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[RP] Un petit coin d'Auxerre en Gévaudan

Ingeburge
Ils arrivaient et la lettre qu'elle tenait à la main en était la preuve tangible. La missive émanait d'Assyr Ylfan, un des membres du trio bourguignon qui suite à une mauvaise rencontre en chemin n'avait pu suivre le groupe principal et avait dû prendre du repos à Mâcon. Et maintenant, ils arrivaient, elle en avait la confirmation. Certes, elle se doutait que cela surviendrait plus ou moins un de ces jours, d'autres lettres avaient été échangées, avec chacun des trois attaqués et elle avait pu se faire une idée. Mais là, c'était réel, certain et elle n'aurait plus à se ronger les sangs à l'idée qu'ils pourraient subir une nouvelle attaque. Ils arrivaient et elle se sentait revenir à la vie, telle une fleur étiolée qui après un orage, lissait ses pétales et se redressait à nouveau, superbe. Il faut dire que depuis une quinzaine de jours qu'elle était là, elle vivait très mal ce nouveau séjour forcé. Il y avait eu donc l'agression, qu'elle avait pris comme un mauvais augure annonciateur de la tonalité de ce nouveau voyage vers le sud. Privée de sa vassale, elle s'était renfermée sur elle-même comme jamais, allant jusqu'à négliger ceux qui l'avaient accompagnée. Contrainte de ne pouvoir participer à la seconde édition du Tour du Languedoc aux côtés du vicomte du Tournel, la région avait largement, pour ne pas dire quasi complètement, perdu de son intérêt. Il y avait bien eu ce dîner à Montpellier puis cette escapade en Vendômois mais cette dernière avait été gâchée par une proposition venant du duc de Lavardin et Ingeburge était depuis restée fixée sur ce souvenir détestable, y voyant une nouvelle et funeste prédiction.

Mais ils arrivaient et bientôt ils pousseraient la porte du logement qu'elle occupait à Mende. Assise sur un banc dans le jardin situé à l'arrière de la bâtisse, c'était à l'ombre d'un arbre vénérable qu'elle avait pris connaissance de son courrier du jour et qu'elle avait ainsi appris l'arrivée imminente d'Aelith, Assyr et Galaad. Ses yeux pâles se perdirent sur la façade de la maison. Le logis comportait trois étages et un grenier; elle l'avait loué, dans un premier temps, pour deux semaines. La moitié du temps s'était écoulée et elle projetait, à la faveur de cet ajout de société qui s'annonçait, de proroger le bail. Si Ingeburge appréciait assez peu de résider en ville, hors de son castel urbain d'Auxerre qui semblait comme coupé du monde, elle goûtait la quiétude de ce logement sis dans le pan des Claustres, ancien, vaste et prospère quartier au sud-est de Mende. La cathédrale était proche, on débouchait sur son parvis après avoir quitté une ruelle étroite et contourné la bâtisse mais la tranquillité était justement assurée par cette position en retrait, au bout d'un étroit boyau. Trois étages donc, pour cinq niveaux en tout. Au rez-de-chaussée se trouvaient la cuisine et l'office; au premier étage la pièce principale et quelques autres salles de dimensions moindres; au deuxième des chambres; au troisième, le territoire qu'elle s'était adjugée; sous les combles ses servantes. Le reste de la valetaille logeait dans les communs placés dans le jardin, tout contre un mur qui servait de frontière avec une autre demeure.

Oui, ils arrivaient mais il y en avait d'autres aussi à prendre en compte, elle ne les avait que trop négligés. Poussant un soupir, elle replia la lettre d'Assyr, il lui faudrait l'introduire, comme il le demandait courtoisement, à quelques personnalités du Languedoc auprès duquel il était désormais ambassadeur. Mais pour l'heure, c'était de l'intendant dont il fallait se charger. Où se trouvait-il? Elle n'en avait pas la moindre idée, il fallait donc remédier à cette ignorance, comme il fallait le faire venir auprès d'elle. Sa plume glissa, agile, sur le parchemin. Le message tenait en peu de mots, elle invitait le Flamand à lui rendre visite chez elle, pour l'entretenir de quelques points d'importance et elle l'incitait à venir avec sa compagne. Une fois cacheté, elle tendit le pli à un domestique se tenant non loin :

— Fais-le porter à maître van Rentter, sur-le-champ.
Décidant d'une pause dans l'entretien de sa correspondance, elle quitta sa position et se leva. Ses pas la guidèrent vers le potager et songeuse, elle observa les légumes plantés avec soin et régularité que caressait tendrement le soleil.
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Mal aux mains, indispo depuis quelques jours et encore pour quelques autres.
RP au minimum syndical voire au ras des pâquerettes.
Urgences mp IG.
Inge ne prend plus d'inscriptions aux joutes du Tournel.
Merci.
Charlemagne_vf
Se fut-il senti négligé, le Prince n'en aurait pipé mot, ni laissé paraître l'air. Il n'attendait généralement rien de la Prinzessin. Ses demandes étaient ponctuelles, occasionnelles. Charlemagne Henri Lévan obtenait facilement ce que son esprit encore capricieux et matérialiste lui commandait ; il suffisait d'un regard, d'un mot dans le pire des cas. Sa troupe réduite, venue de Nevers, avait appris à le connaître, et il s'était laissé apprivoiser, ne mordant que rarement.
Parfois, il lui fallait pourtant requérir une aide extérieure, sans pour autant en être redevable. La Duchesse d'Auxerre semblait agir envers lui selon une vieille allégeance nommée amitié, et de fait, il aurait agi de même envers elle, aussi n'hésitait-il pas à la solliciter quand le besoin devenait ardent, et l'attente insupportable.
Ecrire à Ingeburge avait semblé beaucoup plus commode que lui parler : le Prince Royal n'aimait pas la conversation orale ; la Princesse Impériale vaquait de cérémonie en cérémonie, ne s'occupant guère du bien être de ses hôtes, laissant la besogne à des gens faits et choisis pour cela. Mais il faudrait l'ouvrir cette bouche. Il faudrait en laisser échapper des sons.
Reclus dans l'un des étages de la demeure Mendoise de la Sublimissime, Charlemagne avait aisément su quand la Froide serait disposée à le recevoir, et lors, il avait laissé courir le bruit de ses bottes jusqu'à un endroit bercé par la lumière de l'astre du jour, qui se frayait un chemin entre une végétation rafraîchissante et entretenue.
Cet écrin de verdure en pleine cité lui rappela son Hôtel parisien, autrement plus lugubre, et dont les Cours n'avaient rien de lumineux après midi.
Laissant un instant ses yeux se faire au soleil, il scruta cet ersatz de locus amoenus, puis approcha la silhouette qu'un myope eut prit pour une statue païenne, droite et rigide.

Votre Altesse. Je suis là.

Telle était la manière dont le Prince aimait à s'annoncer à son homologue altesse. D'habitude, nulle autre parole n'enjambait la première, et le mutisme s'installait pour une, deux, ou trois heures.
Cette fois-ci, il n'était pas là pour être là, alors il rompit l'usage.

Monsieur mon Cousin nous rejoindra. Je lui ai fait connaître la nécessité d'une entrevue, et je crois qu'il la désire aussi.
Je crains qu'il ne veuille le Lauragais pour lui. Il est premier dans la succession du Comté, vous savez.
Vous vouliez parler de ma condition. Moi aussi. Je vous respecte beaucoup...

Car il n'aurait jamais admis qu'il l'aimait bien.

...mais je devrai bientôt vivre par moi-même, comme vous, avec une escorte propre.
Madame de Railly me laisse jouir de mes biens sans restriction, alors Nevers, Chastellux, Chablis, et Laignes vivent bien. Même la maison de famille à Paris. Mais ils croient que je suis un enfant. On n'en est plus un à mon âge. Ou presque.
Monsieur mon Frère a raison. Je dois savoir me battre, comme Roland à Roncevaux, mais sans mourir. Je voulais aussi que Aelith-Anna me permette de monter. Je sais monter, mais je ne sais pas chasser. Et puisque le Resplendissant est devenu Aristotélicien, je crois que je peux le devenir aussi. J'ai demandé à Madame de Decize d'être ma marraine.
J'ai écris à la Duchesse de l'Aigle, aussi, comme vous l'aviez dit. Je la rencontrerai à Paris.


Et il s'arrêta là, pensant naïvement que son interlocutrice avait intégré le flot d'information comme une seule, et qu'elle répondrait à tout en un même bloc.
Il remettait de toute façon son destin entre ses mains. De facto, elle s'était faite Tutrice du Prince, en dépit de tout ce que l'on avait pu penser à la mort de Béatrice et de Guise.

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Ingeburge
En matinée, la cuisinière mendoise recrutée par l'intermédiaire qui réglait les questions domestiques d'Ingeburge quand elle séjournait dans le sud avait rapporté du marché un cochon de lait. La bête avait été saignée et la domesticité attachée à la cuisine devait être en train de l'éventrer pour la vider avant de l'écorcher. Ce n'était là que le prélude de la préparation de l'animal qui finirait à la broche après avoir été salé puis empli d'une farce notamment faite des abats bouillis, d'échine, d’œufs et de safran. La duchesse d'Auxerre informée de l'achat avait demandé à ce qu'une porée blanche accompagne la viande et c'était la raison de son observation minutieuse du potager où seraient bientôt cueillis poireaux et oignons nécessaires à la confection du plat qui serait également complété de lait d'amandes et rehaussé de cardamome, de muscade et de cannelle. Côté épices, il n'y avait pas à se plaindre, l'office était bien pourvu et s'il y avait bien quelque chose qu'Ingeburge aimait en Languedoc, c'était cette façade ouverte sur la mer qui promettait l'accès rapide à nombre de marchandises. A Montpellier, elle avait pu passer d'un étal à l'autre et apprécier tant la qualité que la qualité des produits proposés. Alors qu'elle avait projeté de rallier Mende, elle s'était promis qu'avant son départ pour la Bourgogne, elle ferait les réserves nécessaires, quitte à faire grimacer son intendant. Serait également servie une salade faite d'olives, de feuilles de mauve et de chicorée – les pétales elles rejoindraient la pharmacopée et c'étaient ces fleurs-là qu'elle observait maintenant.

C'est dans cette posture contemplative que Charlemagne la trouva et à l'entrée en matière dont il la gratifia et qu'il lui réservait dès lors qu'il souhaitait s'entretenir avec elle, elle ne répondit rien, se contentant de poser ses yeux morts sur lui. A vrai dire, elle ne savait si elle voulait parler ou non, elle n'avait guère apprécié le billet reçu et elle ne se trouvait pas dans une période où il faisait bon l'embêter. Sans un mot, elle alla rejoindre le fauteuil qui lui avait été installé sous le feuillage protecteur d'un arbre touffu et un autre fut apporté sur un signe; libre au garçon d'y prendre place ou non. Désormais assise sur le rebord de son siège, ses mains chargées de bagues posées en son giron, elle écoutait l'Aiglon sur lequel son regard restait fixé, elle l'observa étendre ses ailes et tenter de prendre son envol. Elle ne chercha pas à endiguer le flot de paroles, l'héritier semblait avoir beaucoup à dire, complétant ce qui avait déjà été écrit dans le pli qui l'avait indisposée; elle n'était en outre définitivement pas en veine de loquacité. Tout fut entendu, enregistré, disséqué mais elle n'avait envie de répondre à rien. L'indélicat cousin? Arriverait assez vite le temps de régler directement son cas. Les dispositions prises par la baronne de Seignelay? Ce n'étaient pas ses affaires, elle l'avait fort bien compris. Les velléités de s'aguerrir? Elle n'en avait cure. L'entrevue projetée avec la duchesse de l'Aigle? Il était temps.

Il n'y eut qu'un point pour briser son mutisme, un point sur lequel elle ne pourrait jamais transiger malgré son statut de paria vis-à-vis de Rome et elle lança, quelque peu venimeuse :

— Serait-ce à dire que vous auriez pu croire devenir spinoziste si ce bâtard déclassé avait décidé de succomber à cette hérésie, Votre Altesse?
Il y avait du mépris dans la question, nettement, mais puisqu'il n'était plus un enfant, nulle raison de louvoyer, les formes du reste y étaient.
— Hum.

Après tout, elle donnait tant et si peu; elle ne dérogerait pas plus en cette situation qu'en une autre.
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Charlemagne_vf
De la bouche de tout autre, Charlemagne aurait pris la sécheresse du verbe pour une provocation, ou pour un manque de respect suicidaire. Alors, il aurait fait un caprice, mais pas de ceux que font les enfants dont les lacs lacrymaux sont toujours à cran. Non, il aurait pris un air glacial, rappelant à son interlocuteur sa petitesse, et la vulgarité de son sang.
Or, il s'agissait là d'Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, et même à cinq ans, le Prince savait qu'elle n'était pas femme à entendre la contradiction, et d'ailleurs, s'il avait eu l'inconscience de l'offenser, c'est un soufflet que son Père lui aurait octroyé pour héritage.
Dire qu'il prit la chose avec philosophie et discernement serait un infâme euphémisme néanmoins. Le Castelmaure est habitué à une certaine ignorance, à un certain rejet du noble par la valetaille, mais le mépris, c'est ce qu'il pense son seul apanage. Il l'inflige aux autres, et nul ne lui inflige. Il fut frappé. Une sorte de baffe qu'on ne reçoit plus à partir d'un certain âge - du moins le croit-il - et comme s'il avait fait le moindre mal.
Et ce gamin qui ne fut jamais puni pour la moindre bêtises - eh ! ce qu'il ferait d'immoral n'est qu'un droit de naissance du au rang, en plus, c'est un mâle - ne comprends guère pourquoi la Froide devient soudain un peu plus fraîche.
Orgueil infecté par le venin, donc, Charlemagne rétorque.

J'y ai pensé. Savez-vous que feue Mère avait refusé notre baptême à Monseigneur du Ried pour que Franc et moi décidions ? Alors j'ai voulu choisir. Monsieur mon Frère a l'art d'expliquer les choses. Il ne m'a jamais rien imposé. Madame de Decize aussi croyait que je le suivais, mais il n'est pas l'homme que vous en faites. Il m'a appris plus que vous n'avez daigné le faire.

L'enfant vexé est un vil ingrat, qui se pique d'attendre des choses sans même les réclamer.

Il semble donc que la masse se range du côté d'Aristote. Alors je suivrai la masse.

Une fois n'étant pas coutume, le Prince peut bien jouer la brebis. De toute façon, l'Infant, tout curieux fut-il, ne s'est jamais intéressé de près aux préceptes religieux. Il connaît les us, il connaît l'importance que la prière revêt pour le monde, et il en a le meilleur exemple sous les yeux, mais il ne voit là qu'un divertissement futile. Les textes, il les a lu, mais ils l'ont ennuyés. Seules quelques hagiographies le firent rêver d'héroïsme.
Et quitte à déroger à ses principes, le voilà qui admets ses faiblesses. Le fait est rare.

De toute façon, je n'y entends rien. Les autres présentent cela comme une évidence. Je ne vois rien d'évident là-dedans. Alors Aristotélicien ou Spinoziste, ou Réformé. Ce n'est jamais que se réunir dans une église pour penser aux gens qu'on aime.

Et comme ceux-là, pour la plupart, sont morts, ou loin, c'est davantage une souffrance qu'un plaisir. Donc on se plie à l'exigence sociale, sans conviction, et puis voilà tout.
Les mèches brunes tombent à mesure que le visage diaphane s'abaisse pour regarder le sol. Les yeux guiséens se couvrent. Adulte. Enfant. La frontière est mince quand on n'a pas encore inventé l'adolescence.

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Aelith
―Son Altesse est dans le jardin. Je vais vous y mener.

La Flamboyante avait acquiesçé, distraite. Elle était venue les mains vides - à l'exception du mouchoir qui reposait au creux de sa senestre, légèrement coloré de rouge: ses affaires étaient restées à l'hôtel où elle avait pris une chambre, éreintée par le voyage mené à grand train, par les péripéties par lesquelles elle avait dû passer, par le mal qui ravageait ses poumons. Elle aurait pu se présenter à sa suzeraine dès son arrivée à Mende; pourtant, cela lui avait été impossible. L'état de déchéance physique dans lequel elle se trouvait alors l'avait menée à louer une chambre et s'y enfermer à double tour, intimant l'ordre qu'on ne la dérange pas. Qui que ce fut. Même Son Altesse.

Elle avait cru perdre l'esprit cette nuit-là. Si quelques temps plus tôt, le climat favorable du Languedoc - et plus particulièrement du bord de mer - avait été un baume sur ses plaies intérieures, il lui semblait désormais que la poussière des chemins asséchés s'amusait à incruster les moindres recoins de sa poitrine, y générant des irritations qu'elle croyait pourtant ne plus avoir à subir. Elle avait donc passé la nuit à tousser, collant sa bouche aux draps dans l'espoir d'étouffer le bruit rauque de ses entrailles, tâchant ces mêmes draps de gouttes écarlates qu'elle ne voulait pas avoir à expliquer au tenancier.

Au matin pourtant, elle allait mieux. Tant et si bien qu'elle s'était adonnée à ses ablutions, s'était préparée - seule, malgré tout -, et avait décidé de rejoindre sa suzeraine, dont la lettre de bienvenue l'avait soudain réconforté. Sans être particulièrement proches - en aucun cas Aelith n'aurait pu se vanter de connaître les désirs secrets de sa suzeraine, et ses confidences n'avaient jamais été légion -, les deux femmes étaient difficilement séparables, la présence de l'une réconfortant l'autre - et cela fonctionnait d'ailleurs dans les deux sens. Savoir qu'elle était attendue redonnait ainsi le sourire à la Dame d'Augy, qui frappait quelques temps plus tard à l'huis de la maison où s'était installée la Prinzessin.

On lui assura qu'elle était en effet attendue: un domestique la mena jusqu'au jardin, où deux voix connues se livraient un dialogue auquel, arrivée en cours de route, elle ne comprit pas grand chose. En retrait, elle attendait qu'on l'annonce, le domestique attendant lui-même un silence pour faire son oeuvre. Elle pensa qu'en de telles circonstances, certains toussotaient poliment pour prévenir de leur arrivée.

Mauvaise pensée.

Une brûlure au creux de la poitrine stoppa soudainement sa respiration, déclenchant l'enfer dans la seconde qui suivit. Sa senestre se porta immédiatement à sa bouche - trop tard pour réprimer la toux rauque qui explosait au bord de ses lèvres, mais à temps pour contenir les éventuelles goutelettes sanglantes qui auraient souhaité se frayer un chemin au-dehors de sa cage thoracique. Confuse, incapable de parler, elle ne put qu'attendre la fin de l'épisode pour déclarer, légèrement haletante:


―Pardonnez cette entrée si peu dans les règles..

Jetant un regard au jeune Prince, elle se redressa, inspirant avec force un air nouveau. D'ordinaire, le mépris et l'indifférence se complétaient à merveille dans son regard si peu enfantin.

Aujourd'hui, elle craignait d'y lire la pitié et de le haïr, soudainement.

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Ingeburge
Ayant dit ce qu'elle avait à dire, ou tout du moins ce qu'elle consentait à faire savoir, la duchesse d'Auxerre se mit à observer ses mains blanches et patriciennes et les bagues qui les ornaient. A l'ombre, les pierres paraissaient mates, privées de la caresse des rayons du soleil mais elles n'en étaient pas moins éclatantes malgré cette sobriété dû au manque de lumière, elles n'en étaient pas moins belles dans l'ombre. Pendant quelques secondes, le temps que dura cette silencieuse contemplation, elle oublia son irritation et la part de celle qui avait été excitée par les propos de Charlemagne; elle oublia la fatigue, les soucis, elle fit taire les voix en son esprit et goûta cette quiétude qu'elle ne connaissait que trop peu depuis une quinzaine de jours. Et bien trop tôt, elle revint à cet agacement dont elle ne se dépêtrait plus et contre lequel elle luttait avec plus ou moins de conviction. La chaleur n'aidait en rien et elle avait du mal à la supporter. Mais aurait-ce été mieux à Auxerre qui était tout autant que Mende, et même bien plus, dans les terres? Aussi les paroles du garçon alimentèrent cet état qui était le sien. Elle répliqua, relevant les yeux :
— S'il vous plaît de suivre la masse, cela vous regarde mais ne me prêtez pas cette inclination particulière, Votre Altesse. La marquise de Nemours peut bien croire ce qu'elle veut, cela ne signifie nullement que je partage sa croyance. Si elle a été persuadée que vous suivriez cet hérétique, je n'ai pour ma part jamais rien professé de tel et ce d'autant plus que personne n'a jamais cru bon m'informer que vous étiez placé sous cette tutelle particulière, j'aurais donc bien eu de la peine à imaginer que vous feriez comme la personne qui s'occupait de vous puisque j'ignorais qu'elle le faisait. Je ne fais que réagir à vos propos présents, ceux selon lesquels vous êtes disposé à embrasser la foi aristotélicienne puisque celui qui a été miraculeusement gracié y est tout autant disposé.

Un léger courant d'air fit bruisser le feuillage comme pour accompagner cette protestation faisant fonction de mise au point, comme pour la souligner avec force. Lui prêter une opinion, mauvaise idée. Restant sur le sujet mais désireuse d'en changer la perspective, elle indiqua :
— Et votre mère avait raison et je m'étonne que vous ne suiviez pas la ligne raisonnable et réfléchie qu'elle avait tracée pour vous. Votre mère voulait que vous puissiez choisir en connaissance de cause et vous semblez dévier de ce chemin avec ce baptême projeté. Même celui qui s'est chargé de vous selon vos dires ne vous a rien imposé. Pourquoi dévier soudainement? Car être baptisé pour l'être, c'est prendre la mauvaise trajectoire. Je sais mieux que quiconque parce que je suis issue d'une lignée noble, que je suis noble moi-même et que les questions généalogiques sont ma spécialité qu'un noble doit être baptisé selon le rite aristotélicien et je sais tout autant que pour léguer nos fiefs, il faut avoir été baptisé et se marier selon le même rite. Mais vous êtes jeune et en position, malgré ce que votre nom, votre sang et vos titres vous imposent, de prendre votre temps. Vous aurez bien assez tôt l'obligation de suivre la masse.

Sa main porta à son cœur et regardant fixement l'Aiglon, elle confia :
— Je crois et non parce que je dois assurer la pérennité de mon nom et de mon sang, je crois et non parce que je veux pouvoir transmettre mes domaines à ma famille. Je crois parce que cela me paraît évident, logique, naturel et je crois car je suis environnée par le Très-Haut, je vois la manifestation de Son existence, de Sa tangibilité dans tout ce qui m'entoure. Je crois et je n'ai pas besoin d'être enfermée dans une église, agenouillée sur un prie-dieu pour pouvoir rendre grâce. Je crois sans même m'y arrêter, je crois tout le long des heures où je suis consciente, en pleine possession de mes moyens et même lorsque je m'endors, je crois car malgré les vicissitudes, je n'en ai pas moins respiré, mangé, bu, existé durant le jour qui vient de s'écouler. Et je suis persuadée qu'Il a confié Sa vérité à l'Eglise romaine même si celle-ci me paraît se perdre. Mon évidence n'est pas celle de la nécessité pour correspondre à ce que l'on attend de moi, mon évidence est celle du ressenti et cela m'est personnel et je conteste que cette évidence puisse être similaire à celle du troupeau bêlant des bien-pensants.

La ferveur, celle qui était en mesure de l'animer quelque peu aux yeux du monde retomba aussi vite qu'elle était apparue, comme la lueur qui avait un instant éclairé ses prunelles mortes s'éteignit, comme la main qu'elle avait porté à ce cœur siège de ses convictions. Désireuse de conclure, elle dit encore :
— Je ne vous imposerai rien, je ne tente même pas vous convaincre, ce n'est pas mon rôle. La direction de votre âme est une matière bien trop importante et bien trop sensible pour que je puisse me permettre d'exercer une quelconque influence. Et cela est au final valable pour d'autres matières.

A nouveau silencieuse, elle songea que c'était peut-être la première fois qu'ils se parlaient autant. Au fond, elle n'avait jamais su ce que Charlemagne attendait d'elle, elle était là, comme elle l'avait un jour promis dans un Louvre paré des voiles du deuil. Il venait, partait, se servait d'elle et elle le laissait faire. Il y avait tant de gens qui usaient d'elle qu'elle n'en était que peu touchée. Mais elle était de méchante humeur ces jours derniers, celle dont on abusait se révoltait et cette lettre de l'héritier et les quelques propos qu'il avait tenus avaient ouvert la voie à une contestation qu'elle n'avait jamais exprimée mais qui était présente depuis quelque temps maintenant. Et ce fut cette opposition qui expliqua ce qu'elle déclara ensuite :
— Vous souvenez-vous de Paris? C'était il y a quelque temps. Nous nous nous trouvions attablés dans la boutique d'Elle Durée, ensemble, était également présente Aelith-Anna.

Aelith-Anna qui avait toussé. Non, Aelith-Anna n'avait pas toussé, elle n'avait pas été malade à Paris, elle s'était mieux portée depuis ce séjour prolongé dans le sud. Elle n'avait pas toussé, mais elle toussait assurément, Ingeburge venait de capter ce râle hélas bien familier et cette toux qui le suivait quand respirer devenait par trop difficile. Son regard quitta brusquement le jeune duc du Nivernais pour se poser sur sa vassale qui était bel et bien là, non loin et qui s'excusait pour cette quinte de toux qu'elle n'avait pu maîtriser.
— Aelith-Anna.
Combien de fois avait-elle prononcé cette paire de prénoms? Bien souvent et c'était toujours avec la même bienveillance malgré la froideur, toujours le même sentiment de sécurité, toujours le même baume sur les blessures qui ne s'étaient jamais refermées. Aelith-Anna, ou l'apaisement. Justement ce dont celle-ci avait indubitablement besoin. L'ordre claqua, impérieux :
— Va chercher de l'eau.
Le domestique venu accompagner la Flamboyante Maîtresse Equine s'engouffra à l'intérieur, pressé par l'exigence.

— Aelith-Anna, vous êtes là.
Un peu d'inquiétude certainement mais le plaisir aussi d'énoncer ce fait propre à chasser les nuages.
— Il était temps que vous reveniez, j'espère que vos affaires vont suivre, une chambre vous a été réservée.
La maladie n'avait pas été évoquée, mais le sous-entendu était clair : la dernière fois, la dame d'Augy avait paru tirer nettement avantage de ce périple au cœur du Languedoc, tout serait mis en œuvre pour que les effets bénéfiques surviennent à nouveau. Le mal qui rongeait sa vassale n'avait en fait jamais été abordé, Ingeburge avait juste qu'il était présent et elle s'y accoutumait peu ou prou, comme on s'habituait à un voisin encombrant et collant. Non, jamais il n'en avait été question en termes explicites, en une conversation franche, peut-être parce qu'elle-même était bien portante, jouissant d'une santé florissante malgré cet amaigrissement de son corps, de ses formes suite au jeûne de pénitence et à tous les tourments engendrés par cette rupture de ses vœux et les avances pressantes du vicomte du Tournel. Peut-être aussi et surtout parce que ce mauvais état physique de la Chambertin était un écho au mauvais état moral de sa suzeraine; l'on n'aime guère se voir rappeler ses propres faiblesses.

— Approchez donc, Aelith-Anna..
Il y avait un banc non loin.
— Son Altesse et moi-même abordions quelques questions relatives à sa situation. Il y a un certain nombre de points à régler. Un de ses cousins doit aussi arriver, encore des points à mettre au clair.
Le valet revint chargé d'un plateau : de l'eau pour la dame d'Augy, de l'eau de fraises pour le Prince et la Prinzessin.
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Mal aux mains, indispo depuis quelques jours et encore pour quelques autres.
RP au minimum syndical voire au ras des pâquerettes.
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Merci.
Salvaire_d_irissarri
Baguenaudant dans la petite ville de Mende qu'il aimait tant et chaque jour, un peu plus, il laissa ses pas le porter, comme si de rien n'était vers la demeure provisoire et reculée au fin fond d'une impasse, lui sembla-t-il, de la duchesse d'Auxerre, prinzessin, roy d'armes et sans doute autres postes encore qu'il ignorait pour l'heure.
Il lui fallait bien s'y résigner, même si la perspective annoncée lui fendait l'âme et le coeur. Il savait depuis quelques temps cette promesse faite, par sa cousine, qu'il nommait encore la divine. Le testament n'en avait rien dit, mais "on" lui avait bien fait comprendre que sens de l'honneur, parole donnée, etc.. Et il se doutait bien qu'il faudrait un beau jour, s'y plier.

Voila donc que son cousin, l'imbu, le jeune héritier présomptueux, qu'il s'était promis d'adoucir un peu, un jour...lui avait indiqué qu'il était attendu chez le Roy d'armes et qu'on allait y parler de contrat de mariage et sans doute aussi de la féodale tutelle du frère cadet. Son coeur se serra tant il était inquiet pour l'enfançon qui le laissait sans nouvelles depuis si long de temps.
D'ailleurs, il paraissait que tous se donnaient le mot pour l'heure puisque nul ne répondait à ses missives interrogatives. Il grommelait in petto, tout en se faisant conduire vers le jardin, caché derrière la bâtisse.
Là se tenaient les deux. L'encore enfant, bien jeune et encore en recherche de lui-même et la femme, de grande prestance et réputée glaciale qui s'était elle, trouvée sans doute depuis belle lurette. Il hésitait encore à tenter d'aimer le premier mais avait appris à apprécier la seconde lors des moments cérémonieux auxquels il avait assisté près d'elle.

Bien que Castelmaure par le hasard de sa survenue chez son père Isarn, bien que noble en Lengadòc par le triste trépas de son doux cousin Saunhac, le jeune homme imaginait qu'il ne serait guère à son aise parmi ces gens-là. Leurs minaudantes manières le glaçaient parfois et il savait, plan segur, que son éducation à lui, qu'il s'était forgé par lui-même et par ces moines bretons, aussi, n'avait rien de commun avec ce que ces deux-là si dissemblables et si pareils, avaient connu.

Néanmoins, au fur et à mesure de ses pas, il se morigéna afin de présenter belle figure. Il se savait, à l'aube de sa vingt-et-unième année assez certain de ce qu'il était, de qui il était et de ce qu'il voulait faire de sa vie à venir. Il prit donc posture ferme mais point trop, respecteux juste ce qu'il faut et s'inclina dans un salut courtois, ni trop, ni trop peu.

Brèfle ! Il n'etait point si mal à l'aise qu'il aurait pu le croire, dans sa nouvelle chemise, de noir et rouge vestu.

Peut-être, les bottes ? Hmm... Peut-être aurais-je pu les changer ? Mais Fichtre, avé quoi les payer, s'pas ?

Il se redressa donc et d'une voix claire :

Adissiatz ! Lo bonjorn mon cousin ! Mes hommages, Montjoie !


Nul besoin d'autres développements pour simplement s'annoncer.
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LJS a écrit: "si on a pris le temps de coder les révoltes et les bandits, c'est pour que les joueurs se révoltent et jouent les bandits."
Matthys
Ce fut un peu plus tard que le Flamand reçut la missive initialement envoyée. La Duchesse d’Auxerre voulait donc «rattraper le temps perdu» ? Tiens donc. Elle lui proposait d’ailleurs par le même vélin d’amener la charmante Isora à l’entretien. Pourquoi pas ? Néanmoins, elle avait fait une erreur. Un jugement trop hâtif, probablement. Il prendrait soin de corriger l’erreur si La Froide venait à la refaire, verbalement, ce qui serait des plus amusants, quoi que gênant à la fois. Il prévint la Tonnerroise qui accepta timidement l’invitation gracieuse, puis il s’empressa de se vêtir convenablement pour l’occasion. Pas trop chic quand même, elle ne le méritait pas après toute cette attente.

Durant la route qui le menait vers les logis, entre quelques échanges avec sa partenaire du jour, il tenta de se projeter les instants qui allaient suivre. Est-ce que cette rencontre serait, par moment, aussi froide que la toute première avec l’unique Duchesse d’Auxerre ? Probablement pas. Néanmoins, il risquait toujours d’y avoir un peu de trouble. Peut-être la présence d’Isora changerait-elle quelque chose.

Au moment où ils arrivèrent à destination, Matthys se tourna vers la Belette avec un sourire amusé.


Alors, pas trop nerveuse ? Je te préviens, elle n’est pas toujours commode .. mais ça devrait bien se passer.

Puis, ce fut au tour d’un valeureux valet sans nom de jouer un rôle dans cette histoire. Il leur indiqua, après quelques vérifications d’usage, où se trouvait la Princesse impériale : dehors, plus loin, dans le jardin. Dommage, l’intendant n’appréciait pas tant que ça les légumes, qu’ils soient humains ou végétaux. Lorsqu’il pénétra dans ledit jardin, sans légume qui plus est, il eut un léger geste de recul. Elle était déjà bien occupée, apparemment. Il jeta un œil rapide aux silhouettes et crut apercevoir la valeureuse Dame d’Augy. Il ne la connaissait pas beaucoup encore, bien que tous deux membres de la grande famille auxerroise, mais il avait eu l’occasion d’échanger quelques missives avec elle alors qu’il se trouvait à la municipalité de Tonnerre. Il avait tout de suite eu une très bonne impression de sa personne. Quant aux autres, il n’avait pas la moindre idée de qui il pouvait bien s’agir, mais il pouvait déjà soupçonner, rien que par leur allure, qu’ils n’étaient en rien roturiers. À cause des nombreuses années qu’il avait passé dans la filière familiale tisserande, ses yeux captaient constamment, et sans même qu’il le veule, l’habillement des personnes qu’il rencontrait. Que dire alors ? Il se tourna instinctivement vers Isora, comme si son visage féminin allait l’illuminer de son charme pour lui procurer la réponse qu’il cherchait, mais rien ne vint. Il chercha des regards dans la petite foule, embarrassé de devoir perturber une si belle assemblée, puis le Flamand prononça enfin quelques mots - de manière à ce qu’on l’entende. Il aimait se répéter autant qu’il affectionnait les légumes.

Hum .. échappa-t-il un peu malgré lui, Ravi de vous revoir Votre Altesse. Je venais pour rattraper le temps perdu, mais peut-être le moment est-il mal choisi ?

Le Flamand était quelque peu grassouillet, bedonnant, et portait une moustache, d'un noir très sombre, dont il était fier. Devant une si belle clientèle, il tenta de dissimuler l’épais bandage qui recouvrait sa main droite. Il ne voulait lui non plus ni la pitié, ni s’attarder inutilement sur sa blessure. Il avait failli perdre sa main, quelques jours auparavant, et il ne voulait plus y penser. Après tout, c’était avec cette main qu’il avait serré tant d’autres mains graissées de ses petits arrangements qui déplaisaient tant à la Duchesse. Et c’était aujourd’hui cette main qui devait tenir à jour un tas de registres et compter un tas d’écus sonnants et trébuchants pour le compte d’Auxerre. Non, il valait mieux ne pas penser aux conséquences que causerait une telle perte.
Isora
Isora avait reçu une missive de son ami Matthys, sa Grâce, la Duchesse d'Auxerre l'avait convoqué, enfin l'Intendant D'Auxerre et elle souhaitait qu'Isora l'accompagne.
Sa première réaction avait été de la surprise, de l'inquiétude, de la timidité, une certaine peur car notre Tonnerroise n'avait aucune idée de la façon de se comporter face à des personnes si importantes.
Elle avait été éduquée par son père, veuf très tôt, et il avait toujours été intransigeant sur certaines valeurs dont celle de la politesse ! Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi on l'avait conviée, mais elle irait ne serait-ce que pour remercier une nouvelle fois sa Grâce la Duchesse d'Auxerre, de lui avoir permis de voyager avec son ami.
Et surtout, que penserait-on de Matthys !
Que dirait-on de lui si elle ne se présentait pas : qu'il avait amené avec lui une amie bien mal élevée. Or il n'en était rien. Isora prit sur sa peur de l'inconnu et accepta l'invitation.
Matthys vint la chercher ce fameux matin, et en sa compagnie (comment la qualifier ? rassurante et en même temps pas vraiment, car il l'a taquinait sans arrêt et elle ne savait jamais excusez l'expression, sur quel pied danser avec lui, c'est pourquoi elle lui avait trouvé un joli surnom : l'énigmatique !), elle se dirigea vers le lieux du rendez-vous. Le trajet était agréable, le soleil n'était pas encore trop présent et pour une fois son meneur ne l'a faisait pas marcher à une allure trop rapide. Et oui car l'énigmatique, le moustachu était son compagnon des voyages, l'homme aux surprises, mais homme en qui elle avait toute confiance. Elle pouvait le dire également, il était surtout son meilleur ami.
Tout en marchant elle l'observait, le pauvre avait encore sa main bandée, souvenirs d'une histoire qu'il valait mieux oublier, mais bon comment faisait-il pour manger ? Toutefois il n'avait pas l'air d'avoir perdu du poids !
Il ralentit le pas devant un magnifique porche sans doute étaient-ils arrivés il se retourna vers Isora un grand sourire aux lèvres et lui dit :
Citation:
Alors, pas trop nerveuse ? Je te préviens, elle n’est pas toujours commode .. mais ça devrait bien se passer.

Elle fronça ses yeux, ah l'homme taquin était de retour, il fallait bien s'en douter, cela était inévitable, et puis elle aimait bien cela, il l'a faisait sourire, ses paroles n'étaient absolument pas rassurantes, histoire de la mettre à son aise. C'était devenu un jeu, elle ne lui répondrait pas comme d'habitude, mais cette fois-ci elle se dit qu'elle pourrait éventuellement le faire, alors elle lui murmura : dis moi je n'ai pas encore eu l'occasion de te le dire, je t'observe depuis un certain temps, tu as investi dans de très beaux habits dis moi, c'est la classe, j'avoue que tu es superbe. C'est pour être plus présentable ? Elle garda pour elle la suite, ce serait pour une prochaine fois, elle lui dirait qu'il pourrait éventuellement investir dans un, bah quoi il avait tout de même un peu de ventre non ?, mais non elle ne le dirait pas.

Elle le suivit de très près, pas question de se laisser distancer et ils se retrouvèrent dans un joli jardin mais aïe !.............face à plusieurs personnes.

Oup's cela n'était sans doute pas le moment idéal pour venir se présenter, sans doute étaient-ils en train de parler de choses très importantes et eux, et bien ils venaient d'interrompre une conversation privée.

La belette se fit toute petite aux côtés de Matthys. Toutefois elle se sentit légèrement rassurée, car elle connaissait deux des personnes ici présentes, la si gentille Dame D'Augy, Aélith, qu'elle avait rencontré à plusieurs reprises à Tonnerre et avec qui elle avait échangé missives depuis et le Senher Salvaire d'Irissarri.
Elle en déduisit donc que la Dame inconnue devait être sa Grâce, la Duchesse d'Auxerre, mais Isora hésita ..... et resta muette, fallait-il qu'elle parle la première ou attendre qu'on lui adresse la parole.
Elle ne savait pas, elle attendit donc, en espérant que son mutisme ne soit pas mal interprété, elle chercha du regard Matthys....

Ingeburge
[Dans le jardin]

Bon. Ça commençait à être un poil peuplé le jardinet de la demeure mendoise d'Ingeburge et donc ça devenait délicat de pouvoir contenter tout le monde et de pouvoir tenir des discussions qui ne regardaient pas forcément les uns et les autres. L'arrivée du baron qu'elle avait salué froidement tant elle était prévenue contre lui suite aux informations distillées par le jeune duc du Nivernais n'avait pas fondamentalement changé la donne même s'il restait des points à éclaircir avec Charlemagne et qu'elle estimait hors de portée de l'Irissarri. Mais ces points-là, on pouvait bien y revenir plus tard, quand tout ce qui devait être réglé serait expédié. La présence d'Aelith à ce titre ne gênait pas, elle avait toute la confiance de sa suzeraine. En revanche, l'arrivée de Matthys et d'Isora compromettait la discussion en ce que ces derniers étaient totalement étrangers aux matières qui devaient être abordées. La duchesse d'Auxerre réfléchit et son raisonnement ne lui prit guère de temps : il fallait scinder le groupe en deux et sans mettre mal à l'aise qui que ce soit.

Se mettant soudainement mais gracieusement sur ses pieds, elle accueillit ainsi les Tonnerrois :

— Maître van Rentter, Isora, la bienvenue à vous. Allons donc à l'intérieur, nous y serons mieux pour nous entretenir tranquillement.
Et se tournant vers la dame d'Augy :
— Accompagnez-nous donc Aelith-Anna, vous pourrez ainsi faire les honneurs des lieux à nos derniers invités.
Puis vers l'Enfant de France :
— Votre Altesse, baron, je suis à vous dans quelques instants.



[A l'intérieur, au premier étage]

Entraînant le groupe auxerrois dans la maison, elle pilota celui-ci au premier étage et l'installa dans la pièce principale :
— Prenez donc place. Des rafraîchissements vont vous être apportés. Aelith-Anna, je vous les confie.
Et elle ajouta :
— Quant à moi, je reviens aussi diligemment que possible.

Sortie de la salle, Ingeburge dévala les escaliers...



[Dans le jardin]

De retour dans le jardin, la Prinzessin retourna à sa place, s'assit, jeta un coup d'œil à l'Aiglon puis planta ses yeux pâles dans ceux de Salvaire. Sans inviter celui-ci à s'asseoir, elle l'attaqua plutôt frontalement, sa voix demeurant plate mais perdant quelques degrés au passage :
— Ainsi donc vous refusez de répondre à la levée du ban toulousain, mettant de ce fait en péril les intérêts de votre pupille et cousin? Hum.

Et ce lancement d'hostilités n'était pas justifié par le fait qu'elle avait fort à faire, notamment s'occuper des Auxerrois, à l'étage, non. C'était juste parce qu'elle ne pouvait décemment pas débuter autrement. La délinquance nobiliaire, ça avait le don de l'irriter profondément.
_________________
Mal aux mains, indispo depuis quelques jours et encore pour quelques autres.
RP au minimum syndical voire au ras des pâquerettes.
Urgences mp IG.
Inge ne prend plus d'inscriptions aux joutes du Tournel.
Merci.
Salvaire_d_irissarri
Ingeburge a écrit:

[Dans le jardin]

De retour dans le jardin, la Prinzessin retourna à sa place, s'assit, jeta un coup d'œil à l'Aiglon puis planta ses yeux pâles dans ceux de Salvaire. Sans inviter celui-ci à s'asseoir, elle l'attaqua plutôt frontalement, sa voix demeurant plate mais perdant quelques degrés au passage :
— Ainsi donc vous refusez de répondre à la levée du ban toulousain, mettant de ce fait en péril les intérêts de votre pupille et cousin? Hum.

Et ce lancement d'hostilités n'était pas justifié par le fait qu'elle avait fort à faire, notamment s'occuper des Auxerrois, à l'étage, non. C'était juste parce qu'elle ne pouvait décemment pas débuter autrement. La délinquance nobiliaire, ça avait le don de l'irriter profondément.



Un haut le coeur le saisit tout soudain à l'énoncé brutal de la question. Il manqua de rétorquer vertement, en Castelmaure qu'il était lui aussi tout autant que le fils de son père et génétiquement enclin comme tous gennses du Sud à ne pas se laisser "traiter". Mais, plan segur, il était aussi homme de raison, de parole et avait sinon grande envie d'être aimable devant le Roy d'armes, à tout le moins celui de demeurer courtois. Il rejeta donc sa mèche tombée sur son oeil gauche dans le brusque sursaut, puis opta pour un ton calme, mais le regard clair et la tête bien droite :

Vous arrive-t-il souventes fois, Montjoie, de porter accusation d'office ? D'évidence ? Et si directement ? Avant même que de saluer de manière sinon aimable à tout le moins élémentairement polie ?
Je vous comprendrai, madame, j'imagine.... et comprendrai votre ton plutôt insultant lorsque par hasard, j'aurais été déclaré coupable de quoique ce soit. Il me parait que dans vos héraldiques tribunaux également c'est ainsi qu'on procède, s'pas ?
D'abord on vérifie les faits avant que d'accuser.


Lance un regard peu amène vers son jeune cousin.

Et... Je me doute bien de qui vient cette soi-disant affirmation, mais je demeure grandement étonné que vous y accordiez foi sans même vérifier auprès de celui que vous accusez ainsi, princesse. Mon cousin a sans doute mal interprété ou bien n'a point pris la peine de se tenir informé des développements ultérieurs, voyez.

Au fur et à mesure des ses propos, son premier sursaut d'indignation devant tel affront s'atténuait quelque peu, mais il demeurait fort blessé du ton et surtout de l'affirmation portée de manière si abrupte. Lui qui se dévouait corps et âme afin d'accomplir son devoir, en son entier, envers son jeune protégé et qui de plus, savait qu'il allait devoir respecter bien plus encore et s'engager lui, par respect de l'ancienne parole donnée, la trouvait là un peu saumâtre tout de même. Il songea in petto en délaissant du regard son cousin Charlemagne et revenant vers la femme qui le toisait.

Changera jamais ce prince ! Va finir pourri jusqu'à l'os par son orgueil immesuré ! Jamais je ne parviendrai à lui apprendre l'affection, l'attention, l'amour familial. Qué pitié ! Qué gachis ! Tstt !


Sachez, Montjoie, que d'une part, j'ai répondu en temps et heure lorsqu'il me fut adressé demande, que j'ai averti que en tant que tuteur féodal, je représentai en Tolosa, un enfant mineur, bien incapable de lever hommes d'armes. Rien ne se passa plus ensuite.
Un autre jorn, je reçus soudainement demande de me mettre moi, au service de Tolosa en lieu et place de Son Altesse Franc Claude Volpone. Etant donné que je ne pouvais quitter ni justement, mon filleul, ni le Lengadòc, j'ai alors adressé missive afin de connaitre la hauteur de la compensation demandée en ce cas. J'attends tojorn et encore la réponse.
De plus, je vous informe que je fus mandé, il y a peu afin de prester le serment d'allégeance en Tolosa auprès de la nouvelle comtessa, donà Aymelline. Pensez-vous vraiment que Estampes m'aurait adressé convocation si une quelconque faute avait été reconnue ?


Il jeta à nouveau un regard sombre en direction de Charlemagne.

Avant que d'écouter votre informateur, madame, il serait bon de vous renseigner auprès de ma personne afin de savoir ce qu'il en est vraiment, vous ne croyez point ? Mais puisque vous me posez icelieu, en positition d'accusé, sachez également que je puis vous faire parvenir copie de tous les courriers évoqués avec mentions des dates auxquels ils furent échangés.

Et parce qu'il était ce qu'il était et que son naturel aimable, simple et sensible reprenait vite le dessus, il conclut, regard triste et mine peinée :


En tous cas, me voici bien attristé, Votre Seigneurerie, de vous voir ainsi, alors que vous me connaissez si peu et si mal, vous laisser aller à si sombres et insultants propos.

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LJS a écrit: "si on a pris le temps de coder les révoltes et les bandits, c'est pour que les joueurs se révoltent et jouent les bandits."
Ingeburge
[Dans le jardin]

Dieu qu'il parlait le Double! Celui-ci lui faisait penser à un autre, bourguignon celui-là, le baron d'Arquian et de Seignelay dont elle avait demandé la destitution, alors duchesse de Bourgogne. Il n'y avait pas de doute, Salvaire d'Irissarri présentait des traits communs avec Theognis Montereau, parler d'abondance donc, mais aussi se poser en représentation. Spectatrice malgré elle, elle assista à tout le boniment qui lui était offert, prenant soin – l'eût-elle de toute façon pu? – de ne pas interrompre ce flot d'éloquence et d'enregistrer tous les passages sur lesquels elle ne manquerait pas de revenir. Le reste, le surplus, le déchet, elle lui en ferait grâce; elle avait fort à faire.

Pouvant enfin en placer une, elle décocha sa première flèche :

— Je vous ai salué, monsieur et vous avez beau jeu de me trouver insultante quand manifestement l'outrage est de votre côté. Tout votre discours est le reflet de votre manque de correction et de votre oubli par trop criant de la condition de la personne qui vous fait face. Donc, vous êtes sourd et impoli, cela fait beaucoup pour un seul homme. Enfin, je ne doute pas que la suite vous sera opportunément perceptible et vous consolera de toute ma discourtoisie.

Désignant le haut de son vêtement, elle demanda :
— Voyez-vous un tabard sur mes épaules? Voyez-vous un caducée dans ma main? Que nenni. Nous sommes ici chez moi et je n'agis pas autrement qu'en tant qu'amie des parents de Son Altesse. Je sais, contrairement à vous, séparer ce qui doit l'être. Et c'est là une nouvelle insulte à porter à votre crédit car si je donnais dans la compromission et la violation des us héraldiques, il y a bien longtemps que je ne serais plus Roi d'Armes de France. En outre, si c'était Montjoie qui vous faisait remontrance, la forme serait tout autre et le lieu de la mise au point également, soyez-en assuré.
Certes, sa cotte d'armes, elle ne la portait jamais mais le baron d'Apcher semblant se complaire dans les jugements hâtifs en mettant déjà en doute son intégrité alors qu'ils avaient dû échanger trois mots en tout et pour tout ors de cérémonies officielles et qu'il était tombé dans la noblesse que depuis peu, il y avait tout lieu de penser que ce détail vestimentaire lui avait échappé.

Haussant nonchalamment une épaule, elle ajouta :

— Qui donc juge l'autre? Qui se permet de mettre en doute avec force la droiture et la rigueur de son vis-à-vis? Ne répondez surtout pas, vous en avez déjà assez dit, vous m'avez livré tout le fond de votre pensée. Et n'allez surtout pas indiquer que vous possédez la tutelle et moi non. Vous l'avez seulement parce qu'une certaine Phylogène devenue depuis Montjoie l'a permis alors que vous n'étiez rien, si ce n'est un cousin sans terre; ne vous permettez pas de l'oublier, ne vous avisez surtout pas de mettre ce détail de côté. Mais Montjoie n'est pas là, n'est-ce pas? Et moi, je fais ce qu'il me plaît : ainsi donc, je m'en mêle car ainsi me plaît.
Par fidélité. Elle était prête à tout supporter pour cela, y compris les manières rustres et frustes d'un obscur baron. Mais l'ombre de Guise von Frayner était là, tout autour, et il valait mieux pour Salvaire que ce fût une Froide qu'un Implacable comme adversaire. Avec le Souverain, il n'y aurait même pas eu de discussion.

Après avoir jeté un bref regard à l'Aiglon, la Prinzessin fixa à nouveau l'Irissarri :

— Vos coup d'œil ne m'ont pas échappé, ils étaient en outre bien éloquents. Peut-être devriez-vous vous demander pourquoi le prince a eu le sentiment que vous négligiez les intérêts de son puîné au lieu d'arborer cette mine frondeuse. Son Altesse est en âge d'être renseignée sur les affaires de son cadet, elle l'est d'autant plus qu'elle atteindra sa majorité bien avant que vous ne puissiez vous en rendre compte. Agée de quatorze ans, Son Altesse rentrera donc en pleine jouissance de ses domaines et sera investie chef de la maison royale des Castelmaure. Tenir Son Altesse à l'écart est un mauvais calcul, un très mauvais calcul et c'est maintenant qu'il convient de traiter Son Altesse en personne à part entière. Ne pas le faire constitue là aussi une insulte : à son intelligence, à son sang et à sa destinée.

Et par fidélité, elle tint sa langue pour ne pas conclure par une sentence de nature à faire sentir au blond que Charlemagne et elle étaient d'un autre monde, qu'au sein de la noblesse, il y avait aussi des différences. Qui sait où l'ego mènerait un homme qui se sentait déjà insulté par une simple phrase pas autrement destinée qu'à lancer la conversation?
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Salvaire_d_irissarri
Parce qu'elle était elle aussi ce qu'elle était et qu'elle parlait comme elle parlait, le jeune homme hésita un instant sur la réponse à apporter, puis ma foi, estimant que certes il était jeune, certes il était simple héritier et encore plus certes il n'avait ici encore rien fait à part, sans doute, et ce n'était pas rien à ses yeux, mérité l'estime de ceux qui avaient appris à le connaitre mieux ; or donc, de tous ces certes il prit la mesure et répondit d'une voix posée et tranquille :

Vous avez raison, duchesse par certains côtés. Mais vous avez tort également, si je puis me permettre. Vous me paraissez, à vos réponses, être personne d'honneur pour qui les valeurs telles que la sincérité, la parole donnée, l'honnêteté. Voyez bien... ces valeurs si galvaudées de nos jorns ... Bref, pour qui ces valeurs là valent encore... simplement.

Or donc, vous avez raison si vous dites que sans doute j'oublie votre position mais je suis de ceux qui pensent qu'entre gens honnêtes il ne peut être que bonne compagnie. Question de rang, comme vous le dites et de confiance aussi peut-être. Nul besoin de se défier avant que de savoir vraiment, s'pas ?
Et vous avez tort de supposer, encore une fois, choses qui ne sont point. Mon cousin que j'apprécie fort même s'il est des qualités en lui que j'aimerais à voir se faire jour, est parfaitement tenu informé de la situation. Il n'a encore que 12 ans, savez et il est à un âge où l'on peut encore devenir autre, où l'on peut encore apprendre tant sur les gens, sur soi-même aussi. Apprendre qu'il n'est pas seulement bel et bon d'être prince mais qu'il est encore plus plaisant d'être aimé... Bref ! Ceci est mon autre devoir. Celui que je m'impose à moi-même pour aider cet enfant, toute Altesse qu'il soit, il n'est qu'enfant de 12 ans et j'ai à coeur de lui donner la même affection que celle que j'ai pour son frère.
Donc, il vous a sans doute demandé conseil avant que d'avoir les derniers tenants et aboutissants, voila tout.

Et là où vous avez parfaitement raison, duchesse, Montjoie, prinzessin.... C'est qu'effectivement, je n'en sais pas plus que vous, que lui ? ... sur la raison de cette entrevue. Vous m'avez abordé, tout de go, au sujet de la situation qui fut si pénible pour moi et que je pense être à présent réglée des fiefs de mon cousin Franc Claude Volpone en Tolosa. Je vous ai donc apporté réponse.

Mais, de verda ? A quel titre donc me recevez-vous et d'une manière générale, qu'est-ce donc que vous attendez de moi ? Et si ce n'est en tant que représentant héraldique ? En tant que quelle autre de vos charges or doncques ?
Mon jeune cousin Charlemagne m'a fait part de l'impérative nécessité de cet entretien. Me voici présent ! Et ? ...

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LJS a écrit: "si on a pris le temps de coder les révoltes et les bandits, c'est pour que les joueurs se révoltent et jouent les bandits."
Ingeburge
A ce que la duchesse d'Auxerre en savait, et c'étaient là renseignements de cent cinquante-huitième main, on la disait froide et hautaine. A chaque fois que cela lui revenait, et c'était bien rare, elle s'en étonnait positivement, ne comprenant tout bonnement pas ce que l'on entendait par là. Une fois, l'on avait osé lui avancer que c'était parce qu'elle ne souriait jamais, ce à quoi elle avait répondu qu'elle n'allait pas sourire pour rien si l'occasion ne s'y prêtait pas. Faire des mines et des grâces, elle laissait cela à ceux qui avaient plaisir à poser et à ceux qui s'en accommodaient. En plus, sourire, si fait, elle savait faire et faisait.

Ce qui était certain c'est que bien à l'abri des rayons du soleil sous l'arbre qu'elle avait choisi pour la protéger, la Prinzessin ne souriait pas. Rien de ce qui lui était servi n'était de nature à faire incurver ses lèvres gracieusement, ni même à commencer à les faire frémir et le contraste était d'autant plus piquant que cette nature serrée dans un enclos, cette débauche de verdure, ce soleil étaient tout ce qu'il y a de plus riant. Toujours aussi froide, elle indiqua :

— Et je dis ce que j'ai à dire. Ne louez pas mon honnêteté si c'est pour ne pas en être satisfait. Et je n'ai rien caché de celle qui vous parle, j'ai clairement fait savoir que c'était l'amie des parents de Son Altesse qui s'enquérait d'informations. J'ai des devoirs à respecter en la matière et j'ai un serment à honorer. Je ne vous demande pas de comprendre ce qui me lie à Son Altesse, j'escompte simplement que vous le respectiez.

Puis, avant de s'adresser à Charlemagne, elle conclut :
— Sinon, pour votre bien, faites-moi grâce de votre insolence, baron. « Duchesse par certains côtés », « duchesse, Montjoie, prinzessin »? Vraiment? Définitivement, évitez de dresser mes qualités si c'est pour vous permettre de vous adresser à moi ainsi.

Et se tournant vers l'Aiglon :
— Je n'ai rien d'autre à dire, j'estime en avoir assez toléré, chez moi, Votre Altesse. Faites donc savoir au baron votre cousin le fond de votre pensée je vous prie. J'en serai témoin, les choses seront dites et aplanies et il faudra espérer que nous n'aurons plus à y revenir. Pour le reste, ce ne sera pas ici et ce ne sera pas avec moi. Encore une question de limites.

Un valet se présenta, avec de nouveaux rafraîchissements. Sur un signe de sa maîtresse, il servit aussi le baron en eau de fraises.
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Mal aux mains, indispo depuis quelques jours et encore pour quelques autres.
RP au minimum syndical voire au ras des pâquerettes.
Urgences mp IG.
Inge ne prend plus d'inscriptions aux joutes du Tournel.
Merci.
Charlemagne_vf
Quand la foule avait commencé à envahir l'espace, Charlemagne s'était choisi un point à fixer : le noeud d'une racine, dans ce jardin champêtre et ensoleillé. Le regard vide, il avait attendu d'être libéré de l'étreinte mondaine qu'il ne supportait qu'après y avoir été préparé : le Prince n'aime pas les surprises, et moins encore lorsqu'elles sont vivantes ; alors il attend l'éclair de génie de la Prinzessin, ou plutôt l'expression d'un sens pratique aiguisé.
Ils se retrouvent à trois, et s'engage alors un dialogue pour le moins passionnant.
L'affaire est un jeu pour l'Infant. Il y a des intérêts, et ne devrait pas se délecter d'une situation embourbée, mais il savoure cet instant où, une à une, les lances de la Sublimissime se fracassent contre les boucliers enfoncés de Randon.
Charlemagne avait beau essayer, il n'arrivait pas à trouver la moindre affection pour son cousin, pourtant le seul à lui avoir accordé un soupçon d'attention. Salvaire représentait une noblesse de campagne à l'accent infâme. L'éducation qu'il avait prodiguée à Franc laissait par ailleurs l'Aiglon perplexe : son frère était devenu un oisillon plutôt qu'un aigle en puissance. On l'appelait "pitchoune", c'était à vomir. Pire, la valetaille se piquait de l'aimer. Il jouait avec tout ce qu'il y avait de roturier au monde : il jouait, même.
Ainsi, celui qui n'avait pas eu d'enfance une fois les murs de Bolchen quittés aux côtés de son père, préférait mépriser celle de son puîné plutôt que la jalouser. Il en blâmait le bi-baron, à tort ou à raison.

Que Salvaire affiche un dédain certain lorsqu'il posait ses yeux d'Irissari sur le jeune Prince n'arrangeait rien. L'entendre parler offusqua profondément Charlemagne. Ses douze ans n'étaient rien. Jamais l'Infant ne s'était occupé d'avoir deux ou douze ans. Il avait toujours intimement su sa valeur, et surtout, sa supériorité. De là, il s'octroyait un discernement sans pareil et pensait détenir la sagesse sur toute chose, ou, quand il savait ne l'avoir pas, il avait l'art de le dissimuler.
Bref, qu'on le considère comme un enfant d'un côté quand Ingeburge le considérait tel qu'il estimait qu'on dusse le faire, agaça le Castelmaure au plus profond.
Aussi, après que la joute fut sur le point de se terminée, en arbitre, Il acquiesça à la parole de la Duchesse d'Auxerre avant de la prendre.


Votre Altesse. Merci d'honorer vos serments avec tant d'ardeur.
Mon cousin, j'aimerais en dire autant.
Vous me faites passer pour un menteur alors que vous-même pestiez récemment sur ce devoir que vous ne teniez pas à mener. Votre servante était là, et je me souviens vos mots : vous n'avez rien à gagner à protéger le Lauragais.
Ma Mère fut inconsciente de laisser la tutelle de Son Altesse mon Frère à celui qui lui succéderait au rang de Comte s'il mourait avant sa majorité. Je n'ai pour confiance en vous que celle que j'ai en mon sang.


Autrement dit, une constante complètement variable selon les jours et les actes de chacun.

Si vous dites que l'affaire est réglée, je vous crois, mais que jamais je n'aie à me plaindre à nouveau du sort que vous faites à l'héritage de Mère. J'enverrai quelqu'un à Toulouse, de toutes façons.

C'était là mesurer la confiance accordée au Baron.
Alors, Charlemagne se leva, sortant de l'aura chaleureuse de la Froide. Elle lui était une protection contre tout. Jamais il ne l'aurait avoué, mais il se sentait un besoin de l'avoir à son flanc et en soutien. Béatrice avait offert son amitié à trop de monde. Guise, lui, avec parcimonie, avait érigé des élus, et elle en était, peut-être même la dernière valide : c'était ce qui avait poussé le Prince à courir à son bureau de Grand Maître des Cérémonies de France, au lendemain de son orphelinat.
De ses yeux guiséens, il l'observa. Elle avait l'air de ces gens qui veulent passer à autre chose, et de façon plutôt radicale. Courageux mais pas téméraire, l'Infant préféra abonder en son sens, et puisque la parole de la Princesse Impériale était ordre, ils en resteraient là.


Las, mon cousin a abusé de votre patience.

Loin de Charlemagne l'idée de rappeler que c'était sa propre sollicitation qui avait engendré la situation.

Je ferai traiter son contrat de mariage par ailleurs. Plutôt qu'assistance de bout en bout, je me permettrai donc de vous demander un simple regard.
Je permets votre congé, Votre Altesse, et je crois que vous êtes attendue.
Vous avez, encore, toute ma reconnaissance.


C'était dit avec une certaine outrecuidance. Elle était chez elle, Il était chez elle, ils étaient chez elle, et elle leur avait déjà imposé le congé qu'elle s'apprêtait à prendre. Et bien que les Altesses soient d'un monde bien à eux, et même des vestiges du passé - tout jeune soit Charlemagne - il était impensable pour le fils de l'Implacable de ne pas se distinguer. Nul ne serait jamais son égal.
Exit Salvaire, l'Aiglon reprit place près de l'arbre.


Je vais rester un peu là.

Lui, il avait un arbre à contempler, et cette courte entrevue avec Ingeburge, loin d'avoir été vaine, se devait d'être incubée.
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