[RP OUVERT] Navire Royal en port de Guyenne

[Sur l'Edelweïss le vingt et unième jour de juin]

Terre, Terre.. droit devant, Terre...

Terre de révoltes, d’hostilités et de doutes,
Terre exsangue saignée par les hommes goute à goute
Terre oh combien enivrante, terre de bonheur ou Terre de haine
Voici que se profile à proue… Une Terre… La Terre de Guyenne.

Du large le noroît souffle et laisse l’estuaire se remonter
Gonflant les voiles du cogue au capitaine princier
Bordeaux déjà se dévoile à détour d’horizon
Ramenant à Terre, Kalliòpê muse Balaguère et son Noble Orion…

Lui, Prince de Montreuil et frère de Roy
Elle sa promise, sa plume, Guyennoise autrefois,
S’en revenaient du pays aux légendes ancestrales
Pour rapporter à Majestés, navire d'armoiries royales.

Capitale en vue encore à quelques encablures
L’accostage se fera à l’aveugle mais la main à la barre sera sure
Déjà l’équipage s'affaire et se prépare à débarquer
Un regret dans le regard, le long voyage est terminé…

Sourire qui se dessine sur lèvres de poétesse
L’aventure s’arrête là mais d’autres se dessinent en promesses
Un titre, un mariage princier et un futur enfant
Un autre équipage, des voyages, dans leurs vies contre le temps,

L'infini les attend...
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Quatre mots de plume au gré du vent,
Quatre lettres écrites à bord du gréement...


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Quand le retour est bien loin de ressembler au départ...

Estuaire de la Gironde, un navire remonte lentement les dernières nonchalances du fleuve, l'étrave qui se traine mollement sous une petite brise, sinuant entre hauts fonds et bancs de sables. Un Soleil entamant sa plus longue descente de l'année, jouant de reflets sur le pavillon dressé.



L'Edelweisss! Vétéran victorieux de la bataille d'Ardencaple, navire personnel de Sa Majesté la Reyne Leyah, ramène enfin son équipage, après trois long mois de voyage. Toute une saison! Tout un Printemps! Combien de choses avaient éclos durant ce temps? Le Géant debout à la barre, se plait à refaire en pensées le tracé de leur histoire. Lui, le Prince-Amiral, Capitaine Aveugle, se guidant au nez entre le Vague et le Vent, à l'oreille aussi, à l'écoute du Temps... Elle, sa Muse, Capitaine en Second et surtout Mieux-Aimée, la seule à l'amour de protéger son dos et posséder son cœur. Eux! L'équipage de vaillants Périgourdins! Ses souvenirs sont surtout plein du bruit de leurs voix, de leur cris, de leur pas, ses matelots, ses fiers-à-bras! Sans noblesse sur le papier, mais à en revendre dans les actes, dans leur loyauté! Pas un avait failli tout au long des errances et autres traversées! L'honneur de leurs terres qu'ils avaient emmené avec eux, Périgord avait là des enfants valeureux!

Mais les pensées du Géant s'égarent plus loin... vers d'autres chemins, plus d'ailleurs ou plus anciens. Guyenne ne lui avait pas toujours été aussi accueillante... Mais d'autre temps! Aujourd'hui, il affiche mine souriante, peut-être faut-il le reconnaître, aussi un brin arrogante...

Sang de mon Sang, est-ce que tu crois que le Duché aura envoyé quelqu'un nous accueillir?

Plus large s'étire le sourire. Il y a bien des années, c'est à coup de canons qu'il avait été chassé... Tant de choses qui changent avec le Temps, vole un baiser à celle à qui appartient le sien maintenant.

Yoo-Ho Matelots, parés pour l'accostage!

Bordeaux, chaînes du Port qui ne tardent guère à être abaissées. Voiles affalées, manœuvré de main de Capitaine, guidée des yeux de son Second, l'Edelweisss glisse d'un dernier élan jusqu'à toucher les quais. À peine, et déjà le Géant hèle par dessus le bord en quête d'un coursier.

Porte se pli sur l'heure en Capitainerie du Duché! Voici quelques écus pour ta peine mon brave.

Monnaie et missive changeant de main, courrier prenant son chemin.



"Que le Très-Haut vous ait en sa Sainte Garde"... Mots qui s'étaient dictés au naturel à la plume de sa Muse. Mais sous les mots d'autres qui se cachent, d'interprétation d'amicale boutade autant que d'estime...

Et de s'en retourner organiser le déchargement des marchandises. Charrettes à remonter, à débarquer, à re-remplir de tout ce qui dans les cales s'est entassé. Dans quelques jours, la caravane partira pour le Périgord, ramenant ses matelots chez eux. Mais pour le Géant, cela signifiait aussi la clôture de son accord avec le Comté... Ne restait plus que les ultimes formalités...

Après, ils iraient quelques jours en Bergerac, juste Lui, rien que Elle, retrouver la fraicheur des pierres du vieux moulins, et les souvenirs qui leur faisaient du lieu comme un écrin... Et aussi, passer à nouveau Pont-sur-Dordogne... Celui où leurs vies s'étaient entrecroisées... Une première fois, ils l'avaient traversé au sortir de l'Hiver, ce serait cette fois à la rencontre de l'Été...

C'est une Saison qui se termine ma Mieux-Aimée. Ce soir, nous célèbrerons la Saint-Jean!

Quelque part en cabine, derniers préparatifs qui se termine, comme qui dirait, se soigner un peu la mine. La longue vareuse de cuir ciré qu'il arborait à la barre du navire retrouva l'abri d'un coffre, et c'est un mantel qui pris la place, d'épais velours d'encre finement entrelacé de fils d'argent. Bottes cirées de près, donnant une sorte d'aura à leur usure. Aux épaules se retrouvent ses spalières d'acier poli, lustrées pour l'occasion, et pendue dans son dos s'accrochent les cinq pieds de son estramaçon. Crâne de Chauve qui se cercle de couronne princière, et sur ses yeux au regard évadé, bandeau d'Aveugle, toujours de jais. Déjà l'équipage est paré à débarquer quand il les rejoint sur le pont du navire. Leur adresse à tous capitaine de sourire.

Ce soir c'est fête! Matelots, quartier-libre jusqu'à nouvel ordre!

Pouces coincés au ceinturon, le Géant se tient en haut de la passerelle, prenant longue inspiration. Main à l'aventure de saisir celle de Sashah qui le rejoint. Sourires qui s'échangent, en coin...

Guyenne! Salut à toi!

Répondra, répondra pas?
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[Capitainerie de Guyenne]

Ce soir, le port sera plein et ce sera la Sant-Joan. Autant dire qu'avec tous ces marins en taverne, plus l'arrivée de l'été, la nuit allait être chaude !

Du coup, il y a avait un peu d'effervescence sur les quais et aux abords de la Capitainerie.

Pour parfaire le tout, un Prince et Vice-Amiral allait arriver pour finir de le remplir, ce port.
Il fallait donc envoyer un cotre avec un pilote, jusqu'au navire en approche, pour pouvoir lui faire vaincre les mauvaises passes de l'estuaire.
Il n'est pas toujours aisé pour un navire à voile latine de remonter la Garonne.

Pourtant, alors qu'un mousse affecté à la vigie vient prévenir de l'amarrage du-dit navire, un coursier dépose quant à lui un pli.

Après s'être fait donner la lecture et entendu le mousse :

Voila que l’Edelweisss est à quai. Les passes n'en seront pas venues à bout et le pilote peut aller chercher une vilaine pas trop regardante.

Un porte-batine avec moi, nous allons sur les quais pour les accueillir.

...

[Les quais de Bordeaux]

En se dirigeant vers le navire, des marins s'en retournait de son bord, alors que quelques dockers terminent la manœuvre d'arrimage. Alentours, le bois finit de grincer, les cordages claquent et les mâts craquent doucement.

Du haut de la passerelle, les "maîtres" du bord, qui lancent les permissions et finissent le mouillage.

Guyenne ! Salut à toi !

Je ne saurai être la Guyenne à moi seul, mais acceptez néanmoins la bienvenue de la Guyenne, du moins de ma part.

Périgord, salut à vous !

Souffrez de prendre pied à terre et foulez Bordeaux-la-Belle.
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Manœuvres d'accostage et derniers préparatifs

Debout devant la barre elle était ses yeux, toujours. Souvent il se tenait derrière elle posant sur ses mains les siennes, lui apprenant ainsi de la navigation les ficelles. Et ils étaient ainsi quand l'Edelweïss commença ses manœuvres d'accostage.

Il était cendre, elle était feu, il vivait dans sa nuit, elle regardait pour eux deux. Face à face dans l'intimité, dos à dos face au monde...

Sang de mon Sang, est-ce que tu crois que le Duché aura envoyé quelqu'un nous accueillir ?

Elle sourit en l'entendant, la Guyenne...

Un peu de son passé lui revint en mémoire, les longs mois de désespoir, de deuils et de doutes. Un mariage trop hâté qui s'avéra raté, son poste de conseillère... Les avait-elle conseiller ? Un petit rire s'échappa de ses lèvres, elle doutait fort qu'on les accueille en réalité.

- Je ne pense pas mi cariño, je ne pense pas du tout même, nous verrons bien.

Un soupir plus tard, son esprit vagabonda du côté d'un vieux phare.

- Comme j'aimerai monter dans la vigie voir l'estuaire d'en haut, si je n'avais peur de faire une mauvaise chute en ce moment, je le ferais. Vois-tu j'ai demandé un jour à Dragonet la permission de monter dans son vieux phare pour y voir la Gironde. Cette envie me dévore depuis longtemps à vrai dire, de voir la Guyenne d'en haut.

Elle se tut l'espace d'un instant pour donner des indications sur leur position et puis :

- J'espère qu'il va bien, sa dernière missive remonte à quelques jours déjà et il me manque, j'aurais tant de chose à lui raconter qu'il en aurait les oreilles rebattues et n'aurait qu'une hâte... me renvoyer dans tes pénates !

Un long baiser échangé plus tard, elle filait se changer dans la cabine du capitaine. Ses braies délavées par le sel et sa tunique rouges rejoignirent une vieille malle et elle sortit sa houppelande d'un blanc immaculé qu'elle rehaussa de rouge avec un col couleur passion. Il serait de cendres, elle sera de feu...

Elle le rejoignit sur le pont tandis qu'il donnait quartier libre à l'équipage. Louis Memento leur chaton se pointa à son tour, pour recevoir surement compliments pensa-t-elle un sourire amusé sur les lèvres.

Non il observait la passerelle et méfiant hésitait quant à ce qu'il devait faire. Doucement il s'en approcha, sauta dessus dès qu'elle fut en place et regarda en direction du quai. Puis allez savoir pourquoi, il en descendit, passa entre leurs jambes en courant et retourna vers les cales, comme s'il avait le diable aux trousses.

Elle décrivit la scène à son géant et éclata de rire.

- Au moins un qui n'est pas pressé de retrouver la terre ferme ! A mon avis il ne nous suivra pas.

Sur les quais un soir de Saint Jean

Les plis s'étaient succédés entre la capitainerie et le palais de l'Ombrière. L'ancienne bordelaise qu'elle était avait félicité le nouveau Duc. L'ancienne conseillère qu'elle avait été savait que la venue d'un Prince royal était un évènement, mais elle doutait que la "Merveille de Bazas" soit au pied de la passerelle à accueillir le frère du Roy.

Cependant, quand elle s'avança ce fut Armenos qu'elle trouva.

- Amiral ? Quelle surprise ! laissa-t-elle s'échapper en foulant le sol, un peu déstabilisée par son inertie.

Elle se trouva un peu en déséquilibre l'espace d'un instant et agrippa le bras de son prince pour ne pas tomber.

- Diantre la terre tangue, avis de tempête en vue ? Sourire amusé aux lèvres, elle retrouva un peu d'aplomb et salua Armenos en lui tendant la main.

- Buenas noches Almirante... Comme je suis heureuse de vous revoir ! Comment vous portez-vous depuis tout ce temps ?
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Vent du soir qui souffle chaud... Rencontre d'Amiraux...

Un voix, depuis le quai, Guyenne avait répondu, en souhaitant même la bienvenue! En haut de passerelle, l'Aveugle esquissa un sourire enjoué, avant de la descendre de quelques enjambées bras dessus, au dessous celui de son Aimée. Impression bizarre de trop de solidité, comme ses bottes retrouve soudain l'immobilité du pavé.

- Buenas noches Almirante... Comme je suis heureuse de vous revoir ! Comment vous portez-vous depuis tout ce temps ?

Ainsi donc, la voix était celle de l'Amiral, homologue en ouvrage naval, le devoir lié à la terre, le cœur n'aspirant qu'au vent de mer... L'expression au visage du Géant se fit plus grave, et pourtant, toujours souriant. Vrai, il était curieux de rencontrer l'homme, savoir sa manière d'affronter le Temps. Apprendre et comprendre, ainsi en avait-il toujours été pour le Géant.

Le bonsoir à vous Amiral! Une bienvenue s'exprimant du cœur, puisque c'est par vous que Guyenne parle, vous devez être parmi ce qu'elle a de meilleur!

Laisse à sa Muse l'honneur d'être saluée la première, mais tendra lui aussi sa main, à l'amitié de la mer.
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C'est qu'il pourrait finir par rougir le garçon ...

Je ne saurais dire, Prince, ce n'est pas à moi d'en décider.

Les regarde tous deux.

Je vais très bien merci, je tente autant que possible de ne pas sombrer dans la léthargie. La Guyenne s'endort doucement, dernièrement.

Aussi, une visite comme la votre est des plus énergisante, voir grisante.

Laisse un temps passer, afin qu'ils prennent pied ferme.

Je vois que le plancher des vaches vous met légèrement en défaut, après tant de temps en mer. Ce qu'il faut pour remédier à cela, c'est quelques doucereux alcools.

Je peux vous guider en Bordeaux si vous le souhaitez. Ou vous conduire aux festivités de la Sant-Joan.

Sauf si vous préférez prendre congé en vos quartiers, dès maintenant.

L'Amiral finit par se transformer en véritable pipelette ... Une fois leurs jambes assurées et leurs corps imprégnés de la Capitale, quelques qestions sont rajoutées, presques sans controle.

Comment s'est passé votre retour en mer ? Avez-vous des nouvelles de l'Amirauté Royale ?

Dona Sasha, vais-je devoir vous appeler Princesse à l'avenir ?
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Sourire à l'ébauche et tangage qui s'enfuit...

Bras dessus, bras dessous, le couple enfin se retrouve en Capitale. Étrange instant pour l'ancienne bordelaise d'arriver en ville par mer, son sourire s'affiche quant son prince s'adresse à l'amiral de Guyenne.

Je ne saurais dire, Prince, ce n'est pas à moi d'en décider.

Voilà qu'Armenos se trouve embarrasser et elle laissa parler... Comme s'il était heureux de parler, comme si un besoin d'air frais lui était bénéfique... Elle le regarda un sourire sur les lèvres et l’œil amusé. Elle ne l'avait pas connu si bavard et le voir ainsi lui fut agréable.

- Je confirme Armenos est ce que la Guyenne a de meilleur et je suis ravie de vous revoir Amiral. La Guyenne s'endort ? Pourquoi n'en suis-je pas étonnée ?

Il avait parlé d'alcool doucereux, de fête, elle avait envie de divertissement, de danser tiens oui de ça elle avait envie aussi :

- Nous vous suivons avec plaisir n'est-ce pas mio cariño ? Boire, chanter, danser nous ferait le plus grand bien. Notre voyage de retour fut éprouvant à vrai dire sans les qualités hors pair du capitaine nous serions portés disparus.

Et puis elle ouvrit de grands yeux d'étonnement quand Armenos se fit curieux :

Dona Sasha, vais-je devoir vous appeler Princesse à l'avenir ?

Elle eut un rire et le regarda comme on regarderait un enfant trop curieux, mais lui répondit tout sourire :

- Le Prince m'a demandé en mariage oui et nous le préparons doucement. Le Roy m'appelle " future belle-soeur", notre union est effectivement un projet qui nous est cher et que Sa Majesté souhaite aussi. Mais j'espère que vous m’appellerez Sashah par pure amitié, n'avons nous pas été collègues ?
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Et le Géant de s'esclaffer à la question du retour, d'un rire d'une inconscience éhontée.

Il est vrai. Nous avons traversé un "petit grain" en Mer d'Iroise. Vous savez comme Poséidon et Éole affectionnent ces eaux pour s'y chamailler. Mais même au plus fort de la tempête, l'Edelweisss est une danseuse hors pair, surtout quand elle se fait Aegir la cavalière!

Bon, il y avait bien ce matelot qui avait réussi le prodige de remplir plus de sceaux que ce que ses tripes pouvaient contenir. Sans compter les mains usées au cordages chez la plupart des membres de l'équipage. Mais vrai, aucun n'avait failli au plus profond de la tourmente, ils avaient valsé entre la houle et les bourrasques hurlantes.

L'Amirauté Royale se porte du mieux qu'il lui est accordé. Nous avons fait escale à Honfleur sur notre retour d'Écosse. Les travaux de l'Arsenal avancent à bon train. J'ose espérer qu'avant l'automne, la Royale armera ses premiers bâtiments de guerre... Mais, vous savez ce que c'est... entre les désirs d'influence et les possibilités de budget...

Politique, politique, quand tu nous tient. Ce qu'il est plus doux en vérité, de n'être que marin! Quelle corruption peut régner sur l'Océan quand il ne se soucie ni de la naissance ni du rang? Haussement d'épaules, vaguement fatigué. Resserre pourtant un bras autour de la taille de sa Mieux-Aimée, comme s'affiche un sourire enjoué.

Mais il est pourtant une affaire de la plus haute importance dont je dois vous entretenir. Voyez-vous, je ramène dans mes cales quelques futailles de bon Whisky des Highlands. Je serais bien en peine d'établir seul une comparaison objective avec un petit cru des coteaux de Saint-Estephe... Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, nous pourrons en disserter plus au calme après la danse et la liesse.

Mais en attendant, oui, fêter la Sainct-Jehan sera un vrai plaisir! Il y a long depuis que je n'ai participé à un rassemblement où personne ne s'étripe ou se crêpe le chignon! Énergisant pour énergisant, enivrons nous ensembles jusqu'à en oublier la grisaille! Guidez-nous, je vous prie.
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[L'étiquette, c'est pas encore tout à fait cela ...]

C'est confus et pris à son propre jeu, qu'il fallait maintenant répondre.

Vous me voyez désolé, de pousser ma curiosité tellement en avant. Mais je me réjouis pour vous, de l'avenir que vous vous tracez.

Je me marie moi-même très bientôt, aussi je n'ai de cesse, de trouver des cas similaires et de me réjouir pour eux. Du coup, je m'aventure parfois où il faudrait prendre précaution et avertissement. Ne prenez pas ombrage, de mon aplomb ...

La phrase se termine en une sorte de fustigation intérieure, pour finir par se ressaisir.

L'Amiral hoche la tête et approuve aux paroles récitants le périple maritime du navire, ainsi que de son équipage.

J'ai eu vent des travaux en Normandie, mais je ne les pensais pas si près du but. Savez-vous, qu'en Guyenne également, un Arsenal est en construction ?

Souvenirs, souvenirs ...

Je n'oublie rien, aussi vrai que nous avons été Pairs, je vous appellerai Dona Sashah, si cela est votre plaisir, autant que le mien.

Il semble que les effets du bord aient passés et que l'appel à un peu de sociabilisation se manifeste.

Dans ce cas, suivez-moi, je vais vous conduire au cœur de Bordeaux et des fêtes. Je pourrai même vous conseiller quelques établissements, honorables ou non, selon ce que vous recherchez.

Bordeaux peut tout offrir, ses facettes sont innombrables.

D'un geste, les invite à le suivre et fait signe au porte-batine de fermer la marche.
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Marchant à ses côtés à travers la ville, l'Aveugle remercia intérieurement la résonance du pavé, permettant de localiser tout aise le moindre bruit de bottes ou de sabot, et d'ainsi se faire une vague idée des obstacles à éviter tout en s'appuyant à bras de Muse pour le guider. Sourire amical qui s'étire comme il perçoit comme une gêne chez l'Amiral.

Vous n'avez pas à être désolé, il n'y a nulle offense. Bien au contraire! Nous sommes comme vous, nous ne cachons rien de notre bonheur, et c'est joie de savoir que vous vivez le même.
Vous et votre élue aurez sans doute l'heure de vous unir devant le Très-Haut avant nous, mais qu'à cela ne tienne, nous vous invitons tous deux au jour de nos épousailles! N'est-ce pas ma Mieux-Aimée?

Puis suivant le fil d'une idée, il fait un signe de tête en arrière, en direction du porte-badine qui les suit d'un silence d'ordonnance.

Pourquoi n'enverriez vous pas chercher votre Promise d'ailleurs? Nous serions ravis de faire sa connaissance, et j'imagine que vous préfèreriez l'avoir à vos côtés pour passer la Saicnt-Jehan.

Opinant à la remarque sur l'Arsenal, il ne peut s'empêcher d'adopter un ton tout pragmatique

J'ai entendu que le Chantier Naval de Blaye allait s'agrandir en effet. C'est une bonne chose que le Royaume puisse compter sur un port de cette envergure ouvrant sur le Golfe de Gascogne. Surtout que sa position en retrait sur l'estuaire de la Gironde lui offre un avantage défensif stratégique. C'est une nasse où il est plus facile d'entrer que de sortir, et les chenaux d'approche sont propice à contraindre une escadre à rompre sa formation.

Changeant de ton comme il change de ville, un côté, comme qui dirait, un peu plus goupil...

Je connais peu les facettes de Bordeaux il est vrai, mais elle m'a déjà offert un joyaux à nul autre comparable Amiral!

Le bras qui passe autour de la taille de Sashah, comme il affiche un étire un sourire mi-béat, mi-taquin.

Bon, en toute honnêteté, je dois confesser l'avoir enlevée plus qu'elle ne m'a été offerte. Mais cela serait à refaire que je recommencerai sans l'ombre d'une hésitation!

Quand à l'endroit...

Se posant ici là question de ce que l'Amiral donne comme définition à honorable, et ne peut s'empêcher la boutade.

Nos matelots se feront certainement un plaisir de visiter vos lupanar! Il en est même un ou deux dont je devine qu'il s'en feront même un devoir. Quant à nous, sa Grâce se manifestera bien si elle désire nous convier au palais.

Haussement d'épaules en disant long, mais repart pourtant d'un ton enjoué.

Qu'importe l'endroit en vérité! Choisissez pour nous, tant qu'y règne une atmosphères agréable et sans fioriture. Nous ne craignons pas de nous mêler aux gens de roture. Je n'ai pas toujours été Prince et je n'ai pas oublié d'où je viens. De la musique, un bon repas, un peu de vin, que demander d'autre?

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Vous et votre élue aurez sans doute l'heure de vous unir devant le Très-Haut avant nous, mais qu'à cela ne tienne, nous vous invitons tous deux au jour de nos épousailles! N'est-ce pas ma Mieux-Aimée?

Ma mieux-aimée, ma muse Balaguère, ma Kalliòpê, les mots doux qu'il lui donnait trottinaient dans sa tête. Elle sourit en l'écoutant, hochant distraitement la tête.


Bon, en toute honnêteté, je dois confesser l'avoir enlevée plus qu'elle ne m'a été offerte. Mais cela serait à refaire que je recommencerai sans l'ombre d'une hésitation!

A mesure qu'il parlait, il resserrait sa taille et elle se lova contre lui. Gardant toujours ce sourire doux aux lèvres. Oui il était vrai qu'il l'avait enlevé, ne lui demandant en rien une quelconque permission, puis il l'avait enlevé à la Guyenne, pour le bien du Duché ? Ça elle n'en savait rien, mais pour son bien à elle, ça c'était indéniable.

Les souvenirs affluaient en son esprit à mesure qu'ils marchaient dans Bordeaux. Des détails d'une vie antérieure qui lui paraissait très récente et à contrario bien lointaine à présent.

Elle était arrivée en deuil dans cette capitale qui à l'époque lui semblait si attirante. Elle en était repartie en épouse blasée, fatiguée se sentant encore plus seule que le jour de son arrivée. Un passage obligatoire surement pour guérir d'un grand chagrin ! Son promis d'alors en avait fait les frais, supportant ses humeurs tantôt joyeuses tantôt chagrines ou colériques. Mais il se disait médicastre, il l'avait à sa manière aider à retrouver un semblant d'équilibre. Médicastre ! Elle sourit en se rappelant ce mot. Son parrain vénitien aurait dit "Médicastro" qui veut dire "médecin". Mais en ce Royaume un médicastre n'était rien d'autre qu'un "Médecin ignorant et hâbleur". Maintes fois elle avait voulu lui dire, mais finalement n'avait jamais voulu l'embarrasser et puis...

Elle l'avait quitté en claquant la porte, comme elle aurait aimé claquer la porte de ce deuil qui la tenaillait bien plus qu'elle ne le pensait, bien plus qu'elle ne l'admettait. La disparition de Dragonet qui s'était retiré de la vie publique l'avait profondément affectée, elle reçut tant de coups bas que Sashah se mourait et elle vacillait entre la vie et la mort qu'elle voulait se donner, quand... Gorborenne avait surgi de nulle part.

Tout à ses pensées, elle ne s'était pas rendue compte qu'ils cheminaient vers une taverne d'où émanait de la musique.

Elle retrouva soudain la parole :

- Oui ne vous excusez pas Armenos de votre curiosité, elle m'a surpris mais ne m'a en rien choqué.

Je vous présente toutes mes félicitations pour votre future union. Je vous envie aussi de pouvoir vous marier sans avoir à faire des démarches interminables.

Maintenant que le Roy a accepté nos fiançailles nous espérons qu'avant la fin de l'été nous serons unis. Et...

Je réitère l'invitation de mon Orion, nous vous enverrons un faire-part, même si les bans seront publiés dans tout le royaume, l'étiquette l'exigeant, je compte bien inviter quelques amis de Guyenne, je souhaite que vous en fassiez partis avec votre future épouse il en va de soi.

La nuit était belle, elle se sentait bien, elle avait envie de retrouver un peu de vie citoyenne, puis de repartir pour des terres inconnues. Déjà la mer l'attirait, déjà elle se sentait en partance...
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Tout en déambulant dans le port et finalement dans les rues mêmes de la Capitale, le petit groupe discutait, comme seul au monde.

Entre petites processions, feux, mendiants, ivrognes, dévots et patrouilles, tout Bordeaux semblait déjà dans les rues.

Dans ce cas, si c'est la simplicité, la bonne compagnie et de la bonne chère qui priment je vous propose deux établissements Bordelais reconnus :

les "Amis de Pinte" ou "l'Auberge Rouge". Si en plus vous recherchez une table de jeu, nous irions plutôt à "La Casa Lovela".

Vous ne serez pas déçu.

Vos marins non plus d'ailleurs, n'aurons pas de mal à trouver quelques ribaudes et autres vilaines à la cuisse légère, en ville.

Sur "révélations" et propositions, l'étonnement est de mise. Et la réaction sincère, autant qu'emplie de fierté.

Vous me flattez et avec honneur, je me rendrai à vos noces. Je tâcherai de ne pas vous faire honte.
Je viendrai assurément avec ma mie. Je ne peux la quérir ce soir, elle n'est pas en ville, j'y suis moi, en déplacement militaire pour le Duché. D'où notre séparation imposée, mais oh combien momentanée.

Comme pour se remettre de ses émotions et ne pas faire de gaffe, une suggestion est glissée, discrètement.

Mais je vous en prie, faisons un détour par la Cathédrale, pour profiter de la Sant-Joan. Cela le temps que vous me disiez vers où vous diriger.
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Géant qui ne pu s'empêcher d'un rire à l'évocation de tables de jeux.

Amiral, la dernière fois que je me suis assis à une table de Ramponneau, c'était avec une Duchesse de Gascogne, il y a quelques saisons de cela... La partie fut exaltante mais s'est assez mal terminée. Je crois qu'après un moment de prière, l'Auberge Rouge sera très bien.

Devant le groupe se profilait déjà le parvis de la Cathédrale où fidèles de tout poils s'agglutinaient à la sortie des offices du soir. Sourire intérieur... Non que le Géant soit ravi d'avoir échappé à la messe, mais un peu quand même en fait... S'il a toujours eu respect profond pour tout ce qui porte étole ou tonsure, l'expression de sa Foi, de son recueillement se fait souvent bien loin des bénitiers et des chaires de vérité. Pourtant, un peu de recueillement oui, longtemps qu'il n'est venu saluer le Très Haut en sa demeure. Cette façon qu'il a de régler sa respiration comme ils remontent l'allée centrale, à chercher Sa présence dans le parfum frais des voûtes de pierre. Un sourire, une adresse muette, saluer le Très-Haut comme un vieil ami qu'on a plus croisé depuis longtemps, lui converser en silence, quelques instants. Mais tout à son orgueil, n'ira pourtant rien confesser, et tout à son humilité, refusera de Le supplier. Non, genre du Géant serait plutôt à Lui demander, juste s'il a eu une bonne journée, en toute simplicité...

Au sortir de l'Église, la clameur populaire montant avec les premier chants et fêtes s'animant de par la ville lui sembla comme un assaut d'allégresse bruyante. Sa main retrouvant le bras de Sashah, c'est d'un estomac gargouillant au rythme de ses pas qu'il descendit les premières marches du parvis.

Allons! Mon ventre réclame une sainteté un peu plus matérielle!

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...*

D'humeur et de démarche enjouée, Gorborenne marche toujours à la suite du pas d'Amiral, les guidant à travers la cité, jusqu'à la source d'un brouhaha festif dénotant une densité un peu plus accrue que la normale. Une auberge, d'où émanent quelques chants et fumets de rôti appétissants, à l'ambiance déjà, quelque chose d'invitant.

Sa cécité et l'intensité sonore brouille pourtant quelque peu sa perception des choses, se retrouvant déjà assis à une tablée, l'Amiral en face, sa Muse à son côté. Tablée sans doute heureusement vide ou peut-être promptement vidée... Mais la question déjà change comme une fragrance de volaille saucée à point lui chatouille la narine et lui décroche un sourire d'une oreille à l'autre. Mordant à plein dans une cuisse, il mâchonne quelques instants, tâtonnant jusqu'à son son godet de vin, quelques lampées en passant.

Alors, dites-moi Amiral, vous devez vous-même barrer un fier bâtiment non? De quelle classe est-il, quel est son nom?

Comme un soupir d'aise alors que la digestion se rassasie lentement, et qu'il se cale au fond de son siège, plus profondément.




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Ils étaient entrés dans la cathédrale, les hommes se séparant des femmes comme c'était la coutume en pays du sud, pour se recueillir. La messe de la Saint-Jean était achevée et elle vit l'espace d'une seconde un semblant de sourire sur les lèvres de Gorborenne, elle sourit à son tour, sachant qu'il aimait prier souvent seul et surtout quand le besoin lui prenait. Nul besoin d'une église, d'un temple finalement, nul besoin d'avoir une cathédrale pour s'adresser à Aristote.

Elle se dirigea vers l'autel et fit ses prières. Quelques bigotes trainaient encore ici et là à surement confesser les péchés des autres, histoires de se donner bonne conscience. Elle les regarda sans les voir en remontant la nef, et ressortit quelques instants plus tard, apaisée et souriante. Prenant le bras que lui tendit son géant, à l'entente de son pas près de lui ou à la reconnaissance de son parfum, elle ne savait trop finalement, elle se laissa guider dans un Bordeaux qu'elle avait arpenté naguère. Rien n'avait vraiment changé, quoique la ville semblait être peuplée d'une jeunesse qui ne pouvait être que bénéfique.

Ils s'installèrent dans une auberge qu'elle ne connaissait pas ou que sa mémoire avait oublié. Et elle chercha du regard quelques visages connus, tandis que son Orion affamé dévorait quelques rôtisseries, ravi.

La soirée était chaude et belle et elle sentit soudain une main fraîche se poser sur son épaule. Lona, sa blonde sœur, le sang de son sang, son alter égo, la Normande que leur père avait engendrée après son passage en Castille, s'installa à ses côtés après quelques embrassades, émues de se retrouver.

Tandis que le Prince s'entretenait marine avec l'Amiral de Guyenne, la brune scandaleuse et la blonde fantasque se livrèrent à voix basse à des confidences... Secrets de femmes, secrets de sœur. Puis un très long moment plus tard entre picorage de mets et messes basses :

- Prête à embarquer sur l'Edelweïss Lona ? Finit-elle par demander à voix haute cette fois.
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