Nyam
[... le fou quand il dit qu'il a mal...]
La pièce était plongée dans l'obscurité. Cela n'était pas vraiment un problème car il n'y avait que peu de choses à voir. Une simple paillasse reposant sur un cadre de lit en bois sans fioriture, une table de chevet avec un broc et une cuvette en porcelaine, et une fenêtre donnant sur la cours plusieurs mètres plus bas, c'était tout ce qui composait cette chambre de bonne sous les toits du château.
Sur le lit reposait inerte le corps d'une jeune fille d'une quinzaine d'années. Sa silhouette si mince semblait bien dérisoire en comparaison de la masse de la paillasse. Les longs cheveux d'or blanc encadraient son visage de poupée de porcelaine, l'auréolant comme une couronne d'ange. Sa peau était si pâle qu'on aurait pu la croire morte. Seule sa poitrine se soulevant sous sa chemise de lin simple témoignait de la vie qui l'habitait encore. Pas un bruit, pas un mouvement, en dehors de ce régulier soulèvement. Et ce depuis des heures...
Nyam passait pour folle depuis plusieurs semaines déjà. Ses idées confuses, ses délires, son mélange des rêves et de la réalité, ses absences l'avaient isolé du reste du monde et de ceux qui évoluaient autour d'elle. Mais tout avait basculé dans la soirée, une gifle envoyée par le Limier du Maître, un choc de trop sur la tête tellement fragile de la Frêle. Elle s'était effondrée comme une poupée de chiffon. Les convulsions avaient suivis, torturant le mince corps déjà épuisé. C'est inerte, qu'elle fut emmenée par le Maître et ramenée ici. Et laissée seule... Il y a plusieurs heures...
Soudain un changement eut lieu. Les paupières frémirent avant de se soulever, dévoilant le regard d'azur si unique. Nyam était réveillée, la crise était passée, une de plus... Car ce n'était pas la première fois que sa tête malade la faisait s'effondrer ainsi, mais jamais plus de quelques minutes, non pas plusieurs heures. Sa mémoire fragmentaire était encore plus embrouillée que d'ordinaire. Pas moyen de se rappeler comment elle était arrivée là, ni ce qui lui était arrivé... Pire encore, la douleur dans son crâne lempêchait de réfléchir logiquement.
Se redressant lentement, la douleur augmentant aux mouvements, elle se leva, ses jambes tremblante ayant du mal à la soutenir. Chancelante, elle fit quelques pas en direction de la porte, une de ses mains soutenant sa tête si douloureuse. Elle souffrait mais gardait deux uniques certitudes. Un, elle devait retrouver le Petit Frère, son oiseau de proie qu'elle croyait l'incarnation du bébé perdu de la Roide. Deux, le maître était la seule chose réelle dans son monde de cauchemars. Elle poussa la porte qui n'était pas close, et s'engagea en tâtonnant dans le couloir. Sa démarche n'était pas assurée, et sa vue se troublait. Les ombres autour d'elle étaient inquiétante et la terrorisaient.
Au détour d'un angle, elle trébucha et tomba à genoux. Le choc lui donna la nausée mais elle n'avait rien à vomir. Elle n'avait pas fait plus de dix mètres depuis son lit... Et elle n'avait pas la force d'allée plus loin. La Frêle se trouvait vaincue par quelques choses qu'elle ne pouvait pas voir ni combattre... L'obscurité de nouveau l'enveloppait peu à peu.
Deux bras l'enveloppèrent et la soulevèrent, la ramenant dans sa chambre. Elle ferma les yeux, vaincue par la fatigue et la douleur.
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*Frédéric Régent, Historien
La pièce était plongée dans l'obscurité. Cela n'était pas vraiment un problème car il n'y avait que peu de choses à voir. Une simple paillasse reposant sur un cadre de lit en bois sans fioriture, une table de chevet avec un broc et une cuvette en porcelaine, et une fenêtre donnant sur la cours plusieurs mètres plus bas, c'était tout ce qui composait cette chambre de bonne sous les toits du château.
Sur le lit reposait inerte le corps d'une jeune fille d'une quinzaine d'années. Sa silhouette si mince semblait bien dérisoire en comparaison de la masse de la paillasse. Les longs cheveux d'or blanc encadraient son visage de poupée de porcelaine, l'auréolant comme une couronne d'ange. Sa peau était si pâle qu'on aurait pu la croire morte. Seule sa poitrine se soulevant sous sa chemise de lin simple témoignait de la vie qui l'habitait encore. Pas un bruit, pas un mouvement, en dehors de ce régulier soulèvement. Et ce depuis des heures...
Nyam passait pour folle depuis plusieurs semaines déjà. Ses idées confuses, ses délires, son mélange des rêves et de la réalité, ses absences l'avaient isolé du reste du monde et de ceux qui évoluaient autour d'elle. Mais tout avait basculé dans la soirée, une gifle envoyée par le Limier du Maître, un choc de trop sur la tête tellement fragile de la Frêle. Elle s'était effondrée comme une poupée de chiffon. Les convulsions avaient suivis, torturant le mince corps déjà épuisé. C'est inerte, qu'elle fut emmenée par le Maître et ramenée ici. Et laissée seule... Il y a plusieurs heures...
Soudain un changement eut lieu. Les paupières frémirent avant de se soulever, dévoilant le regard d'azur si unique. Nyam était réveillée, la crise était passée, une de plus... Car ce n'était pas la première fois que sa tête malade la faisait s'effondrer ainsi, mais jamais plus de quelques minutes, non pas plusieurs heures. Sa mémoire fragmentaire était encore plus embrouillée que d'ordinaire. Pas moyen de se rappeler comment elle était arrivée là, ni ce qui lui était arrivé... Pire encore, la douleur dans son crâne lempêchait de réfléchir logiquement.
Se redressant lentement, la douleur augmentant aux mouvements, elle se leva, ses jambes tremblante ayant du mal à la soutenir. Chancelante, elle fit quelques pas en direction de la porte, une de ses mains soutenant sa tête si douloureuse. Elle souffrait mais gardait deux uniques certitudes. Un, elle devait retrouver le Petit Frère, son oiseau de proie qu'elle croyait l'incarnation du bébé perdu de la Roide. Deux, le maître était la seule chose réelle dans son monde de cauchemars. Elle poussa la porte qui n'était pas close, et s'engagea en tâtonnant dans le couloir. Sa démarche n'était pas assurée, et sa vue se troublait. Les ombres autour d'elle étaient inquiétante et la terrorisaient.
Au détour d'un angle, elle trébucha et tomba à genoux. Le choc lui donna la nausée mais elle n'avait rien à vomir. Elle n'avait pas fait plus de dix mètres depuis son lit... Et elle n'avait pas la force d'allée plus loin. La Frêle se trouvait vaincue par quelques choses qu'elle ne pouvait pas voir ni combattre... L'obscurité de nouveau l'enveloppait peu à peu.
Deux bras l'enveloppèrent et la soulevèrent, la ramenant dans sa chambre. Elle ferma les yeux, vaincue par la fatigue et la douleur.
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*Frédéric Régent, Historien