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[RP] Pèlerinage Rivetain ~ Vue sur l'horizon

Ellya
Prologue

Partis du Prieuré Sainte Illinda du Rivet à Marmande, plusieurs religieux et laïcs avaient suivi la voie du saint pèlerinage. La route devait être assez simple et permettait d'avoir accès aux meilleurs ouvrages du Royaume: Poitou - Anjou - Savoie.

La réalité se révéla être bien différente. Après avoir perdu tous les membres du pèlerinage pour des causes qui donnaient à Ellya bien des raisons de se tirer les cheveux, ils finirent par être deux: l'épouse infâme et l'épouse soumise. Alors le programme changea, et avant un arrêt prolongé en Bourgogne, il avait été décidé qu'ils iraient en Bretagne.
Pourquoi?
La saveur de l'inconnu.
La douceur d'être inconnus.


Et pour l'Océan.


10 juillet 1460: quand les pigeons s'envolent à tire d'ailes.


J'attends toujours réponse. Cessez donc de maugréer. C'est votre idée après tout.

L'infâme orfèvre parisien avait en effet décidé, l'avant-veille, de réaliser le rêve de sa douce épouse: un voyage en mer. Ils avaient ramassé leurs maigres possessions et, tirant les mulets, avaient passé la frontière de Bretagne. La nonnette avait évidemment écrit à qui de droit pour obtenir les laissez-passer. Et bien que la réponse finale n'eut pas été donnée, il faisait trop nuit et trop froid pour qu'ils attendent près de la ligne imaginaire. Alors ils l'avaient franchie, le cœur empli d'espoir et l'estomac vide.

Au premier village en vue, ils s'arrêtèrent pour prendre des forces. Fougères, qu'il s'appelait. Il n'y en a pas de visibles pourtant, des fougères. Alors que la douce Duranxie retenait un baillement, un pigeon s'écrasa près d'elle.


"...vous avez 48h heures pour quittez le sol breton..."

Grand Dieu. Nous allons devoir prier deux jours durant, Watelse.


Etape 1 - Guyenne
Etape 2 - Poitou
Etape 3 - Anjou

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Watelse
Prier deux jours?! Ma Personne ne sait déjà pas prière deux minutes sans bailler... grogna le vieil orfèvre dans sa barbe longue de quatre semaines. Il avait laissé poussé ce rempart de barbe comme pour se protéger de tout ce qui l'effrayait et rendait son quotidien désagréable : ses affaires allant au plus mal, la longue marche rebutante, ses vieux os qui le meurtrissaient... et sa femme.

Pas sa femme : le mépris de sa femme.

Georges Léonard Watelse était parvenu à se faire haïr presque totalement de celle qu'il chérissait. N'était-il pas moins honteux d'être détesté que de s'avouer pauvre, elle qui était si riche?

Il avait eu trois jours de marches pour penser à une réponse : réaliser les alliances pour le mariage d'amis d'Ellya. Mais comment les faire alors qu'il avait si peu d moyens pour se procurer les matériaux nécessaires? Et son esprit n'était pas très créatif avec tous ces tracas. Et l'affreux vieil homme soupçonnait sa femme de vouloir le cocufier avec le futur mari. Toute une histoire imaginaire qui tournait en obsession tortionnaire. Sa réponse se fit en taverne, devant témoin pour bien accentuer la honte de la prude sacristine :


Bien, Ma Personne fera ces alliances, elles seront aussi grosses et rondes que vos tétons de nonnette, femelle Watelse!

Il s'était attendu à une gifle. En un sens, le regard de son épouse en fut une.

Bien sûr, ne les connaissant pas, n'imaginez pas de moi que je fasse charité de mon art. Ils paieront d'avance, ou vous leur offrirez comme je vous connais panier percé. Mais mon talent se nourrit d'écu... L'art est payable d'avance.

Voilà, cela était dit. Que vogue l'amour, la galère, et les tempêtes d'insultes en ce territoire Breton!
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Ellya
Je le hais, je le hais, je le hais!

L'air breton engouffra ses mots et n'y répondit que pas une brise sifflante mêlée de gouttes de pluie éparses. En d'autres temps, d'autres lieux, son ténébreux valet lui aurait sans doute répondu un "Comme tous les jours, maistresse" ou se serait fendu d'un rire amusé avant de la régaler d'un "Faistes attention, dauna. Il parait que la haine est embryon de l'amour".
L'amour.
Bah.
Il y en avait peut-être eu un aperçu dans ce couple orageux mais ce semblant d'illusion était allé se greffer au Paradis des Choses Improbables depuis des lunes. Chaque jour, le quasi sexagénaire semblait essayer de se faire détester un peu plus. Il réussissait plutôt bien son oeuvre. Les sentiments que la belle Duranxie ressentait pour son époux étaient un mélange de crainte, d'aversion et de culpabilité, avec une touche de rancune.

Le jour s'était levé, malheureux, quelques heures plus tôt. Après avoir prié tous les Saints qu'elle connaissait, la nonnette avait arpenté les rues de Fougère jusqu'à cet espace excentré. Isolé. Ils n'avaient toujours aucune nouvelle des laisser-passer. Sa longue tresse battant sur son épaule droite, elle se demandait s'ils allaient devoir faire demi-tour. Le voulaient-ils? Que voulaient-ils, au juste? Et Juste, où était-il? Pourquoi n'avait-elle pas de nouvelles de son aimé fils? Un frisson la prit et elle resserra contre son corps frêle la cape trop légère dont elle s'était vêtue.


Sainte Illinda, protège-moi de moi...
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Ellya
Moins de 48h plus tard ~ Entre liberté et stupeur


Mangez un peu, dame Watelse. Un coup de vent suffira à vous faire passer de bord, autrement.


Ah. L'amour.

Vous m'avez traîné de l'église jusqu'ici, permettez-moi au moins de finir ma prière. Et on ne prie pas la bouche pleine.

Essayant tant bien que mal de retrouver sa concentration, la jeune épouse entrelaça davantage ses doigts fins tout en fermant ses yeux nuageux. La présence de l'orfèvre la perturbait toujours. Elle sentait son regard métallique posé sur son pâle visage. Elle imaginait ses lèvres fines arquées de mépris tandis que les siennes s'agitaient silencieusement pour prier les Morts. On ne pouvait dire qu'ils étaient à l'aise l'un avec l'autre, au contraire.

Fallait-il qu'il existe couple si inharmonieux?

Quand elle posa son clair regard sur le visage de celui qui partageait sa vie et sa couche, il lui tendit deux messages soigneusement pliés. Et cachetés.


Vous ne lisez plus mes courriers?


Et sans attendre de réponse, elle les ouvrit.



Bonjour,

Je vous ai accordé un LP d'une durée d'un mois sur le territoire breton, renouvelable sur simple demande auprès du prévôt en place si votre comportement reste exemplaire.
Je connais la réputation d'artisan de votre mari, ce serait bien s'il rencontrait mon compagnon sur sa route, je n'ai plus beaucoup de bijoux dernièrement...

Faites bon séjour!
Son Altesse Marzina de Montfort-Penthièvre,
Prévôt de Bretagne



Votre art nous sauve, Watelse. Qui l'eut cru.

Tout en ouvrant la seconde missive, elle tendit celle-ci à son bourreau pour qu'il puisse la parcourir de ses yeux mutins et comprendre la teneur de ses propos. Il fallait tout de même avouer que la blonde Duranxie était soulagée. Ils allaient pouvoir se mettre en route vers Rennes dans la plus grande légalité, et cela était d'importance pour femme aussi portée sur la vertu.



Noble dame, car je ne doute pas que vous soyez noble au vu du délié de votre écriture,

Le tracé de mon encre sera moins élégant, il est certain. Néanmoins, j'espère que vous lirez ces quelques lignes avec bienveillance. Je me permets de vous remercier par écrit de la confiance que vous m’avez témoignée tantôt et dont l'écho est parvenu à mes oreilles ce matin. Je n’en suis certainement pas digne et ne sait ce qui m’a valu l’honneur de votre geste.

Soyez louée, ma Dame, et permettez que je prie pour vous lors de la messe de cet après-midi. Aristote aime à entendre parler des nobles dames aux cœur généreux.

Avec le respect qui vous est dû et la reconnaissance que vous m’inspirez,

Richard W.



La nonnette mit un temps avant de comprendre à quoi ce Richard, qui lui était totalement inconnu, faisait allusion. La boîte aux confiances. Ce ne pouvait être que cela. Ce curieux stratagème qui vous permettait de prier pour l'âme d'un prochain et de lui montrer que vous aviez foy en lui. Parfois, dans ses prières, et grâce à ces curieux volatiles, elle se permettait ainsi de le faire envers des ouailles qu'elle ne connaissait pas. Et elle était tombée sur quelqu'un de pieux! Que demander de mieux.

Des heures plus tard, elle lui donnait réponse.




Pieux Richard, car vous l'êtes assurément pour écrire de tels mots, qui me vont droit au cœur,

La confiance n'est rien tant qu'elle n'est pas mise à rude épreuve. Là, alors, elle puit montrer sa vaillance, ou sa défaillance. J'ose espérer que vous prendrez grand soin de la mienne, sans toutefois songer à la protéger des déconvenues. Mon âme est prête à prendre soin de la vôtre, toute étrangère qu'elle me soit. Vous comprendrez mes propos, en bon croyant, j'en suis convaincue.

Mes prières iront vers vous et votre devenir,

Que Sainte Illinda vous ait en sa sainte garde,
Soeur Ellya

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