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[RP mièvre] Si tu reviens, j'annule tout !

Cassian_darlezac
      « Elle n’avait pas de tête, elle n’avait pas,
      L’esprit beaucoup plus grand qu’un dé à coudre.
      Mais pour l'amour on ne demande pas
      Aux filles d'avoir inventé la poudre. »
      G. Brassens.

[Corcelles, le 28 Juin 1460.]

« Et vous osez, rombière, appeler ça de la patte de fruit à la framboise ? ! »
« Mais c’est vot’ très pidante altesse qu’a demandé… »
« Moi ? Vous insinuez que je vous ai réclamé de ces cochonneries ? Pardieu ! Ca a, à peine, l’arrière goût de celles que faisait maman ! »

Oui, le jeune seigneur était de retour en son domaine. Et en ces temps troublés, où son cœur était mis à rudes épreuves, alternant entre violente allégresse et grande déception, il lui semblait nécessaire de se rapprocher de cette figure maternelle que fut Aléanore Jagellon Alterac. Voilà pourquoi s’était-il mis en tête de faire des pâtes de fruits. Et c’est en quittant la cuisine dépité qu’il débita ses derniers conseils. « Rajoutez donc des épices, pauvre dinde ! Du sucre, ou que sais-je ? Que ce soit cher et que ce soit bon ! »

Depuis son retour en Bourgogne il n’avait eu de cesse de gesticuler partout, d’ordonner, de vérifier, d’amender. Le Seigneur était de retour en ces terres et personne dans la seigneurie ne pouvait plus l’ignorer. Pourtant ce jour là les ordres furent claires : « Annulez tout ce qui était prévu aujourd’hui, je passerai la journée dans mon bain. » L’on ne manqua pas de s’étonner de cette nouvelle lubie et une servante entreprit même de demander confirmation : « Dans… votre bain votre Altesse ? »

Et la réponse ne se fit pas attendre. «  Oui dans mon bain, n’est-ce point ce que j’ai dit ? Faites quérir le plus grand baquet que vous trouverez, mettez le à chauffer, ne lésinez pas sur la lavande, portez à côté les vilaines pâtes de fruits que vous trouverez en cuisine et faites enfin venir une chanteuse mélancolique, qu’elle m’aide à purger ma peine tout en savonnant le dos ! Ah oui ! Dorénavant je veux également que l‘intérieur de toutes les latrines à la ronde soit tapissé de coquelicots. Avoir l’illusion d’encrotter à mon tour l’emmerdeuse calmera peut être mes aigreurs ! Mordiable ! Que la vie est rude à mon égard... »

[Edit de tout les posts pour modification de la date.]
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[Prince frondeur de France & de Bouillon, Seigneur de Corcelles - 16 ans - En deuil - Nouvelle bannière prévue pour bientôt.]
Cassian_darlezac
[Corcelles, le 29 Juin 1460, à l'heure où sonne laudes.]

Dans la chambre seigneuriale, le soleil commençait à peine à envahir la pièce que déjà on entendait glousser bêtement le maitre des lieux. Et puisque ces derniers temps il s’était montré plutôt maussade l’affaire avait fini par être connu de tout le château. Ainsi s’était-on amassé devant la porte entre-ouverte pour en savoir plus sur la cause de cette hilarité.

« Hihihi Isaure cessez donc de me lécher ainsi voyons ! Dieuheuheu que vous êtes lubrique quand vous vous y mettez, vilaine fille… Ahahah… CESSEZ DONC ! »
Il arrive qu’au réveil la réalité et le rêve se mélangent de manière saugrenue, voilà ce que se passait dans la caboche du jeune homme et il lui fallut encore quelques secondes pour en prendre conscience. Point d'Isaure dans les parages, et de la déception naquirent les vociférations.

« Belbête ? ! Rhaaa ! Que fait ce molosse dans mon lit ! Ouste ! A l’aide, quelqu’un, à l’aide ! Mais vas-tu déguerpir ? ! A moi, que diable, à moi ! Un chien viril ne lèche pas son maître, et ne vient pas dans sa couche ! Au secours, qu’on vienne ! Ah, enfin, faites sortir l’animal ! »

Petit à petit tout le monde avait envahi la chambre, ne sachant trop que faire. Puis le puissant molosse avait été traîner à la porte et la journée avait pu prendre son cours normal.
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[Prince frondeur de France & de Bouillon, Seigneur de Corcelles - 16 ans - En deuil - Nouvelle bannière prévue pour bientôt.]
Cassian_darlezac
[Corcelles, le 29 Juin 1460, en pleine après midi.]

La journée se déroulait fort semblable à la précédente, sauf que cette fois c’est un livre entre les poignes qu‘il goûtait à la solitude. L’on avait bien essayé de l’intéressé aux problèmes de la seigneurie, mais rien n’y faisait. Les métayers passaient leur temps à se plaindre de toute façon. On leur octroyait gentiment un bout de terre et voilà qu’ils se croyaient en droit de vous prendre la courge pour une histoire de navets. Las, il était las de tout ça et las aussi de ces lectures déprimantes.

Cette méchante Isaure gloussait surement bêtement au côté de sa cousine, tandis que lui était loin et délaissé de tous. Il ne cessait d’imaginer celle qu’il s’était promise discutaillant avec la vilaine l’épine, analysant le futur époux avec une grivoiserie toute féminine. Il connaissait les femmes et il savait de quoi elles étaient capables, lui même en avait fait les frais avec ses servantes qu’il avait surpris il y a peu à parler dans son dos.


« Accepte donc, accepte ! », avait dit l’une.
« Je ne sais guère », enchaînait l’autre et ainsi avait-elle continué à palabrer jusqu’à cette vilaine réplique mordante qui restait gravé dans sa mémoire.
« Ma foi ! Es-tu sotte ? Il a des grandes mains, des grands pieds, un grand nez, or cela promet… ? »
« Un mari fort travailleur ? »
« Mais non ! Un grand appendice voyons ! »
« Oh ? Mais Bertrand aussi a des grandes mains ! »
« Cela ne suffit guère, tout doit être rassemblé ! Regarde sa seigneurie par exemple, il est bien doté au niveau du nez et pourtant on conte que… hihihihi… »
Et ces garces avaient pouffé ainsi pendant plusieurs minutes, tandis s’en était retourné, sans se faire remarquer, honteux et rageur. 

C’en était trop, voilà qu’ il avait réussi à se mettre en rogne en remuant ses vilains souvenirs. C’est donc excédé qu’il laissa tomber son bouquin et rejoignit la cuisine d’un pas colérique avant de prendre sa gouvernante et la cuisinière à partie.
« Ah ! Monsieur Von Frayner a surement de plus grandes mains mais grand bien lui fasse à Monsieur Von Frayner, vous entendez ? JE M’EN FICHE, je m’en fiche complètement ! Je m’en porte même très bien. Tenez, toutes aux fourneaux, ce soir nous festoierons ! »
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[Prince frondeur de France & de Bouillon, Seigneur de Corcelles - 16 ans - En deuil - Nouvelle bannière prévue pour bientôt.]
Cassian_darlezac
[Corcelles, le 29 Juin 1460, à l‘heure où l‘on festoie.]

Et de ce fait les directives avaient été donné pour préparer le festin que souhaitait l’intrépide Seigneur et tout fut prêt en temps et en heure. En guise de convives, on pouvait voir déjà attablés Monsieur le bailli de Corcelles et sa femme, un couple de paysans un peu benêts qui avaient su attirer l’attention du jeune homme. En sus d’être un excellent flagorneur, monsieur était en outre un brillant délateur et bien trop bête, ou pleutre, pour contester quelque ordre que ce soit. Bref il avait donc été parachuté bailli et était chargé de prélever les taxes et de veiller à la sécurité des terrains, en cas de problèmes il devait en référer aussitôt au Sénéchal. Bref des gens de piètres compagnie, celle-ci faisant écho à l’humeur de leur hôte.

Ainsi bavassait-on bêtement de tout et de rien et surtout commentait-on les plats avec entrain. Qu’il s’agisse du pâté de lapereaux, de celui d’alouette, des œufs en meurette ou du porc aux six épices, tout recevait l’approbation bruyante de Monsieur et de Madame.

« Par ma panse ! Bernadette goûte don’ c’pâté d’machin ! Y’a pas à dire Mons’gneur nous gâte trop ! Mons’gneur nous gâte trop ! »
« Oh ben voui alors ! », répliquait systématiquement l’intéressée, une espèce de grosse bonne femme, qui avalait pour dix.
« Mazette et c’pinard ! Ah c’pinard ! Bernadette, avale donc une lampée de c‘pinard ! », poursuivait Monsieur.
« Oh ben voui alors ! », répétait Madame, tout en attaquant le porc à pleine bouche, accueillant la graisse au creux de son double menton, qu‘elle arrosera bientôt de vin, en prime.

Pendant ce temps là le seigneur des lieux, lui, grignotait d’un air maussade. Quand il décida qu’il avait assez mangé il interrompit le manège pour passer aux distractions qu’il espérait plus prometteuses.

« Là, là… Tout cela fut bien bon, mais il vient l’heure de se taire, qu’on fasse donc venir ce petit ménestrel à qui j’avais commandé une ode la semaine dernière. Et que ce soit plaisant pour moi, Monsieur et Madame ! » Madame eut d’ailleurs du mal à lâcher sa gamelle, mais elle dut bien s’y résoudre puisque le Seigneur avait parlé. D’autant qu’elle savait bien qu’il leur permettrait de ramener les restes chez eux et qu’elle finirait donc son repas plus tard.

Alors entra le ménestrel, un petit être rabougris qui ne ressemblait pas à grand-chose mais possédait au moins une guiterne. Sa bonhommie avait tout de suite plu au jeune frondeur qu’il lui avait commandé un éloge à sa gloire. Éloge qu’il entama sans plus de préambule, d’une voix chevrotante, accentuant à outrance chaque fin de vers.


« Corcelles est né en Bourgogne,
Dans un vignoble aux pieds de Saint Binaar,
Corcelles est né en Bourgogne,
C’est un vrai noble plein de pinard ! »


Mais l’air n’eut malheureusement pas l’heur de plaire au Seigneur qui l’interrompit, en se levant, les sourcils froncés, sitôt le premier couplet terminé. La fatigue se faisait sentir et il n‘était finalement pas d‘humeur à la fête. La missive qu‘il avait reçu l‘avant-veille l‘avait trop ébranlé pour pouvoir trouver la patience d‘en écouter d‘avantage ce soir là. Épuisé et chagrin, il prit donc la parole pour mettre fin à cette mascarade. « Peste ! Cesse donc de brailler l‘âne! Est-ce là ton éloge ? Plein de pinard ? ! Ah elle est belle l’image qu’on a de moi ! Un arsouille que personne n’aime et dont tous se fichent… N’a-t-on pas le droit de boire quand le monde entier nous fuit, par la mort, par la guerre ou par le mariage ?
Allez, partez ! Pars donc, vas t’en trouver une cours plus joyeuse. Ici l’on dépérit trop. Et pourtant l’air était beau, mais je n’ai finalement pas la tête à écouter ce genre d’âneries. Allons, allons, que tout le monde s’en aille ! Mordiable, que la vie est rude pour qui veut en profiter ! »


Ainsi se termina cette désastreuse soirée, qui n’était pas perdu pour tout le monde puisque déjà Madame Bernadette s’en allait chiner les restes, tandis que le Blanc Combaz filait seul vers sa chambre l’humeur sombre. Dans les cuisines il eut juste d’entendre Monsieur et Madame commenter une dernière fois.
« Baste ! Pourtant l’air était beau, hein Bernadette ? »
« Oh ben voui alors ! »

Et parce qu'il sentit le poids de la solitude l'étreindre il pria pour trouver le sommeil rapidement, on n'est jamais seul quand on dort...

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[Prince frondeur de France & de Bouillon, Seigneur de Corcelles - 16 ans - En deuil - Nouvelle bannière prévue pour bientôt.]
Cassian_darlezac
[Sémur, le 30 Juin 1460.]

Finalement la nuit avait été tout aussi mauvaise que la soirée de la veille, se tournant et se retournant dans sa couche, le jeune homme n’avait réussi à trouver le sommeil. Il avait pourtant fait baver ses humeurs de façon bien masculine, avait couru pour s’épuiser, c’était inventé des pouvoirs magiques, mais son bonheur, en s’en allant, avait également entraîné son sommeil vers des cieux plus clément. C’est donc au petit matin qu’il se résigna et prit la décision de mener sa troupe à Sémur, sa sœur Alycianne y était et saurait lui changer les idées, du moins le croyait-il.

Rapidement il avait tout deux prit place en taverne pour deviser joyeusement, tout en se gorgeant de vin. Mais l’inévitable était arrivé. La discussion avait dérivé sur Isaure et ce qu’il avait appris ce jour l’avait tant atterré qu’il n’était guère rester plus longtemps au côté sa frangine adorée. C’en était trop pour lui ; le chagrin se transformait peu à peu en colère et il ne pouvait rester là sans rien faire. Il avait donc rejoint leur propriété sémuroise et s’était attelé à écrire à la vilaine qui s’était joué de ses sentiments. Sa sœur n’avait pas voulu donner de noms mais elle en avait dit bien assez pour qu’il est matière à sermonner la traitresse. Il prit tout de même le temps de lire une dernière fois la lettre qu’elle lui avait envoyé trois jours plus tôt, avant de lui répondre.


Isaure a écrit:
A Cassian,

Quelle tragique tragédie ! Faut-il que le sort s’acharne contre nous ? Faut-il qu’il se délecte de nos malheurs ? Alors que je me réjouissais de vous savoir enfin libre, de vous savoir à moi, il frappe à nouveau et meurtris mon âme et mon cœur.

Ô Cassian, me pardonnerez-vous un jour de vous écrire ces mots ? Mais si mon cœur souffre, le vôtre le doit aussi. Oui. Ils doivent souffrir à l’unisson, comme ils auraient dû s’aimer.

Votre cher ami, votre bon Marquis de Nemours, a jugé bon de vous enlever à moi pour toujours en me donnant en pâture à un vulgaire petit seigneur, répondant au nom de Judas. Judas Von Frayner. Tant de fois j’ai imaginé signer Isaure de Blanc Combaz au bas de mes missives, mais voilà que je devrai me contenter d’un simple Isaure Von Frayner. N’est-ce pas désolant ?!

Sachez que j’aurais bien volontiers fui pour vous rejoindre et m�offrir à vous, mais je suis retenue prisonnière, et dans quelques jours, je serai mariée à cet homme, si vieux et si peu beau. Si encore il était duc, mais non, il ne possède qu�une vulgaire seigneurie dans une contrée sauvage : le Maine ! Oh comme je suis malheureuse !

Que le Très-Haut vous garde,

Avec tout mon amour,

Isaure.

PS : La robe est belle. Divinement belle, il me tarde de la revêtir ! Dommage que vous ne puissiez être présent à cet hymen, vous auriez alors pu m’admirer !


Cassian a écrit:
A Isaure Von Frayner,
Vilaine gourgandine,

Je ne sais guère comment je dois vous appeler aujourd’hui. Odieuse mégère ? Briseuse de cœur, peut être ?

Je n’en ai que faire que vos mièvreries, de votre maudite robe, ou encore de vos stupides fiançailles. Rassurez vous je ne viendrai pas les troubler, vous m’avez que trop déçu. Et si le sort s’acharne c’est que vous fûtes bien mauvaise.

Que vous osiez vous marier, alors que nous étions assermenté l’un à l’autre fut déjà pour moi une infamie, mais apprendre aujourd’hui ,par ma sœur, que vous vous amourachiez de tout les premiers venus a fini de détruire le peu d’estime que j’avais à votre endroit.

Vous êtes bien garce Madame, c’est la Blackney qui avait raison ; votre vertu n’est que poussière dans l’océan de votre concupiscence ! Je m’en vais à présent butiner d’autres fleurs et chercher une femme qui elle saurai se tenir et ne passera pas son temps la croupe baisser à appâté le chalon. Baste ! Je crois que je m’en vais aller dire oui à ces nombreuses Vicomtesse que j’avais éconduites pour vos beaux yeux !

Adieu Madame !

PS : Je suis encore prêt à te pardonner et à oublier, fuis ton triste époux, confesse-toi et rejoins moi. Si tu reviens, Isaure, j’annule tout.

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