--Adalsende
Il est manifestement plus facile de se faire comprendre d'une gouvernante que d'un amant éphémère, ou alors c'est parce que son envie de miel était plus claire que son envie actuelle. Adalsende sent qu'il ne sait pas bien quoi faire d'elle non plus. Elle n'ose imaginer ce qu'il pense, il doit la trouver épouvantablement prude, rougissante et maladroite, lui pour qui les femmes se déshabillent toutes les nuits. Elle aussi se met à nue pourtant, bien plus certainement que d'autres, elle lui offre plus que son corps à cette homme là, beaucoup plus, mais comment pourrait-il le savoir, le comprendre?
Il la fixe toujours, ça la brûle ce regard brun sur elle, c'est presque indécent d'être regardé comme ça. Indécent mais pas déplaisant.
Il s'approche d'elle dangereusement, Adalsende retient un mouvement de recul, un mouvement réflexe, mais elle le retient et elle ferme les yeux quand il l'embrasse sur le front. Un baiser qui pourrait être chaste mais qui ne l'est pas du tout. Son père, ses frères l'embrassent comme ça, mais jamais - JAMAIS - ça ne l'a remuée comme ça. Elle sent son corps qui flanche et son esprit qui s'ouvre, juste un peu peut-être, mais c'est la première fois que ça lui fait cet effet. Elle se demande si elle tremble vraiment, s'il peut le sentir ou si c'est juste son imagination. Il l'embrasse encore, les paupières, légèrement, à peine perceptible, sa tempe, sa joue et... Plus rien.
Adalsende ouvre les yeux, il la regarde, mais pas comme son père ni ses frères, ça non. Elle laisse échapper un petit soupir. Pas un soupir de plaisir. Non. Pour la première fois dans ce domaine, avec un homme, dans l'intimité, elle ressent un sentiment qu'elle connait bien pour l'avoir expérimenté ailleurs et qu'elle ne pensait vraiment pas voir se pointer ici et maintenant...
La frustration.
Et son corps, en accord avec son esprit pour une fois, va la trahir. Malgré elle, sans qu'elle le contrôle, il va prendre un peu de liberté et oublier qu'il est le corps policé et éduqué d'une noble coincée. Alors, Adalsende regarde l'homme et se mordille légèrement la lèvre inférieure, en attente de la suite. Quand elle s'en rend compte, la noble Dame rougit un peu, mais pas tant que ça. Elle se l'avoue enfin, oui, elle attend la suite.