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[RP] A l'aveuglette

Historis
Historis sourit, il lui fallait bien choisir ses mots. Elle craignait de heurter la Vicomtesse.

Et bien voilà, tantôt vous avez proposé de faire ce pèlerinage vous aussi... L'idée de voyager en votre compagnie m'enchante...

Elle ne mentait pas. D'ailleurs la jeune marseillaise n'avait jamais menti pour autant qu'elle s'en souvienne. Ou alors par omission enfant lorsqu'elle ne voulait confier ses peines à sa mère déjà suffisamment triste.

... mais je suis ennuyée car vous êtes de Haute Noblesse et à ce titre, voyager avec vous apporte nombre d'avantage dont je ne saurai user sans me sentir.. opportuniste.

Cela faisait un moment qu'elle y pensait. Elle avait accepté bien vite la proposition de la Gaelig sans prendre en compte le statut de cette dernière et se rendait compte à présent de son erreur.

Comme vous le savez, il y a peu de temps j'étais la Dame de Compagnie de la Comtesse d'Orange. J'y réfléchis depuis quelques minutes déjà et si vous acceptiez que je devienne votre Dame de Compagnie... juste le temps du pèlerinage... je pourrai ainsi rester à la place qui m'est due face à une personne de votre rang tout en pouvant profiter de votre présence, car, je dois l'avouer, nos rares rencontres m'ont permise de noter votre intelligence et votre réflexion et surtout la curiosité de mieux vous connaître.

Cependant je n'aimerai que cela se fasse en dehors de tout protocole. Cela serait indigne du mérite qui vous revient.


Il lui semblait que ses explications étaient un peu brouillon et si elle avait été femme à rougir sans aucun doute, ses joues se seraient empourprées.

J'espère ne pas aller trop loin en vous confiant tout cela... ajouta t-elle comme une excuse.
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Eavan
Et Eavan d'écouter. D'abord la Gaelig resta un peu ... coite. D'une part parce qu'elle se rendait compte d'être en présence d'une personne attachée, plus encore qu'elle même, aux notions de rang et de place à tenir. Cela la déstabilisait. Beaucoup. Elle n'avait pas imaginé une seconde qu'une personne l'accompagnant pouvait être vue comme étant opportuniste. Eavan ne proposait sa compagnie que par gentillesse et parce que l'entreprise lui plaisait. Ceci dit ... Cela était aussi nouveau. Jusqu'ici la plupart de ses voyages étaient dictés par la nécessité plus que par l'envie de voyager et elle n'avait que rarement le loisir de choisir avec qui elle voyagerait.
Prendre Historis comme Dame de Compagnie ... Eavan n'avait pour l'instant pas vraiment d'idée sur la question ... Mais sitot la proposition faites, il y eu une avalanche de compliments. La vicomtesse sentit soudain la méfiance rejaillir. N'est ce pas là un bel exercice de flatterie ? Et la flatterie, Eavan s'en méfiait toujours.
Le regard de la Gaelig fixait celui de l'aveugle. Comment dicerner les intentions ? Cela ne dura qu'une seconde puis la vicomtesse écarta mentalement ses soupçons comme on se dégage d'une toile d'araignée du revers de la main. La fraicheur d'Historis n'avait d'égal que sa spontanéité. Il lui faudrait s'y faire. L'esprit revint donc sur la proposition.

La vicomtesse était songeuse. Elle ne souhaitait bien sur pas mettre l'aveugle mal à l'aise. Et puis, l'argument se valait, elle ne pouvait non plus tolérer de voyager en égales, même si elle l'eut voulu. Mais cependant, il était pour elle hors de question de confier un fardeau pénible à Historis. Oui, Eavan avait toujours eu du mal à avoir des gens à son service. Malgré son rang elle n'avait que peu de personnel. Après un raclement de gorge destiné à ménager son aplomb, elle demanda simplement
:

Et en quoi consiste la tâche d'une Dame de compagnie ?

Eh oui, Eavan en ignorait à peu près tout. Enfin tout, non. Elle savait bien que cela existait. Mais de là à en connaitre les subtilités ... La noble dame était bien plus familière d'accompagnants comme un aide camp, un écuyer, un palefrenier ou un intendant ... Fort utiles en campagne militaire ... Elle n'avait jamais eu de dame de compagnie. Comme compagnie elle avait Felipe, qui n'était pas une dame et qui faisait office d'intendant comme de garde du corps, de messager comme d'écuyer ... Un employé plurifonctionnel. Et donc la Gaelig de se retrouver un peu mal à l'aise de devoir admettre son ignorance si ouvertement.
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Historis
En quoi consistait la tâche de Dame de Compagnie... La question valait le coup d'être posée. La vicomtesse était sans doute loin d'avoir la même vision de cette charge que feue la Comtesse d'Orange...

Si Historis ne l'avait jamais su, elle n'avait été choisie que pour ses "beaux yeux" ou plutôt pour son absence de regard sur le monde. Voilà qui avait bien arrangé sa maîtresse pour assouvir ses moeurs en toute discrétion.

Cependant, l'aveugle ne s'en était jamais douté et avait gardé jusqu'au dernier souffle de la Comtesse une haute estime de cette dernière. D'autant qu'en un sens elle avait su lire Delta cachée derrière Jehanne Audisio et cette Delta n'était qu'une femme perdue, blessée, écorchée qui tentait de s'en sortir comme elle le pouvait cachée derrière l'apparât que la Noblesse lui avait offert.
Noblesse de coeur sans doute pas dans ce cas précis et il en était tout autre pour la Vicomtesse de Rians et Salon de Provence.

Avec toute son innocence, Historis répondit sans vraiment chercher les mots cette fois.


Comme aimait à le dire la Comtesse d'Orange, j'étais son ombre. Je l'accompagnais, je veillais à ce qu'elle ne manque de rien, je faisais silence de ses confidences, comme un prêtre l'aurait fait, car il était de mon devoir de lui assurer une fidélité sans faille.

Elle m'apprenait la bienséance, et à savoir respecter le rang, elle m'a appris qui était noble et comment je devais m'adresser à chacun. Ainsi, disait-elle, je pouvais exercer mon rôle qui était de savoir tenir une conversation avec quelqu'un de rang élevé.

Elle m'a expliqué aussi que son ancienne Dame de Compagnie lui faisait la lecture, chose que je ne puis faire malheureusement. Parfois nous jouions aux cartes, elle avait un jeu avec des enluminures en relief qui me permettait de reconnaître les cartes.
Je brodais pour elle car elle n'en avait pas la patience elle même.


Historis s'arrêta, elle se rendait bien compte que la Vicomtesse était bien plus femme d'action que maîtresse de maison.

Je suis soudain prise d'un doute, je n'ai pas le sentiment que vous êtes femme à rester assise, à broder ou ce genre de choses...

Elle lui sourit.

Si vous pensez ne pas avoir besoin de mes services, il serait idiot que vous me donniez cette fonction pour que mon malaise soit dissipé. Cela reviendrait à ce que je pèche d'orgueil.
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Eavan
Eavan écoutait. Tout en triant les informations utiles à sa prise de décision, la Gaelig ne pu que relever l'attachement qu'avait Historis à la comtesse d'Orange. C'était touchant. Et tandis qu'elle écoutait, ils arrivaient près de Felipe.
La vicomtesse sourit aux derniers mots d'Historis.


Cela fait certes longtemps que je n'ai pas brodé mais ... il m'arrive malgré tout de rester assise.

Léger sourire amusé. Puis elle redevint sérieuse.

J'ai déjà une ombre ...

Regard en direction de Felipe dont le visage s'éclaira d'un sourire. L'homme salua poliment l'aveugle puis se tut pour laisser la discussion se poursuivre.

Mais il est certain qu'être mon ombre est un travail très éprouvant.

Eavan avait bien conscience que ce que lui proposait Historis était une chance. Elle avait bien besoin d'aide. Felipe était pratiquement parfait mais il ne pouvait assurer l'intendance de son domaine salonais et veiller sur elle chaque jour. Elle le vit même opiner discrètement.

J'ai effectivement besoin de quelqu'un qui m'aide à organiser mes déplacements, qui se tient au courant des choses qui se disent ... Il faut que vous sachiez que je suis plutot quelqu'un d'action. Si vous souhaitez devenir mon ombre, cela ne sera pas toujours dans le même confort que celui que devait vous offrir la Comtesse d'Orange. Je ne voudrais pas que vous vous fassiez des illusions ...

Eavan n'était plus dans la garde épiscopale, mais en Provence, les levées de ban étaient fréquentes et les combats étaient une réalité pour la Gaelig. Elle était avant tout du métier des armes. C'était pour cela qu'elle avait été annoblit.


Peut être avez vous des questions ? Après tout vous ne me connaissez que peu, non ? Je suis prête à répondre à toutes vos interrogations, car à mon sens, aucune décision de ce genre ne doit être prise dans le brouillard.
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Historis
Historis écoutait avec attention. Elle avait oublié Felipe, qui, il faut le dire, se montrait très discret et comme elle ne le voyait point.
Elle ne perçut donc ni le sourire, ni l'acquiescement de ce dernier. Elle espérait qu'il n'allait pas penser qu'elle souhaitait lui faire ombrage.

Rassurée quelques secondes après par la Vicomtesse évoquant Salon de Provence, son visage s'éclaira d'un sourire.


Vous avez raison vicomtessà, aucune décision ne doit être prise à la légère et il vous faut savoir que je ne vous aurai proposé mes services, si je n'avais de respect à votre égard.

Puisque vous semblez accorder une grande importance à l'honnêteté, cela serait mentir, que de dire que je nourris l'affection que peut avoir Felipe qui est sans doute votre allié le plus fidèle. Je n'ai cependant aucune inimité non plus fort heureusement.


Cela lui semblait important de préciser ce point. Elle ne pouvait s'engager uniquement parce qu'elle craignait de ne pas être à sa place. Il lui serait par exemple impossible d'entrer au service de la Comtesse d'Hyères dont le penchant pour l'alcool, s'il faisait honneur à Sainte Boulasse, il frôlait également la Gourmandise à l'excès.
Jamais d'ailleurs elle ne serait rentré au service de la Comtesse d'Orange si elle avait eu connaissance des ses mœurs légères.
Chez la vicomtesse, elle l'avait senti tout de suite, la droiture semblait un crédo.


J'ai quelques questions en effet.

Je ne suis pas adepte de l'acédie et autres vices. Je veille chaque jour que le Très Haut fait à ne pas sombrer dans l'excès, quelque qu'il soit. Dormir dans l’inconfort parce qu'il me faudrait vous suivre jusqu'à la tente d'un camp armé ne serait pas une torture. En revanche, il vous faut savoir que je termine très bientôt un séminaire à l'archevêché d'Aix. Je n'ai jamais caché mon désir de me vouer au Très Haut plus qu'à tout autre et bien que je ne sois pas diaconesse, j'éprouve de grands scrupules à prendre les armes pour les affaires temporelles.

Je pourrai vous défendre en me jetant devant l'acier qui vous serait destiné mais difficilement en plongeant moi même une arme dans la chair de vos ennemis. Je saurai prier pour votre vie, demander à tous les Saints de veiller sur vous sans arriver à souhaiter la mort de vos ennemis mais plutôt le salue de leurs âmes.


Toute sa pseudo carrière juridique était d'ailleurs noyée de scrupule et son pèlerinage devait la libérer des remords qui l'assaillaient. Elle n'était pas à l'aise avec le temporel même si elle ne le laissait paraitre.

Chaque jugement qu'elle avait rendu lui avait déchiré les entraielles, l'avait amenée à trouver qu'avec difficulté le sommeil, se demandant plus d'une fois qui elle était pour décider si oui ou non quelqu'un était coupable...

Historis voulait aimer les créatures de Dieu et croire en chacune d'elle laissant au Très Haut le soin de mettre leurs action dans la balance.


Il est cependant un avantage à mon handicap qui ne peut qu'être utile à cette fonction de Dame de Compagnie : j'entends ce qui est invisible, un pas feutré, un souffle, une respiration. Je sais être attentive plus que beaucoup aux sens que j'ai. Un peu comme si l'absence de vue, exacerbait le reste. J'ai toujours trouvé cela fort étrange d'ailleurs.

Elle se rendit compte alors qu'elle était anormalement bavarde, elle si en retrait en général.

Et voilà que je vous conte ma vie... Veuillez m'en excuser. Sachez juste que si vous pensez que mes services peuvent vous être utiles, c'est votre vie et votre honneur que je m'engagerai à servir. Faillir serait mettre à mal mon propre honneur.
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Eavan
Et à nouveau Eavan écoutait. Loin de l'ennuyer, le flot de paroles lui permettait de tracer les contours d'Historis. Qui était donc cette jeune aveugle ? Car c'était une question d'importance : accepterait elle à son service le plus proche quelqu'un dont elle ignorait tout ? La Gaelig était de nature confiante mais voilà, les années au service de son Comté, la réputation grandissante, l'importance dans la machinerie du Comté puis dans celle dans Saintes Armées l'avaient aussi désignée comme cible de choix. Elle ne se faisait aucune illusion sur sa capacité réelle à connaitre des informations sensibles mais parfois peu c'est beaucoup dans le domaine de l'espionnage. Car oui, c'était bien de l'espionnage qu'elle avait apprit à se méfier. Et bien sur en second sur la liste venaient les assassins ... Si aujourd'hui elle ne portait plus d'étiquette génante, il fut un temps où quelque hérétique aurait bien pu se servir de sa tête comme d'un trophée de chasse ... Et donc la nature confiante d'Eavan s'était nuancée d'une méfiance nécessaire.
Le discours que lui tenait Historis lui donnait donc des informations. Un sourire était visible, à qui pouvait voir et sa voix était détendue lorsqu'elle parla, chose relativement rare face à un inconnu.


Vous ne pouvez pas savoir quel plaisir c'est pour moi que d'entendre ce mot dans la bouche d'un provençal ... Je parle du mot "honneur".

La voix prit un peu de dureté pour la phrase suivante, afin d'appuyer le caractère solide de l'affirmation.

Il vous faut savoir plusieurs choses à mon sujet. Je n'ai pas pensé une seule seconde vous contraindre à vous battre pour ma vie. Le métier des armes ne peut résulter que d'un choix personnel. Je ne forcerais jamais personne à tuer ses semblables pour moi.

Le choix de ne pas porter d'armes est un choix que je respecte énormément. Et je l'admire d'autant plus que je ne peux m'y résoudre.

Et le jour où je demanderais à quiconque de sacrifier sa vie pour la mienne c'est que je ne mériterais plus de vivre. Une vie ne vaut pas plus qu'une autre, pas moins non plus. Les seules choses que je tolère entre une lame et moi c'est une autre lame, un bouclier et une armure. Mais certainement pas un autre être humain.


Dit elle ... Eavan était en plein milieu d'un : faites ce que je dis et pas ce que je fais ... Et elle en était pleinement consciente. La Gaelig était bien de ceux à faire la bétise, justement, que de se prendre pour un bouclier. La vicomtesse était un garde du corps dans l'âme. Le problème étant qu'elle prenait ce rôle avec, à peu près, toutes les personnes qu'elle aimait. A une époque, elle avait reçu une flèche à la place d'une comtesse, à une autre elle avait servit de bouclier à une cardinale, plus récemment c'était à une marquise ... Mais elle l'avait également fait pour des amis, nobles ou roturiers. Eavan avait fait un choix. Celui de prendre les armes. Et dès lors elle avait un avantage dans sa défense c'est qu'elle était prête à tuer pour ne pas être tuée. Cela sans avoir à tergiverser sur la question avant d'agir. Elle n'avait que rarement tiré satisfaction de donner la mort à quelqu'un et peu de ses nuits étaient sereines mais elle se tenait à son choix.
La voix redevint plus douce lorsqu'elle acheva, après quelques instants de silence.


Je serais ravie de vous avoir près de moi Historis.

Peu de mots pour donner une réponse car, finalement, il fallait peu de mots pour dire "oui". Et nul besoin de partager les détails qui avaient su la convaincre. Cela aurait pu orienter l'attitude de l'aveugle et Eavan espérait, au contraire, que celle ci se montre avec un minimum de contraintes. La Gaelig était persuadée que c'était là la meilleure manière de faire connaissance et d'apprendre à réellement s'apprécier.
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