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[RP] Un Dernier Adieu sur la route de Lisieux

Kharyn
Kharyn, réprimant un sourire, se laissa soigner par la vicomtesse aux mains de velours.
Heureusement que cette dernière ne pouvait voir les multiples égratignures et contusions que le débourrage des chevaux lui avait occasionné, sinon elle aurait été bonne pour un bain de calva.
La désinfection achevée, elle attrapa la bouteille de calva et, s'en octroya une généreuse rasade.

Ah ça, ce n'est qu'une araignée. Ne me dis pas que tu en as peur?
Pour ce qui est de Bernold, ça m'arrangerait que tu lui en parles, oui.
Je risque de m'absenter dans les prochains jours et serais fort contrite de le voir partir sans avoir pu lui faire de proposition.
Bon, ce n'est pas tout ça, mais si nous passions à table?
Depuis le temps que le panier d'Estoile nous nargue par ses appétissantes odeurs....

Kharyn rajouta au contenu du panier désormais éparpillé sur la table, une terrine de faisan, un gros jambon sec et une miche de pain blonde.
Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai une faim de loup!
Estoile
................... Merci Kharyn de têtre occupé d'Ysaline , l'avoine va lui réchauffer la panse !

Kharyn , t'es sur que ça va car je m'y connais aussi au cas où , suffit de demander , mon père m'a appris tant de chose , c'était un druide-mage .... Héééééééééééééé .... PAIIEENNNNNE ....tu pars où comme ça et avec qui d'abord ... tu oses ME quitter sans m'emmener ???


Citation:
Bon, ce n'est pas tout ça, mais si nous passions à table?
Depuis le temps que le panier d'Estoile nous nargue par ses appétissantes odeurs....


Bien sûr qu'on a faim et ................................ (un long moment après , mais le disant moins fort )........... soif aussi !!!

T'as besoin d'aide Kharyn , on commence par quoi ??? ............... pis .... oublie pas de répondre à mes questions en faisant celle qu' a pas entendu ... j'te connais par coeur , comme si je t'avais faite ...
_________________

ICI,pour Plus d'Aventures EStoilées
Kharyn
Je réponds, je réponds Estoile.
Tout va bien, ne t'inquiéte pas
ajouta-t-elle en posant sur la table du cidre et du jus de pomme.
Allons, A table!
Nous allons faire honneur à ce que tu nous apréparé.


Le repas se passa gaiement. Entre les mastications des convives, fusaient plaisanteries et nouvelles, commérages et quolibets.
L'on en était au calva, quand Kharyn reconnut le tintement caractéristique des grelots de son pigeonnier.
S'excusant auprès de ses convives, elle sortit, récupéra son courrier et nourrit le pigeon.


Elle ouvrit la missive et la lut attentivement. Son visage s'assombrit.
Elle revint à pas vifs vers la tente.

Je suis désolée, mes amis, mais nous allons être obligés d'écourter la journée.
Je dois me rendre le plus vite possible au campement de l'armée. Nous partons en mission.

Ses compagnons se récrièrent désolés de cette nouvelle, et il faut le dire, un peu inquiets pour elle.
Tout le monde s'activa pour l'aider.
Un peu confuse de se retrouver le centre de tant d'attentions, Kharyn ouvrit une des armoires et fourragea à l'intérieur pendant que ses amis débarassaient la table et s'occupaient de la vaisselle.
Profitant d'un moment où Balgaroth était sorti, elle se glissa vivement derrière un paravent et enfila un pourpoint en buffle avec les chausses assorties.
Elle sortit un assortiment de dagues et de poignards qu'elle examina attentivement avant de faire son choix. Elle en sélectionna trois dont elle s'équipa aussitôt, laissant en évidence un large coutelas à sa ceinture.

Vivement que je récupère mon sabre.
Elle sortit de son étui un arc plus long que celui qu'elle utilisait pour la chasse,vérifia l'état du bois et de la corde. Elle dut demander de l'aide pour le bander. son choix se porta ensuite vers un carquois qu'elle garnit abondamment de flèches acérées.
Elle fit un tri rapide dans sa besace, gardant des objets usuels, retirant des bricoles ramassées ça et là(ainsi qu'un billet qu'elle n'avait toujours pas réussi à déchiffrer). Elle y empila quelques habits et du calva, surtout du calva.

Je crois que j'ai pensé à tout.
Estoile et Balga, pourrez vous nourrir les chevaux et le coq pendant mon absence?

Devant leur réponse affirmative, c'est rassurée que la brunette éteignit le feu et les lampes.

On rentre tous ensemble à Bayeux?
Kharyn
Kharyn revint deux jours après Noël, l'esprit agité.
Les cauchemars avaient repris de plus belle pendant cette mission militaire.
Profitant de ce que son armée se reposait dans sa ville, elle se précipita chez elle pour faire ce qu'elle devait avant de devoir repartir.
Avant toute chose, elle vérifia l'état des chevaux plus par routine que par défiance envers ses amis ou réelle inquiétude.
Après avoir passé un moment avec eux, elle se dirigea vers l'emplacement qu'elle avait choisi dès son installation.
Le bûcheron avait bien travaillé: la place était aussi nette qu'elle l'avait demandé, le bois disposé à sa satisfaction n'attendait plus qu'à s'enflammer. Elle eut un sourire amer. Le brave homme pensait certainement à un feu de joie pour célébrer la Noël!
Noël! Rien que ce mot suffisait à la faire frémir.
Feu certes, il y aurait et célébration aussi, d'une certaine manière.
Elle retourna vers les chevaux, harnacha la plus docile et la conduisit devant sa porte. Elle l'attacha là avec une provision suffisante d'eau et de fourrage.
Elle pénétra dans sa tente, assombrie par ses pensées, le cœur lourd rongé par les regrets. Elle alluma vivement le foyer, mettant le plus possible de chaudrons à chauffer. Elle resta un moment à contempler le feu, perdue dans ses souvenirs. Des rires d'enfants résonnèrent à son oreille, des images des jours heureux miroitèrent devant elle...
Le sifflotement de l'eau bouillonnante la ramena à la réalité.
Elle sortit du placard de la saponaire pour se laver et un mélange d'herbes pour la purification.
Elle remplit le grand cuvier et s'y plongea, frottant et refrottant durement sa peau avec une pierre ponce, comme si, en même temps que les impuretés de sa peau, elle avait pu nettoyer les souillures de son âme.
Quasi à vif, elle s'arrêta . Elle dénoua sa longue chevelure et lui fit subir un traitement tout aussi intensif.
Après, elle les frictionna longtemps, essayant de les sécher le plus possible.
Avec un long soupir, elle s'apprêta pour la cérémonie à venir, relevant ses cheveux avec un soin inhabituel chez elle. Pour finir, elle jeta une lourde cape sur ses épaules.
Elle prépara soigneusement tout ce dont elle aurait besoin pour après la cérémonie.
L'heure étant encore loin, elle s'assit en tailleur et se plongea dans une méditation profonde.
Ce qu'elle s'apprêtait à accomplir ne lui pesait guère, mais elle voulait s'y soumettre avec l'humilité nécessaire.
Les heures passèrent lentement, seulement troublées par les pensées rageuses qu'elles n'arrivaient pas toujours à étouffer, échos lointains de sa haine passée.
Un bruit de pas sur la route l'avertit que son visiteur arrivait enfin.
Ramassant le sac de poudres que lui avait confié le chamane, elle alla accueillir le nouveau venu.
--Le_flagellant

Il arrive enfin chez la vipère.
Visiblement, elle vient d'arriver : un cheval se tient devant la porte.
Il n'a pas le temps de s'approcher plus que , déjà elle est là.
Leurs regards se croisent et se jaugent:
Métal aiguisé contre obscurité glaciale.
Il ne rencontre rien sauf un néant glacé!
Il secoue la tête intérieurement: Drôle de pénitente!
La femme le fixe toujours intensément.
Au moment où il veut briser, le silence qui s'allonge, elle lui tend posément une bourse rebondie.
Ses gages.
Il la soupèse posément et la range dans son escarcelle sans mot dire.
Il relève la tête et la regarde avec un fin sourire:


Prête?


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Grand Maître du Chat à 9 queues
Kharyn
Prête?

La question résonna longtemps dans sa tête.
L'était -elle? Prête à honorer ses morts et à demander leur pardon...
La recherche de l'absolution suffirait elle, ou ne s'imposait-elle tout ça que pour fuir sa culpabilité?
Chaque question en soulevait d'autres avant même d'être résolue. Étouffant le tumulte de son âme, elle répondit .

Oui.

Sans attendre de réaction de la part de l'homme, elle s'engagea sur le chemin qui menait à la clairière.

Arrivée, elle alluma le tas de bois cérémonieusement.
Dans son dos, elle entendit l'homme se préparer. Son corps se roidit dans un spasme d'anticipation. Elle prit une profonde inspiration et se détendit.
Quand le feu commença à lécher ardemment le bois, elle se releva.
Ses cheveux haut retenus sur la tête par un lien de cuir ouvragé ne risquait pas de gêner l'artisan dans son œuvre. Elle fit glisser sa cape au sol, un pagne seul couvrant sa nudité. Les multiples cicatrices couvrant son corps luisaient dans le reflet des flammes.
Elle se tourna vers le Flagellant dans un mouvement d'interrogation. Un hochement de tête lui répondit.
Se retournant vers le feu, elle ouvrit la petit sac et répandit sur le feu, la poudre qu'il contenait.
Une fumée odorante se dégagea bientôt du brasier.

Elle fit une première fois le tour du feu à pas lents
.

Pour la tendresse de mon père que je n'ai pas su conserver.

Revenue à son point de départ, elle s'arrêta face au feu.
Un cinglement fendit l'air et la douleur s'abattit dans son dos. Elle trébucha de quelques pas, manquant tomber dans le feu. Un grognement lui échappa.
Se redressant, elle entama un deuxième tour, l'élargissant un peu pour s'éloigner des flammes.


Pour l'amour de mon mari que j'ai perdu à jamais.

Le deuxième coup lui fit mordre les lèvres au sang.

Elle fit un troisième tour.


Pour le rire de ma fille que je n'ai pas pu sauvegarder!

Elle ferma les yeux quand le fouet l'atteignit dans une tentative futile de se préserver de la douleur.
Quatrième tour, son pas se fait hésitant.

Pour la vie de mon fils que je n'ai pas su préserver.

Le coup fit naitre des étincelles devant ses yeux.


Pour les âmes de mes ennemis, qu'ils puissent être pardonnés!

Cette fois, elle abandonna et resta à sa place, indiquant d'un geste à l'homme qu'il pouvait continuer.
La douleur ne refluait plus, faisant de son dos un brasier aussi intense que celui qui lui faisait face.


Pour les innocents !

Les coups se suivirent, elle ne parlait plus.
Ses jambes commencèrent à trembler, elle avait perdu le compte depuis déja quelque temps;
Un nouveau coup lui arracha un cri, le premier.
Les suivants lui firent la sensation d'une grêle de feu .
Sentant son corps prêt à se dérober, elle se traina laborieusement vers un arbre proche. elle pressa ses mains contre le tronc dans une étreinte convulsive.
Le Flagellant, un moment désarçonné, reprit sa tâche.
Les coups s'enchainèrent, la douleur s'intensifia encore, plongeant son esprit dans une sorte de léthargie.

Le silence de la nuit de décembre n'était troublé que par les sifflements du fouet et la respiration hoquetante de la pénitente.

Elle s'affaissa, soudain, ses mains glissant le long de l'écorce sans force.
Son corps nu reposait dans la neige sans qu'elle semble sans rendre compte. des tremblements convulsifs l'agitaient.
Le fouet se tut.

Elle reprit ses esprits peu de temps après. S'asseyant à même le sol gelé, elle entoura son corps de ses bras, se balançant lentement d'avant en arrière, la gorge encombrée de sanglots.
Elle appela ses enfants et son mari de leurs noms, les nommant enfin après tant de temps.
Leurs noms s'échappaient en boucle de sa bouche tandis que les larmes, enfin, coulaient sur ses joues.
Chagrin si longtemps contenu qu'il semblait n'avoir plus de fin.
--Le_flagellant

Il la suit jusqu'à une clairière. Pendant qu'elle allume le feu, il retire son manteau et prépare son fouet.
Attente....
Immobile, il se concentre.
Un mouvement....
Nudité.
Inconscience ou confiance?
L'homme détaille le corps d'un regard d'expert.
Impressionnant! Il a rarement vu autant de cicatrices sur une femme.
Coup de lame sur la poitrine qui évite les mamelons et se finit sur les côtes.
Longue balafre sur une cuisse: fracture ouverte?
Le dos retient son attention: on s'est acharné dessus. Pas un travail de professionnel, ça. Les balafres courent sur toute la largeur atteignant même les bras. Battue à mort?
L'odeur de l'encens le fait revenir au moment présent.
Elle suit le déroulement fixé.
Il se prépare.
La lanière siffle et cingle le dos.
Il frappe méthodiquement, sans acharnement mais sans faiblesse non plus.
Deux, trois, quatre.
Il hésite, abandonne -t-elle déjà?
Un signe de la main, il reprend sa besogne.
Il compte les coups dans sa tête se demandant jusqu'où elle va tenir.
Admiratif malgré lui, il la regarde se tenir debout, subissant sans broncher malgrè les cris qui commencent à lui échapper.
Il continue à frapper.
Elle bouge...
Il s'apprête à s'arrêter, mais elle lui fait signe de continuer:
Saprée bonne femme!
Il reprend sur un rythme régulier.
Les coups pleuvent sur le corps menu.
Le Flagellant se demande si il ne doit pas y mettre un terme de lui--même. S'agirait pas de l'handicaper, la bougresse!
Soudain, elle glisse à terre.
L'homme noir s'arrête. Il se détourne, renfile son manteau. Il nettoie la lanière de son fouet dans la neige.
Un bruit le fait se retourner.
Elle pleure, appelant sa famille d'une voix brisée.
Un soupir lui échappe.
Chagrin violent, peine infinie
Non pas, vipère, mais juste louve blessée qui a perdu sa meute.
Réprimant un juron, il avance vers elle.
La rejoignant sur le sol enneigé, il prend délicatement le corps meurtri dans ses bras.
Les sanglots, maintenant, sont semblables à ceux d'un enfant.
Il ne dit rien, se contentant d'apporter un peu de chaleur et de réconfort à celle qui est perdue dans son chagrin.
Plus tard, quand le chagrin sera calmé, il la ménera à sa tente, pas qu'elle reste dans ce froid.
Mais pour le moment, il se contente de la bercer au rythme de ses sanglots.
Idiot, se morigéne-t-il tout seul, jamais su résister à une femme en pleurs!
Tu devrais la laisser et repartir pour la ville, au lieu de t'apitoyer.

Il soupire. Il a toujours eu un faible pour les loups.


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Grand Maître du Chat à 9 queues
Kharyn
Une odeur de tisane, titillant ses narines, la réveilla. Elle sentit sous elle un matelas. d'instinct, elle tend le bras vers l'oreiller et la dague cachée dessous.Mouvement qui lui arrache un gémissement de douleur. La main se refermant sur le pommeau familier, elle tourna la tête et ouvrit un œil.
Un homme se tient devant elle, une tasse fumante à la main.
Après un moment d'hésitation, elle reconnut le Flagellant et sa demeure.Elle relâcha sa prise sur la dague et lança à l'homme un regard interrogateur.
L'autre, sans mot dire, s'accroupit près de sa tête et lui fait boire à petites gorgées la tisane.
D'abord méfiante, elle but le breuvage avec reconnaissance quand elle eut reconnu l'odeur de sauge, saule et romarin. Il se redressa une fois la tasse bue, et retourna s'asseoir sur une chaise en face du lit, décidé semble-t-il à la veiller.
La brune, pleine d'interrogations, ne put poser aucune question. A peine le liquide avalée, la torpeur la reprit, la soustrayant à la douleur lancinante qui traversait son corps. elle traversa ainsi la nuit et la moitié de la journée du lendemain: brefs réveils où toujours un verre d'eau et une tisane lui étaient tendus et longues plages de sommeil nauséeux où les cauchemars et les sanglots se faisaient la part belle au milieu de la douleur.
Vers la mi-journée, elle sortit enfin de sa semi-inconscience. La douleur, toujours présente semblait se faire supportable.
Elle lança un regard inquisiteur à l'homme assis en face d'elle.
--Le_flagellant

Il l'a ramené dans sa tente.
Il l'a soigné avec une douceur quasi-paternelle.
Il a passé la nuit et une partie de la journée à son chevet.
Il a beau se traiter de tous les noms, il n'arrive pas à la laisser. La seule fois où il est sorti, c'est pour ramener le cheval dans l'enclos.
Il en a profité pour ramener les messages du pigeonnier.
Une sacrée pile! Elle a l'air d'écrire beaucoup la donzelle!
Elle finit par se réveiller complètement.
Son regard l'interroge.
Il hésite. De quoi se mêle -t-il?


Tu ne vas pas pouvoir continuer comme ça, Petite!

Le regard se durcit. Il reprend avec qu'elle ne l'interrompe.


Ton corps ne pourras pas en subir beaucoup d'autres.
J'ai failli t'handicaper et pourtant, je suis bon dans ma partie.
Les bouchers qui t'ont esquinté la première fois, n'y connaissaient rien.
Et puis...

Il hésite, cherche ses mots. Pas l'habitude de dissuader la clientèle.

Ce n'est pas bon de tout refouler comme tu fais.
Il va falloir que tu assumes ce que t'as fait !
Quoique ce soit, d'ailleurs.
Sinon, ça va continuer à te ronger de l'intérieur.
Je ne dis pas que tu dois te pardonner.
Juste qu'il faut que tu l'encaisses.
Ca fait partie de toi, maintenant, tout autant que tes cicatrices.


Le regard se fait lourd.
Les mains se crispent sur le bord du drap.
Il attend, silencieux maintenant.
Prêt à ce qu'elle le jette.

Un soupir.
Les lèvres s'ouvrent et se referment. Se pincent.
Le silence dure.
Soudain, un flots de paroles inonde la pièce.
Il écoute attentivement.
Il ne juge, ni ne condamne.
Quand elle a fini, il lui sert un verre d'eau.
Elle le boit avidement.
Un fin sourire étire ses lèvres.


Confesseur, aussi?
J'aurais su, je t'aurais payé le double.


Allons, elle va mieux.
Elle a retrouvé son mordant
.


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Grand Maître du Chat à 9 queues
Kharyn
[Fin Janvier/Début Février]

La brunette, assise sur la barrière de l'enclos, regardait ses chevaux,un sourire aux lèvres.
L'avenir s'annonçait radieux.

Elle essaya de récapituler tout ce qui s'est passé en un mois:

Une querelle éclatante où sa toute nouvelle confiance s'était effritée, la laissant désillusionnée et plus méfiante qu'une chatte qui allaite.

Une campagne électorale... trépidante où , au contact des un et des autres, elle avait beaucoup appris. Plus qu'elle n'aurait voulu parfois, mais on n'a rien sans rien.

Un séjour honfleurais, où en plus de régler certaines affaires de succession, elle avait eu la surprise d'être rejointe par un beau brun et la joie de nouer de nouvelles amitiés. Un temps de ressourcement et de convalescence, source de joie et de plaisirs.

Une cérémonie religieuse où elle n'avait pu s'éclipser à temps...Tête à tête avec Dieu qui la laissait songeuse.

Un poste d'ambassadeur en Anjou, perspective qui la rendait un peu nerveuse. Saurait-elle mettre un boeuf sur sa langue et surtout arriverait elle à porter ces fichues robes? Cette perspective la fit glousser. Manquerait plus que ça. Elle n'arriverait pas à se civiliser aussi vite.

Ses cours de serpilleuse avec des femmes merveilleuses qui souvent l'avaient fait sourire quand elle avait le cœur lourd.

Une ou deux missions de routine pour l'armée, lui avait permis de calmer l'ébullition de ses pensées par leur lente monotonie.

Elle poussa un soupir.
Son activité frénétique lui avait fait perdre le peu de poids qu'elle avait repris, et sa maigreur commençait à lui peser. Coquetterie ou soin de sa santé? Elle chassa vite cette pensée de son esprit.

Un regard sur les chevaux lui fit vite perdre son air satisfait.
Elle avait pris beaucoup de retard sur ses estimations. Elle peinait sur les plans de sa future demeure et des écuries. Le printemps se rapprochait à grands pas. Il fallait absolument qu'elle se décide.
L'argent n'entrait pas en compte, juste une indécision chronique et l'impression de se tromper de route.

Elle soupira plus profondément, sa joie désormais enfuie.
Les périples, sur les routes normandes avait réveillé la nomade qui dormait en elle. Elle rechignait à poser définitivement son balluchon.
Elle balançait entre deux choix, entre deux modes de vie, partagée entre son passé et son avenir.

Sa confession et sa pénitence, quoique entreprises dans le désordre, l'avaient soulagé d'une partie de son fardeau.L'étreinte qui enserrait son âme s'était légèrement desserrée. Elle arrivait, enfin? de nouveau? à envisager l'avenir autrement que théoriquement.
Cette soudaine impression de liberté la laissait désemparée et hésitante, tout comme la laissait désemparée cette sensation de solitude depuis que son compagnon de voyage se ressourçait dans un ermitage.

Elle plissa le nez devant le tour que prenait ses pensées. Sautant de la barrière, elle laissa, à regret, les chevaux et se dirigea à grands pas vers sa yourte.
En passant, elle vérifia les cadres où finissaient de sécher les fourrures qu'elle destinait à Elda et à son bébé. Avec un sourire, elle les décrocha enfin. Il ne lui restait plus qu'un peu de travail à faire dessus et elle pourrait les amener à son amie. Elle allait s'y mettre de suite.
Au moins, ça l'occuperait utilement.
--Kharyn




Kharyn poussa un long soupir.
Son mal-être n'avait fait qu'empirer de tout l'hiver, elle n'avait plus goût à rien.
La brève accalmie qu'elle avait connue s'était dissipée à la naissance de Carmen.
En voyant le nourrisson se blottir instinctivement contre sa mère, son coeuur s'était déchiré une nouvelle fois.
Elle avait laissé la mère et l'enfant endormies, et avait erré jusqu'à la nuit dans la campagne environnante.
Les trois semaines suivantes avaient passé comme dans un brouillard, elle se souvenait vaguement d'avoir travaillé, se nourrissant tant bien que mal, oubliant jusqu'aux ordres de la caserne.
Même ses chevaux adorés ne la sortait plus de son marasme. Ses cauchemars se faisaient de plus en plus pressants, la faisant fuir le sommeil.
Un rayon de soleil glissant entre les frondaisons lui fit cligner les yeux. Se redressant de l'arbre auquel elle était adossée, elle contempla le paysage devenu familier de la vallée de l'Aure.
Paysage bucolique et tranquille avec ses chaumières disséminées çà et là.
Un sourire cynique lui plissa les lèvres.
Comment avait elle pu s'imaginer recommencer une autre vie aussi facilement, surtout dans un paysage aussi « domestiqué »? Le genre de vie tranquille à la quelle elle avait aspirée lui semblait encore plus lointain qu'à son arrivée.
Mirage qui s'évanouit à chaque fois qu'on tend la main vers lui.

Une idée s'imposa à elle, s'insinuant dans ses réflexions...
Apaisée, elle se détendit enfin.
La résolution qu'elle venait de prendre avait chassé toute sa tension. Soudainement, ses doutes et ses craintes s'évanouissaient, lui laissant la certitude d'avoir bien choisi.
Elle se dirigea d'un pas redevenu vif vers sa yourte: il fallait régler les derniers détails.

Arrivée chez elle, elle se lança dans un frénétique ménage de printemps.
Quand la tente fut resplendissante et qu'elle eut écrit divers courriers, elle fit un saut en ville pour prévenir le garçon de ferme qu'elle avait embauché quelques temps plutôt, d'emmener les chevaux à Coulvain. Elle lui confia une lettre à remettre à Dame Garance.
A un gamin des rues, elle confia deux lettres à remettre le lendemain à Eldarwenn et Veutdelot.
La dernière étant déjà partie par pigeon.
Revenue chez elle, elle jeta un coup d'oeil circulaire : tout était en place.

Elle alla se laver au bassin naturel, dénouant ses cheveux qui lui arrivaient désormais aux mollets.
Son bain fini, elle passa un long moment à démêler ses cheveux.
Posant un paquet de vêtements à coté de la tête du lit, elle revêtit une simple tunique de coton blanc.

Dans son coffre à simples, elle choisit une fiole bleue dont elle versa un bon quart du contenu dans un gobelet. Elle y ajouta une bonne dose d'eau.
S'agenouillant près du coffre, elle sortit délicatement la poupée de chiffons.
La serrant contre son coeur, elle se glissa dans son lit.
Elle but d'une traite le contenu du gobelet et le laissa glisser à terre.
Laissant sa tête reposer contre l'oreiller, elle s'endormit pour la dernière fois, un sourire aux lèvres.
Eldarwenn.
Eldarwenn qui courrait jusque là, fut contrainte de ralentir, son cœur s'emballait plus elle approchait, elle souffla et poussa la porte de la yourte, entrée elle aperçut son amie paisible, allongée dans son lit, une poupée dans ses bras, refermés sur son corps, cette image d'elle l'a surpris, elle ne l'avait jamais vu aussi calme, aussi belle...

Elle s'approcha d'elle, ses pas ne firent aucun bruit, elle s'agenouilla et posa une main sur sa gorge, apeurée par ce qui était inévitable, elle voulait en être sure. La vie avait quitté ce corps,

Elda fondit en larme,
Pardon Kharyn ! Pardonne moi ! Je n'y arriverai pas !

Elle prit la main de son amie dans les siennes et y déposa un baiser, Pourquoi Kharyn ? Je t'en veux tellement de m'avoir fait ça ! J'ai besoin de toi ! Mais pourquoi ?!

Eldarwenn réagissait égoïstement à présent, perdue, elle se laissa glisser un peu plus sur le sol, ses mains effleurèrent, une chose si froide, plus froide que la peau de son amie.

Elle ramassa ce qui ressemblait à un récipient, celui mentionné dans la lettre certainement, elle le porta a son visage... Humant l'odeur...

Elle se leva, déposant un baiser sur le front de Kharyn, elle enveloppa le verre et le mit dans sa besace, elle s'en débarrasserait plus tard,

Elle fit un rapide état des lieux, rien ne devait indiqué ce qui s'était passé, ce qu'elle avait fait, elle sortit de sa besace un sachet d'herbe qu'elle fit infusé avec une autre variété, un mélange dangereux... Elle le déposa sur ce qui servait sans doute de table, Antiope et Lodania ne pourront que croire que ce n'était qu'une intoxication...

Elle relue la Lettre d'adieux de Kharyn une dernière fois avant de l'enfouir dans son corsage, elle ne se résoudrait pas à la brûler... elle voulait conserver ces derniers mots...

Appuyée contre un meuble, elle resta plusieurs heures a regarder son amie, cherchant ce qui était le mieux pour elle et ses amis...

Sa décision étant prise, elle ramassa sa trousse, caressa la joue de Kharyn, lui murmurant :
"Personne ne saura, jamais"

Elle sortit, ses joues étaient humides, elle ne savait ou se rendre en premier.
_________________
Eldarwenn.
Eldarwenn concentré sur le son de ses pas qui martelaient les pavés des rues, la tête basse, elle se rendit compte qu'elle approchait de la maison de Kharyn lorsque ses pieds foulaient la terre dans de petites vagues de poussière...

La jeune femme s'arrêta un instant, admirant la maison de son amie, qu'allaient ils en faire... personne n'y vivrait... Et les chevaux !? Elda les admira un instant, elle s'en occuperait très prochainement, Elle entendit Veutdelot se rapprocher, elle se dévissa le cou, tournant la tête vers lui, ses jambes refusaient de changer de trajectoire, elle le suivit du regard et attendit qu'il soit près d'elle pour saisir sa main,


Elle est là... Je vous... Je t'accompagne...

Elle mêlait ses doigts aux siens et l'entraina devant la porte de la Yourte, elle poussa la porte qui grinça péniblement...

Son regard se posa instantanément sur Kharyn, paisible, le sourire qu'elle avait affiché était toujours présent... Une vision angélique...

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Adrienne
S'il était une prérogative du métier d'avocate que la Vicomtesse exécrait, c'était bien la validation des testaments, surtout lorsque la légataire n'était autre qu'une de ses soeurs d'armes ...

Elle avait reçu cette étrange missive lors de sa mission à Avranches et avait de suite compris qu'il était trop tard pour espérer la sauver... Kharyn avait planifié sa mort dans le moindre détail, avec une minutie déconcertante. Le testament qu'elle laissait à ses proches était un message à son image, plein d'espoir et d'amour pour les personnes qui avaient eu la chance de la cotoyer et de partager sa vie trop courte.

Outre le sentiment coupable de ne pas avoir décelé pareil mal-être chez son amie, elle regrettait de ne pas l'avoir connue davantage. Il lui fallait à présent honorer ses dernières volontés et à peine les remparts de Bayeux se profilaient à l'horizon qu'Adrienne quitta sa lance pour arpenter les ruelles de la ville, à la recherche d'Eldarwenn. Le forgeron du village lui dit l'avoir aperçue se diriger vers la demeure de la défunte en compagnie du Varlet Veutdelot, la magistrate inspira profondément et emprunta le sentier menant à la masure de la brunette, le coeur serré. Sur les abords du chemin elle cueillit un bouquet de jacinthes, premières fleurs écloses du printemps. L'occasion de rendre un ultime hommage à celle avec qui elle avait partagé tant de bons moments à la caserne ...

Entrant à pas de louve, elle aperçut VDL et Elda agenouillés et recueillis devant la dépouille, Kharyn semblait simplement endormie, son visage était serein, apaisé. Serrant le testament contre son coeur, elle s'approcha d'eux et posa une main sur leur épaule voutée par le chagrin. Elle posa le bouquet entre les mains de sa soeur d'armes, déposa un baiser sur sa joue glacée et murmura à ses amis d'une voix basse, comme pour ne pas la réveiller :


Allons, elle n'aurait pas voulu vous voir si tristes, rappelez-vous tous les moments de joie et les rires partagés à ses côtés et gardons d'elle ces merveilleux souvenirs ...

Elda, VDL, ... avant de mourir, Kharyn m'a confié un message destiné à vous et tous ses amis de Bayeux. Ayant constaté le décès, je puis à présent le valider et l'enregistrer, et ainsi m'assurer que ses dernières volontés soient respectées.

_________________
Veutdelot
(...)


Hey Veutdelot ! Qu’est-ce que tu fous derrière ?

-Je surveille !

-Tu surveilles quoi ?

-Tes arrières !^^

-Mon œil, Veutdelot ! Je sais bien ce que tu surveilles !
Tu peux bien rire dans ta barbe, vieux vicieux !!! ^^



C’était un jour de mission ordinaire comme tous les autres jours de mission ordinaire : monotone et monotone. Ils devaient surveiller le nœud situé entre Bayeux et Lisieux. Il n’y passait pas grand-monde. Il ne s’y passait rien.


(…)

Veutdelot marchait derrière Eldarwenn. Songeur. Il se remémorait des fragments de bonheur.

(…)

-Alors qu’en penses-tu ?

-Mais de quoi tu parles Kharyn ?

-De mon derrière, vieux chenapan ! ^^
Comment tu le trouves ?



Elle avait une manière bien à elle de désarçonner un honnête cavalier.


-Euh ? Je refuse de répondre à cette question même sous la torture ! ^^



C’est à ce moment qu’elle en profita pour se précipiter sur lui. D’un habile croc-en-jambe, elle sut le faire tomber par terre. Là, elle sortit prestement sa dague et la lui colla sous le menton tout en l’enfourchant comme un destrier bai, c’est-à-dire avec confiance. Elle en profita alors pour s’écraser lourdement sur sa poitrine lui coupant ainsi le souffle et toute velléité de s’enfuir.


-Alors dis-moi, beau moustachu…me trouves-tu belle? Est-ce que je suis belle à tes yeux ?

-Erf, erfff, je …je…je n’ai pas peur de mourir !

-Arf ! Moi non plus ! Allez réponds-moi ou je ne réponds plus de moi !!! ^^



(…)

Ils étaient arrivés devant la yourte de Kharyn. Jamais auparavant Veutdelot n’y avait mis les pieds. Le calme et le silence les y accueillirent. Soudain, il la vit allongée là dans son lit paisible et comme toute endormie. Il se tourna perplexe vers Eldarwenn.


-Regarde Elda, elle ne fait que dormir. Tu vois bien, elle dort !!!

Elda le regarda avec de grands yeux doux et tristes.
Un bruit discret les fit se retourner.
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