Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP] Les aléas - aller à... - d'une brebiesque

Gypsi
Ecrire, alléger sa tête du poids des questions...

Les envies vous prennent et vous commandent bien plus que la raison. Souvent. Très souvent. Trop souvent. Et la gitane agissait très souvent sur des coups de tête, plus lié à des envies soudaines ou la non réalisation de vieilles envies plutôt que sur la raison. Dans ses amours surtout. Enfin "amour" le mot était fort. Conquête serait plus juste. Aventure plus approprié. Et encore. Elle aimait charmer, et se débrouillait plutôt bien. Sauf que depuis un certain temps, un barbu occupait ses pensées. Elle devenait intransigeante. Reprochant trop de choses à trop de monde. Elle était irrascible et irritante. En un mot chiante, glissant vers l'insupportable vraiment insupportable. Pas l'insupportable qui fait rire. Non, l'insupportable qui fait mal.

Elle avait hérité d'un mince carnet de parchemins reliés entre eux par elle ne savait quel miracle. Un cadeau. D'un inconnu qui n'avait su résister à son charme. Sauf que pour une fois, elle, elle avait résisté. Disons que cela faisait longtemps qu'elle ne craquait plus. Après plusieurs jours où le carnet était laissé vide et vierge au fond de sa besace, elle décida de le remplir. Peut-être qu'en lui posant ses questions, elle trouverait plus facilement des réponses. Douce utopie, quand tu nous tiens ! Elle s'installa et commença à écrire... Chaque jour elle écrivait un mince passage. En fin de semaine, elle relisait les péripéties de la semaine...


Angoulême, 1er juin,
Ville déserte. On se fend la poire ici. Faire la connaissance avec un membre du groupe. Sango. Et la question de la semaine à retenir : "vous pensez qu'un type comme moi a des chances avec une femme comme vous ?" A voir. Sango qui touche profondément le coeur de l'édentée. C'est bien pratique parfois d'avoir de quoi payé des tournées ! Les habitants ?! A part nous rabacher les oreilles que la ville s'endort - moi j'aurais plutôt dit qu'elle dort profondément depuis bien longtemps - et qu'ils essaient de tout faire, mais alors TOUT, pour qu'elle soit animée, parce que vous comprenez, une ville pas animée, ça n'attire pas les voyageurs, ça les incite pas à rester... Ah bon ?! quelle perspicacité !
Angoulême, ville du dilemme ! On part avant d'arriver ou on leur laisse un chance en restant jusqu'au soir quand même ?!
La phrase de la semaine sera trouvé là-bas par l'édentée poulainique, d'humour très philosophique, après quelques pintes dans le nez : "Les poulaines sont les mouffles du pied." Il fallait bien la noter quelque part pour ne pas l'oublier...

Périgueux, 2juin,
Une gamine hystérique. Une ville pire que la précédente. Oui, ça existe. Quel beau voyage...
Pourquoi les hommes paraissent tous fades quand avant je leur trouvais toujours quelque chose d'intéressant ? Pourquoi chaque barbu me fais penser à toi, et pourquoi, chaque imberbe me fait penser à toi en trouvant qu'il leur manque quelque chose ? Pourquoi je pense tant à toi ? Pourquoi j'apprend que tu n'as pas bougé de Montauban ? Pourquoi tu me manques ? Pourquoi ça m'énerve ? Pourquoi ça m'effraie ? Depuis trop longtemps... Pourquoi je n'écoute pas les conseils d'Alida... ?!

Sarlat, 3 juin,
Soirée mouvementée. Grande décision. Est-ce qu'elle est vraiment grande ? Une brune qui dessine et joue de la musique, désabusé par le genre humain, un peu sarcastique. Invitation. Dispute avec la Reyne. Rencontre d'un blond et d'un flasque. Un peu d'humour dans ce monde de... nouilles. Un départ le soir même, pour les deux rares personnes intéressantes, qui n'intègrent pas le groupe depuis... plusieurs semaines. Que c'est long ! Peut-être des retrouvailles plus loin... Un petit espoir. Planification d'un éventuel viol de brune... Départ imminent, avec l'arrivée du berger. Enfin ! Il m'avait manqué cet idiot là !

Sarlat 4 juin,
Il me manque un peu, beaucoup, passionnément, à la folie... pourquoi y'a plus d'pétales ! il en faut encore une ! du coup j'ai cassé le coeur, ça terminait sur "pas du tout". Magnifique. C'était ça qu'il me fallait... l'important maintenant, c'est simplement d'y croire.

_________________
Gypsi
Tant que les mouches feront souffrir l'âne, la vie restera un jeu de chicanes.Adolphe Matthis

Aléas... La vie la surprendrait toujours. D'hommes, sincèrement elle n'en avait aimé que deux. Le père de ses enfants, ses étoiles. Et le barbu dieu grec. Et quand elle n'espérait que lui, quand elle n'attendait que lui, le silence apparaissait. Insupportable. Elle se murait derrière un sourire de façade. Faisant croire comme elle pouvait qu'elle avait tourné la page. Quand en réalité, elle guettait la fenêtre pour voir se poser un pigeon. LE pigeon. Son pigeon. Pour une missive. Qu'importe son contenu. Un signe, une présence, quelque chose... Mais rien. Rien de rien. A croire qu'il avait disparu radicalement de la surface du royaume.

Cahors, 5 juin.
Pas de nouvelles. Je voulais tourner la page, mais tu m'obsèdes... Pourquoi toi plus qu'un autre ? Une blonde m'explique la différence entre un amour tiède, et la passion brûlante... La passion brûlante n'est qu'un leurre. Elle fait mal. Regarde moi. J'en suis la preuve vivante. Elle fait mal, tellement mal, sans faire le moindre bien. Un blond avec nous. Montauban s'effacera lentement sur le chemin derrière nous... Que je puisse regarder vers l'avant, sans me retourner sans cesse...

Cahors, 6 juin
Au fond je sais, comme elle sait, la Reyne, qu'au moindre signe de vie, à la moindre lettre sur une missive, je filerais vers toi. Aussi vite que mes jambes le permettent. Il faut croire que j'aime souffrir. Il faut croire que j'aime t'aimer.
Il est plus facile de s'occuper des histoires de coeur des autres, que de s'occuper des siennes...

Cahors, 7 juin
Les dommages colatéraux. C'est beau l'armée, c'est beau la sécurité. C'est les excuses pas crédible. C'est beau la connerie à ce point là. Mes respects les plus sincèrement ironiques et méprisants qui soient.

Cahors, 8 juin
Rencontre du maire.
Phrase poulainique de la semaine :
- Grayne : Alors... Les Poulaines... Sont l'extension de l'âme, en forme de pied....
- Gypsi : palmé l'pied ?
- Grayne : Ah non, éffilé, pour mieux se profiler vers les cieux ! question d'aérodynamisme !

A noter la faute de goût du maire qui préfère les bottes. Et l'enseignement très important du soir, qu'il nous promulguera gratuitement : Selon Koyote l'expression comme c'est mignon est une déformation de la langue d'oc : "comme c'est moignon".

On terminera cette soirée par LA phrase de la semaine, dites par Grayne la magnifique : "Faut distiller le plaisir."

Cahors, 9 juin
Un berger et une Reyne qui se retrouve. Tellement heureuse pour eux. Contente de le revoir. Et pourtant... Quand je les vois se retrouver, quand je les vois si proche... je pense à toi... toi que je devrais oublier... et j'ai mal... si tu savais comme j'ai mal...


Quand la vie vous joue des tours... Elle ne voulait que s'éloigner de Montauban le plus possible. Pour tenter de l'oublier. Pour tout oublier. Montauban, ville maudite à ses yeux. Et voilà qu'elle verrait toujours l'image de cette ville pendant sa guérison... Fermer les yeux, et tenter d'avancer.

_________________
Gypsi
Il y a des jours avec et des mois sans.*

Des jours avec... cela fait longtemps que je l'attend. Ce jour avec toi. Des mois sans toi... Et c'est dur, mais tu ne le sais pas. J'ai appris tellement chose avec toi, et sans toi... Mais tant de choses grâce à toi. Ta présence et tes mots m'ont appris à prendre des décisions, sans hésiter trop longtemps dessus. Tu as secoué l'arbre pour faire tomber les fruits pourris. J'aurai vraiment changé pour toi. J'aurai vraiment changé si tu avais continué d'être à mes côtés. Au fond je ne sais même pas pourquoi je t'aime tant. Tu n'es pas le type d'homme pour qui j'aurai craqué pourtant. Tu ne ressemble en rien à ceux avec qui j'ai pu être. Tu étais... différents. En tellement moins bien. Moins beau, avec tes poils sur le visage. Moins raffiné avec ta perversité à toute épreuve. Moins fins, moins forts. Tu étais tellement moins bien, et pourtant je t'aime tellement plus. Tu étais parfois brutale, mais tu étais tellement tendre. Tellement plus que les autres. Tu étais tellement plus patient. Tu étais tellement plus doué verbalement. Tu étais tellement toi... Barbu, jouteur verbal, chieur professionnel, présent, tendre, bête comme tes pieds et en même tant si intelligent qu'on se sentait stupide face à toi.

J'ai compris beaucoup de choses...
Toutes mes déclarations d'amour arrivent soit trop tôt soit trop tard. Parce que je ne dis je t'aime que pour séduire ou rassurer. *
Seulement, je pensais qu'avec toi, ça serait différent... Apparemment c'est trop tard, une fois encore... Peut-être que cette fois, c'était moi qui avait besoin d'être rassurée. Au fond ce que j'aimais chez toi, c'est que tu sois différent de tous ceux que j'avais connu jusque là. Différent de tous ceux que je connaîtrais. Au fond, j'aime ton côté unique. J'aime le fait que contrairement aux autres, tu ne me cours pas après. C'est moi qui cours pour une fois... Je ne cours même plus, je vole... Mais je suis trop haut, je me brûle les ailes, et je me casse la gueule. J'ai constaté, très nettement que je n'aimais pas vraiment, avant... Parce que je n'avais pas peur. Oui, l'amour et la peur sont liés. Peur de l'ennui, peur de perdre l'autre, peur d'avoir mal, peur de finir seule et abandonnée, peur d'être prisonnier... Je n'avais pas peur. Avec toi j'ai peur. Et je déteste ça. J'ai peur, alors que cette peur est inutile. Puisque tu n'es pas là. Puisque je ne sais pas ce que tu deviens. Puisque je dois tourner la page.

Je dois tourner la page, pourtant la peur me reste au ventre. Tu me manques. J'espère toujours. Chaque jour, je guette le ciel, j'attend devant la fenêtre qu'une missive de toi vienne s'ouvrir entre mes mains. J'écoute pensive en espérant entendre le son de tes pas franchissant la porte de la taverne. J'attends... vainement. Je sais que tu ne viendras pas. Je sais que tu ne reviendras. Et pourtant. L'amour m'a toujours rendue stupide. Rêveuse. Infantile. Naïve. Alors, savoir, ou ne pas savoir... au fond ça ne changera rien. Alors je vais tourner la page. A ma façon. Vie dépravée le restera.

J'ai appris bien des choses ces derniers temps. Puisqu'une étiquette reste à jamais collée et sur le front et sur le dos, autant la garder en l'assumant. Autant l'avoir pour de bonnes raisons. Puisque je suis mangeuse d'homme, puisque je suis brigande selon vous, soit. Je le serais. Je vous montrerais ce qu'est réellement une telle femme. Qu'importe puisque vous pensez déjà tous cela de moi. Ceux qui me connaissent sauront. Les autres, je m'en fiche. Au pire, ça m'aidera à oublier. Boire. Boire encore. Séduire. Charmer. Embrasser. Pour oublier. Pour t'oublier. Je ne trouve pas mieux. Je ne trouve pas pire. La vie est un jeu, et je vais jouer. Me servir de mes atouts, pour tous vous mettre au tapis. Je me vengerais de tout ceux qui m'ont fait ou qui m'ont voulu du mal. Je plierai les faibles, casserai les forts. Ce qui coulera dans mes veines sera un mélange de liberté, de fureur, et d'alcool. Un mélange de vie. MA vie.

Je vais encore sortir ce soir, boire seul, mater, mentir, rêver, embrasser, peloter, jouir peut-être, regretter sûrement...*


* Frédéric Beigbeder, L'égoïste romantique

_________________
Gypsi
J'ai pas demandé qu'on nous sépare,
J'ai pas cru à ton départ.
Vanupié, Ma belle

J'en suis à un point étrange. Les autres m'énervent. L'homme est perpétuellement insatisfait. J'en suis à un point de non retour. Je ne crois plus en la nature humaine. Je ne crois plus en l'homme. En sa bonté. En sa gentillesse. J'en suis à un point où je ne crois plus en rien. A part moi. Et encore.

Quand je repense à tout ça, je me dit que j'ai râté tellement de chose... Je t'ai râté toi... Et j'ai râté bien des choses à côté... Je ne regrette pas mon comportement... Pas complétement... J'aurais simplement dû t'empêcher de partir... J'aurais dû te retenir... Te dire que j'avais besoin de toi, que je t'aimais toi, et pas un autre... Quitte à te mentir un peu... Parce qu'à ce moment là je n'étais pas prête à te dire tous ces mots. Rubein... Tu resteras mon plus bel espoir... L'espoir d'un espoir. L'espoir d'un bonheur. L'espoir d'un amour. Tu resteras mon plus beau mirage. La plus belle image que je ne verrais plus... Tu resteras le seule homme qui a su réellement me faire oublier le père de mes enfants... Le seul avec qui j'ai pû envisager la possibilité de recommencer... Sans jouer. Parce que tu peux croire ce que tu veux Rubein, malgré mes gestes, malgré mes actes, je ne jouais pas. Pas avec toi... C'est avec les autres que je jouais... Tu me manques, et j'ai l'impression de voir ce dont tu me parlais. Les gens perdent d'intérêt. Plus rien n'a d"importance. Je n'ai plus envie d'aller en taverne pour discuter. J'ai envie de rester seule, dans mon coin. Voyager de noeuds en noeuds, pour ne voir personne. Ce que tu faisais... entre nos missives... avant qu'elles ne m'arrivent plus...

Sulf m'a dit que je jouais trop... Trop avec les sentiments des gens. Mais je crois que je joue bien moins que certains. Il suffit de voir ce qui se passe dans la ville où je me trouve. Tout le monde court après tout le monde et personne ne se trouve... Ils sont bêtes... S'ils savaient ce que la vie réserve... ils n'hésiteraient pas autant... ils fonceraient... Si c'était à refaire Rubein... si c'était à refaire, je voudrais que tu m'enlèves... Qu'après Toulouse nous disparaissions tous les deux... Un rêve à la noix... C'est bête, tu seras le seul homme que j'aurais aimé dans ma courte vie, et le seul à qui je n'aurais pas offert mon corps... Il aurait peut-être mieux vallut pour toi que je ne t'aime pas tant...

Le seul qui parvienne encore à me faire rire, et à garder ma bonne humeur est Exa... J'ai hâte qu'il vienne, et d'un autre côté... Tout a toujours été si ambiguë entre nous... Entre désir et amitié, séduction et interdit, éloignement et envie... Je n'ai pas la tête à ça... Mais j'ai besoin de me confier... Et peut-être qu'il n'y a qu'à lui que j'arriverais à le faire...

Je vais mal Rubein tu sais... J'ai l'impression de revivre une disparition passée qui fait tellement mal... Je me sens seule, malgré la présence de Sulf... Parce qu'elle est là, je le sais, mais... Je me renferme, je m'énerve vite... Et il n'y a que Sulf et Thomus pour voir que je vais mal... les plus importants à mes yeux, certes. Mais je ne sais pas... j'espérait autre chose... va savoir quoi. J'ai envie de retaper dans le sac de sable jusqu'à m'exploser les mains, et finir en pleurs... Mais cette fois, tu ne seras pas là pour me prendre dans tes bras et me soigner, pour m'engueuler gentillement en m'embrassant... J'ai des souvenirs pleins la tête. Je les aime, ils sont beaux... Mais ils font mal. J'aimerais les oublier un moment, le temps de faire le point, d'esssayer de passer à autre chose, de trouver quelque chose qui me retienne...

J'ai envie de tout envoyer ballader... J'ai envie de m'isoler. De partir de cette ville maudite, qui me rappelle ta présence... J'ai envie de partir, seule, de disparaître un temps... Parce que je n'aime pas la pitié. Ni lire l'inquiétude dans les yeux de ma reyne. Parce que j'ai envie d"être seule. Le pire c'est que je suis obligée de rester dans ce coin pourri... coincée. Entre mes démons, mes angoisses, mes envies, et mes regrets...
Gypsi
J'étais enfermé dans le présent, comme les héros, comme les ivrognes ; momentanément éclipsé, mon passé ne projetait plus devant moi cette ombre de lui-même que nous appelons notre avenir.Proust

    Que faut-il faire quand tout va de travers ? Je suis mon propre maître. Je n'ai jamais cru au destin. Le hasard est une facilité de dédouanement. Ou une fierté orgueilleuse. Quand au Très-Haut. Jacques pouvait bien penser que tout était écrit là-haut, il n'avait jamais réussi à m'en convaincre. La seule chose en laquelle je crois, c'est le pouvoir du vent. Apaisant, et doux, comme fort et violent, brutal et destructeur. Je suis sur une chariotte qui suit sa route, sans que je la guide pourtant. J'ai choisi la route, mais la chariotte avance sans mes mains sur les commandes. Elle va, toujours tout droit.

    Je suffoque. Je me sens enfermée. Enfermée dans mon présent terriblement ennuyeux. Enfermée dans un passé qui cours plus vite que moi. Une ville. Un arrêt trop long. Une guérison qui n'en termine pas, qui n'avance pas d'un poil. Ma jambe... retrouverais-je un jour toute ma mobilité, ou vais-je boiter durant le reste de ma vie ? J'enrage. Contre cette ville, contre les autres et contre moi. On vient pour me voir, mais tout part en vrille. Remarque, c'est assez esthétique comme figure artistique, les vrilles. Entre Clément et les prises de tête sulfureux et les menaces, les disputes qui veulent parfois en venir aux mains... toi qui n'était pas violent, et qui préférait le pouvoir des mots à la connerie du poing... tu ne serais pas dans ton élément. Je n'y suis pas non plus. Personne ne comprend que je supporte mal de voir des amis se déchirer. Entre le retour d'Exa qui jalouse Robin. Entre le blond refoulé tellement hypocrite qu'il revient vers moi maintenant que ses séductions ne fonctionnent plus. Entre le rouquin qui déprime parce qu'il est seul...


Rien ne va plus, les dés sont jettés. Je me sens conne d'écrire un carnet où je te parle. Je m'adresse à toi, sans savoir pourquoi... Peut-être parce que tu avais toujours su me conseiller. Peut-être parce que... tu me manques toujours et que j'ai besoin de te parler utopiquement...
Je sais que cette histoire d'amour râtée est la seule chose que je ne regreterai jamais.*
C'est bête à dire. J'en pleurerais... de rire, si j'arrivais encore à pleurer. On s'est connu. On s'est aimé. Quelques baisers volés. Tout vole en éclat avec le retour de mon agneau. Puis toi. Parce qu'il n'y a que toi qui valait la peine. Retrouvaille, le choix étant fait. Moment de tendresse. Pas d'effusion. Et de suite, la rupture, la crise, ton départ sous mes mots. Tellement sévères. La seule histoire d'amour que je ne regreterai pas... Tu sais pourquoi ? Parce que je garde tant de beaux souvenirs de nous en mémoire, parce qu'on était beau... on n'allait pas ensemble, je détestais ta famille, t'aimais pas mes amis, mais qu'est-ce qu'on a pû rire. Ta douceur me manque. J'avais jamais connu d'homme comme toi. Qui joue le grand gaillard que rien ne peut ébranler, mais qui est si doux et tendre. J'connais pas grand chose de toi en fait. Berdol Rubein, pauvre idiot ! oui tu m'apprenais des tas de choses, mais c'était pas la peine de me donner cette leçon là !
J'étais bien moi. Je savais plus aimer. Histoire de cul, coeur aux oubliettes. Longue ou non. Pas d'attachement, jamais. Comment t'as fait ? Je te déteste. Mes pensées tournent en boucle...


    Tu sais, Exa est revenue pour moi. Il m'aime, il me la dit. Il m'a même embrassé. Enfin... effleurer mes lèvres serait un terme plus approprié. ça faisait longtemps. Lui et moi... c'est si vieux... Je l'avais quitté, j'étais bafouée, piétinée, déçue, triste et en colère. Mais il y a toujours eu un lien fort entre nous. Si j'ai souvent pensé qu'il reviendrait, il l'a fait plusieurs fois, mais jamais au bon moment. Et ce n'est encore pas le bon. Je ne suis pas prête à tourner ta page. Je l'aime bien cette page. Il faut croire que j'aime souffrir. Enfermé dans un présent passif ou dans un passé trop présent. L'avenir n'a rien d'attrayant. Je ne distingue pas son chatoiement lumineux, son attrait irrésistible... Je n'arrive pas à penser à l'avenir comme certain. L'autre jour, ça parlait mariage, enfant. L'autre jour, ils avaient tous des projets pleins la tête. Moi, quand on me demande ce que je ferais quand je serais guérit, où j'irais, je réponds "je ne sais pas". Et le pire, c'est que c'est vrai, je ne sais pas. Je suis sincère pour une fois.

    Tout m'agace et je vois le mal partout en ce moment. La mangeuse d'homme is back. Il paraît. Tout le monde me voit comme ça. Parce que je suis souvent seule avec un homme en taverne. Sauf que j'interdis à personne d'entrer. Et que, depuis fan, j'ai pas retouché le corps d'un homme. Paraît que Fan va mal. C'est Joran qui m'a dit ça l'autre jour... Paraît qu'il a eu deux trop grandes blessures au coeur. Moi, j'ai toujours cru qu'il ne m'aimait pas. Et je le crois toujours je crois. Il ne me montrait pas grand chose. J'entendais de très beaux mots gitans... Mais... Je ne voyais rien, je ne sentais rien. J'entendais des mots oui... Rien que des mots. J'étais l'amour de rattrapage. Celui qui permet d'oublier le premier, le grand amour. J'étais... un corps. Enfin j'en avais l'impression, mais Fan est tellement étrange parfois...
    C'est ça qui avait fait la différence avec toi sans doute. Avec toi je me sentais d'abord femme, coeur et esprit, avant d'être corps.


Je me sens bien avec le penseur. J'aimerai l'aider, tout comme il veut m'aider. Les rumeurs disent que nous sommes en couple. Il en rit en me disant : "c'est vrai qu'être avec un vieux grincheux, c'est pas flatteur pour vous". Il me fait rire. Surtout qu'il n'est nu vieux ni grincheux. Je repense à Pers' en le voyant avec son capuchon. Et je me dit que les encapuchonnés sont mes maîtres à penser. Ils savent percer en moi ce que certains qui me connaissent depuis bien longtemps n'ont jamais perçu. Ils savent me donner des conseils implicite. Ils savent me mettre en confiance. Je ne sais pas pourquoi, parler avec lui m'apaise. Mais on le jalouse. Et ça m'agace. Peut-être qu'à parler avec lui, je deviens plus calme aussi. Plus pensive. Moins impulsive. Mais moi, ça ne me déplaît pas tant. C'est chiant d'être réfléchi, mais c'est parfois pas mal non plus. Mes décisions restent rapidement prises malgré tout.

A trop être entouré, parfois, on se sent enfermé...


* Frederic Beigbeder, L'égoïste romantique

_________________
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)