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[RP]Quand les lettres s'assemblent

Alandrisse
Le besoin maladif d’apporter son aide, un jour cet envie lui couterait plus qu’elle ne peut offrir. Elle le ressentait aussi surement que le soleil se lève chaque jour. Assise à son bureau, dans une des ailes de Melgueil, la brune jouait avec sa plume, dessinant de sa pointe les contours de ses lèvres. L’air pensif sur le visage, la Montbazon observa le paysage qui s’étendait devant sa fenêtre. Quoiqu’il advienne la diplomatie resterait son refuge le plus précieux. Les réflexions se succédèrent, bientôt elle devrait se retirer pour regagner l’armée des loups. Il était amusant de voir qu’une diplomate qui prônait l’usage des mots, se promenait une lame à la main. Le sang qui coulait dans ses veines ne pouvait aller à l’encontre de ce que sa nature lui dictait, sa famille était ce qu’elle était. Qui s’y frotte, s’y pique…

L’Alouette se leva, lâchant sa plume sur une pile de parchemins qui trônait sur un coin du bureau et se mit à ranger aussi bien que possible. Un peu de place ne ferait pas de mal et accueillir une damoiselle dans un foutoir sans nom ne serait pas du plus bel effet. C’était étrange d’enseigner, sa patience n’était pas légendaire, mais sa volonté d’apporter son soutien devrait faire le contrepoids idéal. Une fois que son lieu de travail ne ressemblait plus au port de Montpellier un matin de pêche, la brune se mit en quête de son élève. Ce n’était pas bien difficile de trouver une rousse dans ce bâtiment, à croire qu’elle aimait cette couleur de cheveux, Takoda son écuyère et Morphée quand elle ne réussit pas ses teintes. Cela manquait d’hommes pour l’entourer, légère moue en pensant à cela, le chapitre sur son époux n’était pas encore clos. La brune attrapa un garde qui « travaillait » afin qu’il l’assiste dans sa chasse du jour. Il restait encore beaucoup à faire à la Chancellerie, mais une petite pause ne lui ferait pas de mal et jouer à chat lui ravivait ses souvenirs d’enfant. A cette époque au moins, elle n’avait ni problème, ni réflexion ennuyeuse sur sa vie. Enfin l’objet de sa recherche apparut au loin, d’un pas plus pressant elle réussit à l’interpeller avant que le vent ne l’emporte de nouveau.


Ah je vous trouve enfin, nous allons pouvoir débuter notre leçon du jour. Il va falloir que nous fixions des horaires, j'ai peur qu'à force les gardes pensent qu'ils ne sont là que pour vous retrouver.
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Lacoquelicot


    Le domaine de Melgueil avait accueillis, il y a quelques semaines, une nouvelle silhouette à la cime incandescente et au parler encore peu délicat. Coquelicot. Une gosse pourtant sans instruction et sans talent apparent qui après un entretien privé, s’était vu acceptée comme apprentie ambassadrice. Elle, la fille de rien, avait obtenu une place de choix dans l’ombre de la Prime Comtesse pour tout savoir de l’office du diplomate. Depuis ce jour, les émeraudes curieuses n’avaient de cesse d’enregistrer chaque faits et geste de son modèle pour les retranscrire avec plus ou moins de naturel les moments venues. Et si ce poste était beaucoup d’honneur pour la fleur des champs, il réclamait aussi bon nombre d’efforts et d’apprentissage. C’est ainsi qu’il fut convenu que la brune à la peau diaphane l’initierai à l’art de l’écriture…

    Entre les murs rassurants de Melgueil, Ella faisait les cents pas, passant d’une pièce à l’autre en attendant le début de son court lorsqu’une voix l’interpella. Perdue dans ses pensées et l’angoisse de pas être à la hauteur, la flamboyante n’avait même pas remarqué l’alerte générale qui avait lancé à sa poursuite l’ensemble des gardes du domaine. Dieu merci, ils n’étaient pas si nombreux, et la proie n’était pas d’une discrétion à toute épreuve.
    Pardon votre Grandeur. S’excuse maladroitement l’apprentie qui avait travaillé ses cours de protocole. Protocole qui la chamboulait un peu d’ailleurs car son Pair lui avait dit que c’était le « Vôtre Grandeur » qui était d’usage. Mais la principale intéressée lui avait conseillé un simple « Al » sauf en publique. Notion floue aux yeux de la jeune fille. Les couloirs étaient-ils privée ou publique ? Et quand il y avait des gardes ? Privé ? Publique ? Et quand on ne savait pas quoi dire ? C’est compliqué la vie des grandes gens…

    Souriant doucement la demoiselle esquissa une révérence d’une raideur impardonnable avant d’ajouter.
    Je suis prête pour le cours d’écriture si vous voulez, ma Dame. Elle s’était même échauffer les poignets c’est pour dire ! C'est donc tout sourire que la Fleur suivit la diplomate dans son bureau. A elle la conquête des lettre, l'assaut des mots. Un combat assidu allait commencer entre la jeune fille et l'écriture.

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Alandrisse
Légère moue de la brune, voilà qu’à présent elle se sentait aussi sévère que les nonnes qui l’avaient à moitié élevé. Oui à moitié, car l’autre partie de sa personne suite à un grand élan d’inspiration, avait sur prendre la poudre d’escampette et se carapater loin du couvent. On forge des caractères dans la nature, pas entre quatre murs. C’était son humble point de vue, mais voyez le résultat. Une brune qu’on pensait soit trop hautaine de sa personne, soit horriblement agressive…que demander de plus ? Pincement de lèvres avec cette question intérieure qui en ce moment la rongeait bien plus qu’elle ne le voulait. Mais ne retournons pas dans ses idées apocalyptiques de la Montbazon, il y avait d’autres chats à fouetter et pour l’occasion, c’était plus une rousse. La jeune femme ouvrit la marche, sans un mot laissant la novice s’imaginer le meilleur et peut être le pire.

La main sur la lourde porte, l’Alouette la poussa pour laisser passer le coquelicot. C’était un bureau agréable, un peu chaotique sur les bords car la brune avait un terrible penchant pour la lecture. Le hic était le rangement, les bibliothèques ne pouvaient plus rien accueillir. Heureusement les chaises et les tables devenaient des lieux idéaux pour accumuler ses trouvailles. Cependant, deux places restaient quasiment libres.


Voici votre place, je vais vous fournir de quoi écrire euh…

…en trois pas, la plumée était déjà derrière son bureau, soulevant des parchemins, en repoussant d’autres. Un sourire triomphant s’afficha sur le visage de la diplomate, un parchemin vierge dans une main, la plume dans l’autre. Elle déposa le tout devant son élève du jour, avant de lui tendre un parchemin noircit plus tôt par la Montbazon.

Je pense que la meilleure manière d’apprendre à écrire et avant tout de savoir les former et de les comprendre bien entendu. Donc sur ce parchemin, j’ai écris l’ensemble de notre alphabet en minuscule et en majuscule. Une à une nous donnerons leur consonance pour que vous les ayez à l’oreille. Ensuite nous attaquerons les mots.

Elle tira un siège à côté de son élève, c’était tout de même plus pratique.
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Lacoquelicot


    Le bureau de la prime ambassadrice était… disons… légèrement encombré, mais pas assez pour effrayée l’apprentie qui se trouva subjuguée par le décor qui s’offrait à ses yeux. Le long du mur de grandes étagères débordaient littéralement d’ouvrage. Il y en avait partout. Couverture de cuir, Enluminures, écriture fine ou stricte, doré avec parcimonie et scellé de cire rouge, verte ou bleu. Il y en avait pour tous les gouts dans le petit cabinet de la prime ambassadrice. Alors que la Comtesse jouait au spéléologue dans le fatras de son bureau, la gamine resta en admiration devant sa bibliothèque. Etait-il humainement possible de lire tout cela ? C’est ce que supposa la môme quand sa préceptrice du jour se redressa victorieuse, plume et vélin en main.

    Vous devez savoir beaucoup de chose avec tant de livre…

    La réflexion trahissait son admiration pour celle qui venait de grimper sur un piédestal haut comme une bibliothèque dans l’esprit de l’apprentie. Lâchant un sourire heureux, la rousse s’empara de la plume et du palimpseste pour commencer sa leçon. Tracé avec application, de rondes onciales l’attendaient sagement sur un vélin, prête à jouer les modèles et à subir les traits encore hasardeux d’une lettrée en devenir.

    «a»… Je fais une boucle… puis un trait qui descend… et je remonte !

    Langue tirée au coin des lèvres, la gamine d’un calme olympien tente de reproduire le plus fidèlement possible la matrice de son ainée. Dans le petit bureau de la Prime, chaque lettre est un voyage. Une épopée fantastique qui se raconte… Les émeraudes vont et viennent du modèle au brouillon alors que la plume gratte avec passion le vélin, ricochant parfois pour laisser sur le cuir quelques gouttes d’encre noire. Signe des efforts de la jeune rousse pour s’élever un peu dans ce monde qui lui en voulait tant alors qu’elle n’avait rien fait.

    Vous croyez que je serai une vraie ambassadrice un jour ?

    La phrase avait été dite sans lever le nez du parchemin mais d’un ton des plus sérieux. Très sérieux même. L’interrogation avait pris forme dans la caboche de la Coquelicot peu après sa nomination au poste d’apprentie. Quelques esprits fort de leur indéniable supériorité l’avaient jugé incapable avant même de la connaitre et s’amusaient depuis à la blesser de petite réflexions assassines que la môme pleine de bonne volonté ne comprenait pas.

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Alandrisse
La brune regardait son élève dessiner les lettres. Dans sa mémoire, il n’y avait rien de mieux la lecture et l’écriture, des portes qui garantissaient une liberté sans fin. Ses mirettes observèrent avec plus d’attention les formes qui naissaient sur le vélin. Il ne fallait que des lettres lisibles pour avoir l’aval de la Montbazon. Autant demander dès à présent une quasi perfection, quand les habitudes ne sont pas encore en place et que la tête permettait d’enregistrer des gestes simples mais ciblés. Sourire en coin, quand la rousse avançait peu à peu dans son devoir, puis la question fut lâchée. Léger froncement de sourcils de la brune, sans réfléchir la Prime laissa les mots combler l’espace.

Je suis certaine que vous ferez une excellente ambassadrice et même plus. Si jamais quelqu’un vous dit l’inverse, dites le moi. Je ne tolère pas que l’on juge sur la provenance ou sur l’expérience. N’ayez crainte, nous avons tous commencé à la base, n’oubliez jamais cela. A présent poursuivons, le travail est la clef de la réussite.

Elle tira le parchemin un peu plus vers la rousse, le regard protecteur. La Montbazon avait bien horreur d’une chose, les jugements hâtifs. Il ne valait mieux pas qu’elle surprenne cela un jour, car là on comprendrait le sens du mauvais caractère Montbazonesque. Elle se mit à réfléchir à la suite des évènements, déterminant comment découper les choses. C’était bien son plus grand problème, réfléchir à ce qui allait arriver après. Soufflant sur une mèche rebelle, la Prime se leva pour se diriger vers un parchemin sagement enroulé dans un coin de sa bibliothèque. Elle l’attrapa et se mit à le lire rapidement, affichant un sourire satisfait, l’institutrice du jour regagna sa place. Déposant l’écrit devant la rousse, la Montbazon se permit déranger l’élève un instant.

Voici l’un de mes premiers traités, il est un peu…comment dirais-je bancal dans son écriture, mais cela montre que j’ai progressé avec le temps. Vous pourrez vous en inspirer quand vous écrirez votre premier traité, n’oubliez pas que vous devez m’aider avec le Rouergue.
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Lacoquelicot


    [Quelques jours, semaines plus tard…]


    Au fil des jours un rituel immuable c’était mis en place au domaine de Mengueil. Pendant une heure, la Prime ambassadrice et son apprentie s’enfermait dans un bureau, au grand damne des excellences languedociennes qui se trouvaient privées de tête durant ce court laps de temps. Recroquevillées sur le bois de la table, Ella faisait et refaisait inlassablement les lettres d’un abécédaires une à une. Si le premier jour seulement une dizaine de symboles purent être exécuté de façon malhabile c’était désormais l’alphabet entier, minuscule et majuscule, qui voyait le jour durant l’heure de cours. Progrès notables qui ne rendaient pas peu fière la jeune fille. Regardant d’un œil critique son travail du jour, la Coquelicot eut comme un doute.

    Vous pensez que Sa Seigneurie sera fière de moi ? dit-elle presque pour elle-même.

    S’il y avait bien une chose qu’elle craignait s’était de le décevoir. Si Ella faisait tant d’effort aujourd’hui pour apprendre à lire, écrire, compter et parler correctement c’était pour elle certes. Mais surtout pour lui. Après tout elle avait vécue douze ans sans tout cela et ça ne lui avait pas manqué. Le parchemin – particulièrement réussi – fut roulé avec précaution pour être montrer en trophée à son protecteur si l’occasion venait à se présenter. Ce qui n’arriverait sans doute jamais, mais le propre de la jeunesse est bien d’être encore bercer de tendre illusion.

    Alors que le court touchait presque à sa fin, la jeune fille rangea son matériel et fit un peu de place sur la table de travail. Peu après avoir été prise comme élève de la Comtesse, une première mission n’avait pas tardé à peser de tout son poids sur les épaules de la frêle. La réalisation d’un traité. Du haut de ses douze printemps, Ella avait cru mourir lorsque la tâche lui avait échu. Un traité économique alors qu’elle ne savait même pas compter. S’il n’avait pas été concerné sans doute qu’elle en aurait ri. Mais là ce n’était pas du tout le cas, l’enfant, très concernée par la confiance qu’on lui témoignait avait pris la chose avec le plus grand sérieux.

    Nombre de personnes dans l’entourage de la rousse furent mis à contribution. Lecture de traité, discutions sur le commerce, échanges avec les membres du Rouergue. Tout fut mis en œuvre, avec des mots simples et beaucoup de patience pour qu’un traité voit le jour sous la direction d’Ella. Dans la réalité, elle n’était pas vraiment intervenue dans la création de cette alliance écrite mais tout avait été mis en œuvre pour qu’elle y croit et qu’elle prenne confiance. C’est donc persuadé d’être l’instigatrice de ce nouveau traité qu’elle déroula le parchemin sous les yeux de la Prime.


    C'est le traité que vous m’avez demandé, votre Grandeur.
    Aimbaud a écrit pour moi ce que je disais, mais il a changé des mots.
    Enfin le titre c’est mot qui l’ai écrit à la plume hier, quand même !


    Elle n'assimilait encore pas la majorité des mots, mais recopier un modèle était devenu assez simple à force d'entrainement. Le regard anxieux de l’apprentie ne quittait pas le visage de son aînée, priant pour qu’elle ne trouve pas de gros de défaut ou pire de motifs pur et simple de renvoi. Si telle était le cas, Ella pourrait dire adieux au court d’écriture, ce qui mettrait en colère son Senher, qui la mettrait à la porte, ce qui la… et la… et puis… Une terrible réaction en chaine se développait déjà dans l’esprit de la Renarde, qui fatalement la précipitait dans de sordides ténèbres.



Citation:


    Traité de collaboration économique entre le Languedoc et le Rouergue.



    Nous, les hautes autorités comtales du Rouergue et du Languedoc, forts de notre volonté de nous unir dans une coopération sans cesse plus approfondie entre nos divers peuples, conscients de l’importance d’entretenir des relations commerciales cordiale et que les bons comptes font les bons amis, avons décidé le traité suivant :



    Art. 1: Le comté du Rouergue reconnait son voisin le Languedoc comme un partenaire commercial privilégié et s’engage à lui communiquer avec lui sur les offres et les demandes dont il pourrait être l’objet.

    Art. 2: Le comté du Languedoc reconnait son voisin le Rouergue comme un partenaire commercial privilégié et s’engage à lui communiquer avec lui sur les offres et les demandes dont il pourrait être l’objet.

    Art. 3: Le comté du Rouergue s’engage à apporter sécurité et assistance aux marchands ambulants du Languedoc dans le cadre de leur mission comtale. Dans ce cadre, les armées du Rouergue se devront de ne point toucher au dit marchand, et dans le cas d’un brigandage, justice devra être faite par l’autorité concernée jusqu’à la réparation du larcin.

    Art. 4: Le comté du Languedoc s’engage à apporter sécurité et assistance aux marchands ambulants du Rouergue dans le cadre de leur mission comtale. Dans ce cadre, les armées du Languedoc se devront de ne point toucher au dit marchand, et dans le cas d’un brigandage, justice devra être faite par l’autorité concernée jusqu’à la réparation du larcin.

    Art. 5: Le comté du Rouergue par le biais de son conseil comtale s’engage a facilité l’entrée des marchands ambulant du Languedoc sur son territoire en leur envoyant un laissez-passer (s’il est nécessaire en fonction de l’état des frontières) dès leur noms connus. De plus, les douaniers du Rouergue devront être mis au courant afin de ne point envoyer de courrier superflu.

    Art. 6: Le comté du Languedoc par le biais de son conseil comtale s’engage a facilité l’entrée des marchands ambulant du Rouergue sur son territoire en leur envoyant un laissez-passer (s’il est nécessaire en fonction de l’état des frontières) dès leur noms connus. De plus, les douaniers du Languedoc devront être mis au courant afin de ne point envoyer de courrier superflu.



    Ce traité prend effet dès sa signature et jusqu'à résiliation partielle ou totale par l'une ou l'autre des parties. Les autorités de chaque partie s'engagent à ce que leur peuple prenne rapidement connaissance de ces faits.

    Le XVIIième jour du mois de Juillet de l'An de Grasce 1460.






    Alors ? Votre traité a vous m'a beaucoup aidé vous savez.
    On lui avait tellement lu et relu qu'elle le connaissait par coeur désormais.

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Alandrisse
A force, la brune s’était pris au jeu, de manière régulière la porte de son bureau s’ouvrait pour accueillir la jeune damoiselle. Cela lui changeait les idées et brisait la chaîne du travail, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Ainsi, elle développait de nouvelles idées et son élève avançait à grand pas vers la découverte de nouveaux horizons. Le nez dans une lecture fraichement empruntée auprès des moines, la Montbazon releva le menton pour répondre à la question discrète du Coquelicot.

Je suis certaine que sa Seigneurie sera heureux que vous puissiez bientôt être capable de lire et d’écrire. Il pourra certainement revoir votre place dans sa mesnie.

Sourire de la jeune femme, avant de tapoter le parchemin de son élève. Les lettres n’allaient pas s’écrire toutes seules, les mirettes de la Montbazon replongèrent dans le parchemin entre ses mains. A peine le temps de terminer un paragraphe que la petite voix se fit de nouveau entendre, cette fois c’était du sérieux : Un traité. Il valait mieux que son attention entière soit sur le parchemin, elle déposa celui qu’elle tenait sur son bureau et s’attaqua à la lecture de l’autre. Une plume dans une main, la Prime commença la correction.

Hum, article 1 et 2, indiquer le comment de la « communication » via le pôle économique, celui de la diplomatie ? Il ne faut pas hésiter à rappeler le traité de coopération judiciaire dans l’article 4 et 5.

Je crois qu’il serait intéressant d’inclure un article qui stipule que les noms des MA seront fournis avant les échanges commerciaux. Ainsi que les frontières soient fermées ou non, les biens seront sauf, si je puis dire. Et j’aimerais que vous rajoutiez à la fin, que ce traité sera renouvelable tous les deux mois dès la signature de ce parchemin. Ainsi nous nous assurerons qu’aucun des partis n’oublient les échanges qui pourront lier nos deux provinces.

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Lacoquelicot


    Assise dans l’antre menu de la Prime Ambassadrice, Ella guettait la moindre réaction de cette dernière. Entre les mains blanches de la Comtesse, son premier traité diplomatique. La première trace d’une demoiselle dans un monde que chacun cherchait a imprimé son passage. Le point de départ d’une longue carrière ? Qui sait ? Dans plusieurs décennies peut-être sera-t-elle assise au coin du feu, entourée de toute une marmaille, sang de son sang, chair de sa chair, à leur montré ce même papelard usé, comme point de départ du récit de sa vie. L’avenir le dira… En attendant rêvons ! Assise près de sa petite table d’étude, les mains calées entre ses cuisses, la demoiselle retenait son souffle. Tel un miroir, chaque sourire de la Montbazon trouvait sur le minois de la Fleur son reflet parfait, chaque froncement de sourcil, y faisait naitre l’inquiétude. Alors comment était-il ce premier traité ? Le verdict tomba rapidement. Quelques erreurs devaient être corrigées, et elle pourra le présenter elle-même lorsqu’elle accompagnera la Montbazon en Rouergue.

    Je ferai les corrections demain. Merci votre grandeur.

    Délicatement, la môme se mit à ranger son matériel d’écriture. Quelques jours plutôt le sire Bentich lui avait offert, pour l’encourager, une petite boite en bois dans lequel était sagement rangé plume vélins, calames, encre et palimpsestes de toutes sortes. Ce présent de rien du tout aux yeux du seigneur était devenu le plus grand trésor pour la demoiselle en pleine apprentissage qui y voyait une raison de plus de s’investir dans les enseignements qu’on voulait bien lui prodiguer.

    Alors que son espace de travail retrouvait peu à peu de sa clarté, les émeraudes de la morveuse se posèrent sur son enseignante. Depuis qu’elle avait commencé les cours la môme avait déjà pu glisser quelques remerciements rapides à la pauvre bénévole qui se tapait le défrichage de son illettrisme, mais jamais à la hauteur de toute la reconnaissance qu’elle éprouvait à l’encontre de la Montbazon. Doucement, un geste fut esquissé pour lui prendre la main et attiré ainsi son attention. Geste stoppé par le mauvais souvenir des dernières remontrances du Seigneur Actarius. En taverne, la petit avait essuyé une micro tempête faite de « on n’est pas ami avec des brigands » et de « on ne donne pas la main à tout le monde ». La menotte de la môme se suspendit donc dans les airs sans poursuivre sa route et la voix de la gamine pris le relais.


    Madame. Je voulais vous remercier pour ce que vous faites pour moi. Je sais que ça vous a attiré des ennuis et que y en a qui comprennent pas. Mais vous avez continuez quand même et c’est très très important pour moi. Encore plus que la chasse aux grenouilles. Ne vous moquez pas, la chasse aux grenouilles c’est une chose primordiale ! Pour vous remercier, je ferai tout de mon mieux pour le Rouergue. Et si un jour je deviens ambassadrice je serai la meilleure, c’est promis.

    Dans les prunelles de la demoiselle, une lueur sérieuse étincelait. Les mots et la façon de le dire n’avait pas encore tout à fait au point, mais Ella se sentait redevable. Et si un jour la Comtesse avait besoin d’elle, elle pourrait compter sur la petite rousse. Pour clore son propos, une révérence fut esquissée. La courbette manquait encore de grâce, mais la technique avait progressé. Le dos bien droit, les genoux pliés, Ella s’inclina légèrement en signe de respect.

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Alandrisse
Plongée dans ce qui semblait être un écrit des plus interessants, la brune ne s’aperçut pas de suite que son élève tentait de lui parler. Il faut dire qu’une fois que la Prime était en pleine lecture, il fallait généralement une lance entière pour la sortir de sa concentration. A croire qu’elle tentait d’absorber tous les mots du parchemin pour ne laisser aucune miette. Elle ponctuait sa présence par des onomatopées réglées sur son étonnement ou inversement une folle déception. Ainsi la brune réussissait bon gré, malgré à mettre en scène un texte complexe. Comme on disait souvent, on a le talent ou ne l’a pas. Sourire en coin quand le paragraphe touchait enfin à sa fin, quelle mouche l’avait piqué pour lire un texte pareil. Heureusement sa lecture fut interrompue par son élève qui tentait visiblement de lui dire quelque chose. Rapidement, la Montbazon déposa le parchemin sur ses genoux et observa la rousse. La brune esquissa un sourire aux dires avant de lui dire de se rasseoir.

Excellence Coquelicot, vous êtes ambassadrice, disons que je suis juste votre canne jusqu’à ce que vous puissiez marcher par vous-même. Mais c’est très aimable à vous d’agir de la sorte et c’est toujours appréciable d'avoir des remerciements, mais ce n'est pas utile. Je ne fais pas cela pour la gloire, mais pour aider les personnes motivées comme vous l'êtes. On m'a tendu la main à une époque, il est logique que je fasse de même.

Elle rouvrit son parchemin, recherchant le paragraphe laissé en attente.

Pour ce qui est des ennuis, n’ayez crainte j’ai les épaules solides. Je crois qu’il est l’heure pour vous de rentrer, je n’ai pas envie que sa seigneurie pense que je vous séquestre à la chancellerie. N’oubliez pas les corrections et travaillez votre écriture. Autant user les plumes que vous possédez, il serait dommage qu’elles soient usées par le temps et non par le travail. Je vous dis donc à la prochaine fois.

Un regard vers la rousse qui prenait la poudre d’escampette, cochant dans sa tête « Ambassadeur pour le Rouergue : Fait ».
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