Ingeburge
Pourquoi s'était-elle rendue en ce jour en l'église de Mende? Elle n'en avait pas la moindre idée, pas plus en y entrant que maintenant qu'elle avait achevé ses dévotions, elle se redressait et s'accordait une petite pause assise sur le banc, après avoir passé un certain temps agenouillée sur le dallage. Il n'y aurait pas de messe en ce jour, elle le savait, elle s'était renseignée dès son retour dans la cité, il y avait bien longtemps que les cloches n'avaient plus tintinnabulé pour annoncer les offices et inviter les fidèles à y assister. La raison ne se trouvait donc pas dans l'opportunité de participer à une messe servie par un clerc. Alors, pourquoi? Son interdit l'avait contrainte à se tenir éloignée de tout lieu consacré et cela allait d'une simple chapelle à une basilique en passant par les cimetières. Indésirable pour avoir demandé la rupture de ses vux de prêtrise, sa requête acceptée par le souverain pontife lui-même, elle avait dû faire face à une pénitence dont elle supportait toujours les conséquences. L'interdit était levé désormais et avec lui, la prohibition de se rendre dans une église avait disparu. Pour autant, elle ne pouvait plus, jamais elle n'était retournée dans les deux endroits de culte qui avaient ses faveurs; son église privative, sise dans les murs de son castel urbain d'Auxerre, demeurait portes closes et la dernière fois qu'elle s'était rendue en l'église de Saint-Germain l'Auxerrois à Paris, c'était pour y passer trois jours et trois nuits allongée face contre terre afin d'y expier sa faute tout en en faisant la publicité. Et les autres? C'était selon. Condamnée à prier partout ailleurs que dans les édifices bâtis à la gloire du Très-Haut, elle n'en avait en fait plus besoin, sa pénitence ayant renforcé un instinct déjà bien ancré chez elle, à savoir que pour Le louer, nul n'était besoin de se rendre en un endroit précis. Pourtant, elle était là, bel et bien là et elle était restée à prier une heure durant.
Ayant épousseté le bas de sa houppelande qui avait touché le dallage, elle finit par se lever et emprunta l'allée centrale, immédiatement encadrée par les deux Lombards qui l'avaient accompagnée. Eux aussi avaient prié, avec ce que leur maîtresse appelait une foi primitive, il n'y avait pas dans leur foi de questions, de doutes, ils croyaient avec toute leur naïveté. Alors pourquoi? Son séjour à Mende qui se prolongeait au-delà de ce que la raison commandait et qui au final ne lui avait rien apporté dans le but qu'elle s'était fixé en revenant en Languedoc il y avait bien eu ce billet reçu la veille mais elle ne savait qu'en penser avait sur elle de drôles d'effets. Elle prenait plaisir à en arpenter les rues, à examiner les étals du marché, elle s'était même risqué une ou deux fois hors les murs et avait ainsi assisté à un spectacle de troubadours. Pour autant, elle était en colère, irritée par un rien. Pourtant, c'était dans l'église gothique Saint-Privat qu'elle déambulait et c'était sur son parvis qu'elle avait donné rendez-vous à Assyr d'Ylfan. Cette rencontre, elle aurait voulu l'organiser plus tôt mais les circonstances en avaient décidé autrement. Il y avait eu ce voyage commun projeté, périple qui aurait dû être l'occasion de jeter les premières bases. Las, il avait fallu séparer en deux le convoi et le groupe le plus restreint, celui auquel appartenait le Tonnerrois, s'était fait attaqué à peine la séparation consommée et le trio le formant avait été contraint de demeurer en Bourgogne. Finalement, le groupe originel s'était reformé, à Mende, mais la duchesse d'Auxerre étant par nature occupée et de surcroît décidément bien agacée, celle-ci avait négligé son entourage. Cette journée marquait donc, comme d'autres auparavant, l'occasion de se rattraper et elle en consacrerait une part à Assyr.
Sortie de l'église, Ingeburge hésita un instant. Sur le billet qu'elle avait fait porté à son rendez-vous du jour, elle avait indiqué qu'ils se verraient vers dix heures sur le parvis, au pied de l'église donc. Un es Lombards lâcha quelques mots tout en lui désignant un banc, à l'ombre. L'emplacement serait parfait, le soleil ne viendrait pas la déranger et elle serait assise sur l'un des côtés de l'édifice, ni trop près, ni trop loin de l'entrée. Quelques pas furent nécessaires et finalement, elle s'installa, les deux gardes se plaçant derrière elle tout en demeurant debout. Après avoir observé la place durant quelques secondes, elle ouvrit l'aumônière pendue à sa ceinture et en sortit un vélin plié en quatre. Rocheblave, le Valdonnez, le Tournel. Elle ne savait pas, d'autant plus qu'elle avait espéré une invitation plus impérieuse.
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Mal aux mains, indispo depuis quelques jours et encore pour quelques autres.
RP au minimum syndical voire au ras des pâquerettes.
Urgences mp IG.
Inge ne prend plus d'inscriptions aux joutes du Tournel.
Merci.
Ayant épousseté le bas de sa houppelande qui avait touché le dallage, elle finit par se lever et emprunta l'allée centrale, immédiatement encadrée par les deux Lombards qui l'avaient accompagnée. Eux aussi avaient prié, avec ce que leur maîtresse appelait une foi primitive, il n'y avait pas dans leur foi de questions, de doutes, ils croyaient avec toute leur naïveté. Alors pourquoi? Son séjour à Mende qui se prolongeait au-delà de ce que la raison commandait et qui au final ne lui avait rien apporté dans le but qu'elle s'était fixé en revenant en Languedoc il y avait bien eu ce billet reçu la veille mais elle ne savait qu'en penser avait sur elle de drôles d'effets. Elle prenait plaisir à en arpenter les rues, à examiner les étals du marché, elle s'était même risqué une ou deux fois hors les murs et avait ainsi assisté à un spectacle de troubadours. Pour autant, elle était en colère, irritée par un rien. Pourtant, c'était dans l'église gothique Saint-Privat qu'elle déambulait et c'était sur son parvis qu'elle avait donné rendez-vous à Assyr d'Ylfan. Cette rencontre, elle aurait voulu l'organiser plus tôt mais les circonstances en avaient décidé autrement. Il y avait eu ce voyage commun projeté, périple qui aurait dû être l'occasion de jeter les premières bases. Las, il avait fallu séparer en deux le convoi et le groupe le plus restreint, celui auquel appartenait le Tonnerrois, s'était fait attaqué à peine la séparation consommée et le trio le formant avait été contraint de demeurer en Bourgogne. Finalement, le groupe originel s'était reformé, à Mende, mais la duchesse d'Auxerre étant par nature occupée et de surcroît décidément bien agacée, celle-ci avait négligé son entourage. Cette journée marquait donc, comme d'autres auparavant, l'occasion de se rattraper et elle en consacrerait une part à Assyr.
Sortie de l'église, Ingeburge hésita un instant. Sur le billet qu'elle avait fait porté à son rendez-vous du jour, elle avait indiqué qu'ils se verraient vers dix heures sur le parvis, au pied de l'église donc. Un es Lombards lâcha quelques mots tout en lui désignant un banc, à l'ombre. L'emplacement serait parfait, le soleil ne viendrait pas la déranger et elle serait assise sur l'un des côtés de l'édifice, ni trop près, ni trop loin de l'entrée. Quelques pas furent nécessaires et finalement, elle s'installa, les deux gardes se plaçant derrière elle tout en demeurant debout. Après avoir observé la place durant quelques secondes, elle ouvrit l'aumônière pendue à sa ceinture et en sortit un vélin plié en quatre. Rocheblave, le Valdonnez, le Tournel. Elle ne savait pas, d'autant plus qu'elle avait espéré une invitation plus impérieuse.
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Mal aux mains, indispo depuis quelques jours et encore pour quelques autres.
RP au minimum syndical voire au ras des pâquerettes.
Urgences mp IG.
Inge ne prend plus d'inscriptions aux joutes du Tournel.
Merci.