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[RP] C'est pas juste un hasard.

Nille
Grimoald.
Elle avait dit Grimoald.
Nille se tourna et la regarda, L'Engrossée avait parlé d'elle à Grim.
Elle se sentait légère, de bonne humeur d'un coup, impossible de parler d'un coup.


- M...erci ...

Elle avait marmonné cela puis s'était éclipsée dehors.
Elle marcha de longues minutes puis s'arrêta devant les portes de la ville, le départ n'est pas pour maintenant, elle profita du paysage avant d'aller faire un saut en taverne.
Elle bu tranquillement quelques chopes avant de rentrer chez Dame Khy.
En passant elle vit de magnifiques pâtisseries sur le marché et en acheta un nombre correct pour passer une "soirée" entre filles.
Car oui elle comptait la remercier pour Grimoald.
Elle en avait pris une dans sa bouche et la mangeait tranquillement en rentrant quand en montant les escaliers elle entendit comme des plaintes sourdes.
Elle engouffra ce qui restait du délice sucré et ouvrit la porte découvrant une Khy en souffrance.


- Khy ?! Mon Dieu ! Tu es pâle ! Et tu ... ?!

Elle n'avait pas fini la phrase qu'elle vit sa robe de sa "Maîtresse se tâcher du liquide de naissance. Il était temps.
Elle sorti de la chambre et hurla à l'intention de la gérante.


- Vite ! Une bassine ! Du linge en grande quantité ! Et que ça saute !

Revenant à côté de Khy elle lui pris la main et la fixant dans les yeux non pas d'un regard plein de poison, mais empli de bienveillance elle murmura tranquillement à son attention.

- Bon Dame Khy, je pense que le moment est venu d'expulser cette Horreur voulez vous ?
Vous allez déjà respirer tranquillement, je vais rester là et je vais vous aider, d'accord ? Allez on inspire, expire ... C'est ça bien ! Bon alors j'imagine que maintenant il faut qu'à chaque pulsion vous poussiez.


Elle la dévisagea.

- Je suis pas médecin Khy ! Bon vous savez quoi ? Faites comme vous le sentez ! Concentrez vous sur la Chose !

Elle l'aida à s'allonger au pied du lit, poussant la malle qui gênait cet accouchement improvisé. Elle l'aida à se mettre dans une position adéquate pour accoucher, elle l'aida à préparer au mieux la venue de l'enfançon.
Khy
Dormir. Lorsqu'on passe ses journées à supporter les coups & les crampes, le sommeil devient inévitablement la seule solution au problème toujours irrésolu de soulager la souffrance. Alors oui, elle dort, s'y oblige, en journée uniquement.
Parce que quand vient la nuit, que les ombres sont de sortie, elles s'accompagnent des démons qui la hantent depuis le début de sa grossesse. Des visages, des cris, des rires & des murmures, toujours les mêmes, toujours identiques. Il y a Isabelle, sa mère, & la vague silhouette d'un père qu'elle ne connait pas. Il y a Nashia, Juliette, Alix, Ripouf... Il y a le paysage de Pettinengo, ses pièces douillettes, & puis l'air irrespirable des bordels d'Orléans. Il y a Grimoald, l'ami trahi, & puis Davia, la soeur qui n'a jamais trahi. Il y a une louve, une poupée de chiffon, un roux complètement fou & Batti. Une épée brisée, un poignard à la poignée crevassée, & l'odeur du pain chaud lorsqu'on a pas mangé. Et puis il est là, lui aussi, Hélios. Evidemment.

Alors quand, les yeux à demi clos, elle se force à s'endormir pour oublier de souffrir, & que tous ces souvenirs lui apparaissent encore, malgré le jour, malgré le sommeil qui ne vient pas, elle s'étonne, s'affole. Elle gémit, croit hurler mais ne parvient qu'à lâcher un cri trop faible pour être entendu. Elle ne sait plus trop bien qui, de la douleur ou de la peur, lui arrachent ces grognements sinistres.
Et elle s'en fiche.

- Nille... Par les saints... couillons du pape... T'étais OU ?!

Elle entamerait bien une danse de la joie, mais là, tout de suite, elle a comme les entrailles qui se barrent.
Oh, ça doit bien faire un moment qu'elle est dans cet état, mais son obsession du sommeil & ses douleurs constantes n'ont fait que retarder l'inévitable moment où elle se rendrait compte que le travail était bien entamé. L'arrivée de Nille ne survient que quelques fugaces secondes après les eaux, ces humeurs étranges annonçant l’innommable, alors évidemment, c'est une Khy en panique que la rouquine découvre, échevelée, translucide, suante... Effrayée.
Elle oublie de penser qu'il est étrange que celle qu'elle n'a fait que pousser à bout en vienne à la prendre par la main en lui déballant des conseils qui ne sont, de son point de vue, qu'à moitié nécessaires, & surtout, qu'à moitié intelligents.


- Bien sûr.. qu'il faut qu'je POUUUUSSE !!! Non mais t'es née où, tu crois qu'les gosses SOOOOOrtent en marchant tran... quill'ment ?
J'FAIS QU'CA POUSSER NOM DIDIOU !!!


La douleur n'aide pas à être aimable.
Et ça ne fait que commencer. Car elle sait bien, l'insolente, comment se passent les accouchements. Être élevée dans un bordel a le don d'informer bien vite sur la Chose, & elle sait bien qu'elle n'en est qu'au début. Qu'il lui faudra des heures, que la souffrance n'est encore rien.
Et qu'il faut faciliter... Autant que c'est possible.
Brutale, elle repousse la Nille, sortant du lit en chancelant, s'accrochant aux montants comme un capitaine à son navire.


- Il faut.. Il faut.. que je MAAA.. rche.. Trouve-moi du.. du poivre.. Faut qu'ça descende..
Et la matrone, elle accouche combiIIIiien d'vaches en même temps, là, j'ai b'soin d'elle moi ! Va m'la chercher !
ET UNE BOUTEILLE DE VIN !!!


Ce n'est sûrement pas recommandé, mais elle s'en fiche comme de ses propres linges.
Elle a besoin d'alcool, elle a besoin de se dire qu'il y a encore des chances de moins douiller.
Et alors que la rousse se fait tornade, l'immature, elle, esquisse quelques pas tremblants, sans lâcher le lit.


- Oh Hélios, mais qu'as-tu fait...

Bah on sait tous que c'est toujours la faute des hommes.
_________________
Nille
A peine couchée que déjà elle voulait se relever, Nille se retrouva par terre sans avoir demandé quoi que ce soit.
Du poivre, la matrone, de l'alcool !
Nille était redressée et prise de panique se mit à courir comme une folle.
Elle descendit l'escalier avec fracas faisant claquer ses petites chausses au bois décidément couinant de l'auberge.


- Matrooooooooooooone ?!

Elle vit la gérante, ça devait être elle la matrone. Elle ne se pressait pas dans son genre, alors elle se bougeait tranquillement la petite bassine et les serviettes dans ses bras gros et gras. Nille alla cherché la gnôle, le poivre et la matrone ? Non ! Elle devait déjà être là haut !

Nille couru de plus belle; tout le monde avait été attiré par le bruit que faisait Khy et les hurlements de la rouquine.
Elle posa la bouteille sur le lit et le poivre également, elle regardait Khy qui s'énervait graduellement, et dire que ce n'était que le début ...
Elle se jura de ne jamais tomber enceinte, c'était trop long, handicapant, et ça rendait aigrie.
Mais bon, il faudrait bien qu'un jour ça lui arrive, cette promesse est comme celle des petites filles, jamais tenues.


- Khy ... ça va ? Je peux t'aider ? Dis moi !

La matrone arrivée plutôt se bougea tranquillement, y'avait pas urgence d'après elle ! Khy avait perdu les eaux peu de temps avant et de plus c'était son premier.

Le calvaire s'annonçait long, très long.
Khy
Elle ne bouge pas quand la matrone qu'elle reconnaît comme l'épouse de l'aubergiste pointe le bout de son nez.
Ni quand Nille débarque enfin avec vin & poivre, saint Graal de toute femme enceinte, c'est bien connu.
Non, elle ne bouge pas, ne réagit pas, les paupières closes, les doigts crispées plantés dans le bois qui n'a rien demandé du lit dévasté. Le visage rouge, les lèvres pincées, les narines dilatées, bref, voyez l'horreur, elle essaye juste de se concentrer pour ne pas tomber dans les vapes à cause des contractions qui lui vrillent un peu trop les reins.
Mais quand la douleur fait mine de s'estomper, c'est une Khy rouge, non plus de douleur, mais bien de colère, qui se tourne vers ses deux assistantes du jour.
Tempête dans 3, 2, 1...


- NON MAIS VOUS VOUS FICHEZ D'MOI LAAA ???
Vous la grosse, pourriez pas vous remuer l'fabricateur d'crottin qui vous sert d'cul véreux ?
- Non mais m'dame moi j'suis juste matrone parce qu'la vraie l'est partie accoucher l'braillard d'la catin rousse d'l'aile sud-est du rempart sud, voyez... Mais z'inquiétez pas hein, j'ai d'jà accouché plus d'porcelets qu'vous en verrez jamais dans vot' vie s'vous survivez à ça !
- ...


La réplique cinglante est sensée franchir les lèvres vipérines de la brune, mais étrangement, rien ne sort.
C'est qu'elle vient de la clouer. La bouche en O, les yeux ahuris, elle hésite franchement entre lui vider les entrailles avec ses ongles ou bien la laisser faire son boulot.

[Quelques heures & hurlements plus tard]

Elle a marché, autant qu'elle le pouvait. A pris un bain pour se détendre. S'est enfoncé du poivre dans les narines pour éternuer & pousser la Chose à sortir tandis que l'accoucheuse des porcelets, elle, enfonçait sa main dans ses entrailles. S'est enfilé la bouteille de vin en quelques secondes, hurlant à la mort parce qu'on ne voulait pas lui en donner, encore. S'est fait reniflé l'haleine, pour qu'on lui assure un accouchement des plus faciles.
Sauf que l'engeance en question n'a pas encore décidé de la laisser tranquille.

Assise aux pieds du lit qu'elle a refusé pour la simple & bonne raison qu'elle n'avait pas l'intention que ce lit en question soit son lit de mort.. ou alors juste de Petite Mort... Bref. Assise par terre, donc, nageant dans une chaisne trempée de sueur qui ne ressemble plus à rien & qui laisse voir le bout d'un sein, entre autre, la jeune femme qui n'est plus qu'une gamine braillarde enfonce vaillamment ses ongles avec une force exacerbée par la souffrance dans la chair tendre du bras de Nille.

Les noeuds ont été défaits, les hommes sortis, le sel versé aux entrées, les poignards plantés autour des fenêtres, bref, on n'attend plus que le mioche.
Impatiemment. TRES impatiemment.


- FAITES-LE SORTIIIIIIIIIIIIIR !!!!!

La matrone, elle s'en fiche royalement visiblement, lasse d'attendre un marmot qui ne veut pas sortir. C'est sur qu'avec les porcelets, en général, c'est beaucoup plus rapide. Alors en attendant, elle lui prépare une énième décoction de matrice de lièvre & d'on ne sait trop quoi d'autre - infect -, & Khy, elle, pousse à en tourner de l'oeil.
Bah oui, pousse, qu'on arrête pas de lui dire. Alors elle pousse, elle. Et elle hurle, aussi.

- JE VAIS D'VENIR NOOOOONNE !!!
Donnez-moi du vin... par pitié.. donnez-moi du vin... Ou assommez-moi... Que j'me réveille pas...
CHOSE INFÂÂÂÂÂME ! Hélios... Hélios... Hélios... Si j'arrive à sortir c'truc je lui arrache les triiiiiiiiiiiiipes !
FAITES SORTIR CE MOOOOONSTRE !!!
Nille... S'tu m'tues j'triple ton salaire... J't'offre une boite de macarons...
L'TRES-HAUT EST UN SALAUUUUUUD !!!


Serait-ce une pointe de délire ?
_________________
Nille
La tuer ? Voilà qu'elle demandait à être tuée.
Techniquement Nille aurait pu, mais elle avait encore besoin de Khy.


- Courage Khy ! Bon sang c'est qu'un sale moment à passer ! Tu vas voir !

Nille était assise sur le lit, non loin de la Vipère.
La rouquine regardait la matrone pour savoir quand est-ce que le moment était venu, cette situation s'éternisa.

Puis au bout de nombreuses heures de hurlements, cris, jurons, la matrone bougea enfin.

Nille se leva, et vint prendre la main de Khy. Elle avait ramené la bassine d'eau qui avait refroidie et mis à porter les piles de linges propres.


- Khy ? Ca y est, l'enfant va bientôt arriver. Je sais que tu l'as entendu, réentendu et compris mais maintenant il va falloir pousser.

Elle mal au bras, mais elle souffrait bien moins qu'elle, alors elle ne faisait pas attention au sang qui coulait tranquillement de la plaie.
Facile à dire mais beaucoup plus à faire, Khy aurait du mal à avoir son gosse, et elle risque d'avoir besoin de repos après.

Enfin, que fait cet enfant ?
Khy
- S'vous arrêtiez d'braillez comme coq en rut j'pourrais p't'être m'concentrer un peu, c'est qu'ça d'mande d'la PATIENCE d'pondre un môme.
Bon, alors, vous arrêtez d'pousser deux minutes comme une acharnée & vous m'écoutez.


Elle a fermé les yeux, & elle souffle comme un chiot mécontent, décollant de ses lèvres une mèche de cheveux bruns trempée de sueur.
Mais elle écoute, oh, oui. Elle répliquerait bien grossièrement, mais elle n'en a plus vraiment la force, ni l'envie.
Et la main de la matrone fourrée dans ses chairs intimes ne l'aide pas vraiment à lâcher sans angoisse des insultes à tout va. Sait-on jamais ce qu'elle pourrait y faire, là-dedans.

- Vot' mioche, l'est tout bien positionné comme il faut, il d'mande plus qu'à... Alors quand j'vous l'dis, vous poussez comme une dinde, & quand j'vous l'dis pas, vous poussez pas. Capich' ?

Et les émeraudes angoissées de la brune se rouvre sur une matrone au grand front plissé, penchée entre ses cuisses.
Regard à la rouquine, regard lancé au ciel, un appel à témoin pour un appel à l'aide.
Aristote, help me.


- Allez-y... Poussez !

Et la gorge déjà brûlante de l'insolente s'enflamme sous la rage du hurlement qui en sort. Elle vient d'en décider, là, tout de suite, ce gosse ne la tuera pas. Et si Nille a encore l'envie de la tuer après ça, elle ne devra le faire qu'avec un bras en moins, vu la force avec laquelle l'engrossée plante ses ongles pourtant courts dans le bras déjà sanglant de sa comparse.
Oui, comparse, parce que y'a pas à dire, un accouchement, ça a le don de rapprocher, en général. Et qu'elle n'a pas l'audace encore de croire en une amitié qu'elle n'a octroyé qu'à deux personnes, & plus ou moins retiré à l'une d'elle. Sans compter que la personne en question n'est autre que le cousin de Nille...
Mais trêve de plaisanteries...


- ENCORE !

Elle y croit, avec une telle force que ça la surprend elle-même. Elle a le front trempé de sueur, les mèches brunes collées à son visage, les veines palpitantes, les mâchoires crispées, & les muscles bandés à se les déchirer. Mais il va sortir, elle n'a plus aucun doute, il lui suffirait de quelques secondes encore, quelques minuscules secondes d'effort intense, pour un repos bien mérité. Elle n'entend pas la matrone qui fond en larmes, ni les premiers cris de l'enfançon enfin libéré, elle ne sent pas que ses muscles se détende & que ses doigts décrispés lâchent enfin le bras de Nille, elle ne se sent pas sombrer dans l'inconscience.
En revanche, ce qu'elle sent bien, c'est la claque monumentale qu'elle se prend, & qui lui fait se mordre la langue.


- C'pas l'moment d'vous endormir ma bonne dame, y'a du r'pos mais y'a encore la s'condine à virer, alors z'allez m'faire le plaisir d'rester bien éveillée !
- Éloignez.. Éloignez cette petite de moi... Le plus... loin possible...

Elle garde les paupières closes, la tête dodelinante, l'esprit à moitié là, alors elle n'entend pas, non plus, la matrone qui rectifie sa phrase & assure, d'une voix forte que, "non, non, ma bonne dame, c't'un futur preux ch'valier qu'vous avez là, un peu p'tit, mais futur grand !". Et quand bien même entendrait-elle qu'elle n'y croirait pas, oh non, sûrement pas. Elle n'en est pas capable, elle, d'engendrer un garçon, sûrement pas, non, sûrement pas.
Elle se contente de murmurer à l'oreille de Nille, avant de s'évanouir à nouveau :


- Il... envoie les missives... D'une taverne de Touraine... En pleine capitale...

Voilà, tu es libre, je suis libre, nous sommes libres. Et ça ne fait que commencer.
On dira que toute cette histoire était un merveilleux hasard.

_________________
Nille
Un lieu. Capitale de la Touraine.
Nille se leva posa sa carte sur l'écritoire et visualisa. Tours ? Cela lui semblait étonnant, mais elle irait là bas.
Khy était déjà dans les vapes et elle aida la matrone à couper le cordon et à allonger la jeune mère.
Elle déchargea la matrone du nourrisson le temps d'aller chercher de quoi le vêtir. Cet être si fragile qui braillait de toutes ses tripes et qui avait usé une jeune femme pourtant vigoureuse en quelques heures, voilà l'Horreur qu'elle avait dans les bras.
Elle posa son doigt entre les frêles mains du bébé. Elle sourit puis quand la matrone eut ramener de quoi l'habiller et un berceau en bois très simple et rudimentaire, elle y posa l'enfant, écrivit une petite lettre à l'intention de Khy qu'elle trouverait sur l'écritoire.


Citation:
Chère Khy,

Cette semaine avec toi a été des plus dures, mais je vais pas te déranger plus longtemps avec ton fils.
J'espère que tu trouveras un nom adapté pour lui.
Je pars donc pour la capitale de Touraine, Tours, dès que possible.
J'espère que tu t'amuseras ici.
Je ne m'amuserai que quand je l'aurai retrouvé.

Au revoir, Adèle Blanche Lefebvre.

PS : J'ai laissé pour toi à la boulangerie de quoi te remettre de l'accouchement, quelques petites pâtisseries, demande les à la boulangère.


Ainsi, Nille pris ses affaires, et parti. Elle n'avait plus rien à faire ici.
Khy
[A trois jours près]

- Combien de jours ?
- Trois, m'dame. Voulez voir vot' marmot ?
- Non. Un homme est venu ?
- Euh... Non.. Mais z'être sûre que vou...
- Non. Fichez-moi la paix. SORTEZ !


Elle peut bien se le permettre, elle la paye assez pour ça.
Les émeraudes ternes fixent sans la voir la silhouette rondelette qui fait claquer la porte & qui grommelle déjà à son époux, sans doute :


- 'reus'ment qu'elle paye autant, s'non j'l'aurais d'jà viré... Mais va falloir faire que'que chose, va pas rester là éternell'ment... Et l'môme, t'en fais quoi, mhm ? J'en ai d'jà huit à faire bouffer, l'neuvième l'est en trop, j'te l'dis moi !

Un bruissement de draps, & le corps malmené se recouvre & s'enroule dans les tissus froissés.
Elle ne l'aime pas, non. C'est ce qu'elle se répète, inlassablement, alors qu'elle imagine ce visage qu'elle n'a même pas daigné regarder. Il est Chose, il est fantôme, & qu'il le reste enfin, parce que ne pas y croire, c'est oublier tout ce qu'il implique.
Si l'enfant n'est pas né, l'enfant n'existe pas, ne vit pas, il n'est pas, & toutes ces simagrées cesseront enfin de la faire culpabiliser d'être une mauvaise mère.

Les doigts s'enfoncent dans la faiblesse du matelas, le visage se fond dans la masse de coussins qui recouvrent le lit.
Soupir. Elle est mauvaise mère, oui, avant même de l'avoir serré contre son sein, de l'avoir touché, de l'avoir vu seulement. Parce qu'elle n'a pas ressenti la moindre affection naissante aux premiers cris du nouveau-né, parce qu'elle s'est contentée de s'évanouir & de l'oublier, lui, cette chose infâme qui, des heures durant, lui a arraché plus de hurlements qu'elle n'aurait pu en produire en toute une vie.

Tout ça par Sa faute, à Lui. Car nul doute, elle n'en serait pas là, sans Lui, aujourd'hui. Elle vivrait sûrement auprès de Nashia & Juliette, à compter les pâquerettes & à se plier en de futiles révérences, au lieu de courir les villes, de courir les dangers, de lui courir après.

Le lit craque & le corps se redresse, s'empêtrant un peu dans une chaisne désormais trop grande pour un ventre déserté par l'engeance. L'écritoire est rejoint, la rédaction, courte. Le visage est impassible, certes, mais la main tremble de la colère qui la ronge.
Il n'est pas là. C'est un constat guère compliqué à établir.
Une fois de plus, Il n'est pas là.


Citation:
Traître,
Tu es père, & tu as trois jours de retard.
Tes catins attendront ta prochaine fugue.


Elle ne signe pas, ose espérer qu'il n'a pas d'autres rejetons en route, & s'empresse de confier le pli à l'aubergiste. Avec ordre de ne pas revenir sans l'avoir retrouvé.
Et elle retournera se glisser sous les draps, lasse, incapable d'accepter l'idée d'être Mère.

_________________
Helios_
[A quelques encablures de là, chez l’Hélios]


- C’est beau chez … toi…
- Je ne te paye pas pour parler. Déshabille-toi et allonge-toi sur le lit.
- …

Le ton était sec, cinglant, comme toujours. La petite la regarda d’un air craintif et s’exécuta lentement. Un léger tremblement trahissait ses mouvements. Elle n’était pas rassurée. Mais pouvait-elle l’être ? L’Hélios était tout sauf un modèle de vertu et de tolérance. Il passait ses journées à boire, fumer, forniquer, insulter, jurer. Ce mode de vie que certains moralisateurs et dogmatiques s’amusaient de qualifier de pitoyable, était sa jouissance à lui ; repoussant chaque jour un peu plus les lisières de de ce monde borné, coincé, déprimé. Jouant avec le feu et avec les Dieux. Et le pire était que dans cette insulte perpétuelle au genre humain, l’Hélios était un homme heureux. Il violait, touchait, tuait, sans limite aucune. Sa vie était; à n’en pas douter, l‘apologie du crime, de la liberté du corps comme des esprits, de la cruauté luxueuse ; un éternel cantique de blasphèmes. C’est dans la folie, celle que les hommes ne comprennent pas, parce qu’elle est trop lointaine, trop étrangère, c’est dans le désordre et l’anarchie, que l’Hélios trouvait son salut.

Aussi le schéma de la soirée était-il tout tracé. Il la prendrait, l’obligeant à s’ouvrir et se donner. Il la forcerait, se délectant de ses cris et de sa souffrance. L’Hélios n’était pas homme à se préserver. Il prenait et donnait sans compter. Il croquait et suçait la Pomme, jusqu’à s’inonder le palais de son jus, jusqu’à atteindre son cœur pour y répandre l’étendue de son pouvoir et de son excitation. Mais pour l’instant, la nonchalance avec laquelle elle retirait ses vêtements l’insupportait. Elle pensait sans doute qu’en prenant son temps, l’envie lui passerait. Mais le résultat était inverse, et plus elle le faisait patienter, plus la faim le rongeait.

Animal, il se jeta sur son corps maigre. Mais fut stoppé dans son élan par un grattement de porte. Ce genre de grattement insignifiant qu’il abhorrait. Il le conspua tout d’abord, arrachant les vêtements de la petite. Elle pleurait. Il défit ceinture. Mais le grattement persistait, devenant insupportable. Excédé, il quitta son œuvre et ouvrit la porte en trombe.


- Qu’est-ce que c’est !!?
- Une lettre, Monsieur Hélios.
- Fous-toi la, là où je pense, ta lettre.
- C’est important.
- Rien à foutre.

Il referma la porte d’un claquement. Mais le gamin était un têtu, et bientôt, la lettre glissa sous la porte. L’Hélios maugréa et se pencha malgré tout pour la ramasser. Il allait la lui la faire bouffer, sa lettre. Mais le petit avait détalé. Contenant difficilement sa rage, il retourna dans la pièce principale, en décrochant le cachet. La petite allait morfler, c’était certain. La lettre était composée pour tout et pour tout de trois lignes, écrites en pattes de mouche. Il lut.

Citation:
Traître,
Tu es père, & tu as trois jours de retard.
Tes catins attendront ta prochaine fugue.


La petite était là, le regardant avec de grands yeux hagards, persuadée que son heure était venue.

- Monsieur Hélios ?
- Je suis père.

Elle se crut sauvée. Elle allait pouvoir enfin se débarrasser de ce pervers et de sa folie sanguinaire. Sans attendre, elle sauta sur ses pieds et chercha ses vêtements. L’Hélios était toujours plongé dans cette lettre, relisant inlassablement ces quelques lignes. C’est toute sa vie qui défilait devant lui. Père. Puis il releva la tête, et scruta la gamine qui se rhabillait, détaillant avidement ses chairs et sa peau d‘albâtre. Ses cuisses. Ses seins. Son ventre.
Il déchira la lettre, comme une évidence.


- Ecarte les cuisses.
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