Actarius
La chaleur avait déployé son emprise dès l'aube, enveloppant le Castel du Tournel d'une douce pesanteur. Le Vicomte avait échappé à ce moment et galopait désormais en direction de Mende. Les deux cavaliers qui l'accompagnaient le quittèrent à hauteur de Lanuéjols pour rejoindre Rocheblave où les dispositions seraient prises pour le midi. Quant à l'Euphor, il poursuivit son chemin en contournant le Causse de Mende par Langlade. Il longea la Nize, puis suivit le cours du Bramont jusqu'au Bec de Jeu pour rejoindre le Lot qu'il remonta jusqu'à Mende. Là, il rejoignit la demeure louée par la Prinzessin pour elle-même et sa suite. Il n'avait guère eu de peine à obtenir ce renseignement dans une ville somme toute assez petite et où il n'était plus tout à fait un inconnu.
L'idée d'inviter la Bourguignonne à visiter ses terres avait germé depuis longtemps. Elle avait même déjà été formulée et acceptée. Mais son unique visite avait fait suite à la véritable épreuve commune de Saint-Dionisy si bien que ni la Bourguignonne, ni le Languedocien n'avaient pas saisi l'occasion de se rapprocher et de profiter de ce court séjour. Depuis lors, la relation avait évolué. "Montjoie" avait passé du temps en Languedoc et leurs entrevues semblaient avoir quitté le giron du conflit. Puis, quelques missives échangées depuis la séparation biterroise ainsi qu'une proposition auxerroise avaient décidé le Pair à oser une nouvelle invitation. Il avait même étendue celle-ci à toute la troupe qui suivait de près ou de loin la destinée de la Belle et qui l'avait accompagnée au sud.
Durant un moment, le Coeur d'Oc avait songé à convier sa fille adoptive, mais cela lui avait paru finalement inapproprié. Ella était pour sa part restée au Tournel que la compagnie rejoindrait en fin de journée. Le Vicomte avait confié sa protégée au bon soin de son intendant, Joan, afin qu'elle se familiarisât avec l'organisation d'un tel repas. Ainsi, il se tenait seul, perché sur sa monture. Son regard de Sienne balayait l'édifice, en épousait les moindres aspérités. L'observation se prolongea en une rêverie heureuse. Une bâtisse à elle, ici... bien entendu, la disposition relevait d'une situation provisoire, pourtant elle avait le parfum d'un bon présage. Il se perdit tant et plus dans ses pensées qui tendaient petit à petit vers l'image d'un foyer commun et chaleureux et n'en fut tiré qu'à la seconde intervention d'un serviteur.
Les yeux se baissèrent sur l'homme en question avec le soupçon d'incrédulité qui subsistait toujours un peu au sortir d'un rêve. Il agissait comme un voile adoucissant un peu le plus brusque des retours à la réalité. A l'Oc qu'on lui avait servi, il répondit dans sa langue natale également. Va annoncer l'arrivée de sa Seigneurie, glissa-t-il avant de poser pied à terre, dévoilant le détail de sa tenue. Ce jour-là, il avait revêtu un pourpoint noir à quatre quartiers et sans manche au-dessus d'une chemise au tissu léger dont la teinte rappelait un ciel d'été. Au "gilet" succédaient des chausses noires, elles aussi, recouvertes en parties par de grands bottes brunes. La longue boutonnière de son pourpoint au collet montant lui donnait une allure sévère, martiale qui tranchait assez vivement avec sa moue plutôt décontractée et le sourire qui s'y était établi depuis quelques instants. Bientôt, elle serait là et avec elle des gens qu'il était impatient de rencontrer.
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L'idée d'inviter la Bourguignonne à visiter ses terres avait germé depuis longtemps. Elle avait même déjà été formulée et acceptée. Mais son unique visite avait fait suite à la véritable épreuve commune de Saint-Dionisy si bien que ni la Bourguignonne, ni le Languedocien n'avaient pas saisi l'occasion de se rapprocher et de profiter de ce court séjour. Depuis lors, la relation avait évolué. "Montjoie" avait passé du temps en Languedoc et leurs entrevues semblaient avoir quitté le giron du conflit. Puis, quelques missives échangées depuis la séparation biterroise ainsi qu'une proposition auxerroise avaient décidé le Pair à oser une nouvelle invitation. Il avait même étendue celle-ci à toute la troupe qui suivait de près ou de loin la destinée de la Belle et qui l'avait accompagnée au sud.
Durant un moment, le Coeur d'Oc avait songé à convier sa fille adoptive, mais cela lui avait paru finalement inapproprié. Ella était pour sa part restée au Tournel que la compagnie rejoindrait en fin de journée. Le Vicomte avait confié sa protégée au bon soin de son intendant, Joan, afin qu'elle se familiarisât avec l'organisation d'un tel repas. Ainsi, il se tenait seul, perché sur sa monture. Son regard de Sienne balayait l'édifice, en épousait les moindres aspérités. L'observation se prolongea en une rêverie heureuse. Une bâtisse à elle, ici... bien entendu, la disposition relevait d'une situation provisoire, pourtant elle avait le parfum d'un bon présage. Il se perdit tant et plus dans ses pensées qui tendaient petit à petit vers l'image d'un foyer commun et chaleureux et n'en fut tiré qu'à la seconde intervention d'un serviteur.
Les yeux se baissèrent sur l'homme en question avec le soupçon d'incrédulité qui subsistait toujours un peu au sortir d'un rêve. Il agissait comme un voile adoucissant un peu le plus brusque des retours à la réalité. A l'Oc qu'on lui avait servi, il répondit dans sa langue natale également. Va annoncer l'arrivée de sa Seigneurie, glissa-t-il avant de poser pied à terre, dévoilant le détail de sa tenue. Ce jour-là, il avait revêtu un pourpoint noir à quatre quartiers et sans manche au-dessus d'une chemise au tissu léger dont la teinte rappelait un ciel d'été. Au "gilet" succédaient des chausses noires, elles aussi, recouvertes en parties par de grands bottes brunes. La longue boutonnière de son pourpoint au collet montant lui donnait une allure sévère, martiale qui tranchait assez vivement avec sa moue plutôt décontractée et le sourire qui s'y était établi depuis quelques instants. Bientôt, elle serait là et avec elle des gens qu'il était impatient de rencontrer.
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