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[RP] - En m'allant promener..

Yolanda_isabel
Et que reste-t-il de ses passions, de ses amours ? Enfouis sous les responsabilités, et pourtant, ce jour, elle a revêtu sa tenue de monte et à peine a-t-elle prévenu la domesticité qu’elle part se promener et qu’elle rentrerait avant la nuitée que déjà, elle franchit les portes . Adieu la bienséance, adieu les jolies convenances, les cuisses fortes se serrent sur le corps du puissant shire, les mains quant à elles, retiennent à peine les rênes, laissant à la fougueuse Madone le soin de conduire la promenade, talonnée de près par le dogue noir, ravi à l’idée de quitter pour une fois l’enceinte de Château-Gontier et le chevet de l’ami de sa maîtresse.

On oublie si souvent ses passions, mais pourtant, Yolanda est là, appelée par elles, guidée vers elle. La soif de renouer avec ses premiers amours la taraude. Peut-on lui en vouloir à cette fille qui a dans ses veines, un sang par trop mélangé et qui se complait bien plus en la compagnie sauvage des animaux qu’à celle plus policée de l’humain, ne dirait-on pas pourtant à la voir en robe, et bien coiffée, que son domaine n’est autre qu’un boudoir. Mais non, encore non, Yolanda se complaît à chevaucher, vêtue d’une riche tenue peut-être au détriment des servantes qui auront à la reprendre au retour de la promenade, coiffée d’une longue tresse maintenant les boucles blondes loin de son visage, au milieu de cette nature, le visage fouetté par le vent, l’oreille étourdie du souffle de la jument et des halètements du chien, assourdie du bruit de sa propre respiration. Sensation délicieuse et terrifiante que cette prise de conscience. Elle vit. Pleinement. Farouchement.

Les heures défilent ainsi où le galop, le trot et le pas sont alternés, plus pour économiser le gros chien qui s’obstine à courir à côté d’elle, que pour épargner la jument. Des heures avant que le regard ne se porte en haut et qu’elle constate que le soleil est au zénith et un peu plus avant que de sortir de la forêt dans laquelle elle venait d’entrer. Devant elle, une étendue d’eau et un bourg, comment pourrait-elle savoir que se tient devant elle le lac du Val Joyeux qui serpente dans la Vallée aux Dames, et surtout que sa folle chevauchée l’a conduite sur les terres de Château-en-Anjou. Un sourire qui naît au coin des lèvres avant de ralentir la cadence de sa monture pour finalement l’arrêter et s’en laisser glisser, menant l’animal par les rênes, et évitant les cajoleries débordantes du dogue, la petite Lune longe le bord du lac pour se repaître du spectacle, prenant garde toutefois à ne pas trop salir le bas de sa robe.

Et puisque le temps et la solitude s’y prêtent, la Josselinière d’emprunter à la célèbre Comtesse de Die, ses vers les plus amers.


-« A chantar m'er de so qu'eu no volria, tant me rancur de lui cui sui amia ; car eu l'am mais que nuilla ren que sia : vas lui nom val merces ni cortezia ni ma beltatz ni mos pretz ni mos sens ; c'atressi.m sui enganad' e trahia com degr' esser, s'eu fos dezavinens. »

Comme la trobairitz dit cela joliment..
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« Il me faut chanter ici ce que je ne voudrais point chanter
car j'ai fort à me plaindre de celui dont je suis l'amie ;
Je l'aime plus que tout au monde
mais rien ne trouve grâce auprès de lui :
Ni Merci, ni Courtoisie, ni ma beauté, ni mon esprit ;
Je suis trompée et trahie
comme je devrais l'être si je n'avais pas le moindre charme. »
Interprétation de "A Chantar m’er" de Beatriz de Dia.

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Clotaire.
D'abord les moines, puis le château. L'un dans l'autre, ça n'avait pas changé grand-chose à l'absence dont il gratifiait un Anjou qui devait s'en foutre comme de sa première fronde. Avait-il pioncé comme la Belle au bois dormant ? Avait-il révisé sec son histoire de France et de l'Anjou ? Avait-il mis à profit tout ce temps pour se muscler le pectoral ? Avait-il enchainé les prières pour voir se développer son système pileux ?

Que nenni, et un peu de tout ça sans doute. Il avait, comme tout bon adolescent disposant d'argent et de temps devant lui, glandé. Mais quelque chose de bien hein. Pas de la demi-glande de frimeur, non, non. De la vraie, la pure. De celle qui fait qu'il n'a pas pris de bain, qu'il n'a pas ouvert un bouquin, qu'il n'a pas jardiné un radis, qu'il n'a pas fait une traction... Une bonne putain de grosse glande de derrière les fagots. Le regard morne, la mèche grasse, le bras pendant, il n'en avait pas foutu une.

Et puis ce matin, il en a eu un peu marre.

Donc il avait posé le pied sur le sol, avait hésité, failli le ramener sous la couette, mais non, l'en avait vraiment ras le bol, l'était temps : DEBOUT feignasse ! D'autant qu'il a soudain plein de trucs à faire, une tonne d'idées à réaliser, d'occupations qui lui viennent en tête. De quoi arrêter de glander pour quelques temps du moins.

Faut l'avouer, sa propre odeur commence à clairement l'incommoder et c'est après avoir fait monter de l'eau chaude et de la saponaire qu'il entreprend de se récurer de fond en comble, avant même de sortir de sa piaule que la pauvre gouvernante passera la journée à aérer sans arriver à en chasser l'odeur de fennec mariné.

Tout ça pour ? Se prélasser sur le perron en sentant la rose ? Pour aller draguer en taverne ? Pour aller montrer à Cerdanne, pour peu qu'elle soit encore dans le coin, combien il a la mèche brillante et soyeuse ? Pour accueillir des invités dans une ambiance proprette ? Non plus... Car d'un pas alerte, il s'enfuit vers l'écurie où il a demandé à ce qu'on lui selle Berthe, qui à vue de nez a l'air en forme. Se juchant sur la jument sans plus attendre, il respire un dernier coup le bon fumet de purin et s'enfuit dans la campagne angevine qui entoure ce qui devrait être son domaine si la succession se règle un jour. Faut avouer que glander n'a jamais aidé à bien se mettre avec l'administration.

Le museau au vent, il se laisse guider par la bestiole qui parcourt le chemin cabriolante - donc ruante et cabrée- et profite du bon air. C'est à dire qu'il tourne en rond pendant un moment avec une jument incontrôlable qui manque le foutre par terre à chaque brin d'herbe qui ploie un peu trop vivement... Après une heure de cet exercice, l'adolescent sature et décide de poser sa fesse dans un coin tranquille. Comme le lac par exemple.

Enfin par tranquille, il entendait genre vide de gens.
Ce qui n'est pas le cas du lac.


" Zut..."*
*merde

S'apprêtant à grogner pour chasser l'importun qui l'empêche de profiter de sa solitude -enfin surtout quelqu'un qui risquerait de se fiche de lui et de sa façon de monter sa capricieuse jument- il s'aperçoit -fin observateur qu'il est- que c'est une fille. La robe était un indice pour vous, chez vous. Bien sur que vous aviez deviné !

Et pas n'importe laquelle... c'est la fille qui a une main ! Clo en reste coi. Si seulement Berthe pouvait en faire de même...

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Yolanda_isabel
N’est-ce pas merveilleux d’être là ?

D’assister aux ébats maladroits d’Ankou qui se dérange à grands coups de truffe la faune du lac, de sentir contre son épaule, la puissante musculature du shire qu’elle mène à ses côtés. D’être loin de tout et de tous et de se retrouver dans cette solitude qui a pavé sa jeunesse. Paradoxalement, c’est ainsi qu’elle est le mieux même si cette solitude l’a bien souvent étouffée. Comment croire que l’enfant de la lune du Lavardin se sentirait mal entourée de cette nature ? Elle y est bien, elle goûte avec plaisir les joies simples de la vie, l’onde délicate du lac, les bruits légers alentours, des bruits que tous n’entendent pas, ne s’arrêtent pas pour entendre, le bruissement d’une aile dans les feuilles des arbres, la terre soulevée par quelques rongeurs alentours. Et elle, adolescente géante parce que son père et son frère le sont aussi, elle se complaît à contempler le grand dogue baguenaudant au bord du lac sans oser pourtant y entrer. Tout est parfait. Le calme règne alentours et dans son cœur, cet instant est magique.

Mais comme tous les moments de félicité vivent leur temps, celui-ci s’arrête sur un bruit pour le moins reconnaissable : un hennissement. La tête se tourne dans un sens, puis l’autre jusqu’à saisir la silhouette, quelques pas en arrière. La silhouette qui lui évoque quelqu’un de connu, et inconsciemment, le corps se tend vers cet autre. Il est grand, il est fort, il est brun, il y a cet air de famille, c’est Aimbaud, elle en est sûre. Son regard ne pourrait être plus cruel de la leurrer ainsi, et la main intime à l’animal de faire demi-tour au moins pour s’approcher un peu et voir que ce n’est pas son frère, ce n’est pas Aimbaud.

C’est ..


-« Vous êtes.. Clotaire, c’est cela ? Le bon jour. »

Le sourire même si triste, n’en est pas moins présent. Elle pensait voir son frère, elle pensait le retrouver après tous ces mois sans lui mais ce n’est pas lui. A sa place, le fils de Kilia. A sa place, ce parent à qui elle a voulu donner du courage quand on a rendu à la terre la Lumière d’Anjou. D’un claquement de doigt, le dogue est ramené à de meilleures dispositions concernant le Mauléon.

Soudain, une question lui traverse l’esprit.


-« Savez-vous où nous sommes ? L’endroit est si joli. »

Idiote.
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Clotaire.
"Euh..."

Quelle répartie mon gaillard !

"Euh..."

Et il radote déjà, à son âge !

"Euh..."

Là, ça devient un peu lourd gamin, va falloir changer de refrain ou tu vas définitivement passer pour un crétin.

"Euh..."

Crétin.

Il est là, les bras ballants, la lippe tombante, con. Même Berthe se détourne pudiquement pour ne pas assister au massacre. Mais qu'est-ce qui arrive donc à l'adolescent à la répartie plus prompte que sa réflexion ? Que se passe-t-il dans la caboche de l'héritier pétri d'idées et de bons mots ? Toujours une question con au bord des lèvres, toujours une vanne à portée ?

Certes, c'est une fille.

Ce qui en soi est déjà un mauvais point. Clotaire n'aime pas les filles. Faut dire qu'il garde comme a priori les attitudes boudeuses et revanchardes d'Elandra, quand ils avaient à peine quelques années et qu'elle le martyrisait. Parce qu'on ne peut rien dire, rien faire, rien tenter contre une fille : quand on est un garçon, on a tort, on s'excuse, puis on se tait. Une fille, ça se plaint, ça chougne, ça a toujours raison, et ça tient à ce qu'on se lave les cheveux, en sus. Le jeune homme n'a toujours pas bien compris pourquoi, mais il a vu les hommes les plus forts en gueule la fermer purement et simplement sous le joug d'un regard féminin. Une sorte de super pouvoir du sexe faible, un truc pour compenser tout le reste.

Il connait peu de filles de son âge. Et celles qui en approchent ont des fonctions et des responsabilités qui font qu'il les voit plus vieilles qu'elles ne le sont en vérité. Clo n'a aucune expérience en aucun domaine, alors les filles qui en ont, il a tendance à ne plus vraiment les considérer comme des filles. Disons qu'il accepte leur existence, et qu'au final, elles ne le dérangent pas trop. D'autant que la plupart du temps elles restent à la périphérie de sa vie.

Il connait peu de filles jolies et apprêtées. Avouons le, celles qu'il a rencontrées jusqu'à présent étaient pour la plupart des Amazones. Des femmes fortes, au caractère plus que trempé, à la gouaille bien chargée, qui ne s'en laissaient pas compter, comme si la douceur allait les perdre dans ce monde dur et âpre. Ou alors il leur manque des bouts de corps, à moins qu'elles ne collectionnent les cicatrices...

En bref, il ne connait pas une fille qui soit à la fois de son âge et jolie. Et qu'on ne lui rétorque pas que Yolanda ne rentre pas vraiment dans la seconde catégorie, y'a qu'à voir la tronche qu'il tire pour se rendre compte que pour lui, elle en est la reine. Si elle ne ressemble pas, de près ou de loin, à une petite chose fragile, elle a un côté féminin, doux, blond... qu'il se trompe ou pas, on s'en fiche : les pommettes rougies et l'oeil brillant parlent pour lui.

Et du coup...


"Euh..."

Il en perd, un peu, ses moyens...

Déglutissant difficilement, et cherchant l'inspiration dans un brin d'herbe, il glisse dans un souffle :


"Chez moi..."

Attention, maintenant, il va demander une information capitale, qu'il n'a pas songé à obtenir lors de leur première rencontre, qui il faut l'avouer se prêtait peu au tissage de lien social.

"Euh... Tu... vous... enfin.. euh... un nom ? euh non jeveuxdire un prénom..."

Quel beau parleur ce mec !
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Yolanda_isabel
Et pendant que lui s’attelle à trouver quelque chose à dire, elle attend. Elle attend et s’étonne presque de ses hésitations. Pourquoi s’inquiéter de sa présence ? Pourquoi trembler et balbutier ? Ce jeune homme en face d’elle, elle le fixe en souriant doucement. Pendant que lui cherche la réponse à donner à sa question, elle cherche les différences, les sept erreurs entre Aimbaud et Clotaire, à commencer par les cheveux, la tignasse longue tranche avec la coupe bien ordonnée de son aîné, pourtant, les traits semblent les mêmes à quelques détails près, il y a un air de famille, il y a un air de ressemblance, et puisqu’il lui évoque Aimbaud, dès lors pourquoi ne pas l’aimer comme son frère, ne pas le chérir et lui faire confiance. Tranquille, elle le dévore des yeux, se repaît de ce visage qui lui semble familier alors qu’avant la mise en terre de sa tante, elle ne l’avait jamais vu.

Elle n’a que douze ans, il n’y a pas d’attirance vraisemblable pour les hommes. Les hommes ne lui sont rien, sinon des gens dignes d’amour et de tendresse comme tous, ils ne lui ont pas encore offert ce petit éclat de bonheur et de passion, cette émotion qui pousse une femme à rougir en leur présence, à s’émouvoir de leurs mots ou de l’absence de mots. Elle n’est pas femme, elle est Yolanda, elle est Lune. C’est la nature qui l’émeut. C’est le souffle du vent qui se glisse dans ses boucles lourdes qui la fait frémir. Pas un homme. Alors, elle ne sait pas, elle ne comprend pas son hésitation, et quand il se décide à parler enfin, elle peine à entendre ses mots, jusqu’à ce qu’ils arrivent jusqu’à elle. La bouche s’ouvre en un O parfait. Elle est donc si loin de chez elle.. Château-en-Anjou, voilà où elle se trouve, et le soleil semble si haut dans le ciel qui lui semble soudain entendre ses gens s’inquiéter de son absence, mais déjà, il la ramène à la terre ferme, déjà, il la ramène à l’instant présent avec ses balbutiements.

Elle étouffe un rire dans le gant qui ceint la main libre.


-« Oui, j’ai tout cela, nom et prénom. Je pensais que vous le saviez. Je m’appelle Yolanda Isabel de Josselinière. »

Oui, elle pensait vraiment. Mais elle a si souvent tendance à penser que comme elle, les gens ont passé des années avec le nez dans les registres poussiéreux de la chapelle héraldique, au point de connaître chaque membre de chaque famille.

-« Je me promenais sans savoir que j’étais sur vos terres.. Dois-je repartir ? »

Sait-on jamais ? Tous les angevins ne sont pas ravis à l’idée d’avoir chez eux la sœur d’un vassal de la couronne. D’ailleurs, tous les bourguignons ne sont pas ravis d’avoir chez eux, la fille d’une duchesse angevine. Et loin de s’en offusquer ou d’en être blessé comme son aîné, la Lune prend cela avec calme et nonchalance.

Et ainsi donc, elle attend. Encore.

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Clotaire.
"Euh... non non... non"

Le troisième est un peu trop insistant pour être sincère à vrai dire. Il faut qu'elle parte ! Regardez moi ce sourire là ! Les délicieuses petites marques qu'il creuse autour de ces lèvres parfaites ! Et ce nez qui les surplombe, parfaitement ajusté au centre du visage ! Et les joues qui l'encadrent, on dirait qu'elles ont été faites pour Elle ! La douceur de ce sourire... qui se trouve encore rehaussée par celle de ces yeux qui, de chaque côté du nez susmentionné, le regarde, presque rieurs...

Rieurs ?

Elle se moque, la fourbe ! La sournoise ! La vile !

La si belle...

Il faut qu'elle parte. Si elle ne part pas, il va finir par avoir l'air vraiment, vraiment con. Et qu'on ne lui dise pas qu'il a déjà atteint ce stade y'a belle lurette ! Il n'est pas d'humeur à l'entendre. D'ailleurs il n'est d'humeur à rien. Ne flotte entre ses esgourdes qu'un vide intersidéral où ne surnagent, à la limite, que ses hormones.

Mais qu'elle est belle !

Ferme la bouche Clotaire...

Oui, mais quand même hein ? t'as vu comme elle est belle ?

Tu vas baver... ferme la bouche.

Il ne bave pas -encore- mais ne peut la quitter des mirettes. Qu'il a l'air crétin, ce grand dadais, dégingandé au possible, aux membres trop maigres, étirés par une croissance capricieuse. Touché par la Grâce, lui qui s'évertuait tellement à éviter la gent féminine... Frappé par ses hormones, alors qu'il vient tout juste d'atteindre l'âge d'homme... Jamais encore il n'avait trouvé jolie, belle ou attirante quelque membre que ce soit du sexe opposé -ni du sien d'ailleurs, je vous vois venir avec vos sous-entendus.

D'ailleurs il ne la trouve pas attirante. Il n'a pas envie de l'embrasser, de la toucher et encore moins de la trousser -pour peu qu'il sache exactement ce que ça signifie- non, il pourrait juste rester là à l'admirer. C'est ce qu'il se contente de faire. Et qui lui donne l'air si con.

Heureusement, ou pas, Berthe est là pour l'aider à revenir sur terre, et lui mordille allègrement le poignet, le forçant à détourner les yeux de sa visiteuse impromptue. Le temps d'une tape sur les naseaux, et le Penthièvre aperçoit une fleur, qui serait bien incapable de nommer, non loin d'eux. Il est jeune, il est un peu abruti, mais il n'est pas complètement inculte. Et propose :


"voulez une moche vous fleur ? non... vous moche..." Oh putain... "Voulezvousunefleurquiseramoche?" Il l'a dit... mazette, ce garçon est fou. "enfin une belle... mais moins que vous... arf oubliez..."

Foiré. Il en vire au rouge -pivoine évidemment- et s'enterre, creusant toujours plus loin pour se dérober aux regards moqueurs de sa belle... enfin, comme il n'est pas une taupe, en fait il se dandine donc d'un pied sur l'autre, l'air encore plus débile que tout à l'heure. On ne l'aurait pas cru possible. Et encore, il a les cheveux propres !
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Yolanda_isabel
Elle ne doit pas repartir.

Discrètement, un soupir est expiré, de soulagement puisqu’à l’instant où elle a dit ces mots, son cœur s’est serré à l’idée de quitter l’endroit délicieux où ils se trouvent. Elle peut rester et la chose la ravit, puisqu’elle peut rester avec lui. Voilà ce pourquoi elle a été faite, pour les beaux paysages calmes, pour les rencontres douces, pour parler doucement au bord d’un lac, et sourire. Oh.. Lui sourire encore à celui-ci qui a l’air perdu. Il voudrait lui reprendre la main pour effacer ce trouble du visage, sans savoir que le trouble qu’il connaît est de son fait.

Les enfants sont naïfs. Mais Yolanda n’est plus enfant.

Même si elle ne voit pas en lui un amant – il faudrait pour cela qu’elle perçoive la nuance – elle n’y voit pas non plus un ami. Elle sourit d’un sourire charmé, bercée par ce regard sombre. Et son regard suit le sien quand il est dérangé par sa monture, il s’arrête sur leur environnement sans rien fixer, sans rien voir de ce qu’il voit, et sa question chargée d’hésitations la prend au dépourvu. Le nez se plisse d’essayer de discerner ce qu’il essaie de lui faire entendre. Elle n’en retient que peu de choses. La fleur et le compliment. Elle pensait déjà connaître l'amour et ses douleurs, Arutha qui la rejette, Thibert qui meurt.. A douze ans, pensez-vous.. Pourtant, la voilà qui rougit à se remémorer les contes de fine amor.

Ce n'est pas de l'amour, c'est un conte et elle est l'héroïne.

La chose lui semble loin derrière elle, derrière une voix qui lui dit qu’elle doit épouser un homme pour son nom et son titre. La tête est secouée, sans succès autre que secouer les boucles blondes qui se sont échappées de sa coiffure durant la chevauchée.

Elle veut un prince, elle veut un héros. Et l’idée n’est pas partie juste enfouie, alors un peu vivement peut être, elle répond.


-« Oui ! » Et de se reprendre pour sourire de plus belle, plus tendrement aussi. « Oui, je veux bien une fleur. »

Non, elle n’oublie pas. Elle ne veut pas oublier. Comme les fées qu’elle avait cru oubliées, les rêves d’homme courtois reprennent le dessus sous cette couche de raison qu’ils ont pris soin de bien étaler sur ses rêves inconscients d’enfant.

-« Vous êtes très beau, vous-même. »

Plus encore quand il s’emmêle comme cela, et qu’il la pousse à sourire toujours plus. Mue par un besoin impérieux, elle s’écarte pourtant pour attacher les rênes de sa monture à un arbre tout près d’eux, avant de revenir à ses côtés tout sourire. Elle va avoir une fleur, et même si l'idée de savoir qu'on va arracher une fleur à sa terre fait naître un petit pincement au coeur, elle est ravie. Elle va avoir une fleur. Cela peut paraître minime mais c'est si doux. C'est si beau.

Ce n'est pas de l'amour, c'est un rêve. Et elle rêve éveillée.

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Clotaire.
Elle veut sa mort. A tous les coups elle a été envoyée par une horde de tourangeaux, à seule fin de le faire crever. Sinon pourquoi aurait-elle sorti un compliment tellement inopportun, pile poil quand il était penché sur cette fameuse fleur dont on ne connaitra jamais le nom, alors que tout le monde sait que c'est penché qu'on déglutit le plus mal ?

*kof kof koooooooooooof*

Il s'étouffe, toussotant tout ce qu'il peut, manquant crever là, sous les yeux de la plus belle jeune fille du monde entier, avant de se relever triomphant et victorieux, son trophée dans la main, à peine écrasé par la pression involontaire de son poing lors de son agonie.

Il la lui tend, rouge cerise, le souffle court. Heureusement qu'il ne peut pas quitter Yolanda Isabel des yeux, parce que sinon, il se rendrait compte qu'il lève vers elle une espèce de tige sur laquelle tiennent vaille que vaille quelques pétales survivants. C'est diablement laid, et pathétique. Sans compter qu'il vient donc de tuer une fleur inutilement, elle ne joue même plus son rôle esthétique, et ne sent plus rien.


"C'est parce que Cerdanne a insisté..."

Aucun lien, fils unique.

Vous voulez vraiment le rapport ? Personne ne voit ? Au fond ? Tssss... Un ange blond à la douceur de miel vient de lui dire qu'il était très beau. Il en conclut qu'il y a une cause. Soit, la propreté de ses cheveux. Or qui l'a obligé à les laver ? Cerdanne. Faudra mieux réviser la prochaine fois.

Quand il se rend compte de la tronche de son présent, il a honte, et vite planque le végétal derrière son dos.


"J'ai du me tromper, y'avait rien en fait... "

Quand il arrive enfin à prononcer une phrase, c'est pour terriblement mal mentir. Et beh mon gars, c'est pas gagné...
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Yolanda_isabel
Une personne avisée - au hasard .. Aimbaud - connaissant Yolanda - je dirais.. Aimbaud -ayant l’habitude de ses réactions - si nous disions.. Aimbaud -aurait-pu dire, sans se tromper, d’un air de connivence toute masculine, à Clotaire que ce qui suit n’augure rien de bon. Mais Aimbaud n’est pas là et donc, il ne peut pas dire à Clotaire de prendre garde.

Dommage !

Le sourire présent jusque là, de se froisser en une moue contrariée à la vue de la dépouille florale, mi-triste, mi-fâchée –mimolette – de voir tomber à l’eau ce merveilleux conte de fée où le prince lui aurait offert une fleur avant que de lui déclamer quelques vers que lui aurait inspiré son amour pour elle.

Con de garçon !

Et comme elle le ferait avec Aimbaud, et comme il ressemble à Aimbaud, elle détourne le regard pour fixer le lac, un point lointain, ailleurs. En somme, Yolanda boude. Mais c’est de la faute de Clotaire, n’est-ce pas ? C’est lui qui lui a offert de lui cueillir une fleur et s’en est révélé incapable. Mais la concentration de Yolanda étant à la mesure de sa rancune, voilà que le regard se pose sur le dogue qui s’affaire à essayer d’attraper quelques grenouilles dans le lac avant que d’y tomber dedans dans une gerbe d’eau. En faut-il plus ? Non, Yolanda rit, cela suffit. La main de Clotaire est saisie dans la sienne, et elle l’entraîne sans lui demander son avis, le forçant à entraîner avec lui la jument ou à la lâcher.

Gamine impétueuse ! Capricieuse, rajouterait-on pour faire bonne mesure.


-« Venez ! Allons l’aider ! »

A quoi ? A sortir de l’eau, à attraper les grenouilles, à faire l’idiot. Il n’y a pas de réponses, elle s’en moque, elle rit tandis que le pataud de chien tente de sauver l’honneur en collant des coups de dents dans la surface miroitante.

Elle rit alors qu'elle pose son regard sur son parent pour y guetter chez lui une source de plaisir ou d'hilarité. Elle rit parce qu'elle est jeune et heureuse.

La fleur est oubliée, délaissée à son triste sort, et c'est tant mieux !

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Clotaire.
Elle a recommencé !


Elle

a

recommencé !

Elle lui a pris la main. ENCORE.

Y'a une minute, elle boudait. Si, si, il l'a bien vue, sa mine renfrognée à l'instant. Elle boudait, elle n'était pas contente, lui à deux doigts de demander à Berthe de le piétiner jusqu'à ce que mort s'ensuive, ne supportant déjà plus d'être la cause de ce malheur, de cette avanie dans le ciel jusqu'alors rayonnant de la plus jolie blonde que la terre ait porté -la beauté est subjective, rappelons-le.

Et maintenant, elle lui tient la main, en riant. Elle rit ! Le plus beau son qui ne soit jamais arrivé aux oreilles de l'adolescent, assurément. Il croit mourir, d'une explosion de joie, tellement il est soudain heureux après avoir été si triste. Cette fille a inventé les montagnes russes, à tous les coups, ou ne tardera pas à le faire.

Il dirait oui à tout, non à tout, il ferait n'importe quoi, pourvu qu'elle rie encore, qu'elle n'arrête pas. Ou à la rigueur pour sourire, faudrait pas qu'elle nous claque entre les doigts d'épuisement, ça fatigue vachement de rire quand même... mais si, ça fait mal aux côtes même. Mais si on vous le dit bon sang ! Bref, il ne comprend rien à ce qui lui arrive, mais il la suit, ne voulant pas gâcher l'instant comme il a terni le précédent.

Il la suit sans l'avoir réellement comprise. Allons l'aider ? Mais aider qui ? Quoi ? Un chien ?

Si ce n'était Elle, le jeune héritier serait sceptique, voire même carrément contre l'idée. Parce que c'est Clotaire, qu'il a quatorze ans, qu'il est angevin et que sa notion de l'amusement est plutôt dans la pendaison, la mise au bucher ou la noyade de gens, avec une préférence pour les tourangeaux, mais bon il est pas sectaire comme garçon. Tous ceux que Calyce n'adopte pas sont de potentielles victimes à vrai dire. Alors crapahuter dans l'eau, vous pensez bien...

qu'il va adorer ça. Bien sûr. A peine le bout de la botte est-il détrempé qu'il en rit d'aise, accompagnant le cristallin de Yolanda avec son espèce de rauque en pleine mue. Classe.

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont heureux...

Il est angevin, il est sous le charme, il est maladroit...

Elle est jeune, elle est bien élevée, elle est... trempée. Il court bien trop vite, bien trop fort, bien trop loin et elle lui tient la main... Et celle-là de bourde, il va la rattraper comment ?


"euh... oups... attends..."

Attendre quoi ? Manifestement pas grand chose... il ne fait rien, à part la reposer sur ses pieds, vérifiant qu'elle ne se noie pas dans les étoffes riches qui l'habillent... Mais elle fait presque sa taille, comment l'aider plus ? Sans la toucher plus ? La toucher... Diantre ! il l'a touchée ! Il meurt...
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Yolanda_isabel
Elle a juré.

Juré à son frère de n’aimer que lui, juré qu’il serait le seul homme qu’elle aimerait, en toute innocence évidemment, mais elle a juré. Se sent-on parjure à cet âge ? Il arrive mais pas souvent, et quand elle entend le rire de Clotaire, elle oublie la promesse, elle oublie un instant ce moment de grâce où elle avait eu la certitude qu’Aimbaud n’aimait qu’elle et qu’il oublierait ses frivolités, elle oublie tout et ne garde par devers elle que le rire de Clotaire car c’est la première fois qu’elle l’entend rire. Et ce rire, ce rire lui arrache un frisson qui lui fait oublier jusqu’à l’étendue d’eau dans laquelle ils s’engouffrent, et alors qu’elle voudrait rire encore, ses jambes flanchent sous elle et la voilà qui trébuche. Mouillée, en trébuchant et aidée par lui, elle se relève, liée à l’onde par les jupons détrempés. La main toujours tenue à la sienne, l’autre vient recaler à l’arrière quelques mèches indisciplinées et collées sur son visage.

Mouillée et hilare. Le voir piteux alors qu’elle-même s’amuse tant, étreint pourtant son cœur, alors la main se resserre sur la sienne en une tentative de réconfort.


-« Cela sèchera ! »

Que faire de quelques nippes quand les malles regorgent de robes toutes plus belles et que celle-ci n’est qu’une tenue de monte qui était déjà à la limite d’être trop petite pour elle, la belle affaire que voilà, les lavandières la frotteront et la rallongeront dans le même temps. Et déjà la voilà tirée de ses pensées par une gerbe d’eau envoyée par les ébats du chien à leurs côtés. La main de son parent est lâchée pour plonger avec sa jumelle dans l’onde à plusieurs reprises, jetant dans l’air ambiant autant d’éclats de rire que d’éclaboussures, enfin une grenouille en est extirpée après plusieurs tentatives pour la garder dans le creux des paumes, dissimulée à moitié par les doigts entrelacés autour du petit corps visqueux.

-« Croyez-vous qu’en l’embrassant, je le transformerai en prince et serai princesse ? »

Cette idée qui avait bercé son enfance lui semble incongrue et même désagréable à l’instant où les mots passent la barrière de ses lèvres, et voilà l’occasion qu’attendait le batracien qui se sauve sans demander son reste, lui arrachant un petit cri tandis que la bouche s’ouvre en un O de stupéfaction. Voilà comme on perd un prince, en s’amourachant d’un duc, les épaules se haussent tandis qu’elle lui sourit, ravie. Combien de fois a-t-elle eu l’occasion auparavant de s’amuser tant qu’en cet instant ? Si peu.

Rire avec Clotaire, cela vaut bien un prince.


-« Le rire vous va bien, savez-vous ? »

L’honnêteté a cela d’étonnant qu’elle fait dire des choses improbables à des moments étonnants. La voilà heureuse de son bonheur à lui, sans même se soucier que ses bottes sont perdues et que ses jupons se teintent dans l’eau vaseuse d’une couleur saumâtre.

Qu’importe..

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Clotaire.
Le temps avait passé depuis cette première rencontre. Beaucoup de temps. Et beaucoup d'autres rencontres.

Il avait au début fait semblant de revenir souvent au même endroit, prétextant adorer les lieux. Alors qu'il n'y avait pas fichu un orteil avant d'y passer par hasard ce Premier Jour.
A chaque fois, le laps de temps avant qu'il ne parvienne à formuler une phrase plus ou moins sensée raccourcissait. Faut dire qu'il s'entrainait énormément. Devant une domestique, dans une taverne vidée de ses ivrognes habituels, devant son reflet dans une flaque, en fermant les yeux et imaginant la jolie blonde. Il répétait toujours ces simples mots : "Bonjour Damoiselle, vous êtes ravissante ce jour."

Il avait fallu une demi-douzaine de retrouvailles impromptues ou pas avant qu'il ne parvienne à prononcer sans faute cette phrase somme toute assez banale. Fier comme un bar tabac le môme quand il avait accompli l'exploit. Si fier, qu'il n'avait pas réalisé de suite qu'il n'avait répété que celle là, et que ça s'avérait un peu court pour tenir toute une conversation...

Au fur et à mesure de leurs rendez-vous, car désormais ils programmaient leurs tête à tête, Clotaire s'enhardissait. Il avait même réussi à la voir en taverne sans se rendre complètement ridicule -du moins lui n'en avait pas conscience et c'est ce qui compte.

Désormais, le seul obstacle à leurs affinités naissantes était ce cousin rencontré par surprise, ce marquis au langage si bruyant, la coupe au bol fièrement arborée, le poing joueur sur le crane de l'héritier... Le frère. Aimbaud.

Et c'est le sujet que tente d'aborder Clo, alors qu'ils se tiennent cette fois dans une clairière ensoleillée au bord du Loir, entre Saumur et Angers.


"J'ai croisé... euh... enfin il m'a croisé... enfin bref... euh... votre frère ?"

Aimbaud le stresse tellement - ou est-ce la présence de la jeune fille ?- qu'il en froisse le poème qu'il tient d'une poigne de fer dans sa poche. Pas grave, il le connait par coeur. Pis il les lui donne jamais de toute façon.
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Yolanda_isabel
Il y avait eu en effet plusieurs rencontres. Au début, ce n’était que le fruit d’un hasard un peu poussé, puis finalement, les rencontres avaient été programmées et données toujours à Château-Gontier, l’occasion d’une plaisanterie ou d’un sourire quand la demoiselle de Molières demandait une monture pour aller se promener, apprêtée comme pour un bal. Et la demoiselle d’y répondre par un haussement d’épaules et un rougissement avant de piquer des deux pour rejoindre son parent à travers la campagne angevine ou sur les terres de l’un d’eux. Oui, en vérité, leur penchant mutuel n’avait échappé à personne si ce n’est à l’une des personnes les plus concernées peut-être : Aimbaud.

Et ce jour, Aimbaud devient le sujet de conversation de la rencontre, le sourire jusque là présent sans effort sur le visage de l’adolescente de se transformer en une moue contrite.


-« Moui.. Il me l’a dit. »

Il s’agit d’amener la chose délicatement puisque de toutes les personnes qui connaît Yolanda, Clotaire est de toutes la plus timide et introvertie.

-« Je lui ai parlé de nous.. Euh.. Ahem .. De vous. »

Voilà qu’elle bafouille à son tour, ce n’est pourtant pas un relent de timidité mal placée, mais bel et bien un regain de bienséance, ce n’est pas à une jeune fille de parler de « nous », de parler union et mariage, mais bien aux hommes. Il ne faut pas brusquer Clotaire, il ne faut pas le pousser trop avant.

-« Je lui ai dit que je vous aimais. »

Il ne faut pas..

Mais si Yolanda faisait ce qu’on attend d’elle, cela se saurait. Alors elle attend, anxieuse, qu’il donne son avis sur la chose, s’attendant déjà à ce qu’il la repousse, qu’il lui dise que ce qu’elle prend pour de la tendresse, n’est que de l’affection familiale. Est-ce de la faute d’Aimbaud ou l’attente de cette réponse, toujours est-il que le ruban bleu qu’elle a brodé et qu’elle escomptait lui offrir, est froissé entre les doigts nerveux..

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Clotaire.
Il va mourir. C'est sur et certain. Le peu qu'il a vu d'Aimbaud, et ses réactions à l'évocation de sa soeur bien élevée, si parfaite, ... oui, parfaite, elle est parfaite... regardez la sourire, la moue, ce regard,... euh bref, Aimbaud allait le tuer, c'est sûr...!

Se faire frotter le crâne jusqu'à ce mort s'ensuive, ou peut-être un croche pied opportun ? ou alors se faire crier dans l'oreille jusqu'au trépas...

Dans tous les cas, ne pas en réchapper. Il est presque certain qu'il n'est pas bienséant du tout du tout de dire à son frère qu'on aime son cousin. Que Yolanda étant parfaite en tout point, c'est forcément de la faute de Clotaire. Et quelle pire faute que de se faire aimer de la soeur du futur bourreau ? Clotaire imagine déjà l'odeur de son cercueil, la couleur de la pierre tombale, le froid qui doit régner là-dessous...

Avant de percuter. Il en bat des cils, la gueule béante, le rouge aux joues et les mains entortillées l'une dans l'autre. Qu'importe la sentence ! Oublié Aimbaud ! Oublié l'échaffaud ! Oublié l'avenir !

Ne comptent plus que le présent, et l'aveu de Yolanda.

Elle l'aime !

Elle l'aime !

Elle l'ai..me ...?

Elle, si belle, si douée, si fine, si intelligente, si ronde, si blonde, si Elle !

A un cheveu de l'infarctus, l'héritier. Que dis-je ! un poil !

Dans un élan incompressible et incompréhensible, le voilà qui se penche vers Yolanda, prêt à lui voler ce qu'elle lui accorderait peut être, un acte d'amour pur et sincère, un désir qui le tiraille depuis qu'il l'a rencontrée, les hormones en ébullition, il se rapproche à l'en toucher, et ...
tendant le bras, il effleure de ses doigts de sa bien-aimée, et enfin, dans un sursaut de hardiesse inconsidérée, il se saisit de sa main qu'il presse dans la sienne.


"je... bah aussi... enfin... oui ! je veux dire..."
Dire... dire...

"Ciel ! Votre frère !"

Séparant leurs mains, il noue les siennes devant lui, avant de prononcer sa première phrase entière depuis qu'ils se connaissent.

"Et bien allons le voir, ce frère, je veux respecter la bienséance ! "

Ce mot, il ne risque pas de l'oublier, Aimbaud a du le lui répéter une quarantaine de fois en vingt minutes...
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