Ingeburge
Le temps, depuis, avait passé et il n'avait pas été propice à ce qu'elle pût prendre ses pinceaux plus souvent, bien au contraire. Hors les travaux obligés liés à la confection de blasons en vue d'octrois, Ingeburge n'avait guère l'occasion de dessiner, de peindre ou de coudre. Toujours des courriers, encore des courriers, bien plus qu'une personne organisée et maniaque pouvait en supporter certains jours. Et il y avait le reste lié aux querelles, aux réclamations ou à de simples questions qui n'étaient pas censés lui revenir mais avec lesquelles elle devait composer. C'est donc avec un sentiment tout particulier qu'elle retrouvait ce jour-ci son atelier. Ce sentiment était double : satisfaction de retrouver un lieu familier où elle aimait passer des heures environnées de tous ses pots, fioles, instruments, ustensiles, vélins, armoriaux. Mécontentement car il était à prévoir qu'elle ne dessinerait pas, elle se contenterait de parler elle qui n'avait que peu de goût pour la discussion. L'entrevue qui viendrait peut-être laissait déjà chez elle une impression mitigée. Doucement, elle soupira et déverrouilla la porte de son antre. Poussant la porte, elle inspira à pleins poumons pour immédiatement retrouver les odeurs familières de cire, de pigments, de colle, de vieux parchemins. Le vantail fut repoussé et elle entra tout à fait dans la grande pièce pour passer le comptoir qui séparaient les visiteurs des hôtes. Songeuse, elle entreprit de retirer son manteau.
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[Oui, à la bourre, je sais. ]
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[Oui, à la bourre, je sais. ]