Labda
Rp initialement écrit pour et posté en gargote Berrichonne
« Je me souviens, non pas des mots, mais de la paume de ta main »
- Bb & Sj
- Chimère parmi les ombres, Labda s'avance, androgyne pour un soir, tête baissée et yeux fermés. Son pas est déterminé, ses poings sont serrés. Ses cheveux ont été négligemment tirés en arrière et une grande pèlerine la recouvre toute entière. Vivre pour mieux souffrir ; survivre donc. La nuit noire la dévorera.
Elle a poussé la porte d'un palais malfamé, refuge insoupçonné où elle aime s'oublier. Certains murmurent quil serait l'asile de tous les excès. Elle y est, là-bas, connue - méconnue en vérité - sous le nom de Lindor. Mi-homme mi-femme. Plus vraiment quelquun ni encore personne. Petit oisillon venu oublier la souffrance et l'isolement. Les mensonges et légarement. L'absurdité même de sa naissance.
Et le sang gicle sur ses mains sales, tâche son costume et ternit son antique candeur. Elle n'est, pourtant, encore qu'une enfant, une toute petite enfant. Captive de la nuit, elle sera ce soir le jouet des hommes et du vin. Cest le triste naufrage d'une désespérée. L'enfant qui pleure craint pour sa vie, ce sont ses traits qui le murmurent : la peur a creusé son sillage sur son visage.
En s'y attardant de plus près, on remarque que personne ne la voit vraiment ni ne semble prêter oreille à ses divagations. Il y a fort à parier dailleurs quelle vous regarde sans même vous voir : le rhum pour ultime compagnon de rédemption, son exil aura sa peau. L'alcool coule le long de son menton tremblant et imprègne son odeur âcre sur ce visage d'ivrogne. Cest la lugubre domination de la boisson : l'hystérie domine la bataille et toute raison, fragile raison, semble avoir déserté le navire. C'est, ce soir, aux Enfers qu'elle se perd.
Le jour ne s'est pas encore levé qu'elle est sortie pour mieux régurgiter sa haine. Ténèbres éternelles.
Edit : mise en page
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