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[RP] A l'ombre de Saint-Privat

Ingeburge
Pourquoi s'était-elle rendue en ce jour en l'église de Mende? Elle n'en avait pas la moindre idée, pas plus en y entrant que maintenant qu'elle avait achevé ses dévotions, elle se redressait et s'accordait une petite pause assise sur le banc, après avoir passé un certain temps agenouillée sur le dallage. Il n'y aurait pas de messe en ce jour, elle le savait, elle s'était renseignée dès son retour dans la cité, il y avait bien longtemps que les cloches n'avaient plus tintinnabulé pour annoncer les offices et inviter les fidèles à y assister. La raison ne se trouvait donc pas dans l'opportunité de participer à une messe servie par un clerc. Alors, pourquoi? Son interdit l'avait contrainte à se tenir éloignée de tout lieu consacré et cela allait d'une simple chapelle à une basilique en passant par les cimetières. Indésirable pour avoir demandé la rupture de ses vœux de prêtrise, sa requête acceptée par le souverain pontife lui-même, elle avait dû faire face à une pénitence dont elle supportait toujours les conséquences. L'interdit était levé désormais et avec lui, la prohibition de se rendre dans une église avait disparu. Pour autant, elle ne pouvait plus, jamais elle n'était retournée dans les deux endroits de culte qui avaient ses faveurs; son église privative, sise dans les murs de son castel urbain d'Auxerre, demeurait portes closes et la dernière fois qu'elle s'était rendue en l'église de Saint-Germain l'Auxerrois à Paris, c'était pour y passer trois jours et trois nuits allongée face contre terre afin d'y expier sa faute tout en en faisant la publicité. Et les autres? C'était selon. Condamnée à prier partout ailleurs que dans les édifices bâtis à la gloire du Très-Haut, elle n'en avait en fait plus besoin, sa pénitence ayant renforcé un instinct déjà bien ancré chez elle, à savoir que pour Le louer, nul n'était besoin de se rendre en un endroit précis. Pourtant, elle était là, bel et bien là et elle était restée à prier une heure durant.

Ayant épousseté le bas de sa houppelande qui avait touché le dallage, elle finit par se lever et emprunta l'allée centrale, immédiatement encadrée par les deux Lombards qui l'avaient accompagnée. Eux aussi avaient prié, avec ce que leur maîtresse appelait une foi primitive, il n'y avait pas dans leur foi de questions, de doutes, ils croyaient avec toute leur naïveté. Alors pourquoi? Son séjour à Mende qui se prolongeait au-delà de ce que la raison commandait et qui au final ne lui avait rien apporté dans le but qu'elle s'était fixé en revenant en Languedoc – il y avait bien eu ce billet reçu la veille mais elle ne savait qu'en penser – avait sur elle de drôles d'effets. Elle prenait plaisir à en arpenter les rues, à examiner les étals du marché, elle s'était même risqué une ou deux fois hors les murs et avait ainsi assisté à un spectacle de troubadours. Pour autant, elle était en colère, irritée par un rien. Pourtant, c'était dans l'église gothique Saint-Privat qu'elle déambulait et c'était sur son parvis qu'elle avait donné rendez-vous à Assyr d'Ylfan. Cette rencontre, elle aurait voulu l'organiser plus tôt mais les circonstances en avaient décidé autrement. Il y avait eu ce voyage commun projeté, périple qui aurait dû être l'occasion de jeter les premières bases. Las, il avait fallu séparer en deux le convoi et le groupe le plus restreint, celui auquel appartenait le Tonnerrois, s'était fait attaqué à peine la séparation consommée et le trio le formant avait été contraint de demeurer en Bourgogne. Finalement, le groupe originel s'était reformé, à Mende, mais la duchesse d'Auxerre étant par nature occupée et de surcroît décidément bien agacée, celle-ci avait négligé son entourage. Cette journée marquait donc, comme d'autres auparavant, l'occasion de se rattraper et elle en consacrerait une part à Assyr.

Sortie de l'église, Ingeburge hésita un instant. Sur le billet qu'elle avait fait porté à son rendez-vous du jour, elle avait indiqué qu'ils se verraient vers dix heures sur le parvis, au pied de l'église donc. Un es Lombards lâcha quelques mots tout en lui désignant un banc, à l'ombre. L'emplacement serait parfait, le soleil ne viendrait pas la déranger et elle serait assise sur l'un des côtés de l'édifice, ni trop près, ni trop loin de l'entrée. Quelques pas furent nécessaires et finalement, elle s'installa, les deux gardes se plaçant derrière elle tout en demeurant debout. Après avoir observé la place durant quelques secondes, elle ouvrit l'aumônière pendue à sa ceinture et en sortit un vélin plié en quatre. Rocheblave, le Valdonnez, le Tournel. Elle ne savait pas, d'autant plus qu'elle avait espéré une invitation plus impérieuse.

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Merci.
Assyr
[Une heure plus tôt]



Assyr se trouvait dans la petite chambre qu’il avait dégottée à son arrivée à Mende. Oh, c’était un logement de fortune, trouvé à la va-vite. C’était spartiate mais largement suffisant, et vu qu’il avait tout perdu sur la route à Mâcon, il ne pouvait se permettre mieux. Le diplomate était en train de se préparer. Bah, oui, il avait un rendez-vous. Non point un rendez-vous galant, non, mais un rendez-vous avec la Duchesse d’Auxerre… Et ça, ce n’était pas des plus simple à décrocher, je vous l’assure. Il était donc en train de passer son pourpoint de gueule lorsque l’on frappa à la porte. Quelque peu surpris qu’on lui rende visite à cette heure, il se dirigea vers l’huis et l’ouvrit. Un jeune garçon était là devant lui une lettre à la main.

Adissiatz messièr. Una letra ta vos.

Le Bourguignon avait encore du mal à se faire au patois local, mais il arrivait, à force de fréquenter les tavernes, à comprendre quelques mots et à les retenir.

Mercé, mon garçon. Tiens voilà pour toi. Il lui donna une piécette et referma la porte.

Il examina le sceau et comprit que c’était le jeune Gisors-Breuil qui lui répondait déjà. Il fit sauter la cire et se mit à lire la missive.




    Excellence,

    Ma santé se porte, en effet mieux, les symptômes qui étaient les miens s'étant peu à peu dissipés !

    Je ne savais que vous accompagniez Montjoie, et j'espère de tout coeur que votre voyage se déroule au mieux. Je ne sais si ce sont les affaires héraldiques qui la retiennent en Languedoc, mais j'avais en effet entendu dire qu'elle s'y trouvait.

    Je... *la plume était restée là pendant un moment* suis navré de vous apprendre la chose par cette missive, par ma personne, et de cette façon. Néanmoins, je ne tiens pas à ce que vous l'appreniez au détour d'une conversation, par un autre, alors que je le savais moi-même. Son Altesse la Princesse a été rappelée par le Très-Haut, voilà quelques jours, frappée par une fièvre importante dans une auberge de Dijon. Soyez assuré de mon entière compassion et de ma tristesse dans cette épreuve qui vous touche, et qui touche tout le Royaume, par la grandeur de la femme qu'il perd aujourd'hui.

    Bien amicalement et respectueusement,
    Que le Très-Haut vous garde et vous protège,

    Arutha.


Le parchemin lui tomba des mains. Ylfan restait là, planté, l’air hébété. Tout s’affolait dans son crâne, toutes les informations et les émotions se bousculaient. Il avait l’impression qu’en 30 secondes il était passé par tous les états possibles. Et puis d’un seul coup, il se sentit lourd, très lourd comme s’il portait une pierre sur ces épaules. Il alla s’asseoir sur le tabouret le plus proche de lui et s’affaissa complètement sur lui-même. Il ne bougea pas pendant un laps de temps que lui-même ne put définir. Puis, il se rappela qu’il avait rendez-vous avec celle que l’on surnommait familièrement La Froide. Et il ne pouvait se permettre de la faire attendre. Il se leva, ramassa la funeste missive qu’il replia et glissa dans son pourpoint. Il s’empara de son mantel qu’il enfila tout en sortant de sa chambre. Une fois la porte fermée, il s’ajusta, se redressa, souffla un grand coup et descendit les marches calmement.



[Sur le parvis de Saint-Privat à l'heure convenue]



Son Altesse lui avait donné rendez-vous devant le parvis de l’église de Mende qui se trouvait non loin du logement du Tonnerrois. Il y arriva et l’aperçut assise sur un banc à l’ombre de l’édifice religieux. Il fit de son mieux afin de se donner une allure impassible, alors qu’intérieurement il hurlait de douleur. Non, elle ne devait pas savoir, il ne fallait pas qu’elle devine, il ne fallait pas… Après tout, celle qu’il venait de perdre n’était que sa belle-sœur et rien de plus, non, rien de plus…

Il s’approcha de la Duchesse, s’inclina et lui fit un baise main.


Votre Altesse. Quel plaisir de vous voir ! Je vous sais gré d’avoir accepté de me recevoir alors que je vous sais fort occupée.

Il lui sourit, un sourire qu’il aurait aimé être jovial, mais qui, en fait, se révélait être empreint d’une grande tristesse.
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Ingeburge
Les yeux perdus sur le billet qu'elle n'avait pas lâché, ni remis dans son aumônière, la duchesse d'Auxerre réfléchissait. Y aller? Ne pas y aller? Qui embarquer dans cette périlleuse aventure? Les dangers qui l'attendaient n'étaient pas de nature physique, rien ne menaçait son intégrité corporelle; non, il fallait chercher ailleurs, du côté d'une âme qu'elle considérait déjà damnée et donc sujette à une plus grande perdition si jamais elle répondait favorablement à l'invitation.

Mais les songerie s'arrêtèrent avant d'avoir accouché d'une conclusion, Assyr d'Ylfan se tenait devant elle et entreprenait de la saluer. Machinalement, elle tendit sa main droite qui venait de passer le pli à sa voisine et posant avec acuité ses prunelles pâles sur le Tonnerrois, elle dit :

— Le bonjour à vous. Merci à vous d'avoir accepté ce rendez-vous car le fait est que toute cette occupation ne justifie pas pour autant mes négligences et je me sens en dette. Je vous sais donc gré de vous présenter à moi quand je vous sollicite.
Ayant repris sa main, elle avait répondu tout en observant son vis-à-vis. Examiner, c'est ce qu'elle faisait toujours, avec soin, sans pourtant que ce fût discourtois. Elle observait, voilà tout, tant pour jauger que pour se faire une idée du personnage et Assyr qu'elle connaissait quelque peu mais pas aussi bien qu'elle l'escomptait lui paraissait bien morose. Si la duchesse d'Auxerre écoutait bien volontiers et prêtait une oreille attentive à tous – posture naturelle pour une jeune femme répugnant à parler, posture favorisée par ses anciennes responsabilités cléricales –, elle n'était pas de ceux à forcer les confidences.

Aussi ne demanda-t-elle pas de nouvelles, ne souhaitant pas se montrer indiscrète et poursuivit la conversation en invitant déjà son compagnon à s'asseoir à ses côtés. Désignant une place sur le banc, elle indiqua :

— Je vous en prie, installez-vous avec moi.
Pas trop près, le contact, la proximité n'étaient pas son fort; pas trop près, le Livre des Vertus posé sur le banc constituait une frontière aussi bien physique que morale.
— J'ai bien reçu votre dernière lettre, celle annonçant votre arrivée et aussi vos souhaits de vous voir introduits auprès de quelques figures du comté. Vos pas vous ayant déjà porté vers la Chancellerie languedocienne, je me suis tournée vers le vicomte du Tournel, porte-parole et aussi candidat au trône comtal. Sa Seigneurie a accueilli favorablement ma requête et se propose de vous rencontrer. D'ailleurs...
Et la voix demeura indifférente, ajoutant :
— Sa Seigneurie nous convie au Tournel, fief sis non loin de Mende. Ce pourrait être l'occasion d'organiser cette rencontre mais aussi de prendre du repos, au calme.

Elle ne forçait pas les confidences, non; mais elle faisait néanmoins savoir qu'elle avait vu.
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Assyr
Ce regard, son regard le scrutait, il le sentait bien. Cependant, ce n'était pas un regard qui pouvait vous mettre mal à l'aise, non ; c'était ce regard qui vous signifiait que vous étiez écouté, voire compris. Tout en restant impassible, elle arrivait à mettre ses interlocuteurs à l'aise, rien qu'avec ce regard l'on se sentait important, le centre de son attention du moment. C'était ce qu'éprouva Assyr lorsque la duchesse d'Auxerre posa les yeux sur lui.

Après avoir effectué son baisemain, elle l'invita à s'asseoir à ses côtés. Le diplomate s'exécuta et vint poser son séant à l'endroit indiqué, à bonne distance, cela allait de soi. De toute façon les deux gardes veillaient debout derrière la princesse . C'était étrange, elle aimait mettre de la distance avec les autres, mais, en même temps, tout son être forçait l'admiration, la vénération. Assyr se sentait aimanter. Elle avait cette même aura que celle d'Armoria, cette même propension à attirer le dévouement et la fidélité. La différence, c'était son côté hiératique qui la rendait très souvent glaçante au contraire de la duchesse de Saulieu qui, elle, n'était que sensualité. Armoria, le blonde duchesse, n'était plus, mais elle occupait toutes les pensées de son beau-frère au moment où il devait se concentrer sur celle qui lui accordait audience. Il ne pouvait s'empêcher de revoir en boucle leur première rencontre lorsque Persan la présenta à sa famille. Cela avait été comme une apparition, il avait eu l'impression de voir un ange ; un ange à l'odeur de vanille, cette odeur qui ne le quitta jamais depuis. Il aurait tant aimé qu'elle soit sienne plutôt qu'à son jeune frère. Persan, le beau, le fort, l'intelligent, celui qui réussissait tout ce qui l'entreprenait, ne pouvait que la séduire contrairement à lui qui était plus habitué à travailler la terre et à user les bancs de l'église qu'à courir la ribaude. Et puis il fallait le reconnaître, Persan était autrement plus intelligent que le pauvre Assyr qui la plupart du temps ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, même si avec l'âge, heureusement, cela s'améliorait. Du moins, par son travail acharné et constant, il arrivait à compenser ce manque de clairvoyance. Et il aimait ça le travail, notamment celui de diplomate car cela mobilisait tout son esprit, lui permettant ainsi d'oublier celle qu'il ne pouvait aimer librement. En parlant de diplomatie, la duchesse d'Auxerre l'invitait donc à rencontrer celui qui avait toutes les chances de devenir le prochain comte du Languedoc. L'occasion était trop belle, il ne pouvait passer à côté. Alors, il chaussa son masque de diplomate et lui répondit :


Votre Altesse, c'est avec plaisir que j'accepte l'invitation du vicomte. Je ne sais comment vous remercier d'avoir intercédé en ma faveur. J'espère pouvoir ainsi établir des liens étroits permettant à la Bourgogne d'avoir un allié sûr. Quand devons-nous partir ? Il s'arrêta un instant mais il ne put s'empêcher d'enchaîner avec cette autre question qui lui brûlait les lèvres depuis le moment où il reçut la lettre fatale. En parlant de partir, si vous me permettez, Votre Altesse, puis-je vous demander la permission de rentrer un peu plus tôt en Bourgogne ? Afin de dissimuler le tremblement de ses mains, il se mit à les triturer dans tous les sens. En effet, j'ai reçu ce matin une fâcheuse nouvelle en provenance de Bourgogne. J'ignore si l'on vous a prévenu mais la duchesse de Saulieu, qui vous le savez est ma belle-sœur, est passée de vie à trépas il y a quelques jours, et je me dois d'aller soutenir ma nièce dans cette épreuve. Il eut alors un léger déraillement de la voix, presque indicible, presque...
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Ingeburge
Quand? Ses yeux se reportèrent sur le billet qu'elle tenait toujours entre ses mains. Lentement, elle le replia puis le glissa dans son aumônière. Le lendemain. Elle avait tellement attendu cette invitation qui avait été habilement amenée par le truchement d'autres lettres qu'elle avait peine à croire qu'elle avait été réellement formée et qu'elle prendrait corps le lendemain. Si elle disait oui. Répondre non était tentant, elle était mécontente, ayant l'impression d'avoir perdu son temps et d'avoir manqué l'occasion de profiter davantage d'Auxerre. Mais c'était aussi un risque d'avoir mal car cette rencontre, elle l'avait espérée puisqu'elle lui avait été vantée toutes ces dernières semaines. Du reste, sa résolution était déjà prise et elle allait glisser « demain », négligemment, sans y attacher la moindre importance.

De fait, elle ouvrit la bouche alors que son regard revenait sur un Assyr dont l'émotion affleurait malgré les précautions. Ne sortit que :

— Je sais.
Car elle était au courant, elle devait même rédiger l'hommage que rendraient les Pairs de France. D'un seul coup, par cette révélation du trépas de la princesse de Chantilly qui n'en était pas une, elle eut l'explication de la mine du Tonnerrois. Il était le frère de Persan, premier époux d'Armoria de Mortain et donc le beau-frère de celle-ci; si elle savait que le mariage s'était achevé en une dissolution plutôt fracassante, elle ignorait tout du lien qui avait pu subsister entre la Vanillée et son interlocuteur. A cette mort, elle n'avait d'abord point cru mais la parole de la comtesse d'Igny qui était aussi une proche de la princesse n'était pas de nature à être contestée. Il avait donc fallu prendre en compte la funeste nouvelle, à défaut de pouvoir l'admettre.

Que répliquer alors? Assyr et elle ne partageaient certainement pas la même peine, mais ils étaient tous deux affectés. Pudiquement, elle dit :

— Vous verrez, le château du Tournel est un lieu à part, sa situation l'explique certainement. J'y suis passée une unique fois mais j'ai été frappée par son aspect sauvage et retiré. Ce sera un bon endroit pour prendre du repos. Et de là, vous pourrez rejoindre la Bourgogne dès que vous le souhaiterez.
Une pause fut marquée et elle ajouta :
— Je ne vous ai rien caché de mes souhaits, vous savez que je désire que vous rejoigniez ma mesnie. Je ne vous contraindrai pas à aborder la matière eu égard à l'instant mais sachez que si vous répondez favorablement, vous ne perdrez pas votre liberté de penser, d'agir et notamment de vous déplacer. Il y a bien entendu des points que je souhaite voir respectés mais je ne cherche pas des serfs.
Un soupir ponctua la réplique, ses pensées vagabondaient, étrangères à ce qu'elle venait de débiter d'un ton monocorde mais sincère. Elle pensait tout ce qu'elle avait indiqué mais il y avait comme une ombre désormais et il lui paraissait indécent de parler d'avenir, de faire état des espérances qu'elle plaçait en lui.

Le silence qui était revenu fut brisé, comme la réserve qu'elle avait jusque lors montrée.

— Elle me manquera et je ne peux croire que lorsque je retournerai en Bourgogne, je ne l'y verrai pas. Plus.

La correction intervint après que ses sourcils se fussent froncés.
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Assyr
Plus jamais. Non, ils ne la reverront plus jamais. Elle laissait un vide, un grand vide, c'était certain. Cependant, ne devaient-ils pas tous continuer de vivre, continuer d'avancer ? L'acédie était un péché capital auquel il n'avait pas l'habitude de céder, même si, depuis ce matin, la tentation était grande de s'y laisser aller. Néanmoins, ce n'était pas dans le caractère du vigneron. Certes, la perte de l'objet de son amour impossible et indicible lui causait des tourments comme jamais il n'en avait connus, mais de là à sombrer dans l'acédie, non, sûrement pas. Il irait noyer son chagrin dans l'alcool un peu plus tard dans la soirée, voilà tout, et ensuite tout irait mieux.

Pour le moment, il devait se concentrer sur son propre destin. Il arriva avec force à chasser ses souvenirs douloureux, à refouler son émotion affleurante, pour se consacrer uniquement à son interlocutrice, qui ne l'oublions pas était l'un des personnages les plus importants du royaume de France tout de même. Il acquiesça, un léger sourire sur les lèvres, lorsqu'elle lui vanta le calme du Tournel, calme propice au repos. Lui, se reposer ? Se reposer pour quoi faire ? Non, rien de mieux que l'action et le travail pour oublier, sûrement pas le repos. Heureusement, elle aborda le sujet qui l'avait fait accepter ce voyage en Languedoc en sa compagnie.


Votre Altesse, je suis vraiment honoré de l'attention que vous me porter. Faire partie de votre mesnie serait un très grand privilège pour moi, et rassurez-vous cela ne m'embarrasse point d'aborder le sujet aujourd'hui, car après tout, la vie continue. Nous lui devons bien cela. Un sourire, un peu plus enjoué se dessina sur son visage, les yeux un peu plus brillants. Songer à l'avenir le réconfortait finalement. Il reprit : Je ne sais ce que vous attendez de moi exactement, Votre Altesse, mais, je vous le redis, sachez que ma fidélité vous est entièrement et définitivement acquise. Il s'arrêta un bref instant, puis continua : Si je puis me permettre, pourriez-vous me dire ce que vous envisagiez exactement ?

Oui, songer à l'avenir, le construire rien de tel pour panser les plaies, du moins, provisoirement.
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Ingeburge
« La vie continue ». C'était étrange que l'Ylfan avance cela pour que la conversation qu'elle avait espérer pût se tenir, étrange car la vie, c'était justement ce qu'elle mettrait en avant dans l'hommage qu'elle rédigerait. La vie, c'était bien ce qu'Armoria de Mortain incarnait et c'était ce qui rendait la nouvelle encore inconcevable. Elle-même, quand elle mourrait, soulignerait-on qu'elle était pleine de vie? Certainement pas. Pourtant, elle faisait toujours, au moins physiquement, partie du monde des vivants. Inclinant légèrement la tête, elle observa ses mains, posées en son giron. Le sang circulait encore dans ses veines, son cœur battait toujours – deux constats qu'on lui déniait bien souvent. Oui, elle était en vie et elle avait des gens sous sa responsabilité, il y avait toute une foule de personnes qui dépendait d'elle, à Auxerre et à Donzy et pour eux, pour elle, même, il fallait de l'aide et elle avait vu en Assyr ce qu'elle recherchait pour ce faire. Savigny, la défense civile. Toute une histoire.

Relevant les yeux, elle fixa ceux-ci sur le Tonnerrois et indiqua :

— Vous m'aviez déjà assuré de votre fidélité quand j'ai quitté l'Etat-Major de Bourgogne et par là, la défense civile. Je ne vous en avais jamais remercié et je le déplore mais je dois avouer que je n'ai pas quitté mes responsabilités sans regret. J'aurais aimé vouloir partir quand je l'aurais décidé, et non parce que les circonstances m'y ont contrainte. Ceci explique mes silences, comme ceci explique en partie que j'avais déjà délaissé la Bourgogne pour le Languedoc. Mes charges royales m'ont en ce sens été un solide prétexte.

Le soupir qui vint, elle ne le retint pas. La coupure avec la Bourgogne avait été nécessaire même si elle y revenait toujours, tant en personne que par les pensées. Cette discussion qui se tenait là, dans un coin ensoleillé du Languedoc, était encore un retour à sa seconde terre d'adoption. Et la conversation serait plaisante, car il s'agirait de sa Bourgogne, il s'agirait d'Auxerre, de son domaine préservé et suffisamment éloigné de l'agitation et des intrigues dijonnaises. Alors qu'attendait-elle de lui?
— Ma foi, ce que j'attends de vous, je n'en sais rien. Ou plutôt, j'ai appris en la matière que mes désirs n'étaient pas toujours en adéquation avec ceux des personnes que je souhaite avoir dans mon entourage.

Bravo. C'était ainsi qu'elle l'intéresserait l'Ylfan, à n'en pas douter. Il faudrait en dire un peu plus, ne serait-ce que pour l'éclairer, et elle le fit, étonnamment à l'aise avec l'homme, ayant déjà bien plus parlé d'elle qu'elle le faisait d'ordinaire. Cette bonne entente, elle l'avait perçue dès qu'elle l'avait connu. C'était là que résidait le point de départ de l'intérêt qu'elle entretenait à son égard. Débarrassée pour un temps des soucis et des tracas, elle s'expliqua :
— J'ai cherché un intendant durant des mois. J'ai rencontré nombre de personnes à qui j'avais proposé le poste, celles-ci m'ont toute déçue avant même d'avoir commencé. Elles n'étaient certainement pas taillées pour ce que je voulais leur confier et j'ai abandonné. Finalement, j'ai embauché maître Matthys van Rentter et c'est de lui que la proposition est venue, c'était son idée. Aeaeda, mon porte-bannière. Il me rend beaucoup de services mais n'a jamais, ou peut-être une fois, levé mes couleurs. Mon vassal, Theudbald de Malhuys – je ne sais si vous le connaissez – il n'aspire qu'à profiter de ma cave, de mes forêts, de mes vignes, de tout bien ou de tout écu qui passerait à sa portée et je m'en porte très bien. Mais, pour m'obliger, il continue à s'occuper de ma petite compagnie militaire alors que ses aspirations sont bien autres. S'il pouvait se débarrasser de cette charge, il le ferait bien volontiers. Mon autre vassale, dame Aelith-Anna... je lui ai proposé de rejoindre ma mesnie et je lui ai exposé ce qui m'intéressait. Je voulais une dame de compagnie ou une femme capable de gérer la domesticité, la vie du château et toutes mes propositions allaient en ce sens; elle, m'a parlé chevaux et écuries et c'est finalement dans ce domaine qu'elle exerce pour moi et avec talent.

Bref, côté recrutement, la duchesse d'Auxerre, c'était zéro mais la chose la faisait plutôt sourire, elle était devenue sur la question assez philosophe :
— Ce que je veux dire, c'est que ce sont des personnes, des qualités, des valeurs que je recherche avant de pourvoir des charges. Cela n'a jamais fonctionné comme je l'escomptais et ce n'est pas plus mal. J'ai la chance d'être entourée et d'être bien entourée. Alors, que pourriez-vous faire? Déjà, siéger en mon conseil car vous avez ma confiance. Ensuite, avec quelles responsabilités? Ma foi, suggérez, nous pourrons toujours en discuter et à vrai dire, rien ne nous contraint à décider de façon ferme et définitive aujourd'hui.

La proposition était faite, comme elle le voulait et elle conclut :
— Voilà mon offre. Et je l'assortis deux clauses : la première est que j'attends qu'en un minimum d'occasions, si je dois être accompagnée, vous répondiez présent; la seconde est que vous ne vous sentiez pas contraint : politique, voyages, commerce, relations, vous demeurerez libre en la matière.
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Assyr
Surpris, il l'était à n'en point douté. Néanmoins, il ne laissait rien paraître. Surpris par la soudaine loquacité de la duchesse, surpris par l'estime qu'elle semblait lui porter et la confiance qu'elle lui assurait. Assyr l'écoutait avec attention, son avenir se jouait en cet instant précis, il ne devait pas faire de faux pas. Il sourit à l'évocation des membres de la mesnie princière : Matthys, son ami, qu'il voyait trop peu était assurément un homme en qui la duchesse pouvait mettre toute sa confiance ; le seigneur d'Irancy, noble homme s'il en est, avec qui il avait tissé quelques liens ; et puis la flamboyante dame d'Augy, la fidélité incarnée, rencontrée par l'intermédiaire de la défense civile. Oui, assurément, ces personnages étaient on ne peut plus attachants mais, surtout, il savait pouvoir s'entendre avec eux. Il savait que leurs caractères étaient compatibles. Qui plus est, et là était sans doute le plus important pour l'Ylfan même s'il n'en avait pas forcément pleinement conscience, il les admirait. Or, le Tonnerrois avait cette propension à ne s'entendre qu'avec des personnes qui pouvaient lui procurer ce sentiment d'une quelconque manière. Dès lors, il savait que sa place était parmi eux. Encore une fois, il sourit, un sourire un peu plus sincère que les précédents, un sourire de confiance. Cette femme et sa mesnie serait à n'en point douter sa planche de salut. Il pressentait qu'avec eux il pourrait déplacer les montagnes. Alors, il dit oui.

Votre Altesse, j'accepte avec reconnaissance votre proposition. Elle me flatte et m'oblige, soyez-en assurée. J'espère que je serais suffisamment digne de la confiance dont vous voulez bien m'honorer. Du moins, je ferais en sorte de l'être. Pour être honnête, j'ignore quelles charges pourraient être en adéquation avec mes compétences. Je peux me targuer d'avoir su faire fleurir mon petit domaine viticole, je pourrais ainsi mettre ce savoir au service de vos propres vignes. Ou alors, je pourrais assurer la sécurité de vos domaines sauf si cela empiète sur les attributions de la compagnie d'Auxerre que dirige Irancy. Sinon, peut-être auriez-vous besoin d'un secrétaire ?

Mais, il est vrai qu'il n'est point obligatoire de fixer cela sur le champ et de manière définitive.


Il fit une courte pause, puis reprit, une autre idée lui venant à l'esprit.

Je ne sais si cela est une possibilité, mais je pensais également que je pourrais peut-être vous assister dans votre charge de Roi d'Arme. J'avais évoqué dans une de mes missives mon inclination pour l'héraldique mais je n'en reste pas moins fort ignorant sur le sujet. Ainsi, vous pourriez m'instruire en cette matière et moi je pourrais vous décharger de tâches subalternes qui accaparent votre temps si précieux.

Oui, il avait envie d'être à ses côtés, il avait envie de la servir avec fidélité et honneur car elle était une de ces femmes que l'on admire sans borne et pour lesquelles n'importe quel prud'homme serait prêt à mourir.
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Ingeburge
La duchesse d'Auxerre avait beaucoup parlé, plus qu'elle ne le faisait en temps ordinaire et plus en une fois qu'en un mois. Mais sa proposition lui tenait à cœur et Assyr faisait partie des rares personnes auxquelles elle savait pouvoir s'accorder, et quand Ingeburge avait la chance de faire une telle rencontre, elle ne laissait rien au hasard et mettait tous les atouts de son côté. Pour autant, malgré sa volonté de s'attacher l'Ylfan, elle ne se forçait pas, ne se mettait pas particulièrement en frais, signe de sa confiance. Yeux baissés vers le sol, elle attendait maintenant la réponse du Tonnerrois, en appréhendant quelque peu sa teneur. Sa présentation n'avait peut-être pas été habile et si elle avait été sincère peut-être avait-elle rebuté l'homme par son imprécision.

Cependant, la légère crainte ressentie fut balayée par les premiers mots prononcés par le Bourguignon, il acceptait, sans réserve et touchée par cette reconnaissance, elle le regarda fixement. Il évoqua diverses matières, elle hocha la tête, des idées étaient soulevées, elle n'y voyait pas d'inconvénient. Il faudrait discuter, encore et encore, mais ils tenaient là quelques pistes et rien ne les obligeait, comme elle l'avait plus tôt indiqué, à s'accorder sur un engagement particulier et son interlocuteur suivait la même ligne. L'acceptation d'Assyr était tout ce qui importait pour l'heure. Aussi, elle répondit :

— Concernant Auxerre, car je détache la question de mes domaines de celle de mes charges royales, les possibilités sont multiples et pour certaines choses que vous évoquez, vous pourrez directement les aborder avec mes autres conseillers. Ainsi, mes vignobles, cela concerne mon intendant. Quant à ma compagnie, je gage que le sieur Theudbald sera enchanté de vous entretenir à ce sujet et qu'il pourra répondre beaucoup mieux que moi à vos questions. Enfin, un secrétaire... je ne vous le cacherai pas, j'en ai usé plusieurs, cela n'a jamais fonctionné. Et ces personnes-là ne m'étaient rien, je ne voudrais pas gâcher notre entente par mon comportement. Je suis insupportable, je le reconnais et comme je suis encline à reprendre tout ce que l'on fait pour moi en la matière, je préfère m'en occuper directement. Pour votre bien, je ne préfère pas.

Décidément, Ingeburge se vendait bien mal. Mais elle était honnête et ses manies, sa grande rigueur étaient bien connues du côté de Paris. Les secrétaires ne lui servaient qu'à décacheter les lettres et Assyr méritait mieux, beaucoup mieux. Alors oui, pour toutes ses affaires, qu'elles fussent privée sou publiques, un assistant – au moins – était nécessaire mais elle préférait s'en passer plutôt que de faire subir l'enfer à l'Ylfan. Mais n'avait-il pas parlé de la Hérauderie? Voilà un endroit où l'on était bien obligé de la supporter, bon gré mal gré et elle enchaîna :
— Coté Hérauderie, je suis pareille mais peut-être que le fait que je sois sollicitée par une quinzaine d'officiers dilue quelque peu le côté pénible.
Négligemment, elle haussa les épaules puis ajouta :
— Alors, de la place à mes côtés, il y en a : en Languedoc mais cela ne vous concerne pas, en généalogie voire en Ile-de-France, territoire de Sa Majesté. Avez-vous des inclinations particulières en la matière?
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Mal aux mains, indispo depuis quelques jours et encore pour quelques autres.
RP au minimum syndical voire au ras des pâquerettes.
Urgences mp IG.
Inge ne prend plus d'inscriptions aux joutes du Tournel.
Merci.
Assyr
Décidément, ils s'accordaient. Ils étaient pourtant bien différents l'un et l'autre. Leur vie, leur histoire étaient différentes, sans compter leurs origines. Cependant, oui, des points communs semblaient faire surface dans leur caractère : l'honnêteté, la franchise et la rigueur. A l'évidence, tous deux aimaient que les choses soient bien faites, voire parfaites, et pour cela ils ne se ménageaient pas et ils ne ménageaient pas non plus leur entourage. Assyr, lorsqu'il avait repris la défense civile de Tonnerre, s'était plongé corps et âme dans l'entreprise. Il exigeait beaucoup de ses volontaires et pourtant ceux-ci le suivaient les yeux fermés. Ils avaient confiance en lui comme lui en eux même si, régulièrement, il leur passait un savon parce qu'une avait préféré se balader dans les champs plutôt que de faire sa ronde sur les remparts, ou bien qu'un autre était parti en retraite sans l'avertir mettant à mal l'organisation des groupes. Cette rigueur, cette exigence avait permis à la défense civile de bien fonctionner jusqu'au jour où il avait desserré l'étau, jusqu'au jour où il avait eu trop confiance. Cette nuit là, une nuit de printemps, Tonnerre était tombée, sans qu'il ne puisse rien faire : il était à Dijon ce jour là, et, il ne s'était fier qu'à l'ordre de l'État-Major. Quelle folie ! Il n'avait jamais vraiment accepté cet échec. Sans parler des rumeurs qu'une vipère avait pris plaisir à faire circuler sur son compte, mettant en cause son honneur. Il avait fui, lâchement. La proposition de la duchesse d'Auxerre était tombée à pic. Partir loin, partir pour ne pas avoir à affronter la mauvaise foi, partir parce qu'il savait qu'il était arrivé à un point où il n'aurait pu maîtriser sa colère et que des actes regrettables auraient été commis.

Alors oui, il sourit tout en hochant la tête lorsqu'elle refusa poliment sa proposition d'être son secrétaire. Il comprenait, ô combien, ses raisons et il appréciait qu'elle le lui dise franchement. Non, point de sous-entendus avec la Princesse, jamais. Pas besoin de lire entre les lignes. C'était reposant, c'était sécurisant. Plus cet entretien se déroulait plus il était à l'aise, plus il se sentait à sa place à son service, plus leur entente lui paraissait évidente. Il enchaina donc :


Eh bien pour Auxerre, nous verrons avec le temps, c'est ce qu'il y a de plus raisonnable à faire. Si je siège en votre conseil, comme vous me l'avez proposé, cela me permettra de mieux connaître vos terres et de voir où je peux être utile et compétent. Oui, vraiment, je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire, et comme vous, je ne souhaite pas mettre à mal notre entente. Je ne voudrais pas vous décevoir en me montrant incompétent dans une fonction que j'aurais choisie un peu trop rapidement.

Il sourit, plein de confiance en l'avenir. Et puis vint le sujet de l'hérauderie. Ah ça, c'était le petit plus, la cerise sur le gâteau. Il y pensait depuis longtemps sans jamais avoir osé franchir le pas. Depuis sa plus tendre enfance, il aimait à compulser les armoriaux de la bibliothèque paternelle. Il aimait contempler les armoiries des grandes familles de la noblesse bourguignonne, lire leur blasonnement. Le vocabulaire employé était si exotique, si poétique. Toutefois, sa vraie marotte, c'était la généalogie. A dix ans, il avait appris par cœur la généalogie des rois de France. Puis, celle des empereurs romains. Alors quand celle qui était le Roi d'Armes de France évoqua la généalogie dans les domaines où elle avait besoin d'aide, le Tonnerrois ne put s'empêcher de sourire largement. Néanmoins, il réussit à restreindre son enthousiasme, cela aurait été tout de même fort inconvenant d'en trop montrer.

Eh bien, Votre Altesse, j'ai une affection toute particulière pour la généalogie. La bibliothèque de feu mon père disposait de nombreux nobiliaires que je consultais en permanence lorsque j'étais enfant. Constamment, j'aimais à figurer ces généalogies par des tableaux afin de me les rendre plus parlantes et ainsi les mémoriser plus facilement. Alors, si vous avez besoin de quelqu'un en ce domaine pour vous seconder, je le ferais avec joie.
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Ingeburge
Leur conversation avait débuté dans la mélancolie, voire la tristesse et durant un instant, l'ombre d'Armoria de Mortain quoique bienveillante avait pesé sur eux deux. Il y avait ensuite eu l'évocation de la vie, de celle qui animait tant la défunte princesse vanillée et qu'il fallait célébrer en songeant au présent, en bâtissant pour l'avenir sans être entravé par le passé. Ainsi donc l'on avait parler d'Auxerre, des projets de la maîtresse des lieux pour Assyr d'Ylfan et les fils d'une entente nouée quelques mois plus tôt au château de Savigny, en Bourgogne, s'étaient renforcés dans ce coin de Gévaudan, à l'abri d'une cathédrale chargée d'histoire. Assyr rejoindrait le conseil ducal d'Ingeburge, apporterait sa contribution et ses qualités aux domaines auxerrois et donzyois et en échange il trouverait des compagnons, des perspectives et une véritable protection.

L'essentiel avait été dit, les fondations d'un partenariat nouveau avaient été jetées, il restait maintenant à songer à la mise en œuvre. Cela, ce serait pour plus tard, le temps de laisser croître et mûrir les idées entrevues et même si la disparition de la princesse de Chantilly leur avait cruellement rappelé la fragilité de l'existence, ils avaient néanmoins un peu de temps avant eux pour avancer comme ils l'entendaient. La duchesse d'Auxerre se leva alors et ce mouvement signifia la conclusion de l'entretien :

— Je vous tiendrai au courant pour la généalogie, j'ai quelques petites choses à régler dans la gestion des deux marches vacantes. Quant au reste, nous aviserons en temps utiles.

Les Lombards se déployaient autour d'elle. Ayant récupéré son Livre des vertus, elle dit encore :
— Le rendez-vous pour notre escapade vers Le Tournel est fixé demain matin, devant la maison que je loue. Celle-ci n'est guère éloignée, vous n'aurez qu'à contourner la cathédrale par le nord, vous rendre dans le rue d'en face, emprunter la première à gauche et tout au bout, dans l'impasse, vous ferez face à ma résidence.
L'échange parvint à sa conclusion quand elle inclina légèrement le chef :
— Que le Très-Haut vous garde.

Sans un mot de plus, elle se détourna et sous bonne garde reprit le chemin de son logis.
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