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[RP] Lettres à l'Aube d'un long dimanche de fiancailles...

Grimoald
La course à l'Héritage n'avait point épargné notre jeune nabot aux bouclettes d'or. Il savait, au fond. Il savait. Il savait que redevenir un Lefebvre, un parfait petit Lefebvre aux yeux sa tante l'Héritière, passerait inévitablement par l'acceptation d'un prochain mariage.
Il était en âge, maintenant, et nul doute que la Famille avait quelques projets en tête. Seulement... Il ne s'attendait à ce que cela arrive si tôt.
A peine avait-il écrit à sa vieille tante, pour la première fois depuis plus d'une année, que la promise débarquait par une belle soirée, un dimanche de mai, dans la cité Troyenne. A n'en point douter, elle n'était autre qu'un cheval de Troie. Cette promise, c'était un pion de Cunégonde. Il ne doutait point qu'elle fut sa promise. Mais pouvait-il lui faire confiance ? Qui était cette jeune demoiselle ? Il voulait en savoir plus. Le peu qu'il avait pu en voir durant cette soirée l'intriguait au plus haut point. Comment cette demoiselle, certes fortunée mais qui, cependant, ne répondait point tout à fait aux critères d'exigence d'une Lefebvre, avait-elle put être l'objet des plans de son grand-père ?
Intrigué, il voulait en savoir plus. Et puis bon... Certains racontent qu'il n'est point superflu de faire la connaissance de sa future épouse.

Face au vélin, le jeune Grimoald était plein d'assurance. Face au vélin, il n'y a point ses grands yeux bleus qui vous glacent et coupent le sifflet.
La plume ne bégaye point, la plume ne rosit point. La plume peut mentir, la plume est plus difficilement démasquée, elle peut se parer de tous les artifices.


Citation:

Le..
Au Troyen, Troyes


    Très chère promise,

Une journée seulement pour faire votre connaissance. C'est peu lorsque l'on sait que nous sommes amenés à vieillir côtes à côtes... Bien que vieillir ne soit point de mes desseins immédiats.
J'ai pu vous paraître peu enclin à cette idée. Si tel est le cas, je suis confus et vous prie de m'en excuser. Sachez que loin de moi est l'idée de déroger à la décision prise par feu mon bien aimé Grand-père. Si, comme vous me l'avez confié, nous sommes liés l'un à l'autre depuis notre plus tendre enfance; c'est que cette décision émane de lui, et de votre père, et non de ma très chère tante. Bien que l'idée de me voir enfin marié ne doit point être pour lui déplaire.
Je m'attendais à être promis. Là n'est point le soucis. Seulement, je ne m'attendait point à l'être si tôt.

Vous semblez bien connaître ma très chère tante. J'ai d'ailleurs eu l'agréable surprise de constater qu'elle trouvait grâce à vos yeux. Vous m'en voyez sincèrement ravi. Par ailleurs, j'ai également pu constater que, toutes deux, vous en étiez venues à aborder mon "cas".
Il est vrai qu'il y a un peu plus d'une année de cela, je me suis enfuis. Il est vrai, comme elle a dû sûrement vous le conter, que je suis entré au service d'une femme que je tiens aujourd'hui encore dans le plus grand respect et qui, par ailleurs, se trouve être ma marraine. Cela, ma très chère tante l'ignore très certainement.
Je présume qu'elle ne sait rien d'autre de mon "parcours". Je ne l'ai d'ailleurs vu qu'une seule et unique fois depuis le printemps dernier. C'était au mois d'octobre, je doute qu'elle ne vous ait point conter cela. Je me souviens alors l'avoir traité de "vieille bique méchante". Cela était bien sot, je le sais, et je n'en suis point fier. Je me souviens aussi, avec amertume, lui avoir déclaré ne plus vouloir entendre prononcer le nom de Lefebvre : mon nom, celui de feue ma mère, le sien. Ce nom, c'est aussi celui que feu mon Grand-père arborait fièrement. Mon Grand-père : vestige et grand défenseur de notre race.
Il semble pourtant que nous ne soyons en certains point bien étrangers. Si étrangers que les vues de feu mon Grand-père m'intriguent.

J'aimerais, si vous me le permettez, en apprendre davantage sur vous. Je ne demande qu'à mieux nous connaître.


Que le Très-Haut veille sur vous, ma promise.





_________________
Albanne
Les jours de voyage ont été bien rapides. A peine ai-je eu le temps de rencontrer mon promis, que je m'étais mise en route pour Paris. Edouard Bontemps, le majordome de Mère, m'avait retrouvé. Et je m'étais rendue immédiatement, en compagnie d'Enigma, dans l'hôtel parisien.
Et, alors qu'une habile couturière ajuste la robe que je porterai au bal de la semaine prochaine, Monsieur Edouard m'apporte un plis. Une missive pour moi ? Qui cela peut-il être ? Je romps le cachet de cire, et parcours la missive des yeux. Mon promis ! Quelle étrange et agréable surprise. L'un de mes rares début de sourire se dessine sur mon visage pâle. J'abandonne la couturière pour me précipiter devant mon écritoire. Une plume, de l'encre, un parchemin vierge, et je commence à écrire.



Citation:
Le...
Hôtel particulier des Houx-Rouge, Paris

Cher ami,

Sachez tout d'abord que recevoir une lettre de vous me comble de joie. Je ne m'y attendais point, et je suis fort agréablement étonnée de vous lire en cette si belle matinée.

Je puis comprendre votre désarroi. Il s'avère que je n'ai plus de souvenir de ma vie antiérieure au milieu de l'hiver 1459. Lorsque les brigands nous ont attaqués, ils ont tués mes parents, et m'ont frappé si fort qu'à mon réveil, je ne me souvenais de rien. Sans le médaillon que je porte, je ne saurais ni mon prénom, ni ma date de naissance. Une branche de la famille de ma mère a fini par me retrouver, et me donner mon nom complet, ainsi que celui de mes parents. Et seulement deux semaines plus tard, j'apprends par la bouche d'une illustre inconnue, votre Tante, que je vous suis promise. Cela ne fut certes pas aussi difficile que pour vous a intégrer, mais le coup fut un peu rude. Même si je reste persuadée que nous finirons par nous entendre.

Quant à vostre passé, n'en ayez point honte. Ce fut une page de vostre vie, mais désormais, vous allez, j'en suis sûre, reprendre le chemin que vous n'auriez point dû quitter. Nous faisons tous des erreurs, l'important est de ne point commettre deux fois les mêmes.
Je tiens à vous rassurer. Je porterai haut le nom de vostre Aïeul. Jamais par ma faute, il se trouvera entâché de honte. Je vous donnerai, quand le temps sera venu, un Fils, qui reprendra à son tour, tout l'Honneur de la Famille.

Mais à votre tour de me parlez de vous. Qu'aimez vous, dans la vie ? Comment fut vostre enfance ? Gaie ? Avez-vous des frères, des soeurs, des cousins et cousines ?

En espérant que cette lettre vous trouvera en bonne santé et en sécurité,



_________________
Grimoald
Il tient le vélin noircit par les délicates lignes de sa promise. Comment réagir à ce qu'elle lui apprend, à propos du drame qu'elle a vécut, dans cette lettre ? En sait-il vraiment plus sur elle ? Non, il n'en sait point assez. Il veut comprendre le pourquoi de cette union. Il veut comprendre et il est vrai qu'il aurait put paraître plus judicieux de s'adresser directement à sa tante. L'ignorait-elle, elle aussi ? En tout cas, elle pourrait prendre cette quête de sens comme une protestation. Or, la jeune nabot à bouclettes blondes sait bien qu'il n'est point en mesure de protester.
Ce mariage, cette Alliance, c'est la volonté de son Grand-père et Auguste Lefebvre, - bien qu'il ne soit plus de ce monde depuis plus d'un an - c'est la Famille.
Mais tout de même, ce qu'il avait compris des origines de la jeune Albanne n'était point pour le rassurer. Cela l'intriguait... Comment ?
Comment Auguste Lefebvre, grand défenseur du "Sang Rouge", lui avait enseigner à Grimoald les vertus de son sang et les tous les vices attachés au leur - le bleu -, avait-il put souhaiter l'union de l'Héritier avec une "Sang Pourpre" ? Comment son Grand-père avait-il put souhaiter que le sang des Lefebvre s'assombrisse ?
Non, décidément, le jeune Grimoald ne comprenait pas. Il voulait savoir ! Il s'imaginait déjà quelques secrets inavouables que seule une Alliance pourrait masquer. Il s'imaginait tout un tas d'intrigues sans queue ni tête. Il voulait savoir !



Citation:

Le...
Une auberge dont j'ignore le nom, Conflans.

    Ma chère,

Je tiens dans mes mains vos dernières nouvelles et je ne puis imaginer la douleur qui vous tiraille. Je souffre à vous lire et m'en veux de vous avoir jugé un peu vite.
J'ai, en effet, vu en vous le jouet de ma tante, j'ose croire qu'il n'en rien et que, comme vous me l'avez fait comprendre lors de notre première et dernière rencontre, nous sommes à présent liés l'un à l'autre si bien que je puis me confier à vous en toute honnêteté, en toute sincérité.
Bien des questions me viennent alors en tête. Mais pour l'heure, je puis comme vous le mander, et comme je vous le dois, vous conter mon enfance.
Je suis né à Thiers, dans la chambre de feue ma mère, là où, je présume, vous avez fait la rencontre de ma chère tante qui ne sort plus guère, je l'imagine, de sa demeure. Je suis né là où naissent les Lefebvre. Mais je suis né d'un Amour, un amour illégitime, un amour cruel. J'ignore tout de mon scélérat de père. Ils nous a abandonnés, Maman et moi, alors que je n'étais encore qu'un nourrisson. Maman en a beaucoup souffert. Ma pauvre Maman n'a jamais cessé d'attendre son retour. Elle l'aimait, encore et toujours... Je le hais depuis toujours.
J'ignore qui était cet homme. Je suis le fruit d'une union illégitime et si ma tante ne m'aime point, je crois que c'est pour cela.
Je n'ai point manqué d'amour ni d'attention. Bien au contraire. Je n'ai jamais manqué de rien. Si ma tante n'est qu'une vieille pierre froide et desséchée, ce n'était point le cas des autres qui me sont chers.
Grand-père essayait de temps à autre de m'arracher à Maman et à Grand-mère pour m'enseigner son art, celui de notre Famille, celui qui fit notre Héritage : le négoce.
Je ne vivais point avec Grand-père, Grand-mère, ma tante Cunégonde et ma cousine Jeanne. Je vivais avec feue ma mère en notre bâtisse sur les hauteurs de Thiers. Un coin de verdure loin de la ville, des châteaux et des fermes où nous vivions en Paix... Dix-sept printemps s'écoulèrent ainsi, jusqu'au jour où je me suis enfuis.
Oui, chère promise, l'on vous a marié à un bâtard. Mais je suis l'Héritier. Je devais l'être, feue ma mère et ma chère tante n'auraient dut être que des régentes. Pourtant, à cette heure, il nous faut compter avec elle.

Je saurai être un bon époux. Je vous suis obligé, à présent. Je saurai me montrer digne de vous, j'en fait le serment.
Si nos pères nous on promis l'un à l'autre de leur temps, il est à présent de notre volonté de nous engagé l'un à l'autre. Je m'engage donc à mon montrer digne de votre personne.
Néanmoins, il est des principes auxquels je tiens. Ces principes-là m'ont été enseignés par mon Grand-père. De ces principes-là dépend la pérennité de l'Héritage.
J'ose espérer que je ne vous apprends rien, ma chère, en vous rappelant que notre rôle à présent est celui de faire perdurer l'Héritage et d'apporter, à notre tour, notre pierre à l'édifice - entendez par là : "notre lingot à nos prochains" - et que si étalage de richesse est symbole de pouvoir pour le Sang Bleu, il est pour notre race chose compromettante et manquement à notre devoir envers la Famille. Bien que notre Sang soit sur le déclin, je me veux digne Héritier de mon bien-aimé Grand-père. Je ne le puis sans votre appui, sans votre volonté.
Vous aviez dit être de sang mêlé. Votre mère, ou bien votre Grand-père, était de notre sang et ce sang coule dans vos veines. Je ne doute point que vous saurez être une Lefebvre.
J'aurais aimé en savoir plus sur votre famille, sur les liens qui nous lient en-dehors de celui pour lequel je suis à vous promis.

Bien que les bals et autres festivité dispendieuse ne sont point de mon goût, je vous promets qu'à mon retour je me ferai un plaisir et un devoir de mander de bien vouloir m'accorder une danse.

Dans l'attente fébrile de vous lire encore,


Que le Très-Haut veille sur vous, ma promise.





N'est-ce point merveilleux, la plume ?
Voyez à quel point elle peut nous changer un jeune nabot à bouclette d'or, fraîchement enfui des jupes de sa môman, en jeune homme responsable, en habile prétendant à l'Héritage...

_________________
Albanne
Je lis ses mots, et je ne peux m'empêcher de me demander s'il est bien sincère. Son futur comportement ne ressemble pas à ce qu'il m'a été donné de contempler, ce jour-là, en taverne.
Taverne... Voilà bien un endroit où mon père n'aurait probablement pas mis les pieds. J'ai retrouvé quelques bribes de mes souvenirs d'antant. Rien de bien constructif en réalité. A peine des éclairs de mémoire. Mais je sais, au fond de mon coeur, que Père nous considérait, nous, sa famille, bien plus hautement que ses prétententions les plus exagérées auraient pu le faire. C'est, après tout, qu'il état né noble. Et l'on ne put perdre si facilement les habitudes d'une vie, même par amour.
Je prends place derrière mon écritoire, et allonge une réponse.



Citation:
Le...
Hôtel particulier des Houx-Rouge, Paris

Cher ami,

Ainsi donc, vous n'avez point connu vostre père. J'en suis fort marie. J'imagine sans peine aucune, la douleur qui doit vous ronger, à vous savoir rejeter par celui-là même à qui vous devez la vie.
Je crois toutefois comprendre que vous êtiez fort attaché à feu votre Grand-Père Auguste. Il vous aura sans nul doute servi du modèle masculin que vous n'avez point eu la chance de connaître en la personne de vostre père.

Vous parlez ensuite de ce rang qui est le vostre. La discrétion quant à la fortune. Vous avez visiblement appris à cacher vos biens. Même si ma mémoire est défaillante, je puis me référer aux habitudes qui me viennent naturellement. Visiblement, je n'ai point été élevée dans cette optique-ci. Ayant parcouru les nombreuses étagères de la bibliothèque de mon père, en mon hôtel de Paris, j'ai pu trouver quelques notes, rédigées et signées, de la main de mon père. Il y disait, notamment, que l'argent imposait le respect. Et le respect est une chose importante. Si l'on ne veut pas être abusé, il faut je crois, montrer notre propre puissance.
Mais je comprends vostre point de vue. Et j'imagine qu'en entrant dans vostre famille, je devrais me plier à ces règles. Toutefois, ne comptez point sur moi pour me vêtir avec simplicité. Cela ne pourrait me convenir en aucune façon.

Pour ce qui est des bals à venir, je puis d'ors et déjà vous annoncer que j'attends dès maintenant, avec toute l'impatience dont je puis faire preuve, que vous me mandiez l'accord d'une danse. Cet exercice fort distrayant est un excellent moyen de lier connaissance, et l'on sait que nombres couples se sont formés par la pratique de ce loisir. Car la danse, cher ami, entraisne bien souvent un tendre penchant, pour la personne avec qui l'on partage la succession des pas.

J'espère que cette lettre vous trouvera en excellente santé. Vous dites vous trouvez à Conflans ? Je crois que ma bonne amie Enigma s'y trouve aussi. Veuillez, je vous en prie, lui transmettre mes plus agréables souvenirs.

Que le Très-Haut veille sur vous, mon cher ami,

Votre dévouée,


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Grimoald
Longues chevauchées à travers les plaines et le jeune nain ignorait tout de ce qu'il pouvait bien se tramer. Les causes, il ne s'en souciait guère. Du moins, on ne lui avait point vraiment appris à s'en soucier. C'est que chez les Lefebvre, d'une part, l'on ne se bat point. D'autre part, si l'on devait se battre, on ne l'aurait sans doute point fait pour une cause, mais pour un intérêt. Seul les intérêts comptent...
L'intérêt, dans cette Alliance désiré par son Grand-Père, il ne le saisissait pas. Au fond, est-ce si important ? Pourquoi Albanne serait-elle plus au courant que lui ?
Tout de même, cette histoire le turlupinait quelque peu. Enfin... Soit !
Dans cette taverne Orléanaise, à la lueur d'une chandelle, il regarde cet écritoire que cette jeune fille, cette jeune Duchesse au sang sans doute plus bleu que l'est un ciel sans nuage, cette envoyée du Ciel qui lui a sauvé la vie, qui l'a maintenu en vie et qui ne l'a point abandonné à son sort, lui a offert pour son dix-huitième anniversaire.
Que penser ? Le fait que sa fiancée soit de "sang mêlé" devait-elle la rendre vile et insupportable ? Devait-il se souvenir des avertissement du vieil homme ? Devait-il croire que le noble sang véhiculait le vice et la vilainie ? A vrai dire, peu importe. Son Grand-Père le pensait, du moins, c'était ce qu'il lui avait enseigner. Pourquoi son Grand-Père l'avait-il marié à une jeune fille qui portait le vice en elle ? Les intérêts ne pouvait être autres que financiers. Peut-être à cela pouvait-on ajouter le désir de réaffirmer la bonne entente avec une branche de la famille. Il n'empêche que cette union n'allait pas dans le sens d'un principe fondamentale de l'idéologie Lefebvre : la sauvegarde et la pérennité du Sang Rouge.
Si ce fait troublait grandement Grimoald, il faut bien avouer qu'il s'en servait aussi comme prétexte pour exorciser cette angoisse plus grande encore que la rougeur du sang Lefebvre : celle du mariage.
Le mariage, c'était la fin de l'enfance. Combien de fois ne s'était-il point promis, ne s'était-il point vanter, de ne jamais se marier ?
Le mariage, c'est le début de l'âge adulte... Le mariage, c'est effrayant ! Le mariage, c'est l'inconnu ! Le mariage, c'est... beurk !


Citation:

Le...
Au Blésois Crépitant, Blois.

    Ma chère Promise,

Je n'ai jamais connu mon père et je prie Dieu pour qu'il ne soit plus de ce monde, ou bien, cela serait plus plaisant encore, qu'il souffre comme il a put faire souffrir feue ma pauvre mère. Je ne souffre point de ne l'avoir connu. Bien méprisable celui qui abandonne la mère de son enfant, que celui-ci connaisse l'Enfer Lunaire. Bien méprisable est cet homme dont je renie, que vous et le Seigneur m'en soit témoin, le sang qui coule en moi. S'il en est à qui je dois la vie, ce chien n'en fait point partie.
Feu mon bien-aimé Grand-Père s'est érigé en modèle, je lui dois sa bonté de nous avoir reconnu malgré le péché de feue ma mère. L'on ne cesse jamais d'apprendre. Mon Grand-Père fut mon premier maître. De mes doux jours je garde quelques principes.

Il semblerait que vous en ayez saisi certains principes propre à notre condition, j'en suis fort aise. Remarquez que je ne parle point de "rang" ! Nous n'en avons point !
Il est préférable de se faire discret quant à l'Héritage. C'est sur cet Héritage que repose l'aisance et la conservation de nos héritiers. Nous avons à défendre une condition, une certaine aisance. Nous ne défendons point un statut mais des principes qui nous sont propres. Nous de défendons l'Héritage que pour nos héritiers. Nous ne nous soucions point plus de la Noblesse que de la canaille des bas-fonds, des paysans et des modestes artisans. Notre condition ne jouit d'aucune puissance. Nous jouissons d'une certaine Aisance. Sans doute cet euphémisme vous fait-il sourire. Il est cependant à usiter sans guère de scrupules lorsque nous abordons quelques délicats sujets tel que celui de notre Fortune.
Notez que je vous parle d'Aisance et non de Richesse. Entre nous, cela est égal. Cependant, tout notre art consiste à refléter aisance tout en cumulant richesses.

Cependant, je puis comprendre que feu votre père, bien qu'il - comme j'ai cru le comprendre - ne jouissait plus d'aucun pouvoir, ni d'aucun rang, soit néanmoins resté attaché à certains principes, certains reflets, un certain train de vie, qui étaient les siens, et ceux de ses ancêtres.
Nous devrons, tous deux, s'entendre et, puisque vous semblez accepter les règles qui sont les nôtres, il est de mon devoir de fiancé de vous faire savoir que je ne rechignerai point à vous voir porter accoutrement qui vous sied. Si bals et autres banquets dispendieux à excès ne sont point de mon goût, ni de celui de mes ancêtres, je me ferai une joie, de temps à autres, de vous y seconder. Nul doute qu'en tous lieux, tous palais, sur le Soleil même, le Très-Haut même serait honoré de vous inviter à danser.

Je prie pour vous, je prie pour vous retrouver au plus vite.

Que le Très-Haut veille sur vous !


Votre dévoué





Le jeune Grimoald sourit, fier de sa trouvaille à propos du Très-Haut et de la danse. Oui, en effet, il trouvait cet excès de flatterie des plus subtiles et des plus "indémasquables"... Navrant !
Il y a une justice tout de même... Le nabot allait maintenant devoir apprendre à danser !

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Albanne
J'avais mis du temps à trouver le courage de lui répondre. Mais il fallait que je le fasse. Après tout, je n'étais pas obligée de lui dire l'entière vérité, même si je prenais le risque que Cunégonde dévoile le fond de l'affaire.

Citation:
Le...
Hôtel particulier des Houx-Rouge,
Sur le départ


Cher ami,

Pardonnez-moi pour l'attente. Mais vous n'estiez point sans ignorer que je donnais un bal en ma demeure.
Cela s'est assez étrangement passé, je ne puis que le reconnaître. Moults disputes entre les invités. Point de rencontres particulières toutefois.
Votre Tante était en beauté, comme toujours.
Il s'avère que ma propre Tante est arrivée en plein milieu de soirée, et je crois que votre Tante et la mienne ne s'apprécieront guère, à l'avenir.

Comment se passe votre voyage ? J'espère que vous n'avez point rencontrer de difficultés ? Point de brigandages ?

Sachez que je vais moi même entreprendre un voyage vers la Normandie. J'apprécie la campagne. Je vais tenter de me rendre à Dieppe. Je veux voir la mer.
Je suis heureuse de vous annoncer, également, que je suis en train de suivre ma pastorale. Je serai donc bientôt baptisée.

Que le Très-Haut vous garde,




Et voilà. Nous n'étions pas encore mariés que déjà, je lui mentais. Mais cela, avec un peu de chance, il ne saurait jamais.
_________________
Grimoald
C'est un Grimoald fatigué qui prenait la plume en ce début d'après-midi chaud et venteux. Où en était-il ? Chaque jour, il se découvrait un peu plus. Chaque jour, il s'effrayait un peu plus de lui-même.
Ce mal de crâne, cet étrange mal qui lui lacère les tempes quand vient la Colère ou que celle-ci le laisse enfin en paix, ne l'avait encore jamais autant habité. Ces derniers jours avait été des plus troublants...
C'est le Grimoald des jours sombres qui prenait la plume, seul dans cette auberge du Maine. La dernière lettre de sa promise reposait sur la table. Il l'avait lu, relut, puis il l'avait rangé dans sa besace. Mais il devait lui écrire, il devait lui répondre...


Citation:

Le...
La Cerisaie, Montmirail.

    Mon amie, ma promise, ma chère...

L'on m'a bien porté votre lettre voici quelques jours de cela, maintenant. J'aurais du prendre la plume bien plus tôt pour vous faire part de mes nouvelles, j'en suis navré, et vous prie de bien vouloir m'en excuser.

Je ris en imaginant nos deux tantes se crêper le chignon. Ah ! Cette vieille bique n'aime personne, de toute façon.

Mon voyage se déroule à merveille ! Parfois, c'est difficile. Mais je m'amuse beaucoup aussi. Je me fais disputer aussi, souvent ! Mais il est vrai que je fais des bêtises, et que je ne suis pas toujours très sage. Mais aujourd'hui, j'ai été très sage !
L'autre jour, je me suis fait disputer très fort. J'ai même reçu deux gifles !
Nous étions à Blois et j'ennuyais beaucoup. Un jour, j'ai vu une fille de ferme qui chantait en ramassant des fleurs. Je lui ai lancé un cailloux !
Je l'ai raté, mais c'était très drôle et je suis parti en rigolant. Mais cette Tourterelle des Champs, cette garce, cette... Elle m'a crier "Va t-en, tête de limace !".
Ce n'était vraiment pas gentil ! Et quand j'ai raconter cela, je me suis fait gronder. Et puis, on m'a offert un lance-pierre. Un chouette lance-pierre ! Mais j'avais in-ter-dic-tion de blesser ou de faire mal à quelqu'un, fille ou garçon. Mais j'avais le droit de lancer du maïs !
Alors, je suis retourné près de cette ferme où il y avait la Méchante. J'ai d'abord envoyé un grain de maïs... Mais elle ne l'a pas vu. Alors, j'ai envoyé tout plein de grains ! Et là, elle a crier très fort, et elle est arrivée sur moi avant que je n'ai eu le temps de partir. Moi, je riais beaucoup et je ne l'ai pas vu arriver et... elle m'a donné une gifle, une grosse !
Alors, j'avais mal et ce n'était vraiment pas très gentil de sa part. Quand je suis rentré et que j'ai raconté pourquoi je pleurai et que j'avais la joue toute rouge... Je me suis prit une autre gifle ! Et je me suis fait gronder très fort !
Mais c'était parce que j'avais désobéit que c'était très vilain.

Et vous ? Comment se passe votre voyage ? Il parait que c'est très beau la mer. Est-ce vrai ? Moi, je ne l'ai jamais vu.

Au plaisir de vous lire, ma promise !

Votre dévoué,




Tout était si bien partit pourtant. Seul, il se trouvait assez sombre pour pondre une lettre des plus formelles. Mais il avait eu de la visite, de la visite qui l'avait enjouée. Cette fois-ci, ce n'était plus lui qui se jouait de la plume. La plume l'avait en quelque sorte trahit. A mesure qu'il écrivait, ses prunelles se faisait plus luisantes, plus gaies. Cette fois-ci, c'est Grimoald l'Enfant qui avait écrit. Cette fois-ci, ce n'était point le futur héritier Lefebvre, ni le futur époux. Cette fois-ci, c'était sa petite main qui s'était laissée aller au récit d'une de ses mésaventure. Il avait écrit à l'instinct, sans calcul...
Et le pire dans tout cela, c'est que la lettre parvint ainsi... Comment réagirait-elle ?

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