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Journal d'une jeune femme brune un peu décalée, un peu à l'ouest et très expansive.

[RP]Journal d'une lanterne

--Laughtia


« J’ai le nom qui rit, et moi je ris des fleurs parce qu’elles se pensent belles alors qu’en fait elles font peur. »
Laughtia Anne Fréquent, printemps 1457.


= L’affaire du Sorcier de Sémur, plus sombre encore que ma future sépulture =



Chère journale,

Tu es une fille. Vincent t’as offert à moi, quelle délicate idée, je vais pouvoir te recouvrir de l’encre de mes pensées, de mon souffle de vie, de mes éternités, de maux en mots, de couleurs arc-en-ciel et d’éclats sans pareil. Je sais dessiner tu sais. Tu t’appelleras Julia. Et tu auras 34 ans. Oh, dis ! Tu es plus vieille que moi et je suis plus jolie, mais je ne te juges pas ma Julia, ne t’en fais donc pas.

Je commencerais par te raconter l’histoire d’un sorcier, celui que j’ai rencontré à Sémur. Il était très étrange Julia, il m’a fait peur. Heureusement que Vincent était là pour veiller sur moi. Papa dit qu’il est amoureux de moi, mais ce n’est pas vrai, parce que sinon il aurait les yeux qui brillent quand il me regarde. Or Vincent n’a pas les yeux qui brillent, sauf lorsqu’il épluche un oignon. C’est parce qu’ils sont méchants, les oignons. La méchanceté ça fait pleurer Vincent on dirait. Pourtant ce n’est plus un bébé. Les hommes doivent montrer l’exemple mais souvent ils oublient, c’est bizarre n’est-ce pas ?

J’étais à Sémur dans une taverne. Je crois que c’était la taverne municipale parce qu’elle était propre et qu’elle ne sentait pas mauvais. J’avais même le droit de m’asseoir sur le fauteuil confortable. Je parlais avec Vincent de cette ravissante coccinelle qui s’était posée sur mon doigt une heure plus tôt quand un hurluberlu est arrivé. Tu l’aurais vu Julia… Rien que sa tenue ne présageait rien de bon. Il ne portait pas de braies, juste des bas jaunes pipis et une chemise bleu criard le tout accompagné de chausses d’un violet douteux. Tu l’auras compris le vêtement était d’une qualité médiocre mais cet assemblage de couleur était un véritable affront !

D’emblée donc, il me sembla étrange. Mais le pire était à venir. Alors que j’interrompais ma conversation afin de le saluer poliment il sortit ! En claquant la porte de surcroit ! Quel mufle ! Il revint quelques instants plus tard en s’excusant d’avoir glissé. Glissé, glissé, mon œil ! Il était sorti ! Il finit par se présenter, dans un sursaut réminiscent des bonnes manières. Son nom était des plus étranges… Jéjé Sept huit quarante neuf trois A. Comment diable des parents peuvent-ils appeler leur enfant ainsi ? C’est à n’y rien comprendre. Mais alors que je m’apprêtais à compatir, il se mit à déblatérer sans fin sur ma vie. Comment aurait-il pu deviner mon nom, ma ville d’origine, mon âge, mon plat préféré et la dernière date de mes menstrues ? Je ne sais pas. Mais il l’a fait. Je lui ai promis la potence pour pacte avec le Sans-Nom. Mais il s’est alors mis à invoquer une mésange, via une formule magique que je ne pourrais fidèlement retranscrire et puis… Il est parti !

Je crois que je vais mettre des affiches offrant récompense pour sa capture. En plus vu mon don pour le dessin ils le reconnaitront rapidement. Il paraît que les bûchers c'est joli, et que ça donne faim parce que ça sent le cochon grillé. Je crois que j’en ferais une esquisse ici pour que tu puisses voir son immonde tête de gueux, ma Julia. Demain Vincent m’emmène à Paris. J’ai tellement hâte d’y être. Il paraît que les papillons côtoient les bouses de calèches là-bas. J’espère ne pas marcher dedans. Et que la route ne sera pas trop longue. Vincent dit que je n’ai pas assez de mémoire pour me rappeler du temps que prendra la route, qu’au fil du chemin j’oublierais que je m’ennuie. Tu crois que c’est possible ça, Julia ? Oublier que l’on s’ennuie ? J’ai l’impression que si je m’arrête je meurs. L’ennui c’est la mort ? C’est vrai qu’on dit mortellement ennuyeux. Je te laisse ma Julia, Vincent me fait de grands signes mais je ne comprends pas ce qu’il crie. Peut-être m’a-t-il trouvé une marguerite ?

A bientôt.

Laughtia


--Laughtia

« Toi qui avance, là, ne recule pas. Tu risques d’attraper froid et d’avoir un goût rance. »
Laughtia Anne Fréquent, printemps 1460.

= Paris ville lumière éphémère =



Chère journale Julia,

Je ne me suis pas ennuyée. Mais ce fut long. J’ai essayé de dessiner mais les chemins sont trop pleins de nids de poule. Et puis Vincent aime trop m’embêter. Il m’a toute décoiffé ! Et à force de rire j’ai failli mourir ! Je te promets Julia, je n’arrivais pas à retrouver mon souffle. Vincent dit que j’exagère et qu’on ne peut pas mourir de rire. Que ce n’est qu’une expression. Mais ça existe, j’en suis sûre. J’y étais presque. J’aimerais bien mourir comme ça. C’est mieux que grillée, frappée ou pendue. Du coup j’ai rangé mes pigments. Finalement j’ai regardé le paysage, et puis j’ai appris un jeu de dés grâce à Vincent mais je crois que j’ai déjà oublié les règles. Il faut faire des paris et… Ah oui ! Paris sent mauvais. Mais le marché Julia, si tu voyais ce marché aux milles et une couleurs ! On dirait un gigantesque papillon mouvant avec fortes odeurs et bruit. Mais l’on trouve de tout. Et j’ai réussi à ne pas marcher dans une seule bouse de calèche.

Vincent criait parce qu’il allait pleuvoir. La dernière fois. J’ai manqué de peu de te tremper jusqu’aux os, enfin, jusqu’à tes racines. As-tu des racines Julia ? Si ça se trouve tu étais un bébé ? Mais non, suis-je sotte, tu as 34 ans. Et puis de toutes façons je n’aurais pas laissé l’eau te toucher. Je tiens à ce que tu restes en vie. Vincent m’en aurait voulu si je t’avais laissé te noyer dès le premier jour ! Il dit que je ne suis pas fort soigneuse. Mais je vais prendre soin de toi, comme de mes poudrés et de mes plumes. Tu verras, tu seras la meilleure journale.

Un homme a failli m’arnaquer ! Heureusement Vincent est très fort pour ces choses, il a repéré l’entourloupe ! Il paraît que demander 300 écus et 21 deniers pour des herbes c’est beaucoup trop, et puis que ces herbes ne venaient même pas d’au-delà des mers mais que ce devait être une mauvaise herbe arrachée de son potager et réduite en poudre pour attraper les femmes crédules. J’ai parfois l’impression d’être un peu sotte. Quelle nigaude je fais. C’est vrai que l’homme n’avait pas l’air d’un aventurier revenant des mers chaudes et peu connues d’où viennent les épices rares mais si bons… Il avait plutôt l’air d’un homme qui tranche les gorges dans les ruelles mal famées. Mais je pensais que c’était un revendeur, un marchand. Ha Julia, je crois parfois que si Vincent n’était pas là, je finirais ruinée en peu de temps, encombrée de choses inutiles ou laissée pour morte dans un fossé.

Oh et puis, Paris est étrange, les gens m’ignorent, je ne sais pas pourquoi. On dirait que je ne suis pas assez bien, ou que je suis répugnante. Pour l’instant je n’ai rien vendu. Vincent dit que je suis trop rêveuse ou que je parle trop et que ça fait fuir les clients potentiels. Comment pourrait-on trop rêver ou trop parler ? C’est comme ça, je crois, qu’on ne s’ennuie pas. Je m’ennuierais sans rêve et sans parler. Les muets doivent sacrément s’ennuyer à ce propos… Peut-être que pour compenser ils font des rêves extraordinaires ? Et puis mes plumes et mes poudrés sont jolis, moi si je les voyais je voudrais tous les acheter et les mettre dans une grande maison qui serait la plus sublime du royaume. Ou dans un château, un château tout en marbre et en bois. Mais si je les garde tous c’est un peu égoïste. Il faut bien qu’ils aillent embellir la vie des autres. Pourtant les autres de Paris sont tous très bien habillés, à la dernière mode, ou alors ils sont très sales et plus horribles encore que les gueux des campagnes. C’est vraiment très étrange, Julia.

L’auberge où nous logeons est très bien tenue mais le soir il y a quelques bruits bizarres. Des cris et des soupirs. Comme si l’on commettait un meurtre en courant à en perdre haleine. J’ai demandé à Vincent de se renseigner mais j’ai l’impression qu’il ne veut pas me dire de quoi il retourne. Peut-être s’est-il fait menacer et craint-il pour ma sécurité ? Il a voulu récupérer notre argent et changer de lieu mais le gérant à dit « argent encaissé, argent encaissé » ou quelque chose comme ça. Du coup on reste. Mais le soir j’ai un peu peur. Mais ne t’inquiètes pas Julia, Vincent et moi nous veillons sur toi.

Mon pigeon et la cruche de vin à l’eau arrivent, je vais te ranger.

A bientôt.

Laughtia

PS : je te ferais un dessin du tavernier la prochaine fois, il est marrant, tu verras !

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