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[RP] Quand prend la béarnaise.

Theolenn
La mignonne éclata d'un rire franc. Ce qu'il pouvait être drôle le Morelius quand il était envahi de cette bonne humeur typique du goinfre qui s'apprête à ripailler!
Elle disparut en cuisine, on entendit d'autres éclats de rires, plus gras, plus… couleur locale et Theolenn réapparut le rouge aux joues mais les bras chargés de victuailles.


- Deux miches, un pichet de rouge et un bol de velouté de courgettes au lait d'amandes…pour deux. Et tout ça au frais du patron, elle est pas belle la vie?

Ce qui rendait particulièrement agréable la vie aux côtés de Morelius, à part certaines choses qu'elle ne savourait que dans la sphère privée, c'était la facilité avec laquelle il vous mettait à l'aise quand il s'agissait de manger. Cet homme était le symbole personnifié de l'appétit. Il faisait honneur à tout qui savait un minimum cuisiner.

Theolenn s'empara de l'unique cuillère en bois et testa la soupe. Elle sourit satisfaite et la présenta remplie à ras bord aux lèvres du spadassin qui s'impatientait.

- Goûte-moi ça, c'est une tuerie!

Et pendant qu'il goûtait en lorgnant déjà sur le reste du bol, elle lui raconta ce qu'en traversant la salle de la taverne, elle avait entendu se dire.

- Est-ce que tu savais qu'il y a des ours dans la région? A part toi je veux dire…

Avec l'excuse de la vengeance, le Mursidius s'empara du bol et en vida les deux tiers d'un seul trait, le mufle!
S'il pouvait tout se permettre, elle pouvait également décider d'utiliser ses armes secrètes. Assis côte à côte comme ils l'étaient, elle n'eut aucun mal à glisser une main légère sur la cuisse de son compagnon sans que personne ne puisse le remarquer… et se sauva ainsi le reste du velouté. Non mais!


- Tu penses… qu'on … *slurpage* pourrait en … voir un ?

La garbure arriva, fumante, fameuse, même fabuleuse, n'hésitons point sur l'éloquence du qualificatif lorsqu'un met arrive à la table d'un couple de morfales en manque de calories!

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Morelius
Il trouva l'idée excellente et son œil s'alluma comme celui d'un adolescent à qui l'on promet aventures, frissons et passions.

Tu ne cesseras de me surprendre, ma vadrouilleuse.
Il me vient dans l'idée que nous pourrions en effet profiter du fait que nous sommes assignés dans le secteur par les autorités pour chasser la montagne.


Sortant sa longue dague de son étui, il en vérifia le tranchant du bout de l'index, arborant son sourire tordu de "j'ai une idée derrière la tête, mais ça va pas plaire à tout le monde".

Bien sûr, il y a les gardes-chasse du duché, mais nous trouverons quelques accès discrets.
Et une fois dans les bois... je connais les forêts de montagne mieux que ma propre bourse et j’y ai posé cent fois plus de collets que le fier roy Lévan n’a troussé de nobles dames.
Même par nuit noire je m’y retrouverai comme dans la culotte de... hummm...
Bref, la toute nouvelle duchesse du Béarn ne nous en voudra pas de la cocufier de deux ou trois lièvres et d'un ours, on la dit si généreuse... qu'en dis-tu ?

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Theolenn
Bien évidemment que Theolenn se demanda qui était la propriétaire de la culotte à laquelle il faisait allusion… mais elle haussa mentalement les épaules et fit comme si de rien n'était. Le plat était succulent, il faisait beau, Morelius était content, qu'importait le reste, après tout…

Ah si quand même, il y avait ce petit détail. Elle avait émis l'idée de "voir" un ours de près, pas d'en avoir un éteint au bout d'une lame… Elle comprit hélas bien vite ce qui le mettait en joie.

Theolenn avait toujours eu une relation difficile avec la mort animale. La sienne, elle s'en foutait pas mal: dans son optique, mourir n'était qu'un saut dans le vide et plus heureux devait être celui qui le "vivait" que celui qui restait là, avec sa peine. En même temps, dans ce genre de théorie, on aurait pu penser que tuer un ours lui rendait pratiquement service. A la différence près qu'entre le décider, l'accepter, et le subir contre son gré, il y avait une grosse marge.

Que faire? Que dire? Comment négocier avec un Morelius fou de joie à qui il n'était pas question de retirer ses espoirs de bataille avec la bête?

Dans l'autre camp de cette lutte interne, l'idée de parcourir la montagne avec lui la tentait énormément. Elle le savait expert dans tout ce qui touchait ce domaine et il était certain qu'elle en apprendrait bien plus en quelques jours que ce qu'elle en savait jusqu'à présent.

Elle se resservit en vin et vida tout le gobelet en quelques secondes.
Plus elle s'imbibait de jus de raisin et plus ça cogitait sec dans le crâne de la vadrouilleuse.

*Quand même… tuer pour manger, c'est légitime. Mais tuer pour le plaisir?
Et si quelqu'un avait osé attaquer Morelius, son ours à elle?
Oui mais là, c'est encore différent… ce serait de la légitime défense…*

Ses pensées tournoyèrent à la vitesse de sa descente alcoolisée. Un second verre suivit le premier, puis un troisième. Le plat devait être trop salé finalement! Tant et si bien que la cervelle légèrement enveloppée d'une étole de brume nacrée, elle s'entendit répondre au galopin qui refaisait surface sous les traits de l'élu de son cœur:

- Tu voudras bien n'attaquer qu'un vieux mâle solitaire et bougon… peut-être même un peu suicidaire?

Ben oui, elle pouvait pas avoir toutes les qualités la Theolenn.
Et elle était bien consciente, malgré le flou de son état, qu'elle allait perdre des points sur ce coup-là..
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Morelius
[Deux jours plus tard, haute vallée de l'Adour]

Remonter l'Adour vers les Pyrénées était, en ce début d'été, rude et périlleux. Mais Morelius n'y trouva rien de dur, motivé qu'il était par ce que lui avait rapporté la veille un colporteur basque: dans les forêts au pied du Pic du Midi on avait repéré un ours énorme, qui avait fait grand ravage dans les troupeaux de moutons des bergers du bourg de Campan. Il se figurait, parmi la verdure et malgré la mouillure des pluies de Juillet, qu'un tiède début d'été régnait; les âpres roches lui semblaient prairies, et les bruyantes eaux de l'Adour avaient, à ses yeux, le charme de fontaines. Se reflétant dans la nature, sa joie intérieure le transformait. Les ailes qu'il désirait petit pour se jeter du sommet de la tour de Prague, on aurait dit qu'il les possédait, et si grande fut leur diligence que, deux jours après avoir quitté Tarbes, ils arrivèrent à l'hospice de Campan.


(Haute vallée de l'Adour - Cassini - 1760)

Le lendemain, ils remercièrent les moines et reprirent leur chemin. Bientôt ils quittaient les terres cultivées comme des pèlerins pour entrer dans les pentes sauvages des Pyrénées comme des voleurs. Ses armes bien arrimées à la ceinture et son grand sac de jute, pour l'instant vide, pendouillant sur le dos, Morelius entraina Theolenn dans la forêt odorante, la tête pleine de pensées ursines.

Si les dires du colporteur s'avéraient exacts, outre le plaisir de la chasse, il pourrait remplir son sac de la peau, des dents et des griffes de l'ours, et en revendre le contenu aux cupides bourgeois du duché, de quoi financer un deuxième cheval pour leurs voyages. Mais voilà qu'il arrivaient déjà au pied des hautes falaises sensées abriter son trésor, à quelques lieues du petit village de Sainte Marie de Campan.

Le mercenaire monta la tente à l'abri d'un petit bois de sapins et affuta sa dague...


Demain nous chercherons les signes de l'Ours au pied de ces falaises, ma caille des cimes.
Nous pourrions en profiter aussi pour y casser quelques cailloux...
On prétend qu'elles regorgent de pierres translucides dont nous pourrions tirer bon prix auprès des orfèvres de la région.
Qu'en dis-tu ?

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Theolenn
Qu'en dis-tu? Qu'en dis-tu? …comme s'il lui importait de le savoir!
Plus le but de leur course se profilait à l'horizon, plus elle ruminait sa détresse, la caille des cimes qui pour l'instant se sentait nettement plus proche du cloporte.
Elle détestait cette situation à un tel point qu'elle n'avait pas profité de la moitié du plaisir qu'était censé lui procurer une telle marche. Les paysages aussi splendides furent-ils, et qui d'ordinaire lui auraient ravi les sens, eurent la tristesse d'un tombeau.

Pourtant, au début, elle avait réussi à se convaincre que ce n'était que justice, l'ours tuait les moutons, il méritait de subir le même sort.
Mais toujours revenait cette idée aliénante, ils allaient tuer le roi de la montagne…
Cet animal superbe à qui on imputait les pires légendes et les pires crimes pour se donner une excuse quand, capturé, on l'exhibait dans une cage en lui faisant subir des humiliations sans nom. L'homme pouvait décidément être la meilleure comme la pire des créatures de ce monde!

C'était la première fois qu'une divergence d'opinion allait les séparer et Theolenn redoutait cet instant. Elle fomentait à chaque pas des ruses plus folles les unes que les autres dont l'ultime était de s'interposer au moment fatal entre Morelius et l'animal.

Comment vivrait-elle cette complicité-là?
Comment oublierait-elle les images qui immanquablement s'imprimeraient dans ses souvenirs pour longtemps? Un ours débarrassé de sa peau, de ses dents, de ses griffes… carcasse rendue ridicule et qui pourrirait là où il avait vécu heureux. Dans ces montagnes bien aimées qui l'avaient vu naître, jouer, apprendre à se battre et peut-être même aimer. Que savait l'homme de la vie d'un animal à part ce qu'il pouvait en tirer pour son profit personnel? Ne valait-il mieux pas en être la victime?

Ce n'est pas à Morelius que Theolenn en voulait comme jamais, mais à elle-même. Comment avait-elle pu imaginer une fraction de seconde qu'un spadassin de sa trempe l'emmènerait observer un ours dans son milieu naturel sans vouloir le…

Elle était également bien consciente que la plupart des humains pensaient comme Morelius, que c'était elle l'intruse dans cette vision de la vie, aussi, sur ce sujet épineux qui lui tiraillait l'âme, ne dit-elle rien.


- Des pierres?… oui, ça, ça me plait beaucoup…

Pendant qu'il terminait de monter leur campement, faisant mine que leurs gourdes étaient vides, elle se proposa d'aller les remplir à la rivière dont elle ourdissait les clapotis non loin. Mais sa véritable intention était toute autre. S'il y avait des traces d'ours aux alentours, elle comptait bien les effacer au plus vite pour gagner du temps sur l'inévitable échéance.

Theolenn possédait un arc rudimentaire et quelques flèches faites mains, risibles défenses pour qui ne connaissait pas son adresse, elle les emmena au cas où…

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Morelius
Sa belle partie à la rivière, nôtre chasseur d'ours alla à quelques pas du campement jeter un œil sur l'un des nombreux pierriers qui jalonnaient les premières pentes du Pic du Midi. C'était comme un grand champ de pierres, ou rien ne poussait, témoin immémorial de gigantesques éboulements ou de la sape patiente d'un grand glacier aujourd'hui oublié.
Bien vite il repéra un gros bloc de pierre, de la taille d'une chèvre, dont la texture lui fit espérer qu'il renfermait quelques-uns des précieux cristaux. Il ramassa à la hâte des branches mortes dans le bois de sapin voisin, et alluma un grand feu tout autour du rocher, priant pour que le vent se lève et disperse la fumée avant qu'on ne l'aperçoive d'un village alentour.
Quand Theolenn fut de retour, la pierre était bien chaude. Avec un sourire qui en disait long, Morelius lui "emprunta" les deux ou trois outres d'eau glacée qu'elle avait ramené du torrent qui coulait à l'orée du bois, et les déversa rapidement sur le rocher.


- Regarde, ma grande ourse, je pense que ça va te plaire...

Dans un grand claquement sec qui résonna dans toute la montagne, la pierre se fendit en deux. Et là, dans ce qui était le cœur du rocher, ils découvrirent...
Le mercenaire s'accrocha à sa compagne, tant la surprise menaça de le renverser. Il resta là une éternité, bouche bée, yeux grands ouverts, ébahi par ce qui était sans commune mesure la plus grande découverte de toute sa courte carrière de briseur de rochers...




Un simple poisson... enfin, ce qu'il en restait.
Morelius pensa d'abord à l'œuvre d'un talentueux sculpteur, mais réalisa bien vite que nul ne savait graver DANS les pierres.
Il ne croyait pas vraiment à la magie et ne pensait pas qu'on puisse téléporter un poisson dans une pierre, d'ailleurs quelle en aurait été l'utilité ? Ce n'était pas non plus un miracle, car le Très-Haut ne faisait jamais de miracles inutiles.
Il fallait donc nécessairement que le poisson soit un vrai poisson, et qu'il ait été emprisonné dans la pierre à la création de celle-ci.
Ce qui, en cascade, impliquait que le poisson ait été là AVANT la pierre, et donc...

Morelius commença à appréhender les possibles significations de cette découverte et en eut soudain le vertige...
Il fit part de ses réflexions à Theolenn, et lui manda si elle avait autre explication à cette bien étrange découverte.

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Theolenn
Quand la petite porteuse d'eau vit à quoi (aqua ^^) son butin allait servir, elle ne s'en plaignit pas, bien au contraire, c'était une occasion d'y retourner sans attirer la suspicion: excellente affaire! Elle n'avait trouvé aucune trace de patte de quoi que ce soit sur la berge humide, pas plus que de griffure sur les troncs des pins qui serpentaient le long de la rive, ni de poils collés. Mais peut-être de l'autre côté?
En attendant, en plus de ses outres, elle ramenait trois magnifiques truites à la peau irisée d'un jaune presque fluorescent et parsemée de grosses taches noires. Pêche méthode "Theolenn": profiter d'une anse où les eaux sont moins mouvantes, et donc plus claires, et Fffffichhhttt… une flèche dans l'abdomen qui vous cloue la proie au fond, plus qu'à la cueillir, un jeu d'enfant! Elle mit ses prises à l'abri et rejoignit l'apprenti géologue.

Le claquement de la roche la fit sursauter, on aurait dit que la montagne allait s'effondrer, d'ailleurs quelques pierres, heureusement plutôt des cailloux, vinrent s'échouer à leurs pieds après un roulis de quelques mètres le long d'une paroi.
Etait-il complètement fou de les exposer à tel danger !!!
Mais elle n'eut pas le temps de le dire, tout juste de le penser et de l'oublier aussitôt devant ce que le procédé ingénieux de Morelius venait de révéler à leurs yeux.

On ne saura jamais vraiment si ce fut Morelius qui s'agrippa à elle … on l'inverse, mais ce qui est certain c'est que le temps s'arrêta pour tous les deux. On aurait dit deux enfants devant leur premier cadeau de Noël, interdits et radieux.

Au bout d'un temps, Morelius retrouva l'usage de la parole et ses questions la firent sourire. Theolenn savait ce que c'était mais guère plus sur le phénomène. Elle s'étonna quand même que l'objet fut un poisson alors qu'elle venait tout juste d'en ramener pour le dîner. A force de voir des signes partout, on en perd parfois un peu de son bon sens.


- C'est un fossile… et un beau! s'exclama-t-elle en s'en rapprochant, curieuse et ravie.

Du bout des doigts, elle en apprécia le relief, invitant son Géolius à en faire de même.


- Tu sais ce que ça signifie? Ca veut dire qu'ici, avant, il avait la mer… ou un lac.

Tu vois cette pierre que tu viens d'exploser sous l'effet de la différence de chaleur? Elle est en fait composée de plein de petits grains, c'est ce qu'on appelle une pierre sédimentaire. Elle s'est probablement formée en dépôts progressifs sur le poisson. Il a dû être emprisonné pour une raison ou l'autre. Une fois mort, si sa dégradation va moins vite que la formation de la pierre, elle gardera son corps intact à jamais à l'intérieur d'elle. Mais c'est rare, il faut des conditions exceptionnelles, comme une glaciation. Le plus souvent, comme ici, les sédiments qui se déposent prennent peu à peu la place de la chair qui se décompose, parce que seules les parties plus dures du poisson mettent plus de temps à se dégrader que la pierre à se former.

- Morelius, c'est une superbe trouvaille que tu as faite là… les universités seraient heureuses de posséder pareil spécimen. Moi-même je n'en avais jamais vu… à part dessinés dans des livres savants. Mais en vrai, c'est autre chose…


Theolenn était émue. Si ça se trouve, ce poisson était là, allongé dans son lit de roche, attendant depuis des milliers d'années que deux humains un peu désorientés viennent le saluer. Elle s'assit sur le sol pierreux sans rien en sentir de son incommodité et resta là, contemplative, fixant ce poisson que de son temps personne n'aurait remarqué en particulier. La vie peut être riche de surprises parfois, pour ceux qui n'en attendent rien, et le temps, bien facétieux...

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Morelius
Morelius ne saisit pas toutes les explications de sa docte compagne, lui qui avait tout juste appris à lire et à écrire, ce qui déjà le plaçait au dessus de la masse laborieuse des analphabètes du royaume. Mais il acquiesça néanmoins à tout ces dires, pour ne point paraitre trop ignare.

- Hmmm... oui da, très beau poisson... m'enfin il ne nous nourrira guère, il n'a plus grand chair sur les arrêtes.

Son regard se porta ensuite vers la montagne, se demandant par où il faudrait commencer à chercher la Bête. A son pied, le Pic du Midi était porteur de forêts. Il y avait de rares chênes dans les bas-fonds, graves seigneurs revêtus de mousse, dont l’ombre était paternelle sur les fougères et sur les fontaines glacées recueillies aux vasques de la terre. Plus haut, les hêtres droits comme des colonnes s’érigeaient, grand peuple fraternel. On entendait parfois sous leur voûte l’appel d’un pâtre, le cri d’un oiseau, les coups de cognée d’un bûcheron, la flûte à huit trous d'un chevrier. Mais ces voix et ces bruits épars, dans la langueur des jours d’été, étaient comme de petites pierres qui tombaient dans l’onde léthargique d’un lac. Il sembla à Morelius que ces cimes vénérables envoyaient vers eux les murmures des légendes.

Parmi les hêtres, des ormes se mêlaient aux frênes et aux bouleaux argentés. Il y avait des tilleuls aussi, dont la ramée odorante attirait les abeilles de la forêt : si bien qu’on aurait dit des ruches en fleur bourdonnantes d’ailes et de rayons, d’énormes ruches dont toute la montagne était embaumée. Çà et là, des arbres écroulés pourrissaient où ils avaient régné durant des siècles ; et d’autres se dressaient au milieu des clairières, tours végétales, enracinés si profondément dans la terre, que nulle rafale ne les agitait et qu’on les aurait cru élevés par la nature depuis les premières heures du temps.

Au-dessus encore, les sapins montaient, noire armée, à l’assaut du faite. Le coq de bruyère, sous leurs branches, piétinait et battait des ailes avec un bruit de tambour, pour ses poules perchées qui caquetaient et picoraient les bourgeons résineux. Le chevreuil broutait aux premiers taillis ; l’isard, entre deux précipices, guettait par les créneaux des rochers ; le loup en descendait, l’ours y piétinait à coup sûr. C'était là qu'ils se rendraient.

Les hauteurs voisines étaient couvertes également de forêts sévères et se dressaient en escarpements sur lesquels les vautours planaient, les grands milans criaient, où les nuages passaient, où amoncelaient, ainsi que des fumées exhalées de toutes les cavernes de la montagne, des buées blanchâtres. La cascade y tombait, la brise y chuchotait et le vent mugissait... Et l’ombre de ces bois et de ces montagnes était, sur les voyageurs ébahis par tant de beauté sauvage, austère et solennelle.


- Mon Dieu, que la montagne est belle...
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Theolenn
C'est vrai que la montagne était belle. Toute une palette de couleurs eut à peine été suffisante au peintre pour traduire les essences végétales qui la paraient, les variations de la roche qui la façonnaient. Domaine des animaux discrets, dont la présence à peine trahie par des bruissements furtifs contrastait avec les chants joyeux et les cris rauques du peuple de l'air, et disait le bonheur de vivre dans un cadre aussi grandiose que mystérieux. Theolenn aimait l'odeur de la résine, celle de l'humus après la pluie, et de la pierre chauffée au soleil. Elle ne se lassait jamais d'entendre le clapotis de l'eau qui roule sur les pierres et se cogne aux berges, les rugissements des torrents au dégel, les éclairs en miroir sur la surface des lacs que l'on croyait endormis.

Elle se souvint de la force des arbres qu'elle étreignait autrefois pour en capter l'énergie. Cette vibration lente qui pénétrait jusqu'au cœur de son être et lui donnait l'exacte dose pour continuer à se battre. Elle s'étira avec un plaisir évident et sourit à Morelius.


- Ça me plairait de… de vivre dans un endroit comme celui-ci.

Comme une évidence, comme si rien d'autre n'eut été permis dans cet espace d'éternité offert par une nature apaisée aux voyageurs de l'éphémère, elle glissa sa main dans celle de son compagnon et la pressa doucement, comme un remerciement pour la joie de cet instant vécu avec lui. Puis, pour ne pas trop céder à l'émotion qu'elle sentait dangereusement grandir au creux de sa poitrine, elle se leva d'un bond.

- Tu voulais du poisson? Ça tombe plutôt bien… La fée des montagnes en personne est venue déposer trois belles truites près de notre camp. Et il me semble bien avoir aperçu du romarin sauvage sur le chemin de la rivière. Tu nous fais un feu, mon Vulcanus? Je retourne remplir les outres…

L'ours habitait toujours un coin sensible de sa mémoire, mais Theolenn avait décidé de profiter pleinement des plaisirs simples que lui offrait la vie. Une trêve avant le carnage qui ne manquerait pas de suivre la paix apparente de ces lieux bénis par Abellio, le dieu montagnard.

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Morelius
*Si j'avais su, j'aurais planté la tente plus près de l'eau* pensa Morelius en voyant à regret s'éloigner Theolenn de nouveau. Il venait à peine d'embrocher les trois truites sur une longue et fine baguette de noisetier vert quand il fut stoppé net dans son exercice culinaire par un gros craquement de branche qui semblait être assez proche de lui : entre vingt et trente pas.

Vieux réflexe de qui à maintes fois "joué" au chat et à la souris, il retint son souffle, cessa tout mouvement, à l’écoute. Un deuxième craquement se fit entendre, plus proche, plus facile à localiser, mais la forêt étant particulièrement dense, il ne voyait pas ce qui se rapprochait de lui.


- Theolenn ? Il faudra que je t'enseigne aussi la discrétion, si tu veux jouer à ça...

Personne ne répondit. Pour sûr, la masse sombre qu'il distingua soudain à peine entre les arbres n’était pas la silhouette adorée, mais il était difficile de déterminer s’il s’agissait d’un cerf ou d’un... ours? Une chose était sûre, c’était très gros et ça se rapprochait. Droit sur lui. Armé seulement de son petit couteau à éviscérer les truites, le spadassin courageux mais pas téméraire préféra opter pour la négociation:

- Eh oh ! Je suis un humain, pas un mouton !

Malgré la bonne distance qui le séparait encore de la bête, Morelius vit alors très distinctement sa patte massive et arquée frapper le sol d’un pas lourd et décidé, son épaule encaisser le choc. L'Ours. Et quel ours ! L'identification fut sans équivoque, il recula immédiatement.

D’un seul coup, la tête de l’animal sortit de la végétation droit devant lui. Puis il apparut tout entier. Il était énorme ! Bien plus gros que ce qu'il avait jamais pu imaginer. Il était à 15 pas de lui et il n’avait pas l’air de vouloir s’arrêter. De toute évidence, il n’était pas là pour plaisanter. Morelius continua de reculer lentement sans quitter l’animal des yeux. A cette distance, il serait impossible de lui échapper s'il décidait de charger. Il se rapprochait à pas constant.

Le comportement de l’ours semblait cependant lui indiquer qu’il voulait juste repousser l'intrus aux cheveux blancs, le forcer à quitter la zone. Il n’était bien sûr pas question de s’y opposer, mais il n’était pas question non plus de devenir une proie. Quoi qu’il en fut, rien ne se passa comme le chasseur se l'était imaginé, il n’avait pas prévu que ce soit l'ours qui le trouve lui et ce dernier ne semblait pas montrer d’hésitation. Il avançait toujours droit devant lui. Morelius reculait sans opposer la moindre résistance, mais la densité des broussailles aux abords du campement ralentissait sa retraite.

Les sens de Morelius étaient maintenant en éveil total, il était devenu un animal prêt à se battre contre cet autre prédateur pourtant bien plus puissant que lui. Il ne cherchait pas à l’affronter, mais était prêt à défendre sa peau. Depuis le début de l’action il serrait dans sa destre le petit couteau de cuisine comme par réflexe. Cela pouvait paraître dérisoire, voire stupide ou même dangereux, contre un animal de cette taille et de cette puissance, mais la situation voulait que dans l’éventualité d’un affrontement, il serait préférable d’avoir la possibilité de démontrer une certaine capacité à repousser ses attaques et même d'infliger des blessures afin de montrer à cet animal, qui ne connaissait probablement pas l’homme, qu’il se mettait peut-être lui-même en danger. Bref, l’instinct de survie…

L'un avançait, l'autre reculait. Tout semblait se passer au ralenti dans ce microcosme, cette bulle de forêt où plus rien d'autre n'existait. Finalement, arrivé à côté des trois truites embrochées sur leur branche, l'ours s’arrêta. Il fut probablement satisfait de sa trouvaille, car il s'en empara avec un reniflement de gourmet, fit calmement demi-tour et retourna d'un pas débonnaire dans l'ombre des bois, ignorant superbement cet insignifiant bipède tétanisé et sa ridicule griffe d'acier. Quoi qu’il en était, le sentiment de danger de mort disparut subitement et le champ visuel de Morelius s’élargit brutalement, le temps s’écoulait à nouveau normalement.

C'est seulement lorsque l'ours fut loin que l'amour-propre du mercenaire réapparut, et qu'il se mit à piétiner rageusement la terre du campement en poussant toutes sortes de jurons à faire rougir le Sans-Nom en personne.

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Theolenn
Theolenn, elle, puisait. La troisième outre rase, renonçant à chercher d'autres traces hypothétiques de leur ami l'ursidé, elle reprit le chemin du campement où le cuisinier devait avoir mis le repas à griller. Elle en salivait tant elle avait faim. La montagne c'est beau mais ça creuse et si on y ajoute les émotions de la découverte géologique et la peur toujours présente à l'idée de ce qu'il pourrait arriver si… ça vous transforme très facilement en ogre!

Elle abordait le dernier tournant du petit chemin qui reliait rivière et clairière quand une voix se fit entendre… une voix?… plutôt un grognement de colère!
Elle lâcha immédiatement sa charge et sans un seul regard en arrière sur toute l'eau qui se répandait, perdue une fois de plus, elle fonça vers le camp comme si sa vie en dépendait. La sprinteuse freina brusque à la vue qui s'offrait à elle: l'ours n'avait pas attendu qu'ils le trouvent, il s'était invité à la fête…

Une seconde, une seconde à peine pour sentir ses veines se vider de leur sang. Un froid polaire l'envahit de la tête aux pieds. Loin d'être paralysée pour autant, elle rassembla toutes ses forces mentales pour décider, vite, très vite, plus vite encore. La bête était colossale, pas le genre de spécimen qu'on peut faire entrer en cage pour faire peur aux badauds les jours de foire, non, celui-ci devait avoir été nourri, pour le moins, à l'engrais concentré!

De là où elle était, elle ne voyait pas Morelius, tout au plus le devinait-elle devant le mastodonte. Et l'ours, lui, grâce au sens du vent qui la servait, ne sentait pas la présence de Theolenn derrière lui. La jeune archère, cachée derrière un pin, banda son arc de pacotille et visa la tête, bien consciente que dans tous les cas ce ne serait pas un coup mortel. Au moins aurait-il le mérite de détourner l'amateur de moutons de son objectif, donnant à Morelius une opportunité de fuir.
Son cœur battait comme jamais. Etait-ce la peur de cet animal gigantesque capable de se retourner et de la broyer d'un seul geste… où celle, insupportable, de devoir passer le reste de ses jours sans sa moitié d'orange? Son bras tremblait sous la traction extrême qu'elle faisait subir à son arme, à la limite de se rompre.

Et puis la scène changea du tout au tout. L'ours s'empara du dîner abandonné et reprit sa route sans autre forme de procès. C'était surréaliste… Theolenn en tomba à genoux derrière son arbre, fichant par la même occasion la flèche profondément dans le sol poussiéreux. Lorsqu'elle releva la tête, elle vit Morelius perdu dans une danse bien étrange, une sorte de transe rageuse et … blasphématoire en diable! Elle sourit et d'un revers de manche sécha les larmes qui inondaient ses joues sans qu'elle s'en soit rendue compte. Quand Morelius sembla calmé, elle se releva prestement et fit son entrée. Regardant niaiseusement vers un feu hypothétique, elle hasarda un…


- Il y a quelque chose qui m'échappe… t'avais prévu de m'emmener dîner quelque part ce soir?

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Morelius
Malgré son trait d'humour provoquant, le visage de Theolenn calma instantanément la rage de Morelius.
La lividité de sa peau avivait le mélange de fureur et de peur qu'il lut dans le regard de sa compagne.

L’ombre de la mort était aussi passée dans ces yeux-la, comme dans les siens un instant auparavant.

Morelius en frissonna et comprit quelle violence pouvait habiter la femme qu’il aimait. Elle pouvait aimer et haïr avec la même véhémence ; dans certaines circonstances, le meurtre lui serait aussi facile que l’ivresse des étreintes.
Ce caractère trempé ne lui en fit que l’aimer davantage. L’indomptable maîtresse qu’il surprit au travers de ce regard irait au-delà de ses espérances les plus folles...

L'adrénaline retombant brutalement, il se surprit lui-même à chanceler.
Ses jambes soudain ne le portèrent plus, et il tomba à genoux devant sa dame, enserrant ses cuisses de ses bras pour ne point choir plus bas.
Lui, Morelius le Sanguinaire, Morelius l'assassin intrépide, Morelius l'homme sans faiblesses était là, dans l'intimité de la forêt pyrénéenne, prostré aux pieds d'une femme, la tête contre son giron, comme un enfant suppliant et fautif, il plaida sa cause en lui contant sa rencontre.

Ses odeurs féminines l’enveloppèrent aussitôt et, sa peau, qu’il discerna sous l’étoffe, acheva de le troubler.
Sans cesser de parler, il passa la main sous la tunique et la caressa doucement. Le mollet puis le creux du genou. L’intérieur des cuisses pour finir.
Dans ce tendre brouillard, il réussit à lui expliquer la situation avec tant de soulagement et de véracité qu’il cessa de trembler outre mesure.

Adroitement, il se redressa, et pour étouffer tout autre commentaire dans l’œuf, plaqua ses lèvres contre les siennes.

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Theolenn
Pendant toute sa confession, sentant le visage de Morelius contre son ventre, Theolenn ferma les yeux. Et pendant qu'il parlait, se libérant peu à peu l'âme et le cœur de ce qui le tourmentait, ses doigts à elle s'enfonçaient affectueusement dans la masse blanche de ses cheveux. Chaque centimètre de cette peau où ses mains erraient avec une tendresse nouvelle, lui rappelait à quel point elle tenait à cet homme inquiet qui pour la première fois lui livrait ses tourments et ses peurs sans retenue.
L'émotion faisait trembler le pénitent et Theolenn sentit naître en elle une force toute neuve. S'il le voulait, elle serait son arbre, sa source d'énergie, son complément, comme il était sa force, son élément, sa raison d'être.

Il n'y avait plus de mesure à cet amour qui l'envahissait aussi intensément que le désir qui naquit de sa main voyageuse et la fit gémir tout doucement.

Ses lèvres contre les siennes ne firent que renforcer son envie de s'abandonner totalement à cet être en apparence si différent mais qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau dans l'essentiel. Theolenn, par ce baiser fusionnel, cette danse si intime des langues qui s'entremêlent, ce cocktail très particulier des salives qui se mélangent, cette désaltération mutuelle, lui offrit l'absolution totale.

L'ours avait délivré sa leçon d'humilité en les épargnant.
Et eux venaient de grandir, tous les deux, chacun à sa façon.
La montagne elle-même semblait satisfaite.
Et la vie, cette fantasque amie, leur appartenait.

Theolenn but jusqu'à la lie le baiser de Morelius. Et sa soif disparut.
Quand de son corps elle fit le lit de ses caresses, sa faim aussi se transforma.

Quelques mois auparavant, du côté de Montmélian, une équation à deux inconnus les assemblait dans un calcul commun et voilà qu'aujourd'hui, d'autres montagnes assistaient à la naissance d'une formule inédite, unique, et qui à chaque mutation renforçait sa cohésion initiale.

L'amour ne se dit pas, ou peu… mais il se nourrit de sa propre substance. Il grandit, il se fait, il se propage, il donne aux peaux un sens, au plaisir un cri.
Theolenn fit cadeau du sien au chasseur de chimères dont la crinière dans le soleil couchant virait au gris argent. C'était lui son unique richesse, sa part de paradis.
Elle sentit son amour jaillir au profond d'elle. Vibrant, puissant, anéantissant chaque parcelle de peur résiduelle.

C'était ça le bonheur, une communion de chaque instant, dans la joie ou le tourment.
Une recette simple, des ingrédients complexes mais sincères, une cuisson à température variable, et un remodelage constant qui transcende sans rien altérer des qualités premières.

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Morelius
Ce baiser d'altitude plongea Morelius dans une sorte d'état second. Il crut se retrouver soudainement dans d'autres bras, à l'arrière d'un chariot cahotant sur une route de montagne. D'autres montagnes, d'autres temps... un autre lui-même.

Car chacun sait dans les montagnes que les pierres ont la mémoire longue. Et le temps, qui nous paraît continu, peut parfois sembler se désintégrer, se superposer, ou couler en flux parallèles, étanches les uns aux autres. C'est pourquoi, il arrive que les mêmes évènements se répètent dans des endroits similaires, dans des circonstances semblables. Seuls les acteurs changent au fil des générations. La vie qui étreint le cœur des hommes semble posséder une mémoire aussi longue que celle de la montagne. Personne ne se souvient plus du nom des porteuses de lumière ni des enjeux qui rythment la vie des hommes. Et pourtant... là, dans les bras de Theolenn à la peau si douce, Morelius est gagné par un étrange trouble. Il sent en lui les mêmes forces lutter que celles qui avaient déchiré son père, son grand-père, et chacun de ses ancètres mâles avant eux.

En son cœur se déroule un combat entre la vieille nature et la nouvelle. La vieille nature est très active et ne perd aucune occasion pour utiliser ses armes contre son amour grandissant, tandis que d'autre part la nouvelle nature est toujours en train de veiller pour résister et détruire son ennemie. Elle a beau utiliser la confiance, l'espérance, et l'amour pour chasser le mal, il sait que ses deux natures opposées ne cesseront jamais de se combattre aussi longtemps qu'il sera dans ce monde. Sa bataille durera toute sa vie. L'ennemi comme l'ami sont si bien retranchés au dedans de lui qu'il ne pourront jamais être extirpés tant qu'il sera sur cette terre.

Lui qui avait pensé asseoir son autorité d'homme sur cette nature sauvage et avoir la peau du seigneur des lieux, voilà qu'il baisse les yeux et bredouille un faible:


- Oublions la chasse... maintenant que je dois une vie au maître de ces forêts, ce serait crime de lèse-majesté.

Peu à peu le sourire lui revient, et il va ramasser ce qui reste de la broche improvisée pour venir l'agiter sous le nez de Theolenn.

- Par contre, maintenant que le seigneur de ces terres a prélevé son écot, nous sommes en droit de séjourner ici tant qu'il nous plaira. Quel est ton bon plaisir, ô chandelle de mes nuits ?
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Theolenn
Si seulement elle l'avait su…
La flamme de la chandelle se sentit vaciller tout à coup. Que venait donc faire ce petit pincement au cœur, aussi pernicieux que surprenant, à la suite d'un baiser si profond?
Elle le rangea dans les séquelles de la frousse bleue de leur après-midi mouvementée et s'efforça de l'oublier bien vite.


- J'hésite… l'eau ne me réussit pas vraiment aujourd'hui. Quant aux poissons… pfff…quel goulu ce plantigrade! J'ai bien le pot de miel mais… je crains que ce ne soit pire encore… Nous voilà réduits au jeûne…ou alors, tu aimes grignoter des racines toi?

Évidemment qu'elle plaisantait mais la vague de blues n'était quand même pas très loin. La descente d'adrénaline occultée par l'excitation du baiser reprenait à présent ses droits et le vide l'envahit jusqu'au vertige, la forçant à s'asseoir pour que Morelius ne se rende compte de rien. Et soudain, alors que les battements de son cœur résonnaient encore jusque sous ses tempes…

- Si!… Je sais ce qui me plairait.
Tu te souviens des histoires que tu me racontais dans les granges et les tavernes?
J'en voudrais une ce soir… une gaie, pleine de détails goûtus et d'exagération toute moreliusienne… mais à laquelle, je croirai… promis!
Tu veux bien, dis?


Theolenn se releva, et prise d'une subite envie de faire du feu, se mit à rassembler le bois mort qui les entourait ça et là. C'était sa manière de réagir, de gommer les risques, tous les risques, quelle que soit leur nature, et de reprendre le dessus. Une façon comme une autre de faire la nique au destin.

- Les ours ont peur du feu! Et moi, je ne veux pas avoir froid… et je crois que…

Lâchant le bois, elle fonça sur son sac, en fourragea le contenu et sortit, victorieuse, une bouteille de vin qu'elle destinait à une autre occasion.

- Ça ira pour t'accompagner, mon blanc chevelu?

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