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[RP] Dernier voyage d'Ygerne - Mise en terre

Minlawa
Dès le réveil, Le prêtre alla à la cathédrale, Minlawa finissait de mettre sa tenue d’apparat, il arborait toujours sa petite médaille de baptême que son Parrain lui avait offert. Mais qui était son parrain?



Il envoya l'enfant de coeur faire sonner le toscin au bruit de la marche funèbre... Se rendit à la demeure de la défunte afin que le croque-mort puisse emporter le corps et que la procession puisse commencer.
La procession partit de chez la défunte, le Père Minlawa en tête avec la medaille d'aritote et la croix dans les mains, suivit du veuf, puis les proches et ensuite les villageois qui avaient voulu se joindre à la procession si tôt ce matin.
Après avoir parcouru le village comme la tradition le souhaite, afin que tous puissent se repentir et prier pour la défunte, ils arrivèrent sur la place de la cathédrale du Mans.....


Procession provenant de la maison jusqu'à la cathédrale
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Erwelyn
Lynette s’était évidemment jointe à la procession qui amènerait sa fille vers sa dernière demeure. Vêtue de manière sobre et coiffée d’un hennin marron, la duchesse était allée dire un dernier au revoir à sa fille avant que l’évêque n’arrive. Elle avait longuement regardé Verdelles, qui avait eu à peine le temps de s’habiller de la patte rose d’Ygerne. Mais tout de même, ça et là quelques tissus roses avaient été installés et des broderies de poneys trainaient sur les tables. Lynette sourit tristement, se demandant à qui allait échoir Verdelles maintenant que sa fille n’était plus.
Lorsque Minlawa arriva et que la marche commença, elle suivit la procession en silence, hermétique à ce qui pouvait se dérouler autour d’elle. A côté d’elle et tenu en longe se tenait Poneybouboule, le poney-cadeau de sa suzeraine lorsqu’elle l’avait anoblie. Ygerne s’était pris d’une drôle d’affection pour son poney, et celui-ci semblait bien lui rendre. Étrange comme un animal et un homme pouvaient tisser des liens.
Aussi, en mémoire de sa fille de elle, elle avait tenu à ce que Poneybouboule participe à la procession. Et il entrerait dans la Cathédrale, même que. On est poney rose ou on ne l’est pas. Et ce, jusqu’à la mort.

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Altaiir
Croupissant au fond de sa geôle avec pour seule compagnie les rats qui ne faisaient que prier leur dieu rongeur pour que le condamné succombe à la faim et puissent se repaître des chaires mortes ou mourrantes; le brun eut vent de l'enterrement de la vice-comtesse, celle pour laquelle il avait rendu quelques services pour ses fonctions économiques.
La coutume voulait que les prisonniers puissent assister aux cérémonies religieuses, alors il avait demandé sa permission de sortie pour l'enterrement de cette dame qu'il avait appris à apprécier.

Sa peau de bronze était toute recouverte de saleté, le rendant encore plus foncé qu'il ne l'était, contrastant avec la brillance claire de ses iris grisâtres, le tout superposé sur un corps plus maigre dont on pourrait voir les côtes s'il ne portait rien sur lui...
Ferrés pieds et mains, le fameux boulet à traîner pour empêcher toute tentative d'évasion, on lui jeta un sceau d'eau froid pour lui donner un semblant de propreté pour l'occasion, et frotta ses vêtements avec du Savon pour couvrir l'odeur nauséeuse qui en faisait fritiller plus d'une mouche.

Vint enfin l'escorte pour l'entourer avant de procéder à la marche.
L'avantage avec les gardes, c'est qu'ils marchaient toujours au pas de guerre, lent, ce qui lui permettait de supporter plus facilement le boulet à traîner.
C'est donc vêtu de sa chemise blanche crasseuse avec la paie de braie assortie qu'il pris place dans la marche funéraire, se contentant d'observer devant lui pour ne pas croiser les divers regards qui pesaient sur lui.

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Constantin
Lourde cérémonie. Lourdes chaines.

Constantin suivait Minlawa, lentement, silencieusement, seules ses lèvres murmuraient les louanges au Très Haut. Il était venu de Montmirail pour l'enterrement de Dame Ygerne, prier et assister l'Evêque. Et dans la lente procession, il ne voyait que le sol et n'entendait que ses prières.

Quoi que.

Il entendait aussi le frottement perturbant de chaines sur le sol. Qu'était ce ? Une procession funéraire ou l'entrée dans une prison ?

Constantin tourna le regard vers le bruit de ferraille et retint un "oh" de surprise.

Son oncle ? Altaiir ? Enchaîné comme un malpropre. Qu'avait il donc fait pour se retrouver emprisonné ainsi ? Amaigri, squelettique, il ne reconnaissait plus l'homme qui, autrefois, l'avait prit sous son aile. Quand, à la mort de sa mère, Lucrezia Auditore, il s'était retrouvé sans but, sans avenir, c'était Altaiir qui l'avait aidé. C'était grâce à lui qu'il était devenu homme de Dieu. Ho, quelle peine !

Arriverait un jour où les Auditore ne seraient plus jamais trainés dans la boue, emprisonnés ou insultés. Ce jour arriverait bientôt, car le Très Haut, il le savait, les protégeait de Sa Main.

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Vous avez une idée de Rp, mais personne pour jouer avec vous ? --> MP
Schtroumpf
Schtroumpf déboucha dans la rue du Maine, enleva son chapeau et suivit la procession.
Roberty
Le grand se rendit à la cathédrale, il savait que c'était aujourd'hui que l'on enterrait Ygerne et voulait être là pour elle, pour lui rendre un dernier hommage. Il ne la connaissait pas bien, n'était pas ce que l'on appelle son ami, mais avait été séduit par sa bonne humeur, son besoin de toujours rendre service et de mettre de la couleur dans la vie du Maine.
Il entra dans la cathédrale et agenouilla pour prier.
Emylie



Journée funeste. Emylie détestait les funérailles. Celles de sa mère étaient encore très fraiches à sa mémoire. Mais là il s'agissait d'Igerne, qu'elle avait peu connu, mais qui était aussi la fille de sa vassale et future marraine, Erwelyn. Elle ne pouvait pas ne pas venir.

C'est donc sobrement vêtue que la jeune comtesse se joignit à la procession, près de la Duchesse et de Poney Bouboule. Elle se souvenait du jour où sa mère l'avait remis à Erwelyn. Journée mémorable, en fait. Comment oublier le feu allumé par le duc Vaxilart ?
Emylie avait craint qu’on ne la blâme pour ça, d’ailleurs. C’est qu’elle n’était pas toujours sage à cette époque. La jeune comtesse se souvenait aussi des démarches que sa mère avait faites pour avoir des accessoires roses pour le poney. Emylie ne comprenait pas trop pourquoi insister pour avoir du rose, mais elle avait compris par la suite. C’est pourquoi aujourd’hui elle s’était permis une petite touche de rose dans sa tenue, la ceinture.

Un homme qu’elle ne connaissait pas trainait des chaînes. Il devait s’agir du dénommé Altaiir qu’elle savait venait d’être emprisonné à la demande de la Tourraine. Elle nota également la présence du diacre de Montmirail ainsi que de quelques autres personnes.
En silence, elle suivit le cortège.
Yvondelaroulette
Enora avait revêtu sa tenue de funérailles. En ce jour gris et triste une petite grande allait être mise en terre. Elle ne l'a connaissait pas très bien, mais Ygerne l'avait éblouie par sa bonne humeur, sa gaieté et sa touche rose qu'elle laissait partout où elle allait.
Aussi ne pouvait-elle qu'être présente pour les funérailles de la jeune Corléone.
La brune suivit le cortège le coeur serré, la guerre avait enlevé une fille à sa mère, et elle connaissait la douleur de cette perte...
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Leha
Elle aussi, tant bien que mal, était là. La jeune Giffard avait tenu à faire le déplacement, malgré les réticences de son fiancé quant à ses blessures. En effet, tombée elle aussi peu après Ygerne, elle avait serré les dents pour montrer qu'elle allait bien, le rassurer, et lui faire comprendre qu'elle irait rendre un dernier hommage à cette demoiselle qu'elle aurait voulu connaitre d'avantage. Étrangement, elles se ressemblaient. Rousses, pétillantes, accros aux couleurs qui pètent ... Mais voila que l'Autre n'était plus. Le regret d'avoir eu plus de chance, de ne pas avoir pu connaitre la fille d'une amie, tout ceci la submergeait. Il fallait qu'elle s'y rende.
Alors, en serrant les dents, elle enfila sa vieille robe de deuil qu'elle détestait porter, grise (on ne pouvait plus laid) et, une fleur en main, alla prendre part à la procession.

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Mahaut, incarné par Erwelyn
Pour la première fois depuis des mois, le carrosse roulait à vive allure sur les cahots de la route sans qu’aucun cri ne résonne à l’intérieur. Accrochée de toutes ses forces aux arceaux qu’elle avait fait placer pour rester en vie lors des pointes de vitesse des poneys, Mahaut ne disait rien. En face d’elle, les mains blanches à force de se maintenir à la banquette, Anatole ne disait rien non plus. Les yeux perdus dans le vague, il semblait à peine présent et elle n’avait pas le cœur à le bousculer.

Depuis l’annonce de la mort d’Ygerne, il n’avait plus été en état de faire quoi que ce soit, et se moquer d’une loque qui ne réagit même pas n’était pas considéré comme suffisamment amusant pour qu’elle s’y essaye. Et puis, au fond, elle se souvenait de son état après la mort de Roudoudou et elle comprenait qu’il valait mieux ne rien dire. Même si elle, elle avait enterré son époux devant Aristote, qu’ils étaient nobles et qu’il s’était barré avec ses 3000 écus alors qu’Ygerne était une chambrière qui s’était toujours moquée d’Anatole, qu’elle était devenue noble et allait épouser un héritier sans même s’apitoyer sur l’effet que cela aurait sur un petit limousin souffre douleur. Vue la tête d’Anatole, il était trop tôt pour qu’elle mentionne la chose.

Le carrosse filait donc vers le Maine, et elle n’eut même pas envie de ressortir un traditionnel jeu de mots pourri sur la destination. Quand on va quelque part pour un enterrement, on retient momentanément sa spontanéité. Enfin, tout dépend de la personne qu’on enterre. Mais là, il était clair que le temps n’était pas à la joie. D’autant plus qu’elle allait retrouver Lynette, qui allait être dans un état aussi dévasté, ou même pire, qu’Anatole. Alors autant dire que pour le concours de jeu de mots pourris, il allait falloir attendre un peu. Et à la réflexion, elle-même n’avait plus trop envie de s’y mettre. Elle commençait à fatiguer de tous ces gens autour d’elle qui finissaient par mourir à cause de… à cause d’armées trop testostéronisées pour réfléchir sereinement. Elle aimait bien Ygerne, et elle avait réussi à passer de chambrière à noble, ce qu’elle ne pouvait qu’applaudir des deux mains, ayant toujours été pour l’élévation sociale. En plus, elle aimait réellement le rose. Elle soupira intérieurement.


- On ne va pas tarder à arriver, dame.

Elle tapa contre la paroi pour signifier au cocher qu’elle avait entendu. D’une main, elle défroissa sa robe bleue (foutu deuil, ça ne finirait donc jamais) mais réajusta son serre-tête orné d’une rose éclatante sur ses cheveux. Anatole ne bougeant toujours pas, elle profita du ralentissement du carrosse pour tirer un peu ses vêtements qu’il avait enfilé au radar. Il était donc plutôt coloré, mi-rose mi-bleu, la brune ayant tenu à ce qu’il rende hommage à Ygerne tout en marquant son affliction. Elle lui remit son chapeau sur le crâne et tapota ses joues pour qu’il reprenne un peu de couleur. Toujours aucune réaction.

Le carrosse s’arrêta enfin et elle ouvrit la porte, regardant autour d’elle. Le parvis d’une cathédrale. Le cortège funèbre avançait, près à entrer. Elle sentit Anatole vaciller auprès d’elle et elle le soutint d’un bras, le forçant à rester debout.
Des yeux, elle chercha Lynette et aperçut son poney. Elle affermit sa poigne sous l’aisselle du limousin et avança vers son amie. Tel un zombie, il suivit sans dire un mot, les yeux fixés sur le cercueil.
Arrivée près de Lynette, elle esquissa un pauvre sourire et la prit de son autre bras. Voilà, comme ça si l’un tombait, elle serait aux premières loges. Prenant une goulée d’air, elle leva la tête et fixa l’entrée du cortège des yeux.


- Allons-y…
Vittoria


Il y a des jours avec et des jours sans. Aujourd'hui était un jour sans. Sans elle. Sans celle qui avait dernièrement égayé les couloirs du Conseil Comtal. C'est sûr, le rose, fallait s'y accommoder, s'y habituer, l'accepter.
Vittoria avait mis du temps à s'y faire. Même à Ygerne. Son extravagance démesurée et son énergie frappaient quiconque de plein fouet, si bien que tout cela ne paraissait pas naturel du tout. Et pourtant, elle incarnait la connaissance, l'intelligence et la gaieté, et si au début Vittoria n'accrochait pas véritablement avec elle, le temps fit doucement les choses et la jeune Farnese se mit à l'apprécier progressivement, à accepter cette différence, à ne plus voir ce rose omniprésent mais une personne au caractère bien trempé et original.
Si bien que l'annonce de sa mort le lendemain du premier conflit fut un coup dur pour tout le monde même pour Vittoria.
Aujourd'hui, on lui rendrait un dernier hommage, un dernier au revoir bien trop précoce malheureusement. Pour rien au monde la Farnese n'aurait manqué de suivre la procession où l'on pouvait déjà observer une foule silencieuse marchant vers la Cathédrale.

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Eva51
Ce jour là, la brune n'avait pas envie de se lever. Non. Elle savait qu'en ce jour aurait lieu la mise en terre d'Ygerne, et bien que beaucoup la pensait insensible à ça, ça lui faisait beaucoup de mal... Même si elle n'appréciait pas la rouquine plus que ça, surtout depuis qu'elle avait tenter de gâcher la demande en mariage de Dimaro, Eva avait appris a travailler avec elle. Et de surcroit, elle était la fille d'une femme qu'elle aimait énormément, et une amie chère à son époux. Elle se devait d'y aller.

Elle se leva donc, seule, pensant que son tendre était probablement déjà sur place. Restant un moment devant sa penderie, qui se remplissait doucement depuis qu'elle fréquentait les grands ateliers de couture, elle cherchait ce qu'elle allait bien pouvoir se mettre. Elle n'avait pas de robe adéquate. Et aux vues des circonstances du décès de la rose, elle finit par choisir d'y aller en uniforme de l'Ost. Elle remonta ses boucles brunes en chignon, en laissant quelques unes virevolter, et noua le tout d'un ruban... rose...

Avant de partir, elle passa déposer un tendre baiser sur le front de chacun de ses fils... Son cœur se serra, comme si elle pouvait ressentir la douleur d'Erwelyn. Si jamais elle venait à perdre l'un de ses fils, ou même Dimaro, jamais Eva n'aurait la force de continuer, contrairement à elle...
Laissant les dernières directives à Ael, elle sortit de la demeure et rejoignit le cortège...

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Dimaro
Douleur ... larmes ... frissons ... culpabilité ... amour ... haine ...

Tant de sentiments se mélangent. Tant de mots pour exprimer ce deuil. Tant de souffrance d'une perte improbable, impossible ... inimaginable.

Là, sur le bord de la Mayenne depuis l'aube, la bride de son cheval dans une main, une plume blanche de l'autre ... Celle qu'il avait offert à la rousse pour qu'il lui écrive de ses longs voyages. Cette même plume taché de sang séché retrouvé le lendemain sur le champ de bataille ...
Il regardait onduler son reflet dans l'eau sans y prêter guère d'attention, le regard vide.

Tant de questions se bousculait en lui. Pourquoi Aristote leur avait-il pris Ygerne ... si jeune, si joyeuse ... Pourquoi elle et pas lui ? Il aurait donné mil fois sa vie pour qu'aucun mainois ne meurt ce jour là. C'est pourquoi il se battait, c'est pourquoi il endurait tout contre vent et marrée.

Il n'avait pas le droit de faiblir, pas le droit de montrer a quel point cette petite lui apportait une volonté supplémentaire, ce besoin constant de rendre service qui décuplait quand elle le soutenait ... comme elle l'avait soutenu jusqu'au bout ... Il s'en voulait pourtant de ne rien avoir pu faire pour éviter ce drame.

La Guerre! Les guerres qu'il avait traversés depuis, lui avaient toutes données leurs lots de souffrance. Mais là c'était de trop, sous ses yeux, si brutalement, si injustement ... Il tomba a genou sur l'herbe et laissa échapper tout le poids qui incombait sur ses épaules, un instant, le temps de réaliser, le temps d'accepter l'irréparable trépas. Sans résister plus longtemps, il laissa couler les larmes d'une tristesse immuable. Oui, le Comte qu'il est, l'homme souriant qu'il était depuis toujours, savait qu'il n'en restait pas moins un humain, un homme généreux au grand cœur. Avec ces failles, avec ses doutes.

Inspirant profondément, il se releva, époussetant brièvement ses braies avant d'un revers de manche essuyer les perles salines qui traçait un sillons sur ses joues.

Après avoir filé vers le centre ville de la Capitale, il rejoignit le cortège, empoignant la main de sa femme au passage, laissant le soin à Simon de récupérer sa monture. Sobrement, pieusement, il marcha en direction de la cathédrale. Aujourd'hui il n'était pas comte, aujourd'hui il n'étais pas blond, aujourd'hui il n'était qu'un mainois habillé de bleu, Ygerne brodé de rose sur la chemise, horriblement arraché par ce décès.

Aujourd'hui, le Maine était en deuil. Fut-ce tout aussi horrible de savoir a quel point on porte à notre cœur certaine personne de notre vivant, et qu'on ne leur dise qu'à l'heur de leur mort ... trop pressé par le temps, trop pressé par les offices, trop pressé par une vie qui ne donne plus d'espace à l'amour d'autrui.

Ygerne un jour ... Une vie en rose pour toujours ... dans la mémoire et dans la peau, à jamais elle restera avec nous.

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Darkeily
Ce matin là, sur le bord du lac de laval où Dark squattait la petite cabane de pêcheur, une légère brume rosée flottait, alors que le soleil n'était pas encore levé, comme si la nature voulait, elle aussi, rendre hommage à la jeune Ygerne.

Elle avait appris qu'un cortège s'était formé pour accompagner la jeune fille, mais elle n'y avait pas pris part. Elle préféra se rendre directement à la cathédrale et attendit sur la place, le dos appuyé contre un arbre.

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T..o
[Entre Mayenne et le Mans - Sur les routes - 28 Mai 1460]


D'aussi loin qu'il fut il avait entendu la nouvelle.
Il se souvenait encore de sa première rencontre avec la Rouquine. De sa folie de ce Rose qu'il exécrait sans avoir jamais pu le lui avouer.
Il se souvenait d'avoir été présenté à elle. Il se souvenait de son humilité. Il se souvenait de sa candeur aussi. Il se souvenait de ses excès de colère aussi, presque comique tant il est surprenant de voir une femme aussi douce injurier quelqu'un. Il se souvenait de toute la bonté de cette âme. Il se souvenait de toutes leurs discussions, sur toutes les personnes qu'ils avaient rencontré, sur tous les projets fous qu'ils avaient pu émettre.

Soudain dans le flot bouillant de souvenir qui le traversait aussi vite que son sang chaud d'angevin qui ne faisait qu'un tour, un souvenir devint plus précis. Une brève rencontre avec l'Assassin. Un avertissement. Une menace. Il l'avait prévenu qu'à jouer avec le feu, il finirait par perdre plus que ce qu'il pourrait gagner. Il n'aurait jamais cru l'homme assez con pour foncer sans remords sur celle qui avait été surement son plus sage et fervent soutien. Sur celle qui avait prévu d'épouser son fils. Il ne l'avait pas cru possible. Il se souvenait encore de la candeur des mots d'Ygerne.

"Il n'attaquera jamais le Maine!"


Son poing vola alors de manière violente dans le bois de la porte de cette auberge. Mais une fois n'était pas assez. On le savait autoritaire, on le savait vulgaire, on le savait impétueux. On ne l'avait jamais vu dans un tel état de colère. Une rage bouillant à l'intérieur de lui, se calmant à mesure que son poing s'abattait sur cette porte, la détruisant à chaque coup un peu plus, se calmant à mesure qu'une douleur fulgurante ne s'impose en son esprit. Il se forca alors à s'arrêter et jeta un regard vers la main ensanglanté, dédaignant la porte ornée d'une étrange zone d'impact habillée de fissures ça et là. Du sang la couvre alors. Du sang..

Il imaginait toute la candeur de ses tâches de rousseur habillée de ce sang là qu'il sentait s'échapper de son corps, couler le long de ses doigts inertes, puis tomber goutte à goutte sur le sol meuble de la chambrée. Une seconde. Deux. Cinq. Neuf. Dix-sept s'écoulent avant que dans toute sa fureur son bras ne se relève, que son poing se referme pour se tendre avec tout l'élan possible vers cette porte. Lorsque ses doigts rencontrent le bois déjà détruit de celle-ci, il ne peut retenir un cri de douleur tandis que la porte cède enfin, se brise et laisse voir le couloir sur lequel elle donne. Il fixe ce trou béant, cette marque qu'il aura laissé sur l'innocente porte. Innocence détruite. Il crache au sol, dégouté de penser que même l'image de la porte qu'il vient de détruire sous la colère le rappelle à cette amie si chère.

Il se détourne alors pour filer s'asseoir, s'essuyant le visage de sa main droite tandis que l'autre pend, inerte et ensanglanté. Une chaise traine face à ce secrétaire de fortune. Implacable, il s'en saisit, la tire, s'asseoit et laissant cette main mutilée pendre, il saisit sa besace d'une main pour en extraire tout ce dont il a besoin.

Du vélin. De l'encre. Une plume.
Un soupir. Une pensée au regard de ce vélin pour tout ce qu'ensemble il croyait pouvoir faire. Une pensée pour ces mainois sans scrupules qu'il allait devoir aujourd'hui affronter sans elle.Une pensée pour tous les Mainestrels, ce projet fou né en partie de leur folies. Tant de pensées. Une sorte d'embryon de larme par alors son œil droit d'un brillant étrange. D'un brillant rougi par la colère, la rage et la haine.

Soudain, le rythme s'accélère quand au contraire son souffle ralentit. Il ouvre l'encrier et laisse tremper sa plume avant de la lever en l'air, les yeux perdus dans la blancheur de ce feuillet qu'il compte détruire autant que cette porte plutôt. Puis enfin, le premier coup jaillit, sa plume vient frapper le papier avec violence, ne craignant pas de la casser, il écrit de toute sa rage, grattant le papier avec force sans s'arrêter. Etrangement, son bras remue compulsivement, dessinant avec un soin généré par l'habitude chacune des lettres usités, tandis que sa respiration se fait de plus en plus calme.

Le temps finit par passer et les feuillets par s'accumuler quand enfin il s'arrêta. Posant avec soin cette plume qu'il n'utilisait que pour certains occasion, il saisit les feuillets rédigés et se relu, calmement et de manière posée. Impassible, il note les erreurs, les élans, les fautes, puis repose le tout pour saisir à nouveau sa plume et recommencer, de manière plus calme.

Citation:

Ad Vitam Eternam...



Nulle science que d'affirmer que la Mort peut nous saisir quand elle le désire, à n'importe quelle heure, n'important quand. Et pourtant, quelle n'est pas notre surprise quand elle saisit ceux que nous aimons. Et quelle surprise que celle-là. Car n'en est-il pas de plus forte que celle qui concerne la vie ? La venue d'un nouvel être ou la Mort d'un autre change toutes les données que nous avons pu prendre en compte avant que celui-ci n'apparaisse ou ne disparaisse.

Hier encore, je partageais un verre avec la Rosée, discutant de projets fous, discutant de demain, mais plus que cela, de tous les jours à venir. Discutant voyages lointains. Discutant au futur sur la base de nos expériences passées, sans aucune considération du présent. Alors que dans ce présent est toute l'essence de la vie. Ce présent qui nous suit à chaque minute peut voir s'écrouler tous nos plans des plus fous au plus simplet. Qu'il s'agisse de "Demain, c'est à toi de ramener du vin!" ou de "Oui, je dois partir pour la Bourgogne, mais je reviendrais .. surement pas demain .. mais - qui sait - dans six mois peut-être!"

Qui sait ? Le Présent sait. Mais le Présent ne sait jamais bien longtemps, et il ne sait jamais bien avant. Il sait simplement. Il sait présentement. Ainsi, il change perpétuellement, car seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. Le Présent se joue ainsi de nous, en nous présentant l'Ephémère de la Vie que nous, pauvres imbéciles ne changeant quasiment pas d'avis, croyons étenelle car si complexe.
Mais là n'est pas toute la simplicité de la chose. Car le Présent a bon dos, mais le Présent n'est qu'un spectateur qui sans aucun doute doit s'amuser de la tristesse qui nous habite. Mais le Présent ne se décide que très rarement de lui-même. Non, pourquoi se salir les mains, quand des couillons étaient prêt à se salir les mains pour lui.


Ygerne Corléone, Dame de Verdrelles, est morte en ce 28 Mai 1460.
Ygerne Corléone, une Mainoise s'étant dévouée pour le Maine sans avoir eu le temps d'en recevoir les honneurs, est morte ce matin d'avoir voulu défendre son Comté, quand elle croyait ne pas avoir à le faire face aux armées de son Beau-Père.

Le Maine a ainsi perdu sa Comissaire au Commerce.
Le Maine a perdu une femme droite, intègre et investie.
Le Maine a perdu toute une folie que l'on ne peut tolérer de laisser s'éteindre dans toute la stupidité d'une lutte qui ne nous concernait absolument pas.



Je pleure ainsi ton nom et ta personne.
Je pleure ainsi en cette Roseraie nouveau-né que tu m'as laissé. Sache que j'en prendrais soin.
Mais sache enfin si ces mots trouveront la force de filer à travers ciel que c'est la rage contre cette stupidité sans-nom que, par amour, tu ignorais et le désir de vengeance envers ceux qui en ont fait preuve qui anime ces larmes-là.



T.-A. de Reikrigen.



Il avait écrit ses mots là, couchés sur le papier sans trop y penser, les lâchant au fil de ses pensées. La relecture fut bien plus dure, comme si ses plaies se rouvraient. Il soupira et glissa ce feuillet dans sa besace avant de filer retrouver sa douce compagne de voyage en espérant que ses notions en médecine seraient aussi développées que les siennes en anesthésie.








[A la Procession organisée pour la Mainoise]


Il est là.
Le regard assombri par un deuil qu'il masque le plus possible en public, restant aussi incisif qu'à son habitude, ne s'autorisant que peu le luxe que de penser à cette amie perdue.
Il marche avec le cortège, au rythme lent de la mise en terre poussée par Monseigneur Minlawa.


Dans une main, il tient une rose. Etrange Rose qui dénote avec le noir de l'habit porté pour l'occasion. Une rose qu'il avait fait pousser dans la Roseraie qu'il avait attribué à son nom. Une rose qu'il tenait à déposer sur sa tombe pour lui prouver qu'elle continuerait à exister dans ses actions.
Dans son autre main, il a ce texte qu'il avait écrit sur le coup de la colère, sans jamais vouloir publier un texte aussi maladroit. Ses yeux parcourait la feuille et se remémorait les émotions, la rage, la colère, la haine, le dégout. Ce témoin de ses sentiments premiers était juste là sous ses yeux, c'était pour lui plus que cette procession tout le symbole de la disparition d'Ygerne qu'il parcourait du regard, contemplant à la fois les mots en tant que signifiant mais aussi en tant que symbole. Il le sentait dans la courbe d'un "o" ou dans le dessin d'un L, pire encore dans la façon d'écrire le Y de son prénom, l'émotion avait fait vibrer la plume.

Un long soupir puis il range le vélin dans la poche intérieure de son veston pour chercher la main de celle qui suit ses pas autant qu'il suit les siens. Sa main caresse la sienne avant de s'en saisir vraiment et d'y trouver la force d'affronter ce moment où le deuil de ceux qui l'entouraient amplifiait ce deuil qu'il cherchait à cacher.
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