Briana.
Plongée dans ses ténèbres nocturnes, Dieppe s' évanouit sous un ciel qui pleure.
Seules quelques ombres filant encore, vont s'enfonçant dans ses venelles et quelques soulards sur qui se referment les portes des tavernes aboient encore comme chiens enragés.
A elles aussi, de fouler le pavé mouillé, se faisant des plus discrètes. Sans rien dire, elle se laisse conduire, suivant les pas de sa Nourrice dont les doigts d'une main s'écrasent fermement sur la sienne.
Derrière elles, Dieppe endormi, et droit devant, les portes de la ville qui s'ouvrent en grand.
Voix des sentinelles qui s'élèvent, silhouettes qui se dessinent et qui s'affairent à charger un de ces fiacres aux portes frappées du blason familial des De Courcy. Fers des chevaux qui claquent, impatients. Ce soir est soir de départ.
Comme prévu, Ellisabeth et Artheos sont là, à l'attendre. Dernière accolade, courtoise, entre une enfant et sa Nourrice avant qu'invitation ne soit faite de prendre place à bord de la voiture. Et à la petite chose de s'y engouffrer, prenant place près de la fenêtre, tandis que ses petites azurites s'en viennent accrocher le regard nourricier. Elle voudrait sourire, mais elle n'y parvient pas. La séparation l'éprouve. Et même l'idée que de s'en aller retrouver sa mère venue habiter ses pensées ni changera rien. Le visage se fait morne. Plus qu'une nourrice, Carenza est comme une mère, capable de venir combler le manque de l'absence. A ses bras chaque soir de la ceindre, à ses mains de la choyer, à son oreille de l'écouter. A elle de lui apporter tout ce que sa propre mère n'est en mesure de pouvoir lui donner. Qu'il fait mal s'en séparer.
A la voiture qui se secoue, accueillant ses deux chaperons, de la faire sortir de ses songes. Rênes qui claquent sur le dos des chevaux. La silhouette de Carenza s'efface pour laisser place à la campagne normande. Demain la Capitale sera rejointe et jour sera synonyme de retrouvailles. La joie demeure intime, non partagée. Heureuse de retrouver ce frère qui lui a tant manqué, un cousin ; Osfrid qu'elle ne manquera pas d'éviter et... une mère ; SA mère, qui comme un aimant, a tantôt besoin de rapprochement, tantôt besoin d'éloignement.
Aujourd'hui, son envie serait donc de retrouver sa progéniture. Mais combien de temps ? Un jour ? Une semaine... Elle prend l'habitude de la voir venir, pour mieux la voir s'enfuir. Le sentiment d'abandon est là, bien ancré. Petite chose souffre, son petit coeur morcelé. L'estomac est noué. Et si au final, elle voulait ne pas la retrouver, de crainte d'être une fois encore esseulée ?
Invisible haussements d'épaules. Dormir pour ne plus y penser.
Brièvement les yeux se posent sur Artheos qui lui fait face avant que doucement les paupières ne se ferment et que le corps ne se laisse aller, bercé par le petit chaos des roues rencontrant les meurtrissures des chemins qu'ils empruntent. La petite tête blonde se cale confortablement contre l'épaule de sa préceptrice et le sommeil l'emporte.
Au revoir Dieppe. Bonjour Rouen.
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Seules quelques ombres filant encore, vont s'enfonçant dans ses venelles et quelques soulards sur qui se referment les portes des tavernes aboient encore comme chiens enragés.
A elles aussi, de fouler le pavé mouillé, se faisant des plus discrètes. Sans rien dire, elle se laisse conduire, suivant les pas de sa Nourrice dont les doigts d'une main s'écrasent fermement sur la sienne.
Derrière elles, Dieppe endormi, et droit devant, les portes de la ville qui s'ouvrent en grand.
Voix des sentinelles qui s'élèvent, silhouettes qui se dessinent et qui s'affairent à charger un de ces fiacres aux portes frappées du blason familial des De Courcy. Fers des chevaux qui claquent, impatients. Ce soir est soir de départ.
Comme prévu, Ellisabeth et Artheos sont là, à l'attendre. Dernière accolade, courtoise, entre une enfant et sa Nourrice avant qu'invitation ne soit faite de prendre place à bord de la voiture. Et à la petite chose de s'y engouffrer, prenant place près de la fenêtre, tandis que ses petites azurites s'en viennent accrocher le regard nourricier. Elle voudrait sourire, mais elle n'y parvient pas. La séparation l'éprouve. Et même l'idée que de s'en aller retrouver sa mère venue habiter ses pensées ni changera rien. Le visage se fait morne. Plus qu'une nourrice, Carenza est comme une mère, capable de venir combler le manque de l'absence. A ses bras chaque soir de la ceindre, à ses mains de la choyer, à son oreille de l'écouter. A elle de lui apporter tout ce que sa propre mère n'est en mesure de pouvoir lui donner. Qu'il fait mal s'en séparer.
A la voiture qui se secoue, accueillant ses deux chaperons, de la faire sortir de ses songes. Rênes qui claquent sur le dos des chevaux. La silhouette de Carenza s'efface pour laisser place à la campagne normande. Demain la Capitale sera rejointe et jour sera synonyme de retrouvailles. La joie demeure intime, non partagée. Heureuse de retrouver ce frère qui lui a tant manqué, un cousin ; Osfrid qu'elle ne manquera pas d'éviter et... une mère ; SA mère, qui comme un aimant, a tantôt besoin de rapprochement, tantôt besoin d'éloignement.
Aujourd'hui, son envie serait donc de retrouver sa progéniture. Mais combien de temps ? Un jour ? Une semaine... Elle prend l'habitude de la voir venir, pour mieux la voir s'enfuir. Le sentiment d'abandon est là, bien ancré. Petite chose souffre, son petit coeur morcelé. L'estomac est noué. Et si au final, elle voulait ne pas la retrouver, de crainte d'être une fois encore esseulée ?
Invisible haussements d'épaules. Dormir pour ne plus y penser.
Brièvement les yeux se posent sur Artheos qui lui fait face avant que doucement les paupières ne se ferment et que le corps ne se laisse aller, bercé par le petit chaos des roues rencontrant les meurtrissures des chemins qu'ils empruntent. La petite tête blonde se cale confortablement contre l'épaule de sa préceptrice et le sommeil l'emporte.
Au revoir Dieppe. Bonjour Rouen.
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