Mai
Château de Cucé, après dîner...
Jmennuie comme un rat moôôôôoort, Maurice
Marie en était là du triste constat de sa vie. La Bretagne, morne pays, allait devenir son tombeau si elle ne réagissait pas rapidement. Revenue en Breizh il y a quelques jours, la Marquise tournait en rond dans ses appartements de Cucé. Ce nétait pourtant pas faute davoir quémandé quelques bons soins auprès de ses amis mais le résultat avait toujours été le même. Occupé. Zina courrait après le Marquis de Dol. Ascelin menait brillement sa carrière politique. Ses enfants étaient ailleurs. Ses suzerains annexaient Saint-Brieuc. Et son divin «Mamour» jouait au Duc dAnjou. En résumé, personne nétaient vraiment disponible pour accorder un peu de son temps à lEsseulée, si ce nétait Maurice. Un félin que la Marquise avait dû adopter de force tellement la bestiole sétait faite indélogeable lors de son installation au château. Roulé en boule sur ses genoux, le matou ronronnait paisiblement au rythme des caresses distraites de sa maîtresse. Les yeux dans le vague, la mise au point se fit sur une carte ou lesquisse assurée racontait Bretagne et Anjou. Et cette maudite frontière qui la séparait de Lui. Il nen fallu pas plus pour quune idée saugrenue fasse son apparition dans la caboche de la blondine Elle allait annexer lAnjou !
Pardonnez là, être blonde et désuvré, ça na jamais été très productif. Mais quimporte. Une heure plus tard, à la nuit tombée, Maï grimpait dans le coche, fière davoir trouvé une occupation qui ferait très certainement la fierté de ses suzerains et lui permettrait de revoir son blond, qui avouons-le, lui manquait terriblement. Emmitouflée dans sa douillette fourrure, la Kem avait contemplé dun regard bovin le paysage, en imaginant des plans machiavélique pour faire siennes les terres dAnjou. Cest que pour corser la chose, elle était seule et ne savait guère se servir dune épée. On avait déjà vu assaut mieux organisé Mais elle y arriverait ! Cest du moins sur cette prometteuse idée que Morphée vint réclamer son du quotidien. Le sommeil était rare ce derniers temps... Rare mais lourd et lHermine devenait marmotte. Si bien que le roulis de lembarcation et le trot des chevaux étaient plus berceuse régulière que vacarme assourdissant aux esgourdes de la délicate qui sombra sans peine jusquau lendemain.
Laube prometteuse recouvrait encore de son voile landégave paysage lorsque la Marquise émergea des limbes du sommeil. Cheveux en bataille, bouche pâteuse, ventre creux, la blonde posa un regard sur la vallée ligérienne ou se dressait fièrement le - presque sien - château dAngers. Lesprit sattarda sur la douce pensée dun blond Penthièvre. Pensait-il à elle parfois ? Elle nen savait rien, et ne sattarda pas sur ce questionnement qui langoissait. En bon soldat quelle nétait pas, Blondie prit le temps de se faire belle pour mener lassaut. Elle était encore assez éprise de Kirke pour ne pas se présenter à lui avec une tête à faire peur et des vêtures de secondes qualités. Cest donc une réunion stratégique qui sengagea avec sa garde-robe pour préparer lattaque au mieux. De la dentelle, dabord. Pour charmer de langevin cest encore le plus efficace. Du bleu et de lor, aussi. Couleur dun certain guet divin que le Penthièvre affectionnait particulièrement. Pour la robe comme la pierraille. Ca le flattera. Pour la coiffure Au bout dune raisonnable demi-heure, la Kermorial sortit enfin du coche avec une allure soignée et fit désarçonner lun des gardes qui laccompagnait pour lui piquer son cheval. Une sorte de monstre à la robe noire qui filerait très certainement une trouille bleu aux cerbères du château angevins. Au pire sils navaient pas peur elle avait prévu un décolleté. Atout infaillible.
Cest donc tout en froufrou, et fièrement dressée sur son sombre destrier que la Marquise savança épée aux cotés vers le pont levis de ce qui allait certainement devenir son chez elle. On y croit !
Garde !! Va prévenir ton duc que la Duchesse Consort dAnjou
Bon elle létait pas vraiment mais fallait bien se donner un semblant de crédibilité.
vient semparer par la force du château pour le rattacher à la Bretagne.
Et que jai faim !!! Grouille !
Ça creuse de mener une guerre, moi jvous le dit. Juchée sur son quadrupède, Marie attends donc patiemment quon lui ouvre. Cest que les bains de sang, les attaques, la violence, elle jugeait ça un brin ringard pour semparer du bien dautrui.
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