Gwennaelle
[Decize - préparatifs d'Isaure]
Peu avant l'aube, je me levai, me dépêchant de finir ma toilette, bien que sommaire. Ce jour, je ne devais pas décevoir. Ce jour, était le premier d'une nouvelle vie, pour ma maîtresse comme pour moi. Nous étions deux étrangères l'une pour l'autre, et pourtant, c'était à moi qu'incombait la tâche de la préparer pour son hyménée. J'en étais fière. Fière et anxieuse. Ce jour serait le dernier d'une nouvelle vie si j'échouais.
J'avais glané auprès des autres domestiques du domaine quelques renseignements qui me faisaient défaut. Aussi apprenais-je comment me comporter, mais également quelques éclaircissements sur le mariage de ma maîtresse. Mon coeur plaignait cette inconnue. Mais c'était la fatalité des plus grands, condamnés à tirer un trait sur leurs sentiments, les plus dévorant soient-ils.
Mais il était l'heure.
Je regagnais lentement les appartements de ma maîtresse. Il était l'heure.
Je montai les escaliers menant à la chambre, lentement. Je voulais lui laisser encore un moment de répit avant la fatalité de l'hyménée. Mais il était l'heure.
Alors je regagnai le couloir, la chambre était proche. Je m'arrêtai un instant sur le pas de la porte. Mais il était l'heure.
Ma main frappa un court instant sur le bois. J'attendais une réponse qui ne viendrait pas, je le savais. Mais il était l'heure.
Alors j'entrai.
J'attendais quelques instants, la porte refermée, que mes yeux s'habituent à la pénombre de la pièce. La maîtresse semblait dormir d'un sommeil profond, encore innocent. Je n'osais pas troubler ce sommeil paisible, mais je n'en avais pas le choix. Les ordres étaient limpides, et j'obéissais aux ordres. Près du lit, je chuchotai :
Made.. Maîtresse. Il est l'heure de vous réveiller. Maîtresse..
Je ne savais que penser de ce silence, peut être que le sommeil lui était de plomb, alors, j'haussai un peu le ton.
Il est l'heure, maîtresse. Levez-vous avant de vous mettre en retard..
Comme la jeune maîtresse se montrait réticente, je me déplaçai ouvrir les rideaux, afin que le soleil inonde de ses doux rayons la pièce. Une fois fait, je retournai près du lit où dormait la maîtresse. Plus pour longtemps.
Levez-vous, je vous en prie.
J'osais secouer légèrement le corps qui ne respirait plus. Un cri d'effroi sortit de ma gorge.
Panique.
Je ne comprenais plus, je ne voulais plus comprendre. La réveiller, et ce pour de bon, lui gorger d'air les poumons pour que je puisse -enfin- la préparer.
Une petite claque tomba, ferme, sur la joue isaurienne.
Dussé-je y perdre ma place, mais la maîtresse se lèverait...
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Peu avant l'aube, je me levai, me dépêchant de finir ma toilette, bien que sommaire. Ce jour, je ne devais pas décevoir. Ce jour, était le premier d'une nouvelle vie, pour ma maîtresse comme pour moi. Nous étions deux étrangères l'une pour l'autre, et pourtant, c'était à moi qu'incombait la tâche de la préparer pour son hyménée. J'en étais fière. Fière et anxieuse. Ce jour serait le dernier d'une nouvelle vie si j'échouais.
J'avais glané auprès des autres domestiques du domaine quelques renseignements qui me faisaient défaut. Aussi apprenais-je comment me comporter, mais également quelques éclaircissements sur le mariage de ma maîtresse. Mon coeur plaignait cette inconnue. Mais c'était la fatalité des plus grands, condamnés à tirer un trait sur leurs sentiments, les plus dévorant soient-ils.
Mais il était l'heure.
Je regagnais lentement les appartements de ma maîtresse. Il était l'heure.
Je montai les escaliers menant à la chambre, lentement. Je voulais lui laisser encore un moment de répit avant la fatalité de l'hyménée. Mais il était l'heure.
Alors je regagnai le couloir, la chambre était proche. Je m'arrêtai un instant sur le pas de la porte. Mais il était l'heure.
Ma main frappa un court instant sur le bois. J'attendais une réponse qui ne viendrait pas, je le savais. Mais il était l'heure.
Alors j'entrai.
J'attendais quelques instants, la porte refermée, que mes yeux s'habituent à la pénombre de la pièce. La maîtresse semblait dormir d'un sommeil profond, encore innocent. Je n'osais pas troubler ce sommeil paisible, mais je n'en avais pas le choix. Les ordres étaient limpides, et j'obéissais aux ordres. Près du lit, je chuchotai :
Made.. Maîtresse. Il est l'heure de vous réveiller. Maîtresse..
Je ne savais que penser de ce silence, peut être que le sommeil lui était de plomb, alors, j'haussai un peu le ton.
Il est l'heure, maîtresse. Levez-vous avant de vous mettre en retard..
Comme la jeune maîtresse se montrait réticente, je me déplaçai ouvrir les rideaux, afin que le soleil inonde de ses doux rayons la pièce. Une fois fait, je retournai près du lit où dormait la maîtresse. Plus pour longtemps.
Levez-vous, je vous en prie.
J'osais secouer légèrement le corps qui ne respirait plus. Un cri d'effroi sortit de ma gorge.
Panique.
Je ne comprenais plus, je ne voulais plus comprendre. La réveiller, et ce pour de bon, lui gorger d'air les poumons pour que je puisse -enfin- la préparer.
Une petite claque tomba, ferme, sur la joue isaurienne.
Dussé-je y perdre ma place, mais la maîtresse se lèverait...
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