(RP) Campement des trois

Elle les avait rejoints la veille… Au début, c’était juste un accord passé entre leurs groupes histoire d’éviter de se faire tabasser par une armée et puis tout compte fait, elle avait eu envie de rester avec eux : sa cousine était partie chez les nonnes et Nutalle ignorait ses courriers. Elle ne connaissait que leurs noms, elle sourit à cette pensée, décidemment, elle était toujours aussi imprudente ! Elle se rassura en jouant avec la pointe de son épée ; et puis, de toute façon, ils étaient tous les trois épuisés par le combat qui s’était déroulé la nuit.

Elle les regarda à la dérobée, ils étaient assis, conversant à voix haute de la nuit à venir, mettant au point une stratégie qui ne manqua pas de plaire à la brunette. Elle se leva, c’était bien beau de discuter mais il fallait penser à manger aussi ! Elle n’était pas très enthousiaste à l’idée de manger un énième morceau de pain alors elle avait posé trois collets, éloignés de quelques centaines de mètres du campement. Elle n’était pas très douée pour faire la cuisine mais ses nombreux périples à travers le monde lui avaient permis d’apprendre à se débrouiller toute seule.

Elle marchait depuis quelques minutes lorsqu’elle aperçut le premier collet…pas de lapin. Elle marmonna une plainte avant de repartir en direction du second collet. Elle connaissait bien l’endroit pour y avoir passé plusieurs séjours et puis, avant de camper quelque part, elle préférait avoir quelques repères… Le second essai s’avéra plus fructueux : un lapin pendait au bout du collet. Sourire aux lèvres, elle s’empara du butin avant de reprendre sa route. Au troisième collet, un autre lapin l’attendait et c’est avec un grand sourire qu’elle détacha le fil de la branche à laquelle il était suspendu. Pas mal comme récolte pensa-t-elle, ils ne seraient peut-être pas totalement rassasiés mais ça suffirait pour qu’ils reprennent des forces…

Elle s’accorda une pause au bord de la rivière. Elle posa les lapins sur une pierre plate, se dévêtit rapidement avant de plonger dans l’eau fraîche de la rivière. Sous l'eau, elle nagea prestement jusqu'à la surface, ses cheveux ondoyants autour de ses épaules et son dos. L'eau est fraiche, mais si délicieuse ! Elle refait bientôt surface, et après avoir démêlé ses longs cheveux, se hisse à nouveau sur la berge. Là, elle se rhabille, sans prendre le temps de se sécher et, attrapant les lapins, elle reprend le chemin du campement.

Ils n’ont pas bougé. Se sont-ils aperçus de son absence ? Elle les rejoint et pose les lapins devant eux. Elle a rapporté de quoi manger mais hors de question qu’elle fasse tout, faudrait pas qu’ils la prennent pour leur esclave non plus !

Voilà, on a de quoi manger. A vous de faire le reste maintenant.

Elle leur sourit, attendant leur réaction.

Les aléas font parfois des ennemis d'hier les alliés de demain... C'est ce que, très pragmatiquement, les deux compères avaient pu constater.
Néanmoins, cette nouvelle compagnie répondait au simple nom de Ellana, car pour sa part Humbert ignorait totalement ce qu'il avait pu advenir des deux autres qui l'accompagnait. Lui s'était présenté sous son sobriquet usuel de voyage « Saanne », et avait laissé le soin à l'irlandais de parler en leur nom, du moins en ce qui concernait les présentations...

La nuit avait été rude, le savoyard s'en était sorti avec une belle estafilade au mollet. Rien de bien méchant, mais il lui faudrait tout de même quelques jours avant de retrouver l'appui bien assuré de sa jambe droite. C'est d'ailleurs à ce sujet qu'il causait avec son acolyte au fort accent gaélique, ainsi que de leurs projets pour les jours avenirs.
Il se tut cependant au retour de la brunette, lorgnant sur les deux lapins qu'elle ramenait avec elle. Un sourire fin suffit à traduire l'humeur suscité par la vue du gibier. Aussi s'enquit-il naturellement, sortant son coutelas de boucher, de dépecer et de vider les carcasses avec soin.

Ce faisant, il songea à ce qu'il ne traînait en général dans son barda que peu d'ustensile de cuisine, alors qu'il arrivait à son ami de trimbaler toutes sortes de babioles, tel qu'un pot de chambre. Il faut dire que maintenant qu'il possédait lui-même deux chevaux, il entrevoyait l'intérêt de s'équiper un peu plus en conséquence pour le voyage sans en souffrir pour autant. Mais pour l'heure, se tournant vers l'autre :

- T'aurais pas une marmite pour cuire cette jolie viande ?
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D’une main lasse, l’Irlandais polissait la salade d’acier qui avait accusé les coups de marchands ambulants aussi têtus qu’insensibles à leur détresse financière. La déroute de la veille fut sévère et les rapatria en aval de la Veyle. La même rivière qui s’écoulait paresseusement non loin de leur bivouac. Alors qu’il peaufinait les paramètres de la prochaine embuscade avec Humbert autour du feu, la jeune femme revînt les mains chargées des bénéfices de pièges, certes, plus modestes, mais tout aussi nécessaires à leur subsistance.

Soulagé par le dévouement de son comparse à s’acquitter de la tâche, il s’empressa de régler la sienne.

- « Je dois avoir une petite marmite en fonte dans mes jutes. », rétorqua-t-il en désignant du menton les sacs de toile pendant de la croupe de son lourd Brabançon.

Les hennissements intempestifs du mâle destrier suffisaient déjà à trahir leur présence à des dizaines de mètres à la ronde, alors pourquoi s’inquiéter d’un petit fumet de lapin à la moutarde. Le plan validé, la carte fut repliée et la mise inondée de leur hôtesse inspectée par un Irlandais dubitatif.

- « Je ne savais pas que le lapin était gibier d’eau douce… »

Ecartant sa propre remarque d’un geste de la main, l’homme d’arme bardé de plates décida de renseigner la jeune inconnue sur leur prochain mouvement. Gage de confiance, même mesurée, et ce malgré sa tentative de les dépouiller l’avant-veille.

- « Nous avons repéré, à l’Ouest d’ici, un pont assez large pour permettre aux caravanes marchandes de traverser la rivière. L’endroit idéal pour tenir péage. Partante ? »
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