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[RP] Quand prend la béarnaise.

Morelius
L’intérieur du crâne de Morelius est dans le plus grand désordre. Le tohu-bohu provoqué par la descente de la rivière souterraine a laissé des traces partout sur son corps. La douleur de son épaule s'est réveillée. Il a encore la présence d'esprit, ou le réflexe de survie, de remonter à la surface du lac qui l'a englouti à la sortie des entrailles de la Terre, et de nager jusqu'à la rive.

C'est là que, moitié rampant des les broussailles pour y chercher un abri contre les rayons de l'astre diurne, il entend la voix. Sa voix. Il n’y en a pas de semblable de par les deux moitiés du monde. Il devine Theolenn, avant qu’il ne la découvre. Il se relève et se jette dans ses bras, trop abasourdi pour s’étonner du hasard improbable qui a pu ici conduire ses pas.

La grandeur du paysage et l'isolement des lieux donnent à ces retrouvailles une allure solennelle, mais Morelius sait quel volcan dort sous les neiges éternelles.

Après quelques mots doux susurrés à l'oreille dont nos deux amants seront les seuls à avoir connaissance, ils s'installent près du lac où ils peuvent faire leurs ablutions matinales. Ils dérangent quelques loutres qui s’ébattent follement au milieu des rocailles et des remous d’écume.

Leur bavardage se fait vite aussi doux qu’affectueux, les deux amants voyageurs savourant désormais sans restriction la joie de se retrouver.

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Theolenn
Pour peu Theolenn en oublierait presque ses croyances païennes. Son Roi-soleil a reparu, sortant de la même faille, ressentant les mêmes défaillances dès que leurs yeux se croisent à nouveau. Elle ne pourra pas lui cacher plus longtemps l'amour infini qu'elle lui porte depuis que le destin a voulu qu'ils se rencontrent, un jour de marché, un jour béni, un jour où tout pouvait arriver, y compris la promesse du bonheur.

Dans ses bras tout égratignés, ses bras tout endoloris et couverts de bleus, exactement comme les siens, Theolenn apprécie pleinement la vie. Elle boit ses mots d'amour, elle lui confie les siens comme jamais auparavant. Ils regardent les loutres, ils rient de leurs facéties, comme deux enfants, comme deux amants ivres de cette joie qu'a engendrée une trop grande peur. Ils s'embrassent aussi, se repaissent de leurs sourires à l'éclat si lumineux. Le lieu est paradisiaque, le moment est miraculeux, le plaisir de pouvoir s'y aimer est immense. C'est aussi intense que la première fois, c'est chaque fois une autre dérive vers un même désir de fusion, chaque fois un chemin différent, emprunté à deux, vers des rives inédites où le partage est sans équivoque, sans recul, avec cette finesse et cette puissance mêlées qui vous emmènent de l'autre côté de la réalité, pour ne vous laisser qu'un dernier souffle de retour.

Repus, affamés, riant de tout et de rien, ils sont heureux tout simplement.

Mais soudain le ciel s'assombrit, les nuages s'amoncellent à une vitesse folle, et au loin le tonnerre commence à gronder. Les orages peuvent être fulgurants en montagne. Vite Theolenn se relève, exhorte Morelius à se rhabiller, l'aide même un peu, par un dernier jeu amoureux, mais aussi parce que son bras n'est pas tout à fait remis. Ils rassemblent leurs affaires et se mettent à l'abri dans l'entrée de la seule grotte évidente, une dizaine de mètres au dessus du niveau du lac.

Assis en tailleurs l'un en face de l'autre, ils mettent en commun ce qui leur reste de nourriture: quelques languettes de viande séchée, une pomme, un bout de fromage à moitié écrasé par la chute spadassine, un saucisson aux herbes, deux quignons de pain et trois œufs presque intacts: un véritable buffet qu'ils dévorent au sec, en regardant la pluie s'abattre sur le lac.

Les éclairs se sont invités au spectacle, ils zèbrent le ciel devenu anthracite et libèrent leurs charges sur un arbre isolé qui s'embrase aussitôt. Heureusement, tout s'est déroulé de l'autre côté de l'eau, sur la colline qui fait face à nos amoureux transis d'émotion devant le décor qui s'offre à eux.
Morelius a passé son bras autour des épaules de Theolenn pour la rassurer et calmer les frissons qui parfois lui parcourent l'échine quand un claquement se fait plus proche ou plus violent. Qu'y a-t-il de mieux sur cette terre que de savourer un moment d'une telle complicité ? Protégés l'un par l'autre, dans un silence assourdissant tant les éléments se déchaînent pour mieux les impressionner, Morelius et Theolenn s'aiment sans avoir besoin de se le dire, ils savent à présent que le destin ne les a pas assemblés par hasard et que leur route ne fait que commencer. Malgré les doutes, les déconvenues, les difficultés, ils sont soudés, pour le meilleur et pour le pire, sans plus pouvoir les discerner tant le fait d'être ensemble prime sur tout le reste.

L'orage se calme déjà. Le crépitement des gouttes sur la surface de l'onde cesse aussi brusquement qu'il était arrivé. Le vent se lève, léger mais suffisant pour chasser les restes de nuages que le créateur a oublié de ranger. Un rayon de soleil perce déjà et les couleurs reprennent leurs tons gais et brillants de l'été. Un oiseau chante.

Un dernier baiser pour sceller leur pacte tacite et nos amants se redressent.
Il va falloir trouver un chemin pour quitter le paradis et rejoindre la ville promise aux visions éthérées…

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Morelius
Ils reprirent donc, dès l’aube, la route avec l’espoir d’arriver à Lourdes avant la nuit.

L’orage ne grondait plus ; la pluie ne tombait que par intermittence. Le gave de Pau, par contre, avait démesurément grossi ; ses eaux en furie se ruaient vers les gorges basses. Le pont de corde et de planches tendu entre les deux rives semblait flotter sur les tourbillons blanchâtres de la rivière en crue. Morelius serra Theolenn contre lui craignant, malgré la solidité des appareillages de corde, que les flots en fureur n’arrachent les planches pour les emporter tous deux, leur chargement et leurs malheureuses âmes.

Ils descendirent, à rive senestre, par un chemin de muletiers taillée contre le flanc de la montagne. Ils avançaient, par endroits, au-dessus du vide sur des encorbellements dont les arches naturelles prenaient appui très loin sous leurs pieds. Étrange impression d'être ainsi suspendus, entre une roche qui semblait monter jusqu’aux cieux et les eaux du gave qui s’écoulaient furieusement au fond du précipice. Morelius se refusait à lâcher Theolenn, sans qu'on sache vraiment qui des deux retenait l'autre. Il crut, maintes fois, basculer avec elle dans la rivière en crue.

Ils perdirent progressivement de l’altitude. La route dominée par des falaises dénudées se frayait un difficile passage sur une montagne déchiquetée. La lumière du couchant perçait par endroits la voûte nuageuse. Un poudroiement d’argent éclairait l’univers qui dominait leurs têtes, vers le débouché sur Lourdes où le château sur son piton calcaire surplombait la cité, visible de loin.

Chaque pas les éloignait des parois abruptes pour les rapprocher de la clarté, donnant à voir une belle image du déchirement entre le monde céleste des cimes et la terre fertile de la plaine de Bigorre. La route quitta le bord du gouffre pour longer des vallons qui pénétraient la montagne ; des graminées en touffes poussant entre des roches blanches et des arbres à l’échine tordue les firent lentement basculer vers les terres cultivées, Lourdes et son château où les attendaient d'autres péripéties.

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Theolenn
Dans l’auberge Theolenn découvrit la lettre de Morelius…
Comme à l’habitude quand ils avaient quelque chose à se dire et que cela ne seyait pas à la vive voix, ils s’écrivaient. De cette lettre-là émanait un parfum de paradis. De la première à la dernière ligne, la jeune femme en apprécia la verve et le sens. Et puis ces derniers mots: « Je défaille et je t’aime… » qui lui transpercèrent le cœur de part en part.

Il était temps, celui de lui avouer ses sentiments, à son tour, mais aussi temps de lui dire qui elle était… ou plutôt, qui elle n’était pas.

C’avait été amusant de lui mentir, de jouer avec son envie de fortune, de se faire passer pour une cliente, une patronne, une amante occasionnelle, mais les dernières aventures qu’ils avaient partagées, les dangers vécus ensemble, contre lesquels ils s’étaient battus côte à côte au péril de leurs vies, avaient fait prendre conscience à Theolenn de la nature réelle et profonde de son amour et ça, ça méritait bien que la vérité éclate enfin. Ce serait quitte ou double, renforçant davantage la cohésion au sein de leur binôme ou la faisant se désintégrer.

L’après-midi était en son milieu, c’était l’heure de la sieste des braves.

Morelius somnolait à sa façon, allongé de tout son long sur le matelas, positionné légèrement en oblique rien que pour l‘énerver et l‘obliger à lui demander de se pousser quand elle le rejoindrait, l’observant entre ses cils presque joints. Theolenn savait qu’il l’écouterait bien mieux en faisant mine de rien. Elle savait que ça lui donnerait l’occasion de méditer sur les choses à intégrer sans avoir à réagir à chaud. Et c’était exactement la situation optimale qu’elle souhaitait pour ce genre d’aveu.

Peut-être un soupçon de mauvaise conscience l’empêcha-t-il d’agir exactement selon la coutume qu’ils avaient instaurée ? Quoi qu’il en fut, elle ne ronchonna pas, lui retira doucement ses bottes qu’il s’ingéniait à garder pour ce repos de mi-journée, et mit ses grandes jambes plus à gauche avant de s’installer en silence. A son côté mais sans le toucher, une précaution pour se protéger d’un éventuel rejet à la découverte de la supercherie qu’avait été sa vie de nantie auprès de lui. C’était maintenant ou jamais !


- Morelius…
- Mmm? Je dors…
- Il faut que tu saches…
- … vite alors…quoi?
- Je … je ne peux plus te payer tes gages…
- …
- Je ne pourrai… plus jamais.

Les secondes se déguisèrent en heures tant le temps lui sembla long. Avalant sa salive, elle fournit le reste de l’information d’une seule traite, en condensé, en essentiel… et si après ça il avait envie d’en savoir plus long, il demanderait… ou pas, selon qu’il serait encore là… ou plus.

- Mon père n’est pas noble et ma famille n’est pas riche.
Je ne m’appelle pas Theolenn mais Waldorick, enfin… je ne m’appelle plus Waldorick non plus, je suis devenue Theolenn parce que …
elle sentit confusément que la suite importerait peu et reprit l’idée principale.

- Tout ce que je possède est réparti entre un appartement fantoche et un hôtel en fondation. Le vieux chalet sur les hauteurs de Chambéry, c’est ma seule maison, ma base, mon seul réel point d’ancrage dans ce monde. Je n’y ai aucune attache, aucune racine mais … j’aime cet endroit, il m’a choisie, je crois…
Mon père est irlandais, il vit avec les siens, ma mère est morte en me mettant au monde, pour ça, je ne t’ai pas menti…


Le silence se densifia un peu plus, le doute s’épaissit, le manque de courage menaçait à tout moment de refaire surface…

- Tu peux me haïr, tu peux partir si tout ça te dégoute, frappe-moi-même si ça peut te soulager… mais sache quand même que la seule chose qui soit vraie, c’est que …

Il le fallait, il le fallait, il le fallait.

- Je t’aime Morelius, comme personne avant toi…

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Morelius
- Mes gages...

Morelius lui tournait toujours le dos, car le sourire qu'il retenait à grand peine sur sa face aurait immédiatement mit fin à l'inquiétude de Theolenn, et il lui plaisait qu'elle dura encore un peu...
Ces révélations n'étaient pour lui que demi-surprise, car il y a longtemps qu'il doutait du pedigree de sa dame de Montmélian.


- Si tu n'as trébuchantes espèces, il va donc te falloir me payer en nature, princesse.
Et au prix dérisoire où sont ces choses de nos jours, ça va te prendre... des années !


Il se redressa et s'assit sur le bord du lit derrière elle, l'enveloppant de ses bras et de ses jambes pour pouvoir à son tour la rassurer à l'oreille sans qu'elle le vit.

- Aïe réassurance, ma jeune menteuse, car aussi je te l'avoue: le désir, l'envie, le besoin, sont choses partagées.
Trouve-tu donc pour t'en inquiéter ainsi vides de valeur ces choses, qui brisent la chrysalide de notre cœur et libèrent les papillons qui virevoltent en notre for pour que l’instinct renaisse ?

Tu es riche en chair et en esprit ! Où en est la frontière, trouve moi une mappe de toi, et tes riches domaines te montrerai ! Quant à l'esprit, assurément tu en es pleine !
J'en suis venu à aimer le contenu et je me fous bien de savoir si la caque sent bien le hareng. Qui sait ?
Oublie les gages et laisse les papillons faire leur œuvre en ton estomac, la sensation n'est-elle point quelque peu grisante, sauf si le jeu te lasse, bien entendu ?!

Tu ne redoutes donc pas de tes ailes brûler auprès de moi ?
Garde-toi en Ma Douce, le Démon parle toujours en évangile.
Remembre-toi bien ce conseil mon Oiselle: "Crois tout le monde honneste, mais vis avec tous comme avec des fripons".

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Theolenn
Theolenn regarde son malandrin et hésite : le pincer méchamment parce qu’elle sent bien qu’il n’a pas l’air si étonné que ça … ou lui faire voir comment elle attrape les papillons dans son filet à rêves ?
Ca demande délibération intérieure…


- Tu savais…

Seulement voilà, installée comme elle l’est, entourée de ses membres qui lui réchauffent le corps, le cœur et l’âme, toute sa détermination pseudo vengeresse fond comme neige au soleil, elle s’alanguit, la belle libérée qui vient de révéler son forfait au pourfendeur de morosité. Elle se laisse aller, légère, si légère de s’être débarrassée enfin de ce secret de polichinelle qui était devenu quand même bien pesant avec le temps.

Est-ce que tout va changer ?
Où en seraient-ils s’il avait su du début ?

Trêve de questions à deux écus, l’heure est aux projets puisqu’il semble satisfait de la situation.

Sur un tout nouveau ton de complicité enrichi par un sentiment de confiance absolue, Theolenn murmure presque les lèvres contre la joue de Morelius…


- Ne t’inquiète pas pour mes ailes, elles sont telles celles du Phœnix, elles repoussent plus puissantes après chaque fusion… tu sais bien…

Ah comme les siestes de cette ville n’ont de lourdes que le nom de leur lieu !
La mappe est monde quand, des mains amoureuses de Morelius, les chemins s’en dessinent sur des monts, des vallées, des courbes qui s’échinent, des sillons qui se creusent, des ruisseaux qui se mettent à couler, joyeux, et que défaille la faille nichée au sein d’un entrelacs soyeux. La belle, au firmament d’un après-midi d’été, se fait frôlements d’ailes, et dans la brise légère qui murmure sa fraicheur aux amants réunis, fait monter la tension délicieuse des désirs conjugués dans la langue d’Eros.
L’ombre de la chambre aux saveurs d’alcôve, aux senteurs d’alchimie précieuse, enveloppe teintée d’une charnelle exquisité, donne aux méandres des gestes le sublime de l’esquisse. Le temps se fait délicatesse, vire à la volupté, se donne le luxe de la tendresse pour que recommence, encore et encore, en corps émerveillés, la transe qui mène au bord de l’envol…

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Morelius
[Séjour à Lourdes]

Après les fortes chaleurs de mi-août, les matins étaient enfin redevenus frais et charmants, comme le dit l'homme de lettres, et quelle belle odeur de rosée, et quelle douceur de cheminer matin dans la petite froidure qui aiguise les sens (l'appétit et le désir de vivre, et même d'autres choses pour nos amants voyageurs...).

Les journées à Lourdes passaient, les heures succédant aux heures, sans que l'ennui les gagne, en cette saison, ils restaient souvent fort tard dehors dans la nuit, la délicatesse de Morelius leur évitant les mauvaises rencontres ("Passez votre chemin marauds !!! Ou je fais à ma dame des pendants d'oreille de vos couillons" disait-il en dégainant son glaive...)

Et tout le jour Morelius chantait, rajustait ses chausses, humait l'air de la montagne, pestait contre ce vent qui dévie traîtreusement les traits d'arbalète, huchait contre la rosée qui mouillait ses bas de chausses (même si parfois c'était ce maudit vent qui déviait... bref...).

Quelques jours d’insouciance et de bonheur, emplis de rires, où la cervoise coulait, le vin aussi, et il n'y avait pas de péché, que la joie, l'immense joie d'être en vie ensemble, et de profiter ainsi au mieux du Don de Dieu.

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Theolenn
La vie n’était pourtant pas toujours aussi paisible qu’en apparence.
Theolenn la rebelle essuyait de temps en temps une tempête dont elle seule avait le secret et dont elle ne faisait pas état à son second, devenu premier par la force des choses, et qui de par son statut d’homme, n’aurait rien compris à ce qui l’agitait dans l’ombre.
Une femme, c’est compliqué. Ca doute, ça imagine, ça ressent sans savoir toujours de quelle nature sont ses impressions, et ça gamberge vite.
Il suffisait de peu pour la rendre heureuse mais il suffisait de tout aussi peu pour lui transpercer le cœur.

Comme ces matins où Morelius se levait pour aller passer la journée ailleurs, sans un mot, sans un baiser, sans une attention. Sans rien qui put pour elle servir de talisman à ce type de jour sans fin. Oh je vous rassure, il y en avait toujours une à ces jours-là aussi, le soir il revenait guilleret, content de la retrouver, heureux même, et s’étonnait parfois de la retrouver si éteinte. Theolenn, elle, s’était trainée toute la journée, l’âme en berne, toute envie ayant déserté son corps, juste parce qu’elle avait été privée du petit plus qui égayait ses réveils et lui insufflait une énergie prodigieuse pour aborder le monde. Quand elle en prenait conscience, la seule chose qui lui venait à l’esprit pour chasser ces idées noires nées d’une tristesse au fondement si féminin, était de se foutre des baffes. Pas des qui marquent les joues, je vous rassure, non, bien pire que ça, celles qui vous abattent un peu plus parce qu’elles vous obligent à vous voir comme vous êtes, dans ce cas précis ; fragile et dépendante. Toutefois, quelques fois, pour ne pas perdre la face, pour ne pas devoir expliquer et se retrouver dans le rôle de la pauvre chose qui réclame, elle tentait la résistance. Cela consistait à essayer de changer, à être moins demandeuse, à relativiser les détails, car vous en conviendrez comme moi, se mettre aussi minable pour si peu, c’est assez pathétique. Malheureusement dans ces tentatives-là, Theolenn n’était pas aussi habile qu’elle l’aurait voulu. Ainsi, au lieu de comprendre qu’il avait peut-être besoin de respirer un peu, elle l’étouffait davantage, lui faisant subir ce qu'elle aurait aimé qu'il fit, et quand il s’agissait d’être là, pour lui, elle s’éloignait croyant nécessaire de le laisser respirer, ayant peut-être elle-même besoin d'éloignement pour digérer sa déception passagère. Résultat, il ne comprenait rien et elle était malheureuse.

Il parait que ce n’est qu’une question de besoins et d’envies à concilier. Mais comment ?


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Morelius
Morelius pensait Theolenn moyennement jalouse, enfin, normalement, quoi, juste assez pour être persuadé qu'elle tenait à lui, qu'elle n'était pas complètement indifférente à ses activités lorsqu'ils n'étaient pas ensemble... Il avait juste cru remarquer qu'elle était certaine mordicus que c'était pas possible autrement, qu'il avait joué à la bête à deux dos avec l'ensemble des donzelles de Lourdes. Bon, j'exagère. La moitié, c'est sûr, les autres, elle attendait de pouvoir recouper les preuves avec les soupçons et les constats de la maréchaussée avec les intimes convictions.

Et bien non. Pas du tout. Theolenn était une femme libérée. Enfin : libérée sur parole, accordons-lui un sursis.

Morelius prenait soin ce matin là de leur cheval commun, et Theolenn s'activait de son côté. Voilà qu'arriva alors la Julie , la plus grosse cochonne de Bigorre et du Béarn réunis, avançant à travers la cour en se dandinant et en tortillant du cul vers Theolenn. Elle se colla contre elle et la poussa du nez pour se faire caresser, ce qu'elle arriva à obtenir sans insister outre mesure. Et puis, vite lassée, elle s'ébroua, et de sa démarche chaloupée qu'elle croyait sans doute érotique et suggestive, elle se dirigea sans plus hésiter droit vers Morelius, pour s'arrêter à quelques millimètres de ses cuisses. Elle releva la tête, le regardant crânement par dessous l'abat-jour de ses paupières à demi baissées et laissant échapper du plus profond de sa gorge un son rauque et plaintif.

Theolenn lui dit avec un sourire et une moue des grands jours :


- Mais caresse-la, tu vois bien qu'elle n'attend que ça ? Vas-y, tu peux bien lui faire ce petit plaisir... Tu as vu comme sa peau est douce, douce, derrière les oreilles ? Je suis sûre que tu n'en as jamais caressées à cet endroit. Essaye, tu ne t'imagines pas comme c'est agréable. Et elle adore qu'on la grattouille là car elle ne peut pas se le faire toute seule... Ne la laisse pas ainsi, insatisfaite, elle ne demande qu'à devenir ton amie !

Alors une fois de plus Morelius se laissa circonvenir. Lui dont la fidélité absolue aurait pu servir d'exemple éclairé à toute une génération, il se retrouva à masser les zones érogènes d'une véritable truie haletante et souffrant visiblement de carence affective, s'appuyant sur sa main, soupirant, mais elle est en chaleur, ou quoi ? Et ceci avec le consentement, que dis-je, le consentement, à la demande pressante, sous la supplique, la sommation, l'exigence de sa compagne !

Incitation à la débauche et à l'adultère ! Et, circonstance aggravante, par personne ayant en son pouvoir arguments féminins à l'efficacité maintes fois vérifiée. Dans le vil but, subséquemment, de modifier une honnête attirance pour la charcuterie en luxure perverse teintée de zoophilie... ah, la cochonne...

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Theolenn
Julie Piggy Soue a tout pour émouvoir le cœur guimauve de Theolenn. Elle est débonnaire, elle est câline, et même la difformité de son corps de cochonne, preuve d’un évident trop plein de gourmandise, la rend mignonne et trahit son coté amoureux de la vie. Morelius sous ses airs de spadassin est attendri, ça aussi ça se voit, il n’a pas l’habitude de caresser le jambon qu’habituellement il dévore sans se poser la moindre question. Et la voilà qui grogne, qui crouiiiiic, qui s’abandonne à la main qui lui gratte la couenne. Et voilà Morelius qui sourit, rougit presque en réalisant que la charcuterie peut exprimer des sentiments poignants …

A la vue d’une telle masse soutenue par quatre malheureux piquets, certes très solides, une pensée furtive traverse la cervelle de Theolenn sans qu’elle puisse la retenir pour autant. Comment fait-elle pour ne pas s’enfoncer davantage dans le sol ? Aurait-on idée de créer des chausses avec des talons en forme d’aiguille ? Ce serait d’un pratique !

Theolenn quitte la scène un instant pour pénétrer dans le poulailler de la ferme où contre le ramassage des œufs quotidiens, elle bénéficie pour elle et son drôle de la gratuité du repas du soir. La volaille s’effarouche à peine sur son passage, la récolteuse a le geste minimal et l’œil efficace pour dégotter très vite les pondoirs sauvages où se cachent les précieux trésors. Morelius va encore râlichonner, les œufs ça commence à devenir lassant à force d’être de tous les diners… et c’est alors que l’idée lui vient, toute simple, gratuite, dépaysante et à but … hautement ludique. Elle ressort du commis… de l’abri à volatiles et regardant son mercenaire avec un regard empli de … gourmandise ? …lui propose une chasse aux champignons.


- Mô, tu sais comment on trouve les truffes toi ? … puis elle pose innocemment les yeux sur Julie, puis sur Morelius, puis sur Julie, puis sur…

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Morelius
Morelius pense déjà avec délectation au plan truffe proposé par sa compagne. Il sait que les truies sont expertes à ce genre de chasse, et lorgne la Julie avec un nouvel œil et une idée derrière la tête... Oui mais voilà, Julie, comme toute truie, a des chaleurs annuelles, pendant lesquelles elle est fécondable. Si elle les « rate », elle a le droit à un ou plusieurs repêchages, mais si elle ne «prend» pas, elle devient la honte de la porcherie et le chemin vers la boucherie devient pour elle un toboggan où elle glisse à vitesse grand V. Et justement, ce jour même, c'est le moment de son cycle menstruel où elle est le plus réceptive et où l’ovule, ou les ovules, c’est encore mieux, crient à qui mieux mieux :

« A table !!! »

C'est là qu'entre dans la cour Marcel le verrat, lui aussi a un œil luisant et une idée derrière la tête. Et quand Marcel le verrat a un plan-cul en tête, il fait preuve de beaucoup de constance et ne se laisse pas distraire par les humains qui s'agitent autour de lui. Il s’en tient à son idée première et quel est-il, ce lei-motiv ?

« Ya pas de Bon Dieu pour les cochons : il faut qu’tu y passes ! »

Et il finit à force de couinements par atteindre la zone d’acceptation corticale de Julie la truie puisque leurs motivations sont partagées : enfiler le hérisson dans la cheminée, glisser le furet dans le terrier, tourner le pilon dans le mortier, engager la flèche dans son carquois, le goupillon dans le bénitier, l'épée dans son fourreau, l’ours dans sa grotte, le brochet dans la nasse, le vers dans le fruit, le couteau à beurre dans la motte, la clef dans la serrure …

Elle est consentante, la Julie, le problème n’est pas là : il l’a bien lu dans ses yeux . Mais quand il avance, elle avance aussi… Comment voulez-vous, comment voulez-vous… qu'il ne soit pas ridicule ? Et il n’a pas de MAINS ! ! Alors, il se débrouille avec les moyens du bord. Il la frotte, à bâbord, à tribord… Massage pas sage. Il la mordille, avec douceur, d’abord, puis en y mettant un soupçon supplémentaire de persuasion, puis en y rajoutant une bonne louche d’un quelque chose d’un peu menaçant qui veut dire :


«Maintenant, c’est fini les amuse-gueules ! Je vais te servir le plat principal . Il mijote depuis un sacré moment, si tu attends encore, il aura goût de charbon . Mais là, il tient bien au corps, tu vas te régaler ! Tu-ne-bouges-plus ! »

Mais Julie n’a pas encore tout bien disposé dans la salle des fêtes. Elle lui fait le célèbre « coup du démarrage en côte ». Frein à main bloqué, Julie a tout de la truie résignée à passer à la casserole. Marcel se pourlèche les babines. La vendange fermente à gros bouillons. Les spirales rouges et blanches de ses yeux se mettent à tourner et prennent de la vitesse.

« C’est le moment, c’est l’instant ! Amusez-vous, prenez du plaisir… Vous n’avez qu’une jeunesse et c’est aujourd’hui ! ! »

Marcel prend son élan lourdement : debout sur ses pattes arrières n’est quand même pas une figure facile, il n’est pas né dans un cirque. Et quand il est bien dressé, la coquine accélère à fond, et synchronise parfaitement son lâchage de manette de frein et son embrayage un peu sec. Travail de pro : la petite part comme un boulet de canon en laissant sur le sol de la cour un peu de corne et une légère odeur de brûlé. Et Marcel s’écrase au sol telle la première bouse d’une vache après 15 jours de constipation.

La SAL... ! Elle l’attend un peu plus loin, pas rancunière… Message reçu. Va falloir sortir l’arme secrète. Marcel le verrat a toujours eu la langue bien pendue. La voie est libre. L’affaire se précise : il sent qu’elle ne tient plus en place, son couinement devient de plus en plus plaintif. Des phéromones d’une intensité phénoménale envahissent ses narines et lui donnent le signal du départ de la chevauchée fantastique. Il se dresse et, d’un seul coup de rein, sans rencontrer aucune résistance, il s’enfonce dans un nuage rempli à ras bord d’angelots versés dans la chose amoureuse et il s’applique à leur faciliter les choses… Les sensations ont l’air d’avoir l’heur de plaire à Julie autant qu’à Marcel et il agrippe ses épaules à l’aide de ses pattes avant pour se maintenir encore plus soudé. Ils balancent leurs jambons en rythme, leur unisson est total mais le métronome, déréglé par quelque cupidon facétieux, s’emballe et les emmène en un crescendo débridé vers des mélodies nécessitant sextuples croches pour les transcrire.

Ils grouinent de concert, des bulles explosent avec force, comme des soleils, et Marcel a le très net sentiment de lui refaire en blanc tout le crépi de son hall d’entrée. Puis lorsqu'il sent que les soubresauts ralentissent, puis s’éteignent, il se désenclenche d’un coup d'arrière-train. Ça lui arrache un petit grognement de nostalgie. Il est très fier de lui : sa mission est accomplie, cette fois, il est sûr que c’est « dans la boîte » !


« In ze box , ma belle ! 10 contre un que c’est des jumeaux ! En plein dans le mille ! Et comme je dis toujours : Avant l’heure, c’est pas l’heure ! Après, c’est pas la peine de s’attarder, ni d’avoir des regrets , mais pendant, grouiiiiic… c’est passionnant ! »

Morelius, lui, en a profité pour changer les idées qu'il avait derrière la tête... c'est Theolenn qu'il regarde maintenant avec un œil luisant...
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Theolenn
Le regard de Morelius le ver…beux n’a pas échappé à Theolenn la tru…culente.
Elle le toise en coin avec un petit air de défi du genre « tu n’oserais pas ! ».
Mais le sourire qu’elle affiche n’a rien d’un refus, bien au contraire...
La grange est ouverte, le foin à l’étage y est bien sec et tous les habitants de la ferme, qu’ils soient occupés aux champs, aux vignes, ou partis en forêt pour la coupe du bois, vaquent loin des lieux. Même la vieille Gertrude est partie de bonne heure au marché pour aller vendre les confitures de l’aïeule qui, elle, doit cuver sa ration de gnôle quotidienne dans un coin de la cuisine. Pas étonnant que sa confiote ait autant de succès, rien que son haleine désinfecte tout le voisinage dès qu’elle ouvre le gosier pour bailler un coup.

Et donc…


- Grouiiiic ? dit Theolenn avec un léger accent potamochère.

Et les voilà batifolant dans le picotant paillu jaune. Et que je te tiens par la barbichette, et que le premier qui rira aura une… omelette, car Theolenn dans sa précipitation a oublié les œufs et Morelius vient de se laisser tomber lourdement sur la récolte matinale !

Ca les fait marrer les innocents aux mains pleines, pleines d’envie de s’agripper, de s’étreindre, de se dépouiller, de se sentir vivre plus fort à travers des jeux gamins qui les font rire entre deux baisers enfiévrés.
Quand Theolenn joue à l’hyène, c’est que Morelius tremble sous ses caresses extrêmes. Et quand Morelius rugit en bonus, il y a des chances que Theolenn connaisse l’ivresse de Gambrinus…
Tour à tour victime consentante ou bourreau tendre, les acolytes se répandent en effusions, fusions, confusions dont la palette amoureuse s’enrichit de nuances aussi subtiles qu’étonnantes à chaque instant. Les corps exultent, les cœurs savourent et les âmes se libèrent dans une douceur tumultueuse qui annonce déjà la renaissance et le bien-être de l’après… ou de l’avant, ou du recommencement ?

Theolenn a vaincu le démon qui, terrassé, git presqu’inanimé sous elle.


- J’ai faim ! … tu seras mon diner, spadassin de pacotille… raille t-elle, fière de son exploit.
- Tu rêves toute éveillée, femelle ! répond le rusé en la retournant comme une crêpe au moment où elle s’y attend le moins.
- Goujat… je v… dit la bouche muselée par une paire de lèvres masculines avides de faire taire l’effrontée.

Et le tournoi recommence, joutes endiablées pour adversaires enlacés qui à chaque relance ne s’en aiment que davantage. Même au bord de l’épuisement, Theolenn picore encore le torse luisant de son étalon qui hennit faiblement sous ce dernier débordement de tendresse lascive.

Etalés côtes à côtes, les doigts entremêlés, les yeux fermés sur un sourire épanoui, ils reposent enfin… quand soudain :


« Grouiiiic ??? » couine Julie qui se demande où sont passés ses nouveaux amis.

Deux savoyards semi-comateux et nus comme des vers, éclatent d’un rire commun dans une grange lourdaise…

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Morelius
Morelius n'aurait jamais cru qu'un jour il serait en manque de... lait. Lui qui avait pourtant forte habitude de faire transiter par son gousier toute sorte de breuvage distillé, fermenté, coupé, etc... voilà que chaque matin il guettait le marché à la recherche d'un litron de lait comme un loup attend derrière la haie le passage des brebis. C'était que justement, à force de se nourrir de viande et de légumes, il sentait la bête en lui refaire surface:

Implacable nature et solitude sauvage,
Qui fait de l’homme un loup, plein de haine et de rage,
Qui permet à la bête enfin de s’exprimer,
Déchirer de ses crocs le passant attardé...


Non que Theolenn se plaignait de son côté "animal", au contraire, leurs nuits étaient féroces et endiablées, mais pour l'équilibre de tout homme, il est mauvais que son cerveau migre trop vers les parties basses de son corps. Il fallait donc instamment à notre mercenaire poisson ou lait pour se nourrir, sous peine de ne plus rien contrôler. L'absence de poisson ne le surprenait point, Lourdes étant ville de montagnes et de forêts, mais du lait...

Pourtant aux alentours il y avait des prés. Dans les prés, y'avait de l'herbe et des vaches qui la broutaient. Le hasard faisant bien les choses, caché derrière un brin d'herbe, souvent, la vache trouvait un taureau. Et là, un phénomène bien connu depuis l'antiquité se produisait : la vache et le taureau se mettaient à parler de choses et d'autres. Parfois même ils préféraient les faire qu'en parler. Neuf mois plus tard, de cette causerie naissait un veau et la vache, dans un élan bien compréhensible d'instinct nourricier, voyait son pis se gonfler outrageusement. Sur le sort du veau, on ne s'appesantira pas, à moins que quelqu'un ne soit intéressé par la recette de rôti de veau à la Morelius. On pourrait par contre se pencher sur le phénomène qui voyait les paysans de Lourdes abandonner les anciens patronymes bovinesques de Pâquerette ou Marguerite, pour désormais utiliser Marie, Thérèse ou Emmanuelle. Mais on gardera toutefois le sujet sous le coude pour un prochain chapitre sur la vie des seins et de leur aréoles.

Revenons à nos moutons, non, à nos vaches de Lourdes. Le veau cuit et digéré, que se passait-il dans toute bonne province du royaume de France ? Eh bien la vache continuait à donner du lait quelques mois, sauf quelques récalcitrantes sur le sort desquelles on ne m'appesantira pas non plus, à moins que quelqu'un ne soit intéressé par un bon pot au feu. Et voilà pourquoi toute cité des royaumes digne de ce nom se trouvait à la tête d'un cheptel bovin qui, entre deux œillades langoureuses dues à l'habileté paysanne à leur tripoter les nichons, vous gratifiait matin et soir d'un torrent lacté de qualité supérieure. Et bien pas à Lourdes...

Ne trouvant ni approvisionnement ni explication à ce phénomène, Morelius se résolut à en informer sa compagne dans son célèbre style franc et direct:


- Fais tes bagages, Thé-au-lait-ne, ma mie, on s'arrache... ce lieu n'est point assez lait.
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Theolenn
Comprenant les problèmes de circulation que Morelius rencontrait sur sa voie lactée, Theolenn prit acte de sa volonté de quitter la ville d’eau où de toute façon les miracles ne pleuvaient guère à cette époque de l’année.

-Oui oui, je … mais son esprit n’avait pas encore renoncé aux truffes et le nez dans un manuel de reconnaissance mycologique, la lectrice cherchait comment faire pour entrainer Julie dans la fouille humifère du sol lourdais. L’ennui c’est que pour familiariser la bête à l’odeur des pépites noires, il eut fallu en posséder un peu pour l’initier à leur fragrance particulière …

- Mô, est-ce que les vaches ne seraient pas encore dans leurs quartiers d’estive ? hasarda la belle pour marquer son intérêt face aux soucis d’allaitement de son Gars-l’actor.

De champignon en champignon, du Bolet Subtomenteux au Clitocybe Géotrope, de la Grande Pezize à l’Hypholome de Candolle, l’imagination au pouvoir, le sourire aux lèvres, la jeune femme goûtait aux joies de la découverte d’un monde à part où régnaient des êtres aux noms aussi étranges que savoureux, quand elle tomba sur…


-Eh… ça peut pas t’aider ça ? Ecoute !
Il existe un champignon qui porte le nom de « Lactaire à lait abondant ». On l’appelle aussi Vachette.
Il est facile à reconnaitre, il sent le crustacé cuit... Zut, on ne dit pas lequel … Hum, plus tard il prend une odeur de poisson fumé. Il pousse dans l’ombre des hêtres et dans les forêts de résineux, du début de l’été à la mi- automne. Ca te ten…


Mais Morelius fit « Non » de la tête, et Theolenn poussa ses recherches plus avant.

- Il y a le Lactaire Camphré, qui perd l’odeur dont il porte le nom en séchant, pour exhaler celle du curry… c’est quoi le curry ? … ou de la chicorée brulée.

Même réponse, le spadassin peut se montrer buté quand une obsession le tourneboule …

-Et celui-là ? Le Lactaire Délicieux est le cousin du Lactaire Sanguin au lait rouge vif et à l’odeur fruitée. On le tr….


-Adjugé ! dit l’ancien assassin alléché par la combinaison protéinique suggérée par ce spongieux au nom audacieux.

- Bonne pioche ! félicita la mycologue pourtant encore très novice en la matière. Il est considéré comme le meilleur de son groupe.
Alors… il aime la chaleur et les sols calcaires et pourtant il ne pousse que dans les bois de résineux… ça va encore être simple !


- Montre… demande le Moréliofagus alpestris.


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Morelius
Morelius tentait d'imaginer Theolenn ramassant des champignons dans la forêt, avec une petite cape rouge à capuche et un panier d'osier au bras.

Du champignon ? Tu veux du champignon ?

Ouais bon, écoute moi ma douce.
Tu sais, j'ai beau être croquant, je ne suis pas un Jacquou.
Cette forêt est bien mal famée, on la dit repère de bandits, et notre dernière aventure en forêt ne fut pas de tout repos, désires-tu vraiment remettre ça ?

Certes, c'est en se perdant dans une forêt comme celle là qu'on se trouve parfois, mais... à cette forêt que tu veux moissonner, je ne reconnais que trois bienfaits : le gibier, le bois, et les champignons. Mais ce qu'on en dit n'est pas que menteries ou contes d'arracheur de dents, si tu veux mon avis. Ce ne sont pas que de belles histoires que l'on raconte pour se faire peur au coin du feu et garder les enfants de se perdre dans les bois...


Morelius roula ses yeux dans leurs orbites et essaya de ne pas trop regarder sa compagne: il en aurait fallu peu pour qu'il se mette à se bidonner. Pourtant elle n'avait pas l'air de plaisanter, la mignonne. Et puis c'est vrai que malgré sa sinistre réputation, il y avait quelque avantage à aller arpenter la forêt entre Lourdes et Pau, ça le rapprocherait de son pot à lait. Et puis maintenant, il avait une épée neuve...

Je me souviens pourtant encore de ce pitre de cour qui voulait m'apprendre avec des livres ce qu'était la forêt...

Mimant alors un troubadour de cour un peu précieux, Morelius se mit à déclamer en se dandinant:

De tous les saprophytes, celui que te profite,
Est celui que l'on nomme, subtilement "Amabite".
Et ce fruit défendu tant redouté des mouches,
Sans l'ombre d'une crainte tu le portes à ta bouche...

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