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[RP Décize] Préparatifs d'un heureux évènement... ou pas !

Gwennaelle
[Appartements isauriens, salle d'eau - Isaure/Gwennaelle]


La jeune maîtresse semblait satisfaite de ma réponse à propos du mariage alors timidement, je souriais, tout en m'occupant de la douce chevelure isaurienne. Je versais un peu d'eau dans les méandres des mèches brunes en évitant soigneusement d'en laisser couler le long du visage de ma maîtresse. Puis, délicatement, je me frottais les mains du savon, avant de l'appliquer aux cheveux humides. Avant de rincer, je vérifiais que la maîtresse ait gardé les yeux fermés car je ne souhaitais pas les lui brûler avec l'eau savonneuse. Des yeux rougis ne seraient pas du plus bel effet.

À ce moment là, on frappa à la porte. J'allais proposer à ma maîtresse de m'y rendre, mais celle-ci me devança. J'acquiesçai.


Bien maîtresse, ne vous noyez pas dans le bain jusqu'à ce que je revienne.

Car je n'avais pas oublié le réveil difficile et la réticence de ma maîtresse envers son mariage. Je doutais tout de même qu'elle se donne la mort, mais mieux valait prévenir que guérir.

Lorsque j'ouvris la porte, je fis face à deux femmes. La cousine de ma maîtresse n'en était pas et j'avais pour ordre de n'ouvrir qu'à la couturière que j'avais aperçu lors de ma première rencontre avec la maîtresse. Aussi, je m'interrogeais silencieusement sur l'identité de l'autre protagoniste qu'il ne me semblait pas connaître, ne serait-ce que de vue.


Attia Des Juli ? Vous pouvez entrer, la maîtresse vous attend.

J'haussais un sourcil en direction de l'autre femme, restant volontairement sur le pas de la porte.
_________________
Anaon
- A l'extérieur -
    Judas, Moran & Anaon


      "_Ne pars plus. Reste avec moi...
      _ Alors ne me lâche plus, Judas "


    Ainsi, il a choisit.

    Elle ne reviendra pas sur ces paroles, livrées, pesées, avouées dans une taverne Berrichonne qui avait vu un jour se jouer contre porte et plancher le spectacle de retrouvailles fiévreuses. Et à l'heure où les doigts de l'amant décident de se serrer encore plus fort sur la gorge bien frêle, l'Anaon ne fera pas mentir ses mots.

    Folle Roide! Sa déviance n'est plus à prouver.
    Serre, Judas, serre encore. Si tu me lâches je me dérobes.

    Et pourtant, elle aurait aimé avoir encore le droit à la parole. Parce que Judas se méprend. Judas ne veut pas comprendre. Parce que, comme souvent, Judas n'écoute pas. Cette absence n'aurait pas été la fin. Non, cette absence n'aurait été qu'une distance passagère, ponctuée des lettres qu'elle n'aurait pas manqué de lui faire parvenir. Non, bien loin d'elle l'idée de le sortir de sa vie. Comment aurait-elle put chercher à accomplir l'impensable? Il est des folies dont on ne peut se départir. Une drogue, un poison, çà vous rampe dans les veines et çà ne s'y déloge plus. Anaon, dopée au Judas. Une dépendance pleinement assumée dont elle ne pourrait pas se passer bien longtemps. Mais au final... à quoi bon s'écorcher dans une passion qui fait plus de mal que de bien?

    Prise de conscience...?

    La balafrée à beau crever de détermination quand ses yeux ne souffrant d'aucune crainte restent scellés au regard de son autre, elle ne peut pour autant enrayer les nécessités du corps. Les mains s'agrippent alors malgré elle aux poignets de l'amant et les lèvres s'entrouvrent paniquées pour quémander l'air qui lui fait défaut. La douleur lui tire des marées de sels qui n'avaient plus connu le relief de ses joues depuis bien des temps. Aujourd'hui pourtant, elles s'épanchent en flots translucides sur sa peau d'albâtre. Elle ploie, ses jambes se dérobent tout autant qu'elles s'ébranlent de spasmes incontrôlés.

    Alors c'est ton visage que j'emporterais dans la tombe. Ton image, pour seul souvenir de la vie.
    Ainsi soit-il...

    Et ainsi cela aurait-dû être.

    Elle a l'esprit qui flanche et elle n'est plus à même de comprendre la scène qui se joue sous ses azurites embuées. Quand les doigts se desserrent subitement les poumons se gorgent d'une bouffée d'air empressée qui lui fait plus tourner la tête plus qu'elle ne l'apaise. Ivresse de l'oxygène. Tremblante, elle se laisse couler contre la pierre, prête à s'écrouler sur le sol. Descente violemment stoppée par la botte qui vient lui éclater le nez. Le crâne claque par ricochet contre la roche, lui arrachant un hoquet de surprise autant que de douleur. Et la mercenaire se fige entre deux postures.

    C'est la manifestation des parfaits contraires. L'amant lui crache sa rage au visage. L'amante ne répond pas. L'impulsivité face l'impassibilité. L'obstination contre la résignation. Pourtant, la folie est la même. Une passion destructrice au paroxysme de sa véhémence. Qui donc aime le plus... Celui qui tuerais par amour, ou celle qui serait prête à en crever? Judas attaque, par la chair et les mots, mais il ne frappe pas contre du roc, non. Il n'y a pas de riposte. Ce sont des coups d'épée dans l'eau... La haine du Von frayner ne trouve pas son échos dans le comportement de son amante. Anaon ne lui offre aucune résistance, aucune répartie, aucune emprise. Aucune réaction. Elle n'a que le cœur serré et la gorge qui palpite.

    Le visage est toujours tendu au ciel, les yeux : clos. Avec une lenteur démesurée, elle se redresse, une main planant devant son nez d'où s'écoule le carmin, sans oser le toucher, et l'autre cherche les aspérités de la pierre qui l'aideront à se relever. Elle retrouve l'appui de ses pieds. Le regard se pose sur ses doigts et devant elle, Judas qui piaffe ne reçoit aucune œillade. Elle comprend qu'il est vain de le raisonner. Elle comprend qu'elle ne pourra plus rien lui faire comprendre désormais.

    Il avait le choix.
    Leur liberté ou quelque lopin de terre. Il a choisit.
    La laisser partir pour mieux la voir revenir ou la tuer. Il a choisit.

    Ainsi soit-il.

    Une main vient chasser de ses lèvres l'hémoglobine qui se mêle aux larmes. Tu m'as demander, Judas, qui tu es...

    _ Tu es l'homme que j'ai le malheur d'aimer.

    Et tu es une malédiction.

    Il n'y aura pas d'autre mot. Pas d'autre regard. L'Anaon se détourne sans plus attendre de Moran et de Judas. Le pas se veut empressé. Il est malhabile. Tourner le dos à Decize, tourner le dos à la Bourgogne, tourner le dos à Judas puisqu'il n'y a plus que çà à faire. Chaque pas fait mal, par le drame qu'ils représentent. Une distance plus fatale que prévu. C'était écrit. C'était prédit. A trop s'aimer ils sont prêts à s'en crever. Folie pure.

      "Mes mains repoussent les limites des lignes des tiennes, sûres qu'elles ne sont pas faites pour s'épouser. Elles sont faites pour se saigner."*

    La balafrée a rejoint sa monture. D'un geste sec et tremblant elle s'empare des rênes et du troussequin, et le pied vient chercher l'étrier qu'il loupe à deux reprises avant de s'y enfoncer avec violence pour se hisser en selle avec tout aussi peu de douceur. Que Visgrade soit chargé comme une mule, sur l'heure elle n'en a que faire, les talons battent les flancs et la cavalière perd tout le doigté qui la rendait si aguerrie à cheval. De l'arrêt l'animal gagne le galop et les sabots martèlent le chemins à un rythme des plus effrénés.

    La caresse du vent qu'elle aimait sentir claquer contre son visage lui apparait aujourd'hui comme la plus douloureuse des morsures. Et la cadence des sabots qui la berçaient entemps, lui vrille les tempes comme s'ils piétinaient à même son crâne.

    Putain de vie. Putain de Bourgogne. Putain d'amour.

    Judas Von Frayner. Sa plus belle erreur.


* Extrait de "Laisse-moi t'apprendre a Bretagne", Judas
Musique: "Katherine Stripped of Her Jewels" - The Tudors Saison 2 - de Trevor Morris

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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]
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