Grimoald
La course à l'Héritage n'avait point épargné notre jeune nabot aux bouclettes d'or. Il savait, au fond. Il savait. Il savait que redevenir un Lefebvre, un parfait petit Lefebvre aux yeux sa tante l'Héritière, passerait inévitablement par l'acceptation d'un prochain mariage.
Il était en âge, maintenant, et nul doute que la Famille avait quelques projets en tête. Seulement... Il ne s'attendait à ce que cela arrive si tôt.
A peine avait-il écrit à sa vieille tante, pour la première fois depuis plus d'une année, que la promise débarquait par une belle soirée, un dimanche de mai, dans la cité Troyenne. A n'en point douter, elle n'était autre qu'un cheval de Troie. Cette promise, c'était un pion de Cunégonde. Il ne doutait point qu'elle fut sa promise. Mais pouvait-il lui faire confiance ? Qui était cette jeune demoiselle ? Il voulait en savoir plus. Le peu qu'il avait pu en voir durant cette soirée l'intriguait au plus haut point. Comment cette demoiselle, certes fortunée mais qui, cependant, ne répondait point tout à fait aux critères d'exigence d'une Lefebvre, avait-elle put être l'objet des plans de son grand-père ?
Intrigué, il voulait en savoir plus. Et puis bon... Certains racontent qu'il n'est point superflu de faire la connaissance de sa future épouse.
Face au vélin, le jeune Grimoald était plein d'assurance. Face au vélin, il n'y a point ses grands yeux bleus qui vous glacent et coupent le sifflet.
La plume ne bégaye point, la plume ne rosit point. La plume peut mentir, la plume est plus difficilement démasquée, elle peut se parer de tous les artifices.
Il était en âge, maintenant, et nul doute que la Famille avait quelques projets en tête. Seulement... Il ne s'attendait à ce que cela arrive si tôt.
A peine avait-il écrit à sa vieille tante, pour la première fois depuis plus d'une année, que la promise débarquait par une belle soirée, un dimanche de mai, dans la cité Troyenne. A n'en point douter, elle n'était autre qu'un cheval de Troie. Cette promise, c'était un pion de Cunégonde. Il ne doutait point qu'elle fut sa promise. Mais pouvait-il lui faire confiance ? Qui était cette jeune demoiselle ? Il voulait en savoir plus. Le peu qu'il avait pu en voir durant cette soirée l'intriguait au plus haut point. Comment cette demoiselle, certes fortunée mais qui, cependant, ne répondait point tout à fait aux critères d'exigence d'une Lefebvre, avait-elle put être l'objet des plans de son grand-père ?
Intrigué, il voulait en savoir plus. Et puis bon... Certains racontent qu'il n'est point superflu de faire la connaissance de sa future épouse.
Face au vélin, le jeune Grimoald était plein d'assurance. Face au vélin, il n'y a point ses grands yeux bleus qui vous glacent et coupent le sifflet.
La plume ne bégaye point, la plume ne rosit point. La plume peut mentir, la plume est plus difficilement démasquée, elle peut se parer de tous les artifices.
Citation:
Le..
Au Troyen, Troyes
Une journée seulement pour faire votre connaissance. C'est peu lorsque l'on sait que nous sommes amenés à vieillir côtes à côtes... Bien que vieillir ne soit point de mes desseins immédiats.
J'ai pu vous paraître peu enclin à cette idée. Si tel est le cas, je suis confus et vous prie de m'en excuser. Sachez que loin de moi est l'idée de déroger à la décision prise par feu mon bien aimé Grand-père. Si, comme vous me l'avez confié, nous sommes liés l'un à l'autre depuis notre plus tendre enfance; c'est que cette décision émane de lui, et de votre père, et non de ma très chère tante. Bien que l'idée de me voir enfin marié ne doit point être pour lui déplaire.
Je m'attendais à être promis. Là n'est point le soucis. Seulement, je ne m'attendait point à l'être si tôt.
Vous semblez bien connaître ma très chère tante. J'ai d'ailleurs eu l'agréable surprise de constater qu'elle trouvait grâce à vos yeux. Vous m'en voyez sincèrement ravi. Par ailleurs, j'ai également pu constater que, toutes deux, vous en étiez venues à aborder mon "cas".
Il est vrai qu'il y a un peu plus d'une année de cela, je me suis enfuis. Il est vrai, comme elle a dû sûrement vous le conter, que je suis entré au service d'une femme que je tiens aujourd'hui encore dans le plus grand respect et qui, par ailleurs, se trouve être ma marraine. Cela, ma très chère tante l'ignore très certainement.
Je présume qu'elle ne sait rien d'autre de mon "parcours". Je ne l'ai d'ailleurs vu qu'une seule et unique fois depuis le printemps dernier. C'était au mois d'octobre, je doute qu'elle ne vous ait point conter cela. Je me souviens alors l'avoir traité de "vieille bique méchante". Cela était bien sot, je le sais, et je n'en suis point fier. Je me souviens aussi, avec amertume, lui avoir déclaré ne plus vouloir entendre prononcer le nom de Lefebvre : mon nom, celui de feue ma mère, le sien. Ce nom, c'est aussi celui que feu mon Grand-père arborait fièrement. Mon Grand-père : vestige et grand défenseur de notre race.
Il semble pourtant que nous ne soyons en certains point bien étrangers. Si étrangers que les vues de feu mon Grand-père m'intriguent.
J'aimerais, si vous me le permettez, en apprendre davantage sur vous. Je ne demande qu'à mieux nous connaître.
Que le Très-Haut veille sur vous, ma promise.
Le..
Au Troyen, Troyes
- Très chère promise,
Une journée seulement pour faire votre connaissance. C'est peu lorsque l'on sait que nous sommes amenés à vieillir côtes à côtes... Bien que vieillir ne soit point de mes desseins immédiats.
J'ai pu vous paraître peu enclin à cette idée. Si tel est le cas, je suis confus et vous prie de m'en excuser. Sachez que loin de moi est l'idée de déroger à la décision prise par feu mon bien aimé Grand-père. Si, comme vous me l'avez confié, nous sommes liés l'un à l'autre depuis notre plus tendre enfance; c'est que cette décision émane de lui, et de votre père, et non de ma très chère tante. Bien que l'idée de me voir enfin marié ne doit point être pour lui déplaire.
Je m'attendais à être promis. Là n'est point le soucis. Seulement, je ne m'attendait point à l'être si tôt.
Vous semblez bien connaître ma très chère tante. J'ai d'ailleurs eu l'agréable surprise de constater qu'elle trouvait grâce à vos yeux. Vous m'en voyez sincèrement ravi. Par ailleurs, j'ai également pu constater que, toutes deux, vous en étiez venues à aborder mon "cas".
Il est vrai qu'il y a un peu plus d'une année de cela, je me suis enfuis. Il est vrai, comme elle a dû sûrement vous le conter, que je suis entré au service d'une femme que je tiens aujourd'hui encore dans le plus grand respect et qui, par ailleurs, se trouve être ma marraine. Cela, ma très chère tante l'ignore très certainement.
Je présume qu'elle ne sait rien d'autre de mon "parcours". Je ne l'ai d'ailleurs vu qu'une seule et unique fois depuis le printemps dernier. C'était au mois d'octobre, je doute qu'elle ne vous ait point conter cela. Je me souviens alors l'avoir traité de "vieille bique méchante". Cela était bien sot, je le sais, et je n'en suis point fier. Je me souviens aussi, avec amertume, lui avoir déclaré ne plus vouloir entendre prononcer le nom de Lefebvre : mon nom, celui de feue ma mère, le sien. Ce nom, c'est aussi celui que feu mon Grand-père arborait fièrement. Mon Grand-père : vestige et grand défenseur de notre race.
Il semble pourtant que nous ne soyons en certains point bien étrangers. Si étrangers que les vues de feu mon Grand-père m'intriguent.
J'aimerais, si vous me le permettez, en apprendre davantage sur vous. Je ne demande qu'à mieux nous connaître.
Que le Très-Haut veille sur vous, ma promise.
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