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[RP] Je n’ai plus que moi, pour partager ma propre solitude*

Elisa.
    «On se retrouve plongé dans un autre temps, un autre espace. L'existence se referme. On est pris à son piège. On s'enfonce dans la solitude. Impossible de saisir la main de quiconque. L'époque heureuse apparaît comme une bulle, flottant, légère et inatteignable, au-dessus de nous.»
        Laurence Tardieu - Comme un père



Une vie de paillettes, une vie de poète.... « Sourit ma fille, sourit car personne ne doit connaître ta peine… Personne ne doit savoir, ou ils s’en serviront contre toi».
La Malemort avait donc suivit et appliqué avec brio les paroles de feue Sa Majesté sa Mère. Elle n’avait jamais montré sa douleur et ses blessures. Elle souriait chaque jour, se montrant telle une femme heureuse, telle une future mère épanouie. Mais au fond elle, tout était si différent. Elle souffrait de ne pouvoir être l’épouse qu’elle rêvait d’être, elle souffrait de se demander où était son époux et ce qu’il faisait. Etait-il déjà avec une autre ? Doutait-il déjà de leur mariage ? Encore tant de questions qu’elle se posait chaque soir lorsqu’elle se retrouvait seule dans son lit et dans son appartement silencieux.

Bien heureusement, la Malemort avait gardé quelques activités pour lui permettre d’oublier un peu. Comme sa Chancelière, son Pavillon qui lui permettait de voyager, d’écrire, d’écouter, de voir du monde. Et c’est ainsi, en tant que Chancelière du Limousin & de la Marche, qu’elle fut invitée à rejoindre la Normandie pour un « bal des diplomates »… Direction donc la province royale en voiture armée de son blason familiale, le croissant d’argent. La route fut longue, fatigante et surtout… solitaire.
Ainsi, le bal passa, la soirée se fit, et la Malemort pu terminer sa nuit dans l’auberge qui l’avait accueillit dès son arrivée dans les terres royales.

La nuit était passée, la Chancelière avait très peu fermé l’œil, écoutant le souffle marin se glisser contre sa fenêtre jusqu’à faire taper les carreaux, grincer le bois et iriser les poils de ses bras. Le soleil se levait enfin, la Malemort se dépêcha de s’habiller. Enfilant une robe blanche qui laissait ressortir les formes de son ventre généreux qui portait le fruit de son amour pour son époux. Par-dessus, elle se protégea du froid à l’aide d’une lourde cape et d’une capuche qu’elle releva sur sa tête. Cela l’aiderait à quitter l’auberge sans être reconnue. Ce qu’elle fit prestement et avec réussite.
Un cheval déjà prêt à être monté, et voilà la Malemort qui vient s’y asseoir en position de cavalier et part au galop direction la côte… Qui aurait cru qu’un jour elle irait rejoindre un rivage… Qui aurait cru alors qu’elle était terrorisée par l’idée d’approcher toute mer et tout océan…

La Manche… Voilà la première mer qu’elle voyait… Voilà la dernière mer qu’elle verrait…

Elle descend de sa monture alors qu’elle se trouve sur la plage. La mer est calme, le ciel est encore endormi, le soleil encore timide mais il ne tardera pas à briller de tout son éclat la journée durant. La Malemort avance sur le sable encore humide de la nuit passée. Elle s’avance jusqu’à rejoindre la digue de rocher bordant l’étendu de sable. Elle se hisse et ainsi poursuit sa balade sur les rochers, prenant soin de toujours en trouver un sous son pied… Bientôt elle arrivera à la fin du chemin, au bout du monde pense t-elle.

Juste elle et l’infinité du monde.

Ses longs cheveux noirs regroupés le long de sa poitrine voguent au rythme des rafales de vent froid. La cape est soulevée dans ce même rythme. Sa capuche cache toujours son identité et pourtant la plage est vide de vie, seule la sienne perdure encore pour quelques temps…




*Saez – Je suis perdu
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