Clemence.de.lepine
Il pleuvait. Et, à l'approche du solstice d'été, il était déconcertant de voir ruisseler toute cette eau sur les pavés de Paris. Clémence se trouvait à l'Hôtel de Josselinière et il lui fallait sortir pour gagner celui de Nemours. Pour l'heure, elle restait campée devant la fenêtre venteuse de cette pièce, cette chambre dans laquelle elle avait, de longs mois plus tôt, renoncé à sa virginité. Quand elle y repensait, elle frissonnait encore et se fustigeait presque de ce que cette nuit n'ait point été aussi funeste qu'elle se l'était imaginée. Aujourd'hui, perdue dans ses pensées, elle observait les lourdes gouttes heurter avec fracas le verre fragile et elle eut peur un moment qu'il en vienne à se briser. Jetant un il en contrebas et visualisant les passants affolés, courant et fuyant se protéger des assauts du ciel, elle songea qu'ils étaient bien stupides car à quoi servait l'eau, si ce n'était à purifier l'être ? Qu'avait-on à craindre d'un peu de pluie, quand celle-ci rendrait leurs rues plus propres ou leur âme plus claire ? Ces pensées la confortèrent dans l'idée qu'il était temps d'y aller car en restant cloîtrée ici, elle agissait comme tous ces pleutres qui s'agitaient dehors en maudissant l'averse.
Et parce que même en temps de pluie, il convenait d'afficher un minimum d'élégance, et parce que Clémence possédait ces manières parisiennes qui l'empêchaient de sortir sans être parfaitement apprêtée, elle fit vérifier sa coiffe par deux fois par sa demoiselle d'atours. Les boucles indomptables n'étaient bonnes que pour l'intimité de ses appartements et la proximité unique de ses proches. Là, il fallait les retenir, les tirer et les lisser, les enfermer dans un carcan de soie et de perles et offrir au monde l'image nette et ciselée qu'elle voulait bien lui montrer. Quand quelque part s'organisaient des luttes dans le but d'obtenir un trône convoité, elle ne s'occupait, comme souvent, que de paraître à son plus parfait avantage. La vie était une Farce.
On lui ouvrit la porte, et elle reçut au visage les première griffures humides du dehors. On tenta bien de l'en abriter en rabattant sur sa tête le capuchon de son long manteau mais elle refusa d'un geste et s'engagea fièrement, la nuque haute, en direction de la voiture qui patientait en contrebas, obstruant de ce fait la rue étroite. Ses souliers de cuir glissaient sur les pavés détrempés et elle craignit quelque mauvaise chute, ce qui l'incita à, involontairement, venir agripper le bras du premier domestique venu.
Et malgré tout, alors qu'elle s'apprêtait à poser le talon sur le marche-pied, on la bouscula en invectivant la noblesse qui se permettait tout et même de s'accaparer une rue publique comme celle-ci. Son équilibre vacilla. Elle ne trouva aucune accroche sur ces pavés glissants et, pensant la chute inévitable, elle eut comme n'importe qui le réflexe, afin d'amortir le choc, de brandir en avant ses mains gantées de zinzolin.
Zut.
Eut-elle tout juste le temps de penser.
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Et parce que même en temps de pluie, il convenait d'afficher un minimum d'élégance, et parce que Clémence possédait ces manières parisiennes qui l'empêchaient de sortir sans être parfaitement apprêtée, elle fit vérifier sa coiffe par deux fois par sa demoiselle d'atours. Les boucles indomptables n'étaient bonnes que pour l'intimité de ses appartements et la proximité unique de ses proches. Là, il fallait les retenir, les tirer et les lisser, les enfermer dans un carcan de soie et de perles et offrir au monde l'image nette et ciselée qu'elle voulait bien lui montrer. Quand quelque part s'organisaient des luttes dans le but d'obtenir un trône convoité, elle ne s'occupait, comme souvent, que de paraître à son plus parfait avantage. La vie était une Farce.
On lui ouvrit la porte, et elle reçut au visage les première griffures humides du dehors. On tenta bien de l'en abriter en rabattant sur sa tête le capuchon de son long manteau mais elle refusa d'un geste et s'engagea fièrement, la nuque haute, en direction de la voiture qui patientait en contrebas, obstruant de ce fait la rue étroite. Ses souliers de cuir glissaient sur les pavés détrempés et elle craignit quelque mauvaise chute, ce qui l'incita à, involontairement, venir agripper le bras du premier domestique venu.
Et malgré tout, alors qu'elle s'apprêtait à poser le talon sur le marche-pied, on la bouscula en invectivant la noblesse qui se permettait tout et même de s'accaparer une rue publique comme celle-ci. Son équilibre vacilla. Elle ne trouva aucune accroche sur ces pavés glissants et, pensant la chute inévitable, elle eut comme n'importe qui le réflexe, afin d'amortir le choc, de brandir en avant ses mains gantées de zinzolin.
Zut.
Eut-elle tout juste le temps de penser.
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