Morelius
Morelius acquiesça dans un sourire et dès le premier verre englouti, commença son histoire:
Ucigaşii de vânt...
Les tueurs du vent
Cest ainsi quils nous nommaient, autrefois, car je suis le dernier à garder mémoire de ce que mon père me conta de ces jours anciens où la lumière balbutiait encore aux franges de la nuit, la grande nuit qui avait englouti ces terres de l'Est pendant plus de cinq-cent ans
Je ne suis pas un héros, Theolenn, du moins pas de ceux dont on chante les exploits et les combats, et je ne létais pas plus alors, pas plus que ne l'ont jamais été ceux de ma lignée. Les armes de fer et dacier nous sont seulement familières. Il faut un don aussi pour la violence, sais-tu, et nous l'avons de père en fils
En ces temps lointains du premier d'entre-nous, les royaumes d'orient tels qu'on les connait de nos jours nétaient encore que des songes. Les hommes sortaient à peine des villes, villages et maisons fortes où ils sétaient réfugiés pour survivre au froid et aux ténèbres des envahisseurs Mongols, mais se disputaient déjà ces terres blessées que le gel de l'hiver et le feu du pillage abandonnaient comme à regret.
Je vais te dire bien plus que la légende de la lignée des tueurs de vent, mon aimée, je vais te conter lhomme derrière le tueur Viens à moi la nuit ! Prête-moi ta matière, et vous les flammes laissez-vous dompter, et aidez-moi Aidez-moi à conter la geste de Morelius le blanc.
Première pause silencieuse.
Le feu a maintenant bien pris, les flammes sont hautes et réchauffent les amants vagabonds.
La nuit a déroulé son long voile noir et la forêt s'est tue, comme si elle aussi écoutait l'histoire...
Accorde-moi quelques instants, ma muse, car il faut que je rassemble mes mots, que je me souvienne, une fois encore, comment les amadouer, les faire danser, que je me dérouille langue et gosier
Là, je crois que ça me revient
Tous autant que nous sommes, seigneur ou manant, beau ou laid, héros ou lâche, le temps passe et nous entraîne, bon gré mal gré, du berceau au tombeau
As-tu remarqué ? La vie des gens heureux, qui traversent paisiblement lexistence, sans que jamais leur barque ne heurte récif ou nessuie tempête, nintéresse personne On sy ennuie autant à la dire quà lentendre.
Non, ce qui fait briller les yeux, battre le cur et courir des frissons dans le dos, ce sont les épreuves, les tourments, les périls, les désespoirs et les joies immenses dun destin tourmenté
Celui-là même qui m'a fait tel que tu me vois ce jour.
Mais commençons par le début. Cétait en mon jeune âge, celui de tous les possibles, quand les jouvencelles vous trouvent des bontés même dans vos silences. Cet âge où la mort nest encore quun mot et la prudence un autre nom pour la peur Je ne suis alors qu'un garçonnet de sept ans, assis à l'arrière d'un chariot bringuebalant, laissant ses jambes pendantes accompagner les cahots du chemin...
Viens, suis-moi, nous sommes déjà en route
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Ucigaşii de vânt...
Les tueurs du vent
Cest ainsi quils nous nommaient, autrefois, car je suis le dernier à garder mémoire de ce que mon père me conta de ces jours anciens où la lumière balbutiait encore aux franges de la nuit, la grande nuit qui avait englouti ces terres de l'Est pendant plus de cinq-cent ans
Je ne suis pas un héros, Theolenn, du moins pas de ceux dont on chante les exploits et les combats, et je ne létais pas plus alors, pas plus que ne l'ont jamais été ceux de ma lignée. Les armes de fer et dacier nous sont seulement familières. Il faut un don aussi pour la violence, sais-tu, et nous l'avons de père en fils
En ces temps lointains du premier d'entre-nous, les royaumes d'orient tels qu'on les connait de nos jours nétaient encore que des songes. Les hommes sortaient à peine des villes, villages et maisons fortes où ils sétaient réfugiés pour survivre au froid et aux ténèbres des envahisseurs Mongols, mais se disputaient déjà ces terres blessées que le gel de l'hiver et le feu du pillage abandonnaient comme à regret.
Je vais te dire bien plus que la légende de la lignée des tueurs de vent, mon aimée, je vais te conter lhomme derrière le tueur Viens à moi la nuit ! Prête-moi ta matière, et vous les flammes laissez-vous dompter, et aidez-moi Aidez-moi à conter la geste de Morelius le blanc.
Première pause silencieuse.
Le feu a maintenant bien pris, les flammes sont hautes et réchauffent les amants vagabonds.
La nuit a déroulé son long voile noir et la forêt s'est tue, comme si elle aussi écoutait l'histoire...
Accorde-moi quelques instants, ma muse, car il faut que je rassemble mes mots, que je me souvienne, une fois encore, comment les amadouer, les faire danser, que je me dérouille langue et gosier
Là, je crois que ça me revient
Tous autant que nous sommes, seigneur ou manant, beau ou laid, héros ou lâche, le temps passe et nous entraîne, bon gré mal gré, du berceau au tombeau
As-tu remarqué ? La vie des gens heureux, qui traversent paisiblement lexistence, sans que jamais leur barque ne heurte récif ou nessuie tempête, nintéresse personne On sy ennuie autant à la dire quà lentendre.
Non, ce qui fait briller les yeux, battre le cur et courir des frissons dans le dos, ce sont les épreuves, les tourments, les périls, les désespoirs et les joies immenses dun destin tourmenté
Celui-là même qui m'a fait tel que tu me vois ce jour.
Mais commençons par le début. Cétait en mon jeune âge, celui de tous les possibles, quand les jouvencelles vous trouvent des bontés même dans vos silences. Cet âge où la mort nest encore quun mot et la prudence un autre nom pour la peur Je ne suis alors qu'un garçonnet de sept ans, assis à l'arrière d'un chariot bringuebalant, laissant ses jambes pendantes accompagner les cahots du chemin...
Viens, suis-moi, nous sommes déjà en route
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