Ondine.
-
[Albi lendormie ou comment fuir à nouveau]
La solitude lavait rongé un temps et la brindille avait du mettre beaucoup dénergie afin de sapaiser mais aussi de trouver la force pour se reconstruire un semblant de vie. Là à Albi, les souvenirs lavaient assailli ses disputes avec des hommes bien plus âgés quelle et qui osaient tant de choses, ses fous rires avec Vilmain, ses chasses au loup garou avec Ael qui les prenait encore pour des gamins, les batailles de boules de neige avec Ysabeau et la rousse, sa rencontre avec Math ou Lazlo et la peur de voir ressurgir ses frères qui auraient bien aimé la ramener au sein de leur foyer, les courriers écrits à la pelle pour Mélion parti au loin... pas un coin de rues, pas un arbre aux bords du lac qui ne venait pas lui remémorer la vie dantan.
Quelle était douce cette nostalgie, que cela avait du bon de se laisser porter par ses souvenirs qui lui rappelaient que la vie nétait pas si mal à labri de tous les dangers. Car des dangers, maintenant elle en connaissait quelques visages et pas des moindres : la perfidie, la tromperie, la douleur, le mensonge et bien dautres encore. Des amitiés qui nen étaient pas, un amour qui semblait navoir jamais existé mais qui avait pourtant laissé son empreinte nichée au creux de ses entrailles, le seul souvenir de ces instants de bonheur qui lui avaient appris au final la plus grande souffrance de son existence. Dailleurs, cétait une main posée tranquillement sur son ventre que la brindille parcourait doucement les ruelles de sa vie et de sa ville, faisant à nouveau ses adieux à ces lieux qui lui avaient offert un moment de répit.
Vilmain navait pu laccueillir comme il aurait voulu, maintenant quil était du côté de ceux qui uvraient pour le comté, sa place était à Toulouse où des affrontements menaçaient de prendre forme, Math avait fais sa vie lui aussi, Ysabeau, la rousse, Ael étaient partis Albi était devenue ville morte au propre comme au figuré. Alors la brindille se sentant un peu mieux avait décidé de reprendre sa route afin daccompagner une jeune femme rencontrée récemment et qui se rendait en Béarn. Les routes lapaisaient même si la fatigue lui rappelait que son corps changeait. Le pas se faisait plus lent, plus lourd, le souffle se faisait plus court mais la brindille ne désirait pas sarrêter. Elle était à lécoute de cette vie qui grandissait en elle mais jamais elle ne se serait arrêtée de courir pour autant.
Au début de sa grossesse, elle avait cru perdre ce petit être qui sétait lové en elle. Les douleurs quelle avait ressenti durant plusieurs jours avait laissé une peur irraisonnée en elle alors désormais, elle évitait les disputes, les contrariétés, les blessures à lâme autant que celles du cur. Loin des tensions de la Bourgogne, elle avançait à son rythme, avec la solitude pour compagne. Car même entourée, Ondine avait cette faculté de pouvoir se réfugier dans son monde, celui dévasté par labsence, celui détruit par le manque de confiance, celui qui nétait que poussière denfance et dadolescence. Tout le monde lui disait quelle devait continuer à avancer, que sa vie lui appartenait mais sa vie cétait lui et elle avait encore du mal à faire comme sil nexistait plus, comme si elle ne lavait pas connu, comme si elle ne laimait plus. Alors quand elle nen pouvait plus, quand la douleur se faisait trop forte en elle, elle espérait quune main se tende dans sa direction et quon lui dise « vient, nai plus peur » mais ce rêve-là sestompait rapidement, restant enfermé dans ce monde, bien à labri des regards. Alors elle faisait comme si de rien nétait oubliant ce passé, refermant les portes, verrouillant son cur et son âme. Reprenant la route de sa vie comme celle du royaume.
[Nouveau jour, nouveau comté et un repos bien mérité ]
Albi quitté, ses pas avaient pris la direction du Comté d'Armagnac et de Comminges. Doucement mais surement, après avoir passé quelques villes plus moribondes que vivantes, Ondine avait fait halte à Saint Bertrand de Comminges. Une fontaine, un peu dombre, la brindille nen demandait pas plus. Quelques heures de repos sous la chaleur du sud qui malgré son désir darriver là où elle devait lui mettait un frein naturel à sa progression. Quà cela ne tienne, un nouveau bourg avait parfois des charmes cachés même si même si la brindille ny croyait plus depuis longtemps.
- Puisqu'il faut autant visiter le coin...
_________________