Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6   >   >>

La gargote Helvétique : RP - Kirkwood et compagnie

Kirkwood
Uewen 4/4

L’enthousiasme du vieux cousin, pourtant revenu de biens des illusions humaines (il avait également été mercenaire), le fit réfléchir. Sa position amenait Uewen à côtoyer les lieutenants des grands de ce monde, et il pouvait ainsi analyser les mécanismes du pouvoir, comment les sentiments de ceux du bas de l’échelle hiérarchique influencaient le pouvoir de ceux qui commandaient, ainsi que parfois l’inverse.

Comment s’imposaient, s’interprêtaient ou se négociaient les ordres. Comment les mieux placés s’avéraient le plus souvent des rapaces efficaces, parfois soucieux de leurs gens, même si le plus souvent par intérêt bien compris.


Ce qui manquait à Coulondre et Vittorio, il en disposait. Aussi, quand on l’invita à rejoindre la réformation de la foi, il envoya son vieux sergent Maarten, qui revint neutre sur la question religieuse, maussade sur l’efficacité militaire mais optimiste sur les possibilités. Il quitta alors à nouveau sa fermière, confirma son testament en sa faveur et convainquit le chanoine de l’orthodoxie de sa foi et de celle de sa famille par un très beau don à Saint-Jean, patron de la ville, pour une statue du Baptiste : il ne fallait donc pas s’étonner des absences des siens aux messes…

Il gagna ensuite la Bourgogne où opérait une compagnie franche.
Si certains avaient la chance de prier selon la vraie foi aristotélicienne, tant mieux pour eux.
Si certains continuaient à prier selon la foi détournée et abâtardie de l’EA, tant pis pour eux, Deos les jugerait, cela ne le concernait pas.

Mais certains devaient permettre aux Croyants de vénérer honorablement Deos dans une cité réformée. Et pour cela, il fallait se battre. Pour la réformation de la foi, son retour aux origines évangéliques, sans les oripeaux de l’EA avide des biens de ce monde.
Kirkwood
Chapitre III : où l’on voit par moults preuves magnificentes que l’entrainement, c’est pas de la gnognotte, mais aussi que l’auteur semble suivre davantage la pente de son inspiration que le plan initialement annoncé, puisque notre héros n’est toujours point présenté, et donc que le lecteur peut légitimement s’interroger sur le sérieux de l’affaire ; ce à quoi l’auteur répondra qu’il est maître chez lui, capable de changer d’avis et donc de considérer qu’une réorganisation s’impose ; item, qu’il lui semble juste de laisser les titres en l’état, preuve ô combien raisonnable de son honnesteté envers son lecteur… Ce à quoi la plupart des lecteurs grommèleront certes mais liront quand même, histoire de voir, bien qu’ils se doutent que l’auteur compte dessus…
Kirkwood
Et Kirk s’entraînait durement sous la férule juste, sévère mais complice de ses compagnons d’armes

Citation:

Scène 32/49, « Kirkwood, le come-back du retour du revient de la nuit obscure 3 »

Autre proposition de titre : « Le retour de la vengeance du Homard géant de la malédiction d’Aristote ». Très nul, autant revenir au titre original « Kiki le gentil épagneul sartrien », refusé par le Conseil général du Mans, et puis que vient faire un homard, même géant, en Franche-Comté ?

Bureau de la gestion : Que vient faire ce truc dans ma boîte aux lettres ?

Scènes 32/33 : au bras de fer, Coulondre bat nonchalamment Kirk qui essaye vainement de résister avec ses deux bras en s’arc-boutant de ses jambes contre le tronc d’un arbre.

Scène 34 : Uewen se glisse discrètement au milieu des animaux de la forêt qui boivent sans crainte.

Scène 35 : les animaux fuient, épouvantés, devant Kirk dont le buisson dont il s’est –mal- camouflé semble lui faire un tutu ; Uewen a l’air légèrement déprimé.

Scène 36 : Vittorio montre à Kirk comment remonter une arbalète à cric.

Scène 37 : Kirk au sourire gêné montre un petit moulin à café et ne sait que faire du manche de l’arbalète ni des carreaux ; Vittorio a l’air déprimé. Consulter le conseiller historique pour un moulin à café en 1457 ?!

Scène 38 : Coulondre dans un exercice simple : percer un pavé avec le doigt puis le fracasser d’un coup de tête bien ajusté.

Scène 39 : Kirk par terre sur le dos, les bras en croix, les doigts et la tête couverts de pansements ; Coulondre fait la gueule…

Scène 40/43 : Kirk s’entraîne à soulever des pierres de taille croissante.

Scène 44 : Kirk court au milieu des arbres et en déracine quelques-uns à coups de poings et de tête.

Scènes 45/47 : échec et mat en un coup en faveur de Kirk contre Vittorio légèrement perturbé par l’arbalète devenue baliste de siège grâce aux bricolages improvisés du premier.

Scène 48 : Kirk bondit gracieusement en tutu blanc au milieu des animaux de la forêt qui ne le remarquent pas sur l’air du Lac des cygnes en faisant Houba houba hop. Je me demande si sa psychothérapie avance si bien que ça ?

Scène 49 : Kirk croque une pomme tout en soulevant d’une main les 3 autres pas rassurés sur une poutre qui enjambe un précipice.

Retirer nos investissements du dispensaire de Calcutta et investir dans l’immobilier, c’est le moment

Proposition musicales : Staying Alive, Rocky II et le Pont de la Rivière Kwai. Prend ta retraite coco !

Proposition : jeu console et ordinateur. J’ai un contact avec un ingénieur indien et une équipe chinoise via un compte aux îles Caïman. Mirosoft a les idées pour une première série de bugs qui justifieront l’uprgade suivant. Reste à négocier les bugs suivants, dont les imprévus, et les cheat à laisser circuler sur le Net pour que les imbéciles se prennent pour des rebelles et continuent de consommer nos produits. Tiens, la première bonne idée qui justifie qu’on ne te mette pas dehors tout-de-suite ?

Le bureau du Marketing International cherche des volontaires pour une partie en ligne de « Cours, je t’attrape » sur le N° de la CB du PDG qui lui permet de régler ses notes de « massage thaïlandais ».

Toute l’équipe du Marketing International est virée.
Mémo : changer de numéro de CB.




Kirk sentit un grand coup de pied lui ravager les côtes, accompagné d’un Allez, réveille-toi faignasse, y’a du bois à chercher !
Kirkwood
Chapitre IV : où il est enfin question de savoir ce que Kirk fiche en Franche-Comté…

Kirk 1/4
On respirait un peu plus tranquillement, et des paysans favorables à la cause les avaient nourris à petits prix. Si la discipline ne se relâchait pas, on était moins inquiets, on prenait le temps de quelques entrainements et les bavardages allaient bon train.


Hé ouais, p’tit moussu, fit Coulondre le colosse de son accent chantant à Kirk, une grandeu arbalète, à Londreu, c’est quand même 66 shillingeus, aloreu que ma couleuvrine, mon bâton à feu, hé bé j’paye ça 5 shillingeus. Et pis, ca ne porteu qu’à 50 mètres, d’accord, mais je te perceu un harnois complet italien à 20 mètres, moi, avec ça !

Aloreu moi je te le dis, l’avenir, il est plus avec moi qu’avec Vittorio ! L’intéressé souriait devant la reprise d’un vieux débat entre eux, quand Uewen s’installa avec eux autour du feu de camp.

Il bourrait sa pipe de son mélange favori : tussilage, aspérule odorante et une pointe de sauge. Coulondre ronchonna bien sûr : Vé ! Est-ce qu’je fûmeu mes légumeus, moi ? Cette nouvelle mode lui paraissait pour le moins étrange si ce n’est contre-nature, mais il ne se sentait pas d’affronter le vieux maitre-canonnier sur un passe-temps plus choquant que franchement dangereux. Le Flamand alluma sa pipe d’une brindille tirée du foyer et interpella Kirkwood :

Dis-donc, Kirk, pourquoi nous as-tu rejoint ?
On te sait bavard et disons pas trop mauvais causeur, réformé sincère, combattant courageux. Mais tu étais au conseil cantonal de Genève dont tu as démissionné, as-tu dit à Coulondre cet après-midi. Tu as quitté les volontaires genevois après la fin de l’alerte à Grandson.
Pourquoi ?
Kirkwood
Kirk 2/4

J’pouvions vous dire que c’estions point d’gaité de cœur… À Grandson, dans cette attente qu’estions point la guerre, et sûrement pas la paix, j’estions tombé malade à force réfléchir à toute cette situation… J’en estions même arrivé à mentir à mes supérieurs, à m’faire passer pour malade.
J’avions menti pour pouvoir vous rejoindre, et la honte me tarraudions encore…

D’abord incrédules, les compagnons de Kirk éclatèrent de rire devant un raisonnement si enfantin. Mentir à ses autorités pour suivre ses convictions, quel crime puéril !

Coulondre le pratiquait depuis sa tendre enfance presque naturellement, pour suivre la pente de ses désirs.
Vittorio parce qu’il savait que sa complexion charnelle n’était point si peu commune, mais toujours réprouvée officiellement, par sens de la survie donc.
Uewen enfin connaissait bien la tension permanente entre croyances intimes et réalité du monde, qui nécessitait pour vivre de s’émanciper -si peu que ce soit- de l’autorité morale dont l’éducation imprègne chacun.


Néanmoins, ils n’avaient point la tripe cruelle et le regardèrent comme avec attendrissement : il avait prouvé sa valeur à Dole, et même autrefois gagné ce tournoi genevois dont la réputation dépassait maintenant les frontières : l’ours au visage mangé par la barbe serait-il donc ourson ?
Kirkwood
Kirk 3/4

J’avions mes ordres, j’estions aux ordres, mais les Francs-Comtois (les autres notèrent qu’il n’utilisait plus « Faux-cultois », marque évidente de son émotion, alors qu’il en avait usé et abusé lors de l’affaire de Dole jusqu’à presque les-en dégoûter, la légèreté n’étant pas son fort) nous avaient attaqué, ne reconnaissaient rien de leurs erreurs, coûtaient une fortune à la Confédération. Et ça juste après que cette crapule de Mytthis parte avec la caisse, permettant aux orthodoxes fanatiques d’accuser tous les réformés ! Il fallait les faire payer, eux-aussi !

Parce qu’il existe des orthodoxes qui ne soient point fanatiques, peut-être, lança Vittorio, acide ?
Bah, t’en fais trop, le Toscan ! fit Coulondre en se gaussant, je connais quelques franciscains et curés qui sont charitableus et n’appelleunt mêmeu point à brûler les réformés ! Laisseu le moussu parler, ma fé, il a fait sa part comme nous !

Kirk reprit, toujours plongé dans ses souvenirs. Parfois, j’avions l’impression qu’la diplomatie avançait, pis d’autres fois qu’y s’foutions d’not gueule, l’comte et toute sa clique. Alors, il fallions ben rééquilbrer la balance de part et d’autres, hein, non ?
Mais c’est vrai qu’entre ma position, qu’estions honorable à G’nève, et m’engager dans la lutte des compagnies franches réformées, j’ai hésité.

Ouais, j’ai hésité… Lâcher Genève, lâcher des amis.
Kirkwood
Kirk 4/4

Vittorio reprit, toujours aigre : Ouais, on a un beau causeur réformé qui sait parler en la cathédrale, mais c’est surtout par patriotisme helvète qu’il nous a rejoint. Plus que pour le triomphe de la réformation de la Foi, j’ai l’impression.

Dans la nuit, le feu bruissait des craquements du bois. Kirkwood osa un timide « oui », accueillit par une grimace de supériorité évidente de Vittorio.
Il suffit, Vittorio, fit Uewen après avoir tiré sur sa bouffarde, chacun trouve midi à sa porte. Tu es bougre, ce qui justifie ta présence parmi nous, non ? Coulondre est républicain… Alors, pourquoi pas un patriote helvète, ma foi ? Même s’il faut sans doute lui expliquer ce qu’est une compagnie franche réformée…

Ouais, un vrai jean-valjean quoi, répliqua Vittorio avant de se taire.
Kirk attendait avec impatience et curiosité ces explications, préférant oublier les remarques de Vittorio. Que le Toscan soit bougre le mettait mal à l’aise, comme ces hommes en face d’une femme qu’ils ne désirent pas et fantasment avec frayeur sur un désir qu’elle pourrait concevoir à leur égard.


Le jean-valjean est un chien dont le regard triste, fatigué et éploré fait passer celui d’un basset artésien au sortir de sa sieste pour la crise de fou rire d’un âne atteint de démence. La race semble avoir disparue, faute d’intérêt marqué de la part des propriétaires de meute, visiblement peu ravis à l’idée de côtoyer des animaux dont la physionomie porte au suicide le plus jouisseur des pervers…
Encyclopedia grobêta
Kirkwood
« Kirkwood reculait maintenant alternativement avec une égale épouvante devant les deux résolutions qu’il avait prises tour à tour. Les deux idées qui le conseillaient lui paraissaient aussi funestes l’une que l’autre : rendre les coups aux Francs-Comtois ou rentrer à Genève ?

Il y eut un moment où il considéra l’avenir. Se lancer dans la lutte des réprouvés contre les Francs-Comtois, grand Deos ! Il envisagea avec un immense désespoir tout ce qu’il faudrait quitter, tout ce qu’il faudrait apprendre. Il faudrait donc dire adieu à cette existence si bonne, si pure, si radieuse, ce respect de tous les honnêtes gens, à l’honneur sans doute !

Grand Deos ! Au lieu de tout cela, courir les bois, échapper aux patrouilles, se battre sans bannière, sans reconnaissance le plus souvent, abattre des hommes sincères ou qui faisaient leur travail de défenseur comme lui-même en Genève et Grandson, puis un jour peut-être la chiourme, le carcan, des vêtements puants, la chaine au pied, la fatigue, le cachot, toutes ces horreurs !

Que faire, grand Deos, que faire ? Il chancelait au-dehors comme au-dedans. Il marchait comme un petit enfant qu’on laisse aller seul.

À certains moments, luttant contre sa lassitude, il faisait effort pour se ressaisir de son intelligence. Il tâchait de se poser une dernière fois, et définitivement, le problème sur lequel il était en quelque sorte tombé d’épuisement. Fallait-il gagner la clandestinité et se battre les armes à la main ? Fallait-il rester dans le rang et respecter la légalité vaille que vaille ?

Il ne réussissait à rien voir de distinct. Les vagues aspects de tous les raisonnements ébauchés par sa rêverie tremblaient et se dissipaient l’un après l’autre en fumée. Seulement, il sentait que, à quelque parti qu’il s’arrêta, nécessairement et sans qu’il fût possible d’y échapper, quelque chose en lui allait mourir ; qu’il entrait dans un sépulcre à droite comme à gauche ; qu’il accomplissait une agonie, l’agonie de son bonheur ou l’agonie de sa vertu.

Hélas, il n’était pas plus avancé qu’au commencement, et toutes ses irrésolutions l’avaient repris.

Ainsi se débattait dans l’angoisse cette malheureuse âme. Quatorze cent ans avant cet homme infortuné, l’être mystérieux, en qui se résument toutes les saintetés et toutes les souffrances de l’humanité, avait lui aussi, pendant que les oliviers frémissaient au vent farouche de l’infini, longtemps écarté de sa main l’effrayant calice qui lui apparaissait ruisselant d’ombre et débordant de ténèbres dans des profondeurs pleines d’étoiles. »

Vittorio Ugolino dei Bardolino dei Parmigiano, Où il estions question des Misérables, 1462
Kirkwood
Chapitre V : où il est enfin question de la Compagnie franche elle-même, mais toujours point de l’affaire dite doloise, et où donc le lecteur impatient commence à se demander si l’auteur ne se paye point sa fiole, quoiqu’il lui garde -modérément- sa confiance, sinon il ne lirait point tout ça…

1/4
Bon, Kirk, fit Uewen, la Compagnie, tu ne l’as vue que par intermittence à Dole, et guère plus depuis. Si notre lance ne compte, ma foi, que d’indéniables réformés, même si à des degrés variables, tu n’as qu’à voir entre Coulondre et Vittorio ! Ce n’est pas… Bref, toutes les lances de la compagnie ne sont point vraiment réformées !

Brigands et pillards chassés par la misère, par la bêtise parfois, la leur ou celle des autres, hantent toutes les compagnies, quelles qu’elles soient, et quoi qu’en disent les orthodoxes et les Francs-Comtois, pardon, les Faux-Cultois. Uewen se permit un sourire.

Je ne te souhaite point de faire le culte dans la lance de Giacomi et Strauss ! Ils t’écorcheraient après t’avoir fait subir mille forcements, sans peut-être même y trouver plaisir, juste par principe. Même dans mes pires campagnes militaires, j’ai rarement vu plus cruels et fols ! Ils abandonnent même leurs blessés, c’est dire !
Deos, Aristote, Christos et Averroès fassent qu’ils s’égarent en les bois et soient dévorés par les loups, si tant est qu’il se trouve bêtes assez folles pour y risquer une dent : pourries sont leurs têtes, pourries doivent être leurs tripes !
Kirkwood
2/4

Mais, fit Uewen interrompant la question de Kirk, ils se donnent à toutes les compagnies et sont au premier rang, et l’on n’en compte que trop peu, même si on sait qu’ils font mille façons et ne souhaitent qu’être au pillage et au forcement des filles. Tous les capitaines les placent de manière à ce qu’ils soient obligés de se battre, et pris par la nécessité, un soldat armé en vaut bien un autre !

Autant que je sache, ils ont fait leur part à Dole, quand les maréchaux à cheval les ont chargés…
Seules les compagnies les plus prestigieuses et les plus professionnelles, comme celle du Lion azur, peuvent se permettre le luxe de les refuser.

Oui, je sais, tu te sens volontaire pour ce poste, plutôt que de nous voir employer de tels monstres. Mais sache qu’ils assument le poste le plus dangereux, là où risques et pertes sont les plus importants, où les blessés ont le plus de risques d’être abandonnés pour cause de mouvements de combat, de périr de leurs blessures ou d’être achevés par l’ennemi reprenant nos positions…

Ça ne forge point un heureux caractère, le plus souvent…

Alors sache que la « Compagnie franche réformée », comme tu dis si joliment, du Capitaine Mördensieschnell, est bien une troupe dont l’objectif général est la lutte contre les abus des orthodoxes fanatiques qui interdisent notre culte et pourchassent les nôtres et les libertés, contre les grands de ce monde qui s’arrogent tous les droits, imperméables aux voix des petits.
--Tordgueule
Récits croisés.

Dole, comme dans un cauchemar.

La cime de l'arbre obstruait la fenêtre, d'ailleurs assez étroite, et ses branches s'étendaient presque jusqu'au milieu de la chambre; on ne pouvait donc présenter aux assaillants un assez large front de bataille. Malartic se rangea avec Piedgris d'un côté contre la muraille, et fit mettre de l'autre côté Tordgueule, Vittorio et Bringuenarilles pour qu'ils n'eussent pas à supporter la première furie de l'attaque et fussent plus à leur avantage. Avant d'entrer dans la place, il fallait franchir cette haie de gaillards farouches qui attendaient l'épée d'une main et la couleuvrine portative de l'autre. Tous avaient repris leurs masques, car nul de ces honnêtes gens ne se souciait d'être reconnu au cas où l'affaire tournerait mal, et c'était un spectacle assez effrayant que ces quatre hommes au visage noir, immobiles et silencieux comme des spectres.
--Tordgueule


Tordgueule se réveilla en sursaut. La sueur lui coulait le long du visage. Dole, toujours. Dole, toujours le même cauchemar.

La flasque était presque vide. Il était temps d'aller la remplir à nouveau.
Kirkwood
3/4

Si ceci, c’est être un sicaire, tous ici sommes des sicaires, et j’affirme haut et fort devant tous être un sicaire du Lion de Juda, confiant d’être dans la volonté de Deos.

Mais, fit maintenant Uewen, il est vrai qu’à l’origine, ce groupe était davantage une secte, je crois. On m’a même dit qu’il s’agissait d’une hérésie chassée par le sultan, celui qui a pris Constantinople il y a 4 ans… Je n’en sais rien, et n’y connais pas davantage. Ni mon voyage à Alexandrie ni mon contrat dans les Balkans contre les Ottomans ne m’ont permis de comprendre grand-chose à la religion averroïste !

Bref, il y avait uneuh secteuh dont le peu qu’on t’a dit me fait dire que tu n’as rien à en dire ! commenta avec une componction moqueuse Coulondre qui s’impatientait un peu.

D’accord, d’accord, reprit Uewen, ne nous dispersons pas ! Il me semble toutefois maintenant que tous ceux qui luttent les armes à la main contre le joug de l’EA ou celui des nobles sont appelés « sicaires », comme une insulte, mais qu’ils le revendiquent comme un trait d’honneur !
Uewen fit une pause, guettant à présent une éventuelle interruption de Vittorio ou Coulondres, et devant le silence continua.

A dire le vrai, tous les brigands avec un minimum d’intelligence le revendiquent aussi, ce titre, pour couvrir leurs exactions… Et quel soldat n’a jamais larronné pour se nourrir, ajouta-t-il, parlant semble-t-il d’expérience ?

Ce qui fait que le mot est pour le moins beau, mais que tous s’en servent ! Nous pour nous affirmer l’élite militaire des réformés, ce que nous sommes incontestablement, et les sourires convaincus mais complices du Gascon et du Toscan appuyèrent le sien. Les fanatiques orthodoxes, les opportunistes et les crétins pour appeler à la lapidation de leurs ennemis quels qu’ils soient ! Et les brigands pour se justifier noblement ! Et les forts en gueule pour impressionner les belles !

Cela étant, y-a-t-il encore des sicaires de la secte d’origine en notre Compagnie franche ? Je n’en sais rien et n’en fait bien sûr pas parti, et à ma connaissance, Coulondres et Vittorio non plus. Encore que… Vittorio, tu serais bien assez véhément pour cela, non ?

Non, cria le Toscan ! Non que, que, que je ne le veuille point, et son regard fier souligna sa confession, mais je suis bougre, et si j’étais capturé en faisant partie de leurs rangs et reconnu, l’ÉA en profiterait pour affirmer que tous sicaires de la secte première sont bougres…

Ah ? Ma fé, c’est bien réfléchi, fit Coulondre manifestement impressionné par un raisonnement qu’il n’aurait jamais seulement envisagé. J’aurai pensé plutôt que les rumeureus les affirmant pratiquer des meurtres ritueleus t’auraient dégoûté ?

Quoi, fit Kirk scandalisé, j’ignorions cela ! C’estions meurtrerie ignoble !
Ah ! répondit Vittorio, j’espère que c’est encore fausseté de l’ÉA, et non réalité ! Sinon, qui sait si, si certains parmi eux ne, ne, ne se détournent point de la purété de leurs intentions en étant tenté par le Sans-Nom ? Ce qui incrimine certains ne doit point toucher tous !

Oui, souria Uewen, on voit par là que tu pourrais en faire partie, même si j’en doute à t’entendre ! Mais achevons notre petite leçon de choses pour le bien de Kirk.
Kirkwood
4/4

Nous sommes des militaires, des soldats, en lutte pour nos objectifs politiques, sociaux et religieux, et usons des mêmes moyens que les armées ennemies. Nous venons de l’Aristotélicité entière, mais il est vrai, n’avons pas encore convaincu nos patries.
Je ne vois pourtant pas en quoi nos moyens se distinguent des luttes entreprises par les grands, les ordres militaires ou les croisades, et pourtant, je sais de quoi je parle ! J’envie les Helvètes et leurs libertés, malgré les difficultés dont tu nous as parlé…

Mais il est juste également de rappeler que cette compagnie compte aussi des misérables, des miséreux, des réprouvés et des bannis… Et pas toujours pour de mauvaises raisons. Comme toute troupe militaire, te dis-je…

Uewen se leva et vida sa pipe d’un coup de talon. Il prit un air rêveur.
Quand je pense que les fanatiques orthodoxes accusent Genève de nous aider, j’aimerais que ce fut vrai, dit-il d’une voix mi-amère, mi-amusée ! Nous les avons approchés clandestinement, le moment était idéal avec les armées aux frontières de l’Helvétie, mais baste, ils préfèrent la paix, je ne peux pas leur en vouloir, c’est beau la paix…
Encore faut-il que tous en bénéficient...

Et toi, Kirk, dit-il d’un ton plus grave, demande-toi ce que tu es dans le monde. Et, ma foi, si tu penses que notre combat en vaut la peine…
Sinon, nulle raison de rester, et je ne crois point qu’on t’en voudra… Chacun est maître de ses choix, du moment qu’il a pesé les enjeux pour lui et les autres… Seul Deos jugera.

Je prends le tour de garde au chêne creux, dit-il un peu abruptement…
Kirkwood
Chapitre VI : où le lecteur impatient apprend enfin ce qui s’est passé à Dole en décembre 1456

Prélude : Le Professionnel

Dole, faubourg au sud du Doubs, sur la route de Poligny, la nuit. Le silence règne, et le brouillard n’est pas fait pour arranger le moral de Gérard, veilleur de nuit. Ca fait bien 20 crédos qu’il devrait lancer un nouveau "Tout va bien, bonnes gens, et Aristote et Deos veillent sur vous !" Mais il préfère boire un coup. Cette gentiane est immonde, mais au moins, ça réchauffe. Pis comment se payer mieux que ça ?

Bah, de toute façon, ils ont l’habitude de ses silences. Tant que personne ne hurle au feu ou à l’alarme, tout le monde s’en fout, de lui. La preuve, ce salopiaud de Vrulpf, Vrolf ou comment qu’il s’appelle, avec son nom imprononçable déjà, ‘fin bref, le boucher, a encore réussit à esquiver son tour de garde, pour la troisième semaine consécutive…

Et même Armandine, son épouse, ne lui reproche plus de ne pas honorer le lit conjugal. Ouais, elle ne veut plus de lui et sait se débrouiller seule pour ce qui est de la ferme. Hé ! Il est tellement épuisé après ses nuits de veille aussi !
Autant boire un coup.

Mais comme il n’est vraiment pas content, Gérard, il en reboit un aussi sec. Ce sagouin de notaire s’est encore débrouillé pour ne pas lui rembourser les 50 thalers qu’il lui avait avancés pour son mariage, il y a 3 ans. Si encore il était pauvre ! Mais il n’est que pingre ! Harpagon ! Quel nom idiot ! Restera pas dans les annales, celui-là, c’est sûr…

N’empêche qu’il n’arrive jamais à lui faire cracher le morceau. Quoiqu’il ait préparé, l’autre arrive à s’esquiver, à trouver une excuse, une urgence, en multipliant les paroles… S’il pense le rembourser ainsi…
Autant boire un coup…
C’est qu’il finirait par y prendre goût, à cette gentiane immonde ?

Ca tombe bien, une lame se pose délicatement sur son cou pendant qu’une voix étouffée lui glisse
: Garde la pose et tu passes la nuit vivant. Sinon…

Glups, glups, glups…
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)