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[RP/IG] Un fou au tribunal

Edern
Ô temps ! Ô moeurs ! Son témoin lui est arraché, sa parole confisquée ! Jusqu'où iront-ils, ces suppôts de l'expéditif ? Quand cesseront-ils de tricher avec leur propre justice ? Si ce procès est perdu d'avance, quel est donc l'intérêt de cette mascarade ? Pourquoi avoir choisi d'aussi piètres acteurs alors que la pièce s'annonçait passionnante ? Pour quelle obscure raison le public ne proteste-t-il pas contre cette infamie, si ce n'est cette Moulinoise sorcière et pourtant juste aperçue du coin de l'oeil ? Comment la médiocrité a-t-elle pu se faire maîtresse de ce tribunal ?

Peu de choses ont le don d'énerver le Fou. Mais qu'on le prive de ses mots, de son public... une colère froide, si rarement vécue, prend possession de son corps et de son esprit. La tranquille folie lui laisse la place avec rage, rage de son échec, rage d'une victoire à venir.

Le silence ! On veut l'y plonger, l'y noyer, l'y oublier. Étouffer ce trouvère qu'on ne saurait écouter, effacer le parchemin de ses mots qu'on ne saurait lire. Ils ne sont ni les premiers, ni les derniers à souhaiter sa disparition. Qu'ils s'y cassent tous les dents, ces fidèles de la paix silencieuse !

Cette fois, le juge est jugé. Pas en bien. Qu'il écrase son poing sur sa table en bois, qu'il trépigne donc tant qu'il le peut. Il est une plaidoirie dont il se souviendra, et peut-être même plus. Les phrases affluent dans l'esprit d'Edern, toutes plus éclatantes de haine les unes que les autres. En l'espace de quelques secondes seulement, c'est tout un duché qui récolte son dégoût. Bourbonnais-Auvergne, prends garde à ton règne.

On l'a fait se rasseoir. On l'autorise à se lever de nouveau. Il se saisit au passage de son couvre-chef noir et l'enfonce avec force sur son crâne. Preuve d'irrespect, manière aussi d'éviter que la folie dansante de son regard brun ne se remarque. Trois pas en avant vers Alethea qui est revenue elle aussi.
Trop difficile de retenir le feu qui couve... le tribunal va s'embraser. L'explosion est finalement contenue par l'intervention du témoin bâillonné, dont la voix calme temporairement la fureur destructrice du Fou.


Je sais que vous avez fait le choix de la plume et que j’ai même pu vous croiser en pleine rue, plume à la main, demandant des signatures. Je ne pense pas vous avoir déjà vu avec une épée en revanche.

Léger signe de tête en direction d’Alethea, accompagné d’un petit sourire de reconnaissance. Il dirige à présent toute ses capacités contre l’accusation et le jugement, à supposer qu’ils ne soient pas confondus. Le jeu continue bien que les objectifs ne soient plus les mêmes.
Si les yeux du Fou sont dans l'ombre, on peut distinguer la sécheresse de ses mots, taillés à la serpe dans le roc de la poésie.

Vérité fut délivrée malgré deux fiers sots
Echangez la sottise contre de l’esprit
Utilisez donc ce qu’on nomma un cerveau
Lisez vos lois, des préjugés faites amnésie
Eclaircissement par prévôt fut d’utilité
Rayez de vos accusations la violence
Il n’est pour moi qu’une arme qui n’est pas l’épée
Et que cela plaise ou non à vos excellences !


Ose donc faire ton réquisitoire, procureur. Le Fou t'attend.

_________________
Fabien74
Léchant ses boutons purulents de sa longue langue verte et fourchue, le méchant et vilain Juge écouta patiemment l'accusé. Un verre d'hydromel et il s'y serait cru, au théâtre. Il fallait dire que tout y était: le velours rouge des sièges, un gentil, un méchant, un début, bientôt une fin.

Ah il les voyait venir d'ici, ces esprits plats et manichéens, au jeu du bien et du mal, il représentait sans aucun doute le mal. Quoi donc! Il ne fallait forcément pas s'attendre à être aimé de l'accusé. Mais d'une avocate, une ancienne de la Procure, du Conseil! Oser cracher sur son propre Duché, quelle effronterie.

Pourtant, le petit paysan d'Aurillac, que cherchait-il? Un dévouement sans faille au Bourbonnais-Auvergne, à la COBA, à la Chancellerie, au Conseil ducal, à la prévôté, même en religion! Il était bien marié, avait une fille bien née, une propriété fertile et riche. Il avait tout pour lui, c'était certain. De son bonheur il n'avait cesse de faire partager le maximum à son entourage. La Procure, plusieurs mois auparavant, furent pour lui un entraînement au métier de Juge, et il essayait de s'en montrer digne, chaque jour. Etudiant sans relâche les nombreux articles du Codex, tentant d'établir des verdicts justes, et blancs de tous reproches.
Et que lui accordait-on en retour? Mépris dénué de bon sens, qu'il ne méritait pas, oh ça non. Mais qui sait, à force d'être considéré comme un méchant, le devient-on?


Citation:
Vérité fut délivrée malgré deux fiers sots
Echangez la sottise contre de l’esprit
Utilisez donc ce qu’on nomma un cerveau
Lisez vos lois, des préjugés faites amnésie
Eclaircissement par prévôt fut d’utilité
Rayez de vos accusations la violence
Il n’est pour moi qu’une arme qui n’est pas l’épée
Et que cela plaise ou non à vos excellences !


Au jeu du verbe il excellait, mais ne brillait pas à celui de l'esprit. Il faut être fou pour insulter ouvertement ceux qui tiennent notre avenir entre leurs mains. Lors d'une audience, il ne suffit pas de faire le beau et de gesticuler, pour convaincre l'accusation. Ca le fou l'oubliait assurément: aux jolis mots, un Juge préfère nettement une sincérité de fait. Cherchait-il par de fines arabesques à masquer sa culpabilité? De tout cela ils ne connaîtraient le fin mot qu'au moment de sa deuxième plaidoirie.

Doucement, le blondinet prit la parole.


Veuillez surveiller votre langage, vous n'êtes point ici en grande place de Clermont, mais bien en un tribunal. Reprenez votre place désormais, je suis las.

Les gardes qui l'encadraient escortèrent alors l'accusé jusqu'à son siège.

Bien... Cette fois-ci, cher ami, nous écoutons votre réquisitoire.

Il s'adressa à Agwalenn avec un franc sourire.
_________________

Diacre d'Aurillac/Directoire de la Fondation/Escuyer de la Licorne/Juge du BA
Agwalenn
Agwalenn avait déjà assez attendu, une défense farfelu, un témoin qui ne témoigne pas mais joue sur les mots avec l'accusé, à ce jeu de pitrerie digne d'un vrai théâtre, l'accusé excellait certes mais cela ne devait pas dérouter la justice de sa route.
Le procureur avait remarqué la lassitude et l'agacement du Juge, ce procès n'avait que trop durée, il était temps de fermer le rideau le dernier acte allait se jouer .
Il descendit de sa chair et se plaça face au public.

Merci votre honneur, je vais donc comme prévu vous donner connaissance de la missive que j'ai reçu tout à l'heure du Sieur Jimmycasas, la victime dans cette affaire.

voilà donc :


Agwalenn pris le parchemin et lu à voix haute le court message envoyé par la victime.

Citation:
Messires,

Je m�appelle Jimmycasas d�Aragon, éleveur de porcs à Sancerre.. . J �étais en voyage vers le sud pour raisons personnelles� Sur la route de Moulins à Montpensier, dans la nuit du 16 au 17 avril, deux malandrins de petits chemins m�ont agressé� Nous devions être entrés dans la quatrième heure�
J�ai croisé cet individu, Edern, au détour d�un chemin� Il m�a toisé et lorsque je suis passé à ses côtés , il m�a traîtreusement assommé d�un coup de gourdin sur la tempe�
Je me suis tombé et est perdu connaissance le temps d�un instant�

L�esprit hagard, je me redressait sans vraiment comprendre ce qui se passait, et un second malandrin, un certain Shuffle, qui a été appréhendé récemment et pour lequel j�ai déjà déposé en Auvergne, m�a achevé en me taillandant le bras droit d�un coup de lame�
La douleur m�a fait défaillir à nouveau�.

A mon réveil, j�avais perdu beaucoup de sang, la plaie était bien importante� j�ai été soigné et suturé à Montpensier �
le Maréchal Hermanicus et Magokrav, maire de Montpensier, m�ont beaucoup aidé et ont permis de vite retrouver ce Shuffle�
Ces marauds m�ont pris tout ce que j�avais, 6 ou 7 carcasses de viandes que j�avais amenées de Sancerre, de la nourriture , mes écus, je ne sais plus combien, une trentaine je pense, ma barque�
Ils m�ont laissé pour mort� et ce bras qui me lance sans arrêt pour rappeler mon infortune�
J�espère que ses misérables hères auront ce qu�ils méritent�

Faites votre possible pour que ces misérables ne s'en prennent plus à des braves voyageurs... Merci..

Cordiales salutations...

Jimmycasas

Agwalenn marqua un instant de pose tout en regardant l'accusé.

Voila messire le Juge, mesdames et messieurs du tribunal, voici les dires de la victime qui je le redis, trop atteint et blessé dans sa chair, ne peux malheureusement se trouver face à vous !.


Agwalenn retourna à son pupitre pour prononcer son Réquisitoire.
Il pris un air plus dramatique, bu un petit verre d'eau, tout en remontant les manches de sa robe, il regarda un dernière fois l'accusé entre ses gardes.

Votre honneur, mesdames messieurs,
Nous assistons ce jour à un bien triste spectacle, un bien mauvais acteur comparait devant nous, ne sachant plus qui il est, ne voilà t' il pas que ce triste individu , probablement souffrant de problème d'humeur, nous demande de l'appeler le Fou, peut être pour se soustraire à la justice de ce Duché sous un autre nom mais il n'en sera rien.


Le procureur pointa du doigt l'accusé.

Vous messire Edern, vous le soit disant roi de la rime et de la plume, vous venez de donner devant ce tribunal une bien mauvaise image des poètes.
Vous vouliez vous faire plaindre, vous faire passer d'accusé à victime, néanmoins, je ne vois dans votre plaidoirie que très peut de chose, il en va de même de la part de votre témoin qui n'a rien apporté de plus à ce tribunal, erreur de votre part ou envie de prendre le Juge et la procure pour des imbéciles, je choisirait la seconde.
Votre manque de respect de nos institutions , du lieu ou vous vous tenez ainsi que de notre honorable Juge, ne plaide pas en votre faveur.
Mais revenons à notre affaire, une affaire de brigandage, je ne vois là que la banale histoire d'un mendiant , obligeait de racketter un pauvre Sire sur les routes de notre Duché pour subvenir à ses besoins.
Si l'affaire en était encore restez à ce point, nous eûmes pu comprendre, ce ne serez rien de bien grave ,mais, l'accusé à voulu ridiculiser ce tribunal.

Alors Plume ou épée, je peux vous dire messire que ce soir vous avez joué la dernière , vous n'avez plus de public et vous allez être condamné comme un vulgaire bandit de grand chemin, finit la fanfreluche, adieu prestige du poète, maitre es mots.

Pourquoi alors , vous, adepte de la rime vous êtes vous abaissé à ces plus vils sévices sur la victime, lui obligeant ainsi à garder la chambre, Pourquoi tant de haine envers lui, votre prose, vaut elle si peux que vous soyez obligé de vous battre pour survivre ?.
Et bien oui, il en est là, Brigander pour espérer gagner quelques écus, il est en effet plus facile de brigander que de gagner honnêtement sa vie en fournissant un travail de qualité.


Le procureur descendit de sa chair, s'avança vers l'accusé une dernière fois, le fixa droit dans les yeux.

Votre honneur, à l'encontre de ce poète de pacotille, de cet amuseur public qui n'amuse que lui, je ne dirait pas bouffon, je n'ai que trop de respect pour eux, je demande une peine de 1 jour de prison , 20 écus d'amende et pour les manques de respect envers votre excellence et la procure, 10 coups de fouet sur la place public de Clermont.

merci votre honneur.


Agwalenn satisfait de son réquisitoire, repris sa place sur sa chair pour écouter la dernière plaidoirie de la défense.
Il soupira pensant encore une fois au triste spectacle que l'accusé allait donner, pour se rendre intéressant.
_________________

Procureur du Bourbonnais-Auvergne.
Non Nobis Domine, Non Nobis, Sed Nomini Tuo Da Gloriam
Edern
Cesser d’agir pour mieux subir... relâcher son emprise sur les mots, accepter la défaite... ne pas subir les affres d’une journée de privations dans un cachot obscur, un allégement intolérable de sa bourse... tout sauf la souffrance et l’humiliation dix fois répétées à la merci d’un public haineux et vociférant. Oui, ce serait préférable. S’abandonner au Silence, et connaître le repos... se taire enfin ?

NON ! Ce repos est celui des morts, ce public ne sera pas le sien ! La douleur physique n’est rien, absolument rien, en comparaison de celle qu’il éprouvera s’il cesse de créer, d’exister. On ne demande pas à un arbre de cesser de pousser, ni à un oiseau de voler ! Quoique... ces gens là-bas, n’ont qu’une idée en tête : tailler ses branches, vider son tronc, lui couper ses ailes. Ils ne savent pas ce qu’il en coûte de s’attaquer à un Chêne, à un Épervier. Qu’ils se sauvent où ils veulent, plus il sera haut, plus il les verra...

Non. Qu’importe la peine ; qu’importe l’opprobre ; qu’importe l’avenir. Que le combat reprenne ; que l’orateur vainqueur écrase le perdant pédant ; que sa vérité triomphe. Condamné, lui ? Oui, mais supérieur, incroyablement supérieur ! Il respectera les règles. Ses règles. Ses mots couleront, inonderont le monde de leurs flots tumultueux. Sa volonté sera incendie, ravivera les lumières perdues. Sa musique sera l’air de rien, l’air de tout. Ses terres seront plus étendues que le monde connu.

Rage glaciale, souterraine. Elle imprègne chacun de ses membres, chaque particule de son corps, envahit les lambeaux de sa raison. La tranquillité a reculé devant la violence et pour longtemps. Conséquences à venir... inconnues. Si le corps doit plier, l’âme ne rompra pas.

Devant un tribunal quelconque, des gens quelconque. Chacun de ses mots a été choisi, comme si ses adversaires n’étaient pas les détenteurs d’une force brutale qui leur permet d’éviter de se prendre au Jeu. Debout, le Fou !

Avant de vous exposer ma deuxième – et dernière – plaidoirie, je tiens à préciser quelques éléments qui faciliteront votre déjà faible compréhension de l’affaire en vous donnant le détail des trois axes qui constitueront ma défense :

Le premier rappellera les faits et la manière dont ils furent honteusement détournés dans un but crapuleux par le plaignant.
Le second vous aidera à vous familiariser avec la personnalité de celui qui ose se défendre devant vous aujourd’hui.
Le troisième abordera certains aspects juridiques qu’il serait regrettable d’oublier.


Il se passe rapidement la langue sur les lèvres afin de les humecter. Un serpent et deux rats...

Tout d’abord, les faits. Ce tribunal a toujours voulu présenter la version de ce Jimmycasas comme véritable et incontestable. En quoi devrions-nous le croire ? Examinons donc plus attentivement ses propos. Ils sont l’incohérence même, et je vais vous le prouver en procédant à une reconstitution verbale des actions du dix-sept avril mille quatre cent cinquante-sept.

A la quatrième heure, le plaignant – probablement un horloger et non un porcher, pour le coup – marche sur son chemin. En plein milieu de la nuit. Il croise un homme qui l’agresse traîtreusement et l’assomme. Naturellement, le plaignant prend la peine de noter le nom de son agresseur, même si ce nom de naissance n’a jamais été donné par ce dernier depuis des années, même si la scène se déroule toujours en plein milieu de la nuit. Le brigand n’ayant pas pris la précaution de finir le travail, un second s’empresse de venir à son secours quelques minutes plus tard et n’achève pas plus le plaignant, se contentant d’une éraflure au bras droit. La désormais "victime" trouve tout de même la force de se traîner jusqu’à la ville la plus proche qui doit être assez éloignée, les hommes de crime n’ayant pas pour habitude d’agir à proximité de places trop sécurisés. Là, elle fait la connaissance d’un maréchal et du maire, retrouve en un clin d’oeil le second des malfaiteurs – toujours grâce à son nom, cela va de soi – et ne tarde pas à faire accuser le premier qui, faisant preuve de peu de ruse, s’est installé benoîtement à une dizaine de lieues de là.

Nous passerons sur le fait que la présente lettre du plaignant est d’un style bien trop pauvre pour être de la main d’un moine ; en revanche, il est un point à vérifier. Depuis quand existe-t-il un monastère – pardon, un couvent – à Montpensier ? Qui en sont les responsables ? Il m’apparaît plutôt que le plaignant n’est pas ou plus dans cette ville : serait-il retourné dans son Berry natal ? Cela serait bien sûr l’aveu de sa parfaite santé, de ses mensonges et de son absence en ce lieu. De même, il serait aisé à la maréchaussée du Bourbonnais-Auvergne de procéder à une investigation quant aux "raisons personnelles" qu’il invoque pour justifier son voyage sur ces terres. Je ne serais pas surpris d’y retrouver une certaine romance dont le lamentable échec a précipité ma venue en cette salle !


Bien. Exécution suivante.

Nous nous sommes jusqu’ici intéressés au plaignant et il apparaît maintenant clairement que je suis accusé par un menteur doublé d’un pleutre, qui préfère incriminer un innocent poète que de prendre ses propres responsabilités et ainsi d’assumer les surprises que lui réserve sa propre vie.

Intéressons-nous à présent à la vraie victime de ce procès : moi-même. Le Fou.
Qui est-il, derrière le blanc et le noir qui l’habillent ? Il aime à se prétendre rimailleur, écrivailleur, musicien. Il est un jour ici, un jour là, tantôt discret, tantôt exaspérant. Il récolte de quoi vivre en vendant son art, du moins ce qu’il considère comme tel. Car ce qu’il aime par-dessus tout, ce sont les mots. Ses mots et ceux des autres. On lui prête un certain talent à s’en servir –et à les servir, d’ailleurs – ainsi que vous aurez pu le noter de par le témoignage intéressant et court du Prévôt des maréchaux. Alethea est d’ailleurs très claire à ce sujet : mon unique arme est la plume et non l’épée, ni même un vulgaire "gourdin". Je vous mets au défi de faire témoigner quiconque m’ayant déjà aperçu avec un de ces ustensiles !
Ajoutons à cela un léger détail d’importance... comment aurais-je emporté, même avec la complicité de ce Shuffle, sept carcasses de viande et une barque sur mes frêles épaules ? Et qu’en aurais-je fait ? Un trouvère encombré, pensez bien que cela se remarque sur un marché...

Procureur, vous me demandez si ma prose vaut si peu que je sois obligé de me battre pour survivre. Si c’était le cas, puniriez-vous un homme qui n’a d’autre choix que de faire ce qu’il fait, qui agit sous la contrainte ? Si ce n’était pas le cas, pourquoi me battrais-je alors que l’honnêteté est plus rentable ? Vous n’aurez par bonheur pas à vous plonger dans ce paradoxe, étant donné que je ne me suis pas battu.


Âpreté ironique. Le meilleur pour la fin !

Enfin, il semblerait malheureusement que ce procès vous aie échappé. Il est vrai que vous n’occupez de tels postes que pendant votre studieux mandat politique, soit deux mois. Aussi je comprends que vous soyez d’une incompétence crasse et totalement dépourvus de subtilité : le temps vous manque pour être quelqu’un. Vous avez malgré tout la particularité propre aux juristes du dimanche de me donner plus d’opportunités que n’en rêveraient tous les accusés de ce siècle ! Entre la nullité de votre témoignage et les tentatives avortées de bâillonnement de la défense, la Cour d’Appel se fera une joie d’utiliser ces joyeusetés et autres vices de procédures pour casser votre jugement, s’il m’est défavorable cela va de soi.

Moi, je prendrais le juge pour un imbécile. Voyons donc. S’il s’approche vraisemblablement de cette définition, elle va cependant à ravir à un certain procureur qui ferait mieux de prendre des cours de droit que de réduire la justice de ce duché à un hochet ridicule qu’il agite en direction du premier innocent venu.
Manque de respect envers son excellence et la procure ? Mais depuis quand faut-il respecter ceux qui bafouent vos droits et nient votre existence même ? J’accepterai de recevoir ces dix coups de fouet sur la place publique, car je ne suis coupable que d’une chose : assumer pleinement mes paroles et les traduire en actes. Chaque blessure sera un éclat supplémentaire à mon auréole, chaque cri qui m’échappera le signe d’une vengeance à venir. En effet, si le tribunal des Hommes me condamne demain, vous comparaîtrez un jour devant le tribunal de ma volonté !

Néanmoins, il est évident que je réclame la relaxe pour l’accusation première et les peines qui lui sont associées.


Les yeux bruns se ferment quelques secondes et s’ouvrent à nouveau, de retour dans la folie tranquille. La rage s’est enfouie sous la surface de sa conscience, n’a pas disparu pour autant. Elle rejaillira bien assez vite, bien assez fort. Il sera loin...

A vous de juger, votre déshonneur.

Retour à la place assise du passif, attente du verdict sans illusions particulières. Après une ultime parade, le Bourbonnais-Auvergne ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir... une petite croix rouge sur une carte. L’idée floue de quelques visages, l’écho de quelques bruits, la réminiscence des bons mots de trop rares joueurs...

Deux accords de luth et trois pages dans un carnet.

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Fabien74
Tribunal de Clermont, bientôt la fin:

Voici venue l'heure du verdict.
Les paroles qui scelleront à jamais le destin immédiat d'un homme. Coupable, cela allait de soit, on ne condamne pas un innocent, sauf quand il est coupable. Cela semble logique.
Ce n'était pas le moment pour titiller le Juge, ça non, mais l'accusé mettait toute son effronterie à l'ouvrage, fallait-il être fou... Que penser de cette affaire? Quel jugement rendre?

L'heure était venue, en selle Juge.


Bien, continuons.

En ce treizième de mai 1457, moi, Fabien de la Fléchère-Marigny, vais rendre mon verdict devant vous, Sieurs et Dames de la Cour.

Sieur accusé, pourquoi faudrait-il remettre en doute la version de l'accusé? Se serait-il délesté lui même de ses carcasses et de sa barque dans le seul but de faire condamner un barde qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam? Où est la logique dans tout cela? De plus, j'ose éspérer que vous ne remettez point en doute nos méthodes, car les meilleurs médicastres de Clermont ont examiné le plaignant et ses blessures, pour enfin en déterminer l'extrême gravité. Voyons, se serait-il infligé de tels supplices rien que pour vous causer la souffrance d'une nuit en prison? Restez sérieux, s'il vous plaît, ou bien nous pourrions être amenés à vous considérer comme étant réellement fou.


Une inspiration, puis:

Au sujet de son retour en Berry... L'accusé n'a peut-être que trop connu la marche à pied pour imaginer qu'il n'existe que ce moyen de transport sur notre terre? La victime a effectué le voyage en charrette, éprouvant par là sa vie, pour retrouver les siens. Qu'imaginer d'autre que de retrouver les siens après une attaque comme celle-ci? Ne tirez pas votre plaidoirie de l'infortune des autres, vous vous rendriez bien méprisable.

Et la suite.

De plus, ne peut-on imaginer qu'une seule épée pour causer ces dégâts? Une corde de luth n'aurait-elle pas pu faire amplement usage de tranchant? C'est bien mal juger notre appréciation des faits que de prétendre le contraire, accusé. De même il me semble que vous ayez déposé un bâton et un bouclier avant d'entrer en ce Tribunal. Ne sont-ce pas là des armes de choix? Ne peut-on pas en user dee manière belliqueuse? Un coup de l'arête du bouclier et le tour est joué.

Et le meilleur pour la fin, puisque c'est l'usage.

Bien.

Voilà où nous en sommes à présent.

Si d'aventure nous aurions pu déceler la moindre once d'innocence en votre personne, celle-ci se trouve immergée sous le flots d'insultes à peine détournées et de paroles blasphèmatoires que vous n'avez pas eu honte à débiter. Tout ceci ne plaide pas en votre faveur, et nous donne d'ores et déjà milles occasion de durcir votre peine. Et vous apprendrez, à l'issue de ce jugement, que faire profil bas, et ravaler son fiel, peut éviter une condamnation dure. Et cela, vous n'en avez eu cure, en vous faisant un devoir de ridiculiser cette cour. Seriez-vous véritablement un fou que rien ne m'aurait moins étonné. Et convoquez la Cour d'appel si cela vous chante, vous vous rendrez compte assez vite que votre cause est peine perdue, que la Justice triomphe toujours de la perfidie et du mensonge.

En conséquence, je déclare l'accusé coupable de Trouble à l'ordre public, le condamne à payer une amende de 8 écus au Roy, et j'assortis sa pénitence d'une peine de prison de 2 jours. Il tiendra ainsi compagnie aux souris clermontoises, et pourra leur déclamer des vers contre un petit morceau de fromage.


BAM BAM

Deux coups de marteau sur le petit socle de bois, et:

Gardes, emmenez le coupable!

[HRP/ Pour changer des coups de fouets, si le joueur veut faire un RP prison avec un Geôlier PNJ, y'a qu'à demander! /HRP]
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Diacre d'Aurillac/Directoire de la Fondation/Escuyer de la Licorne/Juge du BA
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