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[RP] Quand le passé rencontre le présent...

Ondine.
    [Albi l’endormie ou comment fuir à nouveau]


    La solitude l’avait rongé un temps et la brindille avait du mettre beaucoup d’énergie afin de s’apaiser mais aussi de trouver la force pour se reconstruire un semblant de vie. Là à Albi, les souvenirs l’avaient assailli… ses disputes avec des hommes bien plus âgés qu’elle et qui osaient tant de choses, ses fous rires avec Vilmain, ses chasses au loup garou avec Ael qui les prenait encore pour des gamins, les batailles de boules de neige avec Ysabeau et la rousse, sa rencontre avec Math ou Lazlo et la peur de voir ressurgir ses frères qui auraient bien aimé la ramener au sein de leur foyer, les courriers écrits à la pelle pour Mélion parti au loin... pas un coin de rues, pas un arbre aux bords du lac qui ne venait pas lui remémorer la vie d’antan.

    Q
    u’elle était douce cette nostalgie, que cela avait du bon de se laisser porter par ses souvenirs qui lui rappelaient que la vie n’était pas si mal à l’abri de tous les dangers. Car des dangers, maintenant elle en connaissait quelques visages et pas des moindres : la perfidie, la tromperie, la douleur, le mensonge… et bien d’autres encore. Des amitiés qui n’en étaient pas, un amour qui semblait n’avoir jamais existé mais qui avait pourtant laissé son empreinte nichée au creux de ses entrailles, le seul souvenir de ces instants de bonheur qui lui avaient appris au final la plus grande souffrance de son existence. D’ailleurs, c’était une main posée tranquillement sur son ventre que la brindille parcourait doucement les ruelles de sa vie et de sa ville, faisant à nouveau ses adieux à ces lieux qui lui avaient offert un moment de répit.

    Vilmain n’avait pu l’accueillir comme il aurait voulu, maintenant qu’il était du côté de ceux qui œuvraient pour le comté, sa place était à Toulouse où des affrontements menaçaient de prendre forme, Math avait fais sa vie lui aussi, Ysabeau, la rousse, Ael étaient partis… Albi était devenue ville morte au propre comme au figuré. Alors la brindille se sentant un peu mieux avait décidé de reprendre sa route afin d’accompagner une jeune femme rencontrée récemment et qui se rendait en Béarn. Les routes l’apaisaient même si la fatigue lui rappelait que son corps changeait. Le pas se faisait plus lent, plus lourd, le souffle se faisait plus court mais la brindille ne désirait pas s’arrêter. Elle était à l’écoute de cette vie qui grandissait en elle mais jamais elle ne se serait arrêtée de courir pour autant.

    A
    u début de sa grossesse, elle avait cru perdre ce petit être qui s’était lové en elle. Les douleurs qu’elle avait ressenti durant plusieurs jours avait laissé une peur irraisonnée en elle alors désormais, elle évitait les disputes, les contrariétés, les blessures à l’âme autant que celles du cœur. Loin des tensions de la Bourgogne, elle avançait à son rythme, avec la solitude pour compagne. Car même entourée, Ondine avait cette faculté de pouvoir se réfugier dans son monde, celui dévasté par l’absence, celui détruit par le manque de confiance, celui qui n’était que poussière d’enfance et d’adolescence. Tout le monde lui disait qu’elle devait continuer à avancer, que sa vie lui appartenait mais sa vie c’était lui et elle avait encore du mal à faire comme s’il n’existait plus, comme si elle ne l’avait pas connu, comme si elle ne l’aimait plus. Alors quand elle n’en pouvait plus, quand la douleur se faisait trop forte en elle, elle espérait qu’une main se tende dans sa direction et qu’on lui dise « vient, n’ai plus peur »… mais ce rêve-là s’estompait rapidement, restant enfermé dans ce monde, bien à l’abri des regards. Alors elle faisait comme si de rien n’était… oubliant ce passé, refermant les portes, verrouillant son cœur et son âme. Reprenant la route de sa vie comme celle du royaume.



    [Nouveau jour, nouveau comté et un repos bien mérité…]

    Albi quitté, ses pas avaient pris la direction du Comté d'Armagnac et de Comminges. Doucement mais surement, après avoir passé quelques villes plus moribondes que vivantes, Ondine avait fait halte à Saint Bertrand de Comminges. Une fontaine, un peu d’ombre, la brindille n’en demandait pas plus. Quelques heures de repos sous la chaleur du sud qui malgré son désir d’arriver là où elle devait lui mettait un frein naturel à sa progression. Qu’à cela ne tienne, un nouveau bourg avait parfois des charmes cachés même si… même si la brindille n’y croyait plus depuis longtemps.

    - Puisqu'il faut autant visiter le coin...

_________________
Lazlo.



    Saint Bertrand de Comminges. Une nuit de révolte.


Les mains dans le dos, Lazlo contemplait brigands et miliciens engagés dans des batailles qui les dépassaient. Les premiers se battaient pour l'or. Ne savaient-ils pas qu'en Armagnac, les maires ont presque tout le trésor municipal dans leurs poches ? Les seconds combattaient parce qu'on le leur demandait. Il n'avait pas choisi. Non. On leur expliquait que c'était pour leur liberté et leur sécurité. Embaucher le Peuple pour reprendre sa propre administration. Plutôt pitoyable. Risquer les paysans plutôt que l'armée et les maréchaux. Incompréhensible. Pour ces raisons, Earnan, le dit Lazlo pour les voyageurs, ne bronchait pas durant ces tristes nuits. Il regardait depuis son appartement les affrontements et ne savait pas pour qui pencher. Du moins si, il le savait. Il avait la même fibre royaliste que son père. Il était pour le Roy. Il avait prêté serment à Sa Majesté. Mais depuis ce Sud Pyrénéen, le monarque semblait bien loin. Et l'appel à l'aide de Lazlo n'était plus qu'un murmure lorsqu'il parvenait et se perdait à Paris... Lassé d'un tel spectacle de débacle, le Secrétaire d'Etat tira d'un geste sec l'épais rideau de son appartement, masque de la perdition et de la désolation.

En devenant Officier Royal, Lazlo était entré dans un institution plutôt puissante. Ses prérogatives lui offraient un domestique. Bien qu'il eut d'abord du mal avec ce dernier, il lui trouva rapidement un rôle bien précis. Pas question de l'accompagner dans sa vie privée ; il servirait juste dans le cadre de ses fonctions. Il savait écrire et Lazlo en fit son secrétaire. Le secrétaire du Secrétaire. D'aucun en trouveraient à redire. Quand le jeune homme se déplaçait en service, c'était son domestique qui notait ce qu'il disait, toujours son nécessaire à écrire sur lui, penché sur son propre genou pour rédiger ce que le maître désirait garder. Cette technique dérangeait un certain nombre de personnes. Ce triste personnage, qui ne parlait jamais, qui collait Lazlo, et qui notait toutes leurs réponses... Mais c'était ainsi. En devenant Officier Royal, le Duranxie était devenu l'homme à éviter en Armagnac et Comminges. L'intrus. Le méprisé. L'espion de Sa Majesté. Curieuse façon de voir les choses quand l'Armagnac jure pourtant fidélité au roi de France. Mais il n'en fit plus cas et faisait son travail pour lui-même et pour la Curia Regis. Il avait appris à les éviter et à les mépriser autant qu'ils le méprisaient.

Le jeune domestique s'appelait Maurice. Il ne parlait que très peu et obéissait parfaitement. Lazlo lui avait demandé de lui préparé un bain chaud. Maurice s'était exécuté à préparer la bassine, et à chauffer l'eau dans l'âtre de la cheminée. Malgré la chaleur parfois suffocante de cet été, la cheminée du Secrétaire fumait. Heureusement que les nuits étaient un peu fraîches, le feu en devenait un peu plus supportable. Un peu moins insupportable. Maurice avait fini par remplir la bassine. Quand Lazlo se retourna, le domestique était là, devant lui, une serviette posée sur son épaule gauche. Il pria son maître de passer dans la salle voisine. L'eau chaude dégageait une vapeur impressionante. On se croirait aux thermes. Le jeune homme n'en avait visité qu'un seul, à Aix-les-Bains, dans l'Empire Romain. Cette invention était plutôt agréable. Au milieu de l'humidité, Lazlo quitta ses vêtements et se glissa lentement dans la bassine. Maurice insista pour lui frotter le dos. Il n'allait pas l'en priver.


    Saint Bertrand de Comminges. Un jour de beau temps.


Tôt le matin, Lazlo avait rédigé un rapport destiné à la Curia Regis sur les agissements nocturnes qui se déroulaient dans le comté. Il avait ordonné à Maurice de confier le parchemin à un messager sûr. D'un hochement de tête, le domestique était parti avant que ne sonne midi. Midi. L'heure de bien des repas. Mais le Secrétaire ne mangeait pas trop. Surtout quand il était seul. L'appétit ne venait pas. Ce n'était pas faute d'avoir essayé. Quand le soleil fut aux zéniths, il décida de sortir un peu de sa prison. Ses bottes frappaient les pavés des petites rues de Saint Bertrand. Ville qui l'accepta comme maire. Qui l'eût cru. Il était parvenu à enrichir le bourg qui était sans le sous. Voire moins. Si, c'était possible. Puis quand il avait quitté ses fonctions, il était remonté à quelques miliers d'écus. C'était moins que rien. Il espérait secrètement que l'argent fût sauvé lors de la prise de la mairie. Sinon, tout ses travaux auraient été vains. Chose qui le rendait en fait, assez indifférent quand il y songeait. La municipalité n'avait qu'à être mieux gardée. Combien de fois lui, avait-il défendu sa mairie volontairement ? Combien de fois avait-il embauché un lot conséquent de miliciens qui l'avaient aidé dans les combats ? Il était las d'y repenser. Las de bien des choses.

Parfois l'envie de disparaître le prenait. Disparaître sur les routes. Ou disparaître tout court. Les ravins étaient hauts dans cette partie du pays. Au moins, il ne causerait plus de mal à ses soeurs. Elles qui le jalousaient et le haïssaient. Il les comprenait. Après tout, il ne leur accordait pas le moindre temps. Il avait été élevé seul, avec un père absent, et une mère qui faisait tout son possible. Les larmes de désespoir, de colère et de chagrin coulaient bien souvent sur les joues du pauvre Lazlo. La coquille était forte, mais l'intérieur était aussi fragile qu'une feuille au vent. L'intérieur pouvait être dévasté par une simple insulte, par une simple remarque sur son passé.

Ses pas l'avaient emmené au verger. Lieu de solitude et de beauté où il aimait se perdre. Il arriva à l'immense cerisier. Il fallait s'aventurer pour le trouver. Passer par-dessus plusieurs rangées de groseillers, enjamber certains cassis, tourner après les framboisiers, prendre à droite du prunier puis à gauche de l'abricotier. Autant de saveurs sucrées qu'enivrantes. Lazlo avait ramassé un abricot tombé de l'arbre. Quand il parvint au grand cerisier, il s'assit contre le tronc et dégusta son fruit. Ni trop mûr ni pas assez, il était délicieux. Ses papilles se perdirent dans un flot de goût et d'évasion.

Et finalement, exténué par ses nuits d'insomnie, il se positionna confortablement contre l'arbre dont les longues branches le protégeaient des rayons du soleil, et sommeilla. Il s'évada rapidement dans l'étrange et le rêve, bercé par le silence, le bruissement du vent dans les arbres et le beau temps qui régnait dans ce Sud d'Armagnac.

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Ondine.
    [C'est un jardin extraordinaire....*]


    Le fait d’être enceinte, Ondine ne supportait plus certains mets mais par contre, elle raffolait d’autres petites choses alors lorsqu’elle tombait sur un village où se profilait un verger, elle ne demandait pas son reste pour venir faire la cueillette elle-même. L’amour s’était envolé de sa vie mais il lui restait le plus beau cadeau que cette dernière aurait pu lui faire. Elle allait devenir mère et pour rien au monde, elle n’aurait échangé sa place avec une autre alors doucement, elle prenait soin d’elle et essayait au maximum de se faire plaisir, leur faire plaisir.

    Ce petit être était une moitié d’elle et une moitié du fils du vent qu’elle aimait au-delà de la raison. Et malgré leur séparation, elle lui gardait une affection particulière. Trop aurait dit certain et ils auraient eu sans doute raison mais l’amour ne se commandait pas et elle… l’éternité n’aurait pas été assez grande pour dire à Aries combien elle l’aimait. Mais voilà, elle avait choisi de le quitter pour de sombres histoires de jalousies. C’était la première fois qu’Ondine aimait et elle s’était sentie si meurtrie qu’elle n’avait pas accordé aucun pardon sur le moment. Fonceuse comme à l’accoutumé, ne cherchant pas à savoir qui avait tort ou raison, si la vérité était là où elle semblait l’être, elle était partie… Et maintenant, la vie grandissait en elle et la peine s’estompait doucement. Pas facilement, certain jour, Ondine était des plus malmenée par ses souvenirs mais elle s’accrochait. Et puis, elle avait décidé de le laisser libre… Libre de sa vie, libre de ses choix. On ne met pas un oiseau en cage, on ne lui coupe pas les ailes…

    Cette idée ayant pris racine dans sa tête et dans son cœur, elle faisait sa vie désormais. N’attendant plus rien de personne, elle se débrouillait et à Saint Bertrand elle avait décidé d’aller donc cueillir elle-même des fruits. Rencontrant un vieux bonhomme sur le chemin, la brindille l’avait questionné sur l’éventuel prêt d’une échelle et le brave homme voyant l’état de la jeune fille avait tenu à lui prêter. Bon il avait voulu aussi aller chercher les fruits pour elle mais Ondine l’avait houspillé gentiment. Ce n’était qu’un plaisir comme un autre de pouvoir encore ramasser ses fruits, elle n’allait pas s’en priver et le premier qui lui enlevait ça, elle l’étranglerait. Non mais, enceinte mais pas impotente ! Voilà qui était dis !

    Alors choisissant un arbre, l’homme avait sourit en la laissant se débrouiller seule, regagnant la taverne du village où avait-il dit, il attendrait qu’elle ait fini avant de récupérer son bien. La brindille avait acquiesçait et s’en était donné à cœur joie. Quelques abricots ramassés, plusieurs goutés, la demoiselle s’en délectait les lèvres avec bonheur. La douceur du fruit, le sucre qu’il lui apportait, tout n’était que délice. Alors la brindille se posait sur les barreaux de son échelle et choisissait le plus beau, le plus coloré avant de croquer dedans. Mais à mesure qu’elle les cueillait, à mesure qu’il diminuait dans sa besace… Heureusement, la gourmandise avait une fin et lorsque Ondine fut rassasiée, elle put tranquillement cueillir une bonne poignée pour plus tard.

    Mais alors qu’elle allait redescendre de son échelle, son œil fut attiré par un arbre plus grand, plus fourni, plus… rouge… Des cerises ! Telle la pie voleuse, elle ne demanda pas son reste. Ah ça non ! Tirant l’échelle plus qu’elle ne la portait, elle alla la coller contre le tronc du majestueux arbre fruitier. Heureusement elle avait fait tomber la jupe et portait braies et chemise de lin parce que pour parvenir jusqu’à cet arbre dont elle raffolait des fruits un vrai parcours du combattant s’était dressé devant elle. Mais tenace la brindille. Elle voulait les petites douceurs rouges et elle les aurait.

    Grimpée sur son échelle, elle cueillait et cueillait. Oh, elle picorait aussi. D’ailleurs si avec tout ça elle n’avait pas pris quelques grammes, c’était à rien n’y comprendre mais les papilles regorgées de saveurs bien plaisantes savaient que la gourmandise n’avait pas de fin. Et soudain, l’œil fut attiré par une poignée de cerises plus rouges les unes que les autres. Un petit effort, la brindille se tenait à une branche, tirait sur son bras libre tendit que l’autre se tenait à l’échelle, elle poussait sur ses jambes pour attraper les fruits tant convoités lorsqu’un craquement sinistre se fit entendre. Le temps pour la demoiselle de se raccrocher à ce qu’elle pouvait, une chute dans son état, il ne fallait pas même pas y penser, Ondine lâcha besace renfermant sa cueillette de la journée ainsi que la poignée de magnifiques burlats. Le tout venant atterrir sur le sol… euhh non sur un…. Un homme !


    - ATTENTIONNNNNNNNN à mes fruiiiiiits !

    Le cri du désespoir pour la pauvre brindille qui n’en avait strictement rien à faire du bonhomme qui se trouvait sous le cerisier. D’ailleurs, que faisait-il là celui-là ne pouvait-elle se demander sans maugréer rapidement et essayer de reprendre une position plus adéquate pour redescendre mais seule, elle était bien embêtée.

    - Eh oh… le dormeur… dites, si vous aviez quelques instants pour lever votre nez, je voudrais pas apparaitre comme pénible mais un p’tit coup de main j’apprécierais… Je ne compte pas rester accrocher à ces branches toute la nuit et j’ai pas envie de chuter donc si vous aviez la gentillesse….
    Ondine jeta un rapide coup d’œil au bout des chausses qu’elle voyait qui semblait de bonne facture aussi rajouta-t-elle…. Messire de m’aider ?




Titre emprunté à Charles Trenet

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Lazlo.



    Empire des Songes, Baronnie des cauchemars


Le somme de Lazlo était agité intérieurement. Extérieurement, ce n'était qu'un homme allongé, qui dormait paisiblement. Pour la paix, on repassera. De mauvais rêves l'envahissaient. Des images terribles. Des vagues immenses de désespoir, des mers de tristesse, des océans de chagrin. Des territoires inhabités, à découvrir encore, où le Mâlin semblait régner en maître absolu. Terre de feu, cendres brûlantes, forêts dévastés, soufre agonisant, tempête mortelle et ravins cruels. C'était dans un paysage chaotique que Lazlo avançait. Reflet de sa vie ? Image de ce qu'il était, d'où il allait. Et quand il tournait la tête pour voir d'où il venait, un arbre était en train de s'embraser. Une saule pleureur, dans les pleurs flambaient en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. L'ordre était strict : il ne pouvait qu'avancer, sans regarder son passé. Mais outre les ténèbres qu'il traversait, que se passait au-delà, dans le futur ? Le brouillard l'empêchait de discerner quoi que ce soit. Pourtant une faible lueur persistait. Divine, éclatante, mais de moins en moins brillante. Et comme s'il ne la méritait pas, les pas de Lazlo prenait une direction différente où l'enfer riait de sa défaite. Malédiction. Telle était la vie des hommes. Dictée par une fatalité omniprésente.

Puis le ciel encore bleu se voila. Des nuages épais et noirs. Le tonnerre coïncida avec l'éclair. La foudre tomba devant Lalzo, sur le chemin. Un peu plus et il périssait ici. Au moins, plus question du futur. De la pluie commença à tomber. Froide, gelée, intense. Remontant un peu sur lui ses vêtements, il commença à courir. Mais les gouttes d'eau devinrent pesantes, et menaçantes. L'une d'elle tomba non loin du jeune homme. Il s'accroupit et examina les projectiles. De la neige solide comme le roc. De quoi détruire tout sur son passage. La grêle. Terreur des cultivateurs. Lazlo reçut un grêlon dans le dos. Il laissa échapper un cri et reprit sa course. Mais la pluie gelée se fit plus intense et Earnan sombra sous ses coups. Il s'arrêta et se protégea la tête. Il leva les yeux au ciel pour voir un morceau de glace de vingt fois la taille des autres. Il lui tomba en plus dessus...



    I can't remember when it was good,
    Moments of happiness elude,
    Maybe I just misunderstood...*


Encore endormi, Lazlo se dégageait des fruits qui lui tombaient dessus dans de grands gestes de la main. Finalement il reçut le panier et se réveilla totalement, les yeux grands ouverts. La grêle n'avait été que les fruits. L'immense grêlon s'était transformé en panier. Content de s'être extirpé de ce cauchemar, le jeune homme cherchait qui l'attaquait ! Quand un cri résonna. De détresse absolue, cela va sans dire. Attention à tes fruits, je t'en donnerai moi des fruits ! T'as qu'à faire attention toi-même, vilaine insolente. Alors Lazlo leva les yeux vers les branches du cerisier. Une jeune homme y était sommairement accrochée. Quel rire. Ce ne fut pas tout. On eût pu croire que cela lui clouerait le bec. Eh bien non ! Elle trouva le moyen de parler au secrétaire. Quelque chose dans son ton était froid, éloigné. Une fausse gentillesse. Une certaine amertume déjà de la vie. Alors Lazlo se leva, un léger mal de crâne apparut. Sans s'était-il mis sur ses deux pieds trop rapidement. En examiment la scène, il put voir l'échelle de la jeune fille et l'éloignement de celle-ci par rapport à l'endroit où elle se trouvait. Les cerises. La paresse de dépasser l'échelle. Mieux valait tendre ses muscles et... manquer de tomber.

- Mademoiselle s'est abandonnée au péché de gourmandise et notre Seigneur l'aura punie sans délai aucun. Cela vous évitera une visite chez le curé.

Lazlo vint se placer sous la demoiselle. Par chance, elle n'était pas à une hauteur phénoménale. Le jeune homme pouvait attraper ses jambes. Heureusement qu'elle portait des braies ! La gêne aurait été au rendez-vous sans doute des deux côtés. Pour la fille, il eût été préférable qu'elle se laissât tomber plutôt qu'un homme vienne effleurer ses jambes. Sacrées robes et jupes ! La question ne se posait pas. Et à vue d'oeil, l'inconnue était plutôt mince et frêle. Une brindille au vent. Lazlo était un homme, bien que jeune, il était fort. Sans doute dû à ses nombreuses escapades aventureuses. Ne sachant quoi faire d'autre, il attrapa les deux jambes de la demoiselle entre ses bras.

- Sans vouloir vous commander, laissez-vous glisser. Il ne peut rien vous arriver, je vous tiens.

Mais qui était-elle ? Il tentait de voir son visage, mais d'où il était positionné, cela lui était impossible. Il espérait qu'elle ait confiance en lui. Car lui, savait qu'il ne lui arriverait rien, mais elle, pouvait en douter.

- Je m'appelle Lazlo.

Présentation dérisoire mais qui pouvait installer le dialogue. Dialogue qui pouvait déboucher sur la confiance.



*Falling away with you, MUSE


[Bonjour, bonjour,
Merci de traduire le moindre mot qui ne soit pas Français comme cela est stipulé dans les Règles d'or du coin des aRPenteurs.
Bon jeu, bon RP,
Modo Mahelya]

_________________
Ondine.
    [Un, deux, trois, j'irai dans les bois,
    Quatre, cinq, six, cueillir des cerises,
    Sept, huit, neuf, dans un panier neuf,
    Dix, onze, douze, elles seront toutes rouges.*]



    Péché de gourmandise ? Elle avait bien entendu ou bien ses esgourdes lui jouaient un tour tandis qu’elle était légèrement en mauvaise posture ? La brindille réfléchit rapidement et se rendit à l’évidence que ça ne s’inventait pas ce genre de réflexion alors, d’un ton qu’elle n’utilisait que rarement, elle répliqua à l’espèce de malotru qui ne se gênait pas pour regarder son joli fessier tout en la sermonnant.

    - Notre seigneur n’a-t-il pas, dans sa grande clémence, dit qu’il pourvoirait à ce que ses enfants ne meurent jamais de faim… Alors je m’exécute et quand la faim me tenaille, je prends où je peux et vos arbres me tendaient les branches… ça aurait été malheureux que les fruits pourrissent sur pied ! Quant à aller rendre visite au curé, encore faut-il qu’il y en ait un dans votre bourg…

    Et toc… non mais si avec ça, il osait encore lui parler de péché, elle allait lui apprendre à vivre. Elle avait faim, elle était fatiguée et elle était en mauvaise position. Mais il attendait quoi pour l’aider ? Et soudain, Ondine sentit qu’on lui attrapait les jambes. Mouvement de panique, elle tenta de s’échapper par instinct de survie en gigotant dans tous les sens avant de se calmer au son de la voix de cet homme qui possédait finalement une voix bien plaisante. Elle se surprit même à sourire légèrement avant de déchanter car il lui intimait l’ordre de se laisser glisser contre lui. La brindille en frissonna longuement sentant sa peau se dresser le long de son échine. Se renfrognant, la brindille prit un air buté.

    - Non, jamais!... et pas la peine de tirer sur mes jambes pour me faire descendre plus vite… vous êtes… c’est inconvenant messire…

    L’image imposée par son esprit lui fit froncer son petit nez. Corps contre corps… Non merci, elle avait déjà donné avec un homme et même si ça partait d’un bon sentiment, elle mettait tous les hommes dans le même panier désormais. A force d’être blessée ou prise pour une véritable pomme, la brindille avait arrêté de tendre l’autre joue.

    P
    oussant un soupir à fendre l’âme, les bras commençant à fatiguer, Ondine essaya de voir un peu plus bas si le bonhomme essayait une nouvelle approche comme celle de remettre l’échelle dans l’axe afin de l’aider mais alors qu’elle gesticulait vers la gauche, il se présenta.
    *vraiment il choisit bien son moment celui-là… Comme si les présentations se faisaient dans pareille situation…* mais soudain, son esprit tira le signal d’alarme. Le prénom de cet inconnu qui n’en était plus un lui disait quelque chose et la brindille chercha avant d’essayer de voir un peu mieux le visage caché quand la branche craqua de façon sinistre au moment où elle ne put s’empêcher de lui redemander.


    - Hein ? Lazlo dites-vous ? messire Lazlo ? …. D’Albi ?


    Un second craquement résonna et Ondine ferma les yeux, adressant une rapide prière à Aristote, Christos et tous les saints qu’elle connaissait et dont la plupart elle avait oublié le nom en murmurant

    - Non, non pas ça… je vous en prie…protéger mon enfant !

    Et elle ne put arrêter sa chute, finissant par se glisser contre le brave Lazlo de façon plus brutale que prévu, le bousculant au passage. Rouge de honte, mais les bras accrochés à ses épaules, la brindille ouvrit rapidement un œil afin de constater les dégâts. La violence du choc auquel elle s’était attendue n’avait pas eu lieu et Ondine cherchait le pourquoi du comment de la chose. En premier lieu, une main se glissa rapidement sur son ventre rebondit pour constater qu’elle n’avait aucune douleur puis elle observa le bonhomme avant de se reculer rapidement.

    - Messire Lazlo c’est bien vous ? Par tous les saints, j’y crois pas… Mais qu’est-ce que vous faites –là ?




*comptine

_________________
Lazlo.



    Look to the stars,
    Let hope burn in your eyes,
    And we'll love and we'll hope,
    And we'll die,
    All to no avail, all to no avail.
    I wish I could...*


Lazlo repensa à ses cours de pastorale. Dieu avait-il vraiment dit cela ? Il n'en savait plus rien. En tout cas, bienheureux ceux qui souffrent, car ils se rapprochent du Second Prophète et donc de Dieu. Mais le péché de gourmandise... sans doute était-il celui auquel on s'abandonnait le plus. Pauvre pécheur ! Il sourit néanmoins de la presque insolence de la jeune femme. Etait-ce sa faute à lui, s'il n'y avait pas de curé à Saint Bertrand ? Cherchait-elle à rester là-haut ? Lazlo en douta un instant. La voilà maintenant qui faisait la jeune femme de grande et belle vertu. Elle refusait même de descendre. Qu'elle essaye de lui retirer les mains ! Le secrétaire tenait le coup. Il la trouvait bien impertinente, mais il ne lui souhaitait aucun mal. A cette hauteur, tout était possible. Le mal pouvait si vite arriver. Inconvenant ? Voilà un bien grand mot ! Suivi par messire... ah on se rendait compte qu'il tenait pas un simple vilain. Cela le rassurait que de là-haut on puisse voir de pareils détails.

Et le temps passait. Tempus fugit. Elle tenait bon. Ses bras étaient solides. Mais demain, elle souffrirait de cet effort. Tant pis. Il entendit son soupir. Peut-être était-ce bien difficile de lui faire confiance, il en convenait. Mais de là à être torturé comme elle l'était, il y avait un grand pas. Quand il se présenta, c'est là qu'il perçut un changement dans son attitude. La surprise, la curiosité. Il voyait qu'elle tentait de mieux le voir. Mais il ne leva pas les yeux.

Elle le connaissait. Cela le gênait un peu. Tout ceux qu'il connaissait, soit il les avait abandonnés, soit ils étaient de sa famille. Cette voix ne lui disait rien du côté familial. Il aurait reconnu aussitôt. Mais qui est-ce que c'était ? Une femme... plutôt jeune... à Saint Bertrand... ce n'était pas son amie Saule. Puis une ville. Albi. Albi ? Albi... Oui, il y était passé... il y a des mois... il avait quelque peu vagandoné là-bas... il y avait passé quelque temps, il y avait rencontré Ond... Ondine !? Se pouvait-il que ce soit elle ? A son tour, il chercha à observer son visage.

Mais il n'en eut pas le temps. La branche craqua. L'heure de la descente était arrivée. Lazlo se tint prêt. Surtout maintenant qu'il pensait connaître l'identité de la jeune femme. Ondine... qui aurait pu penser...

Elle chuta lourdement, et brutalement contre le jeune homme qui se prit des bras et des coudes sur la tête et la poitrine. Il ferma même les yeux. Sans doute l'évènement aurait-il pu être plus violent. Mais grâce à sa présence, Lazlo avait pu empêcher à Ondine une agressive retombée.

Tout redevint calme. Il ouvrit un oeil, puis l'autre, en même temps que la jeune femme. Tout d'abord, c'est le visage d'Ondine qui frappa Lazlo. Si beau, si doux. Puis il s'aperçut que les mains de sa victime étaient posées sur ses épaules. Quant à ses propres mains à lui, avait suivi le corps d'Ondine et s'étaient stoppées sur les hanches.

Ce fut un instant qui sembla durer longtemps pour Lazlo. Mais rapidement gêné, il retira ses mains du corps de la jeune femme, et détourna les yeux. Elle-même quitta ses épaules et toucha son ventre. Pusi tous deux se reculèrent d'un bon pas chacun.

Le jeune secrétaire passa ses mains derrière son dos, tout en écoutant les dernières paroles d'Ondine. Il releva finalement les yeux et lui sourit tendrement.

- C'est bien moi, je... je me suis arrêté un temps par ici... mes vagabondages habituels...

Il ramassa le panier d'Ondine et s'agenouilla pour ramasser une à une les cerises cueillies par la jeune femme.

- Ondine... je ne peux complètement le croire... Vous n'avez pas beaucoup changé...

Andouille, évidemment, c'était à peine il y a quelques mois.

- Je suis désolé pour... pour cette descente un peu... déconvenante et.. brusque oui brusque... Vous faites v...

Tais-toi ! Qu'allais-tu dire, idiot ? Qu'elle faisait son poids ? Mais on ne parle pas comme ça aux demoiselles ! Honteux !

Mieux valait s'arrêter de parler. Sans la regarder, il continua de remettre dans le panier d'oseille la cueillette de sa surprise du jour. Il était gêné. Les filles l'avaient toujours un peu mis mal à l'aise. Et ô combien l'avaient-elles déçu...

Il sourit un peu tristement.



*Syndrome Stockholm, MUSE


[Bonjour, bonjour,
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Bon jeu, bon RP,
Modo Mahelya]
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