se remettre à voleter partout. Y en a une d’un bleu magnifique qui s’est posée sur une feuille de roseau juste devant ma sœur.
Je lui montrais les insectes qui courraient à la surface de l’eau. Ca m’avait toujours épaté. Comment ils faisaient ça ?


Et puis les grenouilles se sont remises à chanter.
Briana.
Parler tout bas. Qu'y avait-il de compliquer à ça ? Manifestement pas grand chose. Sauf que pour Briana, la chose ne s'avérait pas aussi simple. Mais après quelques nouvelles recommandations de la part de son frère, un signe d'acquiescement et une main plaquée devant sa bouche pour la tenir scellée, elle s'efforçait de tenir le silence. Mais s'était loin d'être évident, surtout lorsqu'elle se prenait d'une envie de poser des questions sur telles ou telles fleurs qu'elle découvrait pour la toute première fois, sur un bruit venu du fin fond des bois...
Pas évident, mais elle n'ouvrait pas la bouche pour autant, réservant sa salve de questions pour plus tard. Et tant pis pour Erwan qui s'en verrait cribler.

Silence... Seuls les bruits environnants que leur livrait la forêt s'insinuaient en ses esgourdes tandis qu'elle restait bien tapis dans l'herbe, au côtés de son frère, mirant ça et là la vie qui s'animait de nouveau tout autour d'eux et ne manquant pas de s'assurer que le vilain " sorcier de la Forêt" n'était pas là de venir les attraper.

Chaque coup d'oeil porté sur l'arbre valait de la faire frissonner et l'obligeait à détourner les yeux qu'elle venait sitôt poser sur une araignée d'eau, un roseau... Tout de lui faisait peur : sa silhouette tortueuse, le bruissement du vent passant entre ses branches et là de les faire craquer... et tout était bon pour ne plus songer à l'Abominable.
Le chant des oiseaux avait don de l’apaiser, puis s’en vint le coassement des grenouilles. Un regard tourné vers son frère, pas la peine pour elle de parler. Un simple regard plongé dans le sien pour comprendre ce à quoi ils pourraient bien s’adonner.

Et si ils s’en allait à la chasse ? Chasser la plus grosse grenouille qui soit. Le plus gros crapaud…
Sans attendre, ni même que son frère n’ajoute mots ou ne prenne les devant, elle trottina jusqu’au bord de la mare, là où quelque branches broussailleuses s’aventuraient au dessus l’eau. Guidée par la provenance des coassements, Briana se figea avant de faire signe à Erwan pour qu'il la rejoigne. Là, couchée dans les herbes hautes, elle fit signe à son frère d'en faire autant et désigna du doigt l'animal que ses azurs venaient de découvrir : un énorme crapaud, à l'iris colorée de jaune et d'orange, trapu et court sur pattes avec sur son dos tout un tas de pustules.
Qu'il était moche à regarder et pourtant les petits yeux de la Blondie ne pouvaient s'en détacher. Elle songeait en même temps que de l'observer, le détaillant minutieusement, à toutes ces histoires qu'avait bien pu lui conter Carenza. Celles narrant que derrière tous Crapaud pouvait être caché un Prince Charmant. Et curiosité poussant à la question, elle fut énoncée tout bas :


" Dis Erwan ? Tu crois que ça n'est un Prince et que ton arbre sorcier il l'a cransformé ?"
Erwan.
Eh ben, j’étais épaté ! Ma sœur avait réussi à se taire. Vu les regards qu’elle jetait sur le vieux sorcier figé c’était peut-être plus parce qu’elle le redoutait, que parce que je le lui avais demandé, qu’elle se taisait.

Et tout à coup voilà qu’elle se lève pour aller courir presque jusqu’au bord de la mare. Et s’allonger juste au bord de l’eau. Heureusement que je l’avais fait se changer. Passqu’elle aurait été propre sinon. Et pis à tous les coups c’est encore moi qui me serais fait enguirlandé, alors que là hein j’y était vraiment pour rien.

Les grenouilles s’étaient à nouveau tues. J’avais aussi entendu quelques ploufs. Pas folles les bêtes ! Elles étaient allées se mettre à l’abri dans les roseaux. Faut dire qu’une Briana qui courre, même sans parler, ce n’est pas très discret. Je poussais un léger soupir et me levais pour la rejoindre.

A peine allongé, elle me désigna un point à quelques dizaines de centimètres de son nez. Magnifique crapaud. D’une taille assez impressionnante. Vraiment très joli.
Et voilà que ma sœur me pose une question totalement inattendue.
" Dis Erwan ? Tu crois que ça n'est un Prince et que ton arbre sorcier il l'a cransformé ?"

Arf ça, faut dire que j’y aurais jamais pensé. Un prince ? Fallait déjà qu’il soit venu se balader par là. Et qu’il ait fait une grave connerie pour que le sorcier lui fasse ça. Quoique ! Les sorciers c’est pas des gens comme nous, hein ? Ils font des fois des trucs que personne d’autre y feraient. Y a des tas d’histoires qui racontent les trucs pas sympas qu’ils font, les méchants sorciers. Et c’est vrai qu’ils sont connus pour changer les gens en crapaud. Ou pour faire cracher des crapauds aux gens. Y a plein d’histoires entre les sorciers et les crapauds. Et Briana elle les connait vachement mieux que moi.

Je regardais attentivement l’animal. C’est vrai qu’il était beau. Le prince des crapauds, c’était bien possible. Je lui fis un clin d’œil. Et… il m’a répondu par un clin d’œil aussi.

Regarde Briana il nous a fait un clin d’œil. Tu dois avoir raison. Mais le problème c’est qu’on a pas de princesse sous la main. Pour qu’elle l’embrasse pour le délivrer. Passqu’il faut bien un princesse pour ça.

Je réfléchis un moment. Bon ma sœur, c’est pas une princesse. Mais elle croit qu’elle en est une. Alors p’t’être que ça marcherait quand même.

Je me levais d’un bond et sautais sur l’animal. Il essaya bien de se barrer mais j’ai été plus rapide que lui. Heureusement que les crapauds, ils nagent pas comme les grenouilles, sinon je sais pas comment j’aurais fait pour l’attraper. Par contre, il me vint comme un léger doute. Si c’était un prince, il aurait pas dû essayer de se tailler si ?

Enfin pas grave, je l’avais chopé. Je le tendis à ma sœur en lui disant:


Briana, faut que tu l’embrasses. Si c’est un prince, ça devrait le délivrer du mauvais sort.

Bon je lui dis pas que ça marcherait sûrement pas, vu qu’elle était pas une princesse, sinon elle était cap de pas l’embrasser. On verrait bien après, si ça marchait pas.
Briana.
La vie comme dans un conte de fée


Des histoires, elle en avait entendu bon nombre, surtout de la part de Carenza, qui chaque soir, prenait soin de lui en conter une afin qu'elle puisse plus aisément trouver le sommeil.
Et la proposition d'Erwan que de venir embrasser l'animal vint la laisser à penser que peut-être, il y avait une part de vérité dans tout ce que sa Nourrice avait pu lui narrer.

Naïveté enfantine ou il fait bon croire tout ce que l'on est là d'entendre, surtout lorsque le merveilleux s'en mêle. C'est que la "Princesse" aimait à se plonger dans un monde... Son monde... fait de rêves, de peurs et de magie. Un monde privé où se cacher, éviter qu'on ne devine ses moments de peine qui parfois venaient la visiter. Un monde, qui lorsqu'elle s'y trouvait enfermer, l'aidait à se protéger, à devenir plus forte.

Les yeux bleus plongés dans ceux de son frère, Briana s'en détourna pour venir fixer le crapaud dont la peau semblait reluire d'une espèce de sécrétion.
Un instant elle offrit une main tendue, prête à se saisir de l'animal quand elle eut un geste de retenu... Comme si de le toucher allait la brûler. N'était-ce pas une drôle d'idée que devoir embrasser un crapaud ? Et n'était-ce pas complètement bête de se laisser persuader qu'un prince se pouvait de se cacher sous pareille laideur ?
Surement que si, mais à 5 ans ! On était loin de se poser ce genre de question. Loin de deviner que son frère était en train de profiter de son ignorance.

Le temps de l'hésitation et le Crapaud qui avait lâché un coassement lui était directement avancé sous le nez. Sans doute qu'Erwan devait craindre que l'animal ne lui glisse des mains et ne trouve le moyen de s'enfuir.
Mais hors de question pour la petite "Princesse" de le laisser partir sans même avoir tenté de le sauver et de rendre au Prince charmant sa véritable apparence.

D'un petit pas placé en avant, la bouche en coeur, yeux clos aussi fort qu'elle le put, elle prit une profonde inspiration, ses poumons se gorgeant d'air,comme pour se donner un élan de courage et d'un coup vint livrer baiser au crapaud avant que d'un geste écoeurée elle ne se mette à s'essuyer la bouche avec l'étoffe dans laquelle ses vieux vêtements avaient été taillés.

Et maintenant ? Elle attendait de le voir se transformer l'animal... Mais rien ne semblait venir. Pas un bruit, rien qu'un rire qui doucement s'élevait. Un rire qu'Erwan ne savait visiblement plus contenir.
Briana venait de comprendre qu'elle s'était fait duper.

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