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[RP] C'est d'ici que je vous écris...

Terwagne_mericourt
[Troyes, le 29 septembre 1460 : "Messages non délivrés"]


Norf de norf de norf!
Vas-tu enfin te décider à m'avouer ce que tu en as fait?!?!
Trois... Trois missives!

Une missive sans réponse, je veux encore bien admettre, ça arrive, surtout quand celle-ci est destinée à l'ébouriffé, mais pas trois!!!

Le Seigneur d'Etampes, le Comte de Balma, et Jim d'Azernay...

Trois gentilshommes qui n'auraient donc pas pris la peine de me répondre... ?
Ais-je donc l'air d'une gourdasse que tu t'imagines que je puisse la gober, celle-là?

Ces missives que je t'ai confiées à leur intention, tu ne les as jamais livrées!
La voila la vérité!!!

Alors forcément ils n'auraient pas pu y répondre!


Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle était en rage, la Vicomtesse. Ses yeux adressaient au jeune homme planté dans l'entre-porte autant d'éclairs que ce que ses lèvres lui envoyaient de mots violents.

Elle se décida malgré tout à le quitter du regard et à faire quelques pas en direction de la table qui lui servait de bureau, afin d'y prendre un vélin qui y trainait depuis plusieurs jours.


Je te donne une chance de me faire renoncer à l'envie que j'ai de te faire fouetter en place publique... J'ai ici une copie de la lettre que je t'avais confiée pour le Comte de Balma.

Citation:
A Aldin de Thau, Comte de Balma, Dict le Juste
De Terwagne Méricourt, Visomtesse d'Orpierre, Dame de Taulignan,


Salutations cordiales !


En espérant que vous me pardonnerez le délai mis à vous envoyer cette lettre de soutient, mais je manquais de temps ces derniers jours et ne désirais pas la bâcler, aussi ais-je pris le temps de pouvoir vous en rédiger une digne de ce nom et remplie d'autre chose que de banalités sans aucun intérêt.

Avec toute mon estime,

Terwagne


PS : Ne vous offusquez pas de ma franchise dans cette lettre, je pense qu'elle vous sera bien plus utile qu'un soutient par simple sympathie.


Citation:
De Terwagne Méricourt, Vicomtesse d'Orpierre et Dame de Taulignan,
A la Très Noble Assemblée des Pairs de France,


Salut et Paix !


Ayant été informée du désir de sa Grâsce Aldin de Thau, Comte de Balma, Dict le Juste, de prétendre à la Haute Dignité et Noble Charge de Pair de France, nous tenons par la présente à lui apporter notre entier soutient, avec toute l'humilité qui nous caractérise.

Ceux d'entre vous nous ayant côtoyée jadis de par notre fonction de Chancelier ne sont pas sans ignorer que nous ne sommes point adepte des grandes envolées lyriques ni des longs discours, et nous ne dérogerons pas à la règle dans cette missive, en espérant que vous ne nous en tiendrez pas rigueur, mais nous savons votre temps trop précieux pour vous le faire perdre sur les courbes tracées par notre plume.

Du parcours provincial, municipal, ou encore politique, du Comte de Balma, nous ne connaissons rien ou presque, tout comme nous ne connaissons rien de l'homme publique qu'il est, aussi ne nous attarderons-nous que sur son parcours au service de la Justice royale, au sein de la Cour d'Appel, où nous avons eu le plaisir de travailler avec lui durant de nombreuses années.

Un parcours fait de régularité avant tout, d'abnégation également, mais surtout d'objectivité... Trois qualités primordiales à nos yeux, et qui expliquent à elles seuls pourquoi c'est lui que nous avons choisi pour assurer la Vice-Présidence lorsque nous en étions Présidente de la Cour d'Appel.

A ce sujet, nous tenons à souligner que ce choix de notre part fut motivé, plus que tout autre par la suite, par ses qualités et non par quelque sympathie à son égard, puisque à l'époque ce choix était tout sauf celui de la facilité... Nous espérons qu'il n'en prendra pas ombrage, mais oui, d'autres candidats que lui-même nous auraient "facilité la vie", nous étaient bien plus sympathiques aussi, puisque le choisir lui comme bras droit c'était à coup sûr ouvrir la porte à de nombreux débats en table ronde des Officiers de la Cour d'Appel, tant nos avis étaient fréquemment divergents. Des débats nombreux donc, mais toujours constructifs, objectifs, où il argumentait avec calme, pondération, mais était également capable de remettre en question ses propres certitudes de départ.

Si nous vous parlons de cela c'est parce qu'à nos yeux c'est une grande qualité que d'oser donner un avis différent, en l'expliquant, par un discours construit et réfléchi, plutôt que de se contenter de suivre la majorité des avis exprimés, par facilité.

Pour toutes ces qualités que nous lui connaissons, nous ne pouvons que lui apporter notre entier soutient.


Faict à Troyes, le vingt-et-unième jour de septembre de l'an mil quatre cents soixante



Elle la relut, la plia, la scella, puis la lui tendit.

Tu vas la livrer au plus vite, sans être payé cette fois tu t'en doutes bien, et m'envoyer un autre messager afin que je puisse envoyer à nouveau missives à Jim et à Aimel...

Elle ne termina pas sa phrase, interrompue par des cris venant du rez-de-chaussée de l'auberge où elle logeait depuis son retour des joutes. Rêvait-elle ou était-ce bien elle que l'on venait d'appeler en vociférant de la sorte?

Tendant l'oreille, chassant d'un geste de la main le messager fautif - du moins c'est ce qu'elle pensait, loin de s'imaginer que Aldin n'aie même pas pris la peine de la remercier - elle quitta sa chambre et s'approcha de l'escalier menant à la réception de l'auberge.


"TERRYYYYYY !!!!!!"


Un nouveau cri, et cette fois pas de doute possible, c'était bien après elle que l'on s'égosillait... Rapide réflexion, ou plutôt tentative de réflexion, et elle en arriva à la conclusion que seul un homme sans aucun respect pour elle pouvait s'adresser à elle de cette façon aussi cavalière! En d'autres mots, seul Kernos pouvait être l'auteur de ces cris dignes d'un charretier hélant son bétail.

Dieu qu'elle le détestait! Lui devenu si différent de celui qu'elle avait aimé...

Mais pourquoi diable hurlait-il de la sorte? Certes il devait être à bout de nerfs à force d'attendre qu'elle daigne bien vouloir lui rendre visite pour lui répondre, certes il devait être au courant que cela faisait à présent plusieurs semaines qu'elle était de retour en Champagne et jouait les absentes, certes il devait être excédé devant son silence, mais tout de même!

Rageusement, elle entreprit la descente des escaliers, bien décidée à le faire taire et surtout à lui couper le souffle en le prenant de court.


Inutile de vous donner en spectacle de la sorte, vous êtes un bien piètre troubadour, mais feriez cependant un excellent bouffon.

Malgré cela, j'accepte votre demande en mariage!


Et paf! Euh... Et re paf, en fait, lorsqu'elle se rendit compte que l'homme au bas des escaliers n'était aucunement le Baron de Mévouillon, mais bien Jim, et qu'en plus il était accompagné de son épouse.

Norf de norf! Pourvu que cette dernière comprenne qu'il y avait maldonne sur la personne...

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Je voudrais que la terre s'arrête pour descendre.(Gainsbourg)
.jim.
[Troyes, le 29 septembre 1460 : "Quiproquos"]

Le rouquin était encore en train de s'égosiller à la grande honte de son épouse mais pour son plus grand amusement à lui lorsqu'il entendit des pas précipités dans l'escalier.

Et il la vit, elle, l'incomparable Terwagne, toujours aussi belle malgré les épreuves récentes qu'elle avait subies, toujours aussi touchante dans son charme sans fard et cette tristesse latente dans ses yeux qui les rendaient pourtant si beaux.

Lorsqu'il l'aperçut depuis le seuil de l'escalier, il ne put retenir un large sourire et pour un peu, il aurait grimpé les marches à quatre à quatre pour la rejoindre tant était grand son désir de la revoir.

Mais les mots qu'il entendit descendre, portés par l'air, firent manquer à son coeur plusieurs battements.


Inutile de vous donner en spectacle de la sorte, vous êtes un bien piètre troubadour, mais feriez cependant un excellent bouffon.

Malgré cela, j'accepte votre demande en mariage!


C'est sûr que comme bouffon, il se posait là le rouquin. Toujours à jouer au pitre pour distraire son épouse et ses enfants, adepte d'un humour très décalé.

Mais la fin de Phrase le laissa pétrifié. Elle acceptait... sa demande en mariage? Pour autant qu'il appréciât la dame, il n'avait jamais osé espérer plus de sa part qu'un baiser sur la joue, un sourire taquin, un mot gentil... ce qu'on attend d'une amie... mais le mariage...
Et de quelle demande voulait-elle bien parler?

Revenant brusquement sur Terre, il prit conscience que son épouse pouvait prendre ombrage de cette sortie et se sentit d'un coup extrêmement mal à l'aise.

Roulant des yeux plusieurs fois dans leurs orbites, il articula d'une voix faible très hésitante.


Ma chérie... je te présente Terwagne Méricourt, vicomtesse d'Orpierre...

Plus il bafouillait, plus il sentait des regards lourds peser sur lui. Plaider l'innocence d'un meurtrier multi-récidiviste devant la haute cour de justice, ce serait du gâteau à côté du défi qui se présentait à lui.

et si tu penses ce que je pense que tu penses en ce moment... alors tu fais erreur en pensant cela

Il lança un regard désespéré vers Terwagne en remuant à peine les lèvres pour dire

"Au secours"
Annabelle1
[Troyes le 29 Septembre 1460 : "Quiproquos" ]

Un voyage,quelques mauvaises rencontres heureusement Anna avait pris des forces et les brigands en avaient été quittes pour une bonne raclée.
Enfin arrivés sur leur lieu de destination ils étaient entrés chez l'amie de Jim dont Anna n'entendait que des louanges.

Son époux sans doute pressé de les présenter s'était mis à hurler et à appeler.Anna gênée de ce manque de politesse essayait de lui faire comprendre d'un doigt sur ses lèvres de faire doucement:


Chuuuttt!!!

Puis un pas dans l'escalier et une voix féminine plutôt courroucée:


Inutile de vous donner en spectacle de la sorte, vous êtes un bien piètre troubadour, mais feriez cependant un excellent bouffon.

Malgré cela, j'accepte votre demande en mariage!


Anna se tourna vers son époux ,les sourcils relevés,se demandant si c'était une blague.

La fameuse amie finissait de dévaler l'escalier,Jim de son côté bafouillait comme un gamin pris en faute.



Ma chérie... je te présente Terwagne Méricourt, vicomtesse d'Orpierre...


Anna ne savait si elle devait saluer ou continuer d'écouter les palabres de son mari qui malgré tout continua:


et si tu penses ce que je pense que tu penses en ce moment... alors tu fais erreur en pensant cela


Anna aurait aimé qu'il ait raison mais les paroles qu'elle avait entendues revenaient lancinantes au creux de ses oreilles.

Courroucée elle murmura:


J'aimerai comprendre Jim...Pourquoi l'as tu demandée en mariage alors que tu es marié?Que s'est il passé lors de votre petite journée de retrouvailles???


Mais la dame était déjà en bas des escaliers et Anna préféra se taire .Elle l'observa rapidement et sut en cet instant que son époux pouvait avoir succombé à ce charme qu'elle dégageait.

Malgré le trouble qu'elle ressentait,Anna resta tranquille et attendit la suite se doutant que cette jolie dame n'attendait pas Jim accompagné.



Bonjour!Vous êtes donc la fameuse Thery dont Jim m'a parlé si souvent...Heu...Je voulais juste vous dire que ...Qu'il...Enfin nous sommes mariés.Je ne sais ce qu'il vous a dit et s'il vous a parlé de moi ...J'espérais que oui mais là j'en doute...


La colère...Le chagrin...Son coeur si lourd tout à coup.Pourtant il avait toujours été un époux aimant...Anna ne comprenait plus rien tout à coup.

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Terwagne_mericourt
[Troyes, le 29 septembre 1460 : Euh... Oui mais non...]


Comme présentation, on fait rarement pire, c'est certain. Comme retrouvailles aussi, d'ailleurs.

Pétrifiée par la bourde monumentale qu'elle venait de faire, la Méricourt resta un instant bouche bée, cherchant les mots comme un noyé cherche l'air, et il s'en serait fallut de peu pour que l'on entende un "bloub bloub bloub" s'échapper de ses lèvres.

Vite, Terry! Trouve quelque chose à dire, une explication!

La volonté avait beau être là, il lui fallut un bon moment pour reprendre pied, et elle se surprit à se faire la réflexion qu'elle aurait encore préféré se prendre les pieds dans sa jupe en descendant ce fichu escalier, quitte à faire une entrée tête en bas et fesses en l'air. Ca aurait presque été moins gênant comme situation.

Il n'en fallut pas plus que cette pensée absurde pour qu'un petit rire nerveux naisse dans le fond de sa gorge et prenne le chemin de ses lèvres. Mais le pire était encore à venir, question de rire nerveux, et celui-ci ne fit que prendre de l'ampleur lorsque ses yeux se posèrent sur Jim.

Si elle-même avait l'allure d'une noyée cherchant l'air, lui n'avait guère l'air en meilleure posture, ses yeux roulant dans tous les sens, sa bouche s'agitant pour laisser sortir un fouillis de mots qui ressemblait plus à une ode au verbe "penser" qu'autre chose...

Elle qui venait de traiter Kernos - enfin elle l'avait cru - de bouffon, faisait en fait une sacré paire de bouffons avec son ami Jim, c'était le moins que l'on puisse dire.

Reprenant tant bien que mal son sérieux, elle s'avança vers l'épouse de son futur vassal, avec un sourire malgré tout un peu gêné.


Enfin je vous rencontre!

Je commençais à désespérer de vous connaitre un jour autrement que par les mots de votre époux, qui n'en doutez pas ne tarit pas d'éloges à votre sujet, au point que j'en ai presque l'impression de vous connaitre depuis bien longtemps.


Se tournant ensuite vers l'époux en question, elle lui adressa un sourire radieux, chaleureux, avant de prendre un air faussement grondeur.

Quant à vous, cher ami, vous auriez du m'avertir de votre arrivée à Troyes, j'aurais organisé un dîner, quelque chose, des retrouvailles et des présentations dignes de ce nom, au lieu de... hum...

Un léger rire la reprit, tandis qu'elle enchaînait, tournant à nouveau son visage vers l'épouse.

J'ignore ce qu'il vous a dit à mon sujet, mais j'ose espérer qu'il n'avait pas omis de vous avertir de mon côté... un peu trop spontané bien souvent, qui a le don de me faire commettre de nombreuses pitreries à mes dépens bien souvent.

Pour tout vous dire, en entendant ses cris au bas de l'escalier, j'ai cru qu'il s'agissait de... Comment vous dire? D'un autre, voila...


Et parlant de l'autre en question, elle porta un instant son regard vers les tables de l'auberge, espérant qu'il ne s'y trouvait pas et n'avait pas entendu qu'elle avait accepté sa demande en mariage sur le coup, spontanément là aussi.
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Je voudrais que la terre s'arrête pour descendre.(Gainsbourg)
.jim.
Troyes le 29 septembre 1460: Sauvetage

Le jeune homme avait un visage décomposé par la peur. Il s'attendait à une explosion, une catastrophe, un divorce sanglant, sa vie brisée...

Lorsque son épouse s'adressa à lui à voix basse, il crut qu'il allait défaillir

J'aimerai comprendre Jim...Pourquoi l'as tu demandée en mariage alors que tu es marié?Que s'est il passé lors de votre petite journée de retrouvailles???

Il aurait aimé formuler une réponse cohérente mais ne pouvait guère nier l'évidence sans se défausser sur son amie et future suzeraine qui heureusement vint à son secours, lui offrant une chance inespérée de changer de sujet de conversation, saluant Annabelle avec tact et amabilité puis le réprimandant.

Quant à vous, cher ami, vous auriez du m'avertir de votre arrivée à Troyes, j'aurais organisé un dîner, quelque chose, des retrouvailles et des présentations dignes de ce nom, au lieu de... hum...

Affectant un air faussement contrit de l’écolier qui se fait disputer parce qu'il n'a pas fait ses devoirs, puis répondit à voix basse

Je vous ai envoyé un pigeon il y a trois jours pour vous dire que nous arrivions à Troyes, peut-être ne vous est-il jamais parvenu...

L'alerte était encore chaude, il laissa donc la vicomtesse poursuivre

Pour tout vous dire, en entendant ses cris au bas de l'escalier, j'ai cru qu'il s'agissait de... Comment vous dire? D'un autre, voila...

Un mélange de soulagement et de déception s'insinua dans le coeur du jeune homme. Terwagne lui offrait une porte de sortie qui allait sans doute lui éviter de perdre femme et enfants sur un simple malentendu, mais en même temps il se serait senti extrêmement flatté qu'une si grande dame acceptât une demande en mariage de sa part. Mais elle l'avait pris pour un autre...
Cependant, il y avait là une perche qu'il fallait saisir tant qu'Annabelle n'avait pas encore répondu.


Il laissa donc échapper un rire mi-joyeux mi-nerveux et prenant la main de Terwagne, s'inclina devant elle pour l'effleurer de ses lèvres.

Ah vicomtesse, vous me soulagez par vos paroles d'un grand poids. Si vous aviez accepté de m'épouser, j'aurais été au désespoir de devoir décliner votre offre, mon coeur et ma foi étant engagés auprès de cette belle dame qui est mon épouse, fit-il en invitant Anna à se rapprocher.

Je remercie le ciel de m'avoir préservé de vous causer un tel déplaisir.

Il partit à nouveau d'un petit rire plus détendu que le précédent

Un autre, vous m'avez pris pour un autre! N'est-ce pas drôle ma chérie? lança-t-il à Annabelle.

Mais alors cela veut dire que vous avez des projets de mariage? Vous m'aviez caché cela!

Et de se diriger vers l'aubergiste pour lui demander sa meilleure table. Le malentendu dissipé, il entendait laisser aux deux femmes le temps d'échanger quelques mots.
Kernos
[Troyes, le 29 septembre 1460, C'est de mon lit que je vous écris ou presque]

"Je voulais te dire que je t'attends
Et tant pis si je perds mon temps
Je t'attends , je t'attends tout le temps
Sans me décourager pourtant... *"


A... A... A... OUATCHAAAAAA!!!! Snirfffl...

Le mouchoir humide retrouva sa place sur la table de chevet, tandis que Kernos Rouvray se laissait retomber sur sa couche à laquelle l'éternuement venait de l'arracher violemment.

Foutue fièvre! Foutue blessure! Foutu froid! Voilà plusieurs jours qui se retrouvait alité. Contraint de tenir le lit et de rester cloîtrer dans la chambre d'auberge plutôt cossue où il avait pris résidence de manière indéterminée. Cela avait commencé peu après l'entrevue de Tonnerre. Il venait à peine de s'établir à Troyes que son épaule décida de faire des siennes...

Une fièvre chauffée à blanc, des sueurs diluviennes mais surtout, la souffrance physique, comme si on lui tirait dessus une seconde fois. Les médicastres avaient tranché: "les humeurs se combattent pour rétablir l'équilibre, messire, c'est signe de guérison". En effet, sa blessure guérissait, mais à quel prix! Sentir ses tissus se rejoindre, les chairs fusionner entre elles, la vie en marche, ça faisait atrocement mal. Pis encore, le cataplasme qu'on lui renouvelait deux fois par jours était plus douloureux que l'infection. Kernos se demandait s'il ne préférait pas ses pansements imbibés de pus et de sang, à l'odeur infecte de cette mixture nauséabonde qui le brûlait et le démangeait constamment.

Cela avait duré cinq jours. Alors qu'il se croyait enfin débarrassé et allé enfin jouir d'un peu de liberté, paf! Un refroidissement avait pris le relai, le laissant membres épuisés et la goutte au nez. De nouveau le lit, de nouveau l'enfermement. "Excès de pituite, Baron, il faut que votre corps se réchauffe pour éliminer le surplus d'humeur." Alors on l'étouffait de couvertures, de robes et de bonnets. On le nourrissait de liquides, de liquides et encore de liquides... tant et si bien que son corps s'était mis à en produire plus que de raison, l'obligeant à des déplacements constants dont il se serait bien passé.

Ainsi allaient les journées du Baron Kernos Rouvray, entre lit et latrines, ponctuées de temps à autres par quelques éternuements qui l'arrachait à son état d'épuisement pour se débarrasser d'autres liquides tout aussi peu commodes que les autres. Mais tout ceci n'était que le moindre de ses maux actuels.

En effet, la guérison de ses plaies, la maladie n'étaient que de pâles divertissement face à l'attente de Terwagne.

Cela faisait un peu plus d'un mois qu'ils s'étaient quittés en Bourgogne, laissant suspendu dans le silence sa demande de mariage. Elle lui avait dit qu'elle le retrouverait en Champagne au début de septembre pour lui donner réponse si le "contrat" qu'il lui proposait l''intéresserait ou non. Octobre se profilait à l'horizon, et toujours pas de Terwagne...

Etait-cela, sa vengeance? "A ton tour de poireauter dans l'incertitude, mon mignon, le coeur rempli d'un espoir ne rencontrant que l'absence et le doute." Peut-être... Ou peut être qu'il lui était arrivé quelque chose après son départ de Tonnerre? Peut-être était-elle blessée? Malade? Agonisante? Ou bien dans les bras de cet autre homme qu'elle avait évoqué?

Espérer, c'est ouvrir la porte au doute. Et Terwagne l'avait envoyé se fracasser contre le mur à grand coup de "peut être", laissant entrer les courants d'air.

Kernos n'en pouvait plus d'attendre, il n'en pouvait plus de cet enfermement et de cette faiblesse. S'il avait été en meilleur santé, il serait parti à sa recherche dans l'heure, même si c'était pour la retrouver avec un autre, au moins il aurait su qu'elle était en vie et qu'elle ne l'épouserait pas.

L'inaction et l'incertitude le rendaient fou à petit feu, si ce n'était pas déjà le cas auparavant. Aussi, il finit par sortir de sa couche, se dressant sur ses jambes branlantes pour gagner son écritoire. A défaut de pouvoir agir, il écrirait.




Terwagne,

Une missive fugitive et brève, juste pour te dire que je n'ai point disparu dans la nature une fois encore, oubliant les promesses que j'ai pu faire et les paroles que j'ai donné.
Je suis donc bien en Champagne, à t'attendre, comme convenu lors de notre entrevue à Tonnerre le mois dernier.

J'ai pris mes quartiers à Troyes et demeure pour l'heure alité à cause d'une mauvaise fièvre ...


Un fameux brouhaha retentit dans l'escalier à quelques pas de sa porte. Sa plume se figea aussitôt... Il avait cru... Non, cela devait être la fièvre qui lui jouait des tours, ou bien son obsession qui s'aggravait encore... Pourtant, il aurait presque juré avoir entendu quelqu'un beugler "Terry" ou "Pwerry" ou un truc du genre qui finissait en "y"... Peut être le "hiiiiiiiiiiii!" d'une souillon surprise par un rat dans les cuisines? Il tendit l'oreille pour tenter d'en apprendre plus.

Cela discutait dans les couloirs, mais de là où il se tenait, ajouté au bourdonnement de son esprit et de la fièvre, il ne comprenait que goutte. Intrigué, il se leva tant bien que mal pour gagner la porte de sa chambre quand soudainement...


A... A...ATTCHAAAA! ATCHOUUUUUUUM!!!!!

Deux éternuements consécutifs. Sans doute que l'on parlait de lui en mal. Il trempa un énième mouchoir, avant de poser la main sur la poignée et de risquer la tête hors de son trou.

Elle était là. Il la reconnu aussitôt, bien qu'elle se trouvait en contrebas et lui tournait le dos. Des épaules et une nuque pareille, cela ne s'oubliait pas aussi facilement. Son coeur fit un bon dans sa poitrine. Terwagne. Etait-elle venue pour lui? Etait-ce le hasard ou bien le destin? Peu importait. Elle était là, et en bonne santé visiblement, un homme lui donnant du baise-main.... Etait-ce lui? L'autre? Cet homme dont elle n'avait fait qu'évoquer l'existence dans sa vie? Kernos sentie une violente bourrade de jalousie lui tordre l'estomac.

Mais pas le temps de réfléchir, ils s'éloignaient déjà vers la salle commune en prenant l'escalier. Au mépris de son allure fort peu conventionnelle en matière de bon goût nobiliaire - une simple cape fourrée jetée sur sa chemise de nuit - Kernos s'élança pour tenter de la retenir, mais le seul mot qui franchit ses lèvres, alors qu'il se campait au sommet des degrés de bois fut...


Terwa... a ... a ... ATCHAAWAAA!



*M. Jonasz, Je voulais te dire que je t'attends.
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Terwagne_mericourt
[Troyes, le 29 septembre 1460 : Bloub bloub bloub...]


Je vous ai envoyé un pigeon il y a trois jours pour vous dire que nous arrivions à Troyes, peut-être ne vous est-il jamais parvenu...

Ah ça pour sûr il ne lui était pas parvenu ce pigeon! Sans quoi elle s'en serait forcément souvenue. Décidément, après les messagers qui n'étaient plus de confiance, voila que les pigeons s'y mettaient à leur tour.

"Ah m**** les pigeons m'ont déçu ! (Oldelaf)" se dit fort peu aristotéliciennement la Vicomtesse, qui ne s'attarda cependant pas outre mesure sur ce soucis de messagerie mais préféra s'occuper de ses invités et amis. Elle ne connaissait pas encore à proprement parler la jeune femme, mais si Jim l'aimait elle ne pouvait forcément qu'être exceptionnelle.


Quoi qu'il en soit, si vous remerciez le ciel de vous avoir préservé de me causer déplaisir, sachez que moi je le remercie de vous avoir aidé à trouver l'auberge où je loge.

J'imagine que cela ne fut pas simple...
Cette ville compte un nombre fort impressionnant d'établissements de ce genre.
Je me demande bien pourquoi il y en a autant...

Enfin bref, allons-nous assoir et boire une bonne bouteille, voulez-vous?
Vos cris au bas de l'escalier ont du vous assécher le gosier.


Elle ponctua sa phrase d'un sourire taquin à l'intention du Procureur Général et d'un petit clin d'oeil spontané à son épouse. Peut-être trop spontané, à bien y réfléchir, puisqu'elle ignorait si la dame avait été prévenue de son tempérament chaleureux et simple lorsqu'elle appréciait la compagnie des gens qui l'entouraient. Jim l'avait sans doute avertie...

Quoi qu'il en soit, elle ne répondit pas à la question posée par son ami au sujet de ses projets de mariage, pas tout de suite en tous cas, trop surprise qu'elle était elle-même d'avoir fait part de la sorte d'une quelconque acceptation. Ses mots avaient été plus rapides que sa pensée, et puis il ne s'agissait pas vraiment d'un mariage, juste d'un marché, d'un accord, d'un...


Un contrat !

Le mot lui échappa juste au moment où tous trois entamaient quelques pas pour prendre place autour d'une table, la mettant devant l'obligation dans d'en dire plus.

Il s'agit d'un contrat, Jim... Je vous l'ai écrit, le Baron de Mévouillon, que vous aviez sans doute aperçu lors de mon intronisation, m'a proposé de l'épouser.

Et si je l'envisage c'est uniquement par raison, pour réaliser mon vœu le plus cher, donner la vie.
J'ai déjà bien trop cru en l'amour pour encore me bercer d'illusion en attendant que l'Eglise libère le Duc de...


Un nouveau cri venant de l'escalier l'interrompit, et elle lança un regard mi-amusé mi-intrigué à son futur vassal.

Cette fois cela ne peut venir de vous.
Peut-être est-ce celui avec qui je vous avais confondu.


Pourvu que ça ne soit pas lui!

Ca paraissait improbable, elle avait bel et bien entendu les premières syllabes de son prénom, et personne ici à part lui ne se serait permis de la nommer ainsi en public, surtout du haut d'un escalier.

C'était forcément lui!

Dans ce cas, pourvu qu'il n'aie pas entendu la conversation de départ, celle où elle avait accepté son offre!

Tournant la tête vers la cage d'escalier, elle lança dans cette direction un regard anxieux, se retenant de se lever pour aller voir de plus près ce que désirait au juste le Rouvray... Des présentations officielles à ceux qui comptaient pour elle?

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Je voudrais que la terre s'arrête pour descendre.(Gainsbourg)
Annabelle1
Troyes le 29 septembre 1460 Soulagement


Ambiance pesante,rougeurs des visages,air qui manque...Un ange passe...

Puis les voix s'élèvent à nouveau:


L'une:



Enfin je vous rencontre!

Je commençais à désespérer de vous connaitre un jour autrement que par les mots de votre époux, qui n'en doutez pas ne tarit pas d'éloges à votre sujet, au point que j'en ai presque l'impression de vous connaitre depuis bien longtemps.

Pour tout vous dire, en entendant ses cris au bas de l'escalier, j'ai cru qu'il s'agissait de... Comment vous dire? D'un autre, voila...


L'autre:


Ah vicomtesse, vous me soulagez par vos paroles d'un grand poids. Si vous aviez accepté de m'épouser, j'aurais été au désespoir de devoir décliner votre offre, mon coeur et ma foi étant engagés auprès de cette belle dame qui est mon épouse.



Anna les écoutait et son humeur changeait au fil des mots.Un petit rire s'échappa même du fond de sa gorge,Jim avec son air contrit avait le don de faire rire son épouse aux éclats,mais elle se retint et fit une légère révérence à son hôtesse.

Je vois que nous nous sommes mis tous trois dans une situation fort embarrassante...Je suis ravie de vous rencontrer.

Oui Jim m'a parlé longuement de son amie.Il vous estime grandement et voulait absolument que nous fassions connaissance.

Chose faite de façon un peu...Abrupte je dirai.


Conduits vers la salle commune Anna sourit et dans un murmure s'adressa à son époux:

Tu as vraiment le don de compliquer les choses même les plus simples.Mais j'avoue que je suis grandement soulagée.

_________________
.jim.
Comme toujours, la conversation de Terwagne était douce et agréable. Il était heureux de la voir ainsi mettre à l'aise son épouse, elle qui se sentait pu à sa place parmi la noblesse.
Ce fut donc avec un plaisir non dissimulé car les choses semblaient bien se présenter qu'il suivit la vicomtesse tout en devisant aimablement.

Certes ce ne fut point une chose facile de vous trouver. Nous avons fait toutes les auberges de la ville avant celle-ci. Avez-vous remarqué que quand on fait une liste des lieux où peut se trouver une personne que l'on cherche, on la trouve toujours dans le dernier lieu de la liste?
On ferait mieux de prendre la liste à l'envers, cela ferait gagner du temps.

Alors qu'il lui présentait son bras, son épouse lui murmura


Tu as vraiment le don de compliquer les choses même les plus simples.Mais j'avoue que je suis grandement soulagée.

Et le rouquin de lui répondre à voix basse en l'embrassant discrètement à la commissure des lèvres.

Si j'étais prévisible, tu m'en aimerais peut-être moins...

Mais son attention se reporta promptement sur son hôtesse qui venait de lâcher le vilain mot de "contrat". Le terme le fit grimacer car il savait à quoi Terry faisait allusion.
Il n'y avait rien de pire qu'un mariage sans amour, un mariage dicté par la nécessité, que c'était triste.

Sans rien ajouter immédiatement, il tira une chaise pour Annabelle puis, la voyant s’asseoir, fit de même pour Terry.

Assez proche pour parler à son oreille tout en étant entendue de son épouse, il chuchota doucement.


"Un contrat avec un homme qui vous aime..."

Il aurait aimé enchaîner, lui dire que tout espoir d'amour n'était pas perdu, que les flammes de sa passion pour le baron pouvaient reprendre si elle soufflait un peu dessus mais son discours savamment préparé fut interrompu par un cri étrange, pareil au miaulement d'un chat qui a attrapé froid.

Le regard de Terry se posa sur lui et son visage refléta la surprise.


Cette fois cela ne peut venir de vous.
Peut-être est-ce celui avec qui je vous avais confondu.


Il secoua légèrement la tête en signe de dénégation puis, après une fraction de seconde passé à admirer la beauté du sourire de son amie, ses yeux suivirent la même direction que ceux de la dame et se posèrent sur le haut des marches sur l'homme qui interrompait ces retrouvailles tant attendues.
Kernos
[Troyes, le 29 septembre 1460, Comme un cheveu sur la soupe]

Fiente! Il avait oublié son mouchoir dans sa chambrée. Le moment aurait toutefois été mal choisi pour faire demi tour pour le récupérer dans son antre, à présent que sa présence était remarquée. Il réalisa également que son allure n'avait rien de très fringante - du moins pas autant qui ne l'aurait souhaité - pour des retrouvailles, pas même pour des présentations.

Qu'à cela ne tienne! Faisant fi de ses cheveux emmêlés et de la chaume drue et sombre qui ornait ses joues creuses, il rabattit les pans de sa cape pour tenter de retrouver un peu de sa superbe et commença sa descente des escaliers. Mouillé pour mouillé, autant se jeter à l'eau entier que de faire sa frileuse en regardant les autres depuis la rive.

Tout en posant un pied devant l'autre, Kernos réfléchissait, en prenant garde de ne point trébucher, cela aurait fait désordre. C'était bien beau, tout cela, mais qu'allait il faire s'il s'agissait bien de l'autre homme en question? D'ailleurs, pourquoi était-il là? Etait-ce Terwagne qui l'avait fait mander pour lui annoncer sa décision? Etait-ce pour une confrontation afin de faire son choix? Etait-ce pour le narguer?

Le Rouvray ne savait à vrai dire, pas quoi penser. Terwagne avait toujours eu le don de prendre les situations à contre-pied, tant et si bien qu'il finissait souvent sur son séant. Que lui réservait-elle en cet instant? Elle avait par certains aspects bien changé depuis qu'ils s'étaient revus. Elle n'était certainement plus tout à fait la Terwagne qu'il avait connu, elle lui avait bien dit en Bourgogne, mais jusqu'à quel point? Par le passé, elle avait fui le choix, aujourd'hui décidait-elle de le provoquer?

Pas le temps hélas de poursuivre ses réflexions plus loin. Son pied quitta la dernière marche et il se retrouva face à eux. Il ne connaissait ni l'homme, ni la femme qui accompagnait la Méricourt. Sa curiosité était piquée au vif. Si c'était le fameux "autre", qui donc était cette femme avec eux? Lui avait-il donné, par mégarde, le goût des hommes mariés?

Il s'avança, posant ses prunelles brunes sur le visage de Terwagne. Un soupçon d'interrogation certes. Un brin d'anxiété, mais surtout- il ne pouvait s'en cacher- une étincelle d'espoir. Un grand soulagement de la savoir vivante après ce long silence, une envie folle de la serrer contre lu malgré les circonstances, de sentir son parfum emplir ses narines... Tant de choses qui lui étaient désormais interdites par sa propre faute, et dont il brûlait d'y goûter ne serait-ce qu'un jour, à nouveau.


Je suis enchanté, comme toujours, de te revoir, Terwagne... tu embellis de jour en jour. Comme tu peux le constater, je t'attendais comme promis, mais si ce n'est pas pour cela que tu ais ici, et bien je continuerai d'attendre encore dans ma chambre.

Puis, se tournant vers les deux autres, il inclina légèrement la tête en guise de salut.

Dame, Messire, veuillez pardonner l'importun que je suis et mon impolitesse pour vous avoir interrompu sans m'être présenté. Kernos Rouvray, une vieille ... il hésita légèrement... relation de la Demoiselle Méricourt.

Ses yeux s'attardèrent sur le visage de l'homme aux cheveux de flamme. Préférait-elle donc les hommes aussi jeune, à présent?

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.jim.
Le rouquin suivit l'homme du regard. Il y avait quelque chose d'un peu suranné dans sa vêture et dans son allure. Il lui faisait penser à un de ces aristocrates qui s'enterre plusieurs années à la campagne, se fait donner du "monsieur de marquis" par des paysans puis revient à Paris pour découvrir qu'il est complètement passé de mode.

Il observa du coin de l'oeil la réaction de Terry sans parvenir à deviner ses pensées. L'homme ne lui était pas indifférent, c'était un fait. Ses cils tressaillaient en le regardant comme si ses yeux débordaient d'émotion.

Cependant, le visage de la vicomtesse était impassible à l'exception de ce petit détail tout comme ses mains ou ses jambes.

Qui pouvait être cet homme? Dans un instant il aurait la réponse car l'homme ouvrait la bouche pour se présenter.

Dame, Messire, veuillez pardonner l'importun que je suis et mon impolitesse pour vous avoir interrompu sans m'être présenté. Kernos Rouvray, une vieille ... relation de la Demoiselle Méricourt.

Le rouquin savait depuis longtemps qui était Kernos de Rouvray malgré le laconisme de Terry à son sujet dans leurs échanges épistolaires, aussi sourit-il au pieux mensonge du baron. Une "vieille relation", quel doux euphémisme.

Terry n'avait pas dit un mot depuis une bonne seconde et le rouquin pouvait presque sentir la température baisser de plusieurs degrés en dessous de zéro. Encore un peu et il allait devoir demander à son épouse de lui sortir une petite laine.


Situation intéressante murmura-t-il entre ses dents si bas que personne ne pouvait l'entendre.

Le rouquin était aux anges, il adorait quand les situations théâtrales se reproduisaient dans le plus grand théâtre qui soit, la vie.
La vicomtesse ne pipait toujours mot et en tant que futur vassal, il ne pouvait que la soutenir. Il décida donc d'accepter le rôle qu'elle lui donnerait à joueur dans cette petite comédie.

Aussi fût-ce avec un grand sourire franc qu'il salua le baron d'une courte génuflexion du genou.

C'est à la vicomtesse qu'il faut demander pardon, messire de Rouvray, elle est notre hôtesse dans cette ville. Daignez que je me présente à mon tour, Jim d'Yzernay... "jeune" relation de dame Terwagne Méricourt.

D'un petit coup d'oeil taquin, il indiqua à son épouse que c'était à son tour mais qu'il faudrait "jouer" plutôt que dire la vérité pour que la farce soit drôle.
Terwagne_mericourt
[Troyes, le 29 septembre 1460 : "J'vais épouser une ombre" ]

"Un contrat avec un homme qui vous aime..." Cette phrase murmurée par Jim quelques instants plus tôt l'avait touchée de plein fouet, lui jetant la vérité au visage, cette vérité qu'elle occultait pour se protéger ou du moins s'en donner l'illusion. Bien sûr que Kernos l'aimait, elle le savait au fond d'elle, mais en avoir conscience ne faisait que compliquer encore les choses. Elle, elle ne voulait voir en lui que le laid, que le détestable, parce que c'était plus simple comme ça.

Si Kernos était redevenu à ses yeux un homme attachant, sensible, capable de vrais sentiments, alors elle n'aurait pas pu accepter de l'épouser de cette façon, par simple intérêt, sans que sa conscience la torture... Non, décidément c'était bien plus simple d'ignorer l'amour, que ça soit celui que le Baron lui portait ou même celui qu'elle même avait fini par tuer en elle, ou du moins assommer suffisamment pour qu'il se taise.

Ces réflexions intimes la rendirent muette durant un bon moment, laissant ainsi le champs libre au Rouvray pour se présenter physiquement et oralement à ses amis. Et en parlant de physique, elle ne put s'empêcher de remarquer l'état déplorable où il se trouvait...

Si elle avait été d'humeur à accepter de voir en lui l'homme fait de sentiments qu'il était, l'homme attachant, elle se serait rapidement rendue compte qu'il était souffrant, et se serait inquiétée, l'aurait encouragé à rejoindre son lit, même si forcément elle l'aurait fait sur un ton mordant et acerbe, mais là elle était bel et bien d'humeur à n'accepter de voir que le laid, le négatif, le détestable...

Alors, forcément, elle interpréta cet état physique comme un laisser-aller, comme une insulte à celui qu'elle avait jadis aimé, et ne vit en lui qu'une ombre.

Elle se tut encore quelques instants, laissant à chacun le temps de se présenter, ne pouvant faire autrement - malgré sa mauvaise humeur - que d'avoir envie de sourire en entendant Jim rebondir fort agilement sur le "vieille relation", puis fit un signe de tête à l'aubergiste pour qu'il apporte une choppe supplémentaire et indiqua de la main au Baron de s'assoir sur l'unique tabouret encore libre autour de la table.

Une fois cela fait, elle laissa enfin sa voix franchir à nouveau ses lèvres.


Si vous permettez que je complète quelque peu ces présentations...

Jim est un des Officiers de la Procure de la Cour d'Appel que j'ai eu le plus de mal à abandonner en démissionnant, tant j'ai toujours aimé travailler avec lui.

Mais c'est aussi un ami très cher à mon coeur, et surtout mon futur vassal, dès que Dauphiné se décidera à sortir de sa léthargie.


Elle marqua une très courte pause, juste le temps de sourire au jeune homme, puis enchaîna.

Quant au Baron, c'est l'ombre que je vais épouser...

Il avait sans doute espéré entendre sa réponse dans des conditions fort différentes, motivée par des raisons fort différentes aussi, mais le mal qu'il lui avait fait l'avait bel et bien changée.
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Je voudrais que la terre s'arrête pour descendre.(Gainsbourg)
Aimelin
[ Quelques jours avant, le 23 septembre ]

"Tombé du ciel à travers les nuages
Quel heureux présage pour un aiguilleur du ciel"
(Tombé Du Ciel - J. Higelin)



Non il n’avait pas disparu dans quelques abysses que ce soit, ni fuit le royaume et sa folie, ni tenté d’aller découvrir ce qu’il y avait, là-bas, tout là bas où tout est neuf et tout est sauvage* sur cette ligne d’horizon qu’il observait souvent, assis sur quelques rochers d’une crique à quelques galops de Honfleur… non il était tout simplement en train de se remettre de blessures qui l’avaient laissé allité un certain temps. La durée ne sera pas révélée pour que Terwagne ne s’en serve pas pour le latter... mais ce qui était certain… c’est que cela avait été un temps certain.

Hahumm… où en étais je ? ha oui.

Comment s’était il blessé ? bande de curieux ! tout simplement en tombant de cheval, chose suffisamment rare, du moins lorsqu’il ne joutait pas, pour que l’on s’exclama : nonnn ! l’ébouriffé tombé de cheval ? c’est une blague !

Soupir

Cela aurait effectivement pu être une blague, si ce jour là, il avait été sur ses gardes et ne pas être dans ses rêveries habituelles, alors qu’il chevauchait à perdre haleine, du moins l’étalon, sur les rivages de la côte normande, s’éloignant, ou se rapprochant selon dans quel sens nous nous dirigeons, de Honfleur.
Maudit soit ces cailloux qui parfois ricochaient, bravaient les courants et arrivaient victorieux sur l’autre rive, mais qui parfois, hélas, se faisaient un malin plaisir à se trouver là où il ne fallait pas, et pour l’occasion sous les sabots d’Altaïr qui ne les avait vus.
Toujours est il que surpris par l'écart de sa monture, l'ébouriffé avait fait un superbe vol plané dans le sable caillouteux, ce qui lui avait valu une épaule démise et une blessure à la jambe qui l'avait immobilisé quelques jours. Ben oui, c’était la faute d'Altaïr, il fallait bien trouver un coupable, alors autant que ça soit un cheval, qui ne parlant pas, ferait de plus le coupable ideal. Quelle mauvaise foi ! Messire cheval ! vous me ferez trois jours de mines et reverserez les z'écus au duché ! Coup de martel et affaire suivante !


Badamouuummmmmm !

Non ça n’était pas le marteau du Juge, mais le raffut venant de la bibliothèque de la Comtesse d’Armentières chez qui Aliénor et Aimelin logeaient pendant leur séjour à Honfleur, bruit qui fit accourir l’un des gardes personnels du jeune homme, et le fit ouvrir de grands yeux en le voyant près de la fenêtre, une pile de livres à ses pieds, regardant d'un air exaspéré son bras droit en écharpe.

- ben quoi Ernest ?
- j... je... pe… peux.. vous.. ai…
- non Ernest merci
- m... s.. si
- non
- si .. si v.. vo.
- non !
- jus..
- non !!!


Le ton était monté tandis que ses prunelles grises transperçaient son garde tel une volée de flèches.

- enfin vas-tu cesser oui ou non de me poser toujours la même question ?
- m.. mais
- il n’y a pas de mais !
- m..
- Ernest !
- ou.. oui Se.. Seigneur


Le seigneur en question soupira en levant les yeux au ciel façon Aliénor. Il aimait bien ce tic qu’il avait adopté bien malgré lui, forcément puisque c’était un tic, et il tourna la tête vers la fenêtre, retenant une envie de rire. Non pas qu'il en voulait au garde, il l'aimait bien ce Ernest, mais il en voulait au monde entier lorsque quelque chose le contrariait, et se sentir diminué même quelques jours, ne le rendait pas aimable ni conciliant.
Son bras droit serait bientôt guéri d’apres son médecin personnel, médecin qui n’était autre que sa suzeraine Grand Maitre de France. C’est qu’il ne faisait pas les choses à moitié le jeune Etampes, et tant qu’à prendre médecin, autant que ça soit la grande classe. Et puis, ses compétences médicales n’étaient plus à démontrer, depuis sa mésaventure avec Vae l’été 57.


- je suis assez grand pour me débrouiller tout seul et affronter quelques livres.
J’ai affronté une armée entière avec seulement trois autres compagnons… ça n’est pas trois livres qui vont me faire peur !


Il oubliait juste de préciser, même si Ernest était au courant, qu’ils avaient pris une sacrée raclée ce jour là, ce qui n’était pas étonnant vu le nombre, et que sans l’intervention de Dotch qui l’avait recousu, réparé et surveillé ensuite, le Très Haut se serait sans doute fait un malin plaisir de le rappeler près de lui, histoire de pouvoir lui tirer les oreilles et l’avoir à l’œil.

- m.. mais je … p..
- Ernest…
- v.. vous a..
- ça ira.


Et tout en parlant il s’était baissé et tentait de ramasser de sa seule main de libre, un livre qu’il posa en équilibre sur son bras en écharpe avant de tenter d’en ramasser un autre, et tout ça sous les yeux inquiets de ce brave Ernest qui s’était quand même rapproché, juste à temps pour justement rattraper un livre épris de liberté et qui tentait d’échapper à la vigilance d’Aimelin.

- mets le sur cette étagère.. non pas celle là.. celle là.. là à coté !

Ce que c’était énervant de ne pas pouvoir se servir de ses deux mains ! Dotch lui avait promis que ça irait mieux d’ici une semaine, et il attendait patiemment. Il avait de plus des missives à faire, dont une pour Kawa et une pour Terry, et il commençait à s’impatienter car il refusait de dicter ses courriers personnels à qui que ce soit.

Les jours passèrent donc, voyant la missive de sa Vicomtesse d’amie posée sur le bureau de leurs appartements, attendant que le jeune Ebouriffé puisse prendre plume pour répondre.




* "là-bas" merci monsieur Goldman
_________________

Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
.jim.
[Troyes, le 29 septembre 1460 : "De l'ombre à la lumière"]

Le rouquin commençait à trouver l'ambiance très lourde depuis quelques instants. L'arrivée du baron avait incontestablement eu un effet réfrigérant sur l'atmosphère.

Il ne pouvait quitter des yeux les jolies lèvres de la vicomtesse, se demandant quelle sentence elles allaient livrer.

S'il avait été le baron de Rouvray, son coeur aurait peut-être lâché, attendant d'être foudroyé de bonheur ou de douleur par le verdict de la dame.

Heureusement, Terry commença par faire les présentations et il la remercia d'un muet sourire de la bonté qu'elle lui montrait en reconnaissant leur amitié. C'était comme un baume au coeur, un divin onguent versé sur son coeur après leur séparation.

Mais la sentence tomba immédiatement après et il sentit quelque chose se casser en lui. Apprendre que son amie allait épouser une "ombre", savoir qu'elle considérait le mariage avec une telle froideur lui glaça le sang.

Pendant une seconde, toute joie s'effaça de son visage et un voile de tristesse passa devant ses yeux.

La réponse de Terry était restée en l"air, tel un voile dans leur discussion. Voyant le silence se prolonger, il prit le parti de poursuivre les civilités comme s'il n'avait pas entendu la dernière remarque de son amie.

Prenant la main de son épouse, il la pressa affectueusement en déclarant

Et je vous présente, Annabelle, la femme qui a fait de moi l'homme le plus heureux du monde.

Puis d'un sourire faussement amusé dans une vaine tentative désespérée pour tenter de détendre l'ambiance

Certes, messire de Rouvray n'est que l'ombre de lui-même ce jour mais je ne doute pas que les soins d'un médicastre lui rendent le panache que je lui devine!

Il tourna un regard suppliant vers son épouse implorant son aide.
Kernos
[Troyes, le 29 septembre 1460, Fiancés malgré eux]

Parce qu'avec une bague au doigt
Tu n'es pas plus amoureux[...]
Parce qu'à tort et à raison
Je te veux plus fort que toi
*

Kernos sourit, chose qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps hélas, au "jeune" relation, de l'homme qui s'agenouillait brièvement pour se présenter. Il n'en méritait pas temps, puisque hormis le titre de baron, en cet instant, il n'avait rien pour inspirer la moindre déférence. Enfin soit, le jeune homme était poli.

Enchanté, Messire d'Yzernay.

Son regard alla ensuite sur Terwagne. Allait-elle l'écarter comme une mouchette un peu trop collante? Et bien non, ô surprise! Elle l'invita à se joindre à eux d'un geste, ce qu'il fit de bonne grâce, ses jambes avaient un peu de mal à le porter. Déjà qu'il les interrompait, il n'aurait plus manqué qu'il s'écroule sur la table à cause d'un vertige, cela aurait fait quelque peu désordre.

Terwagne en profita pour compléter les présentations. Ainsi, ce Jim n'était "qu'un ami" - titre très honorifique dans la bouche de la Méricourt, cela dit en passant - de la Cour d'Appel. Kernos se détendit un peu et acquiesça de la tête. Il ne s'agissait pas de cet "autre" comme il le craignait, et s'en trouva soulagé pour un bref instant. Sans doute était-ce une forme de fierté mal placée, mais rencontrer ce "rival" alors qu'il se trouvait dans cet état de délabrement ostensible l'aurait profondément mortifié... Appelez ça de l'amour propre ou bien de l'orgueil, toujours est il que d'être pris en faiblesse face à cet autre qu'il jalousait ardemment aurait était une cuisante défaite pour lui.

Un soulagement de courte durée, écrivais-je précédemment. En effet, si la découverte que Jim n'était pas l'autre homme dans la vie de Terwagne l'avait rassuré, celle-ci lui avait réservé un rebondissement de choix.


Quant au Baron, c'est l'ombre que je vais épouser...

Kernos remercia le siège sous lui, car certainement il serait tombé - et pas que des nues - sous l'annonce de cette nouvelle.

Ainsi, elle avait pris sa décision. Sans une dernière discussion entre eux. Sans même entendre les termes du contrat qu'elle lui avait demandé à Tonnerre. Sans même qu'il ne s'y attende lui-même à pareille déclaration... Elle avait dit "oui". Malgré toutes les bonnes raisons qui lui inspiraient le "non". Au défi de toute logique, elle avait dit "oui". Oui à l'arrangement. Oui à l'intérêt. Oui à lui, ou plutôt à ce qu'il pouvait donner. Décidément, elle était toujours là où on ne l'attendait pas.

Il était tellement sous le choc, qu'il en resta quelques instants sans voix. Il ne savait pas s'il devait hurler de joie ou bien pleurer d'amertume. Il allait épouser Terwagne, elle avait accepter.

Terwagne, la femme qu'il aimait à se consumer...
Terwagne, la femme qui occupait ses pensées et ses sens depuis plus de deux années...
Terwagne, la femme qui l'avait bouleversé au plus profond de son être, celle qui l'avait changé, transformé au point qu'il ne se reconnaissait plus lui-même...
Terwagne, la femme pour qui il avait versé tant de larmes, poussé tant de cris...
Terwagne, la femme qui lui avait fait comprendre ce que vivre et aimer signifier, celle qui l'avait fait se sentir plus et moins qu'un homme...
Terwagne, la femme avec qui il s'unirait devant Dieu et les hommes, celle qui allait devenir son épouse après tant péripéties et de tempêtes...

Cela aurait pu être le plus beau jour de son existence. Sa plus grande victoire... dans d'autres conditions. Si elle lui avait dit "oui" par amour et non par dépit, par résignation. Voilà pourquoi il se sentait perdu, indécis. Partagé entre le bonheur de passer le reste de sa vie aux côté de cette femme qu'il aimait, qu'il admirait, qu'il désirait, et la tristesse de ce que leur "nous" était devenu par sa faute. Une joie amer, au goût de sel... il n'était pas assez égoïste pour ressentir cela comme un triomphe. Elle sacrifiait ses sentiments dans l'espoir d'être mère... lui n'était que la branche à laquelle elle se raccrochait.

Si elle était capable de cela. D'épouser l'ombre qu'il était devenu, alors ce n'était que juste que lui mette son bonheur sur l'autel et lui tranche lui-même la gorge si cela pouvait, un jour, la rendre heureuse. Si c'était cela le prix à payer pour vivre avec elle, lui donner cet enfant légitime qu'elle désirait tant, alors cela valait la peine. Alors peut être qu'elle finirait par lui pardonner le mal qu'il avait pu faire, peut être redeviendrait-il son "Ut"... à défaut d'amour, il lui restait l'espoir.

Il regarda Terwagne, ému malgré tout, un brin nostalgique de cette mélodie qui avait été leur et résonnait encore à son coeur, une pointe de tristesse aussi pour ce qu'il ne parviendrait peut être jamais à réparer, à cette distance qu'il ne pourrait sans doute plus combler. Puis, il posa les yeux sur le jeune couple qui se donnait la main, attendrissant le coeur du Rouvray dans cette simple expression d'affection. Oui, il y avait encore place en lui pour autre chose que les déchirements.


Et je vous présente, Annabelle, la femme qui a fait de moi l'homme le plus heureux du monde.

Kernos adressa un sourire emprunt d'excuses à la jeune femme silencieuse. Une sorte de "pardon pour le dérangement et de vous mettre dans cette situation".

Certes, messire de Rouvray n'est que l'ombre de lui-même ce jour mais je ne doute pas que les soins d'un médicastre lui rendent le panache que je lui devine!


Il fit un effort pour ne pas éclater de rire. Ce jeune homme était décidément plein d'esprit, Kernos comprenait pourquoi Terwagne l'aimait bien. Ce côté spontané et léger, comme elle-même était capable de montrer autrefois.

A côté d'une femme comme Terwagne Méricourt, on ne peut qu'être ombre tant elle irradie. Il sourit. Mais vous avez raison Messire. Ajoutez à cela un barbier et un bon bain, et sans doute y gagnerai-je un peu plus de lustre.

Puis, à Terwagne.

Bien que je sois surpris de ta réponse, sache que j'en suis heureux.

Je croyais que tu voulais avoir le "contrat" en main pour prendre ta décision et me donner ton choix. Si tu le souhaites, je pourrais toujours te les présenter, plus tard ou en présence de ton futur vassal, ici présent, si tu souhaites témoin pour nos...
il osa le mot... fiançailles.

Il avait beau se répéter que c'était par nécessité, par intérêt, il ne put s'empêcher de sourire béatement.


* Loana, Comme je t'aime
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