[RP] Un Dernier Adieu sur la route de Lisieux

Kharyn ouvrit les yeux, réveillée par l'odeur de pain chaud qui montait de la salle de l'auberge.
Une nuit sans cauchemar, enfin. Les effets thérapeutiques du calva, sans doute.
Ragaillardie par sa nuit, elle s'approcha de la fenêtre.
La brume matinale se dissipait déja, laissant apparaître les près jaunissants et les arbres dénudés.
Allons, il est temps. j'ai assez trainé.

Elle se prépara rapidement, jetant ses effets dans ses sacoches de selle. elle ne prit le temps que d'avaler un quignon de pain et se précipita aux écuries. Là, elle prépara posément ses chevaux, faisant un tri dans toutes ses malles, celles qu'elle avait apportées et celles récupérées à Rouen, tout juste descendues des cales d'un navire.

Quand les chevaux furent enfin chargés, elle alla payer son écôt à l'aubergiste.
Elle se mit en route, montée sur le cheval de tête, suivie des 5 autres aux harnachements colorés. Le poulain, laissé libre, rompait l'harmonie du cortège en caracolant joyeusement autour d'eux, régulièrement rappelé à l'ordre par les hennissements inquiets de sa mère.
Kharyn sourit au spectacle du jeune animal.
Toi, tu es un porte-bonheur, pensa-t-elle.
Elle était particulièrement fière d'avoir réussie son périple, sans avoir perdu de bêtes, réussissant même à augmenter son cheptel d'une tête.
J'espère que les autres auront au moins la moitié de cette chance.

Le petit convoi sortit de la ville, suivi par les regards curieux des quelques bayeusiens déja levés.

Elle atteignit rapidement son terrain.
La semaine précédente, elle avait commencé les travaux préliminaires: bornage, reconnaissance de la source te des différentes pâtures et parcelles, le bois et les pierres commandés mis en tas aux bons endroits....
Elle attacha ses chevaux à une corde tirée entre deux arbres, les débâta et se mit à l'ouvrage.

Une couche de paille, une vérification du sens de la pente pour ne pas se retrouver inondée et voilà....

Moins d'une heure plus tard, son nouveau logis était en place.



Ca va jurer un peu dans le paysage, mais pour cet hiver, celà suffira.
Regardant la tente, Kharyn sentit ses yeux se gonfler de larmes prêtes à couler.
Non!
Elle tourna résolument le dos à la yourte, refusant de se laisser aller au chagrin qui menaçait de la submerger.
Elle se lança frénétiquement dans une série de tâches, s'abrutissant de travail pour ne pas faire face à ses souvenirs.
En fin de journée, la yourte était aménagée.

L'eau de la source canalisée par des branches creusées fournissait en eau la yourte et l'abreuvoir.
Un abri sommaire servait de refuge nocturne aux chevaux. un corral commençait à sortir de terre.
Kharyn, s'arrêtant enfin, promena un regard satisfait sur ses réalisations.
Il faut absolument que je le finisse, cette semaine, que les chevaux puissent être à l'abri des prédateurs. Mais , pour une première journée de vrai travail, ce n'est pas si mal.


Profitant de la chaleur qui régnait dans la yourte, elle fit ses ablutions et enfila des vêtements propres.
Se restaurant rapidement, elle pensa à ses nouveaux amis, un sourire taquin sur le visage.
Et bien, il y en a qui vont être surpris!
Son sourire s'effaça rapidement. que se passera-t-il quand ils sauront?
Elle soupira, ses épaules s'affaissèrent. Jusqu'au printemps, elle avait jusqu'au printemps pour savourer sa nouvelle vie.
Prenant une résolution soudaine, elle se redressa.
Autant en profiter, tant que ça dure. Qui vivra, verra.
Et, d'un pas résolu, elle se dirigea vers la taverne, rejoindre ceux qui, maintenant, faisaient partie de sa vie.

Kharyn travaillait au corral, quand elle entendit des bruits du côté de son logis.
Prudente, elle avança d'un pas rapide vers celle-ci, la masse toujours en main.
Elda, c'est toi! Bienvenue!
La jeune femme posa sa masse près de l'entrée et embrassa son amie.
Tu m'as apporté des friandises? Tu n'aurais pas du, celà me gêne. Pose donc ton panier, que je te fasse faire le tour du propriètaire.

Dans un flot de paroles, elle emmena Elda vers les chevaux et les futures écuries.
S'appuyant à la barriére, elle lui expliqua avec moults détails, son projet.
Le poulain, attirée par la nouvelle venue, vint quémander de l'attention.

Tu vois, ils sont peut-être petits, ces chevaux-là, mais ils sont d'une robustesse à toute épreuve: endurant, résistant au froid, sobre, capable de porter de lourdes charges! Le portrait du mari parfait, en somme!
je compte surtout les vendre aux marchands et aux colporteurs.
D'ailleurs, si tu veux, la prochaine fois que tu pars, je t'en prête un. Celà te permettra de te faire une idée. En plus, celà me fera de la réclame.
Par contre, il faut que je voie ce qu'ils donnent en attelage. Peut-être avec une carriole légére?
Kharyn, ravie d'être tirée de la morosité qui la submergeait ce jour-là, babillait à en perdre haleine, ne laissant pas le temps à Eldarwenn. d'ouvrir la bouche.

Les jeunes femmes revinrent à pas lents vers la yourte.

Kharyn souleva la tenture d'entrée, s'effaçant pour laisser passer son invitée.
L'intérieur, sombre malgrè la présence de trois lumignos à huile, était chaleureux et accueillant malgré (à cause de) son exotisme.
Des tapisseries recouvraient le sol, des meubles rouges ornés de peintures colorées délimitaient les différents espaces, un canapé bas garni de coussins multicolores invitait le visiteur à s'asseoir. (la visiteuse, en l'occurrence).

Laissant Elda découvrir son antre à sa guise, Kharyn leur prépara des tisanes sur le fourneau. Quand celles-ci furent servies, elles s'installèrent de part et d'autre de la table basse, Elda sur le canapé, Kharyn en tailleur sur le sol.
Elles papotérent comme seules les femmes savent le faire: confidences, fou rires, indiscrétions, petits riens, anecdotes, tout ce qui entretisse une vie et une amitié.

Voyant Eldarwenn. caresser inconsciemment sa taille épaissie, Kharyn céda à une impulsion.
Elle se leva d'un bond et s'approcha d'un coffre sis à côté de son lit.
Je sais qu'il est encore tôt pour que tu aies commencé son trousseau, mais j'aimerai te confier quelques affaires.

Kharyn ouvrit le coffre et commença à en tirer délicatement des affaires d'enfant.
Les langes iront, je crois, ainsi que les robes de nourrissons. pour le reste, j'ai bien peur que celà ne soit nettement trop exotique pour la Normandie, ajouta-t-elle avec un grand sourire.

Sourire qui s'évanouit aussitôt quand elle découvrit la poupée de son dissimulée sous les petits vêtements.
Elle passa un doigt délicat sur les traits décolorés du jouet, une larme glissant lentement sur sa joue. Elle claqua brutalement le couvercle du coffre, se détournant de la vue d'i-celui.

Il commence à se faire tard. Je vais te ramener à cheval avant que la nuit soit tombée. dit-elle, coupant la parole à Eldarwenn., refusant ainsi toutes questions.

Laissant Elda mettre les effets offerts dans son panier, elle partit seller son cheval.
Quand elle prit son amie en croupe, elle s'était recomposé un visage et une attitude. Plaisantant tout le long du chemin, elle empêcha ainsi, Elda de poser la moindre question ou de risquer le moindre commentaire
.
Arrivée devant la Gourmandie, Kharyn fit descendre son amie, lui souhaitant une bonne soirée.

La porte sitôt refermée sur cette dernière, Kharyn se dirigea vers une autre taverne, fermement décidée à se noyer dans le calva.

Kharyn se réveilla en sursaut.
Que diable, était-ce que ce raffut! Reconnaissant enfin la voix de son amie, elle étouffa un gémissement de désespoir. Sa main tatonna sur le lit et ne rencontra que le vide. Se décidant à ouvrir les yeux, elle poussa un soupir de soulagement et de déception mélés:son visiteur du soir s'étant éclipsé, elle n'aurait pas à subir les sarcasmes malicieux de son amie.

Trente secondes, Ô Estoile de mes jours, le temps de passer quelque chose et je t'ouvre!
Sautant à bas du lit, Kharyn refit celui-ci précipitamment et enfila rapidement bas, chausses et chemise.
Elle jeta un coup d'oeil rapide autour d'elle, non rien ne trahissait une autre présence. Elle ouvrit à la diaconesse.

Entre donc, au lieu de rester dans le froid, voyons!
Mmm, ça sent bon, dis donc! Tu as apporté des provisions? Tu avais peur que je ne te nourrisse pas?
Et, d'abord si tu commençais par me faire un bisou au lieu de me reprocher mon paganisme!
Kharyn bisouilla Estoile.
Je ne pensais pas qu'il était si tard! Je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis levée si tardivement!
Dis-moi, ma belle, que préféres-tu: m'accompagner pendant que je m'occupe des chevaux ou en profiter pour fouiner, pardon, pour visiter mon humble logis?

Alors qu'elle venait à peine de saluer Estoile, Kharyn s'entendit saluer par une voix claire et fraîche.

Elle se retourna et vit arriver Dame Valentiane et un coq enrubanné.

Cette dernière, après les salutations d'usage, lui fourra le volatile dans les bras et commença à admirer ses tapis, son oeil de professionnelle commençant à les soupeser.

Kharyn, encore éberluée par ces arrivées fracassantes et pas encore tout à fait réveillée, caressait machinalement le coq, quand la sale bête en profita pour lui mordre sauvagement le doigt.

Aïeeeeeeeee! Toi, le volatile, si tu ne veux pas finir dans ma marmite, tu vas devoir apprendre les bonnes maniéres! Et, pour commencer: Dehors!
Hors de question que nous dormions ensemble!

Ayant mis le gallinacé anthropophage dehors, elle se retourna vers ses amies:

Tisane pour tout le monde, j'imagine!
Les chevaux attendront bien encore un peu.
Vicomtesse de mon coeur, ne les regarde pas de cette façon, ils sont trop grands et lourds pour que tu puisses en cacher un dans ton sac!

Mais, j'ai là une piéce qui devrait particulièrement te plaire



On trouve rarement de scènes tissées ce qui rend ce paysage quasiment unique, ce sont d'habitude des motifs géométriques. Et, je trouve les nuances de bleu particulièrement belles, non?

Kharyn, ayant mis de l'eau à chauffer et ayant escamoté les deux timbales qui étaient restées en évidence sur la table, s'avança vers un meuble bas décoré d'animaux lègendaires. Elle l'ouvrit, farfouina deux minutes:
Mais où est-elle donc? je suis persuadée de l'avoir emmenée...
Ah la voilà!!!

Estoile, voilà qui devrait te plaire, toi qui aimes les toilettes !

Ceci est ma robe pour les danses traditionnelles.



La plaquant contre elle, elle lissa le tissu du plat de la main.
Le contact de la soie la fit frissonner, ravivant en elle le souvenir des jours heureux, des souvenirs qu'elle avait cru perdus à jamais, consumés par le feu dévorant de sa haine.
Elle resta, un moment immobile. Moment suspendu où son âme déchirée luttait pour recouvrer le droit à l'espoir qu'elle s'était si longtemps interdit. Ce qui pour ses amies dura le temps de quelques secondes, lui parut une éternité où le poids de sa culpabilité et de ses remords faillirent cette fois à la plonger dans le désespoir.

C'est avec un sourire serein qu'elle reprit la conversation, ne laissant rien paraitre de son tumulte intérieur.

Il va falloir que je me remplume si je veux pouvoir la reporter!
Ce n'est pas une tenue prévue pour les sacs d'os!

Tendant le morceau de soie à Estoile, elle se dirigea vers le fourneau:

Bon, alors, à quoi vous la voulez, cette tisane?

Magnifique, tout simplement magnifique ce tapis est un chef d'oeuvre ...
Oui une tisane pour moi merci !!!

Et bien cette tenue pour la messe dis tu Estoile, il faut voir, ainsi vêtue je pense que tu pourrais fauire revenir à toi les brebis ou plutôt les moutons égarés dans les tavernes de la ville !!!

Elle étouffa un rire et caressa la soirie du vêtement, se demandant si jamais plus elle n'entrerait dans pareille splendeur, elle que la venue prochaine d'un enfant faisait plus ressembler à un mammifère marin échoué sur une plage portée par une trop forte marée et incapable de rejoindre les eaux profondes ...
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Mais, rentre donc, au lieu de rester dans le froid!
Ne fais pas ton timide et installe-toi!

Kharyn le tira à l'intérieur et d'office lui mit une tasse de tisane entre les mains.
Décidemment, vous vous êtes tous donnés le mot, aujourd'hui.
Tant mieux, je commençais à manquer un peu de compagnie.
Les chevaux ne sont pas très causants.

Tout en discutant, Kharyn alluma deux autres lampes pour dissiper la pénombre de la tente.
Elle écoutait tranquillement la conversation qui allait bon train entre ses amis, y jetant de temps à autre son grain de sel, rassénérée par leur présence.
Elle posa un panier plein de sucettes au calva sur la table basse, afin que chacun puisse y puiser à sa convenance.

Après une heure ou deux de papotages intensifs, elle se leva.

Bien, puisque que grâce à Estoile et à sa prévoyance, je n'ai pas de repas à préparer, je vais en profiter et vous abandonner le temps de soigner les chevaux. Il faut absolument que je fasse travailler une des juments le plus possible avant qu'elle ne redevienne complètement sauvage.
Et, n'en profitez pas pour finir toutes les sucettes!!

Elle enfila sa paire de bottes en feutre et s'appréta à sortir.

Ces sucettes sont un vrai régal, c'est mon pêché mignon !!!!
Il est vrai que ce logis est haut en couleurs mais je doute que Sarda apprécierait de vivre ici....

Elle sourit repensant à la charmante demeure rustique et champêtre qu'elle avait trouvée lors de leurs premières recherches et de l'air désabusé de son cher époux lorsqu'elle l'y avait conduit .
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Val regarda Kharyn qui rentrait et semblait avoir une démarche moins assurée.

Visiter ma demeure mais bien évidemment dès que nous serons installés j'ai l'intention de vous convier à une soirée
Bernold aura peut être un peu de temps à consacrer à cet ouvrage, je sais qu'il comptait retourner voir sa famille mais je pourrais lui en parler si tu veux ???
Mais dis moi, que t'es tu fait ?? mais tu saignes, montre moi cela !!
Tu sais j'ai été infirmière autrefois, je saurais te soigner. Il faut nettoyer ceci afin d'éviter une infection.

Val chercha dans tout le bric à brac de son amie de quoi nettoyer et panser sa plaie, elle trouva rapidement une bouteille de cru normand et un linge propre.
Bon un coup de calva et ce bandage et d'ici quelques jours il n'y paraîtra plus.
Cà va piquer....légèrement !!!
Elle lui sourit et pour détourner son attention sachant que l'alcool sur la plaie allait la faire danser lui dit
Quelle est cette horrible bête qui descend le long du poêle ??

Elle versa une généreuse rasade de calva sur la plaie et déchira un morceau de tissu pour panser et un second pour la bander.
Voilà, tu vois , tu n'as rien senti !!!
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................... Merci Kharyn de têtre occupé d'Ysaline , l'avoine va lui réchauffer la panse !

Kharyn , t'es sur que ça va car je m'y connais aussi au cas où , suffit de demander , mon père m'a appris tant de chose , c'était un druide-mage .... Héééééééééééééé .... PAIIEENNNNNE ....tu pars où comme ça et avec qui d'abord ... tu oses ME quitter sans m'emmener ???

Bien sûr qu'on a faim et ................................ (un long moment après , mais le disant moins fort )........... soif aussi !!!

T'as besoin d'aide Kharyn , on commence par quoi ??? ............... pis .... oublie pas de répondre à mes questions en faisant celle qu' a pas entendu ... j'te connais par coeur , comme si je t'avais faite ...
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Prête?

La question résonna longtemps dans sa tête.
L'était -elle? Prête à honorer ses morts et à demander leur pardon...
La recherche de l'absolution suffirait elle, ou ne s'imposait-elle tout ça que pour fuir sa culpabilité?
Chaque question en soulevait d'autres avant même d'être résolue. Étouffant le tumulte de son âme, elle répondit .
Oui.

Sans attendre de réaction de la part de l'homme, elle s'engagea sur le chemin qui menait à la clairière.

Arrivée, elle alluma le tas de bois cérémonieusement.
Dans son dos, elle entendit l'homme se préparer. Son corps se roidit dans un spasme d'anticipation. Elle prit une profonde inspiration et se détendit.
Quand le feu commença à lécher ardemment le bois, elle se releva.
Ses cheveux haut retenus sur la tête par un lien de cuir ouvragé ne risquait pas de gêner l'artisan dans son œuvre. Elle fit glisser sa cape au sol, un pagne seul couvrant sa nudité. Les multiples cicatrices couvrant son corps luisaient dans le reflet des flammes.
Elle se tourna vers le Flagellant dans un mouvement d'interrogation. Un hochement de tête lui répondit.
Se retournant vers le feu, elle ouvrit la petit sac et répandit sur le feu, la poudre qu'il contenait.
Une fumée odorante se dégagea bientôt du brasier.

Elle fit une première fois le tour du feu à pas lents.

Pour la tendresse de mon père que je n'ai pas su conserver.

Revenue à son point de départ, elle s'arrêta face au feu.
Un cinglement fendit l'air et la douleur s'abattit dans son dos. Elle trébucha de quelques pas, manquant tomber dans le feu. Un grognement lui échappa.
Se redressant, elle entama un deuxième tour, l'élargissant un peu pour s'éloigner des flammes.

Pour l'amour de mon mari que j'ai perdu à jamais.

Le deuxième coup lui fit mordre les lèvres au sang.

Elle fit un troisième tour.

Pour le rire de ma fille que je n'ai pas pu sauvegarder!

Elle ferma les yeux quand le fouet l'atteignit dans une tentative futile de se préserver de la douleur.
Quatrième tour, son pas se fait hésitant.

Pour la vie de mon fils que je n'ai pas su préserver.

Le coup fit naitre des étincelles devant ses yeux.

Pour les âmes de mes ennemis, qu'ils puissent être pardonnés!

Cette fois, elle abandonna et resta à sa place, indiquant d'un geste à l'homme qu'il pouvait continuer.
La douleur ne refluait plus, faisant de son dos un brasier aussi intense que celui qui lui faisait face.

Pour les innocents !

Les coups se suivirent, elle ne parlait plus.
Ses jambes commencèrent à trembler, elle avait perdu le compte depuis déja quelque temps;
Un nouveau coup lui arracha un cri, le premier.
Les suivants lui firent la sensation d'une grêle de feu .
Sentant son corps prêt à se dérober, elle se traina laborieusement vers un arbre proche. elle pressa ses mains contre le tronc dans une étreinte convulsive.
Le Flagellant, un moment désarçonné, reprit sa tâche.
Les coups s'enchainèrent, la douleur s'intensifia encore, plongeant son esprit dans une sorte de léthargie.
Le silence de la nuit de décembre n'était troublé que par les sifflements du fouet et la respiration hoquetante de la pénitente.

Elle s'affaissa, soudain, ses mains glissant le long de l'écorce sans force.
Son corps nu reposait dans la neige sans qu'elle semble sans rendre compte. des tremblements convulsifs l'agitaient.
Le fouet se tut.

Elle reprit ses esprits peu de temps après. S'asseyant à même le sol gelé, elle entoura son corps de ses bras, se balançant lentement d'avant en arrière, la gorge encombrée de sanglots.
Elle appela ses enfants et son mari de leurs noms, les nommant enfin après tant de temps.
Leurs noms s'échappaient en boucle de sa bouche tandis que les larmes, enfin, coulaient sur ses joues.
Chagrin si longtemps contenu qu'il semblait n'avoir plus de fin.

[Fin Janvier/Début Février]

La brunette, assise sur la barrière de l'enclos, regardait ses chevaux,un sourire aux lèvres.
L'avenir s'annonçait radieux.

Elle essaya de récapituler tout ce qui s'est passé en un mois:

Une querelle éclatante où sa toute nouvelle confiance s'était effritée, la laissant désillusionnée et plus méfiante qu'une chatte qui allaite.

Une campagne électorale... trépidante où , au contact des un et des autres, elle avait beaucoup appris. Plus qu'elle n'aurait voulu parfois, mais on n'a rien sans rien.

Un séjour honfleurais, où en plus de régler certaines affaires de succession, elle avait eu la surprise d'être rejointe par un beau brun et la joie de nouer de nouvelles amitiés. Un temps de ressourcement et de convalescence, source de joie et de plaisirs.

Une cérémonie religieuse où elle n'avait pu s'éclipser à temps...Tête à tête avec Dieu qui la laissait songeuse.

Un poste d'ambassadeur en Anjou, perspective qui la rendait un peu nerveuse. Saurait-elle mettre un boeuf sur sa langue et surtout arriverait elle à porter ces fichues robes? Cette perspective la fit glousser. Manquerait plus que ça. Elle n'arriverait pas à se civiliser aussi vite.

Ses cours de serpilleuse avec des femmes merveilleuses qui souvent l'avaient fait sourire quand elle avait le cœur lourd.

Une ou deux missions de routine pour l'armée, lui avait permis de calmer l'ébullition de ses pensées par leur lente monotonie.

Elle poussa un soupir.
Son activité frénétique lui avait fait perdre le peu de poids qu'elle avait repris, et sa maigreur commençait à lui peser. Coquetterie ou soin de sa santé? Elle chassa vite cette pensée de son esprit.

Un regard sur les chevaux lui fit vite perdre son air satisfait.
Elle avait pris beaucoup de retard sur ses estimations. Elle peinait sur les plans de sa future demeure et des écuries. Le printemps se rapprochait à grands pas. Il fallait absolument qu'elle se décide.
L'argent n'entrait pas en compte, juste une indécision chronique et l'impression de se tromper de route.

Elle soupira plus profondément, sa joie désormais enfuie.
Les périples, sur les routes normandes avait réveillé la nomade qui dormait en elle. Elle rechignait à poser définitivement son balluchon.
Elle balançait entre deux choix, entre deux modes de vie, partagée entre son passé et son avenir.

Sa confession et sa pénitence, quoique entreprises dans le désordre, l'avaient soulagé d'une partie de son fardeau.L'étreinte qui enserrait son âme s'était légèrement desserrée. Elle arrivait, enfin? de nouveau? à envisager l'avenir autrement que théoriquement.
Cette soudaine impression de liberté la laissait désemparée et hésitante, tout comme la laissait désemparée cette sensation de solitude depuis que son compagnon de voyage se ressourçait dans un ermitage.

Elle plissa le nez devant le tour que prenait ses pensées. Sautant de la barrière, elle laissa, à regret, les chevaux et se dirigea à grands pas vers sa yourte.
En passant, elle vérifia les cadres où finissaient de sécher les fourrures qu'elle destinait à Elda et à son bébé. Avec un sourire, elle les décrocha enfin. Il ne lui restait plus qu'un peu de travail à faire dessus et elle pourrait les amener à son amie. Elle allait s'y mettre de suite.
Au moins, ça l'occuperait utilement.

Eldarwenn qui courrait jusque là, fut contrainte de ralentir, son cœur s'emballait plus elle approchait, elle souffla et poussa la porte de la yourte, entrée elle aperçut son amie paisible, allongée dans son lit, une poupée dans ses bras, refermés sur son corps, cette image d'elle l'a surpris, elle ne l'avait jamais vu aussi calme, aussi belle...

Elle s'approcha d'elle, ses pas ne firent aucun bruit, elle s'agenouilla et posa une main sur sa gorge, apeurée par ce qui était inévitable, elle voulait en être sure. La vie avait quitté ce corps,

Elda fondit en larme, Pardon Kharyn ! Pardonne moi ! Je n'y arriverai pas !

Elle prit la main de son amie dans les siennes et y déposa un baiser, Pourquoi Kharyn ? Je t'en veux tellement de m'avoir fait ça ! J'ai besoin de toi ! Mais pourquoi ?!

Eldarwenn réagissait égoïstement à présent, perdue, elle se laissa glisser un peu plus sur le sol, ses mains effleurèrent, une chose si froide, plus froide que la peau de son amie.

Elle ramassa ce qui ressemblait à un récipient, celui mentionné dans la lettre certainement, elle le porta a son visage... Humant l'odeur...

Elle se leva, déposant un baiser sur le front de Kharyn, elle enveloppa le verre et le mit dans sa besace, elle s'en débarrasserait plus tard,

Elle fit un rapide état des lieux, rien ne devait indiqué ce qui s'était passé, ce qu'elle avait fait, elle sortit de sa besace un sachet d'herbe qu'elle fit infusé avec une autre variété, un mélange dangereux... Elle le déposa sur ce qui servait sans doute de table, Antiope et Lodania ne pourront que croire que ce n'était qu'une intoxication...

Elle relue la Lettre d'adieux de Kharyn une dernière fois avant de l'enfouir dans son corsage, elle ne se résoudrait pas à la brûler... elle voulait conserver ces derniers mots...

Appuyée contre un meuble, elle resta plusieurs heures a regarder son amie, cherchant ce qui était le mieux pour elle et ses amis...

Sa décision étant prise, elle ramassa sa trousse, caressa la joue de Kharyn, lui murmurant : "Personne ne saura, jamais"

Elle sortit, ses joues étaient humides, elle ne savait ou se rendre en premier.
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S'il était une prérogative du métier d'avocate que la Vicomtesse exécrait, c'était bien la validation des testaments, surtout lorsque la légataire n'était autre qu'une de ses soeurs d'armes ...

Elle avait reçu cette étrange missive lors de sa mission à Avranches et avait de suite compris qu'il était trop tard pour espérer la sauver... Kharyn avait planifié sa mort dans le moindre détail, avec une minutie déconcertante. Le testament qu'elle laissait à ses proches était un message à son image, plein d'espoir et d'amour pour les personnes qui avaient eu la chance de la cotoyer et de partager sa vie trop courte.

Outre le sentiment coupable de ne pas avoir décelé pareil mal-être chez son amie, elle regrettait de ne pas l'avoir connue davantage. Il lui fallait à présent honorer ses dernières volontés et à peine les remparts de Bayeux se profilaient à l'horizon qu'Adrienne quitta sa lance pour arpenter les ruelles de la ville, à la recherche d'Eldarwenn. Le forgeron du village lui dit l'avoir aperçue se diriger vers la demeure de la défunte en compagnie du Varlet Veutdelot, la magistrate inspira profondément et emprunta le sentier menant à la masure de la brunette, le coeur serré. Sur les abords du chemin elle cueillit un bouquet de jacinthes, premières fleurs écloses du printemps. L'occasion de rendre un ultime hommage à celle avec qui elle avait partagé tant de bons moments à la caserne ...

Entrant à pas de louve, elle aperçut VDL et Elda agenouillés et recueillis devant la dépouille, Kharyn semblait simplement endormie, son visage était serein, apaisé. Serrant le testament contre son coeur, elle s'approcha d'eux et posa une main sur leur épaule voutée par le chagrin. Elle posa le bouquet entre les mains de sa soeur d'armes, déposa un baiser sur sa joue glacée et murmura à ses amis d'une voix basse, comme pour ne pas la réveiller :

Allons, elle n'aurait pas voulu vous voir si tristes, rappelez-vous tous les moments de joie et les rires partagés à ses côtés et gardons d'elle ces merveilleux souvenirs ...

Elda, VDL, ... avant de mourir, Kharyn m'a confié un message destiné à vous et tous ses amis de Bayeux. Ayant constaté le décès, je puis à présent le valider et l'enregistrer, et ainsi m'assurer que ses dernières volontés soient respectées.
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Elle s'étrangla suite à la constatation de Veutdelot, l'envie de le frapper la traversa, plongeant son regard dans le sien, ses sourcils froncés, elle fit non de la tête, elle mordait férocement sa lèvres inférieur,

La culpabilité l'envahissait, Je n'aurai pas du m'endormir après avoir mis au monde Carmen... elle ne m'aurait pas quitté, elle serait là aujourd'hui, j'aurai pu arriver plutôt si j'avais su... j'aurai pu la sauver !

Ses poings étaient serrés, son souffle était rauque, Ma fille ne la connaitra jamais, baissant la tête, elle essuyait ses larmes, afin de tenir sa promesse.. en vain...

La jeune femme perçut quelques bruit derrière eux, une main chaleureuse vint à se poser sur son épaule, elle tourna la tête pour voir de qui il s'agissait, La jeune femme s'expliqua sur sa présence.

Eldarwenn se leva et l'embrassa, ses joues étaient humides, Nous t'écoutons Adrienne.
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Avant même qu'Adrienne n'ouvre la bouche, Garance entra, elle était si pale... Elda mit un instant à la reconnaître, Jamais elle ne l'avait vu dans un état pareil à celui-ci, sa voix tremblante montrait sa panique... Ses yeux fixés sur leur amie traduisait son chagrin... Elle était méconnaissable d'habitude si souriante...

Elda baissa la tête venant jusqu'à elle en deux petites foulées retenant malgré elle son souffle, Elle ne fit rien du respect qu'elle devait à son ainée et amie, elle l'étreignit fortement, plaçant ses bras autour de ses épaules...

Oh Garance, Je n'ai rien pu faire, c'était trop tard... trop tard... Elle sanglotait bruyamment

Elle redressa la tête, qu'elle avait enfoui dans le col de Garance, Je suis désolée... Garance, pardonne moi...

La jeune femme s'excusait de son comportement mais surtout de ne pas avoir était là, là pour elle alors qu'elle était si près... N'aurait-elle pas pu l'en empêcher ?
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Trop tard.. trop tard..
Les mots maudits trouvaient leur chemin.. Elle aurait voulu se boucher les oreilles..

Refusant d'abord l'évidence, elle laissa Elda la prendre par les épaules sans faire un geste. La joue baignée de larmes de la jeune femme dans son cou la ramena un peu à la réalité.

Trop tard.. trop tard.. comme une ritournelle lancinante.. Elda.. si douce.. Mettant une main sur les cheveux de la jeune maman, elle lui parla doucement:

" Shusssh Elda.. tu n'aurais rien pu faire..Tu connaissais Kharyn.. déterminée "

La voix d'Adrienne vint en écho pour consoler Elda.. Elle la laissa partir dans les bras d'Adrienne. Puis celle-ci, tel un avocat s'asseoir et leur parler de circonstances et de causes.

" Alors vous aussi, vous avez reçu une lettre d'elle?"
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Dame de Coulvain

Tout sembla aller bien vite dans ce moment qui lui semblait suspendu presque irréel.

Il la voyait étendue là, impassible et immobile. Ce n’est pourtant pas son genre, se questionnait-il.

Eldarwenn semblait tellement accablée qu’il se demanda un instant si elle n’allait pas le giffler ! Pourquoi ? Sûrement pour le ramener dans cette terrible réalité qui se présentait également devant lui.
Nétait-elle pas médecin? Après tout, ELLE, elle devait véritablement savoir. Puis, comme dans un rêve, il vit arriver Adrienne, son autre sœur d’armes.

-Adrienne ?

Elle se mit à parler, parler et parler. Des mots qu’il n’arrivait pas à saisir, qu’il ne voulait pas saisir. Adrienne la vicomtesse devenue soldate et prête à mourir pour son pays comme pour lui ou pour Kharyn en vrai sœur d’armes. Mais Adrienne, cette fois, qui parlait de testament comme peut en parler un avocat. Cette fois, il n’arrivait plus à suivre. Il ne voulait pas suivre. Il fallait qu’elle vive ! Il se devait de la faire vivre…pour lui, du moins juste pour lui.

( …)

-Fais pas cette tête !

- Facile à dire…
Je te rappelle que t’as failli me couper la gorge, KHARYN !!!!

-Ben oui, ben oui, mon tout beau !

-Si, si …je te l’assure !

-Hi, hi ! À ta place, je ne me plaindrais pas…Veut-de-lot !

-Comment ça ?

-Bah oui, pense-y juste un peu…
Toi, t'as bien failli… me faire perdre la tête !!!
Rhooooo !

Ils s’étaient mis à rire tous les deux.

-Bon d’accord, j’te pardonne. Mais à une condition.

-À vi, laquelle ?

-C’est toi qui prépare le dîner ce soir !!! ^^

-Ma dague ! Ma dague ! Où est ma dague !!!^^


(…)


Perdu dans ses souvenirs, il souriait doucement malgré ses yeux creux et ses traits tirés quand il vit entrer en trombe une Dame à l’air atterré. Garance.

Comment avait-elle pu savoir si vite ? Elle aussi connaissait Kharyn. Elle aussi était près d’elle. Elle aussi devait l’aimer. Elle semblait parler d’une lettre. Lui, n’en avait reçue aucune. Du moins, il y avait bien longtemps qu’il avait mis les pieds dans sa demeure. Et puis, à part le maire lui réclamant les taxes qui pourrait bien lui écrire…

Eldarwenn eut le souffle coupé quand en venant vers elles, Garance sortie une Lettre...

Ses pensées s'embrouillèrent, elle n'entendit pas Garance prendre la parole, jusqu'à ce qu'elle commença sa lecture, Elda tressaillit, tous ses efforts pour rien, Elle fixa plus intensément de son regard menaçant Garance, plein de reproches...

Soudain contre toute attente, la lettre ne suggérait qu'un départ prochain, et non la mort préméditée de Kharyn, la lecture fini, Elda baissa les yeux, confuse, elle reprit son souffle, et posa ses yeux sur Garance, reconnaissante de ne pas en avoir trop dit,

Elda se doutait que Adrienne savait, qu'elle connaissait la vérité... Si elle possédait le Testament c'est qu'elle savait... Garance aussi... Malgré cela personne ne devait prononcer l'irréparable... Veutdelot n'avait pas reçu de lettre... il devait continuer de croire que s'était un accident... Comme tous les Bayeusiens.

Les trois femmes garderaient le secret pour la dignité de celle qui fut leur Amie, Elda se l'était promis...

La jeune femme se leva, elle regarda tour à tour Garance et Adrienne, avant de regarder avec tendresse Veutdelot qui ne voulait se détacher de Kharyn... Elle posa une main sur l'épaule de Garance et sortit de la Yourte, elle murmura cependant : "Continuer sans moi, j'ai besoin de m'aérer un instant.. "

La jeune femme soupira, elle s'était assise dans l'herbe fraiche et humide... Songeant aux funérailles... Kharyn n'était pas baptisée, l'église serait inutile donc... Ses rêveries furent interrompues... Elle aperçut le garçon qui lui avait remit sa lettre, elle se leva et lui courut après, Elda l'attrapa par le col,

- " Attends cette fois ! Qu'est ce qu'elle t'a dit ? Qu'as tu vu ? Il y avait quelqu'un avec elle ?

- Non, Non ! Lâchez moi ! Arrêtez ! Ma chemiseuuuh ! Mais ma mère va me disputer !

- Ah.. Euh pardon, écoute c'est important je dois savoir, tu te souviens de la dame qui t'as donné la lettre que tu m'as remis ?

- Oui, mais je trouve pas le monsieur qui veut de l'eau...

- Elle t'a dit autre chose ? Elda souleva un sourcil, Qu'as tu dis Veutdelot ? Pourquoi le cherche tu ?

- Elle a été gentille, je travail parfois chez elle, ben j'ai une lettre pour lui aussi mais je sais pas qui s'est moi ! J'ai que 10 ans faudrait pas l'oublier...

- Donne la moi, je connais l'homme que tu cherches, Tu es dégourdie pour ton age... Tu vas pouvoir rentrer chez toi... Il se fait tard, ta mère doit être morte d'inquiétude.

Le garçon lui tendit la lettre, et s'échappa... Elda avait du lui faire peur... ses yeux rouge... son chignon qui ne ressemblait plus a rien...

Elle pensait à présent à sa fille... elle l'avait abandonné durant trois longues heures au moins, elle plia la lettre de Veudelot et entra dans la yourte, elle se dirigea vers lui, se demandant si elle faisait ce qu'il fallait, elle devrait peut-être la lire avant au cas où... non il méritait de posséder ce dernier souvenir... elle posa ses mains sur les épaules de Veutdelot, toujours agenouillé au chevet de Kharyn, l'une d'elle contenait la lettre...

Adrienne, nous t'écoutons... quelles sont ses dernières volontés ?
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Eldarwenn regardait autour d'elle, Kharyn avait tout prévu, chacun de ses objets trouvait un nouveau propriétaire, une nouvelle vie en quelque sorte... Un souvenir d'elle, La plus gâtée était Carmen... Elda lui contera qui était Kharyn, une femme indomptable, imprévisible, déterminée... Ravissante également et intelligente..

Elda espérait que sa fille lui ressemble pour certains traits, Kharyn était honnête et franche.. Mystérieuse...

La jeune femme sortit de ses songes... Garance ? Veutdelot ? prenez ce qui vous revient s'il vous plait, Je me chargerai de la remise des biens plus tard... Maurice m'aidera, Il faut que je rentre m'occupait de ma fille...

Euh Il faut que nous... nous annonçons la nouvelle, Kharyn n'était pas baptisée, nous pourrions faire quelque chose sur les bords de l'Aure pour lui dire au revoir ? Sais tu ce qu'elle souhaitait Adrienne ?
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Je vous avouerai que je m'inquiète pour ma fille, il se fait tard elle doit être affamée... Je ... Je n'ai pas le courage de faire les paquets ce soir pour ses amis... Je reviendrai tôt demain matin... et ...ferait le nécessaire, je contacterai également ses amis avant de faire une annonce publique, cela me semble plus judicieux non ? Qu'en pensez vous ? Vous m'aiderez ?

Elda était terrifiée à l'idée de se retrouver seule devant les bayeusiens, les mauvaises nouvelles n'étaient pas sa préférence pour s'exprimer publiquement.

La jeune femme s'enroulait dans sa cape, en attendant leur réponses, avant d'oser s'engager dans la nuit glaciale...
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L'Aure ou bien ...? J'ignore ce qu'elle aurait voulu, ce n'est pas un sujet que l'on aborde souvent avec ses amis autour d'une choppe de Calva... Tu penses à autre chose Garance ? Elle t'en a touché un mot Adrienne ?

Elda cherchait ce qu'il y avait de mieux pour Kharyn, elle pensa tout haut.. "Adieux Viking..."
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La Vicomtesse secoua négativement la tête, haussant les épaules d'un air contrit, elle aurait voulu les aider davantage mais jamais les deux femmes n'avaient abordé de tels sujets. Et Kharyn n'avait rien stipulé à ce propos dans ses dispositions testamentaires. Seul le bien-être de ses amis semblait avoir de l'importance pour elle.

Vous la connaissiez tous trois bien mieux que moi ... Mais l'Aure me semble un excellent choix : une rivière aux mille reflets se transformant parfois en torrent insaisissable, un cours d'eau naturel et sauvage semblable au caractère imprévisible de notre défunte amie. Nous pourriez y réunir tous ses amis de la caserne et du village pour procéder à la distribution de ses biens et lui rendre un ultime hommage.

Allons prendre un peu de repos et dès demain, nous annoncerons aux bayeusins la funeste nouvelle.
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Eldarwenn était de retour, elle poussa la porte qui grinça, son entrée ne pouvait être que remarquée...

La jeune femme se dirigea vers Garance, elles devaient toutes les deux se charger de la Toilette Funéraire, Elle lui tendit la robe de Mariée de Kharyn, Elle voulait la porter une dernière fois...

Elda déposa sa besace sur le sol, se dirigeant vers Veutdelot, délicatement elle posa sa main sur l'épaule de celui-ci, Veutdelot, je suis désolée mais il faut que tu sortes nous allons l'habiller pour les funérailles... La jeune femme attendit qu'il sorte pour retirer la couverture posé sur la défunte.

Garance ?
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Eldarwenn remplissait une vasque à l'aide d'une aiguière, elle y ajoutait les huiles.. et prépara les linges pour la sécher... Elda s'était promis de ne plus pleurer..

"Tu es sûre qu’elle voulait être enterrée dans sa robe de mariée ?"

Certaine... ça m'a étonné moi aussi mais elle en parlait dans sa lettre... La jeune femme se remit à l'ouvrage, repliant a plusieurs reprise le même linge... il fut interrompu par l'appelle de Garance.

« Elda..Adrienne ? Venez voir »

Elda lança un regard à Adrienne et se dirigea avec curiosité vers Garance, elle l'a fixa puis suivit son regard pour découvrir qu'elle fixait les cicatrices de leur amie...

Mon Dieux ! Que lui est-il arrivé ?! Elle en est recouverte ! Qui a bien pu lui faire cela ?

Le jeune médecin, choquée, porta sa main à ses lèvres, les larmes lui montèrent inévitablement, elle se dirigea vers la porte, Veutdelot doit savoir !
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La jeune femme refermât la porte derrière Veutdelot, J'aimerai que tu nous dise si tu savais pour ça ? La jeune femme pointait un index vers le corps de Kharyn.

Elle lui emboita le pas jusqu'au lit de leur amie, Elda ne put s'empêcher de poser son regard une nouvelle fois sur les cicatrices de Kharyn... cela lui arracha un haut le cœur... Elle détourna le regard rapidement fixant Veutdelot.

Inquiète, elle voulait à tout prix savoir qui lui avait infligé ça. Eldarwenn était convaincue que cela s'était produit à cause de l'armée... Une profession haï par le jeune médecin, l'armée...la guerre lui avait enlevé de nombreux amis.
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Ballet des âmes perdues autour de Kharyn. Lentement, son doigt suivit le creux d’une balafre puis d’une autre. Espérant qu’elles révèlent leur secret. Cherchant une réponse. Voyons, elle devait faire un effort. Se rappeler toutes les conversations avec la jeune femme. Ce soir-là, tard quand d’une voix sourde, elle avait confié son passé. Mots heurtés, saccadés. Elle l’avait poussée dans ses derniers retranchements.

Yeux qui cherchent ceux de Veutdelot et Elda affolés. Les plus chers amis de la morte. Hésitant entre une vérité lourde comme une enclume et un mensonge salvateur :

« Elle m’en avait parlé.. Son père, son mari et ses enfants lâchement assassinés par des fous furieux.. Et elle, battue et fouettée sauvagement.. laissée pour morte..Je la connaissais à peine quand elle me raconta tout ça..Nous n’avons plus jamais évoqué ce passage de son histoire..Et.. et, à ma grande honte, je ne l’ai pas crue tout de suite.. Mais là…

Et Garance de se souvenir du reste des confidences de Kharyn : « J’ai fait des choses terribles Garance.. terribles » Un aveu de vengeance bestiale et sanguinaire. Une vérité à l’aulne de la première. Etait-ce ce secret trop pesant qui l’avait anéantie et poussée à en finir ?


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Elda darlait. Elle lui semblait fatigudet passablement eouvi Garance, elle, paraissait triste mais forte devant l eeuve. Quant aui, il tit mort de peine mais se refusait nrop le laisser percevoir.

Il ne comprit pas sur le coup ce que Elda voulait lui dire. Il crut d abord quoelle lui demandait dialler organiser un brunch q, quel nom curieux, sinon un buffet. Sans doute ne connaissait-elle pas ses talents culinairesdLa raison lui vint cependant rapidement en aide et il conclut, uon grand soulagement, queil devait seagir doun bt. L idnle figea quelque peu sur place mais quoi de mieux, songea-t-il un instant, pour purifier un corps tourmentet sans vie.

-Un b

Je vous laisse finir debl arranger pendant que je mtoccupe de fait du sens, Elda. Beaucoup mieux que laAureuelle pourra ainsi encore une fois s enflammer et briller !

As-tu eu le temps doaviser tous ses nombreux amis ?

La rage montait dans son c ur. Qui avait bien pu faire subir des outrages pareils on amie ?
Les voix de Veutdelot et Elda la calmont un peu. Les pr>ratifs, il fallait bien scen occuper.

Levant la tu vers Elda, toujours en qu? de la moindre parcelle de bonheur et le crat, ele ne put lui offrir qutun visage dlstt Lumi se disputant avec l>ombre. Elle les trouverait osils soient et ils gouient de sa cold.

Ses gestes se faisaient plus brusques, mqniques. La voix tendue de Veutdelot portait des accents de tristesse mal cachù qu’ La tunique de Kharyn tomba sur le sol.
Elle frble poing de Kharyn fangement ferm crispuds rigidifiu Un bout de parchemin dessait. Intrigui Garance tenta de le tirer sans le deirer. Peine perdue.
Se penchant

Allez ma belle, que nous caches-tu llncore ? Laisse-moi voir ’

Une pril stupide mais qui ldencouragea luvrir doigt aprpdoigt cette main coffre-fort.
La serrure ssouvrit pour livrer un parchemin chiffonnnsibles. Une liste de mots ou de noms ? Certains traversquun trait rageur et drun mot : a Mort o.. cette iture, elle la reconnaissait. Kharyn.. 5 noms raturlcommentndes mhs lettres dnnitives. Un seul vierge..

Garance ?

Yeux essayant d exprimer une urgence rlda.. Touver quelqu un qui sache dmiffrer ce nom. Traquer ce personnage pour le faire parler..Fourrant le parchemin dans sa poche, elle fit face nlda..

Quoi ? Que se passe t-il ? Oetu trouv.ette lettre ?

o Elda, ne me pose pas de questions smil te plait. Pas maintenant. Fais-moi confiance, je dois partir. Il faut que je trouve un edit capable de traduire ce bout de parchemin.

Lui r:ler les lettres maudites eites par Kharyn.. Pour quoi faire ? Se recomposant un visage, elle lui sourit.

r Je sais que tu teoccuperas tr bien des funrilles avce Veutdelot. Si jeai trouv"a solution avant la fin de la cemonie, je reviendrai et te dirai tout. ?

Et sans attendre la r=nse, elle fila

Garance était sortie en coup de vent. Elda apparut par derrière semblant quelque peu énervée et un brin autoritaire.

-Euh…je viens à peine de commencer et je peine à le faire mais ma foi, je crois bien que ça en vaudra la peine ! Enfin, on verra bien !

Mais qu’est-ce qui vous arrive à toutes deux ? On dirait que vous avez croisé…euh…un mort !

Avant qu’il n’ait pu terminer sa phrase, Elda avait tourné les talons et s’était engouffrée à l’intérieur.

Songeur, il se plongea dans sa tâche qu’il compléta plutôt rondement en s’inspirant de la forme de la yourte (!)

Il y mit tout son cœur et y déposa toute sa peine.

Bien que circulaire, ce bûcher funéraire avait été bâti en hauteur.
La partie centrale avait été laissée libre pour pouvoir y aménager un escalier en colimaçon ( je vous jure !)
afin d’accéder au toit qui, pour les circonstances, était d’une plate sobriété. Là, disposé de manière ostensible vers la partie arrière
(bien que la partie avant n’ait pu vraiment être parfaitement délimitée), et harnaché sur un petit promontoire on pouvait y reconnaître le lit de la défunte.
Il avait également imaginé y aménager tout autour quelques places assises mais il douta fortement qu’elles trouvent preneurs.
Aussi, ménagea-t-il quelque peu ses élans architecturaux tout en se félicitant du travail de ses mains.

Elda vint le trouver. Elle voulut s’excuser auprès de lui.

-Mais non Elda, c’est pas grave ! Nous sommes tous épuisés et à cran. T’en fais pas…la vie est tellement…tellement courte!

Bon, allons ! Transportons notre amie sur son dernier piédestal.

Estoile venait de lire la missive remit par Maurice , en un premier temps accablée par la nouvelle et bien d'autres choses enore , elle alla pleurer la disparition de son amie en se terrant chez elle ; puis elle se mit à penser qu'elle était égoiste d'ainsi agir ... aussi prit-elle son courage à deux mains et chemina au loin , vers les abords de la ville de Bayeux , là ou la yourte s'élevait et se voyait à mille lieux de ronde.

Plus EStoile approchait , plus les larmes redoublaient dans ses yeux , elle ne voulait pas encore y croire , elle se disait que peut-être elle n'était que gravement blessée mais toujours là , qu'il y avait eu ue erreur dasn la rédaction du plis remis par Maurice de la part d'Elda ?

Elle pénétra dans la cour , puis vit et surtout sentit de la fumée ; un déjeuner se préparait .... ET donc sa Kharyn etait là ..... ?

Elle s'approcha , vit les visages ravagés d'Elda et de Veutdelot qui déjà veillaient Kharyn toute habillée de blanc comme une mariée ; ses traits étaient reposés et elle était magnifique , ainsi parée , sauf qu'elle était installée sur un bûcher , genre bûcher indou.

EStoile ayant lu beaucoup de livres connaissait aussi cela et son père le druide-mage EsQuaLyBur lui en avait parlé de ces pratiques. Qui plus est , il y a peu de temps, en limousin ,; c'est elle , EStoile qui les avait dressés les bûchers pour bruler les corps des pestiférés , aussi maintenant voyant ce qu'elle voyait ; il ne faisait plus aucu doute que Kharyn était déjà rendue près du Très-Haut :

Euhhh , pardon Elda , Veutdelot , je viens juste de .......... com ..... prendre ..... que si je la vois là .................. c'est que elle est .................................... ?

Et EStoile éclatta en sanglots , terrassée de comprendre quenonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn , pas ça , nonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn , pas toiiiiiiiiiiii ma paiienneeeeeeeeeeeeeeeeeee ...... ?

Kharynnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn ..... se mit-elle à crier

Ce cri de douleur contenue la recentra quelque peu en libérant ces émotions douloureuses ... Elle aurait tant voulu l'embrasser , la prendre dans ses bras , lui dire qu'elle était là pour elle ??? ...... il ne restait plus que la prière même si Kharyn n'était pas baptisée ... mais avant elle préféra demander à Elda et Veutdelot :

Ma paienne adorée n'était evidemment pas baptisée , alors on récite une prière ou pas , qu'en pensez-vous ?
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EStoile s’y trouva bien contenue dans les bras d'Elda ... une telle tendresse affectueuse lui manquait tant , surtout dans ces moments si difficiles à être et à vivre car elle avait sa peine tapie au fond d'elle même … et de pouvoir la partagée ainsi en était si réconfortant pour la diaconesse car EStoile n'était pas si forte qu'elle en avait l'air .
Cependant ,reprenant ses esprits elle prit de son livre des vertus qui ne la quittait jamais :

..........................................

Puis y trouvant une prière appropriée à la circonstance , elle la récita à voix haute:

...................................

Et en hommage à son maie , termina par ces simples mots:

Kharyn ma douce Kahryn je t’ai aimée et tant apprécié ma paienne adorée, alors maintenant ,que tu es partie au paradis blanc repose bien en paix ,je t’ai vu semer que le bien autour de toi et près du Très-Haut tu as ta place comme tout un chacun soit en sure , je t’aime ma Kharyn et toute ma vie je prierais pour le repos de ton âme et son élévation vers les sphères supérieures pour que tu ne connaisses dès à présent que le bonheur.

EStoile se tut , essuyant des vagues de larmes qui affleuraient dans ses yeux bleus-verts –azurés ... puis elle regarda Elda et Veutdelot comme pour leurs laisser la parole .................................
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Galilée vint apporter une missive de Rouen, joliment sceller... Il se dirigea vers Eldarwenn et lui remit la Lettre.

Eldarwenn reconnut le sceau de son Ami, elle la déroula, la lu une première pour elle, puis elle leva les yeux vers le Buché et la récita d'une voix haute et claire.

Elle replia la lettre, et la rangea avec celle de Dahut pour l'instant, elle souriait, Keur avait trouvé les mots justes... ceux qu'Elda be trouvait pas... Elle ne prononcerai aucun discours... Les mots ne suffisaient pas pour décrire qui était Kharyn.

Il fallait la voir s'occuper de ses bêtes, manier la serpillère, maltraiter les hommes... entendre son rire cristallin...
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C’était bien beau les érudits, mais pas un seul capable de déchiffrer le langage étrange sur ce parchemin. Un à un , ils avaient hoché la tête, certains même suspicieux. « Hum, mon temps est précieux, ça ne peut être que l’œuvre d’un farceur ! » et d’autres hostiles « Sortez, sortez, suppôt de la Créature dont je ne peux dire le nom ! ». Des ignares oui !

Elle en rencontra un enfin, plus curieux « Dame, cette écriture vient de peuplades du Haut Nord et de l’Est, je reconnais l’alphabet. C’est du cyrillique. Hélas ! je ne sais pas le déchiffrer et je ne connais aucun savant par ici capable de le faire ».
Abasourdie par ce début de découverte et épuisée par ses démarches infructueuses, elle revint au Domaine de Coulvain,monta à sachambre et empoignant une plume, elle recopia soigneusement les mots sur un parchemin. Caché dans une des poutres, elle y reviendrait.

Le temps était venu de retourner aux funérailles de Kharyn. Elle avait abandonné Elda et Veutdelot aux préparatifs. Chers parmi les chers, elle galopa.. Un bûcher se dressait non loin de la yourte. Une foule se pressait pour rendre hommage à la bayeusienne. Estoile, Rica…
Descendant de cheval, elle se précipita vers Elda.

« Ne me demande rien Elda, je trouverai la réponse un jour, je te le promets. Pour elle, pour toi et ses amis »

Lui passant la main sur le visage pour appaiser la jeune femme, elle fendit la foule pour dire un dernier adieu à son amie. Se hissant sur les bûches amoncelées et réfrénant un frisson d’horreur en pensant à la suite, elle lui murmura à l’oreille.

« Je trouverai ton secret, Kharyn. Tu connais ma détermination. J’aurais tant aimé te côtoyer davantage, toi si forte et si sage malgrè ton caractère de cochon ! Ton rire me manquera «

Un léger baiser sur le front lissé par la mort, elle glissa discrètement le bout de parchemin original dans le décolleté de la jeune femme et descendit à regret. Larmes aux yeux , elle se dirigea comme un automate vers Elda et posa sa tête sur son épaule.

Estoile vint lui dire au revoir, Elda caressa la joue de sa diaconesse préférée lui présentant une nouvelle fois ses sincères condoléances...

- En son nom et pour le repos de son âme je vous remercie tous d'être venus lui rendre ce dernier hommage ; sachez que là où elle se trouve , elle appréciera vos marques d'affection si attentionnées à son égard. De ce pas, je vous quitte car je m'en vais me rentrer mes ami(e)s.

La foi de la jeune femme était source d'espoir, Kharyn allait bien... reposez en paix... Ces quelques mots apaisait l'esprit d'Eldarwenn qui regarda son amie se retirer.

Au même instant Garance descendait de cheval, Elda posait un regard inquiet sur elle... elle lui devait des explications ! Mais Garance l'a coupa dans son élan.. Elda fit non de la tête, désapprouvant le silence de Garance.

« Ne me demande rien Elda, je trouverai la réponse un jour, je te le promets. Pour elle, pour toi et ses amis »

Sur ses mots, Elda baissa les yeux, affichant une petit moue... Garance la consola quelques peu en caressant le visage de la jeune femme avant de se faufilait entre les personnes présentes... Elda l'observa faire ses adieux à Kharyn, curieuse de savoir ce qu'elles mijotaient...

Elda se rapprocha du bucher et de Veutdelot... qui était assailli par un étrange pigeon... Il lut à son tour une missive du Capitaine Attalus, La jeune femme écouta avec attention...

- ouais, pétillante...
Bon alors, d’autres personnes veulent-elles ajouter quelque chose ? Alors qu’elles parlent…et qu'elles ne se taisent jamais...

"Il est temps qu'elle s'en aille" dit elle en glissant sa main dans celle de Ghésouaf, Garance vint poser sa tête sur son épaule, elle caressa sa joue à son tour.

C'est terminée n'est ce pas ? lui souffla t-elle à l'oreille.

Le Trio était ainsi au devant de la "scène", prêt à faire leur Adieux à leur amie... Ghésouaf possédait la torche, cette tâche lui revenait... Elle prit une grande inspiration...
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Le temps était arrivé. Il se faisait pressant. Bousculant. On aurait voulu l’étirer encore un peu, oh juste un peu comme pour en découvrir toutes les coutures mais curieusement lui-même en personne semblait manquer de temps. Il s’était ainsi présenté à la vite et, fallait-il s’en étonner, dans un costume tout étriqué.

-Dieu du ciel ! s’exclama Veutdelot.
Ça y est ! Je crois bien que c’est le temps et qu’il faut se rendre à l’évidence.
C’est par là …

Ils gravirent lentement dans un silence feutré le colimaçon qui les mena auprès du corps de la défunte. Ils s’arrêtèrent à quelques pas.


-Bon, nous y sommes. Elda…Garance…vous êtes prêtes ?

Baissant toutes deux les yeux, elles lui firent comprirent l’inéluctable.

Il commença par balancer lentement la torche dans un mouvement oscillatoire. Il s’efforçait ainsi de viser la paille installée soigneusement tout autour du lit funéraire. Curieusement le temps commença par s’étirer le cou.

- Ouf ! Bon écoute bien Kharyn…J’ai un truc à te dire. Euh…Tu sais que je n’ai jamais été …euh…fort sur la chose.

Regard timide vers Garance et Elda.

-Enfin, ce n’est pas ce que vous croyez…Si si, je vous l’assure ! Ahemm…

Je veux dire que je ne n’ai jamais vraiment su dire l’expression réelle de mon moi profond…euh gloump. Le temps est passé si vite à tes côtés que je ne l’ai pas vu…

Euh, j’aurais voulu pouvoir te dire combien tu m’étais importante. Combien ta présence enrichissait la mienne. Combien je t’admirais et aimais ta tonitruante prestance. Et…combien-j’étais-jaloux-de-tes-si-nombreux-amants ! Voilà !!!

Et puis donc, pourquoi n’as-tu pas jamais pensé à nous inviter nous trois dans ta jolie yourte. Nous y serions venus coiffés d’un chapeau rond comme cela se fait chez les Bretons mais juste pour toi !


Deux mains délicates se posèrent sur ses épaules. C’étaient celle d’Elda et celle de Garance. C’était celles du temps.

Les flammes s’élevèrent rapidement hautes et en tournoyant. Après un temps d’hésitation ils se retirèrent.

Le temps faisant œuvre de feu.